Proverbes

Chapitre 10

Première série — Chapitres 10 à 12

Chapitre 10

Verset 1

Un fils sage réjouit son père, mais un fils insensé (sot) est le chagrin de sa mère.

Voyez 15:201.

1 Les passages désignés ainsi et cités immédiatement après la sentence indiquent les répétitions totales ou partielles du Proverbe.

Ce verset est initial et sert d’introduction, non seulement à ce chapitre, mais à tous les chapitres suivants. Nous y trouvons (voyez ce qui en est dit au début de cet ouvrage) les caractères du fils, placé sous l’enseignement des parents qui lui communiquent le fruit de leur expérience. Le fils est toujours considéré comme étant dans une relation connue avec l’Éternel, et jamais le méchant ne peut prétendre à cette relation.

Le fils peut être sage ou insensé (hébreu: Kesil) (ou sot, quand même ce terme «sot» (Kesil) est habituellement appliqué à ceux qui sont entièrement étrangers à toute relation avec l’Éternel, d’où notre traduction «insensé» quand il s’agit de cette relation). Notre relation avec Dieu comme fils, ou notre relation avec nos parents qui représentent Dieu dans son gouvernement, ne nous délivrent pas des pièges du monde ou des caractères de la chair dans nos propres cœurs. Or ces caractères sont naturels, constants et invariables chez tous ceux qui ne sont pas fils de la sagesse, car tous sont dans la chair, tandis que, pour le fils, la chair qui est en lui peut être domptée ou réduite au silence par l’instruction et la discipline. Il peut y avoir, selon le caractère que montre le fils, de la joie ou du chagrin dans la relation avec ses parents et le chagrin est d’autant plus profond que la sollicitude et l’amour (représentés ici par la mère) ont été plus prompts à se manifester. Quelle insensibilité a donc le cœur du fils, quand il chagrine l’amour.

Ces deux caractères, notés chez un fils, sont de toute importance, parce qu’ils posent, dès le début, d’un côté le principe de notre relation avec Dieu, de l’autre, le principe de la chair en nous, et de ses conséquences, si nous nous laissons guider par elle.

 

Versets 2-5

Les trésors de la méchanceté ne profitent de rien, mais la justice délivre de la mort (v. 2).

Ici la différence n’est plus, comme nous pourrons le voir, dans la suite de ce chapitre, entre un fils sage et un fils insensé (ou sot), tous deux placés dans la même relation, comme au v. 1; elle est entre le juste et le méchant. Jamais le méchant n’est appelé fils; pour lui, cette relation n’existe pas. Dans le monde, la méchanceté et la justice sont entièrement opposées l’une à l’autre. La méchanceté est ce qui caractérise aux yeux de Dieu tout homme qui n’est pas juste ou bon. Il n’existe pour Lui que ces deux classes de personnes. On est juste par la foi, et capable de pratiquer la justice; on est bon, quand, par l’Esprit, on est participant de la nature même de Dieu; on est méchant dès qu’on n’accepte pas la grâce ou qu’on s’y oppose (Matt. 5:45). Par ses trésors, la méchanceté ne peut obtenir quoi que ce soit, ni vie, ni un pouce ajouté à sa taille; à quoi ces trésors lui servent-ils pour vivre? Chose importante à déclarer, dès le début, au milieu d’un peuple où la faveur divine se faisait connaître par les bénédictions terrestres.

«La justice délivre de la mort». Il s’agit ici de voir, sous le gouvernement de Dieu, ses jours prolongés sur la terre. Ces voies ne sont réalisées aujourd’hui que partiellement pour nous, chrétiens, parce que nous avons pour objectif une vie au delà de la mort; mais elles le seront pleinement dans le Millénium où le méchant ne pourra se sauver de la mort, tandis qu’aucun juste ne mourra. Sous le régime de la loi, combien de justes n’ont-ils pas fait mainte fois l’expérience de cette vérité? Tel le pieux Ézéchias (És. 38:16-17).

 

L’Éternel ne laisse pas l’âme du juste avoir faim, mais il repousse l’avidité des méchants (v. 3).

Ce verset se lie intimement au précédent: Il s’agit toujours du juste et du méchant sous le gouvernement de Dieu, quant à la vie présente. Le juste ne manquera jamais de nourriture, et même aujourd’hui cette promesse subsiste: «La piété est utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente» (1 Tim. 4:8). Tel fut Élie au torrent de Kerith et plus tard dans le désert. L’avidité des méchants qui ne sont jamais rassasiés des biens matériels et qui se disent: «Mange, bois, et fais grande chère» rencontre, au moment même où ils pensent s’emparer de ces biens, la main de l’Éternel qui repousse leur désir: «Cette nuit même ton âme te sera redemandée!» (Luc 12).

