Sophonie

Chapitre 3

Jugement final et restauration finale

L’Éternel comme juge au milieu de Jérusalem. v. 1-7

«Malheur à la rebelle, à la corrompue, à la ville qui opprime! Elle n’écoute pas la voix, elle ne reçoit pas l’instruction, elle ne se confie pas en l’Éternel, elle ne s’approche pas de son Dieu. Ses princes au milieu d’elle sont des lions rugissants; ses juges, des loups du soir: ils ne laissent rien jusqu’au matin. Ses prophètes sont des vantards, des hommes perfides; ses sacrificateurs profanent le lieu saint, ils font violence à la loi. L’Éternel juste est au milieu d’elle; il ne commet pas l’iniquité; chaque matin il met en lumière son juste jugement: il ne fait pas défaut; Mais l’inique ne connaît pas la honte. J’ai retranché des nations, leurs créneaux sont dévastés; j’ai rendu désolées leurs rues, de sorte que personne n’y passe; leurs villes sont ravagées, de sorte qu’il n’y a plus d’homme, point d’habitant. J’ai dit: Crains-moi seulement, reçois l’instruction; et sa demeure ne sera pas retranchée, quelle que soit la punition que je lui inflige. Mais ils se sont levés de bonne heure et ont corrompu toutes leurs actions.»

Le prophète passe maintenant de Ninive à Jérusalem, d’une capitale à l’autre. Le sort de toutes deux sera-t-il le même? Il y a cependant entre elles une grande différence: «L’Éternel est au milieu» de la seconde et n’a jamais été au milieu de Ninive. Hélas! ce fait aggrave la culpabilité de la cité de Dieu! Aussi le «Malheur» est prononcé sur Jérusalem et l’on ne trouve en Sophonie que cet unique «Malheur». Au cours de nos études, nous avons souvent eu l’occasion de remarquer ce mot dans les prophètes. Rappelons seulement le «Chant des malheurs» dans le prophète Habakuk (2:6-20) s’adressant tout entier aux Chaldéens et à leur roi, tandis qu’il ne reste aucun «Malheur» pour le juste qui vit de sa foi. Ici nous trouvons le «Malheur» tombant comme un coup de foudre unique et inattendu sur la vaine profession juive qui porte le nom de l’Éternel, profession contredite par le caractère moral de ceux qui habitaient Jérusalem, la ville privilégiée entre toutes. Dieu veut des réalités. Porter son nom et vivre comme les nations, attire sur la profession, qu’elle soit juive ou chrétienne, un jugement sans réserve. «Malheur à la rebelle, à la corrompue qui opprime!» Tels ont été de tout temps les trois caractères des hommes séparés de Dieu par le péché, caractères que chacun est à même de contrôler. Mais il en est d’autres qui tombent sous l’appréciation de Dieu seul. Jérusalem, mise en rapport direct avec Dieu, puisqu’il habite au milieu d’elle, dans son temple, que montre-t-elle aux regards de l’Éternel qui la sondent? Remarquons qu’en Sophonie, Dieu n’a pas encore quitté son temple, comme en Ézéchiel. Il y habite encore, mais comment pourrait-il y demeurer autrement que comme juge? «L’Éternel juste est au milieu d’elle» (v. 5). Or Lui ne découvre à Jérusalem que des caractères moraux purement négatifs:

  1. «Elle n’écoute pas la voix», quand Dieu lui parle par sa loi et par ses prophètes. Que de fois il s’est levé de bon matin pour crier: Que celui qui a des oreilles écoute! Elle reste sourde à sa parole, tout en ayant des oreilles douées d’une ouïe très fine pour écouter ce que lui disent les nations.
  2. «Elle ne reçoit pas l’instruction.» Que de fois reprise, exhortée, disciplinée, châtiée, elle est restée insensible!
  3. «Elle ne se confie pas en l’Éternel.» Elle met sa confiance en l’homme, se jette dans les bras des pires ennemis de Dieu, tourne le dos à Celui qu’elle devrait considérer comme son seul ami. La foi, la confiance en Dieu, lui font entièrement défaut.
  4. «Elle ne s’approche pas de son Dieu» qui était cependant à sa portée et bien aisé à trouver; mais Jérusalem, malgré les avantages sans nombre que lui offrait la demeure de l’Éternel au milieu d’elle, avait préféré s’approcher des faux dieux en reniant son Dieu.

