Zacharie

Chapitre 5

Sixième vision —v. 1-4

Pour l’intelligence du chap. 5, récapitulons ici l’histoire du peuple, contenue dans les quatre premiers chapitres de notre prophète.

Au chap. 1, Juda et Jérusalem sont foulés aux pieds par les nations, mais consolés et encouragés par l’annonce des bénédictions futures qui seront leur part, et par la destruction de leurs oppresseurs. Au chap. 2, c’est plus que des paroles de consolation: Dieu se souvient de Jérusalem pour l’introduire définitivement dans les bénédictions millénaires. Au chap. 3, il faut que, pour être bénie, Jérusalem soit purifiée, que l’iniquité de Juda soit ôtée et que le peuple soit revêtu d’un vêtement de justice et de sainteté. Au chap. 4, le prophète considère le peuple remonté de la captivité. C’est un jour de petits commencements, mais le Seigneur ne le méprise pas. À ce moment-là, le témoignage de Dieu est représenté à Jérusalem par Joshua et Zorobabel. Dieu approuve ce témoignage, mais, au temps de la fin, il doit renaître à Jérusalem et sera reconnu suffisant, bien que représenté seulement par deux témoins, au milieu de la nation plongée dans l’incrédulité. Cent ans environ après le retour de la captivité, le prophète Malachie, considérant l’état moral du peuple, n’y voyait qu’une ruine complète, appelant le jugement final de Dieu. Quatre siècles plus tard, Juda consomme son iniquité en mettant à mort le Messie, et Dieu le disperse de nouveau parmi toutes les nations. Telle est encore aujourd’hui sa condition. Mais quand ce peuple incrédule sera rentré dans son pays, Dieu pourra-t-il, à part un faible résidu, reconnaître et approuver quelque chose au milieu de cette nation apostate? Au chap. 5, les deux visions du prophète répondent à cette question. Elles paraissent difficiles à comprendre, mais de fait elles sont simples, si nous nous laissons enseigner par l’Esprit de Dieu.

Au commencement du chap. 5, le prophète voit «un rouleau qui vole, long de vingt coudées, et large de dix coudées». Ce rouleau, un livre écrit, sort d’auprès de l’Éternel; il vole, et cela prouve qu’il est vivant; il se dirige vers un but; il a des dimensions spéciales et très remarquables: vingt coudées en longueur et dix coudées en largeur. Le lieu très-saint du temple de Salomon avait vingt coudées de largeur, de hauteur et de longueur. Dans ce lieu où se trouvait l’arche, les chérubins, représentant le pouvoir judiciaire de Dieu dans la création, étendaient leurs ailes, l’aile d’un chérubin touchant celle de l’autre, et leurs ailes libres, touchant de chaque côté la paroi du sanctuaire. Chaque chérubin avait dix coudées de hauteur et leurs ailes avaient dix coudées. Le lieu le plus sacré du temple était donc caractérisé par ces deux chiffres 10 et 20. Ce qu’il faut en conclure, c’est que le rouleau, la parole écrite qui sort ici de la part de l’Éternel, est en accord avec la sainteté du lieu où Dieu habite entre les chérubins et qu’elle en porte la marque. Des sentences sont écrites sur les deux faces du rouleau: «C’est ici la malédiction qui sort sur la face de toute la terre; car tout voleur sera détruit, selon ce qui est écrit d’une part; et chacun qui jure sera détruit, selon ce qui est écrit de l’autre part» (v. 2). Ce livre vivant et saint prononce des malédictions, car, nous ne devons pas l’oublier, un des caractères de la parole de Dieu est le jugement. Si le monde n’écoute pas les appels de la grâce, contenus dans le volume sacré, il lui faudra apprendre à connaître ce dernier sous un autre caractère, celui de la malédiction.

Le «rouleau» nous est présenté dans la Parole sous trois aspects: D’abord au Ps. 40:7-9 et en Héb. 10:7: «Voici, je viens — il est écrit de moi dans le rouleau du livre — pour faire, ô Dieu, ta volonté.» Le contenu principal du «livre», ce qui est écrit «en tête», c’est la parfaite obéissance de Christ pour accomplir les conseils de Dieu dans l’œuvre du salut. C’est, en un mot, la grâce venue par Jésus Christ.

Ensuite, nous trouvons en Apoc. 5, dans la droite de Celui qui est assis sur le trône, un livre écrit, comme en Zacharie, «au dedans et sur le revers» et scellé de sept sceaux. C’est le livre des conseils de Dieu et des voies par lesquelles il les réalisera, en établissant le règne de son Fils bien-aimé. Christ seul peut leur donner essor en ouvrant les sceaux du livre.

