Tite

Chapitre 2

V. 1-10

«Mais toi, annonce les choses qui conviennent au sain enseignement: que les vieillards soient sobres, graves, sages, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience. De même, que les femmes âgées soient, dans toute leur manière d’être, comme il convient à de saintes femmes — ni médisantes, ni asservies à beaucoup de vin, enseignant de bonnes choses, afin qu’elles instruisent les jeunes femmes à aimer leurs maris, à aimer leurs enfants, à être sages, pures, occupées des soins de la maison, bonnes, soumises à leurs propres maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée. Exhorte de même les jeunes hommes à être sobres, te montrant toi-même, en toutes choses, un modèle de bonnes œuvres, faisant preuve, dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité, de parole saine qu’on ne peut condamner, afin que celui qui s’oppose ait honte, n’ayant rien de mauvais à dire de nous. Exhorte les esclaves à être soumis à leurs propres maîtres, à leur complaire en toutes choses, n’étant pas contredisants; ne détournant rien, mais montrant toute bonne fidélité, afin qu’ils ornent en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur.»

«Mais toi, annonce les choses qui conviennent au sain enseignement» (ou doctrine).

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, tout l’ordre de la maison de Dieu, tous les rapports chrétiens des membres de cette maison entre eux, sont basés sur la «saine doctrine», enseignée et maintenue dans l’Église et sans laquelle il ne peut y avoir que confusion et désordre. N’est-ce pas ce qui explique en grande partie les aberrations de la chrétienté dans les choses qui sont spécialement exposées dans l’épître à Tite quant aux dons et aux charges, quant au rôle des vieillards et à la place des femmes âgées ou jeunes, quant aux relations des domestiques envers leurs maîtres?

Il y a des choses qui ne conviennent pas au sain enseignement et jamais ces choses ne pourront être trouvées dans la parole de Dieu. Un enseignement, quelque élevé qu’il soit selon l’homme, ne serait pas sain s’il ne poussait les chrétiens à une vie de sainteté et de justice pratiques qui honore le Seigneur. Cet enseignement atteint toutes les classes de la famille de Dieu, mais nous devons avant tout l’appliquer à nous-mêmes pour notre vie, notre conduite et notre espérance.

La santé du corps est toujours liée à l’équilibre de ses diverses parties; aussi les choses que Tite devait annoncer concernaient toutes les classes de ceux qui appartenaient au corps de Christ et à la maison de Dieu.

Comme de juste, l’apôtre commence par les vieillards, par ceux qui occupent une position vénérable et par conséquent particulièrement responsable de donner l’exemple dans la famille de Dieu: «Que les vieillards soient sobres, graves, sages, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience» (v. 2). Sobres (néphalios) a généralement trait aux boissons ou à d’autres aliments. Ainsi, sur ses vieux jours, Isaac manquait de sobriété, ce qui, ajouté aux infirmités de son âge, troublait sa vue spirituelle; mais ici, comme en 1 Timothée, il s’agit plutôt de sobriété au sens figuré, d’un esprit qui ne se laisse pas enivrer par la passion, parce qu’il a le sentiment de la présence de Dieu. Sains dans la foi: Leur santé morale devait se montrer dans l’intelligence des objets de la foi qu’un sain enseignement leur avait présentés, car la foi n’est pas ici la réception du témoignage divin dans l’âme, mais les vérités que la parole de Dieu présente à la foi. La santé suppose, comme nous l’avons dit, un heureux équilibre en toutes choses. Le chrétien expérimenté doit avoir soin de ne pas donner dans l’enseignement une place hors de proportion à certaines choses parmi celles qui constituent la foi. Pour ne mentionner que des choses capitales, on pourrait, par exemple, mettre tout l’accent sur la position céleste du chrétien, sans insister sur sa marche et sur sa conduite, ou vice-versa.

Sains dans l’amour. Ce même équilibre moral doit se montrer dans l’amour fraternel. Faire des distinctions ou accorder des préférences à tel membre de la maison de Dieu au préjudice des autres (car il ne s’agit pas ici de l’amour pour Christ qui certes ne souffre pas de mesure), c’est ne pas être sain dans l’amour.

Sains dans la patience. Ici le manque de santé pourrait se trahir par une certaine indifférence dans l’épreuve, — chose commune chez les vieillards — ou par des sens émoussés quant à la prochaine venue du Seigneur.

Tout cela, joint à la gravité et à la sagesse1 donne une impression de grande pondération à la vie pratique des vieillards et ne pourrait être réalisé sans la sobriété qui doit être à la base de toute leur conduite. Ils deviennent ainsi des hommes d’expérience que l’on consulte et qui contribuent à la santé et au bon ordre de toute la famille de Dieu.

1 L’expression rendue au v. 2 et au v. 5 par sage; au v. 6 et au v. 12 par sobre, sobrement (sophronéo), pourrait être traduite par modération et possession de soi-même.

«De même, que les femmes âgées soient, dans toute leur manière d’être, comme il convient à de saintes femmes».

Elles doivent avoir en toutes choses, dans leur abord, dans leur accueil, dans leur extérieur, une tenue convenable, parure particulière de la femme, mais il faut que cette tenue soit le reflet de leur caractère intérieur de sainteté. Cette recommandation correspond à ce qui nous est dit de la femme chrétienne en 1 Tim. 2:9-10 et 1 Pierre 3:2-5. L’absence de toute influence mondaine doit les caractériser en premier lieu.

