Romains

Chapitre 5

V. 1 à 11

Comme conclusion triomphante de ce qui vient d’être dit, ce chapitre commence par ces mots: «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi». Il n’y a plus ni doute, ni question; la justification de celui qui croit au Sauveur mort et ressuscité est une chose accomplie, une réalité actuelle: celui qui croit en Jésus Christ est justifié; sa dette est payée, et il est en Christ ressuscité, dans une condition toute nouvelle devant Dieu. La résurrection de Christ est la preuve évidente et éternelle que Dieu a accepté l’œuvre de la croix comme ayant expié nos péchés à son entière satisfaction. Tel est le fondement inébranlable sur lequel le Dieu juste peut se reposer et justifier quiconque est de la foi de Jésus.

Nous avons à peine besoin d’insister sur le fait que nous n’avons contribué en rien à cette justification et que nous ne le pouvions pas; la seule part que nous y avons eue ce sont nos péchés, qui ont coûté à notre Seigneur et Sauveur les souffrances indicibles de la croix et l’abandon de Dieu. Que pourrait ajouter à l’œuvre de notre salut notre foi, ou même la reconnaissance la plus profonde ou le service le plus dévoué après notre conversion? Dieu soit loué! l’œuvre a été accomplie entièrement par Jésus Christ, notre Seigneur; et non seulement elle est accomplie, mais elle est reconnue par le Dieu saint comme pleinement suffisante. Celui qui, pour l’opérer, a dû descendre dans le tombeau, est ressuscité d’entre les morts et est assis maintenant à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur. Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10:14). S’il n’en était pas ainsi, nous ne poumons jamais être sauvés: Christ, en effet, ne peut pas mourir une seconde fois, et nous savons que, sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission. C’est pourquoi, ou bien l’œuvre a été achevée, ou bien notre part est un désespoir irrémédiable.

 

Dans les onze premiers versets de ce chapitre, l’apôtre expose les conséquences de notre justification et fait un tableau de la grâce de Dieu et de ses voies en grâce, qui ne seraient jamais montées au cœur de l’homme. Considérons-en les caractères.

 

«Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ» (v. 1). Ces précieuses bénédictions sont la part de tous les croyants sans exception: nous sommes justifiés sur le principe de la foi, ce qui nous donne la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Le croyant sait qu’il est accepté en Christ; il n’y a donc plus rien, entre lui et le Dieu saint, que l’œuvre et la Personne glorieuse du Fils de Dieu. Toutes les autres choses ont été ôtées pour toujours; les accusations d’une conscience coupable ne se font plus entendre; la conscience elle-même est purifiée; le pécheur autrefois hostile et haïssable, est devenu un enfant bien-aimé de Dieu; ses péchés n’accablent plus son cœur, car ils sont tous expiés et éloignés; une paix inébranlable s’est établie entre Dieu et le croyant; rien ne peut la troubler: ni le souvenir des péchés passés, ni le sentiment de la présence encore actuelle du péché dans le croyant, quoique ces deux choses soient douloureuses pour le cœur. La paix est faite, faite pour toujours par notre Seigneur Jésus Christ, dont le sang se trouve continuellement devant les yeux de Dieu; aucune question relative au pardon de nos péchés et à notre acceptation devant Dieu ne pourra plus être soulevée à jamais.

Pour éviter tout malentendu, mentionnons ici brièvement la différence qu’il convient de faire entre: «la paix avec Dieu» et «la paix de Dieu». La paix avec Dieu est la conséquence ou le résultat de la justification sur le fondement de l’œuvre de Christ: elle est par conséquent la part de tous les vrais croyants et ne peut se perdre. La possession et la jouissance de la paix de Dieu, dépendent de l’état spirituel du croyant et de sa joie dans le Seigneur; il ne s’inquiète de rien, en toutes choses il expose ses requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces (Phil. 4:4-9). Nous ne devons pas confondre l’état pratique de l’âme avec l’œuvre de Christ accomplie pour nous et complètement en dehors de nous. Si chancelant et instable que puisse être le premier, aussi parfaite et inébranlable est la seconde. L’amour de Dieu et sa justice constituent le fondement sur lequel repose notre paix avec Dieu. Christ, «notre Paix» (Éph. 2:14) est maintenant sans cesse dans la présence de Dieu, Lui, qui nous a été fait «sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption» (1 Cor. 1:30).

