Zacharie

Chapitre 1er

Introduction — (v. 1-6)

«Au huitième mois, en la seconde année de Darius, la parole de l’Éternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils d’Iddo.» Ce huitième mois marque la date des paroles préliminaires du prophète. Semblable à Jérémie, Zacharie avait le double caractère de prophète et de sacrificateur. Il est appelé ici «Zacharie, fils de Bérékia (Barachie), fils d’Iddo». La mention, en Matt. 23:35, de Zacharie, fils de Barachie, qui fut tué entre le temple et l’autel, passage qui se rapporte évidemment à la mort de Zacharie, fils de Jéhoïada, tué par ordre de Josias (2 Chron. 24:20-22), a beaucoup exercé les commentateurs. Ceux qui n’ont pas l’habitude de se défier de leur raison, pensent que le passage de Matthieu renferme une erreur en attribuant à notre prophète ce qui est raconté du fils de Jéhoïada. Mon humble avis est que cette erreur n’existe pas. Les noms de Zacharie et de Barachie étaient familiers à la race sacerdotale. En Ésaïe 8:2, nous rencontrons comme «fidèles témoins» d’Ésaïe, Urie le sacrificateur et Zacharie, fils de Jebérékia, c’est-à-dire de Barachie. Ce nom de Barachie semble être celui du chef de la race. Zacharie, fils de Jéhoïada, pourrait donc être appelé par Matthieu fils de Barachie, en remontant à son origine. On peut faire la même remarque pour notre prophète. Zacharie était fils d’Iddo (Esdras 5:1; 6:14), l’un des sacrificateurs qui étaient remontés de Babylone avec Joshua, souverain sacrificateur, et Zorobabel (Néh. 12:1, 4). Sous la souveraine sacrificature de Joïakim, fils de Joshua, «Zacharie, fils d’Iddo», revêtit la sacrificature (Néh. 12:16), mais nulle autre part, sinon dans le livre que nous étudions, notre prophète n’est appelé fils de Barachie, ce qui s’explique aisément si Barachie est chef de race. De tels exemples se rencontrent fréquemment dans les chronologies des Chroniques, livres qui remontent au temps du retour de la captivité et furent écrits précisément pendant les jours de notre prophète. Voyez, par exemple, Hur appelé en 1 Chron. 4:1, «fils de Juda» après cinq générations.

Le fait que Zacharie était sacrificateur imprime un caractère particulier à sa prophétie, où la sacrificature joue un rôle de la plus haute importance.

La parole de l’Éternel vint donc à Zacharie, disant: «L’Éternel a été fort en courroux contre vos pères. Et tu leur diras: Ainsi dit l’Éternel des armées: Revenez à moi, dit l’Éternel des armées, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées» (v. 1-3).

Tel est le début du livre: Le Seigneur annonce à ces réchappés de Juda qu’il avait été fort courroucé contre leurs pères parce qu’ils n’avaient pas écouté ses prophètes. Ces faibles restes allaient-ils reprendre maintenant les errements de leurs pères ou écouter la parole de l’Éternel? Ce n’est pas proprement la loi dont il est ici question, car il ne faut pas confondre les prophètes avec elle. Sans doute les prophètes rappelaient le peuple à la loi et au témoignage, pour faire un appel sérieux à la conscience d’Israël dans un temps de ruine, mais ils plaçaient en même temps devant les yeux du peuple la grâce et la miséricorde de Dieu. Israël avait manqué, mais l’Éternel ne pouvait faillir, et malgré ses jugements, devenus nécessaires, il voulait réaliser, en dépit de tout, ses conseils de grâce envers ce peuple. La prophétie ne consiste donc pas seulement en une série de messages adressés au peuple coupable pour réveiller sa conscience et lui annoncer les jugements qui vont fondre sur lui, elle est aussi destinée à encourager le cœur des fidèles en leur révélant ce que Dieu veut faire pour eux. «Revenez à moi», dit l’Éternel dans ces versets, «et je reviendrai à vous.» Cela va beaucoup plus loin que les principes de la loi. Dans le jour actuel, sous l’économie de la grâce, ces paroles sont tout autant de saison qu’alors et nous devons y prêter une sérieuse attention.