Qu’est-ce ensuite que l’Éternel découvre chez les conducteurs du peuple? Remarquez que la personne du roi n’est pas plus en cause ici qu’au chap. 1:8, car Josias était agréable à Dieu et avait reçu ses promesses (2 Chron. 34:27, 28), mais hormis Josias, les princes, directeurs responsables du peuple, étaient «des lions rugissants»: ils portaient le caractère du diable, non celui de Dieu, et cherchaient qui ils pourraient dévorer. Ce trait, marqué par le prophète, le sera encore bien plus au temps de la fin, quand le peuple aura choisi l’Antichrist pour son roi. Les juges agissent tous ensemble comme des loups du soir pour se repaître la nuit d’une proie, dont il ne restera plus aucun vestige au lever du jour (Hab. 1:8). Chez les prophètes, on ne trouve que vantardise et perfidie. Les sacrificateurs profanent par leur présence le temple où Dieu habite et, faisant violence à la loi, l’adaptent à leurs propres pensées. De nos jours la chrétienté infidèle prend de plus en plus ce caractère. Les conducteurs spirituels tordent la parole de Dieu, enseignent l’incrédulité à son égard et contredisent l’enseignement du Saint Esprit. Leur présence et leurs paroles profanent la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant, colonne et appui de la vérité.

Mais tous ces hommes ne peuvent éviter le fait que «l’Éternel juste est au milieu d’elle». Il est juste et ne peut admettre que le péché entre en contact avec lui. S’il s’est plu à venir faire sa demeure au milieu des hommes, il ne peut renoncer, en aucune manière, à son propre caractère. Nous le verrons, au v. 13, reconnaître ce qui est de Lui, le fruit de sa grâce, ce Résidu qu’Il a engendré, mais il faut que le monde apprenne que Dieu est un Dieu saint qui ne «commet pas l’iniquité» et met en lumière, à mesure que le mal se produit, le jugement qui le condamne. Sa présence, dans sa maison, a eu et aura de tout temps ce même résultat, qu’il s’agisse d’Israël, ou de l’Église. Lorsque son gouvernement est reconnu, même d’une manière extérieure et sans que la conscience soit en jeu, ce principe se montre; et quand Il prendra en main les rênes d’un gouvernement ouvertement reconnu, dans son royaume millénaire, ce principe restera le même: «Il retranchera chaque matin le méchant du pays.» Lorsque l’iniquité du peuple l’a forcé à quitter, comme en Ézéchiel, le siège public de son gouvernement, il pourrait sembler qu’il «dort» et laisse le mal se commettre sans y prendre garde. Mais détrompons-nous, son gouvernement, même caché, son «royaume en mystère» a toujours les mêmes caractères. Les prophètes nous en ont fourni d’assez nombreuses preuves pour n’y pas revenir ici. «Il ne fait pas défaut»: Si le monde chrétien était persuadé de cette vérité, il ne s’aventurerait pas à commettre des actes ambitieux, injustes et perfides et craindrait un Dieu qui ne peut se renier Lui-même. «Mais l’inique ne connaît pas la honte.» C’est ainsi que Juda est qualifié, au chap. 2:1. Avoir honte sera toujours le fait d’un homme pécheur qui rencontre Dieu. Adam, après son péché, eut honte, mais se cacha. Sa conscience n’étant pas atteinte, il cherchait encore à donner le change à Dieu. Avec une conscience réellement atteinte, on a horreur de soi, comme Job, et la repentance — la douleur d’avoir offensé Dieu — remplit le cœur, car la repentance est le fruit de la foi, ce que la simple honte n’est pas. Cependant Dieu tient compte de ce premier pas, tout incomplet qu’il soit, dans le chemin qui conduira le pécheur vers lui. «L’inique» ne connaît pas ce premier mouvement, si élémentaire soit-il. Bien plus, l’inique se fait gloire de ce qui devrait être sa honte (Phil. 3:19). Ne voit-on pas tous les jours les hommes se vanter de leur immoralité et de leurs turpitudes, engageant d’autres à faire comme eux, à suivre leur exemple?