Autre fruit précieux de la justification par notre Seigneur Jésus Christ, «nous avons trouvé aussi accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes» (v. 2). Nous avons vu jusqu’ici comment tout ce en quoi nous avions manqué dans notre état d’inimitié contre Dieu, a été éloigné de nous. L’apôtre parle maintenant de la grâce, qui a fait la paix et qui demeure sans cesse pour nous dans le cœur de Dieu. En Christ, il considère avec bon plaisir tous ses enfants. Il nous aime, comme il aime Christ. En Christ nous pouvons nous approcher de Lui en toute liberté par la foi et jouir de la grâce dans laquelle nous sommes. Comme un autre l’a dit si bien, «nous jouissons de cette faveur dans la présence de Dieu. Nous sommes non seulement justifiés par le Juge céleste, mais c’est un Père céleste qui nous reçoit. Sa face, rayonnante de lumière et d’amour paternel, éclaire et réjouit nos âmes, fortifie nos cœurs, qui sont parfaitement tranquilles dans sa présence. Ainsi nous avons le sentiment précieux que nous sommes dans la faveur de Dieu. En ce qui concerne nos péchés, ils ont tous été éloignés; en ce qui concerne notre position actuelle devant Dieu, tout est amour et faveur, dans la brillante clarté de sa face; quant à notre avenir, c’est la gloire qui est devant nous».

Précieuses paroles, écrites par un vénéré serviteur de Dieu, peu avant la fin d’une vie longue et richement bénie au service de Celui que son âme aimait! Elles montrent combien précieux était pour lui l’accès à cette faveur et combien il en faisait usage, par la foi; et ces paroles nous rappellent l’exhortation de Hébreux 13:7: «Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et, considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi». La grâce qui les a soutenus, l’amour dont ils ont joui, sont notre part, et il ne dépend que de nous de goûter par la foi la faveur «dans laquelle nous sommes». Dieu soit béni! nous ne sommes pas venus à la montagne de la loi, ni au feu brûlant, ni à l’obscurité, ni à la voix de paroles que ceux qui l’entendaient ne pouvaient supporter, mais à Sion, la montagne de la grâce, et à Jésus, le médiateur d’une nouvelle alliance, à une grâce qui répond à tous nos besoins et qui est journellement à notre disposition dans toute sa plénitude.

 

Considérons maintenant un troisième résultat de la justification: «Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire». C’est la part assurée de tout vrai croyant. La gloire de Dieu est devant nous; certes, si cela dépendait de notre persévérance et de notre fidélité, nul d’entre nous ne l’atteindrait. Or, Jésus est entré, comme notre «Précurseur» dans la gloire, et c’est Lui qui nous y conduit; Lui qui est mort et ressuscité d’entre les morts pour nous, nous la garantit; en effet, comment pourrait-il jamais perdre les bénédictions qu’il a acquises? C’est impossible, et c’est pour nous qu’il les a acquises. Il est notre sûr garant à cet égard. C’est pourquoi nous pensons à notre avenir avec joie. Malgré la faiblesse et l’imperfection qui caractérisent notre marche, nous pouvons nous glorifier dans l’espérance certaine de la gloire. Dieu, qui nous a révélé dans l’évangile sa justice et sa puissance divines, qui nous a fait part de son amour et de sa faveur, veut aussi nous avoir avec Christ dans sa gloire.

Dieu aurait-il pu s’occuper d’une manière plus merveilleuse de notre passé, de notre présent et de notre avenir? Il l’a fait selon la valeur de l’œuvre et de la Personne de notre Seigneur Jésus Christ. En ce qui concerne le passé, plus d’inquiétude: nous avons la paix avec Dieu; pour le temps présent, nous sommes dans la faveur de Dieu, et pour l’avenir, la gloire céleste rayonne déjà sur notre chemin. On pourrait penser qu’il n’y a plus rien à ajouter à ce qui vient d’être dit, car il semble que la position bénie d’un croyant est décrite ici de manière exhaustive, ainsi que son chemin depuis le commencement jusqu’au bout. Néanmoins l’apôtre continue: «Et non seulement cela» (v. 3), et répète la même expression au verset 11.

 

«Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions dans les tribulations». Le but de notre voyage n’est pas encore atteint: entre l’Égypte et Canaan, il y a le désert. Certes, il ne fait pas partie du conseil de Dieu, mais nous devons le traverser pour atteindre le but: c’est dans le désert que nous expérimentons les voies éducatrices de Dieu envers nous, et que nous apprenons en même temps à connaître ce qu’il y a dans nos cœurs (Deut. 8:2). C’est là que nous sommes mis à l’épreuve, afin de montrer si nous mettons réellement toute notre confiance en Dieu. L’Ennemi nous attaque; notre faible foi et notre incrédulité s’y manifestent; notre nature tend à faire valoir ses droits, et souvent nos pauvres cœurs sont enclins à se décourager. Les expériences du désert ne sont pas, il est vrai, nécessaires à notre salut, mais elles sont bénies pour notre être intérieur. Elles ne nous préparent pas à entrer dans le ciel, car si tel était le cas, le brigand n’aurait pu être le jour même avec Christ dans le paradis. Toutefois elles nous délivrent des influences terrestres, elles nous enseignent une complète dépendance de Dieu et nous font expérimenter sa fidélité. Nous éprouvons, dans les afflictions, l’amour et les soins de Dieu, la sympathie de son cœur paternel, comme nous ne le pourrions faire dans la gloire. Dans le ciel nous n’aurons pas l’occasion de faire de telles expériences.