Ni médisantes. Elles doivent tenir leur langue en bride, éviter de mal parler du prochain, piège particulièrement dangereux pour leur sexe.

Pas asservies à beaucoup de vin. C’est un danger positif pour les femmes âgées qui ont recours à ce moyen en vue de leur santé qui décline, et qui, n’ayant pas assez veillé sur elles-mêmes, tombent dans cette servitude dont l’Ennemi usera pour leur ruine morale et pour les empêcher d’exercer autour d’elles une influence salutaire. Ce cas est d’autant plus dangereux pour la femme, que sa conscience lui montrant l’impropriété de telles habitudes, elle cherchera à s’en cacher à d’autres et tombera ainsi dans l’hypocrisie.

Il y a une légère différence entre être asservi et être adonné comme cela est dit des anciens et des diacres en 1 Tim. 3:3, 8. Adonné dénote peut-être un penchant dont on ne songe pas à se cacher, bien différent de s’enivrer (Éph. 5:18), qui est une dégradation. En 1 Tim. 3:8, le petit mot «beaucoup», omis pour les anciens au v. 3, est ajouté pour les diacres. Ce petit mot nous apprend que plus les fonctions dans la maison de Dieu sont importantes, plus la responsabilité est grande d’éviter tout obstacle à une saine appréciation de tout ce qui concerne le gouvernement de la maison de Dieu.

Enseignant de bonnes choses, afin qu’elles instruisent les jeunes femmes... Ce sont maintenant les femmes âgées qui ont à enseigner. Elles enseignent dans le seul domaine où la femme puisse le faire: celui de la maison. Elles doivent enseigner de bonnes choses, des choses honorables, mais non point aux hommes. Leur cercle d’action dans la maison est beaucoup plus varié que l’enseignement, car il peut s’adresser à tous, hommes, vieillards, femmes et enfants, infirmes, pauvres, déshérités, mais, quand il s’agit d’enseignement, il est restreint aux femmes. «Je ne permets pas à la femme d’enseigner», dit l’apôtre, «ni d’user d’autorité sur l’homme, mais elle doit demeurer dans le silence» (1 Tim. 2:12). L’enseignement des femmes âgées a pour but d’amener les jeunes femmes à rendre dans leur vie un témoignage complet à l’enseignement de la Parole. Par ce mot «complet», nous faisons allusion aux sept choses qui sont recommandées aux jeunes femmes. Le nombre sept revient continuellement dans cette épître, et nous nous en sommes déjà expliqués. Il signifie toujours dans la Parole quelque chose de complet, soit en bien, soit en mal, dans le domaine spirituel.

Les jeunes femmes doivent donc être instruites à aimer leurs maris, à aimer leurs enfants, à être sages, pures, occupées des soins de la maison, bonnes, soumises à leurs propres maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée. L’enseignement aux jeunes femmes recommande en premier lieu l’amour, amour qui s’exerce d’abord dans le cercle restreint de la famille immédiate. Le mari a la première place dans l’affection légitime de la femme. Il peut arriver, dans le ménage chrétien, que l’affection de la femme pour ses enfants prime et parfois supprime celle qu’elle doit à son mari. Le sain enseignement met toute chose à sa place.

À être sages. Ce mot signifie la modération, la retenue, la discrétion, la possession de soi-même. En effet, il pourrait y avoir manque de retenue dans les affections les plus légitimes, et cela pourrait compromettre le caractère selon Dieu des affections de famille. Pures: La pureté est l’accompagnement nécessaire, ou plutôt la conséquence de la retenue, car il s’agit ici des relations de la jeune femme dans son cercle intime. La passion charnelle n’y a pas de place vis-à-vis du mari; et, vis-à-vis des enfants, une stricte surveillance doit être exercée sur eux pour qu’aucune tendance impure ne soit tolérée.

Occupées des soins de la maison. La maison est, avons-nous dit, le domaine assigné à la femme. Ce domaine est infiniment varié, mais interdit absolument à la femme chrétienne d’empiéter sur le domaine public. Elle perdrait ainsi (et combien, hélas! la chose est fréquente aujourd’hui) son caractère propre, selon les principes du gouvernement de Dieu. Partout donc où il s’agit de la maison, dans la plus vaste acception de ce terme, la femme y a sa place: soins temporels et spirituels, prière, lecture, exhortation, évangélisation, enseignement même s’il ne sort pas de ses limites, ordre matériel et moral, bienfaisance, souci des vieillards, des enfants, des malades, et combien d’autres choses encore, tout cela est du domaine de la femme. Dans notre passage, il s’agit avant tout, pour la jeune femme, des soins de sa propre maison. Son cercle s’élargira avec l’âge, de même que le cercle du jeune homme. Nous en avons un exemple dans les saintes femmes qui suivaient le Seigneur et l’assistaient de leurs biens (Luc 8:1-3). Les «soins de la maison» sont ici les soins matériels, et nous venons de voir qu’ils ne priment pas tous les autres; mais, au point de vue chrétien, ils sont bien loin d’être indifférents. L’ordre dans la maison de Dieu ne comporte pas le désordre dans la maison de ses enfants. Il y a une règle selon Dieu à laquelle sous la direction de la femme, enfants et serviteurs doivent se soumettre; il y a à maintenir, à distribuer, à réparer les vêtements, à pourvoir à la nourriture de tous et aux divers besoins de ce diminutif de la maison de Dieu. En toutes ces choses, la femme vertueuse des Proverbes nous est donnée comme exemple (Prov. 31:10-31).

