Proverbes

Chapitre 17

Versets 1-6

Mieux vaut un morceau sec et la paix, qu’une maison pleine de viandes de sacrifices et des querelles (v. 1).

Ce verset est comme un complément de 16:8 et de 15:17, mais il traite spécialement de la paix dans la maison. Elle vaut mieux avec le strict nécessaire pour la vie que les repas abondants des sacrifices de prospérité, donnant aux invités l’impression de l’union familiale, tandis que cette apparence recouvre les querelles intestines.

 

Un serviteur sage gouvernera le fils qui fait honte, et il aura part à l’héritage au milieu des frères (v. 2).

Ce passage traite encore de la vie de famille. On peut être infiniment plus sage, dans une position d’humble dépendance, que celui qui possède, de naissance, les privilèges et l’autorité, et dont la conduite est l’opprobre de sa famille. À ce serviteur sage le gouvernement, donc l’autorité sur celui qui ne la possède qu’extérieurement, sera confiée. Bien plus, sans aucun droit apparent, il aura part à l’héritage et sera mis sur un pied d’égalité avec les frères. Comme cette pensée s’applique aux relations entre Gentils et Juifs, puis aux relations des vrais serviteurs avec ceux qui ont le nom de diriger la maison de Dieu!

 

Le creuset est pour l’argent, et le fourneau pour l’or; mais l’Éternel éprouve les cœurs (v. 3).

L’argent et l’or, ces matières précieuses, ont besoin du creuset pour être mises en valeur; les cœurs des saints, des membres de Sa famille, sont pour Dieu cette chose précieuse. Il est nécessaire que leur foi, bien plus précieuse que l’or qui périt, soit éprouvée pour être délivrée de tout alliage (1 Pierre 1:6-7).

 

Celui qui fait le mal est attentif à la lèvre d’iniquité; le menteur prête l’oreille à la langue pernicieuse (v. 4).

La vérité présentée dans ce passage n’est pas que les mauvais conseils poussent au mal, mais que le méchant et le menteur sont amis des mauvais propos et des paroles pernicieuses et sont attirés de ce côté-là. Qui se ressemble s’assemble.

 

Qui se moque du pauvre outrage celui qui l’a fait; qui se réjouit de la calamité ne sera pas tenu pour innocent (v. 5).

Voyez 14:31.

Cette sentence sert de complément à celle de 14:31. Se moquer du pauvre n’est pas seulement, comme nous l’avons remarqué plus haut, faire de sa pauvreté un sujet de plaisanterie, mais le traiter avec mépris comme un être sans valeur. C’est un outrage envers le Dieu qui l’a fait, et qui s’identifie avec le pauvre; l’honorer est un acte d’obéissance envers Christ. N’est-il pas dit au sujet de Celui-ci: «Bienheureux celui qui comprend le pauvre?» (Ps. 41:2). Si cette pauvreté est la calamité — le mal tombant inopinément sur celui qui était prospère, — s’en réjouir c’est être tenu pour coupable. On n’a peut-être rien fait contre le malheureux, mais les pensées du cœur à son égard, sont venues au jour. Combien ces sentiments se sont donné libre carrière chez les ennemis de Juda, et, bien plus, autour de la croix de Christ! Dieu les a-t-il oubliés?

 

La couronne des vieillards, ce sont les fils des fils, et la gloire des fils ce sont leurs pères (v. 6).

Ce passage est un complément de 16:31. Il y a non seulement une bénédiction personnelle pour le vieillard qui suit la voie de la justice, mais, selon le gouvernement de Dieu cette bénédiction s’étend à toute sa postérité et ses enfants s’honorent d’appartenir à un tel père. Cette bénédiction gouvernementale se réalisera pleinement dans le millénium, comme nous le montrent tant de passages des Psaumes et des prophètes (voyez Ps. 127, 128). Cette première division du chapitre s’occupe, quoique d’une manière assez peu évidente, de la maison et de la famille.

 

Versets 7-26

La parole excellente ne convient point à un homme vil; combien moins sied à un prince la lèvre menteuse (v. 7).

