Matthieu

Chapitre 26

(v. 1-2). — «Et il arriva, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, qu’il dit à ses disciples: Vous savez que la Pâque est dans deux jours, et le Fils de l’homme est livré pour être crucifié».

Les discours publics du Seigneur sont terminés; il avait «annoncé la justice dans la grande congrégation» — la congrégation d’Israël — il n’avait point retenu ses lèvres (Psaume 40:10, 11). Il avait accompli son travail d’une manière parfaite et, s’il n’avait pas dit, comme le serviteur hébreu qui lui servait de type (Exode 21:5): «J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre», il aurait pu monter au ciel sans passer par la mort; car le péché, dont la mort est le salaire, ne s’était pas trouvé en lui. Il pouvait se présenter devant Dieu tel qu’il était, dans une perfection absolue. Mais Jésus voulait glorifier Dieu dans sa mort, afin de sauver son épouse et les croyants de tous les âges, aller jusqu’au bout dans l’accomplissement de la volonté du Père, qui désirait sauver le pécheur au moyen des souffrances expiatoires de son Fils unique. Un avec Dieu dans ses conseils et dans son amour, il s’offre maintenant comme victime pour que ces conseils de grâce puissent avoir leur accomplissement. Il va se livrer, pour être crucifié, entre les mains d’hommes sans cœur et sans conscience, comme un agneau que l’on mène à la boucherie sans qu’il ouvre la bouche (Ésaïe 53:7).

Jésus annonce à ses disciples, avec un calme digne de lui, ce qui va avoir lieu, car, victime volontaire, il avait la divine connaissance de toutes choses.

 

Premier conseil chez Caïphe

(v. 3-5). — Les sacrificateurs et les anciens du peuple, réunis chez Caïphe, le souverain sacrificateur, tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, pour le faire mourir, non pas pourtant pendant la fête, car ils craignaient les foules que la fête de Pâques attirait à Jérusalem. Celles-ci témoins de la bonté et de la puissance de Jésus en leur faveur durant son ministère, même si elles ne croyaient pas en lui comme au Christ, le tenaient au moins pour un prophète (Chapitre 21:46). Ces malheureux chefs voulaient accomplir leur horrible forfait sans être incommodés par l’opposition de ceux qui avaient profité de tous les bienfaits de leur victime. Mais, indépendamment de leur volonté, il était dans les pensées de Dieu que l’antitype1 de l’agneau pascal soit sacrifié à la fête même de la Pâque, fête qui dès lors, n’avait plus sa raison d’être. Comme nous le verrons plus loin, leur prudence ne leur servit à rien; les événements se précipitèrent, Jésus fut livré, et hélas! personne ne fit d’opposition en sa faveur.

1 Antitype: ce que représentait le type. L’Agneau de la Pâque était le type de Christ, et Christ en est l’antitype.

 

Jésus chez Simon le lépreux

(v. 6-13). — Jésus était à Béthanie où, depuis plusieurs jours, il se rendait de Jérusalem pour la nuit (Jean 12:1; Matthieu 21:17, Marc 11:11, 12, 19, 20 et 27). Son cœur trouvait là un paisible refuge où il jouissait de l’affection de Lazare et de ses sœurs; on voit qu’il y rencontrait aussi un Simon appelé «le lépreux», qu’il avait, sans doute, nettoyé de sa lèpre. Combien cette affection lui était chère, dans ce moment où la haine des hommes contre lui gagnait tous les cœurs et où l’on complotait, pour le faire mourir, dans la ville même qui aurait dû l’acclamer comme roi! Ce cher Sauveur, sachant tout ce qui se passait, sentait douloureusement la haine à son égard; aussi jouissait-il d’autant plus vivement de l’affection qu’on lui témoignait; son cœur humain avait besoin de sympathie et l’appréciait selon les perfections de sa nature.