Au vers. 6, Dieu montre comment il avait traité les nations dans le passé, de même qu’il déclarait au chap. 1:16, 17 ce qu’il comptait leur faire dans l’avenir. Il les avait «retranchées». Dieu part de là pour faire un dernier appel à Jérusalem. «Crains-moi seulement», lui dit-il, car la crainte est le commencement de la sagesse. Était-ce lui demander beaucoup? «Tu n’as pas reçu l’instruction» (v. 2); «reçois-la maintenant» (v. 7). Il n’exige pas autre chose. «Ta demeure, dans ce cas, ne sera pas retranchée», comme celle des nations, «quelle que soit la punition que je t’inflige», — car cette punition était annoncée (1:8, 9, 12) et ne pouvait désormais être révoquée — mais du moins, si Jérusalem faisait un seul pas vers Dieu, il ne la mettrait pas au même niveau que les nations.

Qu’est-il advenu de ces appels, de ces pressantes objurgations, adressées jusqu’au dernier moment à ce peuple rebelle? Le dernier mot de cette sollicitude instante de l’Éternel à l’égard d’Israël est celui-ci: «Mais ils se sont levés de bonne heure et ont corrompu toutes leurs actions!»

 

L’indignation de Dieu sur les nations est le signal de la délivrance du Résidu d’Israël et du Résidu de Jérusalem. v. 8-13

«C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin» (v. 8).

Les hommes de Jérusalem «s’étaient levés de bonne heure pour corrompre toutes leurs actions» (v. 7), aussi le jugement de Dieu était tombé sur ces impies. Maintenant Dieu se tourne vers les nations. Attendez-moi, dit-il: c’est moi qui vais me lever. Ah! comme elles voudraient pouvoir refuser de l’attendre! mais il faudra, bon gré, mal gré, qu’elles obéissent à cette sommation et rencontrent l’Éternel face à face. Les Juifs incrédules seront contraints comme les autres nations d’obéir à cet appel. À eux aussi, l’Éternel avait dit: «Rassemblez-vous», quand il aurait voulu les assembler en grâce (2:1): ils s’y sont refusés et seront compris dans le jugement universel qui atteindra toute la terre habitable.

«Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie» (v. 8).

Le jour de l’Éternel, dont il est tant parlé dans notre prophète, se lèvera: Indignation, ardeur de colère, feu de jalousie, seront versés sur tous, car Dieu est jaloux de voir son nom déshonoré et méprisé parmi les peuples (Nah. 1:2). Qu’arrivera-t-il ensuite? Ô merveille de la bonté et de la miséricorde infinie de Dieu! La détresse conduira un Résidu des nations aussi bien qu’un Résidu d’Israël au port désiré! (Ps. 107:26, 30).

«Car alors, je changerai la langue des peuples en une langue purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour le servir d’un seul cœur» (v. 9).

Les nations seront bénies. Ce ne sera plus alors ce qui nous est présenté au chap. 2:11, une soumission forcée à la suprématie de Christ, soumission qui n’impliquera pas nécessairement la foi; non, ce sera une soumission de cœur, la soumission d’un Résidu des nations, d’une «grande foule que personne ne peut dénombrer» et qui recevra Jésus comme Seigneur et comme Roi (Apoc. 7). Alors leur langue souillée sera changée en une langue purifiée. Ce changement aura lieu sous l’action du Saint Esprit. À la Pentecôte les langues d’un feu purificateur étaient tombées sur les disciples, et l’apôtre Pierre rapporta à ce sujet la parole du prophète Joël: «Il arrivera, aux derniers jours, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair.» Nous trouvons dans notre passage la réalisation future de cette parole à l’égard des nations, que les Actes nous présentent comme ayant eu lieu pour l’Église. Par le Saint Esprit qui leur donnera un seul cœur, les peuples invoqueront le nom de l’Éternel, unanimes à le servir.