«Revenez à moi, et je reviendrai à vous.» Qu’avons-nous fait du témoignage que Dieu nous avait confié? Notre ruine est-elle bien différente de celle des pères de Juda? Avons-nous gardé les choses que Dieu avait placées entre nos mains? La réponse ne peut être douteuse. Avons-nous travaillé au temple de l’Éternel ou à nos propres maisons, comme Aggée en accusait le peuple? Hélas! nous avons cherché, comme ce dernier, à nous établir confortablement dans le monde. Que nous reste-t-il à faire? Revenons à Lui; le chemin est ouvert; y a-t-il impossibilité de nous juger nous-mêmes et de ressaisir ce que nous n’aurions jamais dû abandonner? Si nous écoutons cet appel, nous en aurons la récompense: «Je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées.» La recherche de nos propres intérêts nous a-t-elle fait perdre la communion du Seigneur, il s’agit de la retrouver. Si nos cœurs se sont desséchés au souffle du monde, au lieu de rechercher ses intérêts à Lui, si nous avons ouvert la porte aux idoles, jugeons nos voies, revenons à Lui et il reviendra à nous, et nous goûterons de nouveau les richesses que nous avions méprisées. Elles ne sont point perdues; la repentance est le chemin qui nous en donnera l’accès. Depuis bien longtemps le peuple d’alors, laissant la maison inachevée, avait d’autres soucis que la présence de Dieu dans son temple. L’Éternel cite l’exemple de leurs pères: «Ils sont revenus et ont dit: Comme l’Éternel des armées s’est proposé de nous faire, selon nos voies et selon nos actions, ainsi en a-t-il fait à notre égard» (verset 6). Les pères étaient revenus, mais seulement après que les jugements de Dieu les eurent atteints. Le résidu d’alors allait-il suivre le même chemin, tandis que l’Éternel suspendait encore son jugement? Cette question se pose aussi pour nous. Si nous n’écoutons pas les avertissements de Dieu, nous tomberons nécessairement sous sa discipline. Puissions-nous sentir l’importance pour nos âmes du commencement de ce chapitre!

Le début du prophète Malachie n’est pas semblable à celui de Zacharie. Au lieu de «Revenez à moi», Dieu dit au peuple: «Je vous ai aimés.» Touchante parole qui aurait dû remuer les fibres les plus secrètes de leur âme, mais ne fait que provoquer des murmures dans ces cœurs indifférents: «En quoi nous as-tu aimés?» (Mal. 1:2). Chaque question qu’ils adressent à l’Éternel est un nouveau témoignage de leur endurcissement. Vous trouvez neuf questions dans Malachie, vous en trouvez douze dans la première partie de Zacharie, mais c’est le prophète lui-même qui les pose. Elles expriment sa foi et sa dépendance du Seigneur. Zacharie, bien que sacrificateur et prophète, sent son ignorance et son incapacité de sonder lui-même les pensées de Dieu; il n’a qu’un désir, c’est de recevoir directement l’interprétation des énigmes divines. Imitons Zacharie; demandons comme lui, nous recevrons comme lui. Nous avons tout particulièrement besoin de cette dépendance pour aborder les visions du prophète. Elles présentent d’insurmontables difficultés à celui qui veut les comprendre par son intelligence, mais quiconque, dans une humble dépendance, demande à Dieu: «Que signifient ces choses?» reçoit une réponse qui l’édifie et affermit sa foi, surtout s’il a commencé par prendre cette autre parole à cœur: «Revenez à moi et je reviendrai à vous.»

