Matthieu

Samuel Prod’hom

Introduction

Le mot évangile signifie: «Bonne nouvelle». En effet, quelle bonne nouvelle que celle qui présente aux hommes un Sauveur parfait, expression de l’amour de Dieu pour eux!

Nos lecteurs savent que les Évangiles sont au nombre de quatre et que tous, ils racontent la vie du Seigneur Jésus ici-bas. Mais vous êtes-vous demandé pourquoi Dieu nous a donné quatre écrits inspirés pour faire connaître la vie de son Fils bien-aimé dans ce monde, lorsqu’il semble qu’un seul aurait suffi? La raison se trouve dans le fait que le Seigneur devait être présenté sous des caractères divers. Un récit unique ne pouvait convenir à l’Esprit de Dieu pour montrer, dans ses gloires diverses, celui dont les prophètes avaient parlé, qui était tout à la fois le Messie promis aux Juifs, le fils de David, Emmanuel (Dieu avec nous), le Serviteur et prophète, le Fils de l’homme, celui qui tout en étant la semence de la femme était en même temps le Fils de Dieu, Dieu lui-même. Il a fallu, pour révéler une Personne si glorieuse, quatre récits qui le présentent sous les quatre grands caractères dont les prophètes avaient parlé.

Matthieu place devant nous le Seigneur sous le caractère de Messie promis aux Juifs, il est appelé au premier verset: «Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham».

Marc raconte la vie du Seigneur comme répondant au caractère de prophète ou de serviteur dont Ésaïe, entre autres, a parlé (Chap. 42:1; 49:3, 5, 6; 52:13; 62:11). Le Psaume 40 le montre comme ayant annoncé la justice dans la congrégation d’Israël (v. 9, 10). Moïse a annoncé un prophète que l’Éternel susciterait au peuple (Deutéronome 18:15, etc.). Voilà déjà deux caractères du Seigneur qui occupent une grande place dans l’Ancien Testament: celui de Messie et celui de Serviteur.

Le troisième, non moins glorieux, est celui que Luc présente: le Fils de l’homme, l’homme selon les conseils de Dieu. Le premier homme, Adam, a, par son péché, perdu droit à tout, sauf au jugement. Le second homme, semence de la femme — ce qu’Adam n’était pas, puisqu’il n’était pas né de femme — hérite, en vertu de la rédemption, de tout ce que le premier a perdu; c’est pourquoi il dut mourir et tout racheter; aussi c’est à lui, l’homme parfait, qu’appartiennent la gloire et la domination sur toute la création, comme on le voit (Psaume 8:3 à 9 et Daniel 7:13 et 14).

Il reste encore le plus glorieux des caractères de Christ: celui de Fils de Dieu, celui sans lequel les trois autres ne pouvaient avoir leur réalisation parfaite, car le Messie, le Serviteur, le Fils de l’Homme, devait être le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, le Créateur des cieux et de la terre qui est la lumière et la vie des hommes (Jean 1:4). C’est l’apôtre Jean qui nous le présente comme Fils de Dieu ici-bas.

Ces quelques mots aideront nos lecteurs à entrevoir les glorieuses raisons que Dieu a eues pour faire écrire quatre récits concernant la présentation de son Fils bien-aimé aux hommes. Vous comprendrez qu’il est absurde d’unifier ces récits comme certains hommes le voudraient, sous prétexte de rendre les Évangiles plus compréhensibles, en abolissant les différences et les prétendues contradictions qui s’y trouvent; ils n’ont pas compris que ce sont quatre récits différents, et très différents, et non quatre répétitions plus ou moins concordantes.

L’évangéliste conduit par l’Esprit de Dieu, et non remis aux soins de sa mémoire, a, dans chacun des Évangiles, rapporté les récits, les miracles, les paraboles, qui servaient à mettre en relief les caractères du Seigneur que Dieu voulait présenter; de là proviennent les différences que l’on y trouve. Tout ce que le Seigneur a dit et fait, quoique parfait, n’était pas nécessaire pour présenter la vérité à l’égard de sa Personne; aussi ce qui était utile à un évangile ne l’était pas toujours à l’autre, comme le confirme l’exemple suivant: Matthieu annonce la naissance du Messie, le roi des Juifs; ce sont des mages, des gens de cour royale, qui viennent lui rendre l’hommage dû à un roi; ils lui apportent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe; tout y est en rapport avec le caractère de roi. Marc, qui présente le ministère du Serviteur, ne parle pas de sa naissance. Il n’est pas nécessaire de connaître la naissance ou la généalogie d’un serviteur; on attend de lui l’accomplissement de son service. Luc, au contraire, entre dans beaucoup de détails relatifs à la naissance du Fils de l’homme, la semence de la femme, entrant dans ce monde dans l’humilité la plus profonde. Il est adoré par d’humbles bergers dans une étable; et les anges qui célèbrent sa naissance disent: «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes» (Luc 2:14). Tout cela, avec d’autres détails encore, est en accord parfait avec le caractère de Fils de l’homme. En Jean, pourrait-il y avoir une généalogie ou une naissance, puisque le sujet est le Fils de Dieu? Absolument pas! «Au commencement — des choses créées — était la Parole;... et la Parole était Dieu» (Jean 1:1). Et lorsqu’il s’agit de sa présence au milieu des hommes, il est dit: «Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père)» (Jean 1:14). On voit que pas un détail de chacun de ces récits ne peut être remplacé par ceux d’un autre. En en faisant un seul, on ne distingue plus rien. Il en est ainsi tout au long des quatre évangiles, quoique ce ne soit pas toujours facile à discerner.