Bonnes. La bonté, faite de compassion, de dévouement aux autres, de pensées secourables est citée ici comme correctif de l’égoïsme que pourrait engendrer le soin de sa propre maison. La bonté, en effet, s’adresse indistinctement à tous et s’ingénie à les soulager.

Soumises à leurs propres maris. La soumission vient en dernier lieu comme couronnement des qualités de la jeune femme. Ce bel équilibre en toutes choses ne peut subsister sans le renoncement à soi-même et la dépendance de l’autorité à laquelle la femme est soumise de la part de Dieu. C’est, pour ainsi dire, par l’intermédiaire du mari qui est le chef de la femme, la soumission à Dieu auquel il est soumis lui-même. Toutes ces choses réunies empêchent la femme de donner la prépondérance à l’une d’entre elles au détriment de la vie chrétienne, comme dans le cas de Marthe qui était «distraite par beaucoup de soins dans la maison» et qui négligeait ainsi la communion avec le Seigneur et avec sa parole, en un mot, c’est ce qui donne à la femme la force de maintenir l’équilibre dans toutes les parties de son témoignage.

Afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée. Tout cet ordre, même matériel, fait partie, comme on le voit ici, du témoignage chrétien. Le monde qui en est le spectateur ne trouve pas, dans le désordre de la maison chrétienne, une occasion de blasphémer la parole de Dieu en rendant celle-ci responsable du mal. L’autorité de cette Parole ne peut être mise en doute quand on en constate les fruits. Ainsi nous voyons constamment reparaître dans ce chapitre cette grande vérité que la saine doctrine est à la base de toute la pratique de la vie chrétienne.

Exhorte de même les jeunes hommes à être sobres. L’exhortation aux jeunes hommes n’est pas du tout le fait des femmes âgées, mais est confiée à Tite. La seule chose, recommandée aux jeunes hommes (en contraste avec la septuple recommandation aux jeunes femmes) est la sobriété, c’est-à-dire la modération et la libre possession d’eux-mêmes (voyez la note au v. 2), parce que, comme nous allons le voir, ils avaient pour toutes choses un modèle en Tite et dans sa conduite au milieu d’eux. C’est pourquoi il est dit de lui: Te montrant toi-même en toutes choses un modèle de bonnes œuvres. Il fallait que rien ne manquât, et c’était beaucoup dire, à la vie pratique du délégué de Paul. Nous nous sommes déjà étendus sur ce que «les bonnes œuvres» signifient. Elles sont la manifestation extérieure de la foi et de l’amour, comme nous le voyons en 1 Thess. 1:3. L’exhortation de Tite, jeune lui-même, aux jeunes gens, devait être accompagnée de l’exemple donné par lui, sans lequel elle aurait été nulle. Mais, outre cet exemple, il était appelé à enseigner:

Faisant preuve dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité, de parole saine qu’on ne peut condamner, afin que celui qui s’oppose ait honte, n’ayant rien de mauvais à dire de nous.

L’enseignement de Tite devait avoir trois caractères: 1° La pureté de la doctrine. Il est important que la doctrine ne soit pas mélangée d’éléments douteux ou étrangers, dont la mauvaise qualité pourrait porter les auditeurs soit à en rejeter les parties saines, soit à recevoir le tout sans discernement et à devenir eux-mêmes les propagateurs de l’erreur. Ce dernier danger est d’autant plus grave que l’autorité de celui qui enseigne est moins contestée. 2° L’enseignement doit être grave. Cette qualité manque souvent aujourd’hui dans la prédication où, pour attirer l’attention, on cherche à produire de l’effet, à parler à l’imagination, à éveiller la curiosité. De telles pratiques, paroles légères ou déplacées, détruisent l’effet salutaire de la vérité, lui ôtent son caractère divin, disqualifient enfin celui qui s’en sert et qui perd ainsi le droit d’être un «oracle de Dieu» pour les auditeurs. 3° Parole saine qu’on ne peut condamner. Celui qui enseigne rencontrera toujours, et fréquemment dans les rangs de frères en vue, des adversaires qui épient ses paroles pour les accuser d’être contraires à la saine doctrine. Le «docteur» ne doit pas donner occasion à l’opposition. Telle parole, mal pondérée et pas suffisamment étayée, provient souvent du désir de présenter des nouveautés qui mettent en relief celui qui parle. Elle devient, au contraire, une arme dans la main des malintentionnés pour combattre et compromettre celui qui enseigne. Si sa parole est «saine», elle porte sa vertu avec elle; on ne condamne pas un remède qui apporte la santé à ceux que le prennent. Celui qui attaque nos discours est alors obligé de se retirer avec honte, sans avoir trouvé un prétexte plausible à son opposition.

«Exhorte les esclaves à être soumis à leurs propres maîtres, à leur complaire en toutes choses, n’étant pas contredisants; ne détournant rien, mais montrant toute bonne fidélité, afin qu’ils ornent en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur» (v. 9-10).