 

«La tribulation produit la patience». Les circonstances qui irritent et découragent l’incrédule et peuvent le conduire au désespoir, produisent chez le croyant le courage et la patience, au lieu de lui ôter son assurance. De plus, l’affliction le fait regarder en haut avec confiance. L’épreuve brise la volonté propre, crée dans le cœur «des chemins frayés» pour Dieu, purifie la foi de toutes ses imperfections et nous rend capables de nous attendre tranquillement à Dieu. L’affliction n’a rien à faire avec notre salut; elle est destinée à éprouver notre état et à manifester si nous marchons selon l’appel et la position dans lesquels le salut nous a introduits. Elle nous révèle dans quelle mesure la vieille nature, qui habite encore en nous, nous influence, et nous conduit à nous humilier et à nous juger nous-mêmes.

 

Si l’affliction produit la patience, la patience produit à son tour «l’expérience». Dans les souffrances et les difficultés, nous apprenons d’une part à nous connaître, et d’autre part à connaître la bonté et la fidélité de Dieu. Nos cœurs sont délivrés de ce qui est terrestre, nos yeux détournés des choses présentes, et dirigés vers les choses célestes. Ainsi l’espérance de nos cœurs est rendue plus vivante: l’expérience produit l’espérance. Ainsi les fruits bénis de l’épreuve sont produits pleinement. Au lieu de nous impatienter ou même de murmurer, nous apprenons à nous glorifier dans les tribulations. Nous comprenons la raison de bien des dispensations qui, sans cela, nous sembleraient des énigmes et nous fortifions nos mains en Dieu, qui aime ses enfants d’un tendre amour et fait concourir toutes choses à leur bien.

 

«Et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (v. 5). Cette déclaration constitue le point culminant de l’enseignement de l’apôtre dans ce passage. L’espérance, fortifiée en nous par l’expérience de la fidélité immuable de Dieu, ne peut nous rendre honteux, nous tromper, car le lien est établi entre Dieu et nous, et ne peut jamais se rompre: Il nous a donné son Esprit! Non seulement nous sommes renouvelés par l’opération de cet Esprit, nés «d’eau et de l’Esprit» (Jean 3:5), mais le Saint Esprit lui-même, mentionné ici pour la première fois dans notre épître, nous est donné comme sceau de notre foi et comme arrhes de l’héritage que Christ nous a acquis (2 Cor. 1:22; Éph. 1:13, 14). Notre corps est devenu l’habitation du Saint Esprit; et, comme l’apôtre le dit ici, l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs. Par l’Esprit, nous disons: «Abba, Père!» et nous savons que nous sommes en Christ et Christ en nous (Gal. 4:6; Jean 14:16-20).

Quelle merveilleuse réalité! L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs en ce que le Saint Esprit, la troisième personne de la Divinité, habite en nous. Cette vérité ne pouvait nous être communiquée avant que l’œuvre de la rédemption ait été placée dans toute sa plénitude devant nos yeux; ce fait constitue, nous l’avons dit, le point culminant des déclarations de l’apôtre. Comment le croyant saisit-il cette réalité, comment jouit-il de l’amour de Dieu par l’opération du Saint Esprit, comment marche-t-il personnellement dans cet amour? Voilà bien une autre question. Le fait n’en demeure pas moins une réalité pour tous les croyants. C’est pourquoi l’espérance ne peut jamais rendre honteux: Dieu ne retire pas ses yeux de dessus le juste (Job 36:7).

Or, l’amour de Dieu n’est pas seulement versé dans nos cœurs pour que nous en jouissions: il a été aussi manifesté en dehors de nous, et cela par une œuvre accomplie indépendamment de nous-mêmes, alors que nous étions dans un état de totale incapacité et de profonde misère. «Car, continue l’apôtre, «Christ, alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, est mort pour des impies» (v. 6). Oui, c’est sur ce fondement seul que l’amour de Dieu pouvait être versé dans nos cœurs. L’œuvre a été faite au temps convenable, c’est-à-dire «quand l’accomplissement du temps» fut venu (Gal. 4:4) et que l’état de l’homme se fut montré irrémédiable. Cela manifeste toute la perfection de cet amour. Seul un tel amour pouvait s’occuper d’êtres qui n’avaient rien d’aimable, mais étaient plongés dans le péché et la souillure. L’amour de Dieu, ce qu’il est en lui-même, pouvait seul l’engager à livrer son Fils à la mort pour de tels êtres.

Aucune créature n’est capable d’agir de cette manière; un homme ne peut pas aimer ainsi: «Car à peine, pour un juste, quelqu’un mourra-t-il, (car pour l’homme de bien, peut-être, quelqu’un se résoudrait même à mourir)» (v. 7).

