Philippiens

Chapitre 1er

V. 1-2

Paul ne commence pas par se présenter comme apôtre, mais simplement comme esclave de Jésus Christ. Nous ne devons donc pas considérer l’expérience qu’il est amené à relater comme quelque chose d’apostolique, et donc hors de portée des chrétiens ordinaires. Au contraire, c’est l’expérience d’un esclave ou serviteur, et nous le sommes tous. Il s’adresse lui-même à ceux qu’on pouvait qualifier, à Philippes, de «saints dans le Christ Jésus». Étant en Christ, ils étaient mis à part pour Dieu. Il y avait des surveillants et des serviteurs au milieu d’eux, mais ceux-ci ne sont pas mentionnés en premier. Les hommes qui avaient de telles charges dans l’assemblée locale avaient une place d’honneur et d’importance, mais ils ne dominaient pas sur l’héritage de Dieu (1 Pierre 5:3), ni ne réclamaient la première place en toutes choses. De plus, au lieu qu’ils soient surveillants avec un rôle de président sur de nombreuses églises, il y avait plusieurs surveillants dans cette seule assemblée.

 

V. 3-7

Immédiatement après les salutations du début, Paul rappelle l’heureux souvenir qu’il avait des saints à Philippes. Ils avaient été particulièrement caractérisés par la communion dans l’évangile. Ils avaient beaucoup eu l’apôtre dans leur cœur, et ils s’étaient tenus à ses côtés comme des partenaires; tout cela était une preuve du travail de Dieu en eux. Dieu avait commencé en eux une bonne œuvre par Son Esprit, mise en évidence de cette manière; et ce que Dieu avait commencé, Il l’achèverait, et ce serait finalisé au jour de Christ.

De toute évidence ils étaient caractérisés par un grand amour pour l’évangile, et par une communion de cœur avec l’évangile, d’une manière pratique; et non seulement avec l’évangile, mais aussi avec Paul qui en était l’ambassadeur, et ils étaient ainsi participants de la grâce avec lui. Ils en étaient participants non seulement en rapport avec la confirmation de l’évangile par les merveilleux résultats qu’il produisait, mais aussi en rapport avec sa défense contre tous les adversaires, et en rapport avec les liens dans lesquels se trouvait l’ambassadeur. Nombreux sont ceux qui désirent participer à la confirmation, et peut-être à la défense de l’évangile, mais ils ne sont plus tant désireux quand les liens et les afflictions arrivent. Les liens sont le test, et l’empressement à cet égard est une preuve plus sûre du travail intérieur de Dieu qu’une grande érudition en matière de doctrine chrétienne.

 

V. 8-11

Le verset 8 nous assure combien Paul rendait aux Philippiens toute leur affection, et à vrai dire combien la sienne dépassait la leur. Les versets 9 et 10 nous montrent ce qu’était le désir de son cœur pour eux: qu’ils croissent continuellement en amour, en intelligence, en discernement, en pureté et en fruits portés. Il y avait beaucoup de choses chez eux qui étaient un sujet de joie, mais le désir de l’apôtre est résumé dans l’expression «encore de plus en plus».

Tandis que l’œuvre de Dieu pour nous a été accomplie une fois pour toutes par le Seigneur Jésus, l’œuvre de Dieu en nous par Son Saint Esprit est quelque chose de progressif. Que nous ayons à abonder de plus en plus en amour est évidemment le principal, car ce faisant, notre connaissance et notre puissance de discernement augmenteront. Nous discernerons toujours plus ce qui est excellent, et nous y trouverons notre joie, et nous nous garderons de tout ce qui pourrait le ternir, et par conséquent nous serons remplis de ces fruits produits par la justice «à la gloire et à la louange de Dieu». L’amour est vraiment la nature divine. Nous avons à croître dans cette nature comme résultat de l’œuvre de Dieu en nous, et cela continuera jusqu’au terme de notre séjour ici-bas, et portera son fruit et sera manifesté au jour de Christ.

 

V. 12-14

À partir du verset 12, l’apôtre commence à faire allusion à ses propres circonstances, mais non pas pour se plaindre ni pour en occuper nos pensées, mais plutôt pour montrer combien Dieu qui est au-dessus de toutes les circonstances, les a fait tourner pour l’avancement de l’évangile.

Quel choc ce dut être pour les premiers chrétiens quand Paul fut emprisonné sous la main de fer de Rome! Un anéantissement soudain semblait s’abattre sur ses travaux et ses triomphes sans précédent dans l’évangile, et cela devait avoir l’air d’un désastre total. Mais il n’en était rien; c’est plutôt l’inverse qui arriva; les versets suivant nous apprennent comment Dieu a été plus fort et a fait tout tourner pour le bien.

C’était expressément en vue du bien que les choses étaient arrivées ainsi, pour rendre manifeste que la Bonne Nouvelle était la seule cause de l’emprisonnement de Paul. Depuis les plus hauts cercles à Rome jusqu’aux plus humbles, il était partout parfaitement clair qu’il était dans les liens à cause de Christ, et non comme un malfaiteur ordinaire.