Outre les jeunes hommes, Tite avait encore à exhorter les esclaves. Il ne lui était pas ordonné d’exhorter les vieillards et les femmes âgées. Remarquons combien la Parole observe les convenances dans les moindres détails. La conduite des esclaves avait pour but d’orner en toutes choses l’enseignement de notre Dieu Sauveur. Celui qui a conscience d’avoir été sauvé (et à quel prix!) par Dieu lui-même, celui qui connaît un tel Dieu, n’a qu’un désir, c’est d’être enseigné par Lui et de porter des fruits qui soient en rapport avec la doctrine reçue. Il fallait qu’on pût dire, en voyant la conduite de ces esclaves: Ils servent d’illustration à ce qu’ils ont appris de leur excellent Maître; on voit à leur conduite quelle école ils ont fréquentée; en toutes choses, ils font honneur à cet enseignement. La «doctrine du Dieu Sauveur», reçue dans le cœur, a, pour les esclaves, quatre résultats:

La soumission à leurs propres maîtres. Il y a quelque différence entre la soumission et l’obéissance, et il est important de ne pas l’oublier quand il s’agit des autorités. L’obéissance est en rapport avec des ordres donnés; elle est attribuée aussi bien aux enfants qu’aux esclaves. La soumission est plutôt l’acceptation d’une autorité supérieure sous laquelle on est tenu de se courber. C’est, d’une manière exclusive, l’attitude recommandée à la femme, tandis que l’esclave unit l’obéissance à la soumission.

À leur complaire en toutes choses. À l’école du Dieu Sauveur on apprend à ne pas se complaire à soi-même. Le Seigneur n’a-t-il pas suivi personnellement le même chemin vis-à-vis de son Dieu? L’esclave doit toujours être en éveil pour découvrir les choses par lesquelles il peut plaire à son maître.

N’étant pas contredisants. Ce serait quitter sa position subordonnée que de chercher à faire valoir son opinion et de l’opposer à la pensée ou aux ordres d’un maître qui a pouvoir sur son serviteur.

Ne détournant rien. Ce danger est lié à la condition servile qui est accompagnée d’une certaine contrainte et de certaines restrictions, souvent injustifiées, et dont la condition de fils est exempte. On voit, dans le cas d’Onésime (Philém. 18) cette infidélité chez un esclave inconverti, abusant de la confiance de son maître. L’esclave chrétien avait, au contraire, à montrer toute bonne fidélité, une fidélité scrupuleuse dans ce qui lui était confié.

Remarquons ici combien de fois Dieu nous est présenté dans cette épître comme le Dieu Sauveur. Le chap. 1:4 nous a déjà présenté «le commandement de notre Dieu Sauveur», et dans le même verset nous lisons: «le Christ Jésus notre Sauveur». Dans le verset que nous venons de considérer (2:10), «l’enseignement est de notre Dieu Sauveur». Le v. 13 de ce même chapitre nous parle de «l’apparition... de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ». Au chap. 3:4, «la bonté et la philanthropie de notre Dieu Sauveur sont apparues» pour nous sauver. Enfin, au v. 6 de ce même chapitre, «l’Esprit Saint est répandu... sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur».

C’est ainsi que, dans l’œuvre du salut, Jésus Christ n’est jamais séparé de Dieu lui-même et reste toujours en union divine et parfaite avec lui. Dieu commande, enseigne, apparaîtra comme grand Dieu dans la personne de Christ. C’est dans cette même personne que son amour est apparu et qu’il nous a sauvés. Nous attendons encore de voir apparaître sa gloire dans cette même personne. En attendant, nous possédons l’Esprit Saint, répandu sur nous par ce même Jésus Christ, notre Sauveur. En un mot, le salut acquis, l’Esprit donné, la gloire future, tout cela dépend du Christ Sauveur, image du Dieu invisible, notre Sauveur. Et, en attendant cette gloire, la grâce nous enseigne (v. 11).

La différence entre l’épître à Tite et les deux épîtres à Timothée est très remarquable sous beaucoup de rapports dont je ne veux relever que le suivant. La première épître à Timothée nous parle plutôt du Dieu Créateur et Conservateur; la seconde qui nous présente la ruine de la maison de Dieu et le chemin du fidèle au milieu de ses décombres, insiste tout particulièrement sur la seigneurie de Christ. Le Seigneur, tel est le titre dominant que Jésus Christ prend dans cette seconde épître. (1:2, 8, 16, 18; 2:7, 14, 19, 22, 24; 3:11; 4:8, 14, 17, 18, 22). La méconnaissance des droits absolus du Seigneur sur nous est, en effet, ce qui caractérise les hommes aux derniers jours. Parlant de cette même période, l’apôtre Pierre dit: «Reniant le Maître qui les a achetés» (2 Pierre 2:1). Or nous, chrétiens, qui traversons les temps de la fin, nous sommes appelés à proclamer la soumission à cette autorité. Elle ne peut être prouvée autrement que par la soumission absolue à Sa Parole. Il est remarquable que, dans l’épître à Tite, où le chrétien nous est montré comme placé à chaque pas sous l’enseignement de cette Parole et en réalise l’autorité sur lui, le nom de Seigneur ne se présente pas une seule fois.

Nous arrivons maintenant au second grand sujet de l’épître. Nous l’avons signalé dans notre Introduction en le définissant ainsi: «L’enseignement de la grâce quant à notre marche et à notre conduite dans ce monde».

 

V. 11-14

«Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance, et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres.»