Maintenant le Seigneur, ayant exécuté le jugement d’une part sur les nations, d’autre part sur les Juifs, «la nation sans honte» qui partagera le sort de tous les autres peuples, se tourne vers le Résidu de ce peuple coupable. Il ne restera pas dispersé:

«D’au-delà des fleuves de Cush, mes suppliants, la fille de mes dispersés, apporteront mon offrande» (v. 10).

Ce passage n’a pas seulement trait au Résidu de Juda, mais à l’ensemble du Résidu d’Israël rentrant dans la terre promise. Quand l’Esprit de Dieu agira dans le cœur des nations «la fille des dispersés» d’Israël (non pas les dispersés, mais ce qui naîtra d’eux par la foi) reviendra à l’Éternel comme suppliante et apportera le Résidu comme offrande à la ville du grand Roi. Ils reviendront «d’au-delà des fleuves de Cush», du Nil et de l’Euphrate, car il y avait un Cush (ou Éthiopie) africain, et un Cush asiatique (voyez Ésaïe 66:18-21).

Nous apprenons par Ésaïe 18 qu’avant ce moment, la nation, celle qui est appelée ici la «nation sans honte» (et non pas le Résidu) sera ramenée par une puissance maritime, «d’au-delà des fleuves de Cush» (18:1) dans son pays. Ce retour des Juifs, de la nation incrédule, rentrant en Palestine avec l’appui des nations, ne portera aucun fruit pour Dieu. Ils ne viendront pas en suppliants, sous l’action du Saint Esprit, mais croiront rentrer dans les droits de leur nationalité et le résultat sera qu’ils se choisiront, au bout d’un certain temps, l’Antichrist pour roi. L’effort actuel du Sionisme pour rassembler Israël n’aboutira qu’à ce résultat, aussi Dieu «restera tranquille» (v. 4) devant cet effort de reconstituer sans Lui l’unité de la nation1. Ce ne sera qu’ensuite que «le présent du peuple» (v. 7) sera agréé par l’Éternel des armées en la montagne de Sion. Quand cette unité selon Dieu sera reconstituée, la scène de la réintégration aura un tout autre caractère. Les réchappés d’Israël annonceront parmi les nations l’apparition de la gloire de Christ en Sion. Alors, dit le prophète: «ils amèneront tous vos frères, d’entre toutes les nations, en offrande à l’Éternel, sur des chevaux, et sur des chars, et dans des voitures couvertes, et sur des mulets, et sur des dromadaires, à ma montagne sainte, à Jérusalem, dit l’Éternel, comme les fils d’Israël apportent l’offrande dans un vase pur à la maison de l’Éternel» (Ésaïe 66:20).

1 Au moment où nous écrivons ces lignes (note de la première édition, 1916) la proposition de reconstituer en Palestine une République juive, sous les auspices des États-Unis, se répand d’une manière persistante. L’ambassadeur (juif) des États-Unis à Constantinople semble en obtenir l’autorisation du sultan. Un meeting sioniste monstre à Boston a déclaré: «Nous sommes arrivés au moment psychologique où nous devons posséder la Palestine pour y établir le nouveau royaume de David.»

«En ce jour-là, tu ne seras pas honteuse à cause de toutes tes actions par lesquelles tu t’es rebellée contre moi; car alors, j’ôterai du milieu de toi ceux qui s’égaient en ton orgueil, et tu ne seras plus hautaine à cause de ma montagne sainte» (v. 11).

En ce temps-là, lorsque le Résidu aura été ramené à Jérusalem, cette ville où l’iniquité et l’orgueil habitaient et se produisaient sans honte (voyez 2:1; 3:5), où l’adversaire de Christ avait établi son trône, ne sera pas honteuse de toutes ses mauvaises actions, car l’Éternel aura ôté du milieu d’elle les hautains et ceux qui se paraient du nom de sa montagne sainte pour alimenter leur orgueil.

«Et je laisserai au milieu de toi un peuple affligé et abaissé, et ils se confieront au nom de l’Éternel» (v. 12).

