Matthieu

Chapitre 24

Question des disciples touchant le temple

(v. 1-3). — Jésus sortit et s’en alla du temple, accomplissant ce qu’il avait dit aux Juifs au v. 38 du chapitre précédent: «Voici, votre maison vous est laissée déserte». Il le quitta pour n’y plus rentrer. Moment solennel pour le peuple, s’il avait pu le comprendre! Si les disciples ne saisissaient pas réellement la chose, tout au moins avaient-ils l’impression que ce magnifique temple était mis de côté, car en chemin ils en firent considérer à Jésus les bâtiments qui offraient un aspect imposant à qui sortait de Jérusalem. Ils étaient, comme tout Juif, attachés à cette maison, avec un orgueil bien légitime, puisqu’elle avait été construite pour servir de demeure à l’unique et vrai Dieu. Mais puisqu’il était rejeté dans la personne de son Fils, le temple n’avait plus sa raison d’être. Le Seigneur leur répond: «Ne voyez-vous pas toutes ces choses? En vérité, je vous dis: Il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas».

Comme le Seigneur était assis sur la montagne des Oliviers, située en face de Jérusalem, de l’autre côté du Cédron, d’où l’on voit toute la ville, les disciples vinrent à lui en particulier et lui dirent: «Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle». Ils désiraient donc savoir quand Jérusalem et le temple seraient détruits, et comment on pourrait connaître le moment de la venue de Christ et de la fin du siècle qui précédait le règne millénaire. La réponse du Seigneur est donnée en parties distinctes avec des enseignements divers et des exhortations utiles aux fidèles qui auraient à traverser les temps qui devaient s’écouler jusqu’à sa venue. Ces enseignements comprennent encore tout le chapitre 25.

Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus ne répond pas directement à la première question relative à la destruction du temple; cette réponse entre mieux dans le cadre du récit de Luc; aussi la trouvons-nous littéralement au chapitre 21 de son évangile (v. 20-24), où est prédite la destruction de Jérusalem par Titus, passée sous silence par Matthieu qui a surtout en vue les jours de la fin et l’établissement du règne de Christ qui remplacerait l’état de choses d’alors.

On peut diviser en trois parties la réponse du Seigneur à la question: «Quel sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle?» 1° versets 4-14; 2° versets 15-28; 3° versets 29-31.

 

Première partie de la réponse de Jésus

(v. 4-14). — Le Seigneur donne les instructions nécessaires aux disciples pendant les temps pénibles qui s’écouleraient entre son départ et son retour en gloire. Or — nous l’avons déjà vu — dans les parties prophétiques des Écritures, le temps actuel, celui de la grâce, pendant lequel l’Église est rassemblée, ne compte pas; c’est un intervalle passé sous silence. Le Seigneur s’adresse à ceux qui l’entouraient comme s’ils devaient eux-mêmes traverser tout ce temps et se retrouver présents à son retour. En faisant abstraction du temps actuel, on peut penser, en effet, qu’il ne s’écoulera guère plus de la durée d’une vie humaine entre le départ de Jésus et son retour. Mais Jésus parle du caractère et des circonstances du témoignage pendant ce temps-là, les mêmes à son retour qu’à son départ, comme il parle du caractère de la génération qui l’a rejeté et qui demeure aussi le même: «Cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées» (v. 34). Le Juif incrédule persiste dans son opposition à Christ durant tout le temps de son absence; cela explique pourquoi le Seigneur dit toujours vous en s’adressant aux disciples tout le long de ses instructions, lors même qu’il savait que tous ceux qui l’entouraient délogeraient (mourraient) avant son retour. Et même, lorsqu’ils délogèrent (moururent), ils ne faisaient plus partie du résidu d’Israël qu’ils représentaient aux jours du Seigneur, mais de l’Église qui a remplacé Israël pour un temps. Ils ressusciteront pour accompagner le Seigneur lorsqu’il viendra en gloire afin de délivrer le résidu souffrant qui leur aura succédé aux derniers jours.