Dans la maison de Simon où se trouvait Jésus — nous savons par le récit de Jean qu’on lui avait fait un souper où Marthe servait; Lazare était un des convives (Jean 12:2) — une femme, Marie, sœur de Marthe, apporta un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et le répandit sur la tête de Jésus pendant qu’il était à table. Quel contraste offre cette scène avec celle qui se passait à Jérusalem, chez Caïphe, où l’on prenait les mesures nécessaires pour mettre à mort Celui à qui, chez Simon, on témoignait tant d’affection et le plus grand honneur! On aime à penser à ce que le Seigneur éprouvait dans cette circonstance, où il trouvait la sympathie et l’affection de quelques personnes, influencées par la grâce qu’il avait déployée lui-même envers elles. Parmi les cœurs qui savaient un peu jouir de sa personne, celui de Marie brûlait pour lui d’un amour sans pareil dans ce moment-là, amour qui la conduisit à accomplir un acte dont la portée dépassait son intelligence, mais que le Seigneur seul savait comprendre et apprécier. Les disciples mêmes, étrangers aux motifs qui la faisaient agir, ne comprenaient pas ce qui la conduisait à répandre sur leur Maître ce parfum de grand prix. Indignés, ils disent: «À quoi bon cette perte? Car ce parfum aurait pu être vendu pour une forte somme et être donné aux pauvres». Pauvres disciples! à quelle distance ils se trouvaient de la communion qui existait entre Jésus et Marie et qui formait les pensées de cette pieuse femme! Pour eux, cet honneur rendu au Seigneur est une perte, un sacrifice inutile; à leurs yeux les pauvres avaient plus de valeur que Jésus. Combien il est vrai que l’amour pour Christ est le vrai chemin de l’intelligence spirituelle! Quelle blessure cette appréciation charnelle n’a-t-elle pas dû produire dans le cœur de Jésus, ainsi que dans celui de Marie? Aussi Jésus leur dit: «Pourquoi donnez-vous du déplaisir à cette femme? car elle a fait une bonne œuvre envers moi; car vous avez toujours les pauvres avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas toujours; car cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l’a fait pour ma sépulture». La haine des Juifs pour Jésus, qui augmentait à chaque heure, pesait sur le cœur de Marie, et faisait en proportion brûler son amour pour lui. Le mépris qui atteignait le Seigneur, et qui allait arriver à son comble, l’engageait d’autant plus à lui manifester l’honneur qu’elle lui portait; aussi, comme Matthieu l’indique, c’est sur sa tête que le parfum a été répandu. Marie sait que celui qu’on va mettre à mort est son roi. Les Juifs le couronneront d’épines, mais elle oint de parfum cette tête royale, et, si la royauté de Christ ne peut s’établir sans passer par la mort, Christ accepte ce parfum pour sa sépulture. Marie seule put faire quelque chose pour l’embaumement du Seigneur; car, lorsque les autres femmes vinrent au sépulcre avec les aromates qu’elles avaient préparés en vue de ce service, Jésus était déjà ressuscité (Luc 24:1).

L’acte de Marie était unique dans la merveilleuse histoire de Jésus ici-bas, vu le moment où elle l’accomplit et l’amour dont il provenait; le Seigneur le considère comme si important qu’il dit: «En vérité, je vous dis: En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle». Ce fait se lie tellement à la mort de Christ, mort qui sert de base à l’Évangile prêché au monde entier, que partout, en l’annonçant, on parlerait de l’acte de Marie. «Ceux qui m’honorent, je les honorerai», avait dit l’Éternel (1 Samuel 2:30).

Aujourd’hui encore, nous avons l’occasion de témoigner au Seigneur que nous l’aimons; car nous vivons dans un monde où grandissent chaque jour la haine et le mépris pour lui. Puissions-nous tous, petits et grands, ne pas craindre d’affirmer notre attachement à la glorieuse personne de celui qui s’est livré à la mort pour nous sauver, en lui rendant témoignage et en faisant connaître à tous le prix qu’il a pour nous! Pour le faire, nos cœurs doivent être remplis de son amour; pour qu’ils le soient, soyons occupés de lui; apprenons à ses pieds, là où Marie a fait une connaissance si intime de lui-même, où son amour s’est développé d’une manière qui l’a rendue capable d’honorer Jésus dans une occasion unique, qui eut un si grand prix pour son cœur, alors que les disciples ne pouvaient comprendre ce que cette femme faisait.

 