Tel sera le caractère du Résidu de Juda à Jérusalem. Le v. 10 nous avait décrit la rentrée dans son pays du Résidu tout entier, mais, comme nous l’avons montré ailleurs, il y a une importante distinction à faire entre le Résidu de Juda et celui d’Israël. Le premier, coupable du meurtre du Messie, traversera la grande tribulation, le second châtié et purifié pendant son voyage de retour, comme le fut jadis, dans le désert, le peuple sorti d’Égypte, ne rentrera «qu’après la gloire». Le premier restera en petite partie à Jérusalem pour y subir, sous l’Antichrist, la persécution et le martyre, et aura fui en grande partie au-delà des limites de la terre d’Israël devant la persécution sans précédent qui est appelée la «détresse de Jacob». De cet exil, pendant lequel il sera «mis à couvert», il rentrera, comme jadis les «réchappés» de Babylone pour recevoir son Messie. C’est alors qu’une partie de ce «Résidu de la maison de Juda» «paîtra sur les côtes de la Philistie et couchera dans les maisons abandonnées d’Askalon» (2:7). Telle sera la première étape de leur restauration. La seconde aura lieu quand l’ensemble du Résidu sera ramené par les nations comme offrande à l’Éternel (3:10); la troisième, le but étant désormais atteint pour toujours, quand le Résidu «paîtra et se couchera», jouissant d’un repos définitif (v. 13). Ce même avenir, mais bien plus excellent, attend l’Église, car il sera celui du repos céleste.

Alors se réalisera pour le peuple ce que disent Zach. 10:5, 6 et Michée 5:5; alors aussi le Résidu affligé et abaissé, resté à Jérusalem, se confiera au nom de l’Éternel. Alors, enfin, quand les pieds de Christ se tiendront de nouveau sur la montagne des Oliviers, le peuple apostat sera ôté du milieu de Jérusalem et s’enfuira pour tomber sous les coups de la vengeance divine, et le Résidu abaissé, resté au milieu d’elle, acclamera enfin son Roi, si longtemps attendu (Zach. 14:3-5)1.

1 Voir: «Le livre du prophète Zacharie», par H. R.

«Le Résidu d’Israël ne pratiquera pas l’iniquité, et ne dira pas de mensonge, et une langue trompeuse ne se trouvera pas dans leur bouche: car ils paîtront et se coucheront, et il n’y aura personne qui les effraye» (v. 13).

Nous trouvons ici la belle description de l’état moral du Résidu. C’est pour ainsi dire son caractère négatif, après le caractère positif décrit au v. 12. Là, il est affligé, abaissé, et se confie au nom de l’Éternel; ici, la douleur et l’humiliation, jointes à la foi au nom de Christ qu’ils vont voir apparaître dans sa gloire, comme leur Sauveur, seront unies à l’absence de péché dans leur conduite, à la vérité et à la sincérité: contraste absolu avec ce que l’on verra chez leurs ennemis (Ps. 120:2). Alors ils paîtront et se reposeront sans personne qui les effraye. Ce ne sera plus un repos partiel comme celui du Résidu de Juda (2:7), mais un repos général du Résidu. Leurs ennemis ayant été anéantis, toute cause de crainte aura disparu et désormais personne ne viendra plus les effrayer.

Toutes ces bénédictions, remarquons-le, suivent l’anéantissement des nations et du peuple juif apostat. Nous entrons dans les bénédictions du règne millénaire. L’Éternel accorde enfin à son peuple la nourriture, le repos et la sécurité, sous la conduite du souverain Berger d’Israël. Nous trouvons ces mêmes grâces au Ps. 23: mais en vue de la marche à travers le désert, pour le passage par la vallée de l’ombre de la mort et devant la persécution des ennemis. Dans ce beau Psaume, la foi réalise d’avance ces bénédictions, au milieu d’innombrables difficultés, comme nous le voyons aussi à la fin du prophète Habakuk. En Sophonie, la foi est enfin récompensée et changée en vue. Pour le troupeau, le règne de paix commence. Son pain lui est donné; il ne voit plus le peuple audacieux; Jérusalem est une demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée. Le Résidu voit le Roi dans sa beauté! (Ésaïe 33:16, 19, 20).