Le temps qui s’écoule entre le rejet de Christ et son retour se caractérise par des épreuves de tout genre, pour les disciples du Messie rejeté. Il se présentera des faux christs en vue de les détourner de l’attente du vrai Christ, attente pénible pendant laquelle ils auront beaucoup à souffrir. On entendra parler de guerres et de bruits de guerres. Il y en a eu après le départ du Seigneur, mais il y en aura beaucoup plus avant son retour. Il va de soi que, dans ces chapitres, il s’agit de la venue du Seigneur pour régner et non de celle que nous attendons maintenant pour transmuer les vivants et ressusciter ceux qui sont endormis en lui, événement qui aura lieu avant que recommencent les événements dont ce chapitre nous occupe. Il se produira alors, entre les nations qui sont à l’Orient, à l’Occident, au Nord et au Midi de la Palestine, des guerres incessantes dont la plupart auront ce pays pour cause directe ou indirecte. Des famines, des pestes, des tremblements de terre séviront en divers lieux. Peut-être, dira-t-on, ces phénomènes se manifestent en tout temps; c’est vrai, mais ici ce seront des préludes des jugements de la fin, et ils revêtiront un caractère de gravité dont les hommes auront l’impression plutôt que l’intelligence, mais que les croyants, avertis par la Parole du Seigneur, sauront discerner. Au reste, nous approchons de ce moment. Les événements de ce genre, qui se répètent si souvent de nos jours, produisent en général une certaine crainte, car les hommes sentent bien que l’on marche vers une crise. Laquelle? S’ils se laissaient enseigner par la Parole, ils le sauraient et chercheraient le moyen de se mettre à l’abri. Cette crainte pourrait être salutaire, elle l’est pour quelques-uns, mais l’Ennemi cherche à calmer les esprits inquiets, en les rassurant après chaque catastrophe ou cataclysme, en disant que des faits tout pareils, et même bien plus considérables et plus terrifiants, ont eu lieu dans les siècles passés, qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans ce qui arrive, qu’il ne faut rien y voir que de tout naturel, et ainsi de suite. Les âmes impressionnées se calment, deviennent indifférentes, s’endurcissent et s’en vont aveuglément au-devant de leur perte, «car Dieu parle une fois, et deux fois, — et l’on n’y prend pas garde» (Job 33:14).

Nul doute qu’aux temps dont parle le Seigneur, des explications tout aussi plausibles, et plus encore, pour la raison humaine, seront données pour expliquer les faits scientifiquement ou historiquement, mais les disciples, enseignés par le Seigneur, comprendront de quoi il s’agit, et, sans se laisser détourner, ils sauront que ce n’est qu’un commencement de douleurs. Ces choses extérieures ne seront pas ce qu’il y aura de pire pour eux. Ils seront livrés pour être affligés; on en fera mourir; ils seront haïs de tous à cause du nom du Seigneur. Ces peines ont été la part des disciples aussitôt après le départ du Seigneur. C’est pourquoi il leur donne ces enseignements, afin qu’ils puissent leur servir à eux, comme à ceux de la fin.

Ils passeront aussi par une épreuve d’un genre plus pénible encore, celle qui proviendra du milieu même des disciples. Quelques-uns qui se seront joints à eux pour un temps deviendront infidèles, des occasions de chute; ils se livreront l’un l’autre, se haïront. De faux prophètes s’élèveront; ils séduiront les âmes par leur habileté à imiter les déclarations de Dieu. Le mal sera tellement envahissant qu’on verra même du relâchement parmi les vrais disciples: «L’amour de plusieurs sera refroidi». Il faudra une énergie extraordinaire pour tenir ferme; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé, c’est-à-dire qu’il sera trouvé debout, fidèle, lorsque le Seigneur apparaîtra en gloire pour mettre un terme à toutes ces souffrances.

Alors viendra le tour de ceux qui auront fait souffrir les fidèles; le jugement les atteindra, comme on le voit dans un grand nombre de Psaumes, où le châtiment des méchants est présenté en rapport avec la délivrance des justes.

