Matthieu

Chapitre 21

Entrée royale de Jésus à Jérusalem

(v. 1-11). — Jésus approchait de Jérusalem; il se trouvait avec ses disciples à Bethphagé, près de la montagne des Oliviers, en face d’un autre village qui n’est pas nommé. Il y envoya deux de ses disciples en disant: «Allez au village qui est vis-vis de vous, et aussitôt vous trouverez une ânesse attachée, et un ânon avec elle; détachez-les et amenez-les-moi. Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz: Le Seigneur en a besoin; et aussitôt il les enverra». Quoique rejeté et se rendant à Jérusalem, non pour y recevoir la royauté, mais pour y mourir, Jésus était cependant le roi, le fils de David, présenté comme tel à son peuple, afin que ce peuple soit sans excuse quant à sa culpabilité de l’avoir rejeté. En Zacharie 9:9, nous lisons: «Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une ânesse». Malgré la débonnaireté et l’humilité qui caractérisaient Jésus, il agissait avec l’autorité qui lui appartenait comme Seigneur; sur son ordre, les disciples amenèrent l’ânesse et l’ânon, sans que personne fasse d’opposition. Ils mirent leurs vêtements dessus en guise de selle, et Jésus s’y assit. Une foule immense aussi étendait ses vêtements sur le chemin; d’autres coupaient des rameaux des arbres pour en tapisser la voie royale qui conduisait le fils de David dans la cité du grand roi, selon les coutumes orientales. Afin qu’un témoignage public soit rendu à Jésus comme roi, les foules qui le précédaient, comme celles qui le suivaient, se trouvant momentanément sous l’action de la puissance divine, criaient: «Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!» Elles acclamaient ainsi le Messie par le cri que fera entendre de nouveau le résidu d’Israël dans un temps à venir, cri par lequel il exprimera l’ardent désir de la délivrance, alors qu’il souffrira sous la puissance diabolique du faux roi, et avec le sentiment douloureux d’avoir rejeté le Messie lorsqu’il lui fut présenté, ainsi que nous le lisons au Psaume 118:25, 26. «Hosanna» veut dire: «Sauve, je te prie». Au chapitre 23:38, 39 de notre Évangile, Jésus dit aux Juifs: «Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis: Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!» Les Juifs ne revirent plus le Seigneur, sauf à la croix, et ne le reverront pas jusqu’au moment où il apparaîtra en gloire pour la délivrance du résidu préparé à le recevoir en passant par la grande tribulation.

«Comme il entrait dans Jérusalem, toute la ville fut émue, disant: Qui est celui-ci? Et les foules disaient: Celui-ci est Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de Galilée». À Jérusalem, personne ne s’attendait à une telle manifestation, car le moment approchait où l’on prendrait des mesures pour faire mourir Jésus. L’émotion que causait l’arrivée du Messie rappelle celle qu’occasionnèrent plus de trente ans auparavant, dans la même ville, les mages d’Orient, quand ils demandèrent où était le roi des Juifs qui venait de naître. Hérode en fut troublé et tout Jérusalem avec lui (Chap. 2:3). Combien cela dénote l’état misérable de ce peuple, troublé par ce qui devait être pour lui un sujet de joie! Il n’en sera pas autrement pour le monde lorsque Jésus reviendra. Il apparaîtra «à salut à ceux qui l’attendent». Mais ce sera un sujet de trouble et d’angoisse pour ceux qui n’auront rien voulu de lui, un jour «brûlant comme un four» (Malachie 4:1, 2). Pendant un moment ils pourront dire: «Paix et sûreté»; puis une subite destruction viendra sur eux et ils n’échapperont point (1 Thess. 5:3). On peut remarquer que, lorsque Jésus entre dans Jérusalem, les foules, en répondant à la question: «Qui est celui-ci?» ne disent pas: «C’est le fils de David»; elles le confessent comme «le prophète, qui est de Nazareth de Galilée», ce qui était vrai, mais elles ne l’acclamaient pas comme tel tout à l’heure. Il semble qu’en présence des Juifs de Jérusalem, tout particulièrement opposés à Christ, elles n’osent plus le confesser comme le fils de David; c’était moins compromettant de l’appeler: «Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de Galilée». Pour confesser vraiment Jésus rejeté, il faut la foi; inutile de se trouver sous une impression passagère, si juste soit-elle. Nous verrons plus loin qui sont ceux qui osent rendre témoignage à Jésus en présence de ses ennemis.

