Zacharie

Chapitre 2

Troisième vision

La première et la deuxième vision nous donnent, comme idée générale, le sort des empires, oppresseurs du peuple juif. Une partie de ces choses est sans doute accomplie, mais l’Esprit de Dieu ne s’arrête pas sur elles, car la prophétie a toujours en vue la gloire future de Christ, et c’est ce que nous présente la troisième vision.

«Et je levai les yeux, et je regardai» (v. 1). Combien il est à désirer que nous sachions nous appliquer ces paroles! Lever les yeux est le moyen d’entrer en rapport avec Dieu, de recevoir sa réponse; c’est l’attitude qui convient à celui qui attend quelque chose de Lui. Si nous baissons les yeux nous ne pouvons comprendre ni Lui ni ses pensées, car alors nous fixons nos regards sur des choses terrestres sans valeur pour notre âme. «Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu.» Le jeune prophète Zacharie voit, en levant les yeux, toutes les pensées de Dieu à l’égard de Jérusalem. «Et voici un homme, et dans sa main un cordeau à mesurer.» Le cordeau sert à circonscrire un lot (Michée 2:5). «Et je dis: Où vas-tu? Et il me dit: Je vais pour mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur» (v, 2). Au moment de cette vision, la ville de Jérusalem était détruite et ses murailles renversées; seuls, les fondements du temple étaient posés, et pourtant l’ange dit: Je vais pour mesurer Jérusalem! «Et voici, l’ange qui parlait avec moi sortit, et un autre ange sortit à sa rencontre, et lui dit: Cours, parle à ce jeune homme, disant: Jérusalem sera habitée comme les villes ouvertes» (v. 3-4). Cette Jérusalem future devait déborder au delà de toutes ses limites, bien dissemblable de celle que les fils de la transportation allaient réédifier. Elle regorgera d’hommes et de bétail qui viendront y habiter (Jér. 33:7-13). Il faudra le cordeau à mesurer d’un ange pour prendre ses dimensions. Bien des événements s’accompliront encore jusque là. Cette Jérusalem n’est pas celle de Néhémie, ni celle qui rejeta son Messie et son roi, ni celle qu’habiteront les Juifs, rentrés en Palestine pour devenir le peuple de l’Antichrist. Les murailles de cette Jérusalem ne la garantiront point quand les nations de la fin viendront l’assiéger et feront le sac de la ville. Mais au jour où le Seigneur sera revenu comme vrai roi en Israël, «elle appellera ses murs Salut et ses portes Louange» (És. 60:18), ou, comme il est dit ici: «Moi, je lui serai une muraille de feu tout autour, et je serai sa gloire au milieu d’elle» (v. 5).

Deux bénédictions sont annoncées dans ce passage: 1° l’Éternel lui-même, comme une muraille de feu, défendra la ville sainte de tout ennemi qui s’élèvera contre elle et Il lui servira de garantie. 2° Il sera sa gloire au milieu d’elle, Il demeurera au milieu d’elle (v. 5, 10, 11). Cette bénédiction appartient, comme la première, au temps futur où le Messie glorieux fera de Jérusalem sa demeure. «L’Éternel a choisi Sion; il l’a désirée pour être son habitation: C’est ici mon repos à perpétuité; ici j’habiterai, car je l’ai désirée» (Ps. 132:13-14). N’oublions pas que nous, chrétiens, nous possédons aujourd’hui cette bénédiction, malgré la ruine de l’Église, tandis qu’elle est encore future pour Israël, et qu’il ne la possédera jamais de la même manière que nous. Le Seigneur habite au milieu des siens en Esprit. Cette bénédiction dépasse toutes les autres. Sans doute nous ne la réaliserons pleinement que dans la perfection, mais au milieu de la ruine de l’Église elle reste la part des fidèles quand ils ne seraient que deux ou trois pour en jouir. Il n’appartenait nullement à cette Jérusalem ruinée à laquelle Zacharie prophétisait, que l’Éternel habitât au milieu d’elle. Sa gloire avait quitté le temple, comme Ézéchiel nous l’a révélé; mais à la fin du livre de ce même prophète nous la voyons revenir au temple millénaire. C’est ce que Zacharie nous annonce ici: «Je serai sa gloire au milieu d’elle.»