Malgré toute l’opposition de Satan, «cet évangile du royaume sera prêché dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations; et alors viendra la fin». Toutes les nations qui n’auront pas eu le privilège d’entendre parler de l’évangile de la grâce, pourront profiter de l’évangile du royaume, cet évangile qui annonce l’arrivée de Jésus comme roi, venant du ciel.

Cette première partie de la réponse du Seigneur a pour but d’encourager les disciples, en leur décrivant les difficultés avec lesquelles ils auraient affaire, pour rendre témoignage jusqu’à la fin.

 

Seconde partie de la réponse de Jésus

(v. 15-28). — Avant la fin de cette terrible période, il y a un temps de détresse effroyable qui comprend les trois ans et demi qui la terminent (voir Apoc. 12:14; 13:5; etc.).

Le Seigneur, dans sa sollicitude pour ses bien-aimés, leur donne ici des enseignements spéciaux pour ces jours-là. Il leur montre comment ils en connaîtront le commencement et leur dit ce qu’ils auront à faire. «Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes; que celui qui est sur le toit ne descende pas pour emporter ses effets hors de sa maison; et que celui qui est aux champs ne retourne pas en arrière pour emporter son vêtement, etc.».

«L’abomination» désigne l’idole qui aura été placée dans le temple, imposée comme objet de culte par le faux roi des Juifs, l’Antichrist, et acceptée comme Dieu par les Juifs incrédules et apostats. Cette idolâtrie sans pareille amènera sur la nation les jugements de Dieu par le moyen du roi du Nord ou l’Assyrien1, qui répandra la «désolation» dans tout le pays. Mais le Seigneur ne s’occupe pas ici de cet événement; il ne fait que mentionner le fait en rapport avec l’établissement de cette idole dans le temple à Jérusalem, qui amène le jugement de Dieu. Ce que le Seigneur avait en vue, c’était d’avertir les disciples qu’à partir de ce moment il faudra fuir de Judée, puisque le règne de l’Antichrist et du chef de l’Empire romain deviendra intolérable pour les fidèles. Sans la marque de la bête on ne pourra ni vendre ni acheter, et ceux qui ne se prosterneront pas devant son image seront mis à mort (Apocalypse 13:13-18). Jésus dit: «Si ces jours-là n’avaient été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés», c’est-à-dire qu’ils ne dureront que trois ans et demi, ce qui est déjà bien long.

1 Voir Ésaïe 8:7, 8; 10:5, 6; Daniel 9:27; 11:41, etc.

La rage persécutrice de l’Antichrist empirera d’une manière si soudaine au moment de l’établissement de l’idole dans le temple, que ceux qui seront sur les toits devront fuir, sans descendre dans la maison1. Celui qui sera aux champs et aura enlevé son vêtement pour travailler n’aura pas même le temps de courir le chercher. Le Seigneur pense à tout ce qui pourrait être un obstacle à la fuite. Il dit de prier qu’elle «n’ait pas lieu en hiver», afin que les fuyards ne soient pas arrêtés par les intempéries de la saison, «ni un jour de sabbat», car ces Juifs pieux ne voudraient pas dépasser le chemin permis par la loi ce jour-là, et trouveraient ainsi la mort. Ce fait eut lieu sous Antiochus Épiphane; afin de saccager la ville de Jérusalem et de massacrer le plus d’habitants possible, son général attendit d’attaquer la ville le jour du sabbat et fit ainsi un grand carnage.

1 En Orient, les toits des maisons sont plats. On y arrive par des escaliers extérieurs.

Les disciples attendront avec une ardeur bien compréhensible l’arrivée du Christ pour mettre fin à tous leurs maux; cette attente les exposera à écouter des séducteurs qui leur diront: Il «est ici», ou: «Il est là», car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui accompliront des signes et des prodiges (Apocalypse 13:14). Mais ils ne devront pas les écouter. La venue du Fils de l’homme sera si soudaine que l’on n’aura pas le temps de se prévenir mutuellement. Au reste, les apostats ne pourraient avertir les fidèles, car, comme le corps mort d’Israël, ils seront l’objet du jugement à l’arrivée du Fils de l’homme, qui fondra sur eux comme l’aigle fond sur un cadavre gisant à terre. C’est ce que veut dire le v. 28: «Où que soit le corps mort, là s’assembleront les aigles».

