Matthieu

Chapitre 27

Fin de Judas

(v. 1-10). — La mort de Jésus se décida dans le conciliabule tenu chez Caïphe après son arrestation; mais l’assemblée entière des sacrificateurs et des anciens devait ratifier officiellement la sentence. Aussi, dès le matin, ce conseil se réunit pour prononcer la condamnation de Jésus. La Parole ne dit pas ce que l’on avait fait de lui depuis sa comparution de la veille devant Caïphe. Après l’avoir lié, ils le livrèrent à Pilate, le gouverneur romain, qui seul pouvait ordonner sa mort et l’envoyer au supplice.

Lorsque Judas vit son Maître condamné, ses yeux s’ouvrirent sur l’horreur de son action et, dans les tourments d’un remords inutile, il reporta les trente pièces d’argent à ceux qui les lui avaient comptées, leur confessant son iniquité: «J’ai péché», leur dit-il, «en livrant le sang innocent». Cette confession trouva des cœurs aussi endurcis que le sien. Les sacrificateurs et les anciens ne se souciaient pas davantage des remords de Judas que de l’innocence de Jésus. Ils lui répondirent: «Que nous importe! tu y aviseras». Leur dessein s’accomplissait; ils ne s’occupaient pas d’autre chose. Judas pensait probablement que Jésus échapperait à ceux qui viendraient le prendre, comme il l’avait fait plusieurs fois, tandis que lui jouirait de son argent (voir Luc 4:29,30; Jean 8:59 et 10:39). C’est pourquoi, voyant Jésus condamné, le désespoir s’empara de lui et, après avoir jeté l’argent dans le temple, il alla se pendre. Il avait vécu dans l’aveuglement, tout en étant avec le Seigneur; sa cupidité avait donné à Satan une prise facile sur son âme. Ayant vendu son Maître, il ne trouve de compassion ni chez les hommes, ni en Satan, et privé de toute ressource, il ne lui restait qu’à se précipiter dans l’abîme, en attendant le jour où il comparaîtra devant celui qu’il vendit pour trente pièces d’argent.

Les sacrificateurs, gens scrupuleux, mais sans conscience, ne veulent pas que cet argent aille au trésor sacré, parce que c’était le prix du sang. Ils décident d’acheter un champ, «le champ du potier», pour la sépulture des étrangers. Hélas! la séparation d’avec les étrangers n’avait plus sa raison d’être; ils s’étaient élevés contre le Dieu qui les avait appelés d’entre toutes les familles de la terre, ils s’étaient associés aux Gentils pour rejeter leur Messie; Dieu allait les rejeter comme peuple et les disperser parmi les nations. La provenance de cet argent fit appeler ce champ «Champ de Sang». Les malheureux Juifs accomplissaient de la sorte une prophétie qu’ils auraient dû connaître: «Et ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix de celui qui a été évalué, lequel ceux d’entre les fils d’Israël ont évalué; et ils les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur m’avait ordonné» (Matt. 27:9, 10, voir Zacharie 11:12, 13).

 

Jésus devant Pilate

(v. 11-26). — Jésus est amené lié devant le gouverneur romain, Pilate, qui lui demande: «Es-tu, toi, le roi des Juifs? Et Jésus lui dit: Tu le dis». On comprend que les Juifs l’aient accusé auprès de Pilate de prétendre à la royauté; c’était un bon moyen de gagner le gouverneur et d’obtenir de lui une condamnation, car Pilate devait maintenir l’autorité impériale contre toute usurpation. Mais Jésus ne nia pas son droit au trône. Il fit ce que l’apôtre Paul appelle sa «belle confession devant Ponce Pilate» (1 Timothée 6:13). Comme cet aveu ne le faisait pas condamner par Pilate, les sacrificateurs et les anciens l’accusèrent encore, mais il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: «N’entends-tu pas de combien de choses ils portent témoignage contre toi?» Au grand étonnement du gouverneur, Jésus ne lui répondit pas un seul mot. À quoi aurait servi qu’il se défende à ce moment-là? Sa vie tout entière avait prouvé ce qu’il était de la part de Dieu au milieu du peuple, et rien n’avait convaincu les Juifs. La méchanceté de l’homme devait se manifester à son comble par la mort de Jésus, là où l’amour de Dieu aussi serait révélé.

