Matthieu

Chapitre 22

Les noces du fils du roi

(v. 1-14). — Dans cette parabole Jésus ne donne pas une figure de l’état d’Israël dans le passé, comme il l’a fait avec les cultivateurs de la vigne. C’est une parabole du royaume des cieux, royaume tel qu’il s’établirait à la suite du rejet du roi. Il commence bien par la présentation de Christ aux Juifs, montre les conséquences de leur refus et continue par l’appel des Gentils à jouir de ce qu’Israël avait refusé. «Le royaume des cieux a été fait semblable à un roi qui fit des noces pour son fils».

Quel contraste entre les pensées de Dieu et celles des hommes! Le roi — Dieu — veut faire des noces pour son Fils, et les hommes veulent le faire mourir. Mais à cette pensée du roi se rattache la grâce merveilleuse qui veut faire participer le pécheur aux noces dont seul le fils était digne. C’est donc des pensées de Dieu envers son Fils que découle le bonheur éternel des invités, car si Dieu avait agi envers nous selon ce que nous méritions, nous ne devions connaître que les ténèbres de dehors, loin de la scène de bonheur qui a le Fils pour centre. Le roi envoya ses esclaves pour convier les invités aux noces, mais ils ne voulurent pas venir. Cette première invitation eut lieu pour les Juifs pendant que Jésus était sur la terre; appelés à jouir des bénédictions que leur apportait le Fils de Dieu, ils refusèrent. Après la mort de Jésus, Dieu envoya encore d’autres esclaves, les apôtres, aux conviés, toujours les Juifs, disant: «Voici, j’ai apprêté mon dîner; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués et tout est prêt: venez aux noces». En effet, par le sacrifice de Christ à la croix, tout était prêt, afin que ces coupables pussent jouir de la grâce qui leur était offerte. Au lieu de cela, sans se repentir d’avoir mis à mort leur Messie, se croyant maîtres de l’héritage, ils ne tinrent aucun compte de cette seconde invitation et «s’en allèrent, l’un à son champ, et un autre à son trafic; et les autres, s’étant saisis de ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent». C’est ce que le livre des Actes nous présente. Dès lors, c’en était fait d’Israël qui avait refusé Christ lorsqu’il se trouvait ici-bas et qui le refusait encore après sa mort. «Le roi... en fut irrité; et ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville». C’est ce qui arriva lorsque l’armée romaine détruisit Jérusalem. Alors le message de grâce fut adressé aux nations. Le roi dit à ses esclaves: «Les noces sont prêtes, mais les conviés n’en étaient pas dignes; allez donc dans les carrefours des chemins, et autant de gens que vous trouverez, conviez-les aux noces. Et ces esclaves-là, étant sortis, s’en allèrent par les chemins, et assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons; et la salle des noces fut remplie de gens qui étaient à table». Les apôtres et les disciples de Jésus sortirent des limites d’Israël et annoncèrent l’Évangile aux nations. Ce travail de la grâce s’est accompli jusqu’à nos jours. Tous ont été invités à prendre place à la table de la grâce pour y jouir des bénédictions célestes et éternelles qui sont en Christ. Mais la parabole dépasse, dans son enseignement, le temps où nous sommes, pour montrer ce qui arrivera, à la fin de la dispensation actuelle, à ceux qui auront pris place à la table du Roi, sans s’être conformés à ses pensées. Le moment va venir où il prendra connaissance des résultats du message qu’il envoie à tous. «Et le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, aperçut là un homme qui n’était pas vêtu d’une robe de noces. Et il lui dit: Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces? Et il eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs: Liez-le pieds et mains, emportez-le, et jetez-le dans les ténèbres de dehors: là seront les pleurs et les grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus».

