Proverbes

Chapitre 30

Quatrième partie — Chapitres 30 et 31

Chapitre 30 — Les paroles d’Agur

Les idées les plus étranges ont été émises au sujet de la personne d’Agur. Pour les uns, Agur serait Salomon; pour d’autres, le frère de Lemuel qui, lui-même, serait Salomon. Cela nous prouve que l’intelligence de l’homme, appliquée aux choses de Dieu, même les plus simples, ne peut faire que fausse route. La parole de Dieu nous est donnée, non pour que nous lui apportions nos pensées (conf. v. 6), mais pour que nous nous laissions instruire par elle.

Le fait est que, sauf dans ce passage, l’Écriture ne nous donne aucune indication sur Agur, Jaké, Ithiel ou Ucal. Ces hommes sont autant d’inconnus, mais notre chapitre nous apprend sur Agur deux choses de toute importance. La première est contenue au v. 1. Paroles d’Agar, fils de Jaké, l’oracle prononcé par cet homme à Ithiel, à Ithiel et à Ucal. Agur a «prononcé un oracle», il a parlé de la part de Dieu, comme étant la bouche de Dieu (conf. 1 Pierre 4:11). La seconde chose, c’est que, tout en étant le porte-voix de l’Éternel pour Ithiel et pour Ucal, il ne songeait pas à s’en attribuer aucun mérite: «Certes, moi je suis plus stupide que personne, et je n’ai pas l’intelligence d’un homme; et je n’ai pas appris la sagesse, ni ne possède la connaissance du Saint» (v. 2-3).

Il était un homme plus stupide qu’aucun autre; l’intelligence même d’un homme ordinaire lui faisait défaut; il n’avait été à aucune école de sagesse; il n’avait pas reçu, comme d’autres, un ensemble de connaissances communiqué directement par le Très-Saint; bien différent en cela, comme en toutes choses, du glorieux prédicateur et roi Salomon, auquel l’Éternel était apparu, lui disant: «Je t’ai donné un cœur sage et intelligent, en sorte qu’il n’y aura eu personne comme toi avant toi, et qu’après toi il ne se lèvera personne comme toi» (1 Rois 3:12).

Ce qui caractérisait donc Agur, l’homme inspiré, c’est qu’en lui-même il était le contraire d’un sage, qu’il en avait conscience et se plaisait à le proclamer hautement. Se condamner ainsi n’est pas chose commune, même chez des hommes enseignés de Dieu. Un autre prophète, Asaph, n’y était pas arrivé de prime abord, et nous apprend par quel chemin il dut passer pour se juger ainsi. Après maint combat il était entré «dans les sanctuaires de Dieu» et, placé dans la lumière de Sa présence, il avait dit comme Agur: «J’étais stupide et je n’avais pas de connaissance; j’étais avec toi comme une brute» (Ps. 73:17, 22).

Ce jugement, remarquons-le, est à la base même de la prophétie d’Agur, car on ne peut être la bouche de Dieu, tout en gardant une haute opinion de soi-même. De plus, il met à nu la folie des hommes. Ceux-ci pensent rehausser la valeur des révélations divines et les rendre plus efficaces par les études scientifiques ou littéraires qui font appel à l’intelligence naturelle, par l’éloquence, en un mot, par la sagesse humaine. Ils ont oublié ce que dit la Parole, que cette sagesse rend vaine la croix de Christ, lui enlève son efficace et la prive de ses résultats (1 Cor. 1:17).

Agur se trouvait en présence de Dieu. Le v. 4 nous le montre: Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains? Qui a serré les eaux dans un manteau? Qui a établi toutes les bornes de la terre? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais? Agur nous rappelle Job devant le Dieu créateur (Job 38). Mais Job, après une longue expérience de lui-même, s’aperçoit là qu’il ne sait rien, et a la bouche fermée, tandis qu’Agur, cet homme stupide, s’en est aperçu d’emblée, et c’est pourquoi sa bouche est ouverte. Il peut dire à Ithiel et à Ucal: Pas plus que moi, vous n’avez la connaissance des choses visibles de cette création inférieure. L’homme ne peut les comprendre, les saisir, les contenir ou les diriger avec les moyens limités dont il dispose. Est-il monté aux cieux pour en voir les secrets? En est-il descendu pour les révéler? Ce que sont les choses créées et ce dont elles se composent, notre observation peut, jusqu’à un certain point, nous en rendre compte, mais la manière dont elles ont été faites, établies et mises en ordre, nous échappe complètement. «Où étais-tu, quand j’ai fondé la terre?» (Job 38:4). Même les origines de la création visible ne peuvent être connues que par la foi (Héb. 11:3). Combien moins pouvons-nous connaître les choses invisibles et Dieu lui-même?