 

Le livre des visions — Chapitres 1 (v. 7) à 6

Première vision — Chapitre 1er (v. 7-17)

À part l’introduction dont nous venons de parler, nous ne trouvons dans le prophète Zacharie que deux divisions ou, pour mieux dire, deux livres. Le premier va du septième verset du chap. 1 à la fin du chap. 6, le second du chap. 7 au 14. Chacun de ces deux livres a sa date spéciale. Le premier livre commence ainsi:

«Le vingt-quatrième jour du onzième mois, qui est le mois de Shebath, en la seconde année de Darius, la parole de l’Éternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils d’Iddo, disant: Je vis de nuit.» La durée de ce vingt-quatrième jour, jusqu’à la fin du chap. 6, a son importance. Zacharie semble avoir eu toutes ses visions dans une seule nuit et toute âme qui considère la prophétie se trouve dans la même condition que le prophète. Pour comprendre les événements prophétiques nous devons réaliser que le monde dans lequel nous sommes est plongé dans les ténèbres les plus profondes. Dieu ne nous y laisse pas sans secours, et la lampe prophétique nous y dirige. Cette lampe n’est certes pas la clarté la plus brillante que nous présente la parole de Dieu, car cette même Parole nous introduit dans la pleine lumière de Sa présence, mais si nous voulons connaître l’avenir du monde, nous ne pouvons nous passer de la prophétie.

Avant d’aborder la première vision, faisons une remarque importante pour l’intelligence du prophète Zacharie: nous avons vu qu’un relativement petit nombre de captifs, appartenant aux tribus de Juda et de Benjamin, monté de Babylone pour rebâtir le temple, puis arrêté dans son ouvrage, l’avait repris sur l’injonction des prophètes. Mais la condition de ces restes de Juda — nous éviterons autant que possible d’employer le mot de «Résidu» pour les désigner — était telle que Dieu ne pouvait aucunement les reconnaître comme son peuple. Jamais les prophètes de la fin ne les désignent sous ce nom; la sentence de Lo-Ammi (Osée 1:9) n’avait pas été révoquée et ne le sera que lorsqu’un peuple nouveau sortira du vrai Résidu d’Israël. Zacharie envisage donc l’histoire du peuple sous un angle tout à fait restreint. Il ne parle que de Jérusalem dans ses rapports avec Juda, comme si les yeux de l’Éternel avaient dû rétrécir de plus en plus leur horizon, et enfin ne s’arrêter plus que sur Jérusalem, misérable amas de ruines, dont l’Éternel, fidèle à ses promesses, voulait faire partir tous les rayons de ses gloires futures. Au temps de Zacharie, le temple est réédifié, mais ce n’est point encore le temple du Messie; la ville est rebâtie, mais n’est pas encore la cité du grand Roi; le peuple habite dans son pays, sans être encore le «peuple de franche volonté» que Dieu reconnaîtra dans la gloire millénaire.

Passons maintenant à l’explication de la première vision. Le prophète voit «un homme monté sur un cheval roux»; le v. 11 nous apprend que cet homme est «l’ange de l’Éternel». Ce nom est appliqué dans tout l’Ancien Testament au représentant symbolique du Christ, avant sa manifestation comme homme dans ce monde. Le cheval roux sur lequel il est monté et les chevaux qui le suivent sont les esprits qui administrent providentiellement les empires des nations. L’esprit de l’Ange de l’Éternel préside à l’action de toutes les autres puissances angéliques employées par Dieu dans ce but1.

1 Le roux (adom), ou couleur rouge, implique à la fois la pensée de jugement et de purification en grâce. (Ésaïe 63:2; Nombres 19:2.) On rencontre le même principe dans les peaux de béliers du Tabernacle. Le bélier représentait Christ dans sa consécration à Dieu (Exode 29:22); les peaux teintes en rouge (Exode 26:14; 36:19), soit la purification, soit le jugement. S’il en est ainsi, la couleur du cheval de l’Ange de l’Éternel présenterait ces deux caractères, le jugement s’alliant à la purification en grâce, et l’ayant pour but; le cheval roux qui vient après lui aurait plutôt le caractère de la purification en grâce qui a suivi le jugement, les chevaux roux du chap. 6, image de Babylone, présenteraient le jugement.

