Marc

Chapitre 3

Guérison un jour de sabbat

(v. 1-12). — De nouveau Jésus entra, un jour de sabbat, dans la synagogue, où il trouva un homme qui avait la main desséchée. Les assistants l’observaient pour voir s’il le guérirait, afin de l’accuser. Connaissant leurs pensées, Jésus ordonna à l’infirme de se lever devant tous, et leur dit: « Est-il permis de faire du bien le jour de sabbat, ou de faire du mal? de sauver la vie, ou de tuer? » Mis à l’épreuve par ces paroles, ils ne répondirent rien. Leur conscience ne leur permettait pas de dire qu’il ne fallait pas faire du bien le jour du sabbat, car, s’ils n’en convenaient pas, ils savaient néanmoins que Dieu les visitait et que l’amour ne pouvait être condamné par la loi s’il délivrait l’homme de ses malheurs ce jour-là. Mais leur haine pour Jésus ne leur permettait pas de l’approuver, tellement ils cherchaient une occasion pour le faire mourir. La perfection de la vie du Seigneur leur ôtait toute occasion de le prendre en défaut; ils ne trouvaient de prétexte pour le condamner que dans l’exercice de l’amour divin, amour qui ne pouvait s’exercer librement dans le cercle restreint des ordonnances sous lesquelles l’homme demeurait dans son misérable état.

L’homme ne peut supporter la grâce, parce qu’elle le met de côté, tandis que les ordonnances le considèrent comme capable de les accomplir. Le pécheur préfère demeurer sous la loi, et par conséquent sous la condamnation, plutôt que d’accepter la grâce qui le délivre de la condamnation, en lui montrant qu’un autre a dû prendre sa place sous le jugement pour l’en délivrer.

Devant le silence de ses observateurs, Jésus fut rempli d’indignation: « Et les ayant regardés à l’entour avec colère », est-il dit, « étant attristé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme: Étends ta main. Et il l’étendit, et sa main fut rétablie ». La colère fait partie des perfections de la nature divine, c’est l’indignation que Dieu éprouve en présence du péché, si repoussant pour Sa nature. On comprend aisément les sentiments de Jésus devant l’endurcissement de ces hommes, sans cœur pour leurs semblables dans la souffrance, et plus insensibles encore à l’amour qui venait les délivrer. Combien Jésus a dû souffrir en voyant son amour méprisé et repoussé par l’orgueil et l’égoïsme de ceux qui avaient pris, au milieu du peuple, la place de bergers, mais de bergers mercenaires qui ne se mettaient pas en souci des brebis! (voir Ézéchiel 34).

Voyant le miracle accompli, les hérodiens et les pharisiens — deux sectes ennemies entre elles — sortent aussitôt et tiennent conseil pour faire mourir Jésus. Sans se préoccuper des intentions de ces méchants, le divin Serviteur se retire avec ses disciples afin de poursuivre son œuvre ailleurs, semblable à un cours d’eau qui se détourne et prend une autre direction lorsqu’il trouve un obstacle sur son passage.

Jésus se dirige vers la mer, où une grande multitude le suit, venant de toutes les contrées voisines, de l’autre côté du Jourdain, et même de Tyr et de Sidon, villes païennes situées sur les côtes de la mer Méditerranée. L’incrédulité des chefs du peuple laisse subsister les besoins chez les foules qui trouvent en Jésus l’amour et la puissance nécessaires pour y répondre. Pressé par la multitude, Jésus dut demander à ses disciples qu’on mette une barque à sa disposition, car ceux qui souffraient de quelque infirmité se jetaient sur lui afin de le toucher. Combien Jésus est admirable dans son abaissement volontaire! Il est Dieu au milieu de ses créatures, devenu homme pour les servir; mais il agit comme un homme doit le faire pour se préserver d’une foule qui le presse; il ne se protège pas par sa puissance divine: il demande une barque, comme s’il en avait besoin pour être en sûreté. La réalisation parfaite de son humanité gagne le cœur, l’attire. Cet homme était Dieu manifesté en chair, débonnaire et humble de cœur, vers lequel les affligés ne craignaient pas de se jeter pour obtenir la guérison qu’ils désiraient. Quelle grâce merveilleuse! Mais combien est coupable celui qui la méprise!