Enfin, le «rouleau» nous révèle l’état moral de l’homme, sa responsabilité devant Dieu, et les jugements qui en sont la suite. Le rouleau a ce caractère en Jér. 36: Ézéch. 2:9-10, et dans le passage qui nous occupe.

Les deux visions du chap. 5 de Zacharie nous montrent la malédiction prononcée par Dieu d’abord sur l’état moral du peuple (v. 1-4), ensuite sur son état religieux (v. 5-11).

Quant à son état moral, dont il est responsable devant Dieu, la malédiction est prononcée d’une part sur le voleur, d’autre part sur celui qui jure faussement par le nom de l’Éternel. Une telle restriction des motifs du jugement pourrait paraître extraordinaire au premier coup d’œil, mais, en y réfléchissant, nous trouvons, dans ces deux mots, les caractères du péché de l’homme. Un voleur est un méchant qui agit injustement à l’égard de son prochain; un homme qui jure faussement fait Dieu menteur en le prenant à témoin pour affirmer le mensonge. L’injustice et le mépris de Dieu, tels sont les caractères de ce peuple auquel moins de cent ans plus tard, Malachie répétera les mêmes choses (Mal. 3:5).

«Je la fais sortir, dit l’Éternel des armées, et elle entrera dans la maison du voleur, et dans la maison de celui qui jure faussement par mon nom; et elle logera au milieu de sa maison et la consumera avec le bois et les pierres.» Ce passage ne rappelle-t-il pas ces paroles du Seigneur: «Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs» (Matt. 21:13), et encore: «Votre maison vous est laissée déserte» (Matt. 23:38), et encore: «Il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas»? (Matt. 24:2).

 

Septième vision — v. 5-11

Pour comprendre cette vision, nous avons à dépendre en toute simplicité de l’enseignement direct de la Parole. Il est possible que notre manque d’intelligence spirituelle nous empêche d’en comprendre tous les détails, mais souvenons-nous que, s’il y a de l’obscurité, elle se trouve en nous, car Dieu nous a communiqué ces choses en vue de notre instruction et non pas pour nous embarrasser par des énigmes.

«Et l’ange qui parlait avec moi sortit et me dit: Lève tes yeux et regarde: Qu’est-ce qui sort là? Et je dis: Qu’est-ce? Et il dit: C’est l’épha qui sort. Et il dit: C’est ici leur aspect dans toute la terre. Et voici, un disque de plomb fut soulevé: et il y avait là une femme assise au milieu de l’épha. Et il dit: C’est la méchanceté. Et il la jeta au milieu de l’épha, et il jeta le poids de plomb sur l’ouverture» (v. 5-8). L’épha figure habituellement la plus grande mesure de capacité, car le cor ou khomer, d’un contenu supérieur, n’est que l’épha multiplié par dix. Au milieu de l’épha une femme est assise, ce qui signifie qu’elle s’y est établie; puis l’ange l’y jette comme image du jugement et ferme l’épha d’un disque de plomb, figure d’une sentence irrévocablement scellée. Cette femme s’appelle la méchanceté, mot dont le sens est l’iniquité: une nature qui ne se soumet pas à une volonté supérieure et agit selon sa propre volonté. Elle est, de fait, l’indépendance de Dieu, qui ne reconnaît d’autre loi qu’elle-même (1 Jean 3:4). La femme dans l’épha est donc l’indépendance de l’homme quant à Dieu, ayant atteint sa pleine mesure et, de ce fait, condamnée d’une manière définitive.

La parole de Dieu nous présente souvent la femme comme un principe moral ou religieux. On trouve, par exemple, dans les Proverbes, une femme qui est la sagesse et une femme qui est la corruption. Ces principes sont souvent représentés par une nation ou par une ville. On en trouve un exemple au chap. 12 de l’Apocalypse, où la femme est une nation, le vrai Israël selon les conseils de Dieu. Puis, en Apoc. 17:3, où la femme est un système religieux apostat, une ville, Babylone la grande (cf. v. 9). Jérusalem aussi est continuellement représentée, comme système moral et religieux, sous les traits d’une femme.

