Lévitique

Chapitre 16

Ce chapitre développe quelques-uns des principes les plus importants dont un esprit régénéré puisse s’occuper. Il présente la doctrine de l’expiation avec une force et une plénitude inouïes. Bref, nous devons compter le chapitre 16 du Lévitique au nombre des portions les plus précieuses et les plus importantes de l’Inspiration, si toutefois il est permis de faire des distinctions là où tout est divin.

En considérant ce chapitre historiquement, il nous offre un récit des transactions du grand jour des expiations en Israël, par lesquelles les relations de l’Éternel avec l’assemblée étaient établies et maintenues, et tous les péchés, les fautes et les infirmités du peuple parfaitement expiés, en sorte que l’Éternel Dieu pouvait habiter parmi eux. Le sang qui était répandu en ce jour solennel formait la base du trône de l’Éternel au milieu de la congrégation. En vertu de ce sang, un Dieu saint pouvait avoir sa demeure au milieu du peuple, malgré toutes leurs impuretés. «Le dixième jour du septième mois» était un jour unique en Israël. Il n’y avait pas un autre jour semblable dans toute l’année. Les sacrifices de cette journée étaient le fondement des voies de Dieu en grâce, en miséricorde, en patience et en long support.

Nous apprenons, en outre, dans cette portion de l’histoire inspirée, «que le chemin des lieux saints n’avait pas encore été manifesté». Dieu était caché derrière un voile, et l’homme était tenu à distance. «Et l’Éternel parla à Moïse, après la mort des deux fils d’Aaron, lorsque, s’étant approchés de l’Éternel, ils moururent et l’Éternel dit à Moïse: Dis à Aaron, ton frère, qu’il n’entre pas en tout temps dans le lieu saint, au-dedans du voile, devant le propitiatoire qui est sur l’arche, afin qu’il ne meure pas; car j’apparais dans la nuée sur le propitiatoire».

Le chemin n’était pas ouvert pour que l’homme pût s’approcher, en tout temps, de la présence divine; il n’y avait non plus, dans toute la série des cérémonies mosaïques, aucun moyen quelconque qui pourvût à ce qu’il pût y demeurer constamment. Dieu était enfermé au dedans loin de l’homme, et l’homme était tenu en dehors loin de Dieu; et «le sang des taureaux et des boucs» ne pouvait ouvrir un lieu de rapprochement permanent. Il fallait pour cela un sacrifice d’un ordre plus élevé et d’un sang plus précieux. «Car la loi, ayant l’ombre des biens à venir, non l’image même des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices que l’on offre continuellement chaque année, rendre parfaits ceux qui s’approchent. Autrement n’eussent-ils pas cessé d’être offerts, puisque ceux qui rendent le culte, étant une fois purifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de péchés? Mais il y a dans ces sacrifices, chaque année, un acte remémoratif de péchés. Car il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés» (Héb. 10:1-4). Ni la sacrificature lévitique, ni les sacrifices lévitiques ne pouvaient amener à la perfection. L’insuffisance était gravée sur ces derniers, l’infirmité sur la première, l’imperfection sur l’une et sur les autres. Un homme imparfait ne pouvait pas être un sacrificateur parfait et un sacrifice imparfait ne pouvait pas rendre une conscience parfaite. Aaron n’était ni compétent ni qualifié pour prendre place au-dedans du voile, et les sacrifices qu’il offrait ne pouvaient pas déchirer ce voile.

En voilà assez sur le point de vue historique de notre chapitre. Considérons-le maintenant au point de vue typique.

«Aaron entrera de cette manière dans le lieu saint: avec un jeune taureau pour sacrifice pour le péché, et un bélier pour holocauste» (vers. 3). Nous avons encore ici les deux grands aspects de l’œuvre expiatoire de Christ, comme ce qui sauvegarde parfaitement la gloire divine et répond parfaitement aux plus grands besoins de l’homme. Il n’est pas fait mention, dans tous les services de ce jour unique et solennel, d’une offrande de gâteau ni d’un sacrifice de prospérités. La vie humaine parfaite du Seigneur n’est pas figurée ici, et la communion de l’âme avec Dieu, en conséquence de son œuvre accomplie, ne s’y trouve pas développée. En un mot, le seul sujet de ce chapitre, c’est «l’expiation», et cela d’une double manière, d’abord comme satisfaisant à tous les droits de Dieu — droits de sa nature — de son caractère — de son trône; et ensuite, comme répondant parfaitement à toute la coulpe de l’homme et à tous ses besoins. Nous devons avoir ces deux points présents à l’esprit, si nous voulons nous former une idée claire de la vérité présentée dans ce chapitre, ou de la doctrine du grand jour des expiations. «C’est de cette manière qu’Aaron entrera dans le lieu saint», avec l’expiation, qui sauvegardait la gloire de Dieu à tous égards, soit relativement à ses conseils d’amour rédempteur envers l’Église, envers Israël et envers la création tout entière, soit relativement à tous les droits de son administration morale, et avec l’expiation qui répondait parfaitement à la condition coupable et misérable de l’homme. Ces deux faces de l’expiation se présenteront constamment à nous dans notre étude de ce précieux chapitre. On ne saurait leur accorder trop d’importance.