Pour plaire aux Juifs, Pilate avait coutume, à la Pâque, de relâcher un prisonnier à leur choix. Embarrassé pour prononcer un jugement sur Jésus, qu’il ne reconnaissait pas comme coupable, il leur proposa de le laisser aller, ou bien un prisonnier fameux nommé Barabbas. Pendant que Pilate siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: «N’aie rien à faire avec ce juste; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui à son sujet dans un songe». Dieu voulut qu’un témoignage à la justice de son Fils fût rendu à ce moment-là par une païenne, en présence de ceux qui sont appelés «les siens» et qui ne l’ont pas reçu (Jean 1:11). Ce témoignage augmenta le malaise de Pilate, mais les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent aux foules de demander Barabbas et de faire périr Jésus. «Le gouverneur... leur dit: Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? Et ils dirent: Barabbas. Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus, qui est appelé Christ? Ils disent tous: Qu’il soit crucifié! Et le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils s’écriaient encore plus fort, disant: Qu’il soit crucifié! Et Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que plutôt il s’élevait un tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, disant: Je suis innocent du sang de ce juste; vous, vous y aviserez. Et tout le peuple, répondant, dit: Que son sang soit sur nous et sur nos enfants! Alors il leur relâcha Barabbas; et ayant fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié».

Cette scène nous présente un tableau affreux du cœur naturel de l’homme. Nous y voyons les chefs du peuple, hommes religieux et scrupuleux, mais sans conscience, mus par une haine aveugle et terrible contre le Dieu qu’ils prétendaient servir, persuader la foule de demander de Pilate la libération, contre son gré, d’un brigand plutôt que de Jésus, des soins duquel ces foules mêmes avaient profité durant son ministère d’amour. Pilate, représentant de l’autorité que Dieu avait confiée aux Gentils, quoique convaincu de l’innocence de Jésus, sans force devant les Juifs, cède à leurs instances, plus soucieux de maintenir sa réputation au milieu d’un peuple qui le haïssait à cause du joug de Rome, que d’exercer la justice.

On peut remarquer que Matthieu fait ressortir, dans son récit, la responsabilité des Juifs dans le rejet de leur Messie. C’est sur eux, tout particulièrement, que pèse la culpabilité de la mort de Christ; ils en endossent volontairement les conséquences quand ils disent: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!» Aussi faut-il s’étonner de tout ce que ce peuple a souffert et souffrira encore, jusqu’à ce qu’il se tourne vers «Celui qu’ils ont percé?» Toutes les atrocités qu’ont endurées les Juifs depuis la prise de Jérusalem jusqu’à nos jours encore, dans certains pays, sont comme l’écho qui répond au cri poussé devant Pilate. Toutefois les Gentils ont leur part de responsabilité dans la mort de Jésus. Le gouverneur romain, qui ne connaissait, ni ne craignait ce Dieu dont il tenait son pouvoir, n’use de son autorité que pour fouetter et crucifier celui qu’il sait innocent, au lieu de maintenir la justice devant le peuple qui aurait dû se soumettre à lui. Il croit dégager sa responsabilité en se lavant les mains et rejeter la faute entière sur les Juifs, mais devant Dieu, chacun est responsable de ses propres actes. Comme la faute de Judas ne disculpait pas les chefs, celle des Juifs ne disculpera pas Pilate au jour du jugement. Chacun sera jugé d’après ses œuvres et sa propre responsabilité.

Vouloir rejeter sa faute sur autrui est un acte qui date de la chute. C’est ce que firent nos premiers parents. Adam rejette sa faute sur sa femme et sur Dieu lui-même, en disant: «La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle, m’a donné de l’arbre, etc.», et la femme dit: «le serpent m’a séduite» (Genèse 3:12, 13).