Or toutes ces choses ont été faites, sont maintenues et nous sont révélées par la parole de Dieu (Héb. 11:3; 2:3; Rom. 10:17). C’était aussi cette parole qu’Agur prononçait en oracles: Toute parole de Dieu est affinée, sans aucun alliage; c’est par elle que nous connaissons Dieu: Il est un bouclier pour ceux qui s’attendent à Lui (v. 5). Ce Dieu est la part de ceux qui se confient en Lui; il se révèle à, nous pour se donner à nous, comme il le dit à Abram: «Ne crains point; moi, je suis ton bouclier et ta très grande récompense». (Gen. 15:1). Quel privilège! Il est pour nous, il est à nous; il se place entre le danger et nous, pour nous protéger toujours, pauvres êtres que nous sommes!

Celui qui, comme Agur, prononce les oracles de Dieu, doit se garder d’une chose: N’ajoute pas à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne, et que tu ne sois trouvé menteur (v. 6). Il est très grave, comme nous l’avons dit plus haut, «d’ajouter à ses paroles», au lieu de se laisser instruire par elles, pour les rendre à d’autres dans leur intégrité. On n’est gardé de ce piège que par le jugement absolu prononcé par Agur sur lui-même.

1 L’homme qui parle pour Dieu, avant d’exposer en détail ce qui lui a été révélé, a deux choses à demander à l’Éternel: Je te demanderai deux choses; ne me les refuse pas, avant que je meure: Éloigne de moi la vanité et la parole de mensonge; ne me donne ni pauvreté ni richesse; nourris-moi du pain qui m’est nécessaire, de peur que je sois rassasié, et que je ne te renie et ne dise: Qui est l’Éternel? et de peur que je ne sois appauvri, et que je ne dérobe, et que je ne parjure le nom de mon Dieu (v. 7-9).

Ces choses, il désire les recevoir avant de mourir, afin d’avoir le temps de glorifier par elles, dans ce monde, le Dieu qui s’est révélé à lui.

La première de ces choses a trait à sa condition morale. Elle comprend deux objets qu’il demande à Dieu d’éloigner de lui: «la vanité», la bonne opinion de nous-mêmes que nous voudrions inspirer à d’autres; et «la parole de mensonge», ce qui est opposé à la parole de vérité. Dans les v. 4 à 6, Agur indiquait à ses auditeurs le moyen d’échapper à ces deux dangers: c’est le jugement de soi et l’appréciation de la parole de Dieu. Mais tout en connaissant ces choses, en les prêchant peut-être, le cœur naturel est si rusé, que nous avons besoin continuellement d’avoir recours à Dieu pour être gardés d’y contrevenir.

La seconde de ces choses a trait à la position de l’homme de Dieu dans ce monde. On peut la résumer par une parole: s’attendre à Lui. C’est ce qu’Agur avait déjà proclamé à d’autres, au v. 5, mais ce qu’il entend réaliser pour lui-même: «Ne me donne ni pauvreté ni richesse». Je désire n’être matériellement ni indépendant, ni dépendant des circonstances qui m’entourent. Dans le premier cas, l’homme, trouvant dans les choses terrestres de quoi se rassasier et se satisfaire, oublie Dieu; dans le second cas, il cherche à s’approprier ces choses en violant le commandement de l’Éternel au déshonneur de son saint nom. L’un, comme l’autre cas, est l’indépendance de Dieu. Il n’y a qu’une ressource pour être gardé de ces deux écueils: «Nourris-moi du pain qui m’est nécessaire». Que je dépende entièrement de toi pour mes besoins que tu connais! — Que cela nous suffise à nous aussi. S’il en est ainsi, nous aurons trouvé le rare secret de n’avoir ni pauvreté, ni richesse dans ce monde.

Mais n’oublions pas que, dans la pratique de ces choses, il ne nous appartient pas de juger les autres: N’accuse pas un serviteur auprès de son maître, de peur qu’il ne te maudisse et que tu n’en portes la peine (v. 10). «Qui es-tu», dit la Parole, «toi qui juges le domestique d’autrui? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître» (Rom. 14:4). Cet esprit de dénigrement vient la plupart du temps de notre tendance à excuser notre mondanité en accusant d’autres serviteurs du Seigneur d’être plus mondains que nous. Or c’est le maître qui juge son serviteur et non pas nous. C’est Lui seul qui apprécie la réalité des désirs de son esclave et qui le récompense ou non selon la fidélité de son service. Et de plus, la Parole ne dit-elle pas: «Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés» (Matt. 7:1)? Nous ne sommes jamais en droit d’imputer à nos frères des motifs à leurs actions. C’est le maître seul qui les connaît et les sonde. En agissant autrement, nous nous exposons nous-mêmes à être jugés et à «en porter la peine», car «de la mesure dont nous mesurons, il nous sera mesuré».