Judas vend son Maître

(v. 14-16). — Judas assistait à cette scène touchante chez Simon; mais son cœur, endurci par l’amour de l’argent, malgré sa prétendue pitié pour les pauvres, l’avait rendu absolument étranger à ce qui se passait. Si Jésus avait tant de prix pour Marie, Judas ne voyait en lui qu’un moyen de se procurer de l’argent, chose terrible à constater, qui nous montre où l’on peut arriver en tolérant chez soi de mauvais penchants, au lieu de les juger afin d’en être délivré. Si l’on nourrit des convoitises mauvaises, le mal se fortifie dans le cœur, quoique, pendant un temps, on puisse les maîtriser; mais le moment arrive où, dominé par le péché, on devient «esclave de celui par qui on est vaincu» (2 Pierre 2:19), et apte à être le jouet de Satan qui prend alors entière possession de celui qu’il a fasciné par les charmes de la convoitise. C’est ce qui eut lieu pour Judas: «Et Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote» (Luc 22:3). Après lui avoir mis au cœur de faire la chose (Jean 13:2), il entra en lui afin qu’il l’accomplisse. C’est ainsi que Satan procède avec tous les criminels; sans crainte de Dieu, sans l’éducation chrétienne et morale dont nos jeunes lecteurs jouissent, ces malheureux ne cherchent pas à réprimer leurs dispositions naturelles au mal et Satan, le meurtrier, les conduit à ces crimes si souvent répétés. Le dernier assassin qui termina sa vie sur l’échafaud dans notre pays trouvait son plaisir, dans son enfance, à faire souffrir les animaux; il ne lutta pas contre cet endurcissement à la vue de la souffrance et fut conduit au crime. Il importe de résister aux mauvaises dispositions de nos cœurs naturels, dès qu’elles se manifestent, afin de ne pas devenir le jouet de Satan lorsqu’il trouvera l’occasion favorable pour faire tomber et pour perdre, si possible, celui qui l’aura écouté. Une fois arrivé là, le diable a terminé son œuvre. Ni lui, ni ceux dont il aura pu se servir pour accomplir ses desseins n’auront la moindre compassion de leur victime, quand ils verront son désespoir, ainsi que nous le constaterons pour Judas (chap. 27:3-6).

Sous l’empire de Satan, Judas quitte Jésus et les disciples et va auprès des sacrificateurs s’enquérir du prix qui lui sera payé, s’il leur livre Jésus. Sur-le-champ, ils lui comptèrent trente pièces d’argent, le prix d’un esclave (Exode 21:32). Pour les chefs, Jésus ne valait pas plus: c’est là «ce prix magnifique auquel j’ai été estimé par eux», est-il dit en Zacharie 11:12, 13. «Dès lors, il cherchait une bonne occasion pour le livrer». Son aveuglement est complet jusqu’au moment où, son forfait consommé, ses yeux furent ouverts sur son crime, mais trop tard, éternellement trop tard!

 

La dernière Pâque

(v. 17-25). — Le moment de célébrer la Pâque étant arrivé, les disciples demandèrent à Jésus où il voulait qu’ils préparent ce qu’il fallait pour la manger. Il leur dit: «Allez à la ville auprès d’un tel, et dites-lui: Le Maître dit: Mon temps est proche; je ferai la pâque chez toi avec mes disciples. Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et ils apprêtèrent la pâque». Celui qui va se présenter comme le véritable Agneau de pâque, l’Agneau de Dieu, dispose de sa toute science divine et de son autorité de Maître pour faire trouver à ses disciples le lieu où il prendra, avec eux, son dernier repas. Pénétré du moment qui s’approche, il fait dire au maître du logis: «Mon temps est proche». Que de pensées se pressaient dans ce cœur humain capable de tout sonder divinement: la mort, la trahison, le reniement de Pierre, la haine d’un peuple aimé qu’il aurait voulu rassembler et bénir, et tant d’autres choses pénibles; mais quel amour dans ce cœur parfait! Amour divin qui a tout surmonté dans ce chemin de douleur afin de glorifier Dieu en rendant possible le salut des pécheurs. «Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Et comme ils mangeaient, il dit: En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera». Jésus savait que c’était Judas; mais il voulait sonder le cœur et la conscience de chacun des disciples, et leur faire sentir ce qu’il y avait de pénible pour lui à la pensée que l’un d’eux le trahirait. Un de ceux avec lesquels il avait accompli son ministère d’amour et de puissance, et auquel le même amour avait été manifesté, «un d’entre vous», ces paroles devaient transpercer leur cœur. «Étant fort attristés, ils commencèrent, chacun d’eux, à lui dire: Seigneur, est-ce moi?» Les disciples, sauf Judas, étaient si éloignés de penser à une chose pareille qu’ils s’en remettaient à la connaissance du Seigneur pour savoir lequel c’était. Jésus répondit: «Celui qui aura trempé la main avec moi dans le plat, celui-là me livrera. Le Fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré! Il eût été bon pour cet homme-là qu’il ne fût pas né». D’un côté, les conseils de Dieu devaient avoir leur accomplissement; mais de l’autre, les instruments de la méchanceté du cœur de l’homme contre Dieu sont responsables de leurs actes et en porteront les conséquences. Pour Judas, et, hélas! pour tant d’autres, mieux aurait valu qu’ils ne soient jamais nés. Judas dit aussi: «Est-ce moi, Rabbi? Il lui dit: Tu l’as dit». Ni cette affirmation, ni le fait de manger le morceau trempé dans le plat, qu’on donnait à un convive comme gage d’affection, n’ébranla le traître; Satan était en lui. Dans l’évangile de Jean, nous apprenons qu’après cela Judas sortit et alla chercher ceux qui devaient se saisir de Jésus.