On ne peut se justifier du mal que l’on a commis; pour obtenir le pardon et la purification, il faut confesser sa faute et s’en humilier. C’est Dieu seul qui justifie; le coupable ne le peut pas.

Au milieu de cette scène, où tous les hommes ont l’occasion de manifester ce qu’ils sont quant à Dieu, comme la loi même n’avait pu le faire, Jésus, l’homme divin, l’homme parfait, se tient là, seul au milieu des pécheurs. Victime volontaire, il accepte tout ce que les hommes lui infligent sur le chemin qui le conduit à la croix où il va glorifier Dieu; et ainsi, par sa mort, de tels hommes, et vous et moi, nous pouvons être sauvés par la foi.

Quel amour et quelle reconnaissance ne devons-nous pas à celui qui s’est laissé conduire à la croix, pour nous, comme un agneau à la boucherie!

 

La crucifixion

(v. 27-44). — Lorsque Pilate eut rendu son inique verdict, les soldats assemblèrent contre Jésus toute la cohorte1. Après avoir comparu successivement devant les chefs des Juifs et devant le gouverneur romain, le Seigneur est livré entre les mains des soldats, gens grossiers et brutaux qui trouvaient, dans sa personne, une occasion de se moquer des Juifs, en le maltraitant et en le faisant souffrir avant de le crucifier. Ils le dépouillèrent de ses vêtements et le revêtirent d’un manteau d’écarlate; ils tressèrent une couronne d’épines qu’ils mirent sur sa tête et placèrent dans sa main droite un roseau, en guise de sceptre. Vêtu, par dérision, comme un roi, notre précieux Sauveur subit toutes les moqueries, les insultes et les outrages de ces hommes barbares qui fléchissaient les genoux devant lui et lui disaient: «Salut, roi des Juifs! Et ayant craché contre lui, ils prirent le roseau et lui en frappaient la tête». Sous ces coups, les épines devaient s’enfoncer douloureusement dans le front divin de l’homme parfait dont le cœur n’était pas moins meurtri que le front. C’est ainsi que, d’une manière humiliante et douloureuse, Jésus endurait la contradiction de la part des pécheurs contre lui-même (Hébreux 12:3). Un jour, ces soldats païens, ainsi que tous les hommes, ploieront les genoux devant le même Seigneur lorsqu’il sera manifesté en gloire. Mais dans ce moment le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs était l’Agneau sans défense, la victime allant à la croix pour accomplir l’œuvre de la rédemption en faveur d’impies tels que ceux qui nous représentaient. À cette heure solennelle, la haine des hommes contre Dieu et son amour pour eux allaient se rencontrer à la croix.

1 La cohorte était une unité de troupe romaine, composée de 400 à 600 soldats.

Dieu veuille que beaucoup encore ploient les genoux devant Jésus, comme Sauveur et Seigneur, dans leur reconnaissance envers lui pour l’amour qu’il a montré envers eux en accomplissant l’œuvre de leur salut! Et puissent-ils ne pas avoir à les ployer comme pécheurs devant leur Juge!

Les soldats, après s’être moqués de Jésus, lui ôtèrent le manteau d’écarlate, le revêtirent de ses propres vêtements et l’emmenèrent en Golgotha pour le crucifier. C’était en général le condamné qui portait sa croix jusqu’au lieu du supplice. En Jean 19:17, il est dit que Jésus «sortit portant sa croix». Ici, nous lisons: «Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter sa croix». Il n’y a pas de contradiction entre ces récits: Simon passait au moment où Jésus sortait chargé de sa croix et on le contraignit de la porter. Pourquoi? La Parole ne le dit pas.