 

À la suite des expériences dont nous venons de parler, Agur peut maintenant développer librement la pensée de Dieu sur les divers principes qu’on rencontre dans le monde, principes à suivre ou à éviter.

Qu’est-ce d’abord qui caractérise aux yeux de Dieu la «génération» qui nous entoure? Il est une génération qui maudit son père et qui ne bénit pas sa mère, une génération pure à ses propres yeux et qui n’est pas lavée de son ordure, une génération... que ses yeux sont hautains et ses paupières élevées! — une génération dont les dents sont des épées et les molaires des couteaux, pour dévorer les affligés de dessus la terre, et les nécessiteux d’entre les hommes (v. 11-14).

Quatre choses, affreuses devant Dieu, la caractérisent: 1° la révolte contre l’autorité et le mépris des liens que Dieu a établis dès le commencement pour les hommes; 2° la propre justice étalant son manteau sur le péché et sur la souillure; 3° l’orgueil, ou la haute opinion que les hommes ont d’eux-mêmes; 4° enfin la méchanceté qui opprime les faibles et les misérables.

Tels sont les caractères généraux du cœur de l’homme, ses caractères publics, pour ainsi dire. En voici un autre: La sangsue a deux filles: Donne! donne! Il y a trois choses qui sont insatiables, quatre qui ne disent pas: C’est assez!... le shéol, et la matrice stérile, la terre qui n’est pas rassasiée d’eau, et le feu, qui ne dit pas: C’est assez! (v. 15-16). Cet autre caractère se loge au plus profond du cœur: c’est la «convoitise», le désir insatiable d’acquérir, n’importe quoi, aux dépens du prochain. Les deux filles de la sangsue n’ont qu’un nom. Elles peuvent avoir des traits, une apparence, des recherches et un but divers.

Quand on sonde leur caractère intime, on trouve chez elles un principe unique: Donne! donne! Cette soif de jouissance égoïste qui régit le monde est comparable 1° au sépulcre qui engloutit sans rien rendre à jamais; 2° à la femme stérile qui reçoit sans produire jamais de fruit; 3° à la terre aride qui boit toujours de l’eau sans être jamais rassasiée; 4° au feu qui dévore sans jamais s’éteindre, tant qu’il a un aliment à engloutir.

Quel tableau effrayant des principes du monde et de l’état de l’homme! Et n’est-il pas naturel qu’il soit suivi de cette sentence: L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les corbeaux du torrent le crèveront et les petits du vautour le dévoreront» (v. 17)? Le mépris de l’autorité et la désobéissance, déjà mentionnés au v. 11, se résument en un seul mot, l’indépendance qui est à la base de tout mal chez l’homme. C’est elle que la parole de Dieu qualifie du nom d’iniquité, quand elle nous dit: «Le péché est l’iniquité» (1 Jean 3:4). Or ces choses attireront sur les hommes le terrible jugement de Dieu qui suit la mort.

Le développement effrayant du mal et les caractères de l’homme sans frein ne sont que trop visibles sur la terre, mais s’il s’agit des «voies de Dieu», l’esprit de l’homme est incapable de les reconnaître; elles sont trop merveilleuses pour lui. Trois choses sont trop merveilleuses pour moi, et il en est quatre que je ne puis connaître: le chemin de l’aigle dans les cieux, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin d’un navire au cœur de la mer, et le chemin de l’homme vers la jeune fille (v. 18-19).

Il y a:

1° La voie du «jugement de Dieu». Ce n’est pas que le jugement lui-même ne puisse être distingué au moment où il s’abat sur son objet, mais ce qui l’a préparé, ce qui l’a longtemps suspendu, ce qui l’amène, ce qui le décide, est aussi invisible à l’homme que les traces des ailes de l’aigle1 dans le ciel.