Nous trouvons dans ce merveilleux passage:

1° Ce qu’est la grâce. 2° Ce qu’elle apporte. 3° À qui elle s’adresse. 4° Ce qu’elle enseigne.

En rapport avec tout le contenu de cette épître, c’est sur ce dernier point, sur l’enseignement1 de la grâce que ce passage insiste tout particulièrement. Il est du reste d’une telle richesse, qu’il nous sera difficile, non de l’épuiser, car la Parole est inépuisable, mais même d’en présenter les grandes lignes, sans nous exposer à d’importantes omissions. Bornons-nous donc à présenter humblement ce que l’Esprit de Dieu apporte à nos cœurs quant aux paroles que nous venons de citer.

1 Le mot employé ici pour «enseigner» (paideuo au lieu de didasko et didaskalia «enseignement ou doctrine» que l’on rencontre partout dans le reste de l’épître), nous paraît signifier plutôt un enseignement pratique et non doctrinal, tel qu’il est donné aux enfants: question de bonne tenue, de bonnes manières, d’obéissance et de respect dus aux parents, d’assiduité à l’étude, en vue d’un résultat à venir.

La mention du Dieu Sauveur (v. 10), si remarquable dans cette épître, amène nécessairement avec elle la mention de la grâce et lui donne la première place.

La grâce n’est pas la bonté de Dieu, ni même son amour; elle est cet amour, s’abaissant jusqu’à des pécheurs perdus pour les sauver. La grâce est ici une personne (comme en Jean 1, la Parole faite chair), une personne pleine de grâce. Elle n’est ni un principe, ni une abstraction; elle est le Dieu Sauveur dans la personne d’un homme, apparaissant de telle manière que tout homme a pu la voir et la recevoir. Elle n’est pas apparue pour exiger quelque chose de l’homme, mais pour lui apporter une chose inestimable, le salut! Ce qui donne à la grâce cette valeur, c’est qu’elle est la grâce de Dieu. Elle est donc souveraine et parfaite; une grâce inférieure à celle de Dieu, ne pouvant être qu’imparfaite et temporaire. La grâce de Dieu est éternelle comme Lui. La grâce de Dieu apporte le salut. Elle ne demande ni n’exige rien de l’homme pour le sauver, comme fait la loi; elle lui apporte, sans rien lui demander en échange. Et que lui apporte-t-elle? Le salut.

Avant de considérer ce qu’est le salut, ce «grand salut», notons que ce passage nous parle de deux apparitions: D’abord de l’apparition de la grâce, descendue ici-bas pour apporter le salut; ensuite de l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. La première apparition nous apporte le salut en grâce, la seconde le salut en gloire. Le salut en grâce a été parfaitement accompli dans le passé, le salut en gloire le sera parfaitement dans un avenir si prochain qu’il est déjà comme présent pour la foi (Phil. 3:20-21).

Le caractère de la grâce est absolu. Il n’est pas dit qu’elle apportera, ni même qu’elle a apporté, mais qu’elle apporte. Cela fait du salut, parfaitement accompli, une chose actuelle, immuable, qui ne peut être changée ni révoquée. Mais de plus, elle est apparue à tous les hommes. Sa portée est universelle et personne n’en est exclu.

Cette gratuité du salut contredit toutes les pensées de l’homme depuis la chute. Jamais son orgueil ne voudra accepter que le don de Dieu ne lui coûte rien. Il acceptera facilement un Dieu Sauveur qui lui commanderait de conquérir le salut, ou lui offrirait son aide pour l’obtenir, ou enfin lui enseignerait les divers moyens de l’acquérir. Il comprendra un salut, résultat de son zèle pour les bonnes œuvres, mais jamais un salut entièrement gratuit. L’homme voudrait offrir quelque chose, ne fût-ce que très peu, afin de l’obtenir et de pouvoir s’en vanter ensuite. En effet, où est l’homme qui, ayant acheté à bas prix quelque chose de très précieux, ne s’en vante?

Mais revenons au salut lui-même. Nous l’avons dit, c’est une chose immense dont nous ne pouvons prendre la mesure ici-bas: il nous faudra l’éternité bienheureuse pour en parcourir l’étendue.

Pour le croyant, le salut n’est pas seulement le pardon des péchés qu’il a commis. Dans leur immense majorité, les chrétiens s’arrêtent à cette vérité première et passent leur vie sans avoir connu la véritable délivrance. Cette dernière est, non pas le pardon des péchés, mais l’absolue délivrance du péché, de la racine même qui est en nous, qui s’appelle aussi la chair et le vieil homme, et qui porte tous ces mauvais fruits: les péchés. Cette délivrance est opérée en ce que Christ, ayant été fait péché à notre place, notre vieille nature, «le péché dans la chair» a été condamnée et crucifiée dans sa personne. Nous pouvons donc désormais nous tenir pour morts au péché et «il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Et de ce fait, toutes les conséquences du péché: l’esclavage de Satan, la mort et le jugement, ont été réduits à néant pour toujours!

Mais, quelque grande que soit cette délivrance, le salut est encore bien plus que cela. Il n’est pas seulement la délivrance du péché et de toutes ses conséquences passées, présentes et futures; il est l’introduction actuelle du croyant dans la présence de Dieu, sa réception, selon l’entière acceptation de Christ, en vertu de son œuvre, par Dieu lui-même — acceptation publiquement déclarée en ce que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite. Les résultats de cette introduction du croyant devant Dieu nous sont décrits dans des passages tels que Jean 20:17; Rom. 5:1-2; Éph. 1:2-6, etc.