 

Institution de la Cène

(v. 26-30). — Pendant qu’ils étaient à table, Jésus, préoccupé des siens, institua le mémorial de sa mort. La dernière pâque était accomplie. Instituée en souvenir de la délivrance du jugement des premiers-nés en Égypte, elle était le type du sacrifice de l’Agneau de Dieu, «Agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous» (1 Pierre 1:19, 20). La pâque n’avait plus sa raison d’être. Au lieu d’un acte parlant d’un sacrifice à accomplir dans un temps futur, Jésus laisse aux siens un souvenir de lui-même, mort pour accomplir leur délivrance du jugement éternel. «Et comme ils mangeaient, Jésus ayant pris le pain et ayant béni, le rompit et le donna aux disciples, et dit: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Et, ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, disant: Buvez-en tous». Le corps, représenté par le pain rompu, et le sang, représenté par le vin, figurent la mort, car le sang séparé du corps, c’est la mort. Les croyants se souviennent donc d’un Christ mort jusqu’à ce qu’il revienne.

Que de souvenirs le pain et le vin évoquent chez ceux qui ont le privilège d’y participer! Leur cœur se reporte à ce moment suprême où leur Seigneur et Sauveur passait par la mort ignominieuse de la croix, souffrant de la main des hommes, et subissant de la part de Dieu le jugement qui aurait pesé sur eux durant l’éternité. En présence des signes parlant de Jésus mort, tout son amour, manifesté dans cet acte, revient à la pensée. Ce mémorial rappelle aussi le fait que le Seigneur n’a trouvé ici-bas que le mépris, les souffrances et la mort de la part de ses créatures. Lui, le Fils de Dieu, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Juge des vivants et des morts. C’est donc en reconnaissant toutes ses gloires et tous ses droits, au milieu d’un monde qui le rejette toujours, que ses rachetés se souviennent de lui en attendant qu’il revienne pour les prendre auprès de lui, et avec la pensée que bientôt il reparaîtra en gloire avec eux tous, pour établir son règne et recevoir l’honneur qui lui est dû par son peuple et toutes ses créatures.

En présentant la coupe, le Seigneur ajoute: «Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés». Dieu avait fait avec Israël en Sinaï une alliance par laquelle le peuple s’engageait à faire tout ce que l’Éternel lui avait commandé (Exode 19:5-8), et que confirmait le sang des taureaux (Exode 24:8 et Hébreux 9:20). Mais le peuple, par sa désobéissance, manqua à sa parole: «Ils ont transgressé mon alliance et ont été rebelles à ma loi» (Osée 8:1), et toutes les bénédictions découlant de leur fidélité ont disparu. En outre, lorsque le Messie leur est présenté, ils le mettent à mort. C’est pourquoi le peuple d’Israël — et par conséquent, tout homme — sur le pied de sa responsabilité, n’a plus droit à rien de la part de Dieu, si ce n’est en jugement. Mais selon la grâce infinie de Dieu, Christ ayant satisfait la justice divine, a établi, par sa mort, la base sur laquelle Dieu peut sauver le pécheur et donner à Israël les bénédictions impossibles à obtenir sous l’ancienne alliance. «Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la maison d’Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi je les ai délaissés, dit le Seigneur. Car c’est ici l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur: En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple... et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités» (Hébreux 8:8-13 et Jérémie 31:31-34). Si Dieu peut dire de telles choses à l’égard de son peuple terrestre, c’est en vertu de la mort de son Fils, dont le sang a pleinement satisfait la justice. C’est pourquoi, en présentant la coupe aux disciples, le Seigneur dit: «Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance». Ainsi les disciples avaient dans la coupe la garantie de l’accomplissement des bénédictions d’Israël, en attendant leur réalisation. Mais ce sang n’avait pas été versé seulement pour Israël. Le Seigneur dit en effet: «qui est versé pour beaucoup en rémission de péchés», c’est-à-dire pour tous ceux qui, en tous lieux, se placeront par la foi, au bénéfice de ce sang. L’alliance est faite avec Israël, et non avec les chrétiens, mais c’est le même sang qui donne aux uns et aux autres la rémission des péchés. Lorsque quelqu’un participe à la cène, il le fait parce que ses péchés sont pardonnés, en se souvenant du Seigneur mort à sa place; c’est pourquoi celui qui ne possède pas le pardon de ses péchés ne doit pas prendre la cène, comme aussi ceux qui sont sauvés ne doivent pas se priver de ce privilège, qui, en même temps, répond au désir exprimé par le Seigneur, la nuit qu’il fut livré.