1 Voyez Matt. 24:28; Job 39:33.

2° La voie de «la sagesse et de la prudence» qui pareille au serpent1, se sert du dur rocher comme du chemin qui la conduit à son but. Nul ne peut le voir, ce chemin. L’incrédulité, l’endurcissement de l’homme, l’empire de Satan sur son cœur, sa haine contre Dieu, la Sagesse les fait servir à l’accomplissement de ses desseins. «Ô profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?... À lui soit la gloire éternellement! Amen» (Rom. 11:33-36). Tout la proclamera cette sagesse et cette connaissance, mais maintenant il faut nous contenter de savoir qu’elle atteindra son but, sans que l’œil humain puisse suivre sa trace.

1 Voyez Matt. 10:16.

3° La voie du «gouvernement de Dieu». Il y a un gouvernement divin; l’homme en sent chaque jour les effets quand il lui faut subir les conséquences de ses actes. Certains faits entraînent fatalement certains résultats; ainsi «celui qui sème pour la chair moissonnera la corruption»; «celui qui garde sa langue de mal verra d’heureux jours» ici-bas. Mais, comment le gouvernement de Dieu arrive à ses fins et nous fait atteindre au port désiré, tandis qu’en apparence le mal triomphe et que le bien est méconnu et opprimé, cela est aussi obscur aux yeux de l’homme que le chemin du navire au cœur de la mer. On croit un instant en suivre le sillage et voici qu’il a déjà disparu (Ps. 77:20).

4° La voie merveilleuse de «l’amour», celle «de l’homme vers la jeune fille». Par quel chemin l’amour arrive-t-il à conquérir, à posséder l’objet de son désir? Qu’est-ce qui l’a donc attiré vers nous? Qu’a-t-il vu en nous qui ait éveillé ses sympathies? Par quels moyens a-t-il réussi à se révéler et à faire naître une affection réciproque? Autant d’énigmes que l’esprit de l’homme ne pourra jamais sonder.

Il en est de toutes ces choses comme d’un dessin très simple sur lequel la main d’un enfant a entrecroisé une infinité de lignes sans motif et sans ordre, en sorte qu’il est impossible à l’œil de retrouver le trait primitif. L’auteur du dessin saura seul ce que recouvre l’inextricable dédale des voies de l’homme. Il en est ainsi de l’œil de Dieu; il discerne Ses voies, et celles de l’homme ne peuvent les entraver. Toutes les voies de Dieu aboutissent. Et cependant le croyant peut les connaître, mais non pas d’après ce qu’il en voit sur la terre. Il lui faut entrer pour cela dans le sanctuaire: «Ta voie est dans le lieu saint» (Ps. 77:14). C’est ainsi que Dieu a fait connaître ses voies à Moïse, tandis que les fils d’Israël ne connaissaient que ses actes (Ps. 103:7).

 

Tel est le chemin de la femme adultère: elle mange et s’essuie la bouche, et dit: Je n’ai point commis d’iniquité (v. 20). Hélas! le chemin de celui1 qui a rompu par le péché ses relations avec Dieu, est tout aussi incompréhensible. Il se repaît, satisfait ses convoitises, en efface la trace visible de manière à la cacher aux yeux des hommes, se fait illusion sur son propre état et ne tient nul compte de Dieu qui a tout vu!

1 Voyez pour la femme adultère, Jacques 4:4.

Après les choses incompréhensibles viennent «les choses odieuses». Elles font trembler le monde qui en est témoin. Sous trois choses la terre tremble, et sous quatre elle n’en peut plus: sous le serviteur quand il règne, et l’homme vil quand il est rassasié de pain; sous la femme odieuse quand elle se marie, et la servante quand elle hérite de sa maîtresse (v. 21-23). C’est «le renversement complet de l’ordre public ou privé établi de Dieu»; et nous savons que cet état de choses ira, s’accentuant de plus en plus, jusqu’à la fin. Le serviteur règne au lieu d’obéir; — l’homme vil est celui qu’on voit jouir de la prospérité; — la femme odieuse trouve son mari; — la servante s’empare de l’affection de sa maîtresse et supplante les enfants qui y ont naturellement droit. Ainsi, dans ce monde, c’est le mal qui réussit et qui remplace l’ordre divin. Un pareil fait n’est-il pas un lourd fardeau pour le cœur de celui qui s’est abreuvé à la source du bien, du vrai et du juste? Quoi d’étonnant qu’il ne sache pas «ce qu’il faut demander comme il convient»? Toutefois l’Esprit intercède par des soupirs inexprimables (Rom. 8:26).