Arrivés au lieu du supplice, les soldats donnèrent à Jésus du vinaigre mêlé de fiel, boisson qui avait pour effet d’insensibiliser quelque peu le condamné pendant la crucifixion; mais, après l’avoir goûté, Jésus refusa d’en boire. Il voulait supporter d’une manière consciente tout ce qui lui était imposé; il trouvait ailleurs, en son Père, le secours dont il avait besoin pour endurer ses souffrances jusqu’à la fin. Dépouillé de ses vêtements, Jésus est crucifié entre deux malfaiteurs. Les soldats partagent entre eux ses vêtements et accomplissent, à leur insu, ce qui était dit au Psaume 22:19: «Ils partagent entre eux mes vêtements». Leur œuvre achevée, ils s’assirent pour veiller sur lui. Sur la croix, on plaça au-dessus de sa tête une inscription indiquant le sujet de sa condamnation qui n’était autre que sa belle confession devant Ponce Pilate, et que Pilate lui-même écrivit: «Celui-ci est... le roi des Juifs». Malgré les Juifs, le témoignage de ce que Jésus était pour la nation devait être rendu publiquement jusqu’au bout.

Les passants l’injuriaient, hochaient la tête, tournaient en dérision les paroles de Jésus touchant le temple. Les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens se moquaient de lui et disaient: «Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu; qu’il le délivre maintenant, s’il tient à lui; car il a dit: Je suis Fils de Dieu». Tout ce qu’il y avait de plus sensible pour son cœur était foulé et broyé dans ce moment où l’épreuve terrible ne faisait que manifester ses perfections. Il n’ouvrait pas la bouche. C’est là que, selon le Psaume 22, il était entouré par ces lions déchirants et rugissants, ces taureaux de Basan, cette assemblée de méchants. Les brigands mêmes qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

On comprend que de terribles jugements ont été, et seront encore, la conséquence de toute la méchanceté manifestée par ses bourreaux, et tout particulièrement par les Juifs, contre la personne adorable du Seigneur Jésus, car toutes les souffrances qu’il a endurées de la part des hommes amèneront les jugements annoncés dans les Psaumes et les prophètes, et non le salut des pécheurs.

Du côté du Seigneur, combien tout est de nature à attirer nos cœurs à sa personne adorable, quand nous le voyons exposé à la méchanceté du cœur naturel, sans qu’il ouvre la bouche, sans défense, endurant «une telle contradiction des pécheurs contre lui-même», lorsqu’il pouvait anéantir ses ennemis par une parole. Son amour pour son Dieu, qu’il voulait glorifier dans sa mort comme dans sa vie; son amour pour le pécheur qu’il voulait sauver, lui faisaient tout accepter. Puissions-nous ne pas considérer cette scène de Golgotha sans qu’elle remplisse nos cœurs d’amour et de reconnaissance envers Jésus qui s’est laissé placer sous la condamnation que nous avions méritée! Pour celui qui ne possède pas encore le salut, cette scène n’est-elle pas propre à l’attirer au Sauveur?

 

L’abandon de Dieu

(v. 45-49). — Une autre scène commence avec ces versets, scène impossible à décrire, dont nous avons toute l’explication possible dans le cri de Jésus: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Nous avons assisté aux angoisses de Gethsémané, où Jésus avait à affronter la puissance de Satan qui se servait des terreurs de la mort pour le faire reculer si possible en présence d’une telle mort. Puis nous avons un peu vu les supplices moraux et physiques que les hommes ont infligés à Jésus avec une haine raffinée autant que brutale; mais tout cela n’était que le chemin par lequel Jésus, la victime volontaire, allait s’offrir à Dieu et endurer de sa part le jugement dû au coupable. Car aucune des souffrances qui ont précédé cette heure terrible, la sixième heure, n’a expié un seul péché, et si Jésus était descendu de la croix, comme ces méchants le lui disaient (et il aurait pu le faire), aucun pécheur n’eût pu être sauvé. Toutes ces souffrances-là, comme nous l’avons dit, ont pour résultat les jugements de Dieu sur les hommes, et non leur salut.

