Psaumes

Livre 4: Psaume 90

Dès le début de ce psaume sublime, l’adorateur — l’homme de Dieu — exprime son sentiment que tout est en faillite, hormis le Seigneur et tous ceux qui se confient en Lui. Le Seigneur lui-même exprime la même pensée, au terme de son ministère sur la terre: «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point».

L’adorateur reconnaît ensuite la fragilité humaine, et en indique la raison; puis il exprime un désir: qu’il lui soit donné, dans la pleine conscience de cette fragilité, d’agir avec sagesse et d’attendre seulement que l’Éternel «se retourne» (v. 13); il termine en désirant ce retour, le jour où la fragilité fera place à la stabilité, et la poussière à la beauté.

Le sentiment de toute distance entre le moment où la mort — jugement sur l’homme — l’atteint, et celui où elle le lâche, paraît être oublié ici, l’âme saisissant avec force ce que Dieu est (v. 4). Pierre, par l’Esprit, semble avoir cette écriture à la pensée (2 Pierre 3:8).

L’Esprit de Dieu, inspirant l’homme de Dieu, effleure dans ce psaume le sujet de la nouvelle création dans le Christ Jésus. Certes il ne pouvait révéler ce mystère dans la plénitude avec laquelle le fera plus tard un scribe fait disciple du royaume. Mais le sujet est effleuré. Il y aura des choses célestes et des choses terrestres mais tout appartient à la nouvelle création. La femme de l’Agneau, la cité céleste, aura en elle la gloire de Dieu (Apoc. 21:10); mais Israël et la cité terrestre connaîtront aussi cette gloire. Elle brillera sur eux, sinon en eux. «Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi» (Ésaïe 60:1). Tous en jouiront, mais à des degrés différents. Nous avons donc là le cri intelligent d’un homme de Dieu, regardant au royaume, bien qu’avec des espérances uniquement juives et terrestres. «Que ton œuvre apparaisse à tes serviteurs, et ta majesté à leurs fils. Et que la gratuité du Seigneur, notre Dieu soit sur nous». Ces expressions nous indiquent que ce psaume est le langage d’Israël, bien qu’elles parlent de l’homme comme tel. Mais il n’y a là rien que de simple et de juste. Car l’homme a été mis à l’épreuve dans le Juif. La chute d’Israël démontre la fragilité humaine. Soixante-dix ans: tel est le temps que le psalmiste donne comme marquant cette fragilité de l’homme, et sa vanité; nous savons que ce fut aussi le temps de la vanité d’Israël: sa captivité à Babylone.

Combien précieuse est cependant la vérité générale de tout ceci. La nouvelle création n’a pas son fondement dans la poussière, mais dans le Seigneur lui-même — le Seigneur ressuscité d’entre les morts, quand il a triomphé de toute la puissance de l’Ennemi, ayant ôté le péché et aboli la mort. «Seigneur, tu as été notre demeure» (v. 1). Le Bâtisseur est aussi la maîtresse pierre de l’édifice. Vagues et vents peuvent s’acharner en vain —, la ruse du serpent est vaine. La pierre est établie pour toujours. «Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais» (Jean 10:28).