 

Celui qui agit d’une main lâche devient pauvre, mais la main des diligents enrichit. Celui qui amasse en été est un fils sage; celui qui dort durant la moisson est un fils qui fait honte (v. 4-5).

Ces deux versets mentionnent de nouveau le fils de la sagesse pour le mettre en garde contre un abus du v. 3. Il pourrait se livrer à l’oisiveté en invoquant cette parole, que l’Éternel ne le laissera pas avoir faim. Non, il faut de l’énergie à l’ouvrage et la diligence enrichit. Il y a aussi des saisons où un travail énergique et continu est requis pour récolter du fruit. Celui qui prend ses aises et se livre à la paresse, dans un temps où la moisson appelle tous les ouvriers, est un fils qui fait honte à Celui qui l’a engendré et à ses propres collaborateurs. Il est à peine nécessaire de faire remarquer que l’application de cette sentence ne s’étend pas seulement au travail matériel. Le sujet de la paresse occupe une place importante dans les Proverbes. Outre les passages déjà cités, il suffira d’en mentionner quelques-uns sur lesquels nous aurons à revenir: 10:26; 13:4; 19:15, 24; 20:4, 13; 21:25.

 

Versets 6-7

Il y a des bénédictions sur la tête du juste, mais la bouche des méchants couvre la violence (v. 6).

Voyez v. 11.

Après l’exhortation adressée à ceux qui appartiennent à la Sagesse, l’Esprit reprend le sujet du juste et du méchant. Le juste est l’objet marqué des faveurs divines. Il en fut ainsi de Joseph, il en est ainsi de Christ. «Les bénédictions de ton père», est-il dit de lui, «seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de Celui qui a été mis à part de ses frères» (Gen. 49:26). Mais ces mêmes faveurs sont invoquées sur la tête du juste par ceux pour lesquels il a été en bénédiction. C’est une position précieuse pour les justes d’être placés dans ce monde comme témoins des bénédictions qui sont le partage de Christ. Seuls les méchants ne peuvent s’en réjouir. À l’occasion, leur haine se déchaînera avec violence contre les témoins de Christ, comme elle l’a fait envers leur Maître. Si peut-être ils se taisent maintenant, ou que «leur bouche couvre la violence», ces sentiments sont au fond de leur cœur et, à l’occasion, se frayeront une issue.

 

La mémoire du juste est en bénédiction, mais le nom des méchants tombe en pourriture (v. 7).

Ce verset se lie intimement à celui qui précède. Les bénédictions n’accompagnent pas seulement le juste pendant sa vie; après sa mort, sa mémoire les apporte encore à d’autres; tandis que le nom du méchant finit par disparaître comme un cadavre dans la corruption, rejeté comme tel de devant Dieu.

 

Versets 8-10

Celui qui est sage de cœur reçoit les commandements, mais l’insensé (hébreu: evil) de lèvres tombe (v. 8).

La sagesse et la justice vont dans ce chapitre la main dans la main (voyez 13, 14, 19, 23). La sagesse dans le cœur s’allie à la dépendance de la volonté de Dieu exprimée dans sa Parole. Elle s’occupe d’abord à recevoir, comme Marie aux pieds de Jésus, au lieu de songer d’abord à donner et à produire au dehors, ce qui est le contraire de la dépendance. Elle reçoit les commandements qui la lient à la volonté de Dieu. Ce qui caractérise l’insensé est exactement le contraire de cela. Il parle au lieu d’apprendre; il est occupé de lui-même; il n’y a rien de Dieu, ni pour Dieu dans son cœur; aussi ne pourra-t-il subsister; sa chute est certaine.

 

Celui qui marche dans l’intégrité marche en sûreté, mais celui qui pervertit ses voies sera connu (v. 9).

Ce verset se lie au précédent. Après l’obéissance et la dépendance, vient la marche. Le gouvernement de Dieu fera connaître ce qu’elle vaut. Cette maxime est générale et peut tout aussi bien s’appliquer au juste. Une marche de droiture est une marche sûre; il ne faut jamais l’oublier. Elle conduit droit au but et nous préserve des pièges de l’Ennemi. Si, au lieu de continuer dans ce chemin, l’on pervertit ses voies, si l’on y introduit des éléments étrangers à l’intégrité, le moment arrivera où l’on sera connu comme un homme malhonnête. Et si c’est un juste qui est entré dans ce chemin, quelle honte pour lui, quel déshonneur sur le nom qu’il porte et sur l’ensemble du peuple de Dieu!

