Luc

Chapitre 6

Le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat

(v. 1-5). — Au commencement de ce chapitre, Jésus continue de montrer que sa présence en grâce met de côté tout ce qui se rattachait à Israël selon la chair. Les pharisiens avaient vu les disciples arracher des épis de blé et les broyer pour les manger un jour de sabbat, appelé le sabbat second-premier1. «Pourquoi», leur disent-ils, «faites-vous ce qu’il n’est pas permis de faire au jour de sabbat?» (v. 2). En réponse à cette accusation, Jésus leur rappelle que David, poursuivi par Saül, entra dans la maison de Dieu et prit des pains de proposition que les sacrificateurs seuls avaient le droit de manger; il en mangea et en donna à ses compagnons. Jésus, le vrai roi David, rejeté comme lui (et ce rejet faisait tomber les ordonnances), était aussi le Fils de l’homme, le seigneur du sabbat. Lui, l’Éternel, l’avait institué comme signe de l’alliance entre Dieu et son peuple, montrant par là qu’il voulait le faire participer à son repos. Par son infidélité, Israël a rompu l’alliance et rendu impossible le repos. Mais l’amour de Dieu ne pouvait demeurer inactif en présence de la misère de l’homme, même un jour de sabbat. L’ordonnance n’ayant plus sa raison d’être, le Fils de l’homme avait le droit et le pouvoir de la mettre de côté. Le sabbat de l’amour de Dieu n’aura lieu que dans le ciel et pour la terre dans le millénium. Alors Dieu se reposera dans son amour (Sophonie 3:17). En attendant, Jésus dit: «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille» (Jean 5:17).

1 Le sabbat appelé «second-premier» était le premier des sept sabbats comptés depuis le lendemain du sabbat où l’on offrait les prémices de la moisson, c’était le second depuis celui où l’on présentait les gerbes (Lévitique 23:9-16).

 

Une guérison un jour de sabbat

(v. 6-11). — Un autre jour de sabbat, Jésus entra dans une synagogue et enseignait; il y avait là un homme à la main droite desséchée. Les scribes et les pharisiens, qui cherchaient toujours comment trouver Jésus en défaut, l’observaient pour voir s’il guérirait cet infirme, afin d’avoir de quoi l’accuser. On les voit ainsi déjà décidés à se défaire de Jésus qu’ils ne pouvaient supporter. Connaissant leurs pensées, Jésus enjoignit au malade de se tenir debout devant tous; puis il leur dit: «Je vous demanderai s’il est permis, le jour de sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver la vie ou de la perdre? Et les ayant tous regardés à l’entour, il lui dit: Étends ta main. Et il fit ainsi; et sa main fut rendue saine comme l’autre» (v. 9-10). Cette guérison excita la haine des chefs religieux et ils se demandèrent ce qu’ils pourraient faire à Jésus. Une religion de forme ne peut supporter l’exercice de l’amour de Dieu; l’amour veut être libre pour agir où se trouvent les besoins; mais l’homme préfère les formes d’une religion charnelle, parce qu’elles lui permettent de suivre son propre chemin, en maintenant l’orgueil religieux de la chair. La grâce active dans la personne de Jésus s’élève au-dessus de toute considération charnelle et accomplit son œuvre en dépit de l’opposition. Une fois de plus, nous voyons que le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves et que les hommes préfèrent le vieux.

 

