Proverbes

Chapitre 25

Troisième partie — Chapitres 25 à 29

Dans tous ces chapitres nous pouvons nous dispenser d’un Résumé, les divers sujets étant assez caractérisés pour nous permettre de placer un titre à la tête de chaque subdivision.

 

Chapitre 25

Ce sont ici aussi des Proverbes de Salomon, que les gens d’Ézéchias, roi de Juda, ont transcrits (v. 1).

C’est ici que commence la troisième partie des Proverbes. Chaque partie a pour titre: «Proverbes de Salomon». 1:1; 10:1; 25:1. Nous nous sommes déjà expliqués sur l’appendice que nous limitons aux v. 23-34 du chap. 24.

Les chapitres dont nous allons nous occuper sont remarquables par l’ordre des sujets, par la simplicité et la concision des sentences. Ils font moins appel à la réflexion par la richesse de chaque maxime, comme aussi à la recherche individuelle par le désordre apparent que nous avons constaté dans certaines séries des Proverbes précédents. Déjà les gens d’Ézéchias ont sondé ensemble ce qu’ils nous transcrivent et ont profité pour eux-mêmes de ces découvertes nouvelles; ils deviennent les intermédiaires pour transmettre ces vérités à d’autres selon l’ordre voulu de Dieu. Ils sont «comme un maître de maison qui produit de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles». (Matt. 13:52).

 

Versets 2-7 — Le Roi.

La gloire de Dieu est de cacher une chose, et la gloire des rois est de sonder une chose (v. 2).

La gloire de Dieu est de cacher. C’est «la sagesse de Dieu en mystère, la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée avant les siècles pour notre gloire» (1 Cor. 2:7). Lorsque Christ descend ici-bas, la gloire de Dieu, si l’on ose parler ainsi, est de cacher sa gloire. Quand l’œuvre de la rédemption est accomplie, la gloire de Dieu est de faire asseoir Christ à sa droite dans le lieu caché de son sanctuaire et de cacher notre vie avec Christ en Lui. Le moment est encore à venir où la gloire de Christ sera publiquement manifestée.

La gloire des rois, auxquels Dieu a confié le gouvernement, est au contraire de sonder les choses, de s’appliquer à les connaître afin de récompenser les bons et de juger les méchants. Ce fut la gloire de Salomon dès le début de sa carrière.

 

Les cieux en hauteur, et la terre en profondeur, et le cœur des rois, on ne peut les sonder (v. 3).

Les merveilles de la Création sont insondables, mais qui peut sonder le cœur d’un roi enrichi par Dieu en toute sagesse comme Salomon? Mais qu’est-ce que le cœur de Salomon vis-à-vis de celui du Roi des siècles qui est Lui-même le Créateur?

 

Ôte de l’argent les scories, et il en sortira un vase pour l’orfèvre; ôte le méchant de devant le roi, et son trône sera affermi par la justice (v. 4-5).

Voyez 29:14.

Le méchant doit être retranché pour que le trône du roi soit affermi en justice (1 Rois 2:46). C’est ce qu’a prouvé le début du règne de Salomon par le jugement d’Adonija, de Joab et de Shimhi. Combien plus le règne de Christ sera-t-il établi sur le jugement et affermi par la justice quand il retranchera chaque matin le méchant du pays (Ps. 101:8).

 

Ne fais pas le magnifique devant le roi, et ne te tiens pas à la place des grands; car il vaut mieux qu’on te dise: Monte ici, que si l’on t’abaissait devant le prince que tes yeux voient (v. 6-7).

Voyez Luc 14:8-11.

Ce passage complète la série des pensées présentées dans ces versets, en parlant de l’humilité qui convient en présence du roi, quand même ce roi serait humilié comme Ézéchias ou volontairement abaissé comme Christ. Le moment venu, il dira aux humbles: «monte ici» et ils auront de la gloire devant tous ceux qui seront à table avec eux, «car quiconque s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé» (Luc 14:10-11).

 

Versets 8-10 — Le prochain.

Ne sors pas en hâte pour contester, de peur que tu ne saches que faire à la fin, lorsque ton prochain t’aura rendu confus (v. 8).

La hâte de contester provient de la bonne opinion qu’on a de soi; on est certain qu’on aura le dessus dans la discussion. Or «qui méprise son prochain pèche» (14:21). Et Dieu permet que nous ne sachions que faire ou que répondre à la fin, lorsque le prochain que nous estimions si peu nous aura rendu confus par ses réponses.

 

Plaide ta cause avec ton prochain, et ne révèle pas le secret d’autrui, de peur que celui qui l’écoute ne te fasse honte, et que ton opprobre ne se retire pas (v. 9-10).

Mais si tu es appelé à plaider ta cause avec ton prochain, ne révèle pas pour ta défense ce que tu peux avoir appris de défavorable sur son compte, ou sur celui d’autrui, choses que personne ne connaît que toi. Celui qui t’écoute s’indignera et te fera honte de cet acte et il en restera sur toi une tache indélébile.