 

Restauration glorieuse du peuple sous le règne du Roi d’Israël. v. 14-20

«Exulte, fille de Sion; pousse des cris, Israël! Réjouis-toi et égaie-toi de tout ton cœur, fille de Jérusalem! L’Éternel a éloigné tes jugements, il a écarté ton ennemi» (v. 14, 15).

Arrivés au bout de leur affliction et de leur abaissement et ayant enfin trouvé un lieu de nourriture et de repos, sans personne qui les effraye, Jérusalem et Israël sont invités à pousser des cris de joie et à s’égayer de tout leur cœur. Le prophète Habakuk connaissait cette exultation quand il chantait «sur Shiguionoth», et anticipait par la foi ce moment glorieux; mais désormais ce repos n’est plus anticipé; le troupeau de l’Éternel y est entré. La réalité divine dépasse de beaucoup l’espérance. Au Ps. 3:6, 7 et au Ps. 4:9, David, fuyant devant Absalom, et traversant les plus cruelles épreuves, avait pu se coucher, s’endormir sans crainte et reposer en paix. Quel sera donc ce repos, quand il sera goûté dans sa toute puissante réalité? Nos jouissances chrétiennes sont les mêmes, mais avec un caractère céleste. Nous nous reposons en espérance en attendant «le repos qui reste pour le peuple de Dieu», mais ce repos nous appartient, nous allons y entrer en résurrection et en puissance, après l’avoir goûté, savouré d’avance avec la pleine certitude qu’il est à nous, car il est dit: «Nous entrons dans le repos.» La discipline de Dieu envers son peuple, les punitions qu’Il dut leur infliger pour les rendre participants de sa sainteté, tout cela sera désormais passé pour toujours. «L’Éternel a éloigné tes jugements»; «l’Ennemi d’Israël est écarté»; l’Ennemi: non pas seulement les nations hostiles, mais l’Antichrist qui a conduit le peuple à sa ruine, et Satan lui-même, le grand Ennemi du peuple de Dieu.

«Le roi d’Israël, l’Éternel, est au milieu de toi: tu ne verras plus le mal» (v. 15).

Celui qui était autrefois comme un Juge au milieu de Jérusalem (v. 5) est maintenant au milieu d’elle comme son Roi. Bien plus encore, il est au milieu d’elle comme son Dieu (v. 17). Quel privilège! Comment «Sion craindrait-elle, et ses mains deviendraient-elles lâches?» Ce n’est plus le Dieu du Sinaï, consentant à habiter à Jérusalem, «au milieu d’un peuple aux lèvres impures» (Ésaïe 6:5), le Dieu dont la présence devait être pour Israël un jugement perpétuel; non, ce Roi, ce Dieu, est le Sauveur de son peuple:

«L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant; il sauvera» (v. 17).

Il n’est pas question, en Sophonie, comme en d’autres prophètes, de l’œuvre qu’il a accomplie et sur le fondement de laquelle la bénédiction millénaire peut être établie. Notre prophète n’aborde pas ce sujet; il montre seulement l’Éternel restaurant Israël, à la suite d’un travail de repentance dans le cœur du Résidu, appelé autre part «ceux qui devaient être sauvés» (Actes 2:47). Pour créer un peuple nouveau, approprié à la splendeur de son règne, Il prend les pauvres du troupeau. «De la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il élève le pauvre, pour le faire asseoir avec les nobles: et il leur donne en héritage un trône de gloire» (1 Sam. 2:8). «Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste, et celui-ci est avec les rois sur le trône, et il les fait asseoir à toujours, et ils sont élevés» (Job 36:7).

Dans cette position bénie, le Résidu, le «tout Israël» de Rom. 11:26, est en pleine communion avec son roi et son Sauveur. «En ce jour-là, il sera dit à Jérusalem: Ne crains pas! Sion, que tes mains ne soient pas lâches! L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant; il sauvera; il se réjouira avec joie à ton sujet: il se reposera (ou se taira) dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe» (v. 16, 17).