C’est pourtant ce que Dieu a fait: «Mais Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous» (v. 8). Dieu seul peut aimer de cette manière. Il faut à l’homme un motif extérieur qui agisse sur lui. Dieu n’en a pas besoin; il est amour; il a tant aimé le monde — le monde mauvais et impie — qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Les objets de son amour étaient des pécheurs haïssables, impurs et n’ayant rien de bon en eux-mêmes. Seul le sacrifice de son Bien-aimé pouvait les délivrer; mais rien de moins non plus ne pouvait suffire à son amour.

Quel Dieu merveilleux! Son amour subjugue l’homme orgueilleux, gagne l’être pauvre et misérable, réchauffe les cœurs froids et indifférents; il donne la paix et la joie au cœur de l’enfant et remplit d’adoration l’homme fait. Le devoir le plus sacré de la créature sauvée est de rendre témoignage de cet amour dans le monde, de l’exalter et de le proclamer. Que sont les résultats les plus élevés et les plus nobles de la sagesse humaine en regard de cet amour? Ils sont comme un brouillard froid et sombre à côté des rayons chauds et bienfaisants du soleil; oui, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous!

Si l’amour de Dieu a opéré de cette manière alors que nous étions encore pécheurs, «beaucoup plutôt... ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui»! (v. 9). Cette conclusion est aussi simple et pertinente que possible, mais l’apôtre la développe encore, en ajoutant: «Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie» (v. 10). Si la mort de Christ a réconcilié avec Dieu des ennemis, et les a sauvés de la colère qui va venir sur cette terre et ses habitants, sa vie ne sauvera-t-elle pas ceux qui sont réconciliés et que le Seigneur appelle ses amis et ses frères? Si un Christ mort a donné à des pécheurs impies le salut et la vie, est-ce qu’un Christ vivant, assis à la droite de Dieu, laissera périr dans le chemin ceux qui ont été introduits, à si grand prix, dans une telle relation avec Dieu?

On ne saurait imaginer conclusion plus irréfutable. Cet exposé de l’apôtre bannit toute crainte de nos cœurs et apporte un parfait repos aux âmes les plus craintives et aux consciences les plus sensibles. L’apôtre décrit d’abord notre état naturel: nous étions sans force, impies, pécheurs, ennemis. Puis il nous montre comment l’amour de Dieu a remédié en justice aux conséquences de notre état. L’amour seul n’aurait pu nous délivrer de la colère de Dieu; il fallait d’abord que, par le don de son Fils unique et bien-aimé, il créât un fondement juste sur lequel il pût agir envers nous en grâce. C’est ce qui a été fait par l’œuvre de la croix. Dieu en soit loué éternellement!

Ainsi nous sommes amenés à Dieu, nous avons compris ce que signifient la rédemption et la justification, et ayant été rendus participants de la nature divine, nous possédons la précieuse assurance que nous sommes en Dieu, et qu’il demeure en nous. En route vers la gloire, nous expérimentons chaque jour la bonté et la fidélité de Dieu. En un mot, nous le connaissons. C’est pourquoi nous ne nous glorifions pas seulement de ce qu’il a fait ou fera encore, de ce qu’il nous a donné ou nous donnera encore, mais nous nous glorifions en lui-même.

 

«Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation» (v. 11). Ce n’est pas la gloire, ni les afflictions et leurs résultats bénis qui sont devant l’esprit de l’apôtre, mais c’est Dieu lui-même. Un enfant intelligent et reconnaissant ne se réjouit pas seulement des dons qu’il a reçus ou de ceux qu’il recevra encore de son père, mais il est heureux avant tout de ce qu’il possède un père si fidèle et si plein d’amour, et des relations qu’il peut avoir avec lui. Il apprend chaque jour à le mieux connaître, il entre toujours davantage dans ses pensées. C’est pour lui une joie quotidienne et toujours plus profonde que de goûter les relations qui l’unissent à son père; il se glorifie en lui.

C’est ainsi que nous pouvons nous glorifier en Dieu comme étant notre Dieu et Père: quel privilège inappréciable! Plus nous le comprenons et le réalisons, plus notre joie et notre jouissance de la grâce sont profondes. Nous goûtons dès ici-bas ce qui sera le sujet le plus élevé de notre joie dans la maison du Père. Nous jouissons de Dieu lui-même par notre, Seigneur Jésus Christ comme de l’objet infini, mais déjà actuel, de la nouvelle nature. Cette nature en est capable, parce que le Saint Esprit habite en nous et révèle Dieu à nos âmes.

Nous jouissons avec reconnaissance des dons de Dieu, mais le donateur lui-même, en qui nous avons notre joie, est plus élevé et plus glorieux que tous les dons. Il est le Dieu saint, mais sa sainteté ne nous effraye pas; au contraire, nous ne sommes heureux que dans la lumière de cette sainteté.