«Il se revêtira d’une sainte tunique de lin, et des caleçons de lin seront sur sa chair, et il se ceindra d’une ceinture de lin, et il s’enveloppera la tête d’une tiare de lin: ce sont de saints vêtements; et il lavera sa chair dans l’eau; puis il s’en vêtira» (vers. 4). Aaron, lavé d’eau pure, et revêtu des vêtements blancs de lin, nous offre un type remarquable et touchant de Christ entreprenant l’œuvre de la rédemption. Il se montre, personnellement et dans tout son caractère, pur et sans tache. «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité» (Jean 17:19). Il est tout particulièrement précieux d’être appelé à regarder, pour ainsi dire, la personne de notre divin Sacrificateur, dans toute sa sainteté essentielle. Le Saint Esprit prend plaisir à tout ce qui montre Christ aux yeux de son peuple; et, sous quelque aspect que nous le contemplions, nous voyons en lui le même parfait, pur, glorieux et incomparable Jésus, «un porte-bannière entre dix mille», et «toute sa personne est désirable». Il n’avait pas besoin de faire ou de porter quoi que ce soit, pour être pur et sans tache. Il n’avait besoin ni d’eau ni de fin lin. Il était, d’une manière intrinsèque et pratique, «le Saint de Dieu». Ce qu’Aaron faisait et ce qu’il portait — le lavage et le revêtement de ses habits, ne sont que de faibles ombres de ce que Christ est. La loi n’avait que «l’ombre» et non «l’image même des biens à venir», Béni soit Dieu, nous n’avons pas seulement l’ombre, mais l’éternelle et divine réalité — Christ lui-même.

«Et il prendra de l’assemblée des fils d’Israël deux boucs pour un sacrifice pour le péché, et un bélier pour un holocauste. Et Aaron présentera le taureau du sacrifice pour le péché, qui est pour lui-même, et fera propitiation pour lui-même et pour sa maison» (vers. 5, 6). Aaron et sa maison représentent l’Église, non pas comme «le corps», mais comme une maison sacerdotale. Ce n’est pas l’Église comme nous la voyons présentée dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, mais plutôt comme nous la trouvons dans la première épître de Pierre, en ce passage bien connu: «Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (chap. 2:5). De même dans l’épître aux Hébreux: «Mais Christ, comme Fils, sur sa maison; et nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance» (chap. 3:6). Nous devons nous rappeler qu’il n’y a, dans l’Ancien Testament, aucune révélation du mystère de l’Église. Il y a des types et des figures, mais il n’y a aucune révélation positive. Ce mystère des Juifs et des gentils formant «un seul corps», «un homme nouveau», uni à un Christ glorifié dans le ciel, ne pouvait évidemment pas être révélé avant que Christ eût pris sa place en haut. Paul fut, tout spécialement, l’administrateur de ce mystère, ainsi qu’il nous le dit au chapitre 3:1-12, de l’épître aux Éphésiens, passage que je recommande à la sérieuse attention du lecteur chrétien.

«Et il prendra les deux boucs, et les placera devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation. Et Aaron jettera le sort sur les deux boucs, un sort pour l’Éternel et un sort pour azazel. Et Aaron présentera le bouc sur lequel le sort sera tombé pour l’Éternel, et en fera un sacrifice pour le péché. Et le bouc sur lequel le sort sera tombé pour azazel, sera placé vivant devant l’Éternel, afin de faire propitiation sur lui, pour l’envoyer au désert pour être azazel» (vers. 7 à 10). Nous avons, dans ces deux boucs, les deux faces, déjà mentionnées, de l’expiation. «Le sort de l’Éternel» tombait sur l’un, et le sort du peuple tombait sur l’autre. Dans le cas du premier, il n’était pas question des personnes ou des péchés qui devaient être pardonnés, ni des conseils de grâce de Dieu envers ses élus. Ces choses, je n’ai pas même besoin de le dire, sont d’une importance infinie, mais elles ne sont pas comprises dans le cas «du bouc sur lequel tombait le sort pour l’Éternel». Ce dernier représente la mort de Christ, comme ce en quoi Dieu a été parfaitement glorifié, relativement au péché en général. Cette grande vérité est pleinement illustrée par l’expression remarquable: «Le sort pour l’Éternel». Dieu a une part spéciale dans la mort de Christ — une part tout à fait distincte — une part qui demeurerait éternellement bonne, alors même qu’aucun pécheur ne serait jamais sauvé. Pour concevoir la force de cette assertion, il faut se rappeler combien Dieu a été déshonoré dans ce monde. Sa vérité a été dédaignée; son autorité a été méprisée sa majesté a été méconnue sa loi a été transgressée ses droits ont été oubliés son nom a été blasphémé; son caractère a été défiguré.