Jésus ajoute encore: «Mais je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père». Le fruit de la vigne, le vin, qui est le symbole de la joie de Dieu et des siens, n’a pu se boire avec Israël selon la chair; il n’a procuré aucune joie au cœur de Dieu, mais cette joie sera accomplie dans le millénium. Le Seigneur, en parlant du «fruit de la vigne», fait allusion à la coupe qui se prenait avec la pâque et qui symbolisait la joie (voir Luc 22:17, 18), ce qui n’est pas le cas pour la coupe de la cène, figure du sang du Seigneur. Le Seigneur dit: «Je n’en boirai plus, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père». Jésus réalisera cette joie avec ses disciples, au ciel, dans le royaume de son Père, d’une manière nouvelle, et non sur cette terre comme les disciples pouvaient s’y attendre, ce qui sera le cas pour ceux qui jouiront du règne de Christ ici-bas.

«Ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des Oliviers».

 

Avertissement donné aux disciples

(v. 31-35). — Pour se rendre au mont des Oliviers il fallait sortir de la ville, descendre jusqu’au torrent du Cédron et remonter la colline en face de Jérusalem. Au lieu de se laisser accabler par le poids de tout ce qui l’attendait, Jésus met à profit le temps pendant lequel il marche vers Gethsémané, pour avertir les disciples de ce qui se passerait.

La prophétie de Zacharie allait s’accomplir: «Je frapperai le berger, et les brebis... seront dispersées» (Zacharie 13:7). Lui, le bon berger, avait pris soin de ses brebis, il les avait appelées par leur nom, en allant devant elles; mais afin qu’elles aient la vie, il devait mourir pour elles, être frappé à leur place. Lorsque ces pauvres brebis, faibles, ignorantes et craintives, verraient le berger frappé, elles se disperseraient, comme un troupeau effrayé abandonne son conducteur. Mais lui, le bon Berger qui met sa vie pour ses brebis, pense à elles et leur donne un centre de ralliement à retrouver une fois la mort traversée et vaincue, lorsqu’il serait ressuscité. Il irait devant eux en Galilée, comme nous le verrons au chapitre 28.

Quoique très attaché au Seigneur, Pierre s’appuyait sur l’amour qu’il avait pour lui, au lieu de se défier de lui-même, afin de regarder à Dieu pour réaliser ce que son amour lui suggérait. Il répond donc à Jésus: «Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi». Pauvre Pierre, il ne savait pas que son moi, sur lequel il comptait pour manifester à Jésus son grand attachement, allait l’engager dans le chemin de la défaite. Jésus lui dit: «En vérité, je te dis, que cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Pierre lui dit: Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les disciples dirent la même chose». Pierre, tout particulièrement, avait à apprendre, comme chacun de nous, que si nous avons le désir d’être fidèles et dévoués au Seigneur, nous ne pouvons compter sur nos propres forces. La force ne se trouve pas dans les désirs de la nouvelle nature. Il faut, dans le sentiment de notre faiblesse, la chercher en celui qui produit le vouloir et le faire selon son bon plaisir (Philippiens 2:13). Si nous ne nous défions pas de nous-mêmes, Dieu peut permettre, comme pour Pierre, que nous tombions, afin d’apprendre, par expérience, ce que sa Parole nous dit quant à nos propres capacités. Si Pierre avait écouté les avertissements du Seigneur, effrayé de ce dont il était capable, il aurait cherché le secours en Dieu. Au lieu de cela, il affirme qu’il ira jusqu’à la mort, et tombe à la première attaque. Dieu veuille que cette leçon, si humiliante et douloureuse pour Pierre, nous soit utile aussi!