«Mais, depuis la sixième heure (notre midi), il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure (trois heures)». Ces ténèbres vinrent interrompre les hommes dans la manifestation de leur haine contre Jésus, et isolèrent complètement la sainte Victime de la scène au milieu de laquelle elle avait souffert jusqu’ici, afin que, dans ces trois heures terribles, elle fût élevée entre le ciel et la terre, dans de profondes ténèbres, et abandonnée de Dieu sous le jugement éternel qui était notre part, cela pour que l’expiation des péchés fût accomplie.

Là, Jésus souffrait de la part du Dieu juste et saint le châtiment que méritaient tous ceux qui sont et seront sauvés par la foi, afin que Dieu puisse donner la vie éternelle à quiconque croit. Là, sur cette croix maudite, rien ne lui a été épargné. Si les hommes rendront compte au jour du jugement de toutes les paroles oiseuses qu’ils auront dites (Matthieu 12:36), le Seigneur a souffert de la part de Dieu pour chacune de ces paroles afin que, par la foi, tous ceux qui les ont prononcées puissent recevoir le pardon. C’est ce jugement complet qui, dans les sacrifices pour le péché, était représenté par le feu qui consumait entièrement la victime (Lévitique 16:27). C’est pourquoi nous ne pouvons décrire les souffrances que Jésus a endurées de la part de Dieu contre le péché; pauvres misérables pécheurs, nous les avons attirées sur le Fils de Dieu, qui a bien voulu les endurer pour nous les épargner. Si nous avions dû boire la plus petite partie de la coupe de la colère de Dieu contre le moindre de nos nombreux péchés, cela aurait été pour nous une éternité de souffrances, sans que jamais ce péché soit expié. Dans la mesure où les croyants comprennent l’œuvre de la croix et l’amour que Jésus a montré en accomplissant une telle œuvre pour des coupables, ils peuvent bien dire au Seigneur:

Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime!
Ton regard infini sonda l’immense abîme,
Et ton cœur infini, sous ce poids d’un moment,
Porta l’éternité de notre châtiment.

… en attendant que, semblables à Christ, dans la gloire, nous comprenions pleinement l’œuvre de la croix. Devant le tribunal de Christ, nous verrons la somme immense de nos péchés et comprendrons la sainteté, la justice, et toutes les gloires de Dieu que Jésus a maintenues quand il était chargé de nos péchés. Ainsi Dieu peut introduire de tels êtres dans sa présence comme de bien-aimés enfants, dans un état de perfection qui lui convient, et là nous pouvons jouir de tout son amour. Nous verrons aussi alors la gloire que Jésus a quittée pour devenir homme et victime pour le péché, et, connaissant comme nous avons été connus, nous serons capables d’adorer et de louer dans la perfection l’Agneau qui fut immolé pour nous racheter et nous introduire dans une telle gloire.

Ce culte rendu à Dieu le Père et au Seigneur Jésus par les rachetés commence ici-bas dans une grande faiblesse et beaucoup d’imperfections, mais l’objet et le sujet de ce culte où nous adorons le Père et le Fils sont les mêmes que dans la gloire et c’est par le même Esprit que sur la terre et dans les cieux il est et sera éternellement offert.

Lorsque Jésus eut fait entendre ce cri: «Éli, Éli, lama sabachthani? c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» ceux qui l’entouraient ne comprenant sans doute pas ce langage dirent: «Il appelle Élie»; l’un d’eux courut et lui offrit au bout d’un roseau, une éponge remplie de vinaigre, accomplissant ce qui avait été dit de lui: «Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre» (Psaume 69:22). D’autres disaient: «Laisse, voyons si Élie vient pour le sauver». Divin Sauveur! il n’avait pas besoin d’Élie pour le sauver; il accomplissait l’œuvre en vertu de laquelle Élie avait pu monter au ciel sans passer par la mort, en y passant lui-même. Personne ne savait ce qui arrivait sur cette croix; pour que le pécheur le sache, il fallait que Jésus descende dans la mort, qu’il ressuscite, qu’il soit glorifié et qu’il envoie le Saint Esprit. Grâces à Dieu, tout croyant maintenant le sait et peut chanter:

Pour toi, Jésus, la souffrance,
Les pleurs, la mort, l’abandon!
Et pour nous la délivrance,
Le salut et le pardon.

