Proverbes

Chapitre 27

Ce chapitre offre un peu moins de suite dans l’ordre des Proverbes que les deux chapitres précédents; on peut cependant lui appliquer la remarque qui est en tête du chap. 25.

Versets 1-2 — La vanterie.

Ne te glorifie pas du jour de demain, car tu ne sais pas ce qu’un jour enfantera (v. 1).

Voyez Jacq. 4:13-16.

Se vanter de ce que demain nous apportera, c’est mettre Dieu de côté dans notre vie. Nous ne savons pas même quelles seront pour demain les conséquences du jour dans lequel nous nous trouvons; à bien plus forte raison ignorons-nous la tournure du jour qui va suivre.

 

Qu’un autre te loue, et non ta bouche — un étranger et non tes lèvres (v. 2).

Ne nous vantons pas nous-mêmes; laissons la louange aux étrangers; ne la laissons pas même à nos amis (voyez v. 14). Il faut que notre conduite soit pour tous un motif de louange (3 Jean 3:12).

 

Versets 3-4 — Les passions mauvaises.

La pierre est pesante et le sable est lourd; mais l’humeur d’un fou est plus pesante que tous les deux (v. 3).

Il ne s’agit pas ici du sot, mais du fou, de celui qui a perdu la raison, de l’insensé dont l’humeur ne peut être modifiée par aucun raisonnement1. Sa compagnie est une charge accablante, plus pesante que la pierre, plus lourde que le sable dont il nous est impossible de nous dégager, quand il est tombé sur nous.

1 Nous profitons de ce chapitre où le mot fou arrivera pour la dernière fois au v. 22 pour faire ressortir la différence entre le sot (hébreu: Kesil) et le fou (hébreu Evil). Pour le sot, voyez notre définition en début de cette Étude. Passages où se trouve le mot fou; 1:7; 7:22; 10:8, 21; 11:29; 12:15, 16; 14:9; 15:5; 16:22; 17:28; 20:3; 24:7; 27:3,22.

 

La fureur est cruelle et la colère déborde, mais qui subsistera devant la jalousie? (v. 4)

Maxime très importante pour l’exercice du ministère. Il ne s’agit pas ici de la jalousie d’un époux outragé (6:34), mais de la jalousie en général. Celui qui est offusqué par la supériorité d’un autre (et combien de fois une haute pensée de nous-même a provoqué ces sentiments!) ne sera satisfait qu’en ayant ruiné moralement celui qu’il estime être son rival. La cruauté de la fureur et le débordement de la colère sont mille fois préférables.

 

Versets 5-17 — Les affections naturelles. L’amitié et la famille.

Mieux vaut une réprimande ouverte qu’un amour caché (v. 5).

Voyez Gal. 2:14.

Une réprimande publique est souvent la preuve d’un amour plus profond et plus vrai, qu’un amour qui, par crainte de blesser, se tait, se garde de reprendre et se prive de voir, à l’occasion, des progrès spirituels chez son ami. Telle fut la réprimande, devant tous, de Paul, adressée à Pierre (Gal. 2:14).

 

Les blessures faites par un ami sont fidèles, mais les baisers de celui qui hait sont fréquents (v. 6).

Voyez 26:24-25.

Il y a des blessures que le sage sera heureux d’avoir reçues et qui lui démontrent la fidélité de son ami. Qu’il se défie des nombreuses flatteries de ses ennemis. Elles lui manqueront d’autant moins, qu’ils cachent leur haine sous leurs baisers.

 

L’âme rassasiée foule aux pieds les rayons de miel, mais pour l’âme qui a faim tout ce qui est amer est doux (v. 7).

Voyez 25:16.

Les affections naturelles les plus légitimes ne suffisent pas pour combler le vide d’un cœur travaillé. Il arrive un moment où l’âme, rassasiée de ces douceurs les foule aux pieds pour satisfaire sa faim. Cette faim trouvera même dans ce qui est amer plus de douceur que dans les relations de famille. Il en est ainsi de l’âme dans ses relations avec Dieu. Le jugement prononcé, le mot «perdu» inscrit sur le pécheur, la ruine de toute prétention à obtenir une justice devant Dieu, sont les herbes amères de la Pâque. L’âme doit s’en nourrir, mais elle y trouve le salut, l’Agneau pascal ayant porté et ôté pour toujours ces jugements de devant Dieu.

 

Comme un oiseau erre çà et là loin de son nid, ainsi est l’homme qui erre loin de son lieu (v. 8).