Ces enseignements du Seigneur seront certainement appréciés par les disciples de ce temps-là, c’est à eux qu’il pensait en les donnant, car il savait que ceux qui étaient présents avec lui ne seraient pas sur la terre lors des persécutions. La parole de Dieu est complète, elle contient tout ce qui est utile pour le présent et pour l’avenir. Tous, dans tous les temps, ont la responsabilité d’en prendre connaissance et d’agir en conséquence.

 

La venue du Fils de l’homme

(v. 30-31). — La troisième partie de la réponse du Seigneur répond à la question: «Quel sera le signe de ta venue?» Il leur dit qu’après la tribulation des jours terribles dont il vient de parler, «le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées». Dans le langage symbolique des Écritures, le soleil représente l’autorité suprême confiée à l’homme, la lune et les étoiles, des autorités subalternes. Dieu avait confié le pouvoir aux nations, dans la personne de Nebucadnetsar et de ses successeurs, depuis qu’Israël avait perdu le privilège d’en être le centre sur la terre. Mais, au lieu de dépendre de Dieu pour agir selon lui dans l’exercice de ce pouvoir et d’en faire une lumière pour diriger les peuples, ceux qui étaient revêtus de cette dignité se sont détournés de Dieu; ils ont agi selon leurs propres pensées et se sont placés entre les mains de Satan, le dominateur des ténèbres, de sorte qu’à la fin leur gouvernement est absolument ténébreux.

Puisque l’homme n’a pas su gouverner selon Dieu, le royaume et la domination universelle passeront entre les mains du Fils de l’homme, comme nous le voyons en Daniel 7:26, 27. C’est pourquoi, au moment où il va paraître, toutes les puissances terrestres sont présentées comme ayant perdu leur caractère; au lieu de répandre la lumière, elles sont plongées dans les ténèbres, révoltées contre Dieu; elles font la guerre aux saints. Elles sont comme un soleil obscurci, une lune sans lumière, et les étoiles n’occupent plus la place qui leur avait été donnée pour briller dans la nuit. Terrible état moral de ceux auxquels Dieu avait confié le pouvoir!

Mais tout à coup, lorsqu’aucun de ceux qui font partie d’un monde sans Dieu ne s’y attend, apparaît «le signe du Fils de l’homme» qui est le Fils de l’homme lui-même, venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Quelle délivrance pour les justes pourchassés, et si horriblement persécutés! Mais quel moment terrible pour ceux qui auront reçu l’Antichrist, pour la génération qui s’était écriée: «Nous n’avons point d’autre roi que César», et avait dit: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». «Toutes les tribus de la terre se lamenteront». Ils verront alors «celui qu’ils ont percé» (Apoc. 1:7). Ils voient sur les nuées celui qu’ils ont méprisé; mais venant avec puissance et une grande gloire, non plus débonnaire et humble de cœur pour apporter le salut aux pécheurs! Il vient en gloire, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, pour exécuter la colère divine sur ceux qui l’ont rejeté; ils ont eu le temps de se repentir, mais ne l’ont pas voulu et ont comblé la mesure de leur péché en acceptant l’Antichrist et en persécutant ceux qui attendaient Jésus comme Roi. Combien c’est chose grave, en tout temps, de mépriser Christ, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde! Il arrive un moment où il n’y a aucune possibilité de repentance; le jugement est alors la part de tous.