La seconde partie du chapitre commence au v. 6: «Ho, ho! fuyez donc du pays du nord, dit l’Éternel, car je vous ai dispersés aux quatre vents des cieux, dit l’Éternel.» Le pays du Nord est la Chaldée, où les Juifs étaient «dispersés et répandus parmi les peuples dans toutes les provinces du royaume» (Esther 3:8), comme aux quatre vents des cieux. Les restes de Juda venaient de quitter cette contrée. Sans doute ils n’étaient pas au complet (Esdras 8), et cet appel pouvait s’adresser immédiatement à ceux du peuple qui étaient restés en arrière; mais, comme toujours, il a trait au temps de la fin. Il retentit dans le prophète Ésaïe (52:11): «Partez, partez; sortez de là; ne touchez pas à ce qui est impur! Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel!» Nous le retrouvons encore plus pressant dans le prophète Jérémie: «Fuyez du milieu de Babylone, et sauvez chacun sa vie! Ne soyez point détruits dans son iniquité, car c’est le temps de la vengeance de l’Éternel: il lui rend sa récompense» (51:6). Ce Jérémie qui, dans un temps passé, engageait le peuple à se soumettre au joug de Babylone, l’appelle pour un temps futur à fuir du milieu d’elle.

On pourrait prétendre que ces prophéties furent accomplies lors de la ruine définitive de cette grande ville, sous les successeurs d’Alexandre, mais longtemps après ce désastre nous entendons le même appel dans le Nouveau Testament. «C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai» (2 Cor. 6:17). Et en Apoc. 18:4: «Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies.» Qu’est-ce que ces paroles signifient? La ville de Babylone, au temps de la fin, n’existera pas plus qu’elle ne subsiste maintenant, mais les principes d’idolâtrie qui la caractérisent revêtiront une forme finale d’hostilité contre Christ et formeront un système politique, commercial et religieux, appelé Babylone la grande (Apoc. 17 et 18), et que les fidèles devront abandonner.

Dans le jour actuel (2 Cor. 6), les chrétiens sont appelés à se séparer de ces principes afin d’être approuvés de Dieu et de goûter sa communion. Dieu donne à son peuple trois raisons pour sortir moralement de Babylone: Les jugements vont fondre sur elle; il ne faut pas que les fidèles soient atteints par ces jugements (Apoc. 18); et enfin ceux qui portent les vases de l’Éternel, ceux auxquels son témoignage est confié, ne peuvent marcher avec les idoles (És. 51). Toutes ces vérités s’appliqueront au résidu de la fin, mais sont pour nous d’une grande et sérieuse actualité.

«Ho! échappe-toi, Sion, toi qui habites chez la fille de Babylone! Car ainsi dit l’Éternel des armées: Après la gloire, il m’a envoyé vers les nations qui ont fait de vous leur proie, car celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil» (v. 7-8). Des messagers, tirés du résidu, iront annoncer aux nations que le Seigneur s’est révélé en gloire à Jérusalem pour établir son royaume. C’est pourquoi il est dit ici: «Après la gloire.» Nous trouvons la même pensée en Matt. 24:30, 31: «Alors paraîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel; et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout.» «Le signe du Fils de l’homme» est précisément son apparition en gloire. Après cette gloire il rassemblera ses élus dispersés; car il est question dans ce passage, comme en Zacharie, du rassemblement d’Israël. Le Ps. 73:24, exprime encore cette pensée: «Tu me conduiras par ton conseil, et, après la gloire, tu me recevras.»

Alors les nations qui ont opprimé le peuple de Dieu devront passer sous le jugement. «Elles seront la proie de ceux qui les servaient» (v. 9). Juda sera une épée dans la main de l’Éternel pour combattre ces nations et les détruire.

«Exulte, et réjouis-toi, fille de Sion! car voici, je viens et je demeurerai au milieu de toi, dit l’Éternel. Et beaucoup de nations se joindront à l’Éternel en ce jour-là, et elles me seront pour peuple, et je demeurerai au milieu de toi; et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé à toi» (v. 10-11). Jérusalem est appelée à se réjouir parce que le Christ est au milieu d’elle. Beaucoup de sauvés d’entre les nations jouiront de la position privilégiée de la sainte cité. «Et l’Éternel possédera Juda comme sa part sur la terre sainte et il choisira encore Jérusalem» (v. 12). «La terre sainte» est une terre purifiée de l’iniquité. Le moment arrivera où l’Éternel, ayant accompli son œuvre merveilleuse au milieu de son peuple et purifié sa ville, la considérera de nouveau comme l’habitation de son choix.

Comparons, comme le prophète, les temps à venir avec le temps présent, et nous serons remplis de joie. Nous n’aurions que tristesse et abattement si nous mettions l’état actuel de la maison de Dieu en regard de sa condition passée. Oui, réjouissons-nous en pensant à l’avenir. Jésus sera la gloire à la fois de la nouvelle et de l’ancienne Jérusalem au milieu d’elle et le centre des louanges de tous ses rachetés!