Enfin le salut est l’introduction encore future dans la jouissance parfaite et ininterrompue de toutes les choses que nous ne possédons encore qu’en espérance et qui vont être manifestées dans la gloire (Phil. 3:20-21).

Tel est le salut que la grâce nous apporte. N’avons-nous pas raison de dire qu’il est sans limites?

Nous enseignant1. La grâce a commencé par apporter le salut à tous les hommes; elle nous enseigne ensuite. Le croyant se trouve désormais, non pas comme Israël sous l’enseignement de la loi, mais sous celui de la grâce. La grâce étant apparue en Christ a remplacé le premier conducteur ou instituteur qui est mis de côté (Gal. 3:24). Ce nouvel instituteur n’est en aucune manière donné au monde. Il faut d’abord que les hommes soient sauvés par la foi et ce n’est qu’alors qu’ils peuvent être enseignés. Ceux qui ont été sauvés forment désormais une nouvelle famille qui a besoin d’éducation. La grâce s’en charge; aussi nous trouvons ici ce petit mot: nous enseignant, qui est de toute importance. Dieu n’enseigne pas le monde, mais les justes. Sans doute il «enseigne le chemin aux pécheurs» (Ps. 25:8), c’est-à-dire à ceux qui, reconnaissant leurs transgressions font appel à sa grâce et à son pardon. Lorsque, dans cette qualité, ils s’approchent de Dieu et mettent leur confiance en Lui, il les compte parmi les «débonnaires» (v. 9 du même Psaume).

1 Voyez la note précédente.

Jamais il ne pourra exister un terrain d’entente entre le péché et la grâce, car ils sont entièrement opposés l’un à l’autre. La grâce n’améliore pas le pécheur, elle le sauve. Le péché sépare l’homme de Dieu, la grâce l’amène à Dieu. Le péché asservit l’homme à Satan, la grâce le libère de cet esclavage. Le péché produit la mort, la grâce donne la vie éternelle. Le péché conduit l’homme au jugement, la grâce lui apporte la justice. Le péché a pour conséquence la condamnation, la grâce ôte cette dernière pour toujours.

Voyons maintenant en quoi consiste l’enseignement de la grâce:

Elle nous enseigne quant au passé, quant au présent, quant à l’avenir: quant au passé, à renier l’impiété et les convoitises mondaines; quant au présent, à vivre dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement; quant à l’avenir à attendre la bienheureuse espérance.

Cet enseignement de la grâce est, comme on le voit, entièrement pratique, ce qui, du reste, caractérise toute la «doctrine ou enseignement» de cette épître. Il y a des enseignements qui placent devant nous notre position céleste et les richesses insondables de Christ, sujets si souvent appelés «la foi», mais nous trouvons ici ce que la grâce nous enseigne quant à notre conduite ici-bas.

Considérons de plus près les trois objets de cet enseignement:

Reniant l’impiété et les convoitises mondaines. Renier, c’est déclarer ne plus connaître une personne ou un objet que l’on connaissait autrefois. Pierre reniant Jésus en est un exemple. Pratiquement, le chrétien, instruit par la grâce, a rompu avec ces choses du passé, avec le mépris qu’il montrait envers Christ et l’indifférence au sujet de ses relations avec Dieu. L’impiété est sans Dieu dans ce monde; les convoitises — celle des yeux, celle de la chair, et l’orgueil de la vie — appartiennent au monde et non à la nouvelle nature. La croix de Christ, aussi bien que la gloire de Christ, sont incompatibles avec ces choses. Or toute la marche chrétienne, enseignée par la grâce, se trouve comprise entre le point de départ du croyant — la croix, et son point d’arrivée — la gloire. Cette marche est désormais étrangère à tout ce qui avait caractérisé notre conduite loin de Dieu.

Nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement.

Dans le présent siècle. Nous avons été «retirés du présent siècle mauvais» par le fait que Christ est «mort pour nos péchés» (Gal. 1:4). Nous n’appartenons donc plus au monde, car nous sommes du ciel, une nouvelle création. Les choses vieilles sont passées, mais comme chrétiens nous sommes toujours en danger de nous conformer au présent siècle (Rom. 12:2), même, hélas! de l’aimer et d’abandonner ainsi, comme Démas, le témoignage de Christ (2 Tim. 4:10). Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas à «vivre dans le présent siècle», mais, tout lien moral avec le monde étant rompu, nous y sommes laissés pour montrer, par notre conduite comme rachetés, que nous avons désormais de tout autres principes de marche et de conduite que lui.

Sobrement, justement et pieusement: Sobrement quant à nous-mêmes, justement quant à notre prochain, pieusement quant à Dieu. C’est ce qui doit caractériser toute notre vie, en tant qu’elle se déroule dans le présent siècle, jusqu’à ce qu’elle ait son plein épanouissement dans le siècle à venir.