Comment cette part bénie nous a-t-elle été acquise? «Par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation». Une bénédiction dont le premier Adam n’aurait jamais pu jouir dans l’état d’innocence est devenue maintenant, dans le dernier Adam, la part de ceux qui, autrefois, étaient «des enfants de colère, comme aussi les autres». Le Seigneur lui-même dit à ses disciples, la nuit précédant ses souffrances et sa mort: «Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui». C’est ainsi que cette part nous a été acquise pour l’éternité.

 

V. 12 à 21

Le verset 12 de notre chapitre marque le début de la deuxième partie de l’épître, comme nous l’avons mentionné dans l’introduction. L’apôtre ne traite plus depuis ici la question de la culpabilité de l’homme et du pardon, mais il parle du péché comme tel et montre comment le croyant peut être délivré de la puissance et de la domination de ce péché. Si grand et glorieux que soit le pardon, ce n’est pas tout. La lumière de Dieu révèle à la conscience réveillée de l’homme non seulement les nombreuses fautes qu’il a commises, mais aussi la source d’où l’eau sale a coulé, l’arbre qui a porté les mauvais fruits. Cette révélation, en d’autres termes la découverte de notre corruption irrémédiable et de notre état naturel désespéré, est presque plus effrayante encore que le réveil de la conscience au sujet de la culpabilité. Aussi le tableau de ce que Dieu a fait en Christ pour nous délivrer des profondeurs de cette corruption est-il d’autant plus glorieux. Plus nous faisons la douloureuse expérience de ce qu’est la chair, plus nous jouissons des pleins résultats de l’œuvre de Christ.

Pendant des siècles, les croyants n’ont presque rien compris au jugement tombé à la croix sur le «vieil homme», et encore moins à la nouvelle position du croyant dans le Christ ressuscité. Ils pensaient qu’ils devaient prendre leur parti d’avoir le péché en eux, étant sans puissance contre lui comme des êtres qui, ayant la connaissance de la sainteté de Dieu, s’efforcent sincèrement mais en vain, de devenir meilleurs. Dieu soit loué de ce que, dans sa grâce infinie, il a fait luire la lumière dans les ténèbres!

Écoutons maintenant ce que dit l’apôtre: «C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché» (v. 12). Remarquons d’abord que la pensée exprimée ici n’est reprise qu’au verset 18, par ces mots: «Ainsi donc, comme par une seule faute les conséquences de cette faute furent envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi ... ». Les versets 13 à 17 forment donc une parenthèse; pour n’avoir pas pris garde à ce fait, plus d’un lecteur de l’épître a mal compris ce passage; mais si l’on y prend garde, la liaison des pensées est claire et simple.

«C’est pourquoi»: on est tenté de se demander où est le rapport avec ce qui précède. Je crois que l’on peut interpréter la pensée de l’apôtre de la manière suivante: l’amour de Dieu a été manifesté comme étant la source de la réconciliation, avec ses résultats glorieux, tandis que la mort et la résurrection de Christ en sont le moyen. «C’est pourquoi» nous pouvons considérer maintenant un autre aspect de ce sujet merveilleux: de même que par la désobéissance d’un seul homme (Adam), le chef de la famille humaine, celle-ci est tombée dans le péché et la mort, ainsi aussi un seul homme, le second homme (Christ) est devenu par son obéissance le chef d’une nouvelle famille, dont les membres possèdent deux natures, l’une d’Adam et l’autre de Christ.

«C’est pourquoi, comme par un seul homme», il n’est plus question dans cette partie de l’épître de Juifs et de païens: le mal a été fait, le péché est entré dans le monde longtemps avant qu’il y eût un peuple d’Israël et une loi. Le péché a bien «abondé» par la loi, en ce que l’homme a transgressé les saints commandements de Dieu, mais le péché existait dans le monde avant la loi; il est entré dans le monde par le premier homme; aussi les conséquences en atteignent toute sa descendance. Par le péché est venue la mort, et la mort a passé à tous les hommes (Juifs ou Gentils); elle domine, comme roi des terreurs, sur toute l’humanité, «en ce que tous ont péché»; il n’y a pas eu seulement le péché, dans le jardin d’Éden — tous ont péché: donc, l’homme ne meurt pas seulement, parce qu’il descend de parents qui sont tombés, et que le péché, dit «originel», habite en eux, mais parce que lui-même s’est rendu coupable. L’homme né sous le péché est bien capable de pécher et enclin à cela, mais il n’est coupable que s’il a conscience de son péché. Dieu peut, dans sa grâce, mettre au bénéfice de l’œuvre de Christ des enfants n’ayant pas atteint l’âge de responsabilité, ou des êtres qui, dénués d’intelligence, sont sur le même pied que les enfants — car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui est perdu, et ce n’est pas la volonté de notre Père qui est dans les cieux, qu’un seul de ces petits périsse (Matt. 18:11, 14). C’est une pensée extrêmement consolante et qui nous montre l’infini de la grâce de Dieu; mais cela ne change rien au fait solennel que l’homme a encouru la mort parce qu’il a péché. Si même la chute d’Adam est la cause première du terrible châtiment infligé à l’homme loin de Dieu, savoir la mort éternelle, chacun subit en outre les conséquences de sa culpabilité personnelle en raison de ses péchés.