Que Dieu nous garde tous d’avoir honte de confesser le Seigneur Jésus! Il faut toujours penser que celui qui est aujourd’hui méprisé est celui devant lequel tout genou devra se ployer.

 

Jésus dans le temple

(v. 12-17). — Le Seigneur use de son autorité pour purifier le temple de tout ce qui était étranger à sa destination, car il était écrit: «Ma maison sera appelée une maison de prière» (Ésaïe 56:7). C’est tout particulièrement ce qu’elle sera lorsque le Seigneur l’aura purifiée à sa seconde venue et qu’il établira la bénédiction dont parle ce chapitre d’Ésaïe. Au lieu d’une maison de prière, les Juifs en avaient fait une caverne de voleurs; l’Éternel en avait déjà adressé le reproche à leurs pères en Jérémie 7:11: «Cette maison qui est appelée de mon nom, est-elle une caverne de voleurs à vos yeux?» Mais ici, Jésus dit positivement: «Vous en avez fait une caverne de voleurs». C’était, en effet, un vrai lieu de commerce où se tenaient des changeurs de monnaie et où l’on vendait du bétail et des colombes à ceux qui venaient de loin pour sacrifier à l’Éternel. On peut comprendre comment, avec les dispositions commerciales des enfants de Jacob et le manque de conscience qui accompagne souvent l’amour de l’argent, on avait fait de ce lieu sacré une caverne de voleurs. Hélas! n’est-ce pas ce que le Seigneur dit, en d’autres termes, de ce qui aujourd’hui porte le nom de «maison de Dieu» sur la terre, et qui sera aussi l’objet de ses terribles jugements? (Apocalypse 18:11-19). Au lieu de se conduire d’une manière digne de la maison de Dieu, l’homme y a introduit le monde et tous ses caractères de mal.

Si le Seigneur agit contre le mal dans la maison de son Père avec l’autorité qui lui appartient comme roi, son cœur est toujours le même envers ceux qui, sentant leur état, ont besoin de lui. Des aveugles et des boiteux viennent à lui dans le temple et il les guérit. La foi sait profiter de la puissance en grâce, dans le moment même où ceux qui l’ont rejetée ont affaire avec cette puissance en jugement. C’est ce qui aura lieu aussi lorsque Christ viendra comme roi: le résidu croyant sera reçu en grâce, tandis que les incrédules seront l’objet du jugement. En même temps les petits enfants crient dans le temple ce qu’ils avaient entendu crier au-dehors, car eux ne doutaient aucunement que Jésus ne soit le fils de David. «Les principaux sacrificateurs et les scribes, voyant les merveilles qu’il faisait, et les enfants criant dans le temple et disant: Hosanna au fils de David! en furent indignés, et lui dirent: Entends-tu ce que ceux-ci disent? Mais Jésus leur dit: Sans doute; n’avez-vous jamais lu: Par la bouche des petits enfants et de ceux qui tètent, tu as établi ta louange?» Tels étaient l’endurcissement et la haine de ces hommes que les merveilles que Jésus faisait et le témoignage qui lui était rendu les indignaient; aussi est-il dit: «Et les ayant laissés, il sortit de la ville et s’en alla à Béthanie». Il n’y a plus rien à faire avec eux. Ils sont laissés à leur terrible sort.

Dans les aveugles, les boiteux et les petits enfants, nous trouvons les caractères de ceux qui veulent profiter de la grâce et de la puissance de Jésus. Les aveugles et les boiteux représentent deux traits de l’état naturel de l’homme, sans capacité pour voir ni pour marcher selon Dieu; mais ceux qui se reconnaissent tels viennent à Jésus et sont guéris. Comme nous le savons, les petits enfants représentent ceux qui ont la foi simple, nécessaire pour recevoir ce que Dieu dit dans sa Parole, afin que quiconque croit ait la vie éternelle. Remarquons combien la vérité s’impose d’elle-même au cœur des simples, des enfants. Ces petits enfants avaient entendu crier que Jésus était le fils de David; ils ne demandaient pas d’explications qu’auraient pu leur donner ceux qui l’exprimaient avec enthousiasme, lorsque toute la foule le criait. Ce qu’ils entendaient était ce que la parole de Dieu avait dit; cela suffisait à leur foi simple qui est la vraie foi. Il est important de retenir que la foi croit Dieu sans explications, lorsqu’elle entend sa Parole. «La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Romains 10:17).