À son arrivée, le Seigneur ne trouvera en Palestine que le résidu souffrant de l’ancien royaume de Juda subissant cette terrible épreuve à cause de la responsabilité qu’il porte du rejet de Christ; mais tout Israël doit être ramené pour jouir du règne glorieux du Fils de l’homme, savoir les dix tribus dispersées dans le monde et confondues avec les nations depuis le temps de leur transportation en Assyrie. Le Fils de l’homme «enverra ses anges avec un grand son de trompette; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout». La trompette représente le moyen par lequel Dieu fait entendre sa voix pour rassembler son peuple (voir Nombres 10:1-8). La fête des trompettes (Lévitique 23:23-25 et Nombres 29:1-6) était justement un type de ce que Dieu accomplira à la venue du Fils de l’homme en vue de rassembler son peuple pour jouir de la bénédiction millénaire.

Jésus a donc montré dans sa réponse les caractères du temps dans lequel les disciples Juifs auront à rendre témoignage, entre son départ et son retour. Il a donné des enseignements spéciaux pour les trois ans et demi de la fin, pendant lesquels l’idole serait établie dans le temple à la place de Dieu, temps sans pareil dans l’histoire. Si les disciples n’avaient pas eu ces instructions, en voulant rester fidèles en Judée, ils auraient pu être tous mis à mort, parce qu’ils ne voulaient pas enfreindre la loi un jour de sabbat, pour prendre les précautions recommandées par le Seigneur. Puis il montre quel sera le signe de sa venue, qui est lui-même venant en gloire, et comment non seulement ceux qui seraient présents à cette venue jouiront de son règne, mais comment tout Israël dispersé sur la face de la terre sera rassemblé par sa voix puissante.

 

À quoi l’on connaîtra la proximité de la venue du Fils de l’homme

Après tous les enseignements que Jésus vient de donner aux disciples sur sa venue et les événements qui la précéderont, il leur présente, du verset 32 de notre chapitre au v. 30 du chapitre suivant ce qui doit caractériser les fidèles et leur service dans l’intervalle qui s’écoule entre son départ de ce monde et son retour, choses qui, par conséquent, nous concernent tous aujourd’hui. Ces exhortations peuvent se diviser comme suit:

(chap. 24:32-44): exhortation à la vigilance pour attendre le retour du Seigneur.

(v. 45-51): responsabilité de celui qui a reçu un service du Seigneur au milieu des siens, ce qui a lieu dans l’Église tout particulièrement.

(chap. 25:1-13): la parabole des dix vierges: il faut veiller pour manifester la lumière dans la nuit de ce monde jusqu’au retour de Christ.

(v. 14-30): dans la parabole des talents, l’usage à faire des biens que le Seigneur a confiés à ses serviteurs.

(v. 31-35) — Lorsque les disciples verront s’accomplir les circonstances décrites jusqu’au verset 31, ils sauront que la délivrance est proche, de même que lorsqu’on voit, au printemps, pousser le figuier, on sait que l’été va arriver. En effet, le règne de Christ peut bien être comparé à l’été pour le peuple juif, comme pour toute la création, après le long et affreux hiver caractérisé par la méchanceté de l’homme et la maturité des conséquences du péché sous toutes leurs formes. Aussi avec quels désirs et quelle vigilance les fidèles ne devront-ils pas attendre le lever du «Soleil de Justice» (Malachie 4:2), qui introduira le «matin sans nuages» dont parle David dans ses dernières paroles! (2 Samuel 23:4). La génération incrédule des Juifs ne passera pas, ne changera pas dans son caractère d’inimitié et d’opposition à Christ, jusqu’au moment où ces choses s’accompliront, mais il y a une autre chose qui ne passera pas: les paroles prononcées par Jésus. On peut le mépriser, le méconnaître, le rejeter même après son départ, ce que l’on fait encore aujourd’hui plus que jamais autour de nous; mais aucune des paroles que Jésus a adressées à ses disciples, comme aucune de celles des autres Écritures, ne passeront, tandis que le ciel et la terre passeront, malgré leur apparente stabilité.