Si donc la faute d’un seul homme a entraîné la condamnation de tous ses descendants et de la création tout entière, est-il étonnant ou incompatible avec le caractère de Dieu, qu’il introduise, par un seul homme, une justification de vie à l’intention de tous les hommes? (v. 18). Au contraire! Toutefois, avant de traiter cette question de manière approfondie, nous désirons considérer la parenthèse contenue dans les versets 13 à 17.

 

«Car jusqu’à la loi le péché était dans le monde; mais le péché n’est pas mis en compte quand il n’y a pas de loi» (v. 13). La présence de la mort était la preuve irréfutable que le péché existait, puisque la mort est le salaire du péché. Un acte ne constitue pas seulement un péché, parce que la loi l’interdit. La loi, il est vrai, modifie le caractère du péché, en ce qu’elle en fait la transgression d’un commandement. C’est pourquoi il est écrit: «Là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression» (4:15), et encore: «Le péché n’est pas mis en compte quand il n’y a pas de loi» (5:13). Mais, avant que la loi fût donnée, les hommes possédaient néanmoins une conscience et une intelligence qui les rendaient inexcusables (1:18-20). «Jusqu’à la loi le péché était dans le monde», et la conscience accusait les hommes, alors même qu’ils n’avaient pas transgressé un commandement de Dieu. Aussitôt qu’il y a une loi, il en est autrement: la loi met en compte le péché, l’enregistre dans ses livres et «fait abonder la transgression».

Le «péché» a un sens beaucoup plus étendu et général que la «transgression». Le péché, comme nous l’avons vu, ne peut être compté comme transgression que si une loi le condamne.

«Mais, poursuit l’apôtre, la mort régna depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui ne péchèrent pas selon la ressemblance de la transgression d’Adam, qui est la figure de celui qui devait venir» (v. 14). Jusqu’à Moïse, le législateur, le péché ne fut donc pas mis en compte; toutefois la mort a toujours régné, même sur ceux qui n’avaient pas péché de la même manière qu’Adam, c’est-à-dire qui n’avaient pas transgressé de commandement. Adam avait reçu le commandement de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et Moïse reçut la loi, l’ensemble des commandements de Dieu. Adam transgressa le seul commandement reçu, et Israël, toute la loi. Ils se rendirent ainsi coupables de la même manière. Il n’en fut pas de même des hommes qui vécurent dans l’intervalle, avant et après le déluge, car ils n’étaient assujettis ni à un commandement isolé, ni à la loi. Pourtant ils péchèrent, et c’est pourquoi la mort régna depuis la chute jusqu’à l’apparition de la loi.

L’apôtre pense manifestement à un passage du prophète Osée, quand il parle de la transgression d’Adam. En Osée 6:7 Dieu accuse Israël d’avoir agi perfidement et transgressé l’alliance comme Adam. L’alliance et le commandement donnés étaient différents dans les deux cas, mais en principe Adam et Israël avaient péché de la même manière. Comme nous l’avons dit, il en fut autrement dans l’intervalle entre Adam et Moïse: il n’y avait pas, alors, des nations et un peuple séparé d’elles par des ordonnances légales, mais une seule grande famille humaine, sur laquelle régnaient indistinctement le péché et la mort.

Que veut dire l’apôtre quand il nomme Adam une «figure de celui qui devait venir?» Adam, le chef de la première création, n’eut des fils qu’après sa chute, et fit ainsi peser sur tous ses descendants les conséquences de cette chute. Le commencement de la Genèse nous donne la clé de l’histoire tout entière de la race humaine jusqu’à nos jours. La transgression d’un seul (Adam) a apporté la mort aux «plusieurs», c’est-à-dire à tous ses descendants, qu’ils aient péché en transgressant des commandements, ou non. Pareillement, le merveilleux don de la grâce de Dieu s’est adressé par un seul homme (Christ), aux «plusieurs», c’est-à-dire à tous ceux que Dieu lui a donnés et dont Il est devenu le chef, les rassemblant en une seule famille. Cela nous fait comprendre dans quel sens Adam était une figure de Christ; le premier et le second Homme — sont devenus chefs d’une famille, d’une race; le premier, comme créature tombée dans le péché et la mort, le second comme Homme victorieux et ressuscité en justice et en vie.