Or, la mort de Christ a pourvu à tout cela. Elle a parfaitement glorifié Dieu, dans le lieu même où toutes ces choses se sont commises. Elle a parfaitement réhabilité la majesté, la vérité, la sainteté, le caractère de Dieu. Elle a divinement satisfait à toutes les exigences de son trône. Elle a expié le péché. Elle a fourni un remède divin pour tout le mal que le péché a introduit dans l’univers. Elle procure une base sur laquelle Dieu peut agir en grâce, en miséricorde et en amour envers chacun. Elle donne une garantie pour l’expulsion et la perdition éternelles du prince de ce monde. Elle forme le fondement impérissable du gouvernement moral de Dieu. En vertu de la croix, Dieu peut agir selon sa propre souveraineté. Dieu peut déployer les gloires incomparables de son caractère et les attributs adorables de sa nature. Dans l’exercice d’une justice inflexible, il aurait pu destiner la famille humaine au lac de feu avec le diable et ses anges. Mais, dans ce cas, où seraient son amour, sa grâce, sa miséricorde, sa longanimité, sa compassion, sa patience, sa parfaite bonté?

Et, d’un autre côté, si ces précieux attributs eussent été exercés en l’absence de l’expiation, où seraient la justice, la vérité, la majesté, la sainteté, les droits, oui, la gloire morale tout entière de Dieu? Comment «la grâce et la vérité» auraient-elles pu «se rencontrer»? ou «la justice et la paix s’entrebaiser»? Comment «la vérité» aurait-elle pu «germer de la terre», ou «la justice regarder des cieux»? Impossible. Rien, sauf l’expiation de notre Seigneur Jésus Christ, ne pouvait glorifier Dieu pleinement; mais elle l’a glorifié. Elle a réfléchi toute la gloire du caractère divin, comme elle n’aurait jamais pu l’être au milieu des plus vives splendeurs d’une création innocente. En perspective et en souvenir de ce sacrifice, Dieu use de patience envers ce monde depuis bientôt six mille ans. En vertu de ce sacrifice, les méchants les plus impies d’entre les fils des hommes vivent, se meuvent et existent; mangent, boivent et dorment. Le morceau même que le blasphémateur infidèle porte à sa bouche, il le doit au sacrifice qu’il ne connaît pas, mais qu’il tourne impiement en ridicule. Le soleil et les pluies qui fécondent les champs de l’athée lui arrivent en vertu du sacrifice de Christ. Oui, le souffle même que l’infidèle et l’athée emploient à blasphémer la parole de Dieu, ou à nier son existence, ils le doivent au sacrifice de Christ. Si ce n’était à cause de ce précieux sacrifice, au lieu de blasphémer sur la terre, ils se rouleraient dans l’enfer.

Que mon lecteur ne s’y méprenne pas, je ne parle pas ici du pardon ou du salut des individus. Ce dernier est une tout autre chose et se rattache, ainsi que le sait tout vrai chrétien, à la confession du nom de Jésus et à la ferme croyance que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts (Rom. 10). C’est bien évident et parfaitement compris; mais ce n’est en aucune manière impliqué dans le point de vue de l’expiation, dont nous nous occupons maintenant et qui est si parfaitement figuré par «le bouc sur lequel tombait le sort pour l’Éternel». Dieu pardonnant au pécheur et l’acceptant est une chose; le support dont il use envers cet homme et les bénédictions temporelles dont il le comble, sont une tout autre chose. L’une et l’autre ont lieu en vertu de la croix, mais sous une face et par une application totalement différentes, de cette croix.

Cette distinction est loin d’être sans importance. Au contraire, elle est si importante que, quand on la perd de vue, il s’ensuit de la confusion quant à la doctrine complète de l’expiation. Et ce n’est pas tout. Une claire intelligence, des voies de Dieu en gouvernement, soit dans le passé, soit dans le présent, soit dans l’avenir, dépendra toujours de ce point profondément intéressant. Et enfin, on y trouvera la clef d’un grand nombre de passages qui offrent des difficultés considérables à beaucoup de chrétiens. Je citerai deux ou trois de ces passages, comme exemples.

«Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» (Jean 1:29); à quoi se rattache un passage analogue dans la première épître de Jean, où il est parlé du Seigneur Jésus Christ comme «la propitiation pour le monde entier1» (1 Jean 2:2). Dans ces deux passages, il est parlé du Seigneur Jésus, comme de Celui qui a parfaitement glorifié Dieu relativement au «péché» et au «monde» dans l’acceptation la plus étendue de ces mots. On le voit ici comme le grand antitype du «bouc sur lequel tombait le sort pour l’Éternel». Cela nous donne une vue des plus précieuses sur l’expiation faite par Christ, laquelle est trop souvent négligée ou peu comprise. Quand la question d’individus et de pardon des péchés est soulevée en rapport avec ces passages de l’Écriture ou d’autres semblables, l’esprit ne manque pas d’être embarrassé par d’insurmontables difficultés.