Quelle sécurité cela donne de posséder cette Parole et de la croire! Non seulement nous avons trouvé en elle le pardon et la paix; mais, par elle, nous savons à quoi nous en sommes au milieu de la nuit morale dans laquelle gît le monde; la parole prophétique est comme une «lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire» (2 Pierre 1:19). Elle nous éclaire pour le temps actuel; elle nous renseigne exactement sur l’avenir. Tout ce qu’elle dit à l’égard de ce monde s’accomplira à la lettre, de même que toutes les bénédictions qu’elle présente à la foi et la réalité de ce qu’elle annonce, pour le bonheur des uns comme pour le malheur des autres, dépassera infiniment ce que notre conception humaine, si limitée, est capable de saisir.

Nous ne pouvons trop recommander à nos lecteurs de demeurer fermement attachés à la parole de Dieu et absolument assurés de sa divine inspiration. Elle est la seule manière dont Dieu fait connaître la vérité à l’égard de toutes choses, ses pensées de grâce à l’intention de tous les hommes, et les jugements qu’ils s’attireront s’ils méprisent le salut qu’elle leur offre. Aujourd’hui Satan a mis tout en œuvre pour infirmer ou nier cette parole divine et la remplacer par les explications de la raison humaine, de l’homme dont la vie est une vapeur qui paraît pour un peu de temps et disparaît (Jacques 4:14), dont le prophète dit «Finissez-en avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui?» (Ésaïe 2:22). Car cet homme orgueilleux, qui se sert de la haute intelligence dont Dieu l’a doué pour mettre de côté la Parole de son Créateur, doit cependant descendre dans la poussière dont son corps a été tiré, lorsque Dieu dit: «Retournez, fils des hommes» (Psaume 90:3). Nul n’a pu résister à cet ordre terrifiant, malgré les angoisses qu’il suscite; ni la forte santé, ni les fortunes mises à la disposition des facultés de médecine, n’ont pu soustraire l’homme à l’obligation d’obéir à cette injonction redoutable, et: Après la mort suit le jugement. Tel est le sort de celui qui raisonne avec Dieu, qui décide que sa Parole n’a aucune valeur en présence des progrès actuels de la science. Celle-ci veut tout juger à sa propre lumière, mais cette lumière n’est que ténèbres quant à la révélation de Dieu. Mieux vaudrait ignorer tout ce que les diverses sciences présentent d’intéressant à l’intelligence humaine, que de s’en servir pour juger Dieu et sa Parole et perdre son âme pour l’éternité.

 

Exhortations à la vigilance

(v. 36-44). — Si le retour glorieux de Christ est un fait certain dont plusieurs événements indiquent l’approche, le jour et l’heure en sont inconnus à tous, sauf à Dieu le Père. C’est à dessein que Dieu nous laisse dans l’ignorance à cet égard, afin que ceux qui attendent cet événement glorieux demeurent constamment dans la vigilance. Si on ne veille pas, on s’endort. S’endormir spirituellement, c’est faire comme le monde que le jour surprendra comme un voleur, et c’est priver le Seigneur du témoignage qui lui est dû.

Dans l’intervalle qui nous occupe, c’est-à-dire dans le temps actuel, les hommes, tout en ayant la vérité entre les mains, ne se préoccupent point du fait que Christ a été rejeté, lorsqu’il vint en grâce, et qu’il doit revenir en jugement; aussi le Seigneur les compare aux contemporains du déluge, qui, par la prédication de Noé durant la construction de l’arche, avaient aussi eu connaissance des jugements qui allaient fondre sur eux. Au lieu de se repentir, ils n’avaient d’autre préoccupation que de manger, boire, se marier et donner en mariage. Malgré les avertissements de Noé, ils ne connurent «rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous». Remarquez ces paroles. Le seul moyen de connaître ce que l’on ne voit pas, c’est de croire; c’est d’avoir la foi. Or ce n’est que par la foi que l’on est sauvé. Tous ceux qui auront attendu de voir pour croire, durant le jour de la grâce seront perdus. On a beau expliquer la parole de Dieu clairement; ils ne connaissent rien, tant qu’ils ne croient pas. Mais le jour arrivera où ils verront; alors ils connaîtront. Qu’est-ce que les hommes du temps de Noé connurent ce jour-là? Le déluge qui les emporta tous. Il en sera de même au jour du Fils de l’homme, car si la génération juive n’a pas changé depuis que Jésus était sur la terre, le cœur de l’homme n’a pas changé depuis la chute.

