Proverbes

Chapitres 23:26-35 et 24

Chapitres 23 (v. 26-35) et 24

Versets 26-35

v. 26-28. Le v. 26 introduit plus directement l’Éternel: «Mon fils, donne-moi ton cœur» (voyez chap. 1-7). Si Dieu nous a donné un cœur pour le connaître (Jér. 24:7), il nous invite aussi à lui donner notre cœur. Il veut que le plaisir de nos yeux soit dans ses voies et, qu’étant ses fils nous nous gardions des souillures du monde, de la prostituée et de l’étrangère qui nous guettent continuellement pour nous précipiter dans la fosse. Nous avons besoin de cet avertissement solennel, si important pour le jeune homme, encore novice dans la voie de la sagesse. Mais notre cœur naturel à tous — notre vieil homme, notre chair — nous porte vers les souillures du péché (voyez 22:14).

 

v. 29-35. Ici, une description frappante de tous les maux qu’engendre l’ivresse: v. 29-30, mais surtout, v. 31-35, de la manière insidieuse dont le vin attire, puis pousse à la souillure inconsciente, à des paroles perverses et stupéfie. Hélas! le malheureux, devenu sa proie, dit: «Quand me réveillerai-je? J’y reviendrai, je le rechercherai encore». Quel avertissement solennel pour le fils de la Sagesse!

 

Chapitre 24

 Versets 1-10

v. 1-2. Ces versets continuent le sujet du chapitre précédent. L’Éternel lui-même donne des conseils à son fils. Celui-ci, lui ayant donné son cœur, sera attentif à Ses paroles. Le premier conseil est de ne pas envier les méchants; le sage est en danger de le faire quand les circonstances deviennent de plus en plus pénibles. C’est ce qu’Asaph exprime au Ps. 73:3. On les voit réussir, et l’on désirerait s’associer avec eux, sans penser à l’état de leur cœur. Sous des dehors corrects, leurs pensées sont destruction, leurs paroles tourment. Quelque attirants que soient ces dehors, le cœur médite le mal et les lèvres en parlent. La paix est loin de leur cœur.

 

v. 3-4. — Tandis que le méchant médite la destruction, la sagesse pense à construire, à bâtir.

Elle a en vue une maison où elle veut établir sa famille. L’intelligence lui est nécessaire pour qu’elle soit consolidée, car bien des éléments doivent en être exclus; enfin, la connaissance de tout ce qui est précieux, pourvoit la maison des richesses, des ornements, de tout ce qui peut la rendre agréable. Notez que l’intelligence et la connaissance sont des éléments inséparables de la sagesse. C’est de cette manière que le Seigneur a bâti sa maison; c’est de la même manière que nous sommes appelés à continuer à bâtir sur le seul fondement posé par un sage architecte (1 Cor. 3:10). Ce qui est vrai de la maison de Dieu est vrai aussi de la maison de chaque fils de la Sagesse.

 

v. 5-6. Ce n’est pas seulement l’intelligence pour édifier, la connaissance pour enrichir, qui caractérisent la sagesse. En elle est aussi la force, car elle a des ennemis à combattre. La même connaissance par laquelle elle a enrichi sa maison, l’affermit pour la lutte, et la prudence la dirige pour remporter la victoire (20:18). Mais, dans la lutte, s’il faut une direction unique, le sage se défiera de lui-même et pèsera l’avis de tous les conseillers, car la sagesse n’est pas départie à un seul. Cela ne veut pas dire un esprit indécis et changeant, mais un esprit qui résout toute question après avoir pesé la pensée de chacun. Le salut, c’est-à-dire la délivrance, est à ce prix (voyez 11:14; 15:22).

 

La sagesse est trop haute pour le fou; il n’ouvrira pas la bouche dans la porte (v. 7).

Ce ne sont certes pas les fous dont le sage sollicitera les conseils; la sagesse est trop haute pour eux; ils n’y sauraient atteindre; ils sont incapables du jugement que prononcent les sages, réunis à la porte de la ville dans ce but (Ruth 4:1-6).

 

Celui qui pense à mal faire, on l’appellera intrigant (v. 8).

Mais il y a un homme plus à craindre que le fou, celui qui forme de mauvais desseins; on l’appellera intrigant et cela suffira pour que le sage se détourne de lui. Son caractère le fait reconnaître, comme en 16:21, l’intelligence de l’homme sage de cœur, attire à lui les sages.

