Matthieu

Chapitre 1er

La généalogie de Jésus Christ

(v. 1-17). — Le Seigneur Jésus est donc présenté en Matthieu comme l’objet des promesses et des prophéties faites au peuple de l’Éternel (on pense qu’il a été écrit pour les croyants d’entre les Juifs, afin de fortifier leur foi en la personne de leur Messie que le peuple avait rejeté; de là viennent les nombreuses citations de l’Ancien Testament, surtout d’Ésaïe, qui a beaucoup parlé du Christ). La généalogie est, comme le premier verset l’indique, celle de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham, l’héritier des promesses faites à Abraham, et l’héritier du trône de David. Elle part d’Abraham et traverse trois séries de quatorze générations chacune, pour arriver à Joseph, le mari de Marie, mère de Jésus. C’est la généalogie officielle du Seigneur, seule valable pour les Juifs, parce qu’elle devait être la généalogie paternelle; elle était donc celle de Joseph, qui était estimé parmi les Juifs être le père de Jésus (voir Luc 3:23). Les trois séries de générations correspondent aux trois grandes phases de l’histoire d’Israël depuis l’appel d’Abraham: d’Abraham à David (v. 2 à 6); de David à la transportation de Babylone (v. 7 à 11); et de la transportation à la naissance de Christ (v. 12 à 16).

Si la venue du Christ au milieu de son peuple répondait aux promesses faites dès longtemps, elle était toutefois en rapport avec la grâce de Dieu envers le peuple; et le Seigneur naissant dans ce monde ne pouvait pas surgir d’une race d’hommes illustres dont l’histoire serait sans taches, puisqu’il descendait ici-bas comme Sauveur d’une race perdue. Sa gloire ne provenait donc pas de ses pères selon la chair, mais bien de ce qu’il était en lui-même, venu du ciel pour apporter la grâce et la vérité. Ainsi c’est sur le pied de la pure grâce qu’il est en rapport avec son peuple. Aussi voyons-nous dans cette généalogie glorieuse pour le Juif orgueilleux de descendre d’Abraham et de David, des noms qui nous rappellent de tristes choses; car à côté d’hommes d’heureuse mémoire, tels qu’Abraham, David, Ézéchias, Josias, nous voyons des rois impies tels que Joram, Achaz, Manassé.

En outre, l’Esprit de Dieu a trouvé bon de mentionner des personnes faciles à omettre dans une généalogie officielle, si Dieu n’avait pas eu des raisons spéciales pour les citer; ce sont quatre femmes au souvenir desquelles se rattachent des faits humiliants dans l’histoire des ancêtres. Thamar (v. 3), rappelle l’immoralité de Juda. Rahab (v. 5), une prostituée cananéenne, reçut les espions envoyés par Josué à Jéricho. Ruth (v. 5), n’a rien de déshonorant dans sa vie, sauf qu’elle était une Moabite, — et l’Éternel avait dit de ce peuple qu’ils n’entreraient jamais dans la congrégation d’Israël. Puis le nom de la mère de Salomon (v. 6) rappelle le grave péché de David qui avait fait mourir Urie à la guerre pour prendre sa femme.

Mais si ces noms font honte au cœur naturel qui cherche des sujets de gloire dans l’homme, les péchés qu’ils rappellent font ressortir l’immense grâce de Dieu qui s’est occupé de tels êtres en leur donnant un Sauveur. Nous ne pouvons entrer dans l’histoire de chacune de ces femmes; nous y verrions l’activité de leur foi, car là où la grâce de Dieu opère, il y a aussi des œuvres qui en sont le fruit. Puis Dieu leur a accordé l’honneur de figurer dans la généalogie du Messie. Combien il est vrai que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Romains 5:20).

Naissance du Seigneur

(v. 18-25). — Le récit de la naissance du Christ, très court dans notre évangile, est raconté de manière à établir par les Écritures que Jésus, méconnu et rejeté par son peuple, était bien le Messie promis. L’évangéliste montre que sa naissance eut lieu conformément à cette prophétie d’Ésaïe 7:14: «Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel» (Emmanuel veut dire: Dieu avec nous). Un ange annonça à Joseph qu’il ne devait pas craindre de prendre la vierge Marie pour sa femme, car elle mettrait au monde un fils, qui, tout en étant bien fils de Marie, serait d’origine divine, ainsi que son nom l’indiquait. L’ange lui dit: «Tu appelleras son nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés». Jésus signifie: l’Éternel-Sauveur. Ce nom nous dit que le Christ est bien l’Éternel, mais l’Éternel-Sauveur, entrant dans ce monde par la naissance comme un homme, afin de sauver les pécheurs du milieu de son peuple et du monde entier.

La personne du Seigneur Jésus est merveilleuse et insondable. Il est homme tout en étant Dieu. Il fallait qu’il en soit ainsi pour que nous ayons un Sauveur. Il fallait qu’il soit homme pour pouvoir mourir; mais il fallait qu’il soit Dieu afin de triompher de la mort, ressusciter et entrer dans la gloire, frayant ainsi au croyant le chemin qui délivre du jugement et amène jusque dans la sainte présence de Dieu. Aussi l’union de la divinité et de l’humanité de Christ est-elle un mystère insondable, que Dieu seul connaît et qui fait le sujet de notre adoration et de nos louanges dès maintenant et pour l’éternité. La personne du Seigneur est si glorieuse qu’il dit lui-même: «Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père». Mais il dit aussi: «Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler» (Matthieu 11:27). Puissent ceux de nos lecteurs qui ne sont pas encore sauvés, ne pas méconnaître plus longtemps un tel Sauveur; car: «Comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut?» (Hébreux 2:3).