 

Mort et ensevelissement de Jésus

(v. 50-61). — «Et Jésus, ayant encore crié d’une forte voix, rendit l’esprit». Tout ce que Jésus avait à faire étant accompli, il n’était pas nécessaire qu’il reste plus longtemps sur la croix, tandis que les autres crucifiés devaient attendre qu’à force de souffrir, une mort lente et naturelle vienne mettre fin à une longue agonie, ils restaient parfois trois ou quatre jours sur la croix avant d’expirer. Jésus, venu pour donner sa vie, avait «le pouvoir de la laisser, et... le pouvoir de la reprendre», il avait reçu ce commandement de son Père (Jean 10:18). S’il se laissait prendre volontairement par les hommes, il laissait aussi sa vie lui-même par obéissance; personne ne pouvait la lui ôter. Lui-même rendit l’esprit lorsque tout fut accompli (ce qu’aucun homme ne pourrait faire), en pleine possession de toute sa force et après avoir crié d’une forte voix.

Lorsque ce cri, cri de victoire et non d’agonie, retentit, «le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas; et la terre trembla, et les rochers se fendirent, et les sépulcres s’ouvrirent». Le premier acte qui suivit la mort de Christ fut que le voile du temple se déchira. Dieu montrait ainsi que le pécheur lavé de ses péchés avait le droit d’entrer dans sa bienheureuse présence, dont le voile le séparait. Dieu pouvait librement satisfaire le désir éternel de son cœur qui voulait des hommes sauvés et parfaits devant lui. Le chemin des lieux saints manifesté, les adorateurs, rendus parfaits à perpétuité, pouvaient entrer librement dans la présence du Dieu trois fois saint (Héb. 9:8; 10:19).

Le second acte qui suivit la mort de Jésus fut la manifestation de la puissance victorieuse de la mort: la terre trembla, les rochers se fendirent et les sépulcres s’ouvrirent. Ainsi l’homme sortait de la puissance de la mort et ressuscitait, capable d’entrer devant Dieu. Vérités merveilleuses que nous indiquent ces faits! Mais rien ne pouvait se réaliser pour l’homme avant que Christ ne soit ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi il est dit que «beaucoup de corps des saints endormis ressuscitèrent, et étant sortis des sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte ville, et apparurent à plusieurs». Ils ne pouvaient sortir auparavant.

«Le centurion et ceux qui avec lui veillaient sur Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d’arriver, eurent une fort grande peur, disant: Certainement celui-ci était Fils de Dieu». La mort d’un tel homme, en pleine possession de sa force et les événements qui la suivirent, étaient propres à arracher ce témoignage à un païen, mais ils laissaient les chefs des Juifs indifférents et incrédules.

Un certain nombre de femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée en le servant, regardaient de loin et furent témoins de ce qui arriva. Parmi elles se trouvaient Marie de Magdala et Marie, la mère de Jacques et de Joses, ainsi que la mère des fils de Zébédée.