Les trois choses que la grâce nous enseigne ici, caractérisent au fond la vie pratique de toutes les classes de croyants dont cette épître nous entretient. Sobrement. La sobriété ou sagesse, la modération en toutes choses, la retenue et la possession de soi-même, caractérisent, rien que dans notre chapitre, les vieillards, les femmes âgées, les jeunes femmes, les jeunes hommes (v. 2, 5, 6); en un mot tous ceux qui forment l’ensemble de la maison de Dieu. Justement: Si la justice pratique consiste d’abord à ne pas laisser le péché s’introduire dans nos cœurs et dans nos voies, en un mot, si elle nous rend impitoyables à l’égard de nous-mêmes, nous devons aussi rendre par elle à chacun ce qui lui est dû. La justice doit régler nos rapports, soit avec nos frères, soit avec le monde, et c’est ici, je pense, la signification essentielle du mot «justement». Il en est de même en tout point dans cette épître. Le soin des autres, absent de tout égoïsme, l’honneur rendu à chacun, est ce qui garantit l’ordre dans toutes les relations des membres de la maison de Dieu entre eux.

Pieusement. Nous avons déjà vu, au premier verset de cette épître ce qu’est la piété, et comment elle est inséparable de la connaissance de la vérité. Ici la piété est le plus élevé de ces trois points. Vivre pieusement, c’est maintenir les relations habituelles de notre âme avec Dieu, dans l’amour, la déférence, l’obéissance, la crainte de Lui déplaire. Ces choses ont de tout temps caractérisé les fidèles. Combien de fois la piété n’est-elle pas recommandée dans les épîtres à Timothée; combien de fois les avantages et les bénédictions qui s’y rattachent n’y sont-ils pas mis en lumière! (Voyez 1 Tim. 2:2; 3:16; 4:7, 8; 5:4; 6:3, 5, 6, 11; 2 Tim. 3:5, 12).

Attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. Cela aussi fait partie de l’enseignement de la grâce. Elle nous apprend à attendre la venue du Seigneur pour nous enlever auprès de Lui. Comment ne pas appeler bienheureuse cette espérance? Elle est sans aucun mélange de crainte ni d’appréhension; aucun nuage ne la traverse; elle est pour le racheté le triomphe et le couronnement de la grâce. Mais cette espérance ne se sépare pas de l’apparition de la gloire, pour celui qui est enseigné par la grâce. Toutes deux, quoique séparées comme deux actes, quant à leur époque, appartiennent à un même événement, la Venue, mais l’une est la venue du Seigneur en grâce, l’autre sa venue en gloire; l’une sa venue pour les saints, l’autre sa venue avec les saints; l’une sa venue visible aux yeux des rachetés, l’autre sa venue visible aux yeux du monde; l’une sa venue pour la bénédiction ineffable des siens, l’autre sa venue pour le jugement sans miséricorde du monde; l’une sa venue pour nous introduire dans les demeures célestes, l’autre sa venue pour établir sur la terre son règne de justice et de paix; l’une sa venue pour nous prendre auprès de Lui, l’autre pour nous manifester dans la même gloire que Lui.

L’apparition est celle «de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» Notre grand Dieu! De quelle dignité suprême, de quelle majesté Jésus sera revêtu, lors de son apparition!

Le monde se lamentera et se frappera la poitrine en le voyant venir avec les nuées, mais nos cœurs seront remplis d’une joie ineffable, car nous dirons: Ce grand Dieu est notre Dieu, ce grand Dieu est notre Sauveur Jésus Christ!1

1 Notez qu’il y a sept sujets dans l’enseignement de la grâce. C’est la plénitude de l’enseignement pour la vie pratique et la conduite des rachetés dans ce monde.

Dès qu’il a prononcé ce nom de Sauveur, l’apôtre se trouve transporté en présence des souffrances de Christ et considère le but pratique de l’œuvre qu’il a accomplie:

Qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres.

«Il s’est donné lui-même pour nous!» Voilà bien ce qu’est notre Sauveur et où l’a conduit son amour! Il n’est pas seulement vrai que Dieu a donné son Fils unique, qu’il l’a livré pour nous tous, mais Jésus s’est donné, donné tout entier, donné Lui-même, pour nous. Sa mort et ses souffrances ont encore d’autres buts, comme nous allons le voir; mais ici, c’est nous qui sommes le but. Merveilleux amour, pour celui qui a sondé devant Dieu la profondeur de sa dégradation! C’est l’histoire du trésor et de la perle de grand prix (Matt. 13). Jésus a estimé que nous acquérir valait sa propre vie; aussi nous a-t-il vus, non pas selon ce que nous étions, mais selon les perfections dont son amour voulait nous revêtir.

Énumérons quelques autres passages sur le but de son sacrifice:

1° Gal. 2:20. «Le Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi».

Ce passage est peut-être, avec celui de Tite 2:14, l’un des plus précieux pour nos cœurs: Il s’est livré pour acquérir qui? Moi, un individu. J’aurais été seul au monde qu’il se serait dévoué jusqu’à subir la mort pour moi seul! En Tite 2, c’est pour nous, l’ensemble de ses rachetés. Il veut avoir ici-bas un peuple qui soit à Lui. Romains 5:8 montre qu’il est mort pour nous, lorsque nous étions encore pécheurs. Comme ce fait exalte la grandeur de son amour! Quand nous n’étions pas autre chose que pécheurs, il voyait en nous les résultats de l’œuvre qu’il allait accomplir. Il nous considérait à la lumière de la rédemption, mais son amour a trouvé, dans le péché même, un motif de donner toute sa mesure.

2° 1 Cor. 15:3. «Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures». Ce mot résume tout l’Évangile Tel est le premier grand objet de la mort de Christ. Pour nous posséder, il lui fallait régler la question de nos péchés.