 

Gethsémané

(v. 36-46). — Arrivé à Gethsémané avec ses disciples, Jésus leur dit: «Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que, m’en étant allé, j’aie prié là». Jésus éprouve le besoin de se retirer pour épancher son cœur devant son Père à cette heure solennelle; cependant il prend avec lui les trois disciples favorisés qui avaient assisté à la scène de la transfiguration: Pierre, Jean et Jacques, pour chercher auprès d’eux quelque sympathie. Mais, rempli de tristesse et d’angoisse, il leur dit: «Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort; demeurez ici et veillez avec moi». Ce cher Sauveur, dans sa parfaite humanité, était accablé par la pensée de la mort qui s’avançait dans toute son horreur et projetait, sur son âme pure et sainte, son ombre terrifiante. Mais si douloureuse était l’étreinte des ombres d’une mort telle que celle qui l’attendait qu’il laissa ses trois compagnons et s’en alla plus avant pour présenter à son Père la prière à laquelle nul ne pouvait se joindre, car qui pouvait comprendre les affres d’un tel moment? Il tomba sur sa face en disant: «Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi; toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux». Il s’agissait, dans ce moment suprême, d’accepter la coupe de la colère divine que nous avions méritée, la mort, jugement de Dieu. Satan faisait peser sur l’âme de notre adorable Sauveur toutes les conséquences terrifiantes de son obéissance jusqu’à la mort; son âme pure et sainte ne pouvait que souhaiter que l’heure terrible de la mort passe loin de lui, et d’un autre côté ses perfections ne pouvaient que lui faire accepter d’aller jusqu’au bout dans l’accomplissement de la volonté de son Père. Après avoir prié, Jésus revient vers ses disciples et les trouve endormis. Dans sa divine bonté, il dit à Pierre: «Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi?» parole qui aurait dû toucher son cœur et le rendre vigilant. Puis il ajoute: «Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation; l’esprit est prompt, mais la chair est faible». Il ne leur demande pas de veiller avec lui, mais de veiller pour leur propre compte, afin que, conscients de leur faiblesse, ils ne s’exposent pas à une épreuve qu’ils ne pourront supporter. Le Seigneur soutenait à lui seul la lutte dans laquelle Satan ne ménageait rien pour le faire reculer devant l’œuvre par laquelle lui, la «Semence de la femme», devait lui briser la tête. Jésus s’éloigne de nouveau et dit à son Père pour la seconde fois: «Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci passe loin de moi, sans que je le boive, que ta volonté soit faite». Puis il revient vers les disciples et les trouve rendormis. Cette fois, il ne leur dit rien; il n’attend plus rien d’eux. Ainsi s’accomplit ce qui est dit au Psaume 69:21: «J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne,... et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé».

«Et les laissant, il s’en alla de nouveau, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles». C’est dans ces moments où Jésus était accablé par cette tristesse mortelle, que se passait ce qui est dit en Hébreux 5:7: «Qui, durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort». Qui saura les angoisses et les douleurs de ce cher Sauveur, mis, par Satan, en présence des horreurs de la mort pour le détourner de l’œuvre qu’il avait entreprise, sans qu’il puisse ni désirer la mort ni se soustraire à la volonté de son Père? Là, comme lors de la tentation, au début de son ministère, l’obéissance lui a fait trouver la victoire. Jésus prend la coupe, non de la main de Satan, mais comme il le dit en Jean 18:11, de la main de son Père. Aussi, dans un calme parfait, il revient vers ses disciples et leur dit: «Dormez dorénavant et reposez-vous; voici, l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s’est approché». Ils auront du repos. Quelles paroles de grâce, qui nous concernent aussi! Désormais les coupables pourraient jouir du repos, parce que le juste, l’innocent allait endurer la mort qu’ils avaient méritée!

Nous voyons donc, dans cette scène de Gethsémané, tout ce que Jésus a souffert en présence de la mort que Satan lui présentait avec toutes ses terreurs, comme jugement de Dieu. Grâces soient rendues à Dieu et gloire au Seigneur Jésus! Il a obéi; son amour a été plus fort que la mort, amour que beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre (Cantique 8:7), pas même celles de l’angoisse de la mort, car, si c’était arrivé, dans ce moment où notre salut était, pour ainsi dire, en jeu, nous aurions tous été perdus.

Maintenant cette mort restait à traverser dans sa terrible réalité pour un être aussi saint et parfait que le Fils de Dieu, le Fils de l’homme. Il marche à cette heure; celui qui le livrait était proche.