Le temps actuel est celui dans lequel les invités se mettent à table; mais une chose est nécessaire pour pouvoir y rester et jouir du festin éternel auquel Dieu a convié tous les hommes. On ne peut figurer là, dans la présence de Dieu, que revêtu d’un vêtement qui convienne à sa sainteté, à la gloire de sa nature. Comment comprendre, nous, misérables pécheurs, souillés, ce qui lui est dû? Si nous l’avons compris, comment nous procurer un vêtement digne de Dieu, propre à manifester sa propre gloire, la gloire de son Fils, en vue duquel les noces sont faites? En Orient, autrefois, celui qui invitait à une noce fournissait lui-même la robe dont il voulait voir ses convives revêtus. Ce costume se rapportait naturellement à ses goûts, à sa richesse; lui seul pouvait le procurer tel qu’il lui convenait, car tout, dans cette fête, devait servir à manifester la gloire et la grandeur de celui qui invitait; tout devait être digne de lui. Si donc, comme le roi de la parabole, un homme très riche voulait inviter des mendiants et des pauvres, il devait nécessairement fournir tout lui-même, non seulement le festin, mais aussi la robe. Cet exemple illustre bien la pensée de Dieu et sa manière d’agir envers de pauvres pécheurs indignes et sans ressources. Si l’Évangile nous appelle à prendre part aux noces du Fils du Roi, il faut nous laisser revêtir de Christ, qui est la robe de noce, la justice divine que Dieu s’est acquise pour le pécheur, par le sacrifice de Christ à la croix. Ce sacrifice a ôté de dessus le coupable et de devant Dieu, par le jugement, tout ce qu’est le pécheur, tous les péchés qu’il a commis; il les a remplacés par ce qu’est Christ, maintenant ressuscité et glorifié, dans la présence de Dieu. Celui qui croit cela est revêtu de Christ et pourra jouir éternellement du festin que Dieu a préparé pour le pécheur.

De tous ceux qui auront accepté le christianisme comme profession religieuse, qui se seront assis à la table du roi ici-bas, ceux-là seuls qui se seront laissés revêtir de Christ en le recevant comme Sauveur pourront supporter les regards du Roi, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, et passer l’éternité dans la gloire de sa présence. Que fera celui qui ne se soucie pas de ce qui convient à la présence de Dieu, toujours satisfait de lui-même, prêt à se trouver meilleur que les autres? Que fera-t-il lorsque les regards du Dieu trois fois saint se dirigeront sur sa personne et manifesteront toute la souillure de ce qui était pur à ses propres yeux? Il aura la bouche fermée; incapable de se défendre, lié pieds et mains, il sera jeté dans les ténèbres de dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents.

Que l’on se juge bon ou mauvais, ce qui est nécessaire pour tous, c’est d’être revêtu de Christ, de le posséder comme sa justice, pour être, comme Paul le dit: «Trouvé en lui, n’ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi» (Philippiens 3:9). Tous nos lecteurs sont-ils en Christ? «Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus» (Romains 8:1).

 

À qui payer le tribut

(v. 15-22). — Les diverses classes des Juifs se présentent devant Jésus pour chercher à l’embarrasser par des questions. Mais elles doivent se retirer toutes, jugées par lui.

Les pharisiens lui envoient leurs disciples avec les hérodiens, deux classes de personnes absolument opposées l’une à l’autre. Les pharisiens conservaient tout ce qui appartenait au peuple juif: religion, traditions, coutumes, tandis que les hérodiens défendaient la puissance romaine, joug insupportable aux pharisiens surtout. Ils viennent à Jésus avec flatteries et disent: «Maître, nous savons que tu es vrai et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité, et que tu ne t’embarrasses de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. Dis-nous donc, que t’en semble: est-il permis de payer le tribut à César, ou non?»

Une réponse affirmative du Seigneur le mettrait, pensaient-ils, en contradiction avec lui-même, puisqu’il était le roi des Juifs. Une réponse négative les autoriserait à l’accuser de méconnaître la puissance romaine. «Jésus, connaissant leur méchanceté, dit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites? Montrez-moi la monnaie du tribut. Et ils lui apportèrent un denier. Et il leur dit: De qui est cette image et cette inscription? Ils lui disent: De César. Alors il leur dit: Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu. Et l’ayant entendu, ils furent étonnés; et le laissant, ils s’en allèrent».