1 Il ne s’agit pas ici des «péchés du monde entier», comme plusieurs versions le disent à tort. La doctrine enseignée est simplement ceci: dans la première partie du verset, Christ est présenté comme la propitiation pour les péchés de son peuple; mais dans la seconde, il n’est pas question de péchés ou de personnes, mais du péché et du monde en général. Au fait, le verset entier présente Christ comme l’antitype des deux boucs, comme celui qui a porté les péchés de son peuple, et aussi comme celui qui a parfaitement glorifié Dieu relativement au péché en général, et a trouvé un moyen pour agir en grâce envers le monde entier, et pour la délivrance et la bénédiction finales de toute la création.

Il en est de même à l’égard de tous ces passages, dans lesquels est présentée la grâce de Dieu envers le monde en général. Ils sont fondés sur ce point de vue spécial de l’expiation, dont nous nous occupons surtout ici: «Allez dans tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute la création» (Marc 16:15). «Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui» (Jean 3:16, 17). «J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté; car cela est bon et agréable devant notre Dieu Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité; car Dieu est un, et le Médiateur entre Dieu et les hommes est un, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous, témoignage qui devait être rendu en son propre temps» (1 Tim. 2:1-6). «Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes» (Tite 2:11). «Mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur, en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout» (Héb. 2:9). «Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement; mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance» (2 Pierre 3:9).

Il n’est nul besoin de chercher à changer le sens si clair des passages ci-dessus. Ils sont un témoignage évident et non équivoque de la grâce divine envers tous, sans la moindre allusion à la responsabilité de l’homme, d’un côté, ou aux conseils éternels de Dieu, de l’autre. Ces vérités sont tout aussi clairement, tout aussi pleinement, tout aussi incontestablement, l’une que l’autre, enseignées dans la Parole. L’homme est responsable, et Dieu est souverain. Tous ceux qui se soumettent aux Écritures admettent cela. Mais, en même temps, il est de la dernière importance de reconnaître toute l’étendue de la grâce de Dieu et de la croix de Christ. Cela glorifie Dieu et laisse l’homme entièrement sans excuse. On raisonne en mettant en avant les décrets de Dieu et l’incapacité où est l’homme de croire sans l’intervention divine. Ces arguments prouvent que l’on ne se soucie pas de Dieu; car si l’on sentait le besoin de Dieu, il est assez près pour être trouvé de ceux qui le cherchent. La grâce de Dieu et l’expiation de Christ sont aussi vastes qu’on peut le désirer. «Chacun» — «quiconque» et «tous» sont les termes dont Dieu lui-même se sert, et je voudrais savoir qui donc est exclu? Si Dieu envoie un message de salut à un homme, assurément il le lui destine; et que peut-il y avoir de plus impie que de rejeter la grâce de Dieu et de le faire menteur, et puis de donner pour excuse d’un pareil acte les desseins mystérieux de Dieu? Un tel homme ferait mieux de dire franchement: «Le fait est que je ne crois pas la parole de Dieu, et que je ne veux ni de sa grâce ni de son salut». Ce serait plus droit et cela pourrait se comprendre; mais couvrir sa haine de Dieu et de sa vérité du manteau d’une théologie fausse, parce qu’elle ne voit qu’une face de la vérité, c’est le plus haut degré de l’impiété. C’est au point de nous faire sentir que le démon n’est jamais plus diabolique, que quand il se montre la Bible à la main.

S’il est vrai que les hommes soient empêchés, par les secrets conseils et décrets de Dieu, de recevoir l’Évangile qu’il a commandé de leur annoncer, alors d’après quel principe de justice subiront-ils «le châtiment d’une destruction éternelle» pour n’avoir pas obéi à cet Évangile? (2 Thess. 1:6-10). Est-il, dans toutes les sombres régions des perdus, une seule âme qui pourra rejeter sur les conseils de Dieu la cause qui fait qu’elle est là? Oh! non, Dieu a si amplement pourvu à tout par le sacrifice de Christ, non seulement pour le salut de ceux qui croient, mais aussi pour la présentation de sa grâce envers ceux qui rejettent l’Évangile, qu’il n’y aura aucune excuse. Ce n’est pas parce qu’un homme ne peut pas, mais parce qu’il ne veut pas croire qu’il «subira le châtiment d’une destruction éternelle». Il n’y a jamais eu d’erreur plus fatale que celle que commet un homme qui se retranche derrière les décrets de Dieu, tout en refusant, délibérément et avec connaissance de cause, la grâce de Dieu; et cela est d’autant plus dangereux que l’on y peut voir comme un système appuyé sur les dogmes d’une théologie unilatérale. La grâce de Dieu est libre pour tous; et si nous demandons: Comment cela? la réponse est: «Le sort pour l’Éternel» est tombé sur la vraie victime, afin que Dieu pût être parfaitement glorifié quant au péché, sous son aspect le plus étendu, et être libre d’agir en grâce envers tous et de faire «prêcher l’Évangile à toute créature». Cette grâce et cette prédication doivent avoir une base solide, et cette base se trouve dans l’expiation; et lors même que l’homme la repousserait, Dieu est glorifié par l’exercice de la grâce et par l’offre du salut, à cause de la base sur laquelle l’une et l’autre reposent. Il est glorifié, et il sera glorifié pendant toute l’éternité. «Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je? Père, délivre-moi de cette heure; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom. Il vint donc une voix du ciel: Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau… Maintenant est le jugement de ce monde; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même» (Jean 12:27-32).