 

Arrestation de Jésus

(v. 47-56). — Quel contraste entre la scène où la gloire de Jésus brille au milieu des nuages de l’ombre de la mort, où ses perfections triomphent dans l’obéissance, et celle que ces versets nous présentent, où nous voyons Judas, l’homme sous le pouvoir de Satan, accomplissant le plus infâme des forfaits pour trente pièces d’argent! Comme Jésus parlait encore à ses disciples qu’il avait dû lui-même réveiller, Judas arrive, «et avec lui une grande foule avec des épées et des bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des anciens du peuple». Précautions bien inutiles que ces armes, pour prendre celui qui s’offrait lui-même à Dieu, comme «un agneau conduit à la boucherie». Mais aucun d’eux ne le connaissait comme tel, car, s’ils l’eussent connu, «ils n’eussent pas crucifié le Seigneur de gloire» (1 Corinthiens 2:8). Accomplissant son œuvre de traître, Judas s’approche de Jésus et lui dit: «Je te salue, Rabbi», et lui donne avec empressement le baiser de trahison qui devait le désigner à cette bande inique. Avec toute sa dignité, Jésus lui dit: «Ami, pourquoi es-tu venu?» nouvelle parole propre à sonder Judas. Alors ceux qui le suivaient se saisirent de Jésus. Un de ses disciples, nous savons que c’est Pierre (Jean 18:10), tira son épée, en frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille. Pierre voulait montrer qu’il pouvait défendre son Maître avant d’aller à la mort, comme il l’avait dit; tandis que le Seigneur n’a pas ouvert la bouche (Ésaïe 53:7), car s’il l’avait ouverte pour sa défense, il aurait anéanti ses ennemis. Au contraire, il dit à Pierre: «Remets ton épée en son lieu; car tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, et il me fournira plus de douze légions d’anges? Comment donc seraient accomplies les écritures, qui disent qu’il faut qu’il en arrive ainsi?»

Les perfections de Jésus brillent avec beauté, au milieu du sombre tableau du cœur de l’homme, en tous ceux qui l’entourent: Judas entièrement dans les mains de Satan; la foule aveuglée, qui s’est laissé armer contre son bienfaiteur; les disciples absolument étrangers à tout ce qui concerne Jésus, et lui est là au milieu d’eux pour accomplir ce que disaient les Écritures, dans tout le calme et la dignité de sa personne. Il répond avec douceur et fermeté à Judas comme à Pierre, et à cette foule, au milieu de laquelle il a vécu en répandant bienfaits sur bienfaits, il cherche à faire sentir son égarement en disant: «Êtes-vous sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre? J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple; et vous ne vous êtes pas saisis de moi. Mais tout ceci est arrivé, afin que les écritures des prophètes soient accomplies». Jésus montre aux uns et aux autres qu’en dehors de toute la méchanceté et de l’ignorance qui les caractérisent, il est là pour accomplir les Écritures, se soumettant à tout, mais en souffrant profondément de tout ce qui caractérise l’attitude de chacune de ces classes de personnes à son égard.

Voyant Jésus pris, tous les disciples le laissèrent et s’enfuirent. Le Fils de l’homme était livré entre les mains des pécheurs.

 

Comparution devant Caïphe

(v. 57-68). — Pendant que Judas conduisait sa troupe pour se saisir de Jésus, les scribes et les anciens, assemblés chez Caïphe, le souverain sacrificateur, attendaient l’issue de cette triste expédition. La foule arrive, et ceux qui s’étaient saisis de Jésus l’amènent à Caïphe, qui présidait le sinistre conseil. Derrière ce cortège, Pierre suivait de loin; il voulait tenir sa parole, suivre Jésus jusqu’à la mort, tandis qu’il aurait dû s’écarter et prier afin de ne pas entrer en tentation. Au contraire, il entra dans la cour du souverain sacrificateur, d’où il pouvait voir ce qui se passait devant Caïphe. «Étant entré, il s’assit avec les huissiers pour voir la fin».