 

Le figuier stérile

(v. 18-22). — Jésus passa la nuit à Béthanie; comme il retournait à Jérusalem le lendemain matin, il eut faim. «Voyant un figuier sur le chemin, il s’en approcha; et il n’y trouva rien que des feuilles; et il lui dit: Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi! Et à l’instant le figuier sécha». Ce figuier représente soit le peuple d’Israël, soit l’homme dans son état naturel; Dieu en attendait du fruit, et il avait fait le nécessaire pour cela (Luc 13:6-9). Mais malgré la belle apparence du feuillage, symbole de la profession, il n’y avait aucun fruit. Le Seigneur condamne un état pareil; Dieu n’attendra plus de fruit de cet arbre; l’homme en Adam est jugé, le figuier a séché. Dieu opérera lui-même pour obtenir du fruit.

Les disciples s’étonnent de voir le figuier sécher en un instant. Ils pouvaient penser que c’était un acte de puissance dont le Seigneur seul était capable. Mais Jésus leur dit: «En vérité, je vous dis: Si vous avez de la foi et que vous ne doutiez pas, non seulement vous ferez ce qui a été fait au figuier, mais si même vous disiez à cette montagne: Ôte-toi et jette-toi dans la mer, cela se ferait. Et quoi que vous demandiez en priant, si vous croyez, vous le recevrez». Une montagne représente une grande puissance et, par conséquent, une grande difficulté à vaincre; mais la foi dispose de la puissance de Dieu, et ainsi peut tout ce qui est selon sa volonté. La liaison entre cette exhortation et le jugement porté par Jésus sur le figuier se trouve dans le fait que les disciples, après le départ de Jésus, auraient affaire avec Israël jugé et condamné et rencontreraient de grandes difficultés, beaucoup d’opposition de sa part, mais la foi en triompherait. Israël, comme peuple incrédule, a été en réalité comme une montagne jetée dans la mer des nations, lors de la destruction de Jérusalem. Mais l’exhortation du Seigneur s’applique à toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer et dans lesquelles, par la foi, nous pouvons user de la puissance divine. «Quoi que vous demandiez en priant, si vous croyez, vous le recevrez». Il va sans dire que Dieu n’exauce que les prières conformes à sa volonté.

 

Jésus et les chefs du peuple

(v. 23-32). — De nouveau, les sacrificateurs et les anciens du peuple demandent à Jésus en vertu de quel droit il venait chasser du temple les vendeurs et les acheteurs, et renverser les tables des changeurs. Ils ne pouvaient supporter l’autorité de Jésus, car ils avaient la prétention de la posséder eux seuls et d’être les conducteurs du peuple. Le Seigneur, dans sa parfaite sagesse, répond en leur posant une question à laquelle ils ne peuvent répliquer sans se compromettre: «Je vous demanderai,» dit-il, «moi aussi, une chose; et si vous me la dites, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d’où était-il? du ciel, ou des hommes? Et ils raisonnaient en eux-mêmes, disant: Si nous disons: Du ciel, il nous dira: Pourquoi donc ne l’avez-vous pas cru? Et si nous disons: Des hommes, nous craignons la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Et, répondant, ils dirent à Jésus: Nous ne savons».

Dieu avait envoyé Jean comme précurseur du Messie qui venait d’entrer triomphalement dans Jérusalem. S’ils confessaient que son ministère venait de Dieu — ce qu’ils savaient très bien — non seulement ils devaient le recevoir, lui, mais aussi le Christ qu’il leur avait annoncé, et enseigner eux-mêmes au peuple à recevoir son Messie.

