Zacharie

Chapitre 13

Le commencement du chapitre 13 mentionne une autre bénédiction: «En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté» (v. 1). Dans ce passage, il n’est pas question de la purification par le sang, car nous avons vu, au chapitre précédent, la scène qui correspond au grand jour des expiations. Ceux dont il est question ont déjà affligé leurs âmes et trouvé la propitiation par le sang de l’Agneau et, ce qui en est inséparable, ils ont été purifiés par le lavage de la régénération, en regardant vers Celui qu’ils ont percé, vers un Christ mort sur la croix, du côté duquel a coulé l’eau de la purification avec le sang de l’expiation. Mais il y aura pour eux une source toujours ouverte pour le péché et pour l’impureté, une purification pratique continue pendant le règne millénaire du Christ. Alors, comme aujourd’hui, la Parole sera le moyen mis en œuvre dans ce but. Rien ne pourra subsister, pendant le règne de Christ, qui ne soit conforme à cette purification. «En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, je retrancherai du pays les noms des idoles, et on ne s’en souviendra plus; et j’ôterai aussi du pays les prophètes et l’esprit impur» (v. 2). La purification s’étendra à tout le pays d’Israël et ne sera pas limitée à Jérusalem. Un esprit de sainteté sera répandu dans tous les cœurs; les liens naturels les plus intimes ne pourront prévaloir contre lui. Le père et la mère transperceront leurs propres enfants, s’ils prophétisent, et leur diront: «Tu ne vivras pas, car tu dis des mensonges au nom de l’Éternel» (v. 3). Ils ne souffriront plus que l’on se serve du nom de Dieu pour accréditer l’œuvre de Satan, père du mensonge. Mais les prophètes eux-mêmes auront honte du rôle qu’ils avaient joué pour s’accréditer, en se donnant l’apparence des vrais prophètes -- un manteau de poil — pour faire l’œuvre de l’ennemi. Hélas! ces faux prophètes, leur dehors et leurs coutumes, ne se trouvent pas seulement en Israël, mais, de nos jours, dans toute nation à laquelle Dieu a confié son nom et son témoignage. Oh! qu’Il donne à tous ses enfants le zèle de Phinées, un zèle qui ne tolère pas le mal quand il se présente à eux, paré du nom de l’Éternel. Il n’est besoin, pour son service, que d’une chose: il faut que Lui et l’honneur de son nom soient l’objet souverain de nos affections.

 