Tout le sanhédrin (conseil et tribunal suprême du peuple juif) avait le dessein bien arrêté de faire mourir Jésus. Il s’agissait seulement de trouver pour cela un motif pour couvrir leur haine. Ne sachant lequel invoquer, ils introduisirent quelques faux témoins contre lui, mais ne trouvèrent rien qui puisse le faire condamner. À la fin, deux d’entre eux déclarèrent: «Celui-ci a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et en trois jours le bâtir». Jean 2:19-22 démontre la fausseté de cette assertion. Le souverain sacrificateur se leva et dit à Jésus: «Ne réponds-tu rien? De quoi ceux-ci témoignent-ils contre toi? Mais Jésus garda le silence». Jésus ouvrira la bouche lorsqu’il s’agira de rendre témoignage à la vérité de sa personne; mais il ne se défend pas contre un faux témoignage. Alors Caïphe, irrité de ce silence, lui dit: «Je t’adjure, par le Dieu vivant, que tu nous dises si toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui dit: Tu l’as dit. De plus, je vous dis: dorénavant vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel». En effet, Jésus était le Christ, le Fils de Dieu, mais si, comme tel, il était rejeté, un jour viendra où son peuple le verra comme Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire (Chap. 24:30 et Apocalypse 1:7). À l’ouïe de ce beau témoignage, Caïphe déchira ses vêtements, et s’adressant au conseil, dit: «Il a blasphémé; qu’avons-nous encore besoin de témoins? Voici, vous avez ouï maintenant son blasphème: que vous en semble?» La réponse désirée ne se fait pas attendre: «Il mérite la mort». La sentence, décidée depuis longtemps par les Juifs, était prononcée; dès lors, plus d’égards envers ce condamné, et ces hommes, les dignitaires de la nation, donnent libre cours à leur haine et à leur mépris. Avec une vulgaire bassesse, ils lui crachent au visage, lui donnent des soufflets, d’autres le frappent et disent: «Prophétise-nous, Christ; qui est celui qui t’a frappé?» Jésus demeure calme et silencieux au milieu de cette scène, jugeant de tout, sentant tout et sachant tout. Il réalisait ce que l’apôtre Pierre, témoin de ces outrages, a dit de lui: «Lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2:22, 23). Dans ces versets, Pierre présente Jésus comme modèle, Puissions-nous tous l’imiter!

 

Reniement de Pierre

(v. 69-75). — Pendant que Jésus était devant Caïphe, une autre scène avait lieu dans la cour où Pierre se trouvait. Une servante survint et lui dit: «Et toi, tu étais avec Jésus le Galiléen». Et il nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu dis. Une autre servante vint et, s’adressant à ceux qui étaient présents, leur dit en désignant Pierre: «Celui-ci aussi était avec Jésus le Nazaréen. Et il le nia de nouveau avec serment: Je ne connais pas cet homme! Et un peu après, ceux qui se trouvaient là s’approchèrent et dirent à Pierre: Certainement, toi, tu es aussi de ces gens-là; car aussi ton langage te fait reconnaître. Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme! Et aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui lui avait dit: Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti dehors, il pleura amèrement».

Pauvre Pierre! Il aimait sincèrement Jésus; mais trop confiant en lui-même, il n’avait pas pris garde aux avertissements du Seigneur (v. 31, 34, 40, 41). N’ayant pas serré ces paroles dans son cœur, il se laissa surprendre par la scène qui s’était déroulée devant ses yeux: témoin de la haine dont son Maître était l’objet et qui se donnait alors libre cours, il ne voit que le danger de s’identifier avec celui que tous haïssent. Sa chair, qu’il n’avait pas discernée dans ses bonnes résolutions, redoute les crachats et les soufflets, et là, sans ressources spirituelles, il n’est plus en état de faire autre chose que de s’épargner en reniant son cher Maître.

Le chant du coq, le souvenir des paroles de Jésus (en Luc 22:61, son regard), viennent subitement dissiper l’obscur et froid brouillard qui l’avait enveloppé. La lumière se fait dans son cœur; il comprend avec amertume ce qu’il vient de faire; il sort brisé et pleure amèrement sur sa terrible faute.

Lecteurs, qui de nous n’a pas connu quelque chose de cette amertume? Dans bien des occasions, n’avons-nous pas préféré n’être pas connus comme disciples de Christ? Sans proférer un reniement avec imprécation, nous avons, plus d’une fois, évité de laisser voir que nous sommes chrétiens, disciples de celui qui a souffert de la part des hommes les crachats, les soufflets et tant d’outrages, et de la part de Dieu sa terrible colère à cause de nos péchés. Lorsque nous préférons la faveur du monde, qui ne veut rien de notre Sauveur, à l’opprobre qui se rattache à son nom, nous le renions. Alors quelle tristesse remplit le cœur à la pensée de son amour qui demeure toujours le même et dont nous tenons si peu compte! Un jour tout sera manifesté et nous verrons les conséquences éternelles de notre conduite ici-bas. «Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges» (Luc 9:26). Pensons au Seigneur et non à nous-mêmes, à son amour pour nous et à la gloire dans laquelle il apparaîtra avec tous ses saints, afin d’être gardés fidèles et éviter l’amertume de l’avoir déshonoré. Sachons, comme Moïse, estimer «l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte; car il regardait à la rémunération» (Héb. 11:26).