«Mais n’en est-il pas du don de grâce comme de la faute? car si, par la faute d’un seul, plusieurs sont morts, beaucoup plutôt la grâce de Dieu et le don ont abondé envers plusieurs, par la grâce qui est d’un seul homme, Jésus Christ» (v. 15). S’il est juste — et c est un fait qu’aucun Juif, même aucun être humain ne peuvent contester — que toute la descendance d’Adam doive supporter les conséquences de la transgression de leur père, il est beaucoup plus juste encore que les résultats de la grâce de Dieu manifestée en Christ soient la part de tous ceux qui croient en Lui. Ce qu’Adam (comme figure de celui qui devait venir) fut en malédiction pour tous ses descendants, Christ l’est devenu abondamment en bénédiction pour tous ceux qui Lui appartiennent. Pourrait-il en être autrement vu la source de cette grâce et le canal par lequel elle est parvenue jusqu’à nous? Si par la transgression d’un seul «plusieurs sont morts», ainsi aussi par un seul, Jésus Christ, la grâce de Dieu a abondé envers plusieurs.

Remarquons ici et dans les versets suivants l’emploi du mot «plusieurs»; nous pourrions peut-être penser que le mot «tous» aurait été plus simple et plus approprié. Or, à part le contraste voulu entre les mots «un seul» et «plusieurs», l’Esprit de Dieu a manifestement choisi cette expression pour prévenir tout malentendu. En rapport avec Adam, le terme «plusieurs» désigne incontestablement tous les hommes, parce qu’Adam est le père de tous et leur a communiqué à tous sa nature. En revanche, en rapport avec Christ, ce mot ne peut s’appliquer qu’à ceux qui ont cru en Lui et sont devenus ainsi participants de la nouvelle nature.

Il n’y a pas seulement une différence de mesure, mais aussi de nature. Si la Parole nous présentait jusqu’ici deux classes de personnes, elle nous parle maintenant des faits ou des actes sur lesquels cette différence est fondée: «Et n’en est-il pas du don comme de ce qui est arrivé par un seul qui a péché? car le jugement vient d’un seul en condamnation — mais le don de grâce, de plusieurs fautes, en justification» (v. 16). Une seule faute du chef de la race humaine a amené la condamnation, tandis que le don de grâce de Dieu libère les croyants de plusieurs fautes et leur confère une position de justice.

Poursuivant cette pensée, l’apôtre continue: «Car si, par la faute d’un seul, la mort a régné par un seul, beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils en vie par un seul, Jésus Christ» (v. 17). D’après la première partie de la phrase, on pourrait penser que la seconde partie devrait poursuivre: «beaucoup plutôt la vie régnera». Il n’en est rien et nous lisons: «beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce... régneront-ils en vie par un seul, Jésus Christ». Combien la puissance de la grâce s’est montrée triomphante, surmontant tous les obstacles! En réalité, elle l’a emporté victorieusement sur le péché et ses conséquences. Tous ceux qui croient en Jésus, qu’ils soient pécheurs d’entre les nations ou transgresseurs de la loi, reçoivent le don libre et surabondant de la grâce, qui non seulement ôte leur culpabilité et leur péché, mais leur donne aussi la vie, la vie éternelle, par un seul, Jésus Christ. Le péché du premier homme a déchiré le vêtement de l’innocence et a introduit la mort: le sang de Jésus Christ revêt les croyants de la robe de la justice divine et leur confère une position toute nouvelle, infiniment plus glorieuse que celle qu’Adam possédait avant la chute. De plus il leur donne la vie éternelle et, dans cette vie éternelle, une place prééminente. Non seulement ils ne peuvent perdre ce qu’ils ont reçu, mais ils régneront en vie par Jésus Christ.

Nous voyons toujours à nouveau combien les opérations de la grâce divine correspondent à la nature et à la gloire de Christ; elles surpassent infiniment les conséquences du péché. C’est pourquoi l’apôtre, rempli d’une sainte admiration, s’écrie: «Que dirons-nous donc?»

 

Comme nous l’avons dit, cette longue parenthèse se termine au verset 17, et la pensée, interrompue au verset 12, est reprise au verset 18, en rapport avec l’enseignement des versets 13 à 17. «Ainsi donc, comme par une seule faute les conséquences de cette faute furent envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice les conséquences de cette justice furent envers tous les hommes en justification de vie». Nous retrouvons ici l’expression «tous les hommes» du verset 12. Dans les deux cas, les effets de ce qui a eu lieu s’adressent à tous les hommes; pas un seul n’est exclu. Il s’agit dans ce verset uniquement de la direction initiale, ou du but, de l’un et de l’autre actes. L’un conduit à la condamnation, l’autre à la justification de vie, et cela tout à fait indépendamment du point de savoir si cette direction et ce but ne seront pas changés par la grâce de Dieu ou par l’incrédulité de l’homme; en d’autres termes, s’il y en aura qui, par la foi, échappent à la condamnation ou d’autres qui rendent sans effet le conseil de grâce de Dieu envers eux-mêmes.