La liaison de cette pensée avec celle du verset précédent frappera l’esprit réfléchi. On pourrait croire que les douces affections naturelles qui nous lient à la famille doivent être foulées aux pieds. Bien loin de là. Celui qui abandonne le lieu où il trouve ses affections est comme l’oiseau sans nid, et par conséquent sans famille, errant çà et là. C’est dans la famille que les affections se réchauffent et que l’égoïsme est tenu en bride — et cela s’accorde parfaitement avec la vie spirituelle.

 

L’huile et le parfum réjouissent le cœur, et la douceur d’un ami est le fruit d’un conseil qui vient du cœur (v. 9).

L’huile et le parfum avec lesquels on reçoit les convives de marque réjouissent le cœur de celui qui se sent apprécié de cette manière (Luc 7:46). De même la douceur dont un ami nous entoure est le fruit d’une pensée profonde qui a sa source dans ses affections. Ce proverbe n’est-il pas applicable à Christ et à nos relations avec Lui?

 

N’abandonne point ton ami, ni l’ami de ton père, et n’entre pas dans la maison de ton frère au jour de la calamité. Mieux vaut un voisin proche qu’un frère éloigné (v. 10).

Voyez 18:24.

L’ami est celui dans la compagnie duquel je passe ma vie; à l’ami de mon père se rattachent mes souvenirs et mes affections de famille. Dans mes difficultés je le trouve près de moi, remplaçant ma famille absente. Ferai-je au jour de ma calamité un long voyage pour chercher auprès de mon frère les consolations dont j’ai besoin? Non, je n’entrerai pas dans sa maison en ce jour-là. Cette maxime touche à la question des affections naturelles, qui est en vue dans tout ce passage. Jonathan, l’ami de David, était pour lui un meilleur conseiller que ses propres frères. Ce passage reporte nos pensées vers l’Ami par excellence.

 

Mon fils, sois sage et réjouis mon cœur, afin que j’aie de quoi répondre à celui qui m’outrage (v. 11).

Il y a des gens qui outragent la Sagesse divine (Christ) en invoquant les fautes de ceux qui sont nés d’elle. Le moyen de réduire ces ennemis au silence n’est pas que le fils de la Sagesse se lance témérairement dans la lutte, mais qu’il reproduise les traits de la Sagesse qui l’a engendré, et qu’il réjouisse Son cœur par son obéissance. «Ils n’auront pas honte», est-il dit, «quand ils parleront avec des ennemis dans la porte». (Ps. 127:5).

 

L’homme avisé voit le mal et se cache; les simples passent outre et en portent la peine (v. 12).

Voyez 22:3.

Ce passage est répété ici comme enseignement supplémentaire du v. 11. Quand le mal se présente, l’homme qui a profité des enseignements de la sagesse ne cherche pas à tenir tête aux attaques, ce qui serait de la présomption, mais se cache, et laisse agir Celui qui seul peut résister au mal; tandis que les «simples» ne voient pas le danger, passent outre dans leur aveuglement et leur suffisance, et deviennent la proie de l’Ennemi.

 

Prends son vêtement, car il a cautionné autrui et prends de lui un gage, à cause de l’étrangère (v. 13).

Voyez 20:16.

La répétition de ce passage ici semble avoir le même but que celle du v. 12. Compter sur l’avenir, sur soi-même, et laisser Dieu de côté, c’est la ruine, mais en outre on est ruiné par l’alliance avec le monde corrompu.

 

À celui qui bénit son ami à haute voix, se levant le matin de bonne heure, on le lui comptera comme une malédiction (v. 14).

Les rapports avec l’ami ont une pudeur d’intimité qui ne comporte pas une publicité tapageuse. S’il me communique tous ses secrets et me montre une si touchante confiance, les louanges qu’il me prodiguerait criées à haute voix, en public, à des heures inusitées, seraient le contraire de la communion avec lui. Cela rebute les assistants et leur produit l’effet d’une malédiction et non d’une louange. N’en est-il pas de même de certaines manifestations publiques d’admiration pour le Seigneur qui affligent ses vrais amis et leur donnent la pénible impression d’un manque de vérité dans le cœur?

 

Une gouttière continuelle en un jour de pluie, et une femme querelleuse, cela se ressemble. Qui l’arrête arrête le vent, et sa droite trouve de l’huile (v. 15-16).

Voyez 19:13.

Ces versets continuent à parler des relations de famille. On arrête moins facilement les querelles dans les rapports intimes avec la famille que dans les rapports avec le public. La femme est le grand obstacle au rétablissement de la paix. Ce serait merveille d’y réussir, mais on ne le peut pas davantage que de retenir le vent ou l’huile avec la main.