Après avoir présenté ce tableau de la purification future du peuple, le prophète voit tout à coup et sans aucun préambule, surgir devant lui le Berger qu’il avait été appelé à représenter au chap. 11. Il est là, lui-même, en personne devant Zacharie; Il parle et dit: «Je ne suis pas prophète». Il ne dit pas, comme Amos: «Je n’étais pas prophète» et je le suis devenu (Amos 7:14-15); mais: Je ne le suis pas. Cela signifie qu’il entre en scène avec un tout autre but et sous un tout autre caractère. Sans doute Christ était prophète, comme il était docteur et évangéliste; car il réunissait dans sa personne tous les dons de l’Esprit; les Évangiles font même ressortir, d’une manière particulière, sa qualité de prophète, mais ce n’était pas pour cela qu’il était venu dans le monde. «Je suis», dit-il, «un homme qui laboure la terre; car l’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse» (v. 5). Tel était son caractère comme homme. Au chap. 3 de la Genèse, à la suite de la chute de l’homme dans le jardin d’Éden, Dieu lui dit: «Maudit est le sol à cause de toi; tu en mangeras en travaillant péniblement tous les jours de ta vie», et «l’Éternel Dieu le mit hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol, d’où il avait été pris» (v. 17, 23). Celui qui se présente ici et que l’Éternel appelle «son Berger» vient donc s’assujettir aux conséquences du péché; il prend la place et la condition assignées à l’homme, en vertu de sa désobéissance; il travaille péniblement, souffre de la faim au désert, sent la fatigue et la soif au puits de Sichar. Bien plus encore, il ne s’assujettit pas seulement en grâce aux conséquences de la chute, dont l’homme pécheur devait porter le poids, mais il s’assujettit à l’homme: «Car l’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse» (v. 5). S’anéantissant lui-même et prenant la forme d’esclave (Phil. 2:7), il devient le serviteur de l’homme qu’il a créé, de l’homme en révolte contre Dieu! Il consent à être acquis par l’homme (Ex. 21:2-6; Deut. 15:12-18); à lui reconnaître des droits sur Lui, dès sa jeunesse, pour le servir! (Lam. 3:27; Ps. 129:1). Jamais on ne vit abnégation pareille! Le Créateur de l’homme vient se mettre humblement au service de celui-ci, pour le délivrer des conséquences du péché, fruit de sa désobéissance; il vient lui-même s’astreindre à ces conséquences, les éprouver, les sentir en grâce pour pouvoir tendre à l’homme une main secourable! «Et on lui dira: Quelles sont ces blessures à tes mains? Et il dira: Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis» (v. 6). Il se présente ici personnellement devant les siens. Auparavant ils avaient regardé par la foi vers Lui qu’ils avaient percé (12:10); maintenant ils le voient lui-même. Comme Thomas jadis, lors de sa résurrection (Jean 21:27), ils peuvent le toucher, car c’est en résurrection qu’il se présente devant eux. Ils constatent ce qui avait été dit de lui par le prophète: «Ils ont percé mes mains et mes pieds» (Ps. 22:17). Et que leur répond-il? Ces blessures m’ont été faites «dans la maison de mes amis». Il les avait appelés ses amis! N’est-elle pas merveilleuse cette place que le Seigneur Jésus est venu prendre? Serviteur des hommes ennemis de Dieu, et venu comme ami au milieu des pécheurs! Ah! comme ils se doutaient peu, les pharisiens et les docteurs de la loi, de la vérité profonde contenue dans l’injure qu’ils lui jetaient à la face: «Un ami des publicains et des pécheurs!» Tous l’outragent: il dit: «Mes amis». Judas le trahit par un baiser: «Ami», lui dit Jésus, «pourquoi es-tu venu?» Un ami est celui pour lequel on laisse sa vie (Jean 15:13). Pouvait-il ne pas les appeler amis, quand il venait mourir pour eux? Tel est l’amour divin. Mais qu’a-t-il trouvé chez eux? «Il vint chez soi», car la maison de ses amis était sa propre maison, «et les siens ne l’ont pas reçu» (Jean 1:11). Bien plus encore, ils percent ses mains et ses pieds! Nous ne pouvons nous représenter ce qu’un tel amour a ressenti devant la haine satanique de l’homme; mais, combien moins encore pouvons-nous mesurer ce qu’il a éprouvé sous le jugement de Dieu? «Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé» (v. 7). Spectacle rempli d’épouvante! Le Berger de Dieu, le seul qui ait droit à ce titre, qui remplisse toutes les conditions nécessaires pour s’acquitter de cette fonction bénie, doit subir le jugement de Dieu! N’était-il pas entré par la porte dans la bergerie, accomplissant tout ce que les prophètes avaient dit de Lui, depuis Bethléhem jusqu’au baptême de Jean? N’était-ce pas de lui que l’Éternel avait dit: «Je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David: lui les paîtra, et lui sera leur pasteur»? (Ézéch. 34:23; Psaume 78:70-72). Son caractère de bon Berger qui paît son troupeau, qui par son bras rassemble les agneaux et les porte dans son sein, qui conduit doucement celles qui allaitent (És. 40:11), s’était-il démenti un seul instant dans le cours de son ministère? Et maintenant il avait fallu que ce Berger fût frappé à mort! (Matt. 26:31; Marc 14:27). Mais voici que celui qui tomba sous ce jugement paraît tout à coup au milieu des siens, «ramené d’entre les morts», comme le grand Berger des brebis! (Héb. 13:20). Voici qu’il reparaît pour les paître, les conduire aux fontaines d’eau vive et ne plus jamais les quitter! (És. 40). Ah! comme ils sentiront alors, dans un élan d’infinie reconnaissance, les profondeurs d’un tel amour. Celui que l’Éternel a frappé pour pouvoir les bénir, est «le compagnon de l’Éternel», son autre Lui-même qu’il s’était choisi, qui marchait avec Lui dans une communion absolue de tous les instants. En contemplant le Berger, nous avons la révélation du cœur de Christ qui s’est donné lui-même et a mis sa vie pour ses brebis, mais aussi du cœur de Dieu que nous voyons sacrifier son propre compagnon pour nous!

«Frappe le berger, et le troupeau sera dispersé.» Cette épée qui frappera l’œil droit et le bras du pasteur de néant (11:17) a frapper le vrai Pasteur, et ne l’a pas épargné, quand Dieu, pour nous délivrer, a condamné sur Lui «le péché dans la chair». Lui qui était venu rassembler le troupeau d’Israël, a dû voir son œuvre comme frappée de néant, et le «troupeau de la tuerie» dispersé aux quatre vents des cieux.

Mais écoutons cette parole consolante: «Je tournerai ma main sur les petits». En vertu du sacrifice de Christ ces «pauvres du troupeau» qu’il avait déjà distingués, nourris pendant sa vie (11:7, 11), deviennent l’objet spécial de son attention et de ses soins. Ses faibles disciples d’alors se relient, dans leur témoignage, au peuple futur qui remplira la terre et jouira des bénédictions magnifiques du règne du Messie, car nous ne parlons pas même ici de l’Église, du peuple céleste dont les douze apôtres sont devenus le noyau. Merveilleux tableau! Toute espérance est perdue du côté d’Israël; le troupeau de la tuerie subira son sort; toute l’œuvre du Berger frappé semble anéantie et se résume dans le salut de quelques pauvres du troupeau; mais Dieu pourrait-il borner à cela la récompense de l’homme qui est son compagnon? Impossible! «Demande-moi», dit-il, «et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre» (Ps. 2:8), et, quant à Israël: «Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance, en sainte magnificence. Du sein de l’aurore te viendra la rosée de ta jeunesse» (Ps. 110:3). Oui, ce faible Résidu se multipliera à l’infini par la puissance divine, pour devenir le vrai Israël sous les bénédictions du royaume millénaire.

Dans ce but, il faudra que le Résidu soit affiné, comme on affine l’argent. Deux parties seront retranchées; un tiers qui représente le vrai peuple de Dieu, demeurera de reste (v. 8). Ce tiers lui-même traversera la fournaise de la grande tribulation, dont les Psaumes et les prophètes nous parlent si souvent. Alors ils l’invoqueront des lieux profonds, et Lui dira: «C’est ici mon peuple», et eux diront: «L’Éternel est mon Dieu» (v. 9).