Les démons, voyant Jésus, se jetaient devant lui, confessant qu’il était Fils de Dieu. Ici encore, le Seigneur leur défend expressément de le faire connaître. Il ne voulait pas recevoir le témoignage des démons. Les caractères divins qu’il manifestait devaient suffire aux hommes pour qu’ils croient en lui.

Le refus de Jésus de recevoir le témoignage des démons nous enseigne clairement que le croyant ne doit rien avoir à faire avec ces êtres-là. Il est utile de le rappeler, car dans l’état actuel de la chrétienté, où l’on abandonne de plus en plus la vérité de Dieu, il est effrayant de voir avec quelle facilité les hommes se mettent en relation avec les mauvais esprits, par le magnétisme, le spiritisme, l’hypnotisme, dans des buts divers, et surtout pour obtenir des choses que Dieu n’a pas mises à la disposition de ses créatures. Rappelons-nous que, quels que soient les résultats obtenus, Dieu est en dehors de tout cela, et tous les effets qui peuvent être produits sont dus à la puissance de Satan, et par conséquent mensongers.

Cette puissance satanique, sous laquelle les hommes se placent toujours plus, pour la plupart inconsciemment, les étreindra peu à peu, jusqu’au jour où elle aura atteint son plein développement en jugement sur ceux qui n’auront pas cru la vérité, alors que Dieu enverra « une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thessaloniciens 2:9-12).

 

Appel des douze

(v. 13-19). — Jusqu’ici, Jésus avait été suivi par un certain nombre de disciples, dont il avait appelé plusieurs personnellement: Simon, André et les fils de Zébédée. Maintenant il en appelle douze pour être avec lui1. Jésus voulait des compagnons dans son service, afin de prêcher, de guérir et de chasser les démons. La prédication a la première place dans l’activité du Seigneur; de tous les dons du commencement, c’est celui qui subsiste aujourd’hui, parce que Dieu accomplit son œuvre par la Parole seule. Nous avons déjà vu au premier chapitre que le Seigneur seul a autorité pour appeler et douer ceux qu’il veut employer à son service. Au v. 13, il est dit qu’il appela « ceux qu’il voulait ». Ce ne sont pas ceux qui veulent ou ceux qui sont désignés par une autre autorité, qui peuvent être consacrés au service du Seigneur.

1 Le nombre douze présente la perfection et la plénitude dans l’administration confiée à l’homme: douze tribus, douze apôtres, douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël, etc. C’est le nombre le plus divisible.

Jésus manifeste son autorité en changeant les noms de quelques-uns d’entre eux. Simon fut surnommé Pierre, et Jean, Boanergès. Il le fit, sans doute, en rapport avec la connaissance qu’il avait de leur caractère, car le nom exprime ce qu’est la personne qui le porte. Le nom de Pierre est devenu un nom général qui désigne tous les croyants, car chacun d’eux est une pierre de l’édifice fondé sur le roc qui est Christ lui-même, confessé comme Fils du Dieu vivant, ainsi que Jésus le dit à Pierre en Matthieu 16:18: « Et moi... je te dis que tu es Pierre (ou une pierre); et sur ce roc je bâtirai mon Assemblée ».

 

Jésus jugé par ses proches et les scribes

(v. 20-30). — Quand Jésus et ses disciples rentrèrent à la maison, la foule les entoura aussitôt, au point qu’ils ne pouvaient même pas manger leur pain. Ayant entendu tout ce qui avait eu lieu, les proches de Jésus survinrent avec l’intention de se saisir de lui, le disant hors de sens. Voilà l’appréciation que faisait le cœur naturel en voyant le travail que la grâce de Dieu opérait par le moyen du fidèle et divin Serviteur. Une vie de dévouement et de service dans la dépendance de Dieu passe pour folie, et l’homme y mettrait fin s’il le pouvait. C’est bien ce que voulaient faire les parents du Seigneur. Quel abîme se trouve entre les pensées des hommes et celles de Dieu!