 

Versets 11-15 — Les paroles.

Des pommes d’or incrustées (ou: dans des corbeilles) d’argent, c’est la parole dite à propos (v. 11).

On voit, d’après les métaux qui la représentent, ce qu’est cette parole dite à propos. Elle est comme un fruit de justice divine, l’or, présenté dans l’argent qui signifie la grâce de Dieu déployée dans l’homme. Elle apporte à l’homme, par Christ, la justice et la grâce pour le moment opportun.

 

Un anneau d’or et un joyau d’or fin, tel est pour l’oreille qui écoute, celui qui reprend sagement (v. 12).

Un cœur docile est prêt à écouter. Même la répréhension du sage est à son oreille comme un anneau d’or, comme un ornement de justice divine dont il est enrichi et qu’il lui est précieux de porter.

 

La fraîcheur de la neige au temps de la moisson, tel est le messager fidèle pour ceux qui l’envoient: il restaure l’âme de son maître (v. 13).

S’acquitter fidèlement du message que Dieu nous a confié est non seulement un rafraîchissement pour ceux qui le reçoivent, mais une satisfaction pour le cœur de Celui qui nous envoie. Y pensons-nous assez?

 

Les nuages et le vent, et point de pluie, tel est celui qui se glorifie faussement d’un présent (v. 14).

En contraste avec le v. 13, il en est tout autrement de celui qui se fait faussement passer pour avoir apporté un présent à d’autres; avant tout, je n’en doute pas, au sens spirituel. Il n’a rien apporté qu’une apparence mensongère. Les âmes n’ont reçu aucun rafraîchissement et il ne reste à cet homme que sa réputation de fausseté.

 

Par la lenteur à la colère un prince est gagné, et la langue douce brise les os (v. 15).

Nous trouvons ici l’effet des paroles sur celui même qui est établi en autorité. Il peut avoir pris telle ou telle décision dont, à cause de son caractère, il sera difficile de le faire revenir, mais il est gagné par un esprit paisible qui se garde de se laisser emporter, et la douceur des paroles brise la plus ferme volonté.

 

Versets 16-17 — Les affections naturelles.

As-tu trouvé du miel, manges-en ce qu’il t’en faut, de peur que tu n’en sois repu et que tu ne le vomisses (v. 16).

Le miel est souvent présenté dans la Parole comme une chose excellente. Ainsi la Sagesse, 24:13; les paroles agréables, 16:24; les sentences divines et la Parole de Dieu, Ps. 19:11; 119:103.

Mais, en général, il représente la douceur des affections naturelles, seulement, comme tel, il était défendu de l’offrir avec les sacrifices. (Lév. 2:11). Ces affections, ordonnées de Dieu, sont précieuses quand elles restent dans certaines limites, mais quand elles les dépassent, l’âme en est repue et cet aliment devient un objet de dégoût. La passion humaine s’en mêle et la lassitude ne tarde pas à se faire sentir. Le miel peut même être employé pour plonger dans le vice un fils de la Sagesse (5:3)!

 

Mets rarement ton pied dans la maison de ton prochain, de peur qu’il ne soit rassasié de toi et qu’il ne te haïsse (v. 17).

Il y a aussi une retenue à observer dans les relations d’amitié. Quoi de plus précieux que cette dernière? Mais l’intimité peut engendrer la tentation de s’occuper des détails du ménage de l’ami. Alors ce dernier passera de la satiété à la haine, et ces précieux liens se trouveront définitivement rompus.

 

Versets 18-24 — Conduite envers les hommes.

L’homme qui rend un faux témoignage contre son prochain est un marteau et une épée et une flèche aiguë (v. 18).

Être un faux témoin contre quelqu’un, c’est posséder contre lui toutes les armes d’attaque, tandis qu’il n’a rien pour se défendre.

 

La confiance en un perfide, au jour de la détresse, est une dent cassée et un pied chancelant (v. 19).

Se confier en un perfide au jour de la détresse, c’est se priver de ressources, soit pour vivre, soit pour échapper à la calamité. Ce sera, d’une manière particulière, l’expérience des fidèles dans la grande tribulation (voyez Ps. 109).

 

Celui qui ôte son vêtement en un jour de froid, — du vinaigre sur le nitre, tel est celui qui chante des chansons à un cœur affligé (v. 20).

Apporter le bruit de sa gaieté à celui qui est accablé de chagrin, c’est dépouiller encore de son habit celui qui est déjà envahi par le froid, c’est augmenter le mal en l’irritant comme lorsqu’on verse du vinaigre sur du nitre; en un mot, c’est ajouter au deuil et à la douleur du malheureux. Cela prouve la sécheresse d’un cœur qui ne sait pas pleurer avec ceux qui pleurent.

 

Si celui qui te hait a faim, donne-lui du pain à manger, et, s’il a soif, donne-lui de l’eau à boire, car tu entasseras des charbons ardents sur sa tête, et l’Éternel te le rendra (v. 21-22).

Voyez Rom. 12:20.