Ces hommes prétentieux préfèrent passer pour ignorants plutôt que d’énoncer une vérité qui les condamnait devant Dieu, ou une chose erronée qui les aurait exposés à la colère de la foule. Aussi le Seigneur leur répond: «Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais ces choses». À quoi cela aurait-il servi? Ils avaient décidé de ne pas croire en lui.

Si le Seigneur ne répond pas à leur question, il leur montre leur misérable état au moyen d’une parabole. Il leur dit: «Un homme avait deux enfants; et venant au premier, il dit: Mon enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne. Et lui, répondant, dit: Je ne veux pas; mais après, ayant du remords, il y alla. Et venant au second, il dit la même chose; et lui, répondant, dit: Moi j’y vais, seigneur; et il n’y alla pas. Lequel des deux fit la volonté du père? Ils lui disent: Le premier. Jésus leur dit: En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez pas cru; mais les publicains et les prostituées l’ont cru; et vous, l’ayant vu, vous n’en avez pas eu de remords ensuite pour le croire».

On saisit facilement le sens de cette parabole grâce à l’explication que Jésus en donne. Le premier enfant représente, en Israël, la classe de ceux qui ont grossièrement péché, les publicains et les gens de mauvaise vie qui ne se souciaient pas de la loi. Mais à la voix de Jean le Baptiseur, qui les appelait à la repentance, ils eurent du remords. Ils n’accomplirent pas la loi de Moïse, il est vrai, mais ils crurent Jean; ils devinrent ces enfants de la sagesse dont Jésus a parlé au v. 19 du chap. 11. Les bons Juifs, les chefs du peuple, menaient extérieurement une conduite honorable, ils pouvaient, comme le pharisien (Luc 18), rendre grâce de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes, ni comme le publicain qui se frappait la poitrine, voyant la vraie manière d’obéir à Dieu, c’est-à-dire de croire; mais ils ne voulurent pas imiter les pécheurs repentants, de sorte que, tout en prétendant travailler à la vigne de Dieu, ils n’en firent rien; c’est pourquoi ils étaient mis de côté et se trouvaient à la veille du jugement.

La grâce brille partout où elle se manifeste. Lorsque l’homme eut fait tout ce qu’il fallait pour périr éternellement loin de Dieu, Dieu ne vint pas lui présenter quelque chose à faire. Les Juifs, quels qu’ils aient été, devaient croire ce que Jean le Baptiseur leur disait de la part de Dieu; ceux qui crurent Jean, crurent le Seigneur. Aujourd’hui, de même, si l’on croit la Parole qui apporte à la conscience la lumière de Dieu quant au péché, on croit aussi au Seigneur Jésus, venu pour se charger, sur la croix, de tous les péchés qui accablaient la conscience; on est sauvé. La grâce apporte le salut et ne demande rien, sinon de l’accepter.

 

Parabole des cultivateurs de la vigne

(v. 33-41). — Dans la parabole des cultivateurs de la vigne, Jésus donne un exposé de l’histoire d’Israël, responsable de porter du fruit pour Dieu; il se trouvait dans une position privilégiée pour cela. Dieu est comparé à un maître de maison qui planta une vigne, l’environna d’une clôture, y creusa un pressoir, et y bâtit une tour. Dans l’Ancien Testament déjà, Israël est assimilé à une vigne (Psaume 80:9-18; Ésaïe 5:1-7). La vigne plantée, soignée chaque année, doit rapporter du fruit; c’est bien l’image de la nature humaine dont Dieu, en Israël, s’est occupé en vain. Le Maître avait tout fait pour la protection de cette vigne, afin que les cultivateurs puissent lui remettre les fruits qui lui étaient dus. «Et lorsque la saison des fruits approcha, il envoya ses esclaves aux cultivateurs pour recevoir ses fruits. Et les cultivateurs, ayant pris ses esclaves, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre. Il envoya encore d’autres esclaves en plus grand nombre que les premiers, et ils leur firent de même». Ces esclaves sont les prophètes que Dieu envoya aux Juifs lorsqu’ils se détournaient de l’Éternel pour servir les idoles, afin de les rappeler à l’observation de la loi qu’ils abandonnaient si facilement. Au lieu de les écouter, ils les maltraitèrent et les tuèrent. Longtemps après, Dieu envoya son Fils disant: «Ils auront du respect pour mon Fils. Mais les cultivateurs, voyant le fils, dirent entre eux: Celui-ci est l’héritier; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent». Si le cœur du peuple, et tout particulièrement celui des chefs, avait pu être touché, ce la aurait été par la venue du Fils de Dieu; mais elle a démontré leur état irrémédiablement mauvais, et, par ce fait, l’état de l’homme dans la chair. Non seulement ils refusaient de rendre à Dieu ce qui lui était dû, mais ils souhaitaient d’être maîtres de l’héritage. L’homme ne veut rien avoir à faire avec Dieu; l’ayant chassé de ce monde, il croit en être le maître. C’est ce qui a lieu aujourd’hui dans la chrétienté: on ne veut pas plus de Christ qu’au temps de sa présentation à Israël.