Appel des apôtres

(v. 12-19). — Jésus devient de plus en plus isolé au milieu du peuple. Méconnu, méprisé, il remplace le système légal, pour répandre les bénédictions dont les hommes avaient besoin, bénédictions que la loi ne pouvait donner à des pécheurs. Dans cette position, Jésus veut envoyer des hommes dans son travail, comme lui-même avait été envoyé de Dieu, et leur communiquer la puissance nécessaire pour accomplir la même œuvre que lui. Il appelle ses disciples, et en choisit douze qu’il nomme apôtres ou envoyés. Mais, tout en étant Dieu, agissant en puissance au milieu des hommes, Jésus réalisait la position d’un homme dépendant de Dieu son Père; car, avant de choisir les apôtres, il passe la nuit en prières. «Il s’en alla sur une montagne pour prier. Et il passa toute la nuit à prier Dieu» (v. 12). Retenons tous cet enseignement et suivons cet exemple; voilà la source de la puissance, de la sagesse, de l’intelligence, et de tout ce dont nous avons besoin pour accomplir nos devoirs, quels qu’ils soient. Salomon, qui avait débuté dans sa carrière royale en disant à Dieu: «Donne à ton serviteur un cœur qui écoute, ... pour discerner entre le bien et le mal..» (1 Rois 3:9), s’adresse à son tour au jeune homme en disant: «Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence; dans toutes tes voies connais-le, et il dirigera tes sentiers» (Proverbes 3:5, 6). En cela, comme en toutes choses, Jésus a été le modèle parfait. S’il s’est servi de sa puissance divine, ce n’a jamais été que sous la dépendance de Dieu, dans l’obéissance. Il a voulu être dirigé par lui pour le choix de ses apôtres; avant de les nommer, il passe la nuit à prier. Judas Iscariote, qui devint traître, Luc le rappelle, était un des douze; Jésus le connaissait; il savait son caractère, ce qu’il ferait; cependant il ne le met pas de côté, car Dieu son Père voulait qu’il fût au nombre des douze.

Jésus descendit de la montagne et s’arrêta avec les siens dans la plaine. Là, il se trouva entouré d’une grande multitude de gens, venus de la Judée, de Jérusalem et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon, pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Toute la foule cherchait à le toucher, car il sortait de lui une puissance qui guérissait. On voit toujours mieux que Jésus était le centre vers lequel les besoins se rencontraient et la source de tout bien. C’est lui qu’il fallait suivre et écouter pour être sauvé et béni, alors comme aujourd’hui. Aussi ce fait excitait-il la haine et la jalousie des chefs du peuple qui voyaient baisser leur prestige. Hélas! plus tard, ce peuple se laisse convaincre par eux que Jésus méritait la croix.

 

Les bienheureux et leur conduite

(v. 20-38). — Entouré de ceux qui l’écoutaient et qu’il séparait du peuple qui ne voulait rien de lui, Jésus leur enseigna quelle serait leur part s’ils le suivaient; ils devraient porter les conséquences de son rejet. Du moment qu’ils avaient cru en lui, ils n’étaient plus du monde, mais du ciel, par conséquent les bienheureux selon Dieu, malgré la peine et le mépris qu’ils enduraient ici-bas.

Jésus élève ses yeux vers les disciples: ce ne sont pas seulement les douze, mais ceux qui acceptent les enseignements de Jésus et forment le vrai et nouveau peuple de Dieu, héritier des promesses; puis il leur dit: «Bienheureux, vous pauvres, car à vous est le royaume de Dieu». Leur pauvreté faisait leur gloire, parce qu’ils suivaient celui qui est devenu pauvre pour nous enrichir. Jésus n’a rien eu ici-bas; mais toute gloire et toute autorité lui appartiennent dans le ciel et sur la terre, pour l’avenir. Ceux qui se seront unis à lui dans l’humiliation le seront aussi dans la gloire. «Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, car vous serez rassasiés; bienheureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Vous êtes bienheureux quand les hommes vous haïront, et quand ils vous retrancheront de leur société, et qu’ils vous insulteront et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez de joie, car voici, votre récompense est grande dans le ciel, car leurs pères en ont fait de même aux prophètes» (v. 20-23). En un mot, ceux qui auront ici-bas la part de Jésus, la souffrance au milieu d’un état de choses opposé à Dieu, auront avec lui la gloire dans le royaume et dans le ciel. En l’attendant, ils sont ceux que Dieu appelle bienheureux. Il vaut la peine de souffrir quelque chose en suivant le Seigneur, ici-bas, pour être appelé bienheureux, par le «Dieu bienheureux». Lui sait ce que c’est que d’être bienheureux. Si donc il désigne quelqu’un comme tel, nous sommes assurés qu’il l’est, tandis que sur ceux que le monde appelle bienheureux, Jésus prononce le malheur.

Relevons une différence entre la manière dont l’Esprit de Dieu rapporte ici ce discours de Jésus et le texte qui nous en est donné en Matthieu 5. En Matthieu, le Seigneur parle à tous et leur présente les caractères de ceux qui voulaient avoir part aux bénédictions du royaume. Ici on trouve une note plus intime; le Seigneur s’adresse directement aux disciples et leur dit: «Vous, vous êtes les bienheureux», puis à ceux qui voulaient leur part ici-bