Tite

Henri Rossier

Introduction

On a fait remarquer avec justesse que la première épître à Timothée et l’épître à Tite tirent chacune son caractère de la mission dont l’apôtre avait chargé ses deux délégués et compagnons d’œuvre. Timothée devait veiller sur la saine doctrine (1 Tim. 1:3-4), Tite, sur l’ordre dans la maison de Dieu (Tite 1:5).

Ayant l’intention de nous occuper exclusivement de l’épître à Tite, nous n’insisterons pas sur les contrastes entre ces deux épîtres, et sur ce en quoi elles diffèrent. D’autres l’ont fait beaucoup mieux que nous. Nous nous bornerons plutôt, au courant de cette étude, à présenter leurs points de contact, pour aider selon notre faible mesure à l’explication de cet important sujet.

L’épître à Tite, tout en insistant beaucoup, comme la première épître à Timothée, sur la doctrine ou l’enseignement parmi les saints (le terme grec est le même pour ces deux mots1), en l’opposant à l’enseignement des faux docteurs, insiste davantage sur les vérités fondamentales du christianisme. Elle fait ressortir les fruits de ces vérités dans la vie pratique des croyants, en sorte qu’un bel ordre puisse caractériser la maison de Dieu et une belle harmonie exister entre tous ses membres.

1 Didaskalia; 1:9; 2:1, 3, 7, 10. Voyez 1 Tim. 1:10; 2:7; 4:6, 13, 16; 5:17; 6:1, 3.

La «saine doctrine» comprend tous les principes divins qui nous sont exposés dans les trois passages capitaux de cette épître. Nous trouvons, en effet:

  • dans le premier de ces passages (chap. 1:1-4), la doctrine du christianisme, résumée dans les grandes vérités qui le caractérisent;
  • dans le second (chap. 2:11-14), la somme du christianisme, non plus dans ses vérités caractéristiques, mais dans sa réalisation pratique quant à notre marche et à notre conduite;
  • le troisième enfin (chap. 3:4-7), nous renseigne sur l’œuvre de Dieu en nous et sur les moyens dont il s’est servi pour nous amener à Lui et nous acquérir le salut.

Nous aurons occasion de reprendre et d’expliquer en détail tous ces passages; mais avant de les aborder une remarque s’impose: Il est de toute importance, dans les jours que nous traversons, d’insister sur la grande vérité que voici:

La pratique de la vie chrétienne est inséparable de la saine doctrine. En effet, l’on rencontre de plus en plus aujourd’hui la prétention d’amener les chrétiens à produire des fruits selon Dieu, en dépit des doctrines malsaines qui altèrent ou ruinent les vérités souvent les plus essentielles du christianisme. On jette du discrédit sur les Saintes Écritures, seul et infaillible recueil de ces vérités. En ôtant à la vie chrétienne sa base absolue qui est la Parole inspirée, on oublie que des fruits ne peuvent être produits sans l’arbre qui les porte.

En estimant l’homme déchu capable, sans la Révélation, de produire par lui-même des fruits pour Dieu, on oublie qu’un mauvais arbre ne portera jamais de bons fruits. En faisant de la parole de Dieu un guide doué d’une moralité supérieure, mais écrit sous l’influence des erreurs et des préjugés de ses divers auteurs, on oublie qu’un bon arbre, privé de la sève qui l’alimente, par la mutilation de son écorce, est incapable de fournir une récolte suffisante, ou même une récolte quelconque.

La liaison intime entre la doctrine et la vie pratique se retrouve à chaque pas dans les Écritures. Le Psaume 119 nous montre que, par la Parole seule le sentier du juste est tracé et illuminé. Sans l’enseignement de l’Écriture, le croyant confesse avoir été «comme une brebis qui périt». Les deux épîtres à Timothée sont pleines de cette vérité. En 2 Tim. 3:16, ce sont les Écritures divinement inspirées qui nous enseignent et nous instruisent quant à la justice pratique pour toute notre conduite. Le Chap. 2 de notre épître suffirait à lui seul pour nous convaincre de cette importante vérité, et nous dispenser d’en multiplier à l’infini les exemples. Cependant souvenons-nous encore que, même le chrétien qui a une pleine confiance dans l’autorité absolue de la Parole écrite, verra toujours la saveur de sa vie pratique dépendre de la mesure dont il se nourrit des Écritures, dont il reste en contact avec elles et se soumet à leur enseignement.