Jusqu’ici, nous ne nous sommes occupés que d’une chose: «Le bouc sur lequel était tombé le sort pour l’Éternel»; et un lecteur superficiel pourrait penser que ce qui doit suivre immédiatement, c’est ce qui a rapport au bouc azazel, qui nous donne l’autre grande face de la mort de Christ, ou son application aux péchés du peuple. Mais non; avant d’en venir là, nous avons une pleine confirmation de cette précieuse vérité qui nous a été offerte, dans le fait que le sang du bouc égorgé, de même que celui du jeune taureau, était aspergé sur et devant le trône de l’Éternel, afin de montrer que toutes les exigences de ce trône étaient satisfaites par le sang de l’expiation, et qu’une ample réponse était donnée à toutes les demandes de l’administration morale de Dieu.

«Et Aaron présentera le taureau du sacrifice pour le péché, qui est pour lui-même, et fera propitiation pour lui-même et pour sa maison; et il égorgera le taureau du sacrifice pour le péché, qui est pour lui-même; puis il prendra plein un encensoir de charbons du feu, de dessus l’autel qui est devant l’Éternel, et plein ses paumes d’encens de drogues odoriférantes pulvérisées, et il les apportera au-dedans du voile; et il mettra l’encens sur le feu, devant l’Éternel, pour que la nuée de l’encens couvre le propitiatoire qui est sur le témoignage, afin qu’il ne meure pas». Nous avons ici une représentation bien claire et bien frappante. Le sang de l’expiation est porté au-dedans du voile, dans le lieu très saint, et là, il en est fait aspersion sur le trône du Dieu d’Israël. La nuée de la présence divine était là; et afin qu’Aaron pût paraître dans la présence immédiate de la gloire et ne pas mourir, «la nuée de l’encens» s’élève et «couvre le propitiatoire», sur lequel on devait faire aspersion par «sept fois» du sang expiatoire. «L’encens de drogues odoriférantes pulvérisées» exprime la bonne odeur de la Personne de Christ — la suave odeur de son précieux sacrifice.

«Et il prendra du sang du taureau, et il en fera aspersion avec son doigt sur le devant du propitiatoire, vers l’orient; et il fera aspersion du sang avec son doigt, sept fois, devant le propitiatoire. Et il égorgera le bouc du sacrifice pour le péché, qui est pour le peuple, et il apportera son sang au-dedans du voile, et fera avec son sang, comme il a fait avec le sang du taureau: il en fera aspersion sur le propitiatoire et devant le propitiatoire» (vers. 14-15). «Sept» est le nombre parfait, et l’aspersion du sang faite par sept fois devant le propitiatoire nous apprend que, quelle que soit l’application du sacrifice de Christ, aux choses, aux lieux ou aux individus, il est parfaitement apprécié en la présence divine. Le sang qui assure le salut de l’Église — «la maison» du véritable Aaron; le sang qui assure le salut de «l’assemblée» d’Israël; le sang qui assure la restauration et la bénédiction finales de toute la création — ce sang a été offert devant Dieu, aspergé et accepté, selon toute la perfection, la bonne odeur et la valeur de Christ. Par la puissance de ce sang, Dieu peut accomplir tous ses conseils éternels de grâce. Il peut sauver l’Église, et l’élever aux plus grandes hauteurs de la gloire, en dépit de toute la puissance du péché et de Satan. Il peut ramener les tribus dispersées d’Israël — il peut unir Juda et Éphraïm — il peut accomplir toutes les promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob. Il peut sauver et bénir des millions innombrables d’entre les gentils. Il peut rétablir et bénir la vaste création. Il peut verser les rayons de sa gloire pour en éclairer l’univers à toujours. Il peut déployer, à la vue des anges, des hommes et des démons, sa gloire personnelle et éternelle — la gloire de son caractère — la gloire de son essence — la gloire de ses œuvres, — la gloire de son gouvernement. Tout cela, il peut et il veut le faire; mais l’unique piédestal sur lequel cet immense édifice de gloire reposera à jamais, c’est le sang de la croix — ce sang précieux, cher lecteur chrétien, qui a parlé de paix, d’une paix divine et éternelle, à votre âme et à votre conscience, en présence de la Sainteté infinie. Le sang, dont il est fait aspersion sur la conscience du croyant, a été aspergé «sept fois» devant le trône de Dieu. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous voyons l’importance et la valeur attachées au sang de Jésus Christ. Si nous regardons l’autel d’airain, nous y trouvons le sang; si nous regardons la cuve d’airain, nous y trouvons le sang; si nous regardons l’autel d’or, nous y trouvons le sang; si nous regardons le voile du tabernacle, nous y trouvons le sang: mais nulle part nous ne trouvons autant de grandes choses relativement au sang qu’au-dedans du voile, devant le trône de l’Éternel, dans l’immédiate présence de la gloire divine.