 

Celui qui cligne de l’œil cause du chagrin, et l’insensé de lèvres tombe (v. 10).

Voyez v. 8 et 6:13.

Ce verset se relie directement à la «perversité des voies» au verset précédent, comme il ressort de la description du chap. 6:12-13. Tout ce qui est compris dans les vers. 8-10 est plutôt la caractéristique des méchants, mais, comme nous l’avons dit, ce sont des maximes générales et quel fils de la sagesse n’a pas eu à juger les tendances de son cœur charnel exposées ici. «Cligner de l’œil» est la dissimulation et la malignité cachée qui cherche à faire remarquer les fautes des autres sans se compromettre. Combien de chagrins causés de cette manière! chagrin pour celui qui, sans savoir d’où vient l’attaque, et sans pouvoir se défendre, se trouve compromis aux yeux du prochain, chagrin pour l’amour (voy. v. 1) qui a coutume de veiller tendrement sur lui.

Il en est autrement de celui qui parle inconsidérément, dont les lèvres ne sont pas l’expression de la vérité dans le cœur, et n’ont pas pour but le bien du prochain, ou la gloire de Dieu (voyez v. 8). Celui-là fait du tort à lui-même, sa chute est certaine.

 

Versets 11-12

La bouche du juste est une fontaine de vie, mais la bouche des méchants couvre la violence (v. 11).

Voyez v. 6.

Nous avons ici le contraste entre la bouche du juste et celle du méchant. Le cœur s’exprime par la bouche. Celui du juste a commencé par recevoir la vie en buvant lui-même à la source (Jean 7:37-38). Ayant reçu la vie, il ne peut la garder pour lui; elle s’épanche au dehors par ses paroles en flots d’eau vive pour apporter la vie à d’autres. La bouche des méchants ne laisse rien passer pour d’autres, elle couvre ce qu’il y a au fond du cœur naturel (cf. v. 6). À l’occasion le cœur naturel se trahira par ses paroles et laissera paraître au dehors la haine au lieu de l’amour, la mort au lieu de la vie, la violence au lieu de la paix.

 

La haine excite les querelles, mais l’amour couvre toutes les transgressions (v. 12).

En effet, ce qu’il y a dans le cœur se montre tôt ou tard au dehors et se juge par ses fruits. Ainsi les œuvres de la chair sont manifestes et les querelles en sont une partie (Gal. 5:19, 20). Mais si l’amour est dans le cœur, il «couvre toutes les transgressions». N’en a-t-il pas été ainsi de l’amour de Christ? En vertu de son œuvre d’amour, pas une seule de nos iniquités ne subsiste (Ps. 32:1), mais le juste, lui aussi, ayant cet amour versé par l’Esprit dans son cœur, peut le montrer à d’autres. «Ayant entre vous un amour fervent», dit Pierre, «car l’amour couvre une multitude de péchés», ou, selon Jacques: «Celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés» (1 Pierre 4:8; Jacq. 5:20). Nous avons ainsi, dans les v. 11 et 12, ce que la bouche du méchant couvre, et ce que couvre l’amour du juste.

 

Versets 13-14

Sur les lèvres de l’homme intelligent se trouve la sagesse, mais la verge est pour le dos de celui qui est dépourvu de sens (v. 13).

Voyez 19:29; 26:3.

Ce verset oppose d’une manière générale l’intelligence à l’inintelligence. La première, la faculté chez l’homme de discerner les pensées de Dieu, a pour résultat qu’il exprimera par ses discours la sagesse, c’est-à-dire la pensée de Dieu sur toutes les choses qui se présentent et deviendra de cette manière un guide pour les autres. L’inintelligent, celui qui est dépourvu de sens, ne peut ni communiquer ni recevoir cette instruction, le châtiment seul est le moyen de lui faire comprendre la pensée de Dieu.

 

Les sages tiennent en réserve la connaissance, mais la ruine est près de la bouche du fou (hébreu: evil) (v. 14).

Ce verset oppose la sagesse à la folie. Les sages ont des trésors de connaissance acquise qu’ils gardent par devers eux pour s’en servir au temps convenable. Le fou parle; ses paroles n’ont pas plus de valeur que lui-même, et s’il ouvre la bouche c’est la ruine; il est condamné par ses paroles, ou plutôt: il a toujours à sa portée des éléments de destruction par ses paroles.