Ayant considéré la portée des deux actes, nous en venons avec le verset 19 aux conséquences des actes accomplis par les chefs des deux familles: «Car comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes». L’Écriture nous enseigne d’une manière certaine que «tous les hommes» ne sont pas justifiés: l’Esprit Saint devait donc employer ici de nouveau l’expression «plusieurs» pour désigner la classe d’hommes qui, dans les deux cas, était jointe à son chef. Il va de soi que, dans le premier cas, toute la race humaine (ainsi tous les hommes, comme au verset 18) est comprise, car tous se trouvent, par nature, sur le terrain de leur père, «dans la position de pécheurs»; pour eux, il n’y a pas de différence. Une fois encore, le fait solennel est confirmé: la famille humaine tout entière — la descendance d’Adam — est dans la même position que le père de la race: tous sont des pécheurs, séparés de Dieu, ennemis de Dieu, et n’éprouvant pas le besoin de revenir à Lui.

Dans le second cas, il s’agit également des «plusieurs», mais qui sont unis vitalement au «seul», tous ceux qui «sont du Christ» et qui, par la foi en Lui, ont été constitués «justes» — «les enfants que Dieu lui a donnés». Au verset 18, nous avons vu que, par une seule justice, les conséquences de cette justice furent envers tous les hommes en justification de vie. L’évangéliste peut donc s’adresser au monde entier et annoncer l’heureux message touchant le Fils de Dieu. Toutefois, l’œuvre du salut n’a des effets réels et définitifs que pour ceux qui acceptent la bonne nouvelle; ce sont également dans chaque cas les «plusieurs» qui se trouvent sous les conséquences de l’action d’une «seule» personne. L’une des classes, les «pécheurs» par la désobéissance d’Adam, l’autre classe, les «justes» par l’obéissance de Christ.

 

Après avoir développé en détail le sujet des deux familles et de leurs chefs, l’apôtre dit encore un mot sur un sujet qu’il a déjà abordé à diverses reprises, la loi. Dans quel but a-t-elle été donnée? L’homme religieux pourrait penser que c’est afin de produire une justice devant Dieu, ne fût-elle même qu’humaine. La loi ne promettait-elle pas la vie à celui qui l’observerait? L’apôtre dit tout autre chose: «Or la loi est intervenue afin que la faute abondât» (v. 20). Certes, il ne pourrait pas y avoir de résultat plus humiliant pour l’orgueil de l’homme; le péché, comme tel, existait, avant que la loi fût donnée, mais par la loi, il devait se manifester dans toute son horreur, c’est-à-dire comme étant une révolte directe contre les saints commandements de Dieu et un mépris de son autorité. Dieu ne donnait pas une loi afin que, par elle, le péché abondât; comment pourrait-Il en quelque manière être le promoteur du péché? Mais il pouvait bien donner une règle parfaite pour la marche de l’homme, afin de lui montrer par ce moyen ce qui en était réellement de lui. La loi est intervenue afin que la faute abondât, ou, comme nous le lisons dans un autre passage, afin que le péché «parût péché», oui, qu’il devînt «par le commandement excessivement pêcheur» (chap. 7:13). La loi n’a fait que mettre pleinement en lumière l’état de l’homme déchu, en faisant revivre et se développer d’une façon effrénée sa propre volonté, son orgueil et les passions du péché qui habite en lui.

 

«Mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur» (v. 20, 21). N’est-elle pas digne d’adoration cette réponse de la grâce de Dieu à la faute et à la corruption de l’homme? Elle agit d’une manière absolue et triomphe le plus glorieusement possible là où il n’y avait plus aucun espoir pour l’homme et où un jugement irrémédiable l’attendait. Et ce triomphe n’a pas lieu au détriment de la justice de Dieu; non, la grâce règne par la justice, en vertu de l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus, pour la vie éternelle. Un Juif fidèle à la loi aurait pu dans le meilleur cas — lequel ne pouvait jamais se présenter — obtenir la vie sur cette terre comme récompense de ses actions, tandis que le croyant reçoit. aujourd’hui la vie éternelle, parce que Dieu le voit devant Lui, sur le fondement de l’œuvre de son Fils bien-aimé, dans une position toute nouvelle, et correspondant à ses conseils éternels. Dieu a montré sa justice en ceci, c’est qu’Il a placé à sa droite son Fils qui, comme homme, l’a parfaitement glorifié; aujourd’hui non seulement il justifie de tous leurs péchés ceux qui croient en Jésus, mais aussi il leur accorde une vie, qui a la gloire comme but.

Comme donc le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce règne aujourd’hui; l’heure viendra en laquelle la justice régnera: malheur alors à tous ceux qui ont négligé le temps de la grâce! Dieu est juste et doit maintenir sa justice; Il ne peut supporter à toujours le péché devant ses yeux. Combien terrible sera le châtiment, quand le temps de la grâce de Dieu aura pris fin et que son jugement atteindra tous ceux qui auront négligé ou même méprisé son salut.

C’est pourquoi bienheureux sont ceux qui, étant au bénéfice de la grâce, échapperont à la colère à venir.