Ce passage est un complément de 16:13. Pourrait-on comprendre une parole excellente dans la bouche d’un homme vil? Ces deux choses ne peuvent s’accorder. Le caractère de cet homme enlèverait toute édification à son discours et personne n’en tirerait profit. À bien plus forte raison des paroles mensongères sont-elles incompatibles avec le caractère de ceux que Dieu a établis en dignité, comme conducteurs. Cette sentence, comme tant d’autres, trouve son application dans l’état actuel de la chrétienté.

 

Le présent est une pierre précieuse aux yeux de celui qui le possède; de quelque côté qu’il se tourne, il réussit (v. 8).

On donne un présent (hébreu: Shochad) pour apaiser la personne qu’on a offensée, mais aussi pour décider le juge en notre faveur. La loi le défend dans ce dernier cas, parce que c’est un moyen de corrompre le juge et de faire fléchir son jugement. On voit au v. 23 l’emploi que le méchant en fait. Ce verset 8 nous parle simplement de la valeur du présent pour celui qui le possède. De quelque manière qu’il l’applique, il réussit toujours.

 

Qui couvre une transgression cherche l’amour, mais celui qui répète une chose divise les intimes amis (v. 9).

Il pourrait y avoir un lien entre ce verset et le précédent. Quoi qu’il en soit, ce passage nous reporte au chap. 10:12 d’une part, et de l’autre au chap. 16:28. Qui couvre une transgression cherche l’amour. L’amour est son but dans l’acte de couvrir le péché, de ne pas le divulguer; il ne désire pas cacher le péché, mais il veut relever le transgresseur. Parler de la transgression, en répéter le récit, la divulguer, détruit les liens les plus intimes entre des amis.

 

La répréhension fait plus d’impression sur l’homme intelligent que cent coups sur le sot (v. 10).

La répréhension fait partie comme nous l’avons vu souvent de l’instruction donnée par la sagesse, l’intelligence fait partie de la sagesse même. Ainsi la discipline, même pénible, trouve un terrain préparé pour la recevoir; elle fait l’impression voulue sur celui qui est si souvent appelé fils; tandis que le jugement le plus douloureux laisse insensible l’ignorant obstiné. Il ne comprend pas que c’est Dieu qui lui parle (voyez 10:13; 26:3).

 

L’inique ne cherche que rébellion; mais un messager cruel sera envoyé contre lui (v. 11).

Complément de 16:14. C’est le caractère de l’inique, de l’homme auquel sa propre volonté fait loi, de se rebeller continuellement contre la volonté de Dieu, mais un messager cruel sera envoyé contre lui, c’est-à-dire qu’il n’échappera pas au jugement que l’autorité divine exercera à son égard.

 

Qu’un homme rencontre une ourse privée de ses petits, plutôt qu’un sot dans sa folie (v. 12).

Le sot, la foule ignorante, livrée à sa folie, n’entendant rien, abandonnée à l’impulsion satanique, emportée par ses passions, cruelle sans réflexion, ayant soif de sang, est pire qu’une bête féroce au moment le plus dangereux pour la rencontrer. Telle était la foule ameutée contre Paul à Éphèse (cf. Os. 13:8).

 

Le mal ne quittera point la maison de celui qui rend le mal pour le bien (v. 13).

Une maxime du gouvernement de Dieu. Telle fut la maison de Saül auquel David n’avait fait que du bien, tel Judas, tels les adversaires du Messie (Ps. 69:26; 109:8; Actes 1:20).

 

Le commencement d’une querelle, c’est comme quand on laisse couler des eaux; avant que la dispute s’échauffe, va-t’en (v. 14).

Quand un réservoir commence à s’effondrer, les eaux, dans les premiers instants, coulent doucement, puis deviennent un torrent qui renverse tout sur son passage. Le sage se retire au début de la querelle et n’en est pas atteint.

 

Celui qui justifie le méchant et celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination à l’Éternel (v. 15).

Les Proverbes nous présentent beaucoup de choses qui sont en abomination à l’Éternel. Il faut que nous appréciions ces choses comme Lui. Nous en avons vu un résumé au chap. 6:16. L’iniquité, quelque forme qu’elle revête, doit être une abomination pour le juste (29:7) comme elle l’est pour Dieu lui-même. Combien nous avons à prendre garde à cette sentence du v. 15 quand la nécessité de prononcer un jugement se présente à nous. L’exemple le plus solennel de cette abomination a été fourni quand les hommes ont condamné Jésus Christ, le juste, et ont justifié le méchant à commencer par Barrabas. Mais rappelons-nous que lorsque surgissent des contestations entre frères, il arrive rarement que nous prenions parti pour le méchant sans condamner le juste.