Chez les scribes descendus de Jérusalem, il y a plus encore: ils ne peuvent nier la puissance par laquelle Jésus chassait les démons; mais ils l’attribuent au chef des démons. Jésus leur montre la folie d’une telle déclaration, en leur disant: « Comment Satan peut-il chasser Satan? » Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister, ni une maison non plus. « Si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut pas subsister, mais il vient à sa fin. Nul ne peut entrer dans la maison de l’homme fort, et piller ses biens, si premièrement il n’a lié l’homme fort; et alors il pillera sa maison ». Jésus était ici-bas pour délivrer l’homme du pouvoir du diable; pour le faire il avait dû entrer dans sa maison et le lier; c’est ce qui eut lieu à la tentation dans le désert, où Satan vaincu par l’obéissance du Seigneur s’était retiré pour le laisser accomplir librement son œuvre de délivrance en faveur des hommes; la puissance par laquelle Jésus chassait les démons était donc celle par laquelle leur chef était vaincu.

À la croix, le pouvoir du diable sur la mort lui a été ôté en ce qui concerne le croyant: « Par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Hébreux 2:14). Bientôt, dit l’apôtre Paul, « le Dieu de paix brisera Satan sous vos pieds » (Romains 16:20). La chose se réalisera lors de la délivrance complète des rachetés. Dans le millénium, Satan, lié, ne pourra pas nuire aux hommes. Enfin, pour l’état éternel, il sera jeté dans l’étang de feu et de soufre préparé pour lui et ses anges, où se trouveront, hélas! ceux qui auront préféré écouter les mensonges de l’ennemi, plutôt que la vérité de Dieu qui leur offrait le salut.

Cette accusation des scribes produisit de très graves conséquences: Jésus proclame que les péchés et les blasphèmes seront pardonnés aux hommes, mais que « quiconque proférera des paroles injurieuses contre l’Esprit Saint n’aura jamais de pardon; mais il est passible du jugement éternel. C’était parce qu’ils disaient: Il a un esprit immonde ». Jésus chassait les démons par la puissance du Saint Esprit, en sorte que dire que cette puissance était celle du diable, c’était blasphémer contre le Saint Esprit. Les Juifs comme nation se sont placés sous les conséquences d’un tel péché, en rejetant le témoignage que le Saint Esprit a rendu à Christ depuis la Pentecôte; aussi il n’y a pas eu de pardon pour le peuple; Dieu le mit de côté et le dispersa parmi les nations.

 

La vraie famille de Jésus

(v. 31-35). — Tout ce qui venait de se passer témoignait hautement qu’il n’y avait pas de relation possible entre Dieu et l’homme selon la chair, quoique Dieu l’ait entouré de tous Ses soins sans loi et sous la loi, et que l’épreuve se termine par la présentation de Christ en grâce. La mère et les frères de Jésus le font appeler; mais lui se sert de cette circonstance pour déclarer devant tous qu’il ne reconnaît aucune relation entre lui et l’homme en Adam, ni avec sa mère et ses frères, qui représentent le peuple juif dont il est issu quant à son humanité. D’autres liens se formeront par l’action de la Parole; désormais sa mère et ses frères sont ceux qui font la volonté de Dieu. Ceci implique la nouvelle naissance: on ne peut faire la volonté de Dieu qu’en possédant la nature divine, car, dans la chair, c’est impossible; dans cet état, l’homme ne se soumet pas à la loi de Dieu; il ne le peut pas.

« Quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». L’Esprit de Dieu se sert de ces paroles pour nous montrer que c’est par des actions que l’on peut être reconnu enfant de Dieu. Il ne suffit pas de dire que l’on croit, car ce qui distingue un croyant d’un non-croyant, c’est le témoignage qu’il rend, témoignage qui consiste à obéir à la parole de Dieu, puisque Dieu nous exprime par elle sa volonté. Dieu veut des fruits. « La foi sans les œuvres est morte » (Jacques 2:26). Or comme Dieu a donné au croyant une vie qui peut produire des fruits, il est naturel qu’il en attende.

Que ce qui nous caractérise toujours mieux, ce soit l’obéissance à la volonté de Dieu pendant le peu de temps que nous sommes laissés ici-bas! Le Seigneur Jésus lui-même est notre modèle; en considérant sa vie de serviteur parfait, d’homme obéissant, dévoué, nous pourrons, jeunes ou vieux croyants, l’imiter et être agréables à Dieu. Alors on nous reconnaîtra comme ceux que le Seigneur n’a pas honte d’appeler ses frères, ses sœurs et sa mère.