 

Versets 15-17

Les biens du riche sont sa ville forte; la ruine des misérables, c’est leur pauvreté (v. 15).

Ce verset semblerait se relier au précédent. C’est ainsi que les hommes considèrent richesse et pauvreté. Ils se croient inattaquables avec la première, ils cherchent en elle refuge et sécurité, tandis que la pauvreté est considérée comme la ruine des misérables. La Sagesse nous enseigne le contraire: le riche se glorifie dans son abaissement et le frère de basse condition dans son élévation. Elle nous enseigne aussi que la vraie richesse est la connaissance tenue en réserve par le sage et que la vraie ruine est celle qui menace le fou. Il y a dans le verset que nous avons sous les yeux une ironie qui sert d’enseignement.

 

L’œuvre du juste est pour la vie, le revenu du méchant est pour le péché (v. 16).

En contraste avec la position du riche au verset précédent, nous avons ici le travail du juste (de celui des voies duquel le péché est exclu). Ce travail tend à la vie; il a pour but de la produire chez d’autres; il a aussi pour but de «l’atteindre» et de la «saisir» pour soi-même. Il n’est pas parlé de l’œuvre du méchant, mais de son revenu: c’est lui qui est ici dans la position du riche au v. 15; il ne travaille pas, mais jouit des intérêts de sa fortune, lesquels alimentent le péché. Il est d’expérience journalière que rien n’est plus corrompu et corrupteur que l’argent. Or le péché conduit à la mort et la mort au jugement, tandis que le juste, acceptant les conséquences de la chute, se contente de travailler à la sueur de son visage dans un monde ruiné par le péché, mais avec l’heureuse perspective que son travail est à l’abri de la puissance de la mort.

 

Garder l’instruction (ou la discipline), c’est le sentier qui mène à la vie; mais celui qui abandonne la répréhension s’égare (v. 17).

La pensée de ce verset complète celle du précédent. Pour que le juste suive le chemin de la vie, la discipline ou la répréhension ne peuvent lui manquer. Il est engagé à y prendre garde et à ne pas la mépriser, car c’est par la discipline que Dieu nous instruit, nous purifie, et sans elle nous ne pourrions atteindre la vie; tandis que celui qui se soustrait à la répréhension entre dans un sentier où il s’égare et qui ne l’amènera jamais au but. Il peut être utile de remarquer une fois pour toutes que le mot vie dans les Proverbes, comme du reste dans tout l’Ancien Testament, n’a pas la portée du mot la vie éternelle dans le Nouveau, même dans les très rares occasions où ce dernier terme est employé dans l’Ancien Testament. Il s’agit soit de la vie de l’âme, soit d’une prolongation de vie ici-bas, soit de la jouissance de la vie au milieu des bénédictions millénaires. Ce verset a trait d’une manière particulière à l’éducation du fils.

 

Versets 18-22

Celui qui couvre la haine a des lèvres menteuses, et celui qui propage les calomnies est un sot (v. 18).

Il a été question précédemment de «couvrir la violence» (v. 11); il est question ici de «couvrir la haine» nourrie dans le cœur, en la cachant sous des paroles menteuses. N’est-ce pas l’un des principaux caractères de la politesse du monde? Mais il y a une autre forme de mal, c’est une langue sans retenue qui propage, toutefois sans les inventer, des accusations mensongères contre le prochain. Celui-là est un sot qui s’obstine dans son ignorance. Le mensonge est tout aussi coupable dans ce qu’on tait, que dans ce qu’on dit. Mais, en outre, on a beau couvrir la haine, le mensonge se montrera toujours une fois ou l’autre dans la calomnie qui en est l’accompagnement. On saisit une calomnie au passage et la haine du cœur fait qu’on la propage alors même qu’on sait qu’elle est mensongère.

 

Dans la multitude des paroles la transgression ne manque pas, mais celui qui retient ses lèvres est sage (v. 19).

Mais il pourrait arriver que le cœur fût en ordre, ne cachant ni haine, ni mensonge, et qu’il fût cependant coupable de transgression. C’est qu’on n’a pas su retenir sa langue. En parlant beaucoup on n’évitera pas les paroles inconsidérées, les jugements hâtifs et qui peuvent faire tort au prochain. Le fils de la sagesse tient sa langue en bride. Combien souvent même les justes ont à se juger sur ce point et à veiller sur eux-mêmes (Jacq. 3:2)!