C’était d’autant plus pour le bien que la plupart des frères avaient été remués de la bonne manière par sa captivité. Au lieu d’être découragés et intimidés, ils avaient été poussés à se confier davantage dans le Seigneur, à la suite de quoi ils faisaient preuve de plus de hardiesse pour annoncer la parole de Dieu sans crainte. Une triste minorité s’était jointe à la prédication pour de mauvais motifs; étant opposés à Paul, ils espéraient attiser le trouble qu’il subissait, mais quoi qu’il en soit, ils prêchaient Christ, et Dieu le faisait tourner en bénédiction.

 

V. 15-18

Nous avons ici un coup d’œil frappant sur la vie intérieure et l’esprit de l’apôtre. Ses épreuves étaient très profondes. Non seulement son emprisonnement risquait d’irriter son esprit, mais l’action de ces frères envieux et querelleurs devait l’exaspérer outre mesure. Et pourtant le voici calme, confiant, bienveillant, sans aucune trace d’irritation dans son esprit: un véritable triomphe de la puissance de Dieu. Le secret en était évidemment qu’il avait appris à s’oublier lui-même, et à voir les choses entièrement du point de vue de Dieu. Ce qui lui pesait, ce n’était pas comment les choses l’affectaient lui, mais comment elles affectaient Christ et Ses intérêts. Cela pouvait être mauvais pour Paul, mais, si c’était bon pour Christ, alors il n’y avait rien de plus à dire, car rien d’autre ne comptait pour lui.

L’apôtre pouvait donc dire: «en cela je me réjouis et aussi je me réjouirai» (1:18). Il se réjouissait dans la prédication de Christ, et il se réjouissait dans l’assurance que tout ce qui semblait tellement contre lui, se tournerait à son propre salut, les Philippiens aidant par leurs prières, et les secours de l’Esprit de Jésus Christ étant toujours disponibles pour lui.

 

V. 19-20

Le verset 19 place devant nous un salut présent, un salut dont Paul lui-même avait besoin et qu’il s’attendait à avoir. Sa nature devient claire au verset 20: sa vive attente et son espérance étaient que Christ soit magnifié dans son corps «soit par la vie, soit par la mort». L’accomplissement de ce désir impliquait un salut, car selon la nature, chacun de nous aspire à l’exaltation et à l’assouvissement de soi-même dans nos corps. Avons-nous tous découvert que c’est un merveilleux salut présent que d’avoir nos penchants et le cours de nos vies détournés entièrement de nous-mêmes pour être réorientés vers Christ? Avons-nous jamais prié de la manière suivante:

Mon Sauveur, Tu as offert le repos,
Oh! donne-le moi alors,
Le repos d’en finir avec le moi,
Pour trouver mon tout en Toi!

Le salut présent est alors trouvé dans la mise de côté du moi et dans l’exaltation de Christ, et c’est non seulement un salut, mais c’est aussi ce qui est réellement la vie. Quand l’apôtre disait: «pour moi, vivre c’est Christ», il n’énonçait pas un élément de doctrine chrétienne, mais il parlait d’expérience. En effet, c’est un fait que Christ est la vie de Ses saints, mais ici ce fait est traduit dans l’expérience et la pratique de Paul, au point que sa vie pouvait se résumer en un seul mot: CHRIST. Christ vivait en Paul et à travers Paul. Il était l’Objet de l’existence de Paul, et Son caractère était manifesté en lui, mais bien sûr, pas encore en plénitude.

 

V. 21-26

Si la vie signifiait Christ vivant en Paul, la mort signifiait Paul avec Christ. C’est pourquoi il ajoute: «et mourir, un gain». Pour tout chrétien, la mort, quand elle arrive, est vraiment un gain; mais il est évident que bien peu d’entre nous demeurent conscients de ce fait. Quand nos bien-aimés qui croient, nous sont retirés, nous nous consolons à la pensée que, pour eux, cela signifie être avec Christ, ce qui est de beaucoup meilleur. Mais nous nous obstinons à nous accrocher à la vie dans ce monde. Avons-nous déjà été écartelés comme Paul l’était? La grande majorité d’entre nous n’auraient aucune difficulté à décider si le choix nous était laissé. Nous choisirions de suite l’alternative dont il n’est pas dit qu’elle est de beaucoup meilleure.

La mort est un gain, et Paul le savait bien; c’est lui qui, des années auparavant, était monté au troisième ciel, sans pouvoir dire si c’était dans ou hors du corps. Quelle qu’en soit la manière, il lui avait été ainsi accordé un avant-goût de la bénédiction d’être avec Christ. Nous pouvons prendre les mots «de beaucoup meilleur», aussi bien comme le verdict de Paul résultant de cette merveilleuse expérience, que comme la révélation de la part de Dieu de ce fait merveilleux.