L’ange «se tenait parmi les myrtes». Les quatre passages de la Parole où il est parlé de myrtes ont tous trait à la restauration qui suit les jugements.

En Néh. 8:15, le peuple, restauré partiellement, est appelé à apporter des branches d’oliviers, de myrte et de palmier pour célébrer la fête des tabernacles.

En Ésaïe 41:19, l’Éternel met fin à la désolation d’Israël, le restaure et fait croître, dans le désert, le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier.

En Ésaïe 55:13, quand tous les jugements sont terminés, il est dit: «Au lieu de l’ortie croîtra le myrte, et ce sera pour l’Éternel un nom, un signe à toujours, qui ne sera pas retranché.»

Dans notre chapitre, les myrtes doivent rappeler au prophète que la restauration arrivera quand les chevaux auront accompli leur tâche, mais c’est avant tout l’ange qui se tient au milieu des myrtes qui a continuellement sous les yeux la bénédiction finale, la vraie fête des tabernacles (14:16), par laquelle se terminera l’histoire d’Israël. «Les myrtes étaient dans le fond» pour indiquer que cette restauration était encore à l’arrière-plan, et que bien des événements devaient se passer avant elle.

N’avons-nous pas, nous aussi, un grand intérêt à considérer l’ange qui se tient au milieu des myrtes? Nous le connaissons maintenant dans la personne de Jésus qui n’arrête pas ses yeux sur notre ruine, mais se réjouit du moment où il se présentera son épouse sans tache, ni ride, ni rien de semblable, et nous trouvons dans cette pensée un précieux encouragement pour nos âmes.

«Après l’ange il y avait des chevaux roux, bais, et blancs.» Nous l’avons indiqué, les chevaux sont, dans le langage symbolique, des agents providentiels, quel que soit du reste leur caractère: rois ou princes, gouvernements, anges, etc., qui, sous la présidence de Christ, accomplissent les desseins de Dieu dans l’administration des empires et, pour ainsi dire, représentent ces derniers. Les chevaux sont envoyés pour se promener par la terre; ils prennent connaissance de l’état des nations et en réfèrent à qui de droit; ils administrent les empires, selon les voies mystérieuses de Dieu, inconnues de tous, sinon de celui qui les dirige; ils représentent les empires, non devant les hommes qui ne peuvent connaître ces agents, mais devant Dieu. C’est pourquoi nous les voyons ici revêtir le caractère des différentes dominations universelles, qui se sont succédé dans l’histoire du monde. Le prophète, dans une vision de nuit, a les yeux ouverts pour les voir, eux et l’ange de l’Éternel qui préside à leurs mouvements. Aux jours de Zacharie, l’empire de Babylone était tombé et avait été remplacé par celui des Mèdes et des Perses. L’ange de l’Éternel monte un cheval roux, emblème de la grâce exercée par Cyrus envers les captifs de Juda. C’est pourquoi aussi le premier cheval est roux comme administrateur providentiel de cet empire.

La statue et les quatre Bêtes de Daniel nous présentent quatre empires, à commencer par celui de Babylone, sous lequel Daniel prophétisait. Zacharie, qui prophétise sous le second empire, nous en présente trois, à partir de celui des Perses. Il est le Prophète de ces pauvres restes abaissés de Juda, restaurés par Cyrus. Mais sa vision, comme celle de Daniel, s’étend bien au delà des circonstances présentes. Il voit, comme une chose actuelle, les empires grec et romain qui succéderont à celui des Perses. Le cheval blanc, une puissance victorieuse (Apoc. 6:2) est bien applicable à l’empire romain. Mais le point important à retenir, c’est qu’aux yeux du prophète l’asservissement de Juda ne prend pas fin avec l’empire des Perses, instrument de sa restauration. Deux empires après celui-ci, la Grèce et Rome, doivent encore fouler aux pieds l’ancien peuple de Dieu.

