Ruth

Chapitre 3

Naomi, disions-nous, n’offre pas seulement un exemple d’expérience, mais d’intelligence. Il est heureux que Ruth ait trouvé un tel guide. Naomi commande, mais ses ordres n’ont rien de pénible, car ce sont des commandements d’amour. «Ma fille, ne te chercherai-je pas du repos, afin que tu sois heureuse?» Ce qu’elle ordonne, elle le fait en vue du bonheur de Ruth qu’elle aime; mais aussi, parce qu’elle connaît le cœur de Boaz: «N’est-il pas de nos amis?» Ruth, la femme de foi, obéit: Elle fit «selon tout ce que sa belle-mère lui avait commandé» (v. 6). Puissions-nous obéir de la même manière. L’obéissance est facile à ceux qui savent que Dieu les aime et ne veut que leur repos et leur bonheur, que Christ les aime et les porte continuellement sur son cœur; elle est difficile quand l’âme a pour but de se satisfaire elle-même et de trouver bonheur et repos en dehors de Christ.

Le dernier acte du travail de Boaz allait s’accomplir; la moisson terminée, il devait vanner sa récolte dans l’aire, après quoi il l’assemblerait dans ses greniers. Son cœur était satisfait; repousserait-il la pauvre Moabite? Naomi est pleine de confiance et sait indiquer à Ruth le chemin de la bénédiction. «Lave-toi... et oins-toi, et mets sur toi tes habits, et descends dans l’aire; ne te fais pas connaître à l’homme, jusqu’à ce qu’il ait achevé de manger et de boire. Et lorsqu’il se couchera, alors tu remarqueras le lieu où il se couche, et tu entreras, et tu découvriras ses pieds, et tu te coucheras; et lui, te fera connaître ce que tu auras à faire». Ruth doit se préparer pour cette rencontre, se coucher à ses pieds, et s’attendre à sa parole. Ce sera le caractère du pauvre résidu d’Israël, trouvé fidèle au moment où le Messie se réveillera, après la longue nuit de leur attente. Mais ce caractère ne devrait-il pas, à bien plus forte raison, être le nôtre? Nous avons entendu la voix qui nous dit de nous laver, de nous oindre et de nous parer pour lui seul. L’avons-nous oubliée? Où nous trouvons-nous maintenant? Sommes-nous entrés pour y passer la nuit, dans son aire ou dans l’aire des étrangers? Avons-nous répondu, comme Ruth, du fond de nos cœurs: «Tout ce que tu as dit, je le ferai»? Oui, il veut que nous soyons pratiquement dignes de lui, que, couchés à ses pieds, reconnaissant ses droits sur nous, nous nous attendions paisiblement à sa parole pendant les heures de la nuit. Bientôt notre Boaz va rompre le silence. Sera-ce pour nous reprendre sévèrement, ou pour nous exprimer son approbation de notre conduite?

Au milieu de la nuit, Boaz reconnaît celle qui est venue se placer sous sa protection, et la bénit. Le livre de Ruth, cette histoire de la grâce, est plein des bénédictions de celui qui donne et de ceux qui reçoivent. Tous les cœurs y sont joyeux, du moment que Boaz entre en scène. Sa présence fait naître la louange, car il sème autour de lui tous les biens de la grâce. Quel bonheur infini de le louer! Mais n’est-ce pas un bonheur aussi de recevoir, comme Ruth, le témoignage de sa satisfaction à notre sujet? Soyons avides de l’approbation de Christ. Cela nous humilie, de penser que nous la cherchons si peu. La louange des hommes nous enfle, la sienne jamais. Il nous approuve pour ce que sa grâce infinie voit en nous, il voit en nous ce que sa grâce a produit et ce qui répond à ses pensées.