 

Pourquoi donc le prix dans la main d’un sot pour acheter la sagesse, alors qu’il n’a point de sens? (v. 16).

La sagesse doit être acquise et c’en est le commencement (4:7). Il faut sacrifier tout ce qu’on a pour l’obtenir, mais elle ne se communique qu’à celui qui a été engendré par elle et qui craint l’Éternel. Le sot n’a pas le désir de connaître la sagesse, il ignore cette crainte. Comment lui proposerais-je de l’acheter s’il ne la connaît pas? Le prix lui-même pour l’acquérir, la crainte de Dieu, la haine du mal, l’amour du bien, placé dans sa main, n’a aucune valeur pour lui. Sa folie ne connaît pas ce prix.

 

L’ami aime en tout temps et un frère est né pour la détresse (v. 17).

L’ami aime en tout temps! Quelle vérité appliquée à Celui qui s’appelle notre ami! Jamais son amour n’a fait, ni ne fera défaut un seul instant et dans quelque circonstance que ce soit. Mais il nous est aussi donné de réaliser entre nous ce caractère d’amis. «Les amis te saluent. Salue les amis, chacun par son nom», dit l’apôtre Jean (3 Jean 14). «Un frère est né pour la détresse». C’est dans les difficultés, que nous éprouvons ce qu’est un frère. De même nature, de même origine, ayant les mêmes intérêts que nous, partageant nos peines, nous aidant de ses ressources, qui pourrait le remplacer? Ne semble-t-il pas comme né pour ce moment-là?

 

L’homme dépourvu de sens frappe dans la main, s’engageant comme caution vis-à-vis de son prochain (v. 18).

Ce verset se relie au précédent par contraste (voyez 6:1-5; 11:15). Cautionner c’est être dépourvu de sens. Peut-on disposer de soi-même et de ses biens et mettre sa confiance dans un autre homme? Peut-on compter sur le jour de demain? La caution est un acte de camaraderie selon le monde, le contraire de l’ami et du frère au v. 17. Un seul a pu cautionner pour nous et en a porté toutes les conséquences; un seul a pu dire «J’ai trouvé une rançon», et c’est sa prérogative divine et sa gloire.

 

Qui aime les contestations aime la transgression; qui hausse son portrait cherche la ruine (v. 19).

Sert de complément à 16:18. Il y a des âmes qui ne reculent pas devant les discussions et les controverses, mais bien plutôt qui les aiment. Il n’est guère possible, quand on conteste, de ne pas manquer de support, de douceur, de patience, d’amour. On est facilement entraîné à s’estimer supérieur aux autres, sans parler des paroles blessantes qui nous échappent dans la discussion. On se grandit à ses propres yeux. Cela va de pair avec l’orgueil qui cherche à s’agrandir. Hausser son portail, c’est s’agrandir aux yeux du public. Pour un Seul les portails éternels seront trop petits: «Portes, élevez vos têtes! et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera!» (Ps. 24). Quand l’homme aspire à l’élévation, il cherche sa ruine et la trouvera certainement.

 

Celui qui est pervers de cœur ne trouve pas le bien; et celui qui use de détours avec sa langue tombe dans le mal (v. 20).

Le cœur pervers vient après le cœur hautain du v. 19. Ce verset sert de complément à 16:28, 30. Le cœur pervers aime le mal et ne trouvera jamais le bien qu’il a méprisé; et celui qui manque de droiture dans ses discours, afin d’éviter les inconvénients que sa franchise pourrait lui susciter, tombe dans le mal qu’il voulait éviter. Cela appartient au gouvernement de Dieu dans ce monde.

 

Celui qui engendre un sot l’engendre pour son chagrin; et le père d’un homme vil ne se réjouira pas (v. 21).