En Ésaïe 53:9, il est dit: «On lui donna son sépulcre avec les méchants; mais il a été avec le riche dans sa mort». Aussi, pour l’accomplissement de cette prophétie, un homme riche, Joseph d’Arimathée, disciple de Jésus, demanda à Pilate le corps du Seigneur. Pilate ayant donné l’ordre que le corps lui soit livré, il l’enveloppa d’un linceul net, et le mit dans son sépulcre neuf taillé dans le roc; puis il roula une grande pierre contre la porte et s’en alla. Les femmes qui avaient suivi Jésus de la Galilée, restaient assises vis-à-vis du sépulcre. Leur attachement au Seigneur est bien touchant; il leur faisait vaincre toute crainte, pour voir jusqu’au bout ce qui en adviendrait de leur Seigneur, les disciples demeuraient à distance; l’amour pour Jésus fait faire des choses qui le réjouissent. Mais que de pensées devaient s’élever dans leurs cœurs! Elles avaient suivi et servi leur Seigneur, avaient été témoins et objets de sa puissance et de sa grâce; l’une d’elle fut délivrée de sept démons (Marc 16:9). Elles assistaient à la fin douloureuse d’une vie d’activité merveilleuse. Celui qui l’avait accomplie, auquel elles avaient cru comme au Messie, qui devait amener la bénédiction sur la nation, était là inanimé, couché dans un sépulcre; tout semblait terminé pour elles. En effet, c’était, pour Dieu, la fin de l’homme perdu et pécheur, la fin du temps pendant lequel il avait réclamé, mais en vain, à un tel homme l’accomplissement de la loi, la fin du peuple juif selon la chair. Mais ces femmes n’en savaient rien. Cependant, trois jours après, elles entrèrent, par la résurrection du Seigneur, dans un commencement nouveau et éternel; elles furent témoins de la résurrection du vainqueur de la mort le matin du premier jour de la semaine, premier jour du christianisme. Comme le Seigneur l’avait dit aux disciples, leur tristesse fut changée en joie (Jean 16:20).

 

La garde au sépulcre

(v. 62-66). — Jésus fut crucifié le jour de la Pâque, quoique les Juifs l’aient désiré autrement; il s’appelait la Préparation parce qu’on se préparait à fêter le sabbat qui avait lieu le lendemain. Cette année-là, la Pâque tombait sur un vendredi; c’est donc le sabbat qui est appelé (v. 62) le lendemain, qui est après la Préparation, et que le Seigneur passa tout entier dans le sépulcre. Les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’assemblèrent auprès de Pilate ce jour-là et lui dirent: «Seigneur, il nous souvient que ce séducteur, pendant qu’il était encore en vie, disait: Après trois jours, je ressuscite. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé avec soin jusqu’au troisième jour; de peur que ses disciples ne viennent et ne le dérobent, et ne disent au peuple: Il est ressuscité des morts; et ce dernier égarement sera pire que le premier. Et Pilate leur dit: Vous avez une garde, allez, rendez-le sûr comme vous l’entendez». Comme tous les incrédules, les chefs des Juifs redoutent de voir se confirmer ce qu’ils prétendent ne pas croire. Aussi ils veulent prévenir tout ce qui pourrait faire croire à la résurrection de Jésus. Mais leurs précautions n’ont servi qu’à leur donner la preuve de cette résurrection, comme nous le verrons au chapitre suivant, car les gardiens qu’ils placèrent au sépulcre s’enfuirent effrayés à la vue de l’ange qui roula la pierre, pour que les femmes pussent constater la résurrection de Jésus.

L’ennemi avait intérêt à empêcher la divulgation de la résurrection, ce fait d’une importance capitale, fondement de l’Évangile. Si Jésus n’était pas ressuscité, sa mort, qui était la fin de l’homme en Adam, le jugement de Dieu, aurait clôturé la triste histoire du pécheur et tout serait fini par là. Mais cela ne se pouvait pas. Celui qui était entré dans la mort était le Fils du Dieu vivant, le Prince de la vie; elle ne pouvait le retenir. Il avait dit: «À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (Jean 10:17). Il l’a reprise et, en la reprenant, il a introduit dans la vie tous ceux pour lesquels il est mort. Il a ainsi remporté la victoire sur la mort et toutes les promesses de Dieu pourront s’accomplir. C’est pourquoi les apôtres rendaient témoignage, avec une grande puissance, de la résurrection de Jésus, d’entre les morts (Actes 4:33. Voir aussi Actes 1:22; 2:24, 31, 3:15, 4:2 et 10; 5:30, etc.). L’apôtre Paul dit: «Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés» (1 Cor. 15:17). On comprend que l’ennemi, qui n’avait pu détourner Jésus du chemin de l’obéissance, ait fait tous ses efforts pour empêcher le témoignage rendu à sa résurrection. Il fait toujours une œuvre trompeuse, ainsi que ceux qui l’écoutent, mais Dieu accomplit son œuvre de grâce pour la délivrance des pécheurs.