«Et il fera propitiation pour le lieu saint, le purifiant des impuretés des fils d’Israël et de leurs transgressions, selon tous leurs péchés; et il fera de même pour la tente d’assignation, qui demeure avec eux au milieu de leurs impuretés». Nous rencontrons partout la même vérité. Il faut pourvoir aux droits du sanctuaire. Il faut que les parvis de l’Éternel, aussi bien que son trône, rendent témoignage à la valeur du sang. Le tabernacle, au milieu des souillures d’Israël, devait être protégé tout à l’entour par les divines ressources de l’expiation. En toutes choses, l’Éternel prend soin de sa propre gloire. Les sacrificateurs et leur service, le lieu de culte et tout ce qui y était contenu, subsistaient en vertu du sang. Le Saint n’aurait pas pu demeurer un instant au milieu de l’assemblée, n’eût été la puissance du sang. C’était là ce qui lui permettait d’habiter, d’agir et de régner au milieu d’un peuple coupable.

«Et personne ne sera dans la tente d’assignation quand il y entrera pour faire propitiation dans le lieu saint, jusqu’à ce qu’il en sorte; il fera propitiation pour lui-même et pour sa maison, et pour toute la congrégation d’Israël» (vers. 17). Il fallait qu’Aaron offrît un sacrifice pour ses propres péchés, aussi bien que pour les péchés du peuple. Il ne pouvait entrer dans le sanctuaire, qu’en vertu du sang. Nous avons, au verset 17, un type de l’expiation opérée par Christ, dans son application à l’Église et à l’assemblée d’Israël. L’Église entre maintenant «dans les lieux saints par le sang de Jésus» (Héb. 10). Quant à Israël, le voile est encore sur leurs cœurs (2 Cor. 3). Ils sont encore éloignés, quoiqu’il ait été amplement pourvu, à la croix, à leur pardon et à leur rétablissement, lorsqu’ils se tourneront vers le Seigneur. À proprement parler, toute la période actuelle est pour eux le jour des expiations. Le vrai Aaron est entré dans le ciel même, avec son propre sang, afin de paraître en la présence de Dieu pour nous. Bientôt, il en sortira, pour introduire l’assemblée d’Israël dans tous les résultats de son œuvre accomplie. En attendant, sa maison, c’est-à-dire tous les vrais croyants, sont associés avec lui, ayant assurance pour entrer dans le lieu très saint, étant approchés par le sang de Jésus.

«Et il sortira vers l’autel qui est devant l’Éternel, et fera propitiation pour lui; et il prendra du sang du taureau et du sang du bouc, et le mettra sur les cornes de l’autel, tout autour; et il fera sur lui aspersion du sang avec son doigt, sept fois, et il le purifiera, et le sanctifiera des impuretés des fils d’Israël» (v. 18, 19). Il était donc fait aspersion du sang partout, depuis le trône de Dieu au-dedans du voile, jusqu’à l’autel qui était dans le parvis du tabernacle d’assignation.

«Il était donc nécessaire que les images des choses qui sont dans les cieux fussent purifiées par de telles choses, mais que les choses célestes elles-mêmes le fussent par de meilleurs sacrifices que ceux-là. Car le Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main, copies des vrais, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu — ni, non plus, afin de s’offrir lui-même plusieurs fois, ainsi que le souverain sacrificateur entre dans les lieux saints chaque année avec un sang autre que le sien (puisque, dans ce cas, il aurait fallu qu’il souffrît plusieurs fois depuis la fondation du monde); mais maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois — et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent» (Héb. 9:23-28).

Il n’y a qu’un chemin pour entrer dans le lieu très saint, et c’est un chemin aspergé de sang. C’est inutile de chercher à y entrer par une autre voie quelconque. Les hommes peuvent s’efforcer de s’y frayer une route par leurs œuvres, leurs prières, leur argent; d’y entrer, en un mot, par le chemin des formes et des ordonnances, ou, peut-être, par un sentier moitié formes et moitié Christ; mais c’est en vain. Dieu parle d’un chemin, et d’un seul, et ce chemin a été ouvert à travers le voile déchiré du corps du Sauveur. C’est par ce chemin que les millions de sauvés ont tous passé, de siècle en siècle. Les patriarches, les prophètes, les apôtres, les martyrs, les saints de tout âge, depuis Abel jusqu’à nos jours, ont suivi ce chemin béni et ont trouvé par lui un accès sûr et sans réserve. L’unique sacrifice de la croix est divinement suffisant pour tous. Dieu ne demande pas davantage, et il ne peut accepter moins. Y ajouter quoi que ce soit, c’est jeter du déshonneur sur ce en quoi Dieu a déclaré qu’il prenait plaisir; oui, sur ce en quoi il est infiniment glorifié. En ôter quoi que ce soit, c’est nier la culpabilité et la ruine de l’homme, et faire injure à la justice et à la majesté de l’éternelle Trinité.