 

La langue du juste est de l’argent choisi; le cœur des méchants est peu de chose (v. 20).

Comme nous l’avons déjà vu, il y a une relation intime entre la bouche et le cœur. La langue du juste est une valeur de choix1, l’alliage des mauvais ingrédients est déjà rejeté quand il parle, parce que le cœur, étant juste, a renié le péché. Il ne faut pas oublier que dans les Proverbes, comme dans tout l’Ancien Testament, il s’agit de justice pratique. Le juste est donc un homme des voies duquel le péché est banni. Le cœur des méchants, la source même où la langue vient s’alimenter, n’a pas de valeur; il est étranger à la grâce, et comment leur parole en aurait-elle?

1 L’argent, comme type, étant le prix de la Rédemption, implique toujours la grâce.

 

Les lèvres du juste en repaissent plusieurs, mais les fous mourront faute de sens (v. 21).

Les paroles du juste sont une nourriture pour un grand nombre. Il en était ainsi de Christ et tout croyant peut suivre ses traces. Ce n’est pas seulement que ces paroles ont une vie intrinsèque comme au v. 20, mais elles apportent ou entretiennent la vie chez un grand nombre. Les insensés sont les seuls qui n’en profitent pas, qui n’en veulent pas, qui rejettent cette nourriture. Aussi la mort est leur part certaine.

 

La bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit, et il n’y ajoute aucune peine (v. 22).

Les versets précédents nous ont parlé de richesses, d’argent choisi, de nourriture apportée par les lèvres du juste, mais il ne faut pas oublier que toutes ces bénédictions viennent directement de l’Éternel et que les instruments qu’il emploie n’en sont point la source. Ces bénédictions sont gratuites et le Seigneur n’a statué ni peine, ni condition pour les acquérir.

 

Versets 23-25

C’est comme une plaisanterie pour le sot que de commettre un crime, mais la sagesse est pour l’homme intelligent (v. 23).

Commettre une action mauvaise est pour le sot, pour l’ignorant qui n’attribue aucune valeur à la connaissance des pensées de Dieu, une chose passagère et sans conséquence, comme une plaisanterie: mettre la sagesse en action ne coûte pas davantage à l’homme intelligent.

 

Ce que craint le méchant lui arrive, mais le désir des justes Dieu l’accorde (v. 24).

Le méchant est toujours hanté par la frayeur de quelque malheur. De là les superstitions dont le monde est rempli. Le malheur qu’il craint l’atteint. Quand les justes ont un désir, c’est en accord avec la volonté et les pensées de Dieu; autrement ils ne seraient pas des justes. Le méchant craint le mal et il lui arrive; le juste désire le bien et il lui est accordé.

 

Comme passe le tourbillon, ainsi le méchant n’est plus; mais le juste est un fondement pour toujours (v. 25).

Pour terminer l’ordre de pensées présenté dans les versets précédents, ce verset met en regard la fin du méchant et la durée éternelle du juste. Le premier passe comme dans un tourbillon. «Comme ils sont détruits en un moment!» dit le Psalmiste. «Les cieux passeront avec un bruit sifflant de tempête» et comment subsisteront les méchants au milieu de l’embrasement universel? Le juste est en revanche un fondement établi pour toujours. Cela n’est-il pas vrai de Christ? Il est la pierre de l’angle, et comme des pierres vivantes nous sommes édifiés pour toujours sur Lui.

 

Verset 26

Ce que le vinaigre est aux dents, et la fumée aux yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l’envoient.

Ce verset reprend le sujet de la paresse déjà mentionné au commencement de ce chapitre (v. 4-5), mais ne semble pas être en liaison avec les versets qui le précèdent immédiatement. Il nous parle d’une activité à laquelle l’homme est destiné. Il a une mission, un travail à faire dans ce monde. Chacun doit s’y employer, les uns pour envoyer les ouvriers et ces derniers pour accomplir le travail. S’ils s’acquittent de leur tâche en paresseux, toute l’œuvre est compromise. À quoi sert dès lors l’énergie de ceux qui la dirigent? Quelle honte pour eux! Quel agacement, quelle irritation la paresse de l’une des parties produit, compromettant tous les résultats de l’œuvre! N’en avons-nous pas un exemple dans le cas du serviteur auquel un talent avait été confié (Matt. 25:24-30)?

 

Versets 27-30

La crainte de l’Éternel ajoute des jours, mais les années des méchants seront raccourcies (v. 27).

