Matthieu

Chapitre 28

Résurrection de Jésus

(v. 1-14). — Les femmes qui avaient été témoins de l’ensevelissement de Jésus se tinrent en repos le jour du sabbat, selon la loi; mais, préoccupées de la personne de leur Seigneur et des soins qu’elles voulaient apporter à son précieux corps, Marie de Magdala et l’autre Marie, la mère de Jacques et de Joses (Marc 15:40, 47 et 16:1), se rendirent au sépulcre, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine1. Cette visite leur fit constater qu’il n’y avait rien de changé depuis la veille, et elles attendirent le matin pour embaumer le corps de Jésus.

1 Les Juifs comptaient le jour d’un coucher de soleil à l’autre, donc du soir au lendemain soir (voir Lévitique 23:32).

Les versets 2 à 4 nous disent ce qui se passa pendant la nuit. «Il se fit un grand tremblement de terre; car un ange du Seigneur, descendant du ciel, vint et roula la pierre, et s’assit sur elle. Et son aspect était comme un éclair, et son vêtement blanc comme la neige. Et de la frayeur qu’ils en eurent, les gardiens tremblèrent et devinrent comme morts». Matthieu seul raconte l’ouverture du sépulcre par l’ange; dans les autres évangiles, lorsque les femmes arrivent, elles trouvent le tombeau ouvert et vide. Mais Matthieu est seul à parler des précautions prises par les Juifs, afin que l’on ne puisse pas dire que Jésus était ressuscité. Dieu a permis que les Juifs fassent garder le sépulcre pour leur donner, par leurs propres gardes, le témoignage irrécusable de la résurrection de son Fils et leur montrer ainsi leur folie. Cependant (v. 11 à 15) les chefs poursuivaient leur pensée, car, après le rapport des gardes, qui rendait évidente la résurrection de Jésus, ils s’assemblèrent et donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats, afin qu’ils dissent que ses disciples étaient venus de nuit et avaient dérobé le corps du Seigneur pendant qu’ils dormaient. Aujourd’hui encore les Juifs donnent créance à ce récit.

Nous voyons en cela que l’incrédulité résulte de la volonté perverse de l’homme. On est incrédule parce qu’on ne veut pas croire; beaucoup disent qu’ils ne le peuvent pas, mais le fait est qu’ils ne veulent pas; le cœur naturel n’aime pas à croire les choses telles que Dieu les dit, quoique l’incrédule ne veuille pas se l’avouer; car si l’homme coupable envers Dieu croit ce que Dieu dit, il est trouvé en défaut et condamné. Voulant, dans son orgueil, éviter ce reproche, il demeure dans son incrédulité, tandis que, s’il accepte ce que Dieu dit de lui, il est sur le chemin du salut.

En effet, dans le jour de la grâce, la même Parole, qui présente l’état de l’homme pécheur et perdu, présente aussi le moyen de salut. Le Seigneur avait dû dire aux Juifs: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie» (Jean 5:40). Devant le sanhédrin, lorsque les chefs lui demandent s’il est le Christ, Jésus répond: «Si je vous le disais, vous ne le croiriez point» (Luc 22:67). Ainsi ils demeurèrent dans leur incrédulité et par conséquent sous le jugement (voir Jean 3:18 et 8:24); telle sera la part de quiconque ne croira pas.

 

Apparition de l’ange aux femmes

(v. 5-10). — Arrivées au sépulcre, les femmes trouvèrent l’ange qui avait roulé la pierre. Elles aussi eurent peur en le voyant (Luc 24:5), mais l’ange leur dit: «Pour vous, n’ayez point de peur; car je sais que vous cherchez Jésus le crucifié». Ceux qui aiment le Seigneur et le recherchent ici-bas n’ont rien à craindre; aujourd’hui comme alors, le monde peut être contre eux, mais ils sont du côté de Dieu au sujet de son Fils, et les anges sont des esprits administrateurs qui servent en leur faveur (Héb. 1:14). Quelle paix cela donne au cœur d’avoir pour objet le Seigneur Jésus, surtout comme nous pouvons le connaître aujourd’hui, comme ces saintes femmes le connurent bientôt, un Christ ressuscité qui a vaincu la mort et a délivré ainsi «tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude», puisqu’il a rendu «impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable» (voir Hébreux 2:14-16). Pour l’incrédule, pour celui qui veut avoir sa part avec le monde qui a rejeté Christ, il n’y a que crainte. «Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants» (Ésaïe 48:22).