Le prophète assiste au rapport des agents providentiels, sur l’état moral qui caractérisait alors et caractérisera dans la suite ces empires: «Nous nous sommes promenés par la terre, et voici, toute la terre est en repos et tranquille» (v. 11). On pourrait croire que ce rapport devait être agréable à l’ange. Nullement, car la tranquillité des empires était basée sur l’abaissement et l’asservissement d’Israël. Tandis que celui-ci était opprimé et foulé aux pieds, ceux-là étaient à l’aise, satisfaits de leur condition, impitoyables aux douleurs du peuple de Dieu dispersé. Sans doute les fautes de ce peuple avaient été la cause du jugement de Dieu; mais il n’en était pas moins l’objet de promesses sans repentance, et d’entrailles de miséricorde qui seraient émues à la fin en sa faveur. «Et l’ange de l’Éternel prit la parole et dit: Éternel des armées, jusques à quand n’useras-tu pas de miséricorde envers Jérusalem, et envers les villes de Juda, contre lesquelles tu as été indigné ces soixante-dix ans?» (v. 12). Ce «jusques à quand» est le cri de la foi, et de la certitude qu’un temps de restauration future arrivera pour Juda et la ville bien-aimée. Dans les Psaumes, les fidèles qui traversent la grande tribulation poussent constamment ce cri; il a en vue ici Jérusalem et Juda, sujet capital de cette prophétie.

Que répond l’Éternel à ce cri de «l’homme qui se tenait parmi les myrtes»? «L’Éternel répondit à l’ange qui parlait avec moi, de bonnes paroles, des paroles de consolation» (v. 13). Quand ce qui fut le peuple de Dieu, agonisant, osant à peine élever la voix pour clamer ses douleurs, est seul à n’être pas en repos et tranquille, le cœur de Dieu n’est pas indifférent à sa peine. Le jugement était nécessaire, mais l’Éternel a de bonnes paroles pour Israël: «Consolez, consolez mon peuple» (Ésaïe 40). Maintenant que Jérusalem a reçu de ma main le double pour tous ses péchés, je puis la consoler, dit l’Éternel. Ne pouvons-nous pas aussi nous appliquer ces paroles? La maison de Dieu est l’objet de son jugement. Du sein de ses ruines nous crions: Jusques à quand? Recevrons-nous une réponse impitoyable? Bien au contraire, l’Esprit nous apporte de bonnes paroles, des paroles de consolation et d’espérance.

Dieu ajoute: «Ainsi dit l’Éternel des armées: Je suis jaloux d’une grande jalousie à l’égard de Jérusalem et à l’égard de Sion; et je suis courroucé d’un grand courroux contre les nations qui sont à leur aise; car j’étais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal» (v. 14-15). «Un peu courroucé»! Le courroux de Dieu recouvrait un amour, navré de l’ingratitude de son peuple. Sa colère n’était point sans mélange, son amour cherchait une occasion légitime pour se manifester sans nuire à sa sainte justice. Pour Israël, comme pour nous, la croix a réuni ces caractères en apparence inconciliables de la gloire de Dieu. Les nations orgueilleuses, ennemies de Dieu et de son peuple, n’avaient rien compris aux voies de l’Éternel dont elles étaient les instruments à l’égard d’Israël; pour assouvir leur haine, elles avaient «aidé au mal» et c’est sur elles que tombera sans mélange le «grand courroux» de l’Éternel des armées.

«C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel: Je suis revenu à Jérusalem avec miséricorde; ma maison y sera bâtie, dit l’Éternel des armées, et le cordeau sera étendu sur Jérusalem» (v. 16). Les myrtes fleuriront alors, mais, dans ce moment, ils occupent encore le fond de la scène. Sans doute ces choses se sont accomplies partiellement, comme nous le voyons dans les livres d’Esdras et de Néhémie, mais leur plein accomplissement n’aura lieu que lorsque les empires des nations auront accompli leur cours, et nous savons par la prophétie que même l’empire romain n’est que «blessé à mort» et renaîtra dans un temps futur sous sa forme impériale. Alors seulement il subira son jugement définitif; la maison de l’Éternel, ainsi que la ville de Jérusalem, pourront être établies sur un fondement indestructible; les villes de Juda «regorgeront encore de biens, et l’Éternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem» (v. 17).