 

Le plan de la folie est péché et le moqueur est en abomination aux hommes (v. 9).

Le fou est capable de faire des plans et de former des projets, ils sont péché et ne peuvent être que cela; le sage n’en tiendra pas compte; le moqueur qui tient Dieu pour rien et affiche son incrédulité n’est pas seulement en abomination au sage, mais aux hommes en général. Les hommes n’aiment pas voir afficher l’absence de toute religion, ils tiennent à la leur, quelque non-valeur qu’elle ait aux yeux de Dieu.

 

Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince (v. 10).

Les v. 5-6 nous ont parlé de la force de l’homme sage, mais qu’est-ce donc que cette force s’il perd courage quand les difficultés surviennent? Il a compté, comme Pierre, sur quelque force en lui, et devant le vent et les vagues il enfonce. Jamais le courage ne manquera à ceux qui disent: Heureux celui «dont la force est en toi!» Ps. 84:6).

 

Versets 11-22

v. 11-12. La force que nous avons reçue doit être employée non seulement pour combattre ou pour marcher en avant, mais aussi pour secourir les autres. Il ne s’agit pas ici de faire la distinction entre ceux qui sont conduits injustement ou justement à la mort, mais du secours que nous pouvons donner aux uns et aux autres. Le chrétien appliquera cela à l’Évangile annoncé à ceux qui courent au devant de la mort. Les enfants de Dieu s’excuseront-ils de leur inaction vis-à-vis de ces condamnés? Diront-ils: «Nous n’en savions rien?» Celui qui garde notre âme en vue de cela, Lui le sait, et cela suffit. Ne t’a-t-il pas donné la force dans ce but? Tu es responsable d’en user, car Dieu rend à l’homme selon son œuvre.

 

v. 13-14. Le miel représente beaucoup de choses. Ici, la sagesse est le miel, comme au Ps. 19:11, toutes les paroles sorties de la bouche de Dieu. Mais ces choses, la sagesse et la Parole sont étroitement liées. Il faut s’approprier la sagesse. Si l’on s’en nourrit, on trouve la force comme nous l’avons vu plus haut, mais, en même temps, pour l’avenir une attente qui ne sera point trompée. Il en est de même (23:18) pour la crainte de l’Éternel.

 

v. 15-16. À vous maintenant, méchants qui cherchez à ruiner l’habitation du juste et à lui ôter tout ce qui semble lui donner de la sécurité dans ce monde. Au Ps. 4, devant tout l’effort des méchants, la foi répond: «Toi seul, ô Éternel! tu me fais habiter en sécurité»; ici, Dieu permet que le juste tombe sept fois (chiffre complet) devant l’assaut de l’ennemi, mais toujours il se relève. C’est la discipline et le châtiment des saints dans ce monde. Dieu permet ces chutes que Satan provoque. Il les permet pour punir l’orgueil, la confiance en soi, le manque de vigilance, le cœur qui ouvre la porte aux convoitises. Le seul sujet dont il soit parlé ici, c’est que le juste se relève, mais que la chute des méchants est définitive. Voyez l’exemple de David. Un juste peut-il être relevé de plus bas? Prenez l’exemple de Joab, d’Absalom, d’Akhitophel et de tant d’autres méchants; une ruine subite est venue sur eux; ils ont été précipités dans le malheur.

 

v. 17-18. L’exhortation s’adresse maintenant aux justes. Qu’ils se gardent de se réjouir en voyant tomber ou trébucher leurs ennemis. Le châtiment dont ils sont accablés pourrait être détourné de leur tête, et sur qui tomberait-il? Une telle question, laissée dans le vague, doit parler à la conscience du juste.

 

v. 19-20. Cette exhortation nous reporte au premier verset de ce chapitre d’un côté et au Ps. 73:3, de l’autre. Le juste peut envier les méchants, il est vite détrompé lorsque, comme Asaph, il est entré dans les sanctuaires de Dieu. Mais il peut aussi s’irriter au lieu de s’attendre patiemment à l’Éternel. L’irritation n’est ni la soumission, ni la dépendance, ni l’acceptation de la volonté bonne, agréable et parfaite de Dieu. Envie et irritation tombent quand on considère le sort des méchants dont la lampe s’éteint dans les ténèbres (voyez 13:9) et pour lesquels il n’y a pas d’avenir (cela, comme toujours, en vue des bénédictions millénaires).