 

Le fer s’aiguise par le fer et un homme ranime (aiguise) le visage de son ami (v. 17).

Immense avantage de l’amitié selon les pensées de Dieu. Étant de même nature (comme le fer et le fer), deux amis s’encouragent, s’aident, se fortifient, se raniment l’un l’autre pour un même dessein.

 

Versets 18-22 — L’homme selon Dieu et l’homme naturel.

Celui qui soigne le figuier mange de son fruit et celui qui veille sur son Maître sera honoré (v. 18).

Voyez 1 Cor. 9:7.

Nous avons ici l’image de celui qui soigne Israël, le peuple de Dieu. Il a le droit de manger du fruit du figuier ou de la vigne, et de boire du lait du troupeau. Ce droit, l’apôtre Paul seul n’en faisait pas usage. De tels soins sont donnés, pour ainsi dire, de haut en bas, mais il en est qui sont donnés de bas en haut, tels ceux de Mardochée veillant sur Assuérus, son maître. Celui-là fut honoré. Il en est de même des serviteurs qui veillent aujourd’hui à ce que le nom de leur Seigneur ne soit pas déshonoré dans ce monde.

 

Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi le cœur de l’homme répond à l’homme (v. 19).

Il y a des affinités, des ressemblances d’homme à homme, au moral comme au physique. On se reconnaît aux mêmes traits, et l’on se recherche. Ainsi, quant au bien, le Seigneur aime à voir ses traits reproduits dans les siens; mais ceux-ci ne reproduisent son image qu’en le contemplant. (2 Cor. 3:18; Actes 7:59-60).

 

Le shéol et l’abîme sont insatiables et les yeux de l’homme sont insatiables (v. 20).

Voyez 30:16; Habak. 2:5.

Le lieu invisible est insatiable pour engloutir les âmes, l’abîme, pour engloutir l’homme tout entier; les yeux de l’homme pécheur ne se rassasient jamais de contempler les objets de leurs convoitises et du désir d’en prendre possession. C’est le regard de l’homme qui le fait ressembler à l’abîme. Nous trouvons ici un contraste absolu avec le verset précédent.

 

Le creuset est pour l’argent, et le fourneau pour l’or, ainsi l’homme pour la bouche qui le loue (v. 21).

Voyez 17:3.

Du creuset et du fourneau sortent l’argent et l’or dépouillés de leur alliage. Les louanges sont le creuset de l’homme. Qu’en sortira-t-il? L’argent de la grâce, l’or de la justice divine, ou les scories du vieil homme, son orgueil et sa satisfaction de lui-même, sa chair en un mot, dans laquelle n’habite aucun bien?

 

Quand tu broierais le fou dans un mortier, au milieu du grain, avec un pilon, sa folie ne se retirerait pas de lui (v. 22).

Le plus grand broiement ne peut changer l’homme naturel, celui dont le caractère est la folie, état qu’aucune ressource humaine ne peut modifier (Rom. 1:22). Pour y échapper il faut naître de nouveau.

 

Versets 23-27 — Prévoyance.

Connais bien la face de ton menu bétail, veille sur tes troupeaux; car l’abondance n’est pas pour toujours, et une couronne dure-t-elle de génération en génération? Le foin disparaît, et l’herbe tendre se montre, et on ramasse les herbes des montagnes. Les agneaux sont pour ton vêtement, et les boucs pour le prix d’un champ, et l’abondance du lait de tes chèvres pour ta nourriture, pour la nourriture de ta maison, et pour la vie de tes servantes (v. 23-27).

Le menu bétail et les troupeaux représentent toujours dans l’Écriture la richesse donnée de Dieu aux hommes. La couronne est toujours dans les Proverbes l’emblème de ce qui est donné à la Sagesse ou dispensé par elle: bénédictions terrestres, prolongement de vie, nombreuse postérité. Mais tout cela ne dure pas de génération en génération. La nourriture du bétail, par lequel notre vie est entretenue ici-bas, soit comme vêtement, soit comme alimentation, soit comme échange, peut disparaître. Il faut une surveillance continuelle pour la renouveler quand le foin est consommé; il faut surveiller l’herbe nouvelle, récolter les herbes sur les montagnes. Ainsi la maison, la famille, la domesticité, sont entretenues.

Ce passage qui peut être intitulé: Prévoyance, clôture dignement un chapitre qui traite avant tout de la vie et des relations domestiques.