 

Deuxième vision — Chapitre 1er (v. 18-21)

«Et je levai mes yeux et regardai: et voici quatre cornes. Et je dis à l’ange qui parlait avec moi: Que sont celles-ci? Et il me dit: Ce sont ici les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem» (v. 18-19). Une corne est toujours l’emblème du pouvoir. Nous retrouvons ici, comme dans la première vision, les diverses puissances hostiles au peuple de Dieu, y compris toutefois l’Assyrie qui avait dispersé Israël et fut amalgamée plus tard avec l’empire de Babylone, auteur de la dispersion de Juda. Cependant Israël ne joue, comme nous l’avons dit plus haut, qu’un rôle tout à fait secondaire dans Zacharie, car il n’en est plus fait mention qu’au chap. 10:7-12. C’est Jérusalem et Juda qui sont ici particulièrement en vue, aussi lisons-nous au v. 21: «Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda», non plus Israël, comme au v. 19, car Babylone a remplacé l’Assyrien.

Zacharie, conscient de sa jeunesse (cf. 2:4) et de son inexpérience, pose ici à Dieu des questions qui ne restent jamais sans réponse. Il en est toujours de même pour nous, quand nous abordons la Parole avec prière. Comme les visions à Zacharie, Dieu nous a donné sa Parole, non pas pour qu’elle reste un livre scellé, car il l’approprie à l’intelligence d’un petit enfant, mais il faut, même au petit enfant, trois choses pour la comprendre, la foi, la dépendance, et l’Esprit de Dieu. C’était ce que possédait le jeune prophète.

«Et l’Éternel me fit voir quatre ouvriers. Et je dis Que viennent faire ceux-ci? Et il parla, disant: Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda, de manière que personne ne levait la tête; mais ceux-ci sont venus pour les effrayer, pour jeter loin les cornes des nations qui ont levé la corne contre le pays de Juda pour le disperser» (v. 20-21). Ces ouvriers sont des agents providentiels destinés à remplir de terreur les empires des nations et à détruire leur puissance. Ce qu’ils ont été dans l’histoire du passé, ce qu’ils seront dans celle de l’avenir, n’est pas spécifié. Un ouvrier peut avoir des instruments divers pour accomplir son œuvre, et provoquer la chute de l’édifice le plus solidement établi. L’intervention d’un seul homme, des circonstances morales, une barrière mise au commerce, des désastres nationaux ou terrestres, des guerres surtout, sont autant d’instruments par lesquels Dieu a détruit les plus grands empires qui aient jamais existé. L’esprit reste songeur devant la facilité avec laquelle ces immenses et glorieux édifices se sont écroulés. C’est que Dieu était derrière la scène et, tandis que les empires étaient encore en repos et tranquilles, le charpentier sciait en secret les poutres et les colonnes, le maçon déplaçait la clé de voûte, le constructeur sapait, sans qu’il y parût, les fondements cachés; ici et là un grincement de scie, un vacillement du toit, un ébranlement du sol, semaient l’épouvante, puis la confiance aveugle renaissait, jusqu’au jour où, le travail accompli, tout s’écroulait à la fois. «Hélas! hélas! la grande ville de Babylone, la ville forte, en une seule heure, son jugement est venu! Hélas! hélas! la grande ville qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, qui était parée d’or et de pierres précieuses et de perles! car en une seule heure tant de richesses ont été changées en désolation! Hélas! hélas! la grande ville, dans laquelle, par son opulence, tous ceux qui avaient des navires sur la mer étaient devenus riches! car, en une seule heure, elle a été désolée.» Méditez l’histoire des royaumes, ouvrez les yeux, comme Zacharie, sur ce qui se passe aujourd’hui dans le monde; partout tel ou tel ouvrier a fait son œuvre en cachette. Les puissances s’effraient, voudraient parer à la ruine imminente, quand déjà l’ouvrier mystérieux les a saisies et jetées loin de lui!