Quand il dit «ce que je dois choisir, je n’en sais rien», nous ne devons pas comprendre qu’il lui était effectivement laissé le choix de décider s’il devait vivre ou mourir. Au moins, c’est ce que nous pensons. Il écrit très familièrement et avec beaucoup de liberté à ses bien-aimés Philippiens rachetés, et il ne s’arrête donc pas pour dire: «si le choix m’était laissé». Il savait qu’être avec Christ n’est pas simplement meilleur, mais de beaucoup meilleur; pourtant il ne décide pas sur cette alternative en se basant sur ses propres sentiments. Nous voyons à nouveau que la seule chose qui comptait était ce qui était le plus approprié à l’avancement des intérêts de son Seigneur. Il sentait que ce qui aiderait le plus les saints, c’était qu’il demeure un peu plus longtemps parmi eux, et il avait donc confiance qu’il resterait, selon ce qu’il dit au verset 25.

Soyons bien clairs: le départ dont parle l’apôtre ici n’a rien à voir avec le retour du Seigneur. Il se réfère à l’état intermédiaire, appelé «dépouillé» en 2 Corinthiens 5:4. Dans ce passage il montre que l’état «revêtu» (quand nous aurons revêtus nos corps de gloire) est à tous égards supérieur à l’état «dépouillé». Mais ici (Phil. 1), nous voyons que l’état «dépouillé» est bien meilleur que le meilleur de ce que nous pouvons connaître en étant revêtus de nos corps actuels d’humiliation. Ce que cela signifie en détail est forcément inconcevable dans notre condition actuelle, mais soyons assurés qu’une bénédiction dépassant tout ce qu’on peut imaginer nous attend.

Il semble assez certain que la confiance de Paul fut justifiée et qu’il «demeura et resta» avec eux quelques années de plus, en vue de leur progrès spirituel et de leur joie, et qu’il leur donna de quoi se réjouir par sa venue parmi eux pour un peu de temps.

 

V. 27-28

Il n’avait qu’un seul grand désir à leur égard: qu’il soit absent ou présent parmi eux, c’était qu’ils se conduisent d’une manière digne de l’évangile. Non seulement ils devaient tenir ferme, mais ils devaient tenir ferme «dans un seul et même esprit». Ce n’était pas simplement combattre avec la foi de l’évangile, mais le faire «d’une même âme» et «ensemble».

Voilà une injonction apostolique qui a bien de quoi frapper nos cœurs très profondément et intensément. Cela explique en bonne partie le manque de puissance en rapport avec l’évangile, soit quant à ses progrès parmi les inconvertis, soit quant à l’affermissement des sauvés. Remarquez que «tenir ferme» vient avant «combattre». Et le mot traduit par «combattant» est aussi à l’origine du mot «athlétisme». Il semble donc indiquer, non pas tellement l’effort pour maintenir la vérité de l’évangile par des paroles ou des arguments, mais plutôt le combat sous forme d’un travail effectif en faveur de l’évangile.

En Romains 15:30 et en Jude 3, nous avons aussi le mot «combattre», mais c’est un mot différent, duquel provient notre mot «agonie». Les saints devaient combattre ensemble en prières avec Paul (Rom. 15:30), et pour la foi (Jude 3), comme s’ils étaient à l’agonie. Ici (1:27) il nous est ordonné de travailler (ou de faire la course) ensemble pour l’évangile, et au début du chapitre 4, il nous est parlé de deux femmes qui effectivement avaient ainsi combattu avec Paul, car le mot utilisé est le même qu’ici. S’il y avait plus de combats ensemble dans la prière jusqu’à l’agonie, et plus de course ensemble en faveur de l’évangile, nous verrions plus de résultats.

En avançant dans l’épître, nous découvrirons que cette unité de pensée et d’esprit était le principal souci qui pesait sur l’apôtre à propos des Philippiens, car les dissensions sont un mal qui s’insinue chez les chrétiens les plus spirituels et les plus dévoués de manières subtiles et variées.

Quand les dissensions sont bannies et que l’unité prévaut parmi les saints, les adversaires n’apparaissent pas aussi effrayants, et l’on est davantage prêt à souffrir. En fait, nous n’avons jamais à être terrifiés par des adversaires qui agissent ouvertement. Le fait même qu’ils soient des adversaires n’est pour eux qu’un gage de destruction quand Dieu se lèvera. Quand Il se lèvera, ce sera le salut pour Son peuple. Tandis que nous attendons Son intervention, c’est à nous de combattre et de souffrir pour Lui. Les Philippiens l’avaient vu en Paul, selon le témoignage d’Actes 16, et maintenant ils apprenaient que la même chose était en train de lui arriver à Rome.

 

V. 29-30

Souffrir pour Christ et Son évangile est présenté ici comme un privilège accordé à nous les croyants. Si nous n’étions pas aussi tristement énervés d’une part par les dissensions et la désunion qui prévalent dans l’église, et d’autre part par les incursions du monde et de l’esprit du monde, c’est sous cet éclairage que nous devrions voir la souffrance pour Christ. Combien nous en serions immensément bénis!