Il est à remarquer que Jésus ne rappelle pas les péchés grossiers qui caractérisaient le monde antédiluvien, pour montrer l’indifférence des hommes à l’égard des jugements à venir, il ne parle que de faits absolument naturels et légitimes: manger, boire, se marier et donner en mariage, choses qui peuvent s’accomplir sans culpabilité; mais qui étaient l’unique préoccupation des hommes, malgré les avertissements de Dieu par Noé. C’était dire à Dieu: «Nous ne tenons aucun compte de ce que tu nous dis, nous voulons, au contraire, continuer à bien vivre et à perpétuer notre race». Quelle indifférence à l’égard des avertissements de Dieu pour jouir à son aise de ce monde et vivre comme si tout allait bien! N’en est-il pas de même aujourd’hui? Le monde est de nouveau à la veille des jugements, jugements annoncés, non pas cent vingt ans à l’avance comme aux jours de Noé, mais prononcés depuis dix-neuf cents ans. On mange, on boit mieux que jamais; on s’égaie, on s’amuse, on s’organise comme si tout devait durer; on bâtit des édifices somptueux, d’une solidité qui permet, assure-t-on, de résister aux tremblements de terre, et, si l’on parle de la venue du Seigneur, la voix des moqueurs s’élève de toutes parts, disant: «Où est la promesse de sa venue? car, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création» (2 Pierre 3:4-7). Comme aux jours de Noé, «ils ignorent volontairement». Hélas! le jour s’approche où ils connaîtront tout. Ils verront de loin la grâce méprisée, et les jugements dont ils se seront moqués les atteindront pour l’éternité.

Jusqu’au moment où le Fils de l’homme viendra, le train de ce monde continuera comme aujourd’hui. L’enlèvement des saints, les préliminaires des jugements qui suivront, n’auront pas changé les pensées des hommes; au contraire, ils se croiront entrés dans un état de stabilité assurée, fruit de leur propre puissance et de celle de Satan; ils diront: «paix et sûreté», lorsqu’une ruine subite tombera sur eux et ils n’échapperont point.

Les Juifs, réintroduits en Palestine, jouiront, pour un moment, des heureux effets de leur retour, puisqu’ils ne seront plus disséminés parmi les nations. Les hommes, les femmes vaqueront à leurs occupations respectives, aux champs, au moulin. Mais voici que de deux hommes qui pourront être occupés au même travail, l’un, ayant cru que le Roi qui avait été rejeté autrefois allait revenir, l’attendra, et l’autre, ne croyant rien de cela, suivra le grand nombre des apostats, ce qui sera plus commode. Soudain, comme un éclair, apparaît le Fils de l’homme, et le pauvre malheureux, indifférent et incrédule, est emporté pour subir «le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force» (2 Thessaloniciens 1:7-10). L’autre est laissé pour jouir du règne glorieux que le Fils de l’homme établira en ôtant tout d’abord les méchants de son royaume.

Contrairement à ce qui aura lieu à l’enlèvement de l’Église, celui qui est pris, est pris par le jugement, et celui qui est laissé est laissé pour le règne. Si le Seigneur venait aujourd’hui, de deux hommes au même travail, celui qui serait pris irait au ciel avec le Seigneur, et celui qui serait laissé le serait pour subir les jugements que le Seigneur exécutera lorsqu’il reviendra avec tous ceux qui auront été à sa rencontre en l’air, ceux qu’Il a alors ressuscités et transmués (1 Tim. 4:16, 17).