«Et quand il aura achevé de faire propitiation pour le lieu saint, et pour la tente d’assignation, et pour l’autel, il présentera le bouc vivant. Et Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et confessera sur lui toutes les iniquités des fils d’Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés; il les mettra sur la tête du bouc, et l’enverra au désert par un homme qui se tiendra prêt pour cela; et le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée; et l’homme laissera aller le bouc dans le désert».

Nous avons ici la seconde grande pensée attachée à la mort de Christ, savoir le complet et final pardon du peuple. Si la mort de Christ forme la base de la gloire de Dieu, elle forme aussi la base du pardon parfait des péchés de tous ceux qui mettent leur confiance en elle. Cette dernière application de l’expiation est secondaire et inférieure, Dieu en soit béni; quoique nos pauvres cœurs soient portés à la considérer comme l’aspect le plus élevé de la croix, ou à y voir tout d’abord et seulement ce qui ôte tous nos péchés. C’est une erreur. La gloire de Dieu est en première ligne; notre salut en seconde. Le premier, le plus cher objet du cœur de Christ, était le maintien de la gloire de Dieu. Cet objet, il l’a poursuivi du commencement à la fin, sans jamais dévier de son but, et avec une fidélité à toute épreuve. «À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (Jean 10:17). «Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même; et incontinent il le glorifiera» (Jean 13:31, 32). «Écoutez-moi, îles, et soyez attentives, peuplades lointaines! L’Éternel m’a appelé dès le ventre; dès les entrailles de ma mère il a fait mention de mon nom. Et il a rendu ma bouche semblable à une épée aiguë; il m’a caché sous l’ombre de sa main, et il a fait de moi une flèche polie; il m’a caché dans son carquois. Et il m’a dit: Tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai» (Ésaïe 49:1-3).

La gloire de Dieu était donc l’objet principal du Seigneur Jésus Christ, dans sa vie et dans sa mort, il vécut et mourut pour glorifier le nom de son Père. L’Église perd-elle quelque chose à cela? Non. Et Israël? Non. Et les gentils? Non. Leur salut et leur bénédiction ne pouvaient, en aucune manière, être mieux assurés, qu’en étant subsidiaires de la gloire de Dieu. Écoutez la réponse divine faite au Christ, le véritable Israël, dans le passage sublime qui vient d’être cité. «C’est peu de chose que tu me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob, et pour ramener les préservés d’Israël; je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre».

Et n’est-ce pas bien précieux de savoir que Dieu est glorifié par l’abolition de nos péchés? Nous pouvons demander: où sont nos péchés? Enlevés. Par quoi? par cet acte de Christ sur la croix, par lequel Dieu a été glorifié éternellement. Il en est ainsi. Les deux boucs du jour des expiations donnent les deux faces d’un seul acte. Dans l’une, nous voyons la gloire de Dieu maintenue, dans l’autre, les péchés mis de côté. L’une est aussi parfaite que l’autre. Nous sommes tout aussi parfaitement pardonnés, que Dieu est parfaitement glorifié, par la mort de Christ. Y a-t-il un seul point par lequel Dieu n’avait pas été glorifié à la croix? Pas un. Il n’y a, non plus, pas un seul point sur lequel nous ne soyons parfaitement pardonnés. Je dis «nous», car, quoique l’assemblée d’Israël soit au premier plan dans la belle et frappante ordonnance du bouc azazel cependant elle s’applique aussi pleinement à toute âme qui croit au Seigneur Jésus Christ, qui croit qu’elle est aussi parfaitement pardonnée que Dieu est parfaitement glorifié par le sacrifice de la croix. Quelle partie des péchés d’Israël le bouc d’azazel emportait-il? «Tous». Précieuse parole! Aucun n’était laissé. Et où les portait-il? «Dans une terre inhabitée» — une terre où on ne pourrait jamais les trouver, parce qu’il n’y aurait personne pour les chercher. Quel type pourrait être plus parfait? Serait-il possible d’avoir un tableau plus frappant du sacrifice accompli de Christ, sous ces deux faces? Impossible. Nous pouvons contempler un tel tableau avec une intense admiration, et tout en le contemplant, nous écrier: «En vérité, c’est le pinceau du Maître!»