Jésus leur dit: «Quand donc le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces cultivateurs-là? Ils lui disent: Il fera périr misérablement ces méchants, et louera sa vigne à d’autres cultivateurs, qui lui remettront les fruits en leur saison». Ils prononcent eux-mêmes leur propre jugement; ce qu’ils disent leur est arrivé, car, en réalité, ces malheureux Juifs ont péri misérablement lors de la destruction de Jérusalem par les Romains. La vigne a été louée à d’autres, c’est-à-dire que Dieu a agi d’une tout autre manière avec les hommes pour obtenir du fruit. Comme nous l’avons vu dans la parabole du semeur (chap. 13), au lieu de réclamer du fruit de l’homme naturel, Dieu a opéré dans le cœur, par sa Parole, pour produire une vie nouvelle qui le rende capable de servir le Seigneur.

 

La maîtresse pierre de coin

(v. 42-46). — Par leurs propres Écritures, le Seigneur montre aux Juifs ce qui leur arriverait s’ils le rejetaient: «La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin; celle-ci est de par le Seigneur, et est merveilleuse devant nos yeux» (Psaume 118:22, 23). Et il ajoute: «C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et sera donné à une nation qui en rapportera les fruits. Et celui qui tombera sur cette pierre sera brisé; mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera».

Les bâtisseurs étaient tout particulièrement les chefs, ceux qui avaient une responsabilité au milieu du peuple. Si la bénédiction ne les avait pas atteints à cause de leur désobéissance, Dieu avait par devers lui celui qui est la pierre du coin, sur laquelle tout reposait pour l’accomplissement des promesses. Les chefs, qui avaient assumé la responsabilité de bâtisseurs, auraient dû agir selon la pensée de Dieu à l’égard de cette pierre, élue, précieuse, choisie par Dieu; mais comme des hommes inexpérimentés, incapables de reconnaître la valeur d’une pierre qualifiée pour occuper l’angle d’une construction, ils l’ont rejetée. On voit comment les pensées de l’homme sont opposées à celles de Dieu; rien ne l’a démontré autant que la venue de son Fils ici-bas.

Cette pierre n’ayant pas été utilisée par les bâtisseurs, ils sont tombés sur elle et ont été brisés, c’est-à-dire que la chute et la destruction du peuple ont eu pour cause le rejet de Christ. Après le temps de la grâce, qui a commencé après la mort de Jésus, le Seigneur sera de nouveau présenté aux Juifs; ceux qui ne le recevront pas alors subiront des jugements plus terribles encore que ceux qui eurent lieu par le fait des Romains, ainsi que nous l’enseigne le chapitre 24. Ce ne seront pas les Juifs qui tomberont sur la pierre, mais la pierre — Christ venant du ciel — tombera sur eux et les broiera, par les jugements qui s’exécuteront alors. Le Seigneur fait, sans doute, allusion à la petite pierre dont parle Daniel (2:34). Détachée de la montagne, elle détruit les empires des nations, et ceux des Juifs qui se seront associés à eux.

Les principaux sacrificateurs et les pharisiens, ayant entendu ces paroles, connurent qu’il parlait d’eux. Au lieu de chercher, en recevant Jésus, à éviter le malheur auquel ils s’étaient préparés, ils tâchent de se saisir de lui, mais n’osent pas à cause des foules, qui le tenaient pour un prophète.