De tous ces enseignements du Seigneur résulte cette conséquence qu’il faut être prêt et veiller continuellement, puisque le serviteur ne sait pas quand son Seigneur vient. C’est l’attitude qui doit caractériser le croyant, aujourd’hui comme alors, et qui implique le dévouement, l’affection et l’obéissance dus à celui que l’on attend. Il faut s’acquitter de ce devoir avec l’intérêt que porte un maître de maison à veiller dans la nuit à ce que les voleurs ne pénètrent pas chez lui (v. 43). Il faut veiller comme le serviteur qui attend son maître, et comme le maître lui-même, avec l’intention bien arrêtée de ne pas se voir ravir ce que l’on possède, tout en ignorant l’arrivée d’un voleur, ce qui exige une vigilance constante. Sous quelque caractère que l’on considère celui qui attend, on doit être prêt.

Tous nos lecteurs sont-ils prêts? Pour être prêt comme serviteur, il faut être prêt comme pécheur. Pour cela, il faut être lavé de ses péchés, ce qui a lieu par la foi au sacrifice de Christ sur la croix. Tout a été fait pour cela; il n’y a qu’à l’accepter, et alors on peut veiller avec l’ardent désir de voir arriver celui qui mourut sur la croix, afin de nous rendre propres pour entrer avec lui dans la maison du Père.

 

L’esclave établi sur les domestiques de la maison

(v. 45-51). — Dans ces versets, le Seigneur montre un caractère spécial du service à accomplir dans l’attente de son retour: celui au milieu des «domestiques de sa maison», auxquels l’esclave doit donner la nourriture au temps convenable. C’est le ministère de la Parole au milieu des chrétiens, Parole qui est la nourriture spirituelle des gens de la maison du Maître. Il incombe à qui a reçu ce service de s’en acquitter avec fidélité, en pensant toujours au moment où son Seigneur viendra. Il est dit: «Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens». Si l’on veut être trouvé fidèle lorsque le Seigneur viendra, il faut l’être chaque jour. Les conséquences de la fidélité sont infinies; celui qui aura agi fidèlement dans son service à l’égard des domestiques de la maison du Seigneur, sera établi sur tous ses biens au jour du règne glorieux du Seigneur.

Si l’esclave perd de vue le retour de son maître et qu’il dise en son cœur: «Mon maître tarde à venir», il agira en opposition absolue à la pensée du Seigneur. Au lieu de donner la nourriture à ses compagnons de service, il les battra; il usera de sa position au milieu d’eux pour les faire souffrir, et lui-même s’alliera avec ceux qui jouissent immodérément de ce monde et avec les ivrognes. Il trouvera sa satisfaction dans leur société, en ne pensant plus du tout au retour de son Maître. «Le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites: là seront les pleurs et les grincements de dents». Solennel avertissement pour tous ceux que le Seigneur a doués pour prendre soin des siens pendant son absence! Pour être gardés dans l’accomplissement fidèle de son service, attendons constamment le retour du Seigneur, afin qu’il nous trouve tels qu’il le désire lorsqu’il viendra. Pour l’attendre, il faut l’aimer, être occupé de lui, jouir de sa grâce et de toutes les richesses de sa personne.

Le serviteur coupé en deux et jeté dans le malheur éternel, traité comme un hypocrite, parce qu’il a voulu paraître ce qu’il n’était pas, représente ceux qui ont pris eux-mêmes cette place dans la maison de Dieu, sans avoir la vie de Dieu; leur cœur n’est pas attaché à celui qu’ils font profession de servir. Ils n’ont d’amour ni pour lui, ni pour les siens. Ils ne sont là que pour jouir des avantages charnels qu’ils retirent de la position qu’ils occupent en exerçant une tyrannie devenue abominable, comme on l’a vu surtout dans l’Église romaine. Leur châtiment est terrible. Bien que le Seigneur ne leur ait pas confié de charge, il les jugera d’après la position qu’ils auront prise eux-mêmes.

Chacun doit veiller pour lutter contre les principes qui peuvent faire agir de cette façon, si le cœur n’est pas attiré par la pensée continuelle du retour du Maître.