Lecteur, arrêtez-vous ici, et répondez: Savez-vous que tous vos péchés sont pardonnés en vertu de la perfection du sacrifice de Christ? Si vous croyez simplement en son nom, ils sont pardonnés. Ils sont tous ôtés, et ôtés pour toujours. Ne dites pas, comme tant d’âmes inquiètes: «Je crains de ne pas réaliser». D’un bout à l’autre de l’Évangile, vous ne trouverez pas une seule fois ce mot «réaliser». Nous ne sommes pas sauvés par la réalisation, mais par Christ; et pour avoir Christ dans toute sa plénitude et sa valeur, il faut croire — «seulement croire!» Et quel en sera le résultat? Les adorateurs, «une fois purifiés, n’auraient plus aucune conscience de péchés». Observez cela: «Aucune conscience de péchés». Ce doit être le résultat, puisque le sacrifice de Christ est parfait — si parfait, que Dieu en est glorifié. Or, il est évident que l’œuvre de Christ n’a pas besoin que vous y ajoutiez votre réalisation pour être rendue parfaite. On pourrait tout aussi bien dire que l’œuvre de la création ne fut pas complète, jusqu’à ce qu’Adam la réalisât dans le jardin d’Éden. Il est vrai qu’il réalisa quelque chose, mais quoi? Une œuvre parfaite. Qu’il en soit ainsi de votre âme en ce moment, s’il n’en a jamais été ainsi auparavant. Puissiez-vous, maintenant et toujours, vous reposer en toute simplicité sur Celui qui, «par une seule offrande, a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés!» Et comment sont-ils sanctifiés? Est-ce par la réalisation? Nullement. Comment donc? «Par la foi». (Actes 26:18).

Ayant essayé — hélas! bien faiblement — de développer la doctrine de ce merveilleux chapitre, selon les lumières que Dieu m’a données à cet égard, il est encore un point sur lequel je désire appeler l’attention de mon lecteur, avant de terminer cette section. Il est contenu dans la citation suivante: «Et ceci sera pour vous un statut perpétuel: au septième mois, le dixième jour du mois, vous affligerez vos âmes, et vous ne ferez aucune œuvre, tant l’Israélite de naissance que l’étranger qui séjourne au milieu de vous; car, en ce jour-là, il sera fait propitiation pour vous, afin de vous purifier: et vous serez purs de tous vos péchés devant l’Éternel. Ce sera pour vous un sabbat de repos, et vous affligerez vos âmes; c’est un statut perpétuel» (vers. 29-31).

Cela aura bientôt son complet accomplissement dans le résidu sauvé d’Israël; ainsi que le prédit le prophète Zacharie: «Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui; comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né. En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon dans la vallée de Meguiddon… En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté… Et il arrivera, en ce jour-là, qu’il n’y aura pas de lumière, les luminaires seront obscurcis; mais ce sera un jour connu de l’Éternel — pas jour et pas nuit; et au temps du soir il y aura de la lumière. Et il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié vers la mer orientale, et la moitié vers la mer d’occident; cela aura lieu été et hiver. Et l’Éternel sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, il y aura un Éternel, et son nom sera un… En ce jour-là, il y aura sur les clochettes des chevaux: SAINTETÉ À L’ÉTERNEL… et il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Éternel des armées, en ce jour-là» (Zach. 12-14).

Quelle journée ce sera! Il n’est pas étonnant qu’il en soit si fréquemment parlé dans le brillant passage ci-dessus. Ce sera un beau, «sabbat de repos» quand le résidu, menant deuil, et dans l’esprit de la vraie pénitence, se rassemblera autour de la source ouverte et entrera dans le résultat complet et final du grand jour des expiations. Ils «affligeront leurs âmes», sans doute; car comment pourraient-ils faire autrement, quand ils fixeront leur regard repentant «sur Celui qu’ils ont percé?» Mais quel sabbat ils auront! Jérusalem aura une coupe débordante de salut, après sa longue et triste nuit de douleur. Ses désolations précédentes seront oubliées, et ses enfants, rétablis dans leurs anciennes demeures, détacheront leurs harpes des saules, et chanteront de nouveau les doux cantiques de Sion à l’ombre paisible de leurs vignes et de leurs figuiers.

Béni soit Dieu, ce temps est proche. Chaque soleil couchant nous amène plus près de cet heureux sabbat. Il est dit: «Voici, je viens bientôt», et autour de nous, tout semble nous dire que «les jours se sont approchés, et l’accomplissement de chaque vision» (Éz. 12. 23). Puissions-nous être «sobres, et veiller pour prier!» Puissions-nous nous conserver purs du monde, et ainsi, dans l’esprit de nos entendements, les affections de nos cœurs et l’expérience de nos âmes, être prêts pour la rencontre du céleste Époux! Pour le moment notre place est en dehors du camp. Grâces à Dieu de ce qu’il en est ainsi! Ce serait une inexprimable perte que d’être dans le camp. La même croix qui nous a amenés en dedans du voile, nous a jetés hors du camp. Christ y fut aussi chassé, et là nous sommes avec lui: mais il a été reçu dans le ciel, et nous y sommes avec lui. N’est-ce pas une grâce que d’être en dehors de tout ce qui a rejeté notre Seigneur et Maître? Assurément; et plus nous connaissons Jésus, plus nous connaissons ce présent siècle mauvais, plus aussi nous serons reconnaissants de trouver notre place en dehors de tout, avec Lui.