Le Seigneur reconnaît l’autorité de César sur les Juifs, car c’est Dieu qui les avait placés sous le pouvoir des Gentils, précisément parce qu’ils n’avaient pas rendu à Dieu ce qui lui appartenait. Ils devaient donc se soumettre à la domination romaine. En même temps ils avaient à reconnaître les droits de Dieu sur eux; mais ils ne faisaient ni l’un ni l’autre. Ils se retirèrent donc confus de devant la sagesse de celui qui, comme ils le disaient par flatterie, ne s’embarrassait de personne. Ils en avaient fait l’expérience.

 

Question des sadducéens quant à la résurrection

(v. 23-33). — Viennent à leur tour les sadducéens qui représentent le parti rationaliste des Juifs (voir Actes 23:8) et pensent embarrasser Jésus par une question touchant la résurrection qu’ils niaient. Ils supposent le cas d’une femme qui épousa successivement sept frères; car, selon la loi de Moïse, si un homme mourait sans enfant, le frère de cet homme devait épouser la veuve. Ils demandent à Jésus auquel de ces sept hommes cette femme appartiendrait à la résurrection. Jésus leur répond: «Vous errez, ne connaissant pas les Écritures, ni la puissance de Dieu; car, dans la résurrection, on ne se marie ni on n’est donné en mariage, mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel. Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce qui vous est dit par Dieu, disant: «Moi, je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob» (Exode 3:6)? Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants». Puisqu’ils refusaient de croire, les sadducéens étaient dans l’erreur et ne connaissaient pas la puissance de Dieu. L’incrédulité, toujours bornée, limite la sphère du pouvoir de Dieu à celle de l’homme. Seule la foi peut rendre intelligent dans les pensées de Dieu, telles que sa Parole les expose. Après la résurrection, les relations naturelles auront pris fin. Dieu les a formées pour la terre; elles cessent avec la mort. Déjà ici-bas, s’il s’agit de la nouvelle création, «toutes choses sont faites nouvelles» (2 Corinthiens 5:17), et il n’y a ni homme, ni femme (voir Galates 3:28). Les ressuscités seront non des anges, mais comme eux, quant à la nature de l’être; ils auront des corps, ce que les anges n’ont pas, puisqu’ils sont «des esprits» (Hébreux 1:14), et ne se marient pas. Voilà quant à l’état de ceux qui seront ressuscités.

Le Seigneur fournit ensuite la preuve de la résurrection. Il la tire du fait que Dieu, lorsqu’il parlait à Moïse depuis le buisson de feu (Exode 3:6), s’appelle: «le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob». À ce moment-là, deux cents ans environ s’étaient écoulés depuis la mort du dernier de ces patriarches et pourtant Dieu s’appelle leur Dieu. Or, comme Dieu n’est pas le Dieu des morts, le fait qu’il s’appelle leur Dieu longtemps après leur décès, prouve qu’ils vivent; Dieu ne dit pas qu’il était le Dieu d’Abraham, etc., mais qu’il l’est. Outre cela, tous ces patriarches n’avaient pas reçu les choses promises (Hébreux 11:13-16). Il faut donc qu’ils ressuscitent pour qu’ils puissent en jouir; car, si la mort a séparé l’âme du corps, ce n’est pas pour toujours. Tous les hommes se retrouveront comme Dieu les a créés, corps et âme réunis: ceux qui auront cru, pour jouir de la félicité éternelle, et ceux qui n’auront pas cru, pour porter éternellement la peine de leurs péchés.

Quand les foules eurent entendu la réponse de Jésus, elles s’étonnèrent de sa doctrine. Si elles avaient cru qui il était, elles n’auraient pas été étonnées, car de quoi le Fils de Dieu n’est-il pas capable?

De nos jours, les sadducéens du christianisme sont nombreux et cherchent à égarer par leur prétendue sagesse. Il y a un seul moyen de ne pas se laisser détourner par leurs raisonnements, c’est de croire les Écritures, croire Dieu plutôt que sa pauvre créature déchue, égarée dans les ténèbres qu’elle préfère à la lumière divine. Un jour viendra, le jour du Seigneur, où tous les habiles raisonneurs de ce siècle auront la bouche fermée; ils verront leurs erreurs, mais trop tard pour se repentir.