Le Résidu se repose: son Roi se repose; le Résidu s’égaie de tout son cœur: son Sauveur se réjouit avec joie à son sujet; le Résidu pousse des cris de triomphe: son Sauveur s’égaie en lui avec chant de triomphe. Eux exultent dans le triomphe qu’Il a remporté, Lui exulte de l’avoir remporté pour eux. Ces sentiments sont réciproques. Ce n’est plus la «joie inexprimable et glorieuse» (1 Pierre 1:8) comme en Habakuk (3:18) au milieu de circonstances adverses. La joie sera à la hauteur des circonstances du règne glorieux de Christ. Plus de contrastes, ni de souffrances, ni d’opprobre, ni de détresse: l’équilibre est parfaitement établi entre l’état du cœur des fidèles et leur entourage; bien plus encore, entre leurs sentiments et les sentiments de leur Sauveur. Leur bonheur dépend entièrement de Lui; il est puissant, il est le Sauveur; il se réjouit au sujet de ceux qu’il a sauvés, après les avoir si manifestement protégés pendant les jours de leur détresse. C’est la délivrance finale: dans le passé il était Juge (v. 5), maintenant, il est Triomphateur et Sauveur à toujours.

Lorsque nous nous reposerons, Lui aussi se reposera. Aujourd’hui Il travaille encore et nous travaillons avec lui. Demain Sion sera son repos à perpétuité (Ps. 132:14); demain, son Église, son Épouse céleste, nouvelle Jérusalem, sera aussi son repos. Il verra le fruit du travail de son âme et en sera pleinement satisfait (Ésaïe 53:11).

Nous trouvons ici une pensée encore plus précieuse: «Il se reposera dans son amour», ce sera sa part à Lui seul. C’est le repos de Christ dans tous les résultats de l’œuvre immense que son amour a entreprise. Il aura désormais tout ce que son cœur a tant désiré, une Épouse (ici l’Épouse juive) acquise au prix de ses souffrances, pour laquelle il a sacrifié sa propre gloire, assise maintenant au centre de la gloire reconquise par lui, comme homme. «On t’appellera» dit-il: «Mon plaisir en elle, et ta terre: La mariée; car le plaisir de l’Éternel est en toi, et ton pays sera marié. Car... de la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira en toi» (Ésaïe 62:4, 5). «Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, ma fiancée... tes amours sont meilleures que le vin!» (Cant. 4:9, 10.) Pour acquérir Jérusalem il a souffert, puis livré seul le combat à toutes les nations. Pour acquérir son Église, en mourant sur la croix, il a triomphé seul du Prince de ce monde, de Satan lui-même. Sa sacrificature aussi s’est employée tout entière à purifier son Épouse en chemin, pour se la présenter, selon tous les désirs de son cœur, sans tache ni ride, sainte et sans défaut, et la posséder à toujours!

«Je rassemblerai ceux qui se lamentent à cause des assemblées solennelles; ils étaient de toi; sur eux pesait l’opprobre» (v. 18).

Le v. 18 décrit un caractère supplémentaire du Résidu de Jérusalem que nous avons vu «affligé et abaissé» au v. 12. Ce sont ceux «qui se lamentent à cause des assemblées solennelles». Dans la détresse, ni eux, ni le Résidu juif en fuite, n’avaient plus le privilège d’une réunion générale du peuple. Privés de la pâque, de la fête des tabernacles, leurs rapports publics et directs avec Dieu étaient interrompus. Chassé de Jérusalem, le Résidu fidèle disait: «On me disait tout le jour: Où est ton Dieu? Je me souvenais de ces choses, et je répandais mon âme au-dedans de moi: comment j’allais avec la foule, et je m’avançais en leur compagnie, avec une voix de triomphe et de louange, jusqu’à la maison de Dieu... une multitude en fête» (Ps. 42:4, 5). À Jérusalem, après une période de calme relatif, ils avaient vu l’abomination dont parle le prophète, établie dans le temple et s’étaient enfuis. Le culte avait cessé, le sacrifice continuel était ôté (Daniel 8:11). Cependant, privés de tout ce qui, dans le passé, avait fait leur joie, ils étaient de Jérusalem, les vrais fils de la cité de Dieu, comme il est dit ici: «Ils étaient de toi», en contraste avec le peuple de l’Antichrist. Le Ps. 87 nous dit: «Celui-ci (Christ) et celui-là (le fidèle du Résidu) sont nés en elle.» Mais ils étaient marqués au front comme «ceux qui soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent au-dedans d’elle» (Ézéch. 9:4). «L’opprobre pesait sur eux» (v. 18) comme il avait pesé sur leur Messie (Ps. 69:20). Mais le Seigneur déclare qu’il les rassemblera, alors que la «nation sans honte» avait refusé de se rassembler pour s’humilier devant Dieu. Il les rassemblera et se mettra à leur tête comme Berger du troupeau (Michée 2:12, 13).