 

Au milieu du chaos moral dont le monde nous offre le spectacle, trouverons-nous ici-bas «la sagesse» dont nous avons besoin? Il y a quatre choses petites sur la terre, qui sont sages entre les sages: les fourmis, peuple sans force, et qui préparent en été leurs vivres; les damans, peuple sans puissance, et qui ont placé leurs maisons dans le rocher; les sauterelles n’ont point de roi, mais elles sortent toutes par bandes; tu saisis le lézard avec les mains, et il est dans les palais des rois (v. 24-28).

La sagesse ne se fait connaître que dans les choses petites sur la terre. «Considérez votre appel, frères,... qu’il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles... Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes: et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Cor. 1:26-29). Oui, la sagesse selon Dieu va toujours de concert avec la petitesse.

Les fourmis font leurs provisions pour le mauvais jour; elles sont prévoyantes; leur sagesse consiste à se pourvoir de ce qui entretiendra leur force, car elles n’en ont aucune en elles-mêmes. Tel le croyant, faisant sa provision de la parole de Dieu.

Les blaireaux des rochers sont sages aussi; la «puissance» leur manque, comme aux fourmis la force; ils montrent en plaçant leur maison dans le rocher qu’ils cherchent «en dehors d’eux» puissance et sécurité. Tel le croyant qui se fonde sur Christ.

Les sauterelles n’ont pas de roi; «l’autorité» leur manque; mais leur force est dans leur «rassemblement». Telle la force de l’Assemblée, chose sage entre les sages, en des jours où toute autorité visible a disparu.

Le lézard est un être «sans défense» contre la main qui le saisit. Peut-on voir quelque chose de plus craintif et de plus misérable? Et cependant, tu ne l’empêcheras pas de loger dans la demeure de la magnificence royale. Tel le croyant, dont la sagesse consiste à n’être rien et auquel son insignifiance même ouvre un libre accès dans la gloire!

Voici donc nos cœurs restaurés au milieu du spectacle du mal et devant l’impossibilité de connaître les voies cachées de Dieu. La sagesse s’est révélée à nous dans les choses humbles et petites, mais ce ne sont pas seulement d’infimes créatures qui nous en donnent l’exemple; nous avons appris à la connaître en Celui qui, étant Dieu d’éternité, s’est abaissé jusqu’à nous et s’est anéanti jusqu’à la mort de la croix.

S’il y a dans ce monde des choses sages auxquelles nous devons être attentifs, il y a aussi des choses «belles» au milieu de toutes les choses repoussantes produites par le péché: Il y a trois choses qui ont une belle allure, et quatre qui ont une belle démarche: le lion, le fort parmi les bêtes, et qui ne se détourne devant qui que ce soit; le coursier qui a les reins ceints; ou le bouc; et le roi, contre qui personne ne peut se lever (v. 29-31).

Si nous ne trouvons la sagesse que dans la petitesse, nous ne trouvons la «beauté» que dans la «marche». Oui, elle est belle l’allure du lion, la force dans la marche, qui va droit son chemin, «dédaignant les obstacles». — Elle est belle, l’allure du coursier, aux reins ceints à la fois pour «servir autrui» et pour «fournir une course rapide». — Elle est belle, l’allure du bouc1 qui va devant le troupeau, «lui donnant l’exemple» de la marche, amenant toutes les brebis au bercail. — Elle est belle enfin, l’allure du roi, une marche «d’autorité divine», à laquelle aucune puissance ne peut résister.

1 Voyez Jér. 50:8.

Ah! qu’il nous soit donné, les yeux fixés sur Christ, parfait modèle de toutes ces allures, d’en reproduire la beauté dans notre marche ici-bas! Donne-nous, ô Dieu, de connaître la sagesse dans l’humilité, de réaliser la puissance dans la marche!

Mais si tu as agi follement en t’élevant, et si tu as pensé à mal, mets la main sur ta bouche (v. 32). Au cas où la folie de notre cœur naturel, nous élevant à nos propres yeux, nous ait fait sortir du chemin de l’humilité et de la puissance, pour nous exposer aux mauvais principes qui agissent dans le monde, que nous reste-t-il à faire, sinon à nous humilier, à dire comme Job: «Voici, je suis une créature de rien... Je mettrai ma main sur ma bouche... J’ai horreur de moi et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (Job 39:37; 42:6).

Car la pression du lait produit le beurre, et la pression du nez fait sortir le sang, et la pression de la colère excite la querelle (v. 33).

N’oublions pas que ce qui est bon devient «excellent» sous la pression de la main de Dieu. Si l’humiliation n’est pas produite par les voies naturelles, ce sera le «châtiment» qui la produira; tandis que toute pression exercée sur la chair ne peut produire que des résultats «en rapport avec la chair».

Telles sont les paroles d’Agur.