Nous avons ici la contrepartie des v. 18-20. Surmonter le mal par le bien, tel est le caractère de l’amour vis-à-vis du monde, en contraste absolu avec le caractère d’un monde ennemi vis-à-vis du croyant. Au lieu du mensonge, de la perfidie, de la dureté de cœur, de l’insensibilité à la souffrance d’autrui, le chrétien voit son ennemi souffrir et lui vient en aide: C’est l’amour. En outre il regarde à la rémunération: c’est la confiance dans le Dieu qu’il sert. Il entasse des charbons de feu sur la tête de son ennemi: c’est un appel à la conscience de celui-ci et au jugement de lui-même. L’amour pourvoit non seulement à la misère de l’ennemi, mais s’intéresse à son âme. Cette maxime dépasse de beaucoup les limites morales d’Israël, de l’homme sous la loi. Cependant elle est appliquée merveilleusement dans le cas d’Élisée, le prophète de la grâce, en 2 Rois 6:21-23.

 

Le vent du nord enfante les averses, et les visages indignés, une langue qui médit en secret (v. 23).

Ce verset a été interprété de diverses manières. Notre version préfère le sens en apparence le moins clair, mais qui semble concorder davantage avec l’esprit de tout ce morceau.

Les visages indignés sont comparés au vent du nord. Comme ce dernier provoque des averses, l’indignation que l’on ne cache pas, puisqu’elle se montre sur le visage, a pour effet, chez l’objet de cette indignation, des paroles médisantes murmurées en secret, car il ne tient pas à tenir tête à la colère. Ainsi il se venge par derrière et a le dessus en ajoutant la médisance à ses paroles de blâme. Par cette sentence, le fils sage est exhorté à tenir en bride ses passions. Rien qu’à les montrer, il s’attirera les calomnies haineuses et cachées du monde. Dans les versets précédents le sage souffrait sans cause en faisant le bien, ici, il donne occasion, par la colère, aux mauvais propos.

 

Mieux vaut habiter sur le coin d’un toit, qu’une femme querelleuse et une maison en commun (v. 24).

Voyez 21:9; voyez aussi 21:19; 27:15.

Ce passage déjà cité mot pour mot plus haut, est bien à sa place ici pour compléter le sujet des pièges tendus au sage, des dangers qui le menacent dans ses relations avec le monde, soit hommes soit femmes, et des choses qu’il doit éviter.

 

Versets 25-28 — Conduite envers soi-même.

Les bonnes nouvelles d’un pays éloigné sont de l’eau fraîche pour une âme altérée (v. 25).

Cette sentence s’appliquera facilement aux circonstances du Résidu juif des derniers jours, mais comme elle s’applique bien aussi à nos circonstances chrétiennes! Une âme qui a soif, qui n’a rien trouvé autour d’elle qu’une terre déserte, altérée, sans eau, est rafraîchie par une parole du ciel. Son état la dispose à recevoir ce qui vient de loin, l’Évangile.

 

Le juste qui chancelle devant le méchant est une fontaine trouble et une source corrompue (v. 26).

En contraste avec l’eau fraîche du v. 25 où l’âme est rafraîchie par les bonnes nouvelles, nous avons ici le juste se laissant influencer par le méchant et perdant son équilibre moral devant lui, au lieu de tenir ferme après avoir tout surmonté. Il devient, par cette lâcheté, une fontaine trouble et une source corrompue, objet de répulsion pour ceux qui ont soif.

 

Manger beaucoup de miel n’est pas bon, et s’occuper de sa propre gloire n’est pas la gloire (v. 27).

Voyez 24:13; 25:16.

Ce passage ayant été diversement interprété, peut-être par erreur de copiste, nous nous en tiendrons à notre texte, en apparence le plus difficile. La pensée exprimée dans la première moitié du verset a déjà paru ailleurs. Il n’est pas bon de se nourrir trop des affections naturelles. Quelque précieuses qu’elles soient, elles ont leurs dangers, car il y a des affections plus élevées dont elles pourraient nous détourner: elles peuvent conduire à la satiété et au dégoût, ce que ne font jamais les affections spirituelles. Outre cela, les affections naturelles sont facilement égoïstes. Il en est de même si nous nous occupons de notre propre gloire, des privilèges dont nous sommes parés ou entourés. Être occupés de nos privilèges, même au point de vue spirituel, n’est pas la gloire. La gloire est celle du roi; pour nous, chrétiens, celle de Christ. Rien ne nous détache plus de nous-mêmes que d’être occupés de Lui.

 

L’homme qui ne gouverne pas son esprit est une ville en ruines, sans murailles (v. 28).

Cet avertissement se lie à la maxime précédente. Il faut que le sage exerce un contrôle habituel sur lui-même, ne se nourrisse pas beaucoup des affections naturelles et légitimes, ne fasse pas, même de ses bénédictions personnelles, le centre de ses pensées; agir ainsi c’est se livrer, comme une ville sans murailles, aux assauts victorieux de l’ennemi.