«Voici, en ce temps-là, j’agirai à l’égard de tous ceux qui t’affligent, et je sauverai celle qui boitait, et je recueillerai celle qui était chassée, et je ferai d’elles une louange et un nom dans tous les pays où elles étaient couvertes de honte» (v. 19).

Le Berger d’Israël intervient: la détresse, la dispersion, fruits de leur infidélité, ne sont plus qu’un souvenir. Il en sera de même de l’Église, actuellement dispersée en tous lieux comme conséquence de son infidélité. Le Seigneur la rassemblera en un clin d’œil et l’enlèvera dans les demeures célestes où il n’y aura plus qu’un seul troupeau, un seul «grand pasteur des brebis». Quelle commisération, quel amour, dans ce cœur divin et humain à la fois! Les infirmes sont l’objet de sa sollicitude; il est le souverain Médecin, comme il est le bon Berger. Il sauvera la brebis qui boitait, car il connaît le remède pour la guérir. Il aura un asile pour celle qui était chassée, et Lui-même sera ce refuge: «Je la recueillerai». Les nations s’étaient liguées pour les tourmenter, les humilier, les «couvrir de honte»: «En ce temps-là», dit-il, «je vous amènerai, dans ce même temps où je vous rassemblerai, car je ferai de vous un nom et une louange parmi tous les peuples de la terre, quand je rétablirai vos captifs devant vos yeux, dit l’Éternel» (v. 20).

Le prophète Michée annonce les mêmes choses: «Je ferai de celle qui boitait, un reste, et de celle qui avait été repoussée au loin, une nation forte; et l’Éternel régnera sur eux, en la montagne de Sion, dès lors et à toujours» (Michée 4:7). Ce nom, cette louange, ne leur seront pas seulement prodigués dans les pays où elles avaient été chassées: partout, parmi tous les peuples de la terre, le renom du peuple de l’Éternel se répandra, quand il «tournera leur captivité».

«Je vous rassemblerai!» Quelle délicieuse perspective pour nous chrétiens, aussi bien que pour Israël! Actuellement couverts de honte, juste conséquence de notre infidélité, dispersés par notre propre faute, alors que le but de la mort de Christ était de nous rassembler en un, nous attendons dans l’humiliation et, espérons-le, dans une vraie repentance, nous qui avons jeté tant de déshonneur sur le nom de notre Sauveur! Mais voici qu’un cri parvient à nos oreilles: le jour du rassemblement commence à poindre! L’étoile du matin (Jésus venant en grâce) illumine nos cœurs. Elle va paraître dans le ciel. Après elle, se lèvera le Soleil de justice qui illuminera la terre et le ciel. Comme il «tournera la captivité» d’Israël, il «tournera» aussi la nôtre!

Sur ce tableau merveilleux de communion, de joie, de triomphe, de louange, de repos glorieux définitif et éternel, se clôt le livre de Sophonie. S’il est le témoin du péché d’Israël, il est aussi le témoin de sa restauration, de sa régénération, position nouvelle, dans laquelle entrera un peuple nouveau, sorti du sein de l’aube du jour. L’Église aussi y entrera, quand les saints brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père!