L’ange confirme aux femmes, en ces termes, ce que Jésus avait dit touchant sa résurrection. «Il n’est pas ici; car il est ressuscité, comme il l’avait dit». Elles étaient ignorantes; leur foi en lui comme Messie vivant sur la terre avait rendu obscures les vérités concernant son rejet, vérités qui devaient les introduire dans des bénédictions plus grandes que celles que le Messie aurait apportées, s’il avait été reçu ici-bas. Mais leur attachement à sa personne leur ouvrait l’intelligence à son égard et les introduisait dans les bénédictions qui découlaient de sa mort. «Qui cherche trouve», avait dit Jésus. Si l’on cherche le Seigneur, il se révèle à l’âme d’une manière qui dépasse toujours ce qu’elle est capable de désirer de lui. Rappelons-nous que le vrai chemin de l’intelligence spirituelle est l’amour pour Christ. De celui qui aime le Seigneur et qui montre cet amour par l’obéissance, il dit: «Et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui» (Jean 14:21). C’est ce qui eut lieu pour ces femmes. L’ange ajoute: «Venez, voyez le lieu où le Seigneur gisait; et allez promptement, et dites à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. Et voici, il s’en va devant vous en Galilée: là vous le verrez; voici, je vous l’ai dit». Heureuse nouvelle! Au lieu d’embaumer le corps de Jésus, elles allaient le voir vivant. Puis, comme il arrive toujours lorsque le cœur reçoit des vérités qui le réjouissent, on ne peut les garder pour soi et l’on devient un moyen de porter la joie et la bénédiction à d’autres. «Et sortant promptement du sépulcre avec crainte et une grande joie, elles coururent l’annoncer à ses disciples». Chemin faisant, elles virent Jésus venir lui-même au-devant d’elles en disant: «Je vous salue. Et elles, s’approchant de lui, saisirent ses pieds et lui rendirent hommage». Il y a toujours à gagner d’obéir à la Parole en ayant le Seigneur comme objet de son cœur. Comme il l’a dit, il se révèle lui-même. Quelle joie pour ces femmes de retrouver vivant celui qu’elles étaient venues chercher parmi les morts! Quelle joie pour tous les croyants, lorsque nous le verrons dans sa beauté! Puissions-nous tous désirer toujours plus ardemment ce glorieux et prochain moment, afin de jouir de lui mieux que nous ne le faisons ici-bas! Pour que ce désir soit plus vivant, nous devons le rechercher actuellement dans une plus grande mesure, car, pour souhaiter de voir une personne, il faut la connaître au préalable.

Jésus renouvelle aux femmes le message dont l’ange les avait chargées, en ajoutant ce qui caractérise le récit dans l’évangile selon Jean (chap. 20:17), un titre précieux pour les siens. L’ange avait dit: «Dites à ses disciples», et Jésus leur dit: «Allez annoncer à mes frères qu’ils aillent en Galilée, et là ils me verront». En vertu de la mort de Christ, qui a mis fin à tout ce qui caractérisait l’homme en Adam, pécheur et perdu, le croyant est placé dans une position nouvelle, celle de Christ ressuscité, il est un avec lui, comme il est dit en Hébreux 2:11: «Il n’a pas honte de les appeler frères», car ceux qu’il a sanctifiés sont dans la même relation que lui avec son Dieu et son Père, qu’il appelle, dans l’évangile selon Jean, «votre Dieu et votre Père».

 

Jésus et ses disciples en Galilée

(v. 16-20). — Dans le message de l’ange aux femmes, comme dans celui du Seigneur, nous trouvons la réponse à un besoin réel, celui de voir le Seigneur, besoin que l’Esprit de Dieu reconnaît chez tout croyant; c’est pourquoi il est dit les deux fois: «Là vous le verrez». Pour répondre à ce besoin des disciples, témoins de l’ascension du Seigneur, deux anges sont envoyés afin de leur dire: «Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière» (Actes 1:11). Beaucoup de passages annoncent cette venue, non pour dire seulement que nous quitterons les misères de cette terre, mais afin que nous soyons avec le Seigneur. L’apôtre Paul termine la révélation de la venue de Christ pour enlever les siens en disant: «Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4:17). Mais, chers lecteurs qui aimez le Seigneur, en attendant le glorieux moment où nous le verrons tel qu’il est et lui serons rendus semblables, nous avons le privilège de le voir par la foi, présent au milieu des saints réunis en son nom sur cette terre. C’est ce dont jouirent les disciples auxquels les femmes transmirent le message du Seigneur. «Et les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Et l’ayant vu, ils lui rendirent hommage». Il leur «avait ordonné», est-il dit; la parole du Seigneur fait autorité pour le croyant. Sa pensée, une fois connue, devient un ordre et chacune de ses paroles un commandement. Les disciples obéirent et virent le Seigneur alors sur la terre; mais nous avons ce même privilège dans ce temps où le Seigneur est absent corporellement. Il nous invite lui-même en disant: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux» (Matthieu 18:20). C’est un grand privilège de pouvoir répondre au désir exprimé par celui qui est mort non seulement pour nous soustraire au jugement de Dieu, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Rien n’a plus de force que l’autorité de l’amour qui nous invite à nous rencontrer avec Jésus sur cette terre, en attendant de le faire dans le ciel. Comment pourrions-nous désirer son retour pour être avec lui, et négliger le rassemblement des croyants autour de sa personne ici-bas? Tous ceux qui répondent au désir exprimé par le Seigneur en se rencontrant là où il a dit qu’il serait, remportent une joie et une bénédiction pour leur âme infiniment plus grandes que ceux qui se réunissent simplement pour entendre un exposé de la Parole ou un discours par tel ou tel frère ou prédicateur de leur choix; car se réunir dans ce but, c’est préférer le serviteur au Maître. Sans doute, le Maître peut se servir d’un frère pour faire éprouver de la bénédiction, mais cette bénédiction se réalisera surtout par ceux qui seront venus chercher premièrement la présence du Seigneur par obéissance à sa Parole et pour répondre au désir de son cœur.