 

v. 21-22. Toute cette division du livre se termine par la crainte de l’Éternel. Comme elle est le commencement, elle est la fin de la sagesse. Crains aussi le roi (1 Pierre 2:17). Le roi c’est Salomon, mais, comme nous l’avons vu si souvent dans les Proverbes, c’est bien plus que Salomon, c’est Christ. Ne te mêle pas à ceux qui s’élèvent contre l’Éternel et contre son Oint, car une calamité subite viendra sur eux, et «qui sait la ruine des uns et des autres?» Voudrais-tu être enveloppé dans leur calamité? Comme cela arrive si souvent dans l’Écriture, les conséquences de la responsabilité du croyant, car c’est au fils que cette exhortation est adressée, sont montrées dans toute leur ampleur et ne sont nullement atténuées. Devant ces conséquences il ne reste au juste qu’une seule ressource, mais toute-puissante et parfaite: la grâce.

 

Résumé

Dans l’admirable série qui s’étend de 22:17 à 24:22, nous trouvons l’enseignement de la Sagesse elle-même, s’adressant au fils, puis au père; puis l’enseignement du père au fils; enfin celui de l’Éternel: «Mon fils, donne-moi ton cœur» — le mettant avec une tendre sollicitude en garde contre tous les dangers du chemin. La joie de la mère en voyant le fils marcher dans ces voies est profondément touchante. Le chap. 24:1-22 nous ramène à des maximes générales.

 

Appendice — Chapitre 24 (v. 23-34)

Dans un court Appendice, de même forme que celui qui commence au v. 17 du chap. 22, les exhortations des sages continuent. L’Écriture n’en nomme pas les auteurs et par conséquent ne nous autorise pas à tirer des conclusions à cet égard, sauf le soin que prend l’Esprit de Dieu de répéter aux v. 33-34 les paroles de Salomon lui-même (voyez 6:10-11).

 

Versets 23-29

Voyez 18:5; 28:21.

Ces quatre versets prononcent, sur le sujet de l’acception de personnes, soit en général, soit dans le jugement, un blâme d’autant plus sensible à ceux qui l’encouragent qu’il est simple et sans aucune atténuation: Ce n’est pas bien. Si l’on dit au méchant: Tu es juste, on soulèvera contre soi l’indignation et les malédictions des peuples qu’il opprime. Si on le reprend publiquement, on sera agréable aux hommes en leur faisant apprécier la vérité, et agréable à Dieu qui pour le prouver versera sa bénédiction sur les siens. Des paroles justes sont une preuve d’affection pour ceux devant lesquels on les prononce. Le monde croit se rendre agréable aux hommes en mentant et en jugeant faussement.

 

Prépare ton ouvrage au dehors, et mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison (v. 27).

La prévoyance est une des qualités qui appartiennent au fils de la Sagesse. Il y a à s’assurer d’avoir du travail au dehors et à préparer son domaine (quelque petit qu’il soit) en vue du rapport, avant de songer à se créer une famille.

 

Ne sois pas témoin sans motif contre ton prochain; voudrais-tu donc tromper de tes lèvres? (v. 28)

Si tu as un prochain, tu es tenu de l’aimer comme toi-même. Ce prochain a un procès et il se peut que tu sois appelé à témoigner contre lui. Si ce motif n’existe pas, ne te présente pas comme témoin. Ou tu l’accuseras, ou bien tu le disculperas parce qu’il est ton prochain. Mais alors tu auras trompé de tes lèvres.

 

Ne dis pas: Comme il m’a fait, je lui ferai; je rendrai à l’homme selon son œuvre (v. 29).

Voyez 20:22; 24:12.

«Ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés; mais laissez agir la colère» (Rom. 12:19); ce principe est aussi vrai sous la loi que sous la grâce. Jamais nous ne sommes appelés à rendre le mal pour le mal. Cela appartient à la justice de Dieu qui «rend à l’homme selon son œuvre». Quelle présomption de vouloir usurper Sa place!

 

Versets 30-34

Voyez 6:10-11.

Il y a instruction pour le sage à considérer toujours de nouveau et à apprendre par cœur quels sont les fruits de la paresse. La folie et la paresse vont de pair. Celle-ci conduit à la négligence des biens que Dieu nous a confiés et qui Lui appartiennent, à la négligence aussi des intérêts de Dieu dans ce monde. N’oublions jamais l’activité dans tous les domaines, mais surtout l’activité pour Lui. Elle nous garde dans sa communion. Elle délivre le sage de penser à lui-même. Combien est à plaindre et à blâmer «l’homme paresseux!»