Osée

Chapitre 9

Les v. 1 à 4 du chap. 9 se relient aux v. 11 à 14 du chapitre précédent. Tout ce qu’Israël, les dix tribus, et Éphraïm, leur représentant et leur conducteur, avaient, soi-disant, sacrifié à Dieu, ils l’avaient offert à eux-mêmes.

«Leur pain est pour eux-mêmes» (v. 4). Quand ils offraient un sacrifice (8:13), ils offraient seulement de la chair pour en manger. Le froment et le vin qu’ils cultivaient pour eux-mêmes leur seraient ôtés (v. 2); ils mangeraient à la place les choses impures de l’Assyrie, du pays de leur captivité (v. 3). Tout ce qu’ils offriront à l’Éternel sera souillé; Dieu ne l’acceptera pas, et eux se souilleront du produit même de leur souillure. C’était un cercle vicieux, partant d’eux-mêmes et retournant à eux-mêmes; rien que souillure, rien pour Dieu. «Leur pain n’entrerait pas» comme pain de proposition «dans la maison de l’Éternel» (v. 4). Ce principe est de tous les temps. Quelque belle apparence qu’aient les œuvres religieuses des hommes pécheurs, ils les font pour être satisfaits d’eux-mêmes et non pour plaire à un Dieu qu’ils ne connaissent pas. C’est un pain souillé qui n’a pas accès dans la maison de Dieu.

D’Éphraïm, le prophète passe sans transition à Juda (v. 5-10). Ce fut lui, en effet, qui s’enfuit en Égypte et trouva son tombeau à Noph (Moph, Memphis), à part quelques réchappés. Le reste des biens que les Juifs avaient emportés avec eux fut englouti dans ce désastre. Osée annonce, au sujet de la déportation d’Israël qui eut lieu peu de temps après, la destruction des restes de Juda arrivée environ un siècle et demi plus tard. Le mal était tel que le prophète était comme saisi de folie quand il détaillait la grandeur de l’iniquité du peuple de Dieu: «Le prophète est insensé, l’homme inspiré est fou, à cause de la grandeur de ton iniquité et de la grandeur de ton hostilité» (v. 7), parole à retenir pour expliquer l’incohérence apparente du prophète Osée. — En effet, le mal était si grand qu’il le compare aux «jours de Guibha» (car il est dans ces versets sur le terrain des deux tribus), faisant allusion au crime de Benjamin (Juges 19), qui avait jadis nécessité son extermination presque complète.

Aux v. 10-17, Dieu parle de l’ensemble de son peuple, tel que Dieu l’avait contemplé dans le désert: quelle beauté alors dans cet Israël; quel rafraîchissement pour le cœur de Dieu qui trouvait en lui sa joie et ses délices, «comme des raisins dans le désert!» Nous trouvons, d’autre part, en Jér. 2:1-3, quels étaient les sentiments d’Israël lui-même, attiré par le premier amour sur les pas de son époux et de son berger. Hélas! bientôt le peuple était allé après Baal-Péor, le dieu des filles de Moab (v. 10; Nomb. 21).

Avec quelle douleur le prophète revient maintenant à Éphraïm, sa préoccupation constante. Dieu l’avait vu comme une ville riche et florissante, une Tyr, entourée d’une campagne merveilleuse. Qu’était-il devenu? Avait-il mieux valu que l’ensemble du peuple en Sittim? Non; il n’avait répondu en rien à l’attente de son époux.

Comme une femme stérile il n’avait jamais conçu, jamais porté de fruit, jamais produit aucun rejeton sur lequel pût reposer l’amour de son époux; «point d’enfantement» pour Dieu! Car Éphraïm avait des fils de sa prostitution et, sous le jugement de Dieu, il serait obligé de «les mener dehors au meurtrier», à ce Jareb exterminateur d’Israël.

Et de nouveau (v. 14-17), le prophète se prend à apostropher l’ensemble des neuf tribus d’une part, Éphraïm de l’autre. Israël, pas plus qu’Éphraïm, n’avait rien produit pour Dieu. Celui-ci «leur donne un sein qui avorte et des mamelles desséchées»; il les frappe de stérilité — son jugement sur eux. «Toute leur méchanceté», dit-il, «est à Guilgal», au lieu même où la chair avait été retranchée et où l’opprobre d’Égypte avait été roulé de dessus le peuple. La chair se montre là dans toute sa laideur, bravant la sainteté de Dieu, aussi seront-ils «chassés de sa maison; Il ne les aimera plus!» «Tous leurs princes sont des rebelles. Éphraïm a été frappé; leur racine a séché; ils ne produiront pas de fruit» (v. 16); malédiction finale prononcée plus tard par le Seigneur sur Juda, puis sur l’homme, sur le figuier sans fruit. «Que désormais personne ne mange jamais du fruit de toi... Et ils virent le figuier séché depuis les racines» (Marc 11:14, 20). Le seul miracle du Seigneur qui ne soit pas un miracle d’amour est mentionné dans ces pages vengeresses. En Éphraïm, dans l’homme, il n’y avait point d’enfantement (v. 11), mais, «si même ils enfantent, Dieu fera mourir le fruit précieux de leur sein» (v. 16). Les dix tribus ne se multiplieront pas, et il en est ainsi jusqu’à aujourd’hui, elles ont disparu sans trace, tandis que ceux de Juda (car ce chapitre traite alternativement de l’un et de l’autre) «seront errants parmi les nations» (v. 17), et tels ils sont encore.