Boaz loue Ruth de ce qu’elle a «montré plus de bonté à la fin qu’au commencement». D’abord elle avait exercé son amour envers sa belle-mère qui représentait pour elle le peuple de Dieu, maintenant elle agissait par amour pour Boaz. Elle n’était pas allée après les jeunes hommes, pauvres ou riches, n’avait pas cherché de compagnons selon les affections naturelles, mais était venue à celui dont elle reconnaissait les droits. Il la rassure et lui promet de lui accorder toutes ses demandes (v. 11). Quel encouragement pour les fidèles! Nous recevons tout de sa grâce, mais il nous donne aussi selon la mesure de notre obéissance et de notre esprit de sacrifice pour lui. «Donnez, et il vous sera donné: on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera!» (Luc 6:38). À peine avait-elle connu Boaz, que Ruth fit tout en vue de lui; et maintenant, il fait tout pour elle. Il ne lui suffit pas de ne pas rester notre débiteur; il veut donner au cœur fidèle selon toutes ses demandes.

«Toute la porte de mon peuple sait que tu es une femme vertueuse». Ruth joint l’une à l’autre ces qualités dont parle l’apôtre Pierre, qui font qu’on n’est pas oisif, ni stérile dans la connaissance du Seigneur. Elle ajoute à sa foi la vertu; et à la vertu la connaissance; et à la connaissance la tempérance; et à la tempérance la patience; et à la patience la piété. À l’amour pour les siens, elle ajoute l’amour et montre plus de bonté à la fin qu’au commencement. Aussi reçoit-elle une riche entrée dans le royaume. Cette fidélité touche le cœur de Boaz: «Tout ce que tu me dis, je le ferai pour toi!» Quel exemple pour nous! Ambitionnons de recevoir une telle réponse. L’église de Philadelphie la reçoit. Elle a gardé la parole de Jésus, marché dans sa patience, et dans la sainteté pratique, comme Ruth, et Jésus lui dit: Je ferai tout pour toi! Le Seigneur bénira aussi le pauvre résidu juif de la fin, selon la vertu, la sainteté et la justice pratique qu’il montrera dans ses voies. Il nous bénit aujourd’hui de la même manière: «Quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous pratiquons les choses qui sont agréables devant lui» (1 Jean 3:21,22).

Cependant un proche parent ayant le droit de rachat, avait le pas sur Boaz. Peut-être voudrait-il, pourrait-il user de ce droit? Nous y reviendrons. En attendant, Ruth a le privilège de rester couchée aux pieds de Boaz jusqu’au matin. Ce sera la part du résidu, et c’est aussi la nôtre. Nous pouvons, pendant qu’il est encore nuit, nous reposer à ses pieds. N’est-ce pas une place bienheureuse? Être à ses pieds, possédant son approbation sur notre marche, dépositaires de ses promesses, remplis de la certitude qu’il nous a écoutés, assurés que tout le travail de cette vie misérable va prendre fin et faire place à la manifestation publique de nos relations avec lui, à la possession des fruits glorieux de son œuvre!

Maintenant c’est lui (v. 14), qui a soin de la réputation de Ruth et justifie la sainteté de celle dont il veut faire sa compagne. Mais, avant de prendre ouvertement sa cause, il remplit son manteau, lui donnant en secret des gages de ce qu’il veut faire pour elle (v. 15). Il en agit de même envers nous. L’aube est près de luire, mais avant que nous puissions le voir et «le reconnaître», il nous a déjà donné le Saint Esprit de la promesse, comme gages de notre futur héritage.

Ruth retourne comblée vers sa belle-mère et lui raconte, non pas ce qu’elle a fait pour Boaz, mais «tout ce que l’homme avait fait pour elle». Son cœur est plein de lui, mais elle a besoin que sa belle-mère l’exhorte à la patience. Elle n’aura plus longtemps à attendre, car celui qui a pris sa cause en main, ne peut tarder à la faire triompher. Il n’aura «pas de repos», dit Naomi, «qu’il n’ait terminé l’affaire aujourd’hui». Pourquoi? Parce qu’il l’aime. Voilà la grande et l’unique raison de son travail en notre faveur. Nous-mêmes, frères, parlons-nous comme Naomi? Avons-nous l’heureuse conscience de l’amour de Jésus pour nous? L’attendons-nous, comme Celui qui ne se donnera pas de repos qu’il n’ait terminé l’affaire aujourd’hui? Cet aujourd’hui est l’attente journalière de notre Sauveur. Il veut nous avoir avec lui. Encore un peu de patience, car il vient et ne tardera pas!