Dans notre chapitre, comme nous l’avons vu, la femme est la méchanceté, l’abandon de Dieu. En Juda et à Jérusalem, cette méchanceté comblait, comme dit le Seigneur, «la mesure de leurs pères» (Mati. 23:32). Au temps où Jésus marchait ici-bas, l’idolâtrie avait disparu depuis les jours d’Esdras et de Néhémie; la maison était balayée et parée. En apparence, le peuple était purifié, lui qui, dans le passé, avait été abominablement idolâtre. Mais, bien que purifiés extérieurement, ce fut alors qu’ils rejetèrent et crucifièrent leur roi, et Dieu les dispersa de nouveau parmi les nations, comme il paraît encore aujourd’hui. À la fin des jours, quand ils seront rentrés dans leur pays, sept esprits, plus méchants que le premier, occuperont leur maison et y habiteront (Matt. 12:43-45). Ces choses arriveront sous le règne de l’Antichrist: l’idolâtrie s’emparera de nouveau de ce peuple et il s’agenouillera devant une idole reconnaissant Satan pour son roi.

Si la condition finale de Jérusalem et de Juda nous est montrée ici d’une manière un peu mystérieuse, c’est que cette vision dépasse les limites du peuple juif pour s’appliquer aussi aux nations, représentées aux derniers jours par la chrétienté devenue apostate. «C’est ici», nous est-il dit, «leur aspect dans toute la terre» (v.6). Comme il n’appartient pas au domaine de l’Ancien Testament, ce sujet ne pouvait être présenté ici que sous une forme obscure, tandis que le Nouveau Testament nous en fait un tableau clair et complet.

Nous savons qu’après l’enlèvement de l’Église, la chrétienté, ou corps professant apostat laissé sur la terre, deviendra idolâtre comme le peuple juif. Ce dernier, à l’instigation de l’Antichrist, reniera l’Éternel, le Dieu de ses pères et le Christ, son Messie; sous cette même influence, la chrétienté reniera le Père et le Fils (1 Jean 2:22). Désormais Juda aura comblé la mesure de son iniquité et n’en pourra plus sortir; il en sera de même de la chrétienté. Les deux se rencontreront dans une commune idolâtrie. «L’abomination» sera établie dans le temple de Jérusalem, et la chrétienté boira avec le judaïsme à la même coupe empoisonnée.

Le v. 9 décrit ce qui arrivera à la femme que nous venons d’envisager sous ces deux aspects. «Et je levai mes yeux et je vis; et voici, deux femmes sortirent, et le vent était dans leurs ailes, et elles avaient des ailes comme des ailes de cigogne, et elles soulevèrent l’épha entre la terre et les cieux. Et je dis à l’ange qui parlait avec moi: Où celles-ci emportent-elles l’épha? Et il me dit: Pour lui bâtir une maison dans le pays de Shinhar; et là elle sera fixée et posée sur sa base» (v. 9-11). Est-ce peut-être à cause de cette dualité d’aspect que nous voyons deux femmes emporter l’épha? Je ne saurais le dire, mais nous voyons ici que les principes représentés par elles trouvent des circonstances favorables à leur développement: «Le vent est dans leurs ailes.» De plus elles ont «des ailes de cigogne». Les cigognes retournent toujours à leur nid; les deux femmes rapportent toute cette iniquité à son lieu d’origine, dans la plaine de Shinhar, c’est-à-dire à Babylone, en un temps où l’ancienne Babylone est à jamais détruite. C’est à Babylone que l’idolâtrie a pris naissance. L’iniquité des Juifs aux derniers jours, retournera ouvertement à son lieu d’origine, où sa maison sera fixée et posée sur sa base. Il en sera de même de la chrétienté apostate, appelée Babylone la grande et la prostituée, la mère des abominations de la terre (Apoc. 17). Notre passage la laisse posée sur sa base, mais, dans cet état, le jugement atteindra ensuite l’apostasie, aussi bien sous sa forme juive que chrétienne.

Le mot sortir répété souvent dans les visions de ce chapitre est toujours en rapport avec le jugement. Le rouleau, la malédiction, sort, l’ange sort ainsi que l’épha, les femmes sortent et emportent l’épha, se doutant peu que ce qui va être fondé et établi, sera si promptement détruit!

Au milieu de toute cette iniquité, restera-t-il encore quelque témoignage pour Christ? Oui, car nous avons vu, au chapitre précédent, un Résidu juif, fidèle, comme on trouve, au milieu de la chrétienté actuelle, le résidu de Philadelphie. Celui de Juda deviendra le noyau du futur Israël, plus nombreux que les étoiles des cieux et que le sable du bord de la mer. Il jouira de la bénédiction du règne millénaire, après que les Juifs apostats et la chrétienté apostate seront venus en mémoire devant Dieu, et que Babylone, la grande ville, aura été précipitée dans la mer pour ne plus être trouvée à jamais.