Dans le message adressé aux disciples, on trouve un principe important à retenir quant au lieu où l’on voit le Seigneur; pour les disciples, c’était en Galilée. Pourquoi n’était-ce pas au temple à Jérusalem, l’endroit où l’Éternel avait mis son nom et d’où la bénédiction devait se répandre et se répandra sur toute la terre? La présence de l’Éternel n’était plus dans ce qu’il avait appelé autrefois sa maison; il avait été rejeté dans la personne de Jésus. Un nouvel ordre de choses est introduit, ordre de choses célestes quoique se passant ici-bas et dont Christ rejeté et méprisé est le centre. Ceux qui suivent Christ en obéissant à sa parole le cherchent là où il leur ordonne de se rendre. C’est tout ce qu’il leur faut. Ils participent au mépris jeté sur son nom par le monde qui veut sa religion à lui, sans se conformer aux commandements du Seigneur. Les Juifs de Judée dédaignaient la Galilée, mais, selon cet évangile, le Seigneur s’y retira, lorsqu’il eut appris que Jean le Baptiseur avait été jeté en prison, et c’est là que s’accomplit la plus grande partie de son ministère.

Souvenons-nous que le mépris du monde accompagnera toujours la fidélité au Seigneur, mais l’opprobre de Christ est plus glorieux que tout ce que l’homme peut estimer.

Le récit de la résurrection correspond au caractère de tout l’évangile selon Matthieu, dans lequel Jésus est présenté comme Messie. Après avoir vécu surtout parmi les pauvres Galiléens, il se retrouve, après sa mort, au milieu de ceux qui l’ont reçu. Là, il leur donne des ordres, non pour Israël, mais pour toutes les nations, afin de les faire disciples en les introduisant par le baptême chrétien sur le terrain où son autorité est reconnue, pour qu’ils se conforment aux enseignements qu’il avait donnés aux siens. Le baptême se fait au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, pleine révélation de Dieu en grâce, en contraste avec l’Éternel, le Dieu d’Israël. Selon cette révélation, la bénédiction s’étend au-delà des limites d’Israël. Jésus leur dit qu’il sera avec eux — Emmanuel, Dieu avec nous (voir chap. 1:23) — jusqu’à la consommation du siècle, c’est-à-dire jusqu’au moment où il établira son royaume en gloire.

L’ascension du Seigneur n’est pas mentionnée dans cet évangile, parce que l’Esprit de Dieu présente Jésus prenant place au milieu de ses disciples sur la terre, comme résidu de son peuple qu’il envoie dans le monde entier. Il leur promet sa présence avec eux jusqu’à la fin, puisqu’il a reçu toute autorité dans les cieux et sur la terre.

On voit, dans ces dernières paroles du Seigneur, que sa fidélité demeure envers les siens. Au commencement de l’Évangile, il s’était présenté à son peuple comme Emmanuel, «Dieu avec nous», mais le peuple l’ayant rejeté, il est encore Emmanuel pour ceux qui l’ont reçu, jusqu’au moment où le peuple le reconnaîtra. Aussi tous ceux qui ont cru en lui peuvent compter aujourd’hui sur cette promesse jusqu’à la fin.

Puissent tous les croyants éprouver le besoin de réaliser cette précieuse promesse et en faire l’encourageante expérience, à la gloire de Celui qui les a tant aimés!