Jusqu’à la fin du chap. 9, nous avons vu ce qu’est la crainte de l’Éternel, en quoi elle consiste (1:7, 29; 2:5; 8:13; 9:10); nous voyons ici ce qu’elle fait. «Elle ajoute des jours». Ne pas craindre l’Éternel, ne pas lui donner dans notre vie la place qui lui est due, nous expose à la discipline, au châtiment, à voir notre vie raccourcie, notre carrière interrompue avant la fin; le craindre ajoute des jours. Cette vérité est en rapport avec le gouvernement de Dieu sur la terre, car notre caractère céleste nous introduit dans une tout autre sphère que celle-là. La «durée des jours» n’est pas pour le chrétien ici-bas, mais le gouvernement de Dieu demeure et la crainte de Dieu comporte cette prolongation pour le juste. Au contraire, les années des méchants sont raccourcies. Cela sera vu d’une manière éclatante dans le millénium. Ce verset nous ramène à l’opposition entre le juste et le méchant, sujet capital de ce chapitre.

 

L’attente des justes est une joie, mais l’espérance des méchants périra (v. 28).

Ce que les justes attendent est en contraste avec ce que les méchants craignent au v. 24. Ce n’est pas seulement que l’attente des justes ne sera pas trompée, mais elle est une joie actuelle, actualité pleine de bonheur pour leur âme. Les méchants espèrent que le bien leur arrivera une fois, mais ils n’ont que l’espérance stérile et qui périt comme leurs années (v. 27) comme eux-mêmes (v. 25).

 

La voie de l’Éternel est la force pour l’homme intègre, mais elle est la ruine pour les ouvriers d’iniquité (v. 29).

L’homme intègre, parfait, qui reproduit le caractère de l’Éternel, a en outre devant lui «la voie de l’Éternel» pour y marcher. Cette voie, Christ l’a suivie dans la perfection. Le caractère et le chemin de cet homme sont tous deux divins, tous deux d’accord. Quoi d’étonnant que ce soit le chemin de la force comme au Psaume 84? Mais c’est aussi le chemin de la sécurité. Mais que produira la voie de l’Éternel, si elle rencontre les ouvriers d’iniquité dont le caractère lui est entièrement opposé? De cette opposition résultera leur ruine, car Dieu ne peut supporter l’iniquité.

 

Le juste ne sera jamais ébranlé, mais les méchants n’habiteront pas le pays (v. 30).

Le v. 25 a déjà montré le juste comme «un fondement pour toujours». Que c’est une chose bonne à répéter en présence des terreurs d’une ruine imminente (v. 29)! Cette sécurité est celle du millénium, en contraste avec le sort des méchants qui ne pourront habiter dans la terre d’Israël.

 

Versets 31-32

La bouche du juste produit la sagesse, mais la langue perverse sera retranchée (v. 31).

Ce verset se relie au v. 21. Le juste (voilà l’état du cœur) produit (c’est l’activité) par sa bouche (la porte de sortie du cœur) la sagesse (l’expression de toutes les pensées de Dieu). Mais que restera-t-il de celui qui a exprimé la perversité?

 

Les lèvres du juste savent ce qui est agréable, mais la bouche des méchants n’est que perversité (v. 32).

Le juste qui n’a que le Seigneur en vue et dont Il est le seul objet, connaît, pour les avoir savourés lui-même, quels sont les discours agréables à Dieu et aux hommes, et ces discours ont toujours Christ pour sujet. La bouche des méchants qui s’alimente à la source de leur cœur ne peut exprimer que la perversité.

 

Résumé

Il est remarquable de voir comment dans ce chapitre tout s’enchaîne, non pas selon la logique des hommes, mais selon les pensées de Dieu qui sont révélées aux sages et aux intelligents. Nous pourrons constater le même fait dans la suite. Le caractère du fils de la sagesse est établi en premier lieu et sert à l’intelligence de tout le chapitre; il est du reste le sujet principal des Proverbes. Ensuite ce chapitre parle en particulier du juste opposé au méchant, de leurs voies respectives, de l’état de leur cœur qui se manifeste spécialement au dehors par leurs paroles, puis de la fin de l’un et de l’autre.

D’autre part, nous trouvons dans ce chapitre, en principes généraux, les caractères de la chair et ceux de la vie de Dieu, pouvant s’appliquer aussi bien au croyant lui-même, qu’aux deux familles, des justes et des méchants, opposées l’une à l’autre dans le monde.