Ce passage me semble parler d’abord de la responsabilité de l’homme. Le père, quand il engendre un fils, doit le mettre immédiatement à l’école de la sagesse, comme ce livre nous l’enseigne. Mais ici l’homme engendre à son image, et ce qu’il engendre participe de sa nature. Il ne peut en sortir que du chagrin. Au chap. 10:1, nous voyons, cas très exceptionnel, qu’on peut être fils et être sot, ce qui cause du chagrin à la mère. Ici, il n’est pas question de telles relations, mais du simple fait d’avoir été engendré selon la nature. On ne peut trouver ni satisfaction, ni joie dans une descendance qui est celle de l’homme naturel (cf. 25).

 

Le cœur joyeux fait du bien à la santé, mais un esprit abattu dessèche les os (v. 22).

«Le cœur joyeux», un cœur qui peut se réjouir dans le bien produit, profite au corps. L’abattement d’esprit, provenant de ce qu’on se trouve sous le poids du mal, dessèche les fondements de notre être physique. Ceci est une maxime générale comme la précédente. Comparez ce passage avec 15:13.

 

Le méchant prend de son sein un présent pour faire dévier les sentiers du jugement (v. 23).

Complément du v. 8. Là, nous avions la valeur du présent pour celui qui le possède; ici, l’usage que le méchant en fait. Il l’emploie pour corrompre le juge et pour faire aboutir le jugement à un résultat inique.

 

La sagesse est en face de l’homme intelligent, mais les yeux du sot sont au bout de la terre (v. 24).

L’homme intelligent selon Dieu a la sagesse en face de lui, comme son objet immédiat. Il ne se contente pas de la chercher, il la voit, l’associe à toute son existence, comme en faisant partie. Les yeux de l’insensé ne voient rien devant lui, ils sont attirés par des convoitises stériles qu’il ne pourra jamais atteindre. La sagesse était tout près de lui: Près de toi est la parole (Rom. 10:8); il l’ignore et poursuit ses chimères.

 

Un fils insensé (hébreu: Kesil) est un chagrin pour son père et une amertume pour celle qui l’a enfanté (v. 25).

Ce verset est la contrepartie de 15:20 et en même temps un complément du v. 21. Il ne s’agit plus ici des rapports selon la chair, mais du fils vis-à-vis de son père et de sa mère. Nous avons déjà fait ressortir ces relations aux chap. 10:1; 13:1; 15:20. On peut être né d’un père et d’une mère, possédant une autorité selon Dieu pour instruire leur fils dans les voies de la sagesse, et cependant être assimilé dans sa conduite et ses pensées au monde, volontairement éloigné des pensées de Dieu. On introduit ainsi le chagrin et l’amertume dans le cœur de ceux qui nous enseignent et nous aiment selon Dieu. Quel brisement de cœur pour ce fils insensé, lorsque, comme le fils prodigue, il revient à lui-même!

 

Il n’est pas bon de punir le juste et de frapper les nobles à cause de leur droiture (v. 26).

«Il n’est pas bon»: Prenez garde aux conséquences! Punir le juste, c’est l’histoire d’Israël à l’égard de Christ. «Frapper les nobles»: exemple: la conduite des principaux à l’égard des disciples qui parlaient avec droiture (Actes 10:29-32).

 

Versets 27-28

Celui qui a de la connaissance retient ses paroles, et un homme qui a de l’intelligence est d’un esprit froid (v. 27).

Ce verset et le suivant se lient. La connaissance et l’intelligence appartiennent à la sagesse, comme nous l’avons vu souvent. Celui qui a de la connaissance retient ses paroles, sachant que dans leur «multitude la transgression ne manque pas» (comp. 10:19); celui qui est capable par l’intelligence de s’approprier les pensées de Dieu, ne s’échauffe ni sur ses propres pensées, ni sur celles des autres (Jacq. 1:19).

 

Même le fou qui se tait est réputé sage, — celui qui ferme ses lèvres un homme intelligent (v. 28).

Se taire donne même au fou l’apparence de la sagesse et de l’intelligence, faisant honte ainsi au grand nombre. Le sage est mis en garde ici contre l’apparence.

 

Résumé

Ce chapitre est composé de pensées détachées qui n’offrent que deux fois une liaison entre elles. En revanche, un grand nombre de ces pensées sont comme le complément de pensées exprimées au chap. 16, et de maximes contenues dans d’autres chapitres, ce qui en rend le Résumé impossible. Nous avons attiré l’attention dans les remarques préliminaires sur la deuxième partie de cette étude, chapitres 10 à 24 le but de ce désordre apparent.