3° Gal. 3:13. Il est mort pour nous «racheter de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous». Pouvons-nous concevoir le Saint et le Juste s’identifiant à un tel point, dans son amour, avec des êtres maudits?

4° Gal. 1:4. «Il s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais». Les chrétiens, je le demande, ont-ils suffisamment conscience que le but de Christ en mourant pour expier nos péchés était de nous séparer du monde, et réalisent-ils ce but dans toute leur conduite?

5° Jean 11:52. «Jésus allait mourir... non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés». Voici un autre but de sa mort. Il voulait rassembler les siens dans l’unité de la famille de Dieu ici-bas. Nous disons «la famille» parce que Jean ne parle pas de l’Église à laquelle ce passage peut, du reste, tout aussi bien s’appliquer. Ici, nous le remarquons encore: les chrétiens n’apprécient pas davantage le but de Christ en mourant, qu’ils n’apprécient son but au premier chapitre des Galates.

6° 1 Pierre 3:18. «Car Christ a souffert une fois pour les péchés... afin qu’il nous amenât à Dieu». Résultat immense de son sacrifice! «Je vous ai portés sur des ailes d’aigle, dit l’Éternel, et vous ai amenés à moi». Et encore: «Nul ne vient au Père que par moi» (Ex. 19:4, Jean 14:6).

7° 2 Cor. 5:15. «Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité». L’appréciation de la mort de Christ détruit en nous l’égoïsme qui fait toujours de l’homme son propre centre, l’objet pour lequel il agit et auquel il rapporte tout. Toutes les choses dont parlent les n° 3 à 7 ne pourront être réalisées que si nous avons continuellement devant les yeux la mort et les souffrances de Celui qui s’est donné Lui-même pour nous.

8° Éph. 5:25-27. «Le Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle». Il a accompli ce sacrifice d’amour, afin d’acquérir son Épouse, l’objet le plus cher à son cœur; et après l’avoir acquise, il la purifie pendant le voyage du désert, afin qu’elle soit digne de Lui, à son entrée dans la gloire. Les chrétiens songent-ils à aimer, non pas leurs misérables sectes, mais l’Église l’Assemblée, parce que Christ l’aime?

 

Revenons maintenant à notre passage.

En se donnant lui-même pour nous, le Sauveur avait trois buts:

Le premier, de nous racheter de toute iniquité; résultat qui nous est acquis pour toujours, par la Rédemption, tandis que l’œuvre de la purification journalière, destinée à rétablir avec Dieu la communion perdue, se répète tout le long de notre marche ici-bas: «Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité».

Le second but est de purifier pour lui-même un peuple acquis. L’acquisition de ce peuple a eu lieu par Son sacrifice, la purification dont il est question ici a lieu une fois pour toutes par Sa parole, mais ce peuple acquis, pour lequel il s’est donné Lui-même, il le veut pour Lui-même, tel que son œuvre l’a fait et tel que sa sainteté le désire. Toute cette œuvre a lieu en vue de former ici-bas, comme ce passage nous le montre, une famille, un peuple pour Dieu, une Épouse pour Christ.

Son troisième but est que ce peuple acquis soit zélé pour les bonnes œuvres. Nous avons déjà traité le sujet des bonnes œuvres et nous aurons encore l’occasion d’y revenir, mais ce qui ressort de ce passage, c’est que l’intention du Seigneur dans la Rédemption est de voir du zèle, de l’activité, dans la vie pratique de ses bien-aimés. Notre zèle a-t-il répondu au désir de son cœur, et le Seigneur n’est-il pas plutôt obligé de nous dire, comme à Laodicée: «Aie du zèle et repens-toi».

 

V. 15

«Annonce ces choses, exhorte et reprends, avec toute autorité de commander. Que personne ne te méprise.»

Nous trouvons dans ce dernier verset de notre chapitre, le résumé du ministère de Tite. Il avait à annoncer ces choses (cf. 2:1), à exhorter, (cf. 2:6), à reprendre (cf. 1:13). L’autorité de commander devait caractériser son ministère au milieu de cette race de Crétois, méchants, menteurs et paresseux. Il y a des cas où un acte d’autorité selon Dieu, fait par ceux que le Seigneur a désignés pour maintenir l’ordre dans sa maison, est seul capable d’endiguer le torrent du mal. Cela ne veut pas dire que «commander» soit la chose principale. La douceur, la grâce, le support, l’amour gagnent les cœurs, l’acte d’autorité réprime le mal. Le Seigneur lui-même parlait avec autorité aux vagues révoltées de la mer, commandait avec autorité aux esprits immondes, mais ce n’était pas le côté essentiel de son activité, et pas davantage celui du ministère de Tite, délégué de l’apôtre. Je suis doux et humble de cœur, dit le Seigneur. Son caractère, comme vrai serviteur, n’est pas seulement de «dessécher la mer par sa réprimande», mais de «soutenir par une parole celui qui est las» (És. 50:2, 4). Quant au cas de Tite, il était non seulement spécial à cause du milieu dans lequel il était appelé à agir, mais à cause de son âge. Comme Timothée, il était probablement jeune encore, et comme tel, il était important qu’il se conduisît de manière à ne pas être exposé au mépris, lequel aurait rejailli sur la parole de Dieu qui lui était confiée. C’est pourquoi l’apôtre ajoute: Que personne ne te méprise (Cf. 1 Tim. 4:12).