Dieu veuille que tous nos lecteurs, et la jeunesse particulièrement, ferment leurs oreilles à la voix trompeuse du raisonnement humain et matérialiste, pour écouter Dieu pendant qu’il en est temps! «Inclinez votre oreille et venez à moi; écoutez, et votre âme vivra» (Ésaïe 55:3). «Mon fils, cesse d’écouter l’instruction qui fait errer loin des paroles de la connaissance» (Proverbes 19:27).

 

Question des pharisiens

(v. 34-40). — Les pharisiens, secte opposée aux sadducéens, viennent encore à Jésus avec une question touchant la loi, toujours pour l’éprouver: «Maître», demande l’un d’eux, «quel est le grand commandement dans la loi? Et il lui dit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est là le grand et premier commandement. Et le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Les pharisiens, paraît-il, cherchaient à déterminer l’importance relative des divers commandements, afin d’attribuer plus de mérites à ceux qui auraient accompli les plus grands. Jésus leur montre que ce qui donne aux commandements leur valeur, c’est le motif qui fait agir, l’amour pour Dieu et pour son prochain. Si cet amour existe, la loi s’accomplira. «De ces deux commandements dépendent la loi tout entière et les prophètes». Les prophètes ont toujours cherché, par amour pour Dieu et leur prochain, à ramener le peuple à l’observation de la loi.

Par la participation à la nature divine, le chrétien est rendu capable d’aimer Dieu et son prochain, d’accomplir ainsi la pensée de Dieu dans la loi, et même de la dépasser. En imitant Christ, qui a laissé sa vie pour des ennemis, nous devons laisser nos vies pour nos frères (1 Jean 3:16). «L’amour ne fait point de mal au prochain; l’amour donc est la somme de la loi» (Romains 13:10).

 

Question de Jésus aux pharisiens

(v. 41-46). — Après avoir vu passer devant lui tous ces interrogateurs, le Seigneur pose aux pharisiens une question relative à sa personne. Il leur demande d’abord: «Que vous semble-t-il du Christ? — de qui est-il fils? Ils lui disent: De David». Puisqu’il en est ainsi, voici une autre question embarrassante pour eux: «Comment donc David, en Esprit, l’appelle-t-il seigneur, disant: «Le Seigneur a dit à mon seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds?» Si donc David l’appelle seigneur, comment est-il son fils?» Si le fils de David n’avait pas dû être rejeté par son peuple, l’Esprit de Dieu n’aurait pas mis ces paroles dans la bouche du roi-prophète au Psaume 110. Par son rejet, le Seigneur allait prendre une position nouvelle, recevoir la domination sur toutes choses et attendre, dans la gloire, que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. La question des pharisiens démontrait aussi la culpabilité de ceux qui étaient considérés comme ses ennemis et elle les jugeait. «Et personne ne pouvait lui répondre un mot; et personne, depuis ce jour-là, n’osa plus l’interroger».

Les pharisiens ne veulent pas de cette sagesse qui les confond; ils aiment mieux rester dans leur ignorance et leur haine contre Jésus qui les poussera à se débarrasser de lui, à se priver eux-mêmes de tout espoir de salut. Que de personnes, de nos jours, se trouvent dans le même cas! L’intelligence naturelle peut constater plus ou moins la sagesse et la vérité des Écritures et de la personne de Jésus; mais on n’aime pas la vérité, car elle place le cœur et la conscience en présence de la lumière qui en montre le véritable état; on préfère ne pas approfondir ces réalités, au lieu de demeurer en présence de la vérité qui conduit au Sauveur. Comme Félix en Actes 24:25, beaucoup ont dit: «Pour le présent va-t’en; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler». La chair refuse de se présenter devant le Seigneur; si donc l’on attend qu’elle y consente, on trouvera la porte fermée. Le moment convenable est «aujourd’hui». Laisser passer ce moment, c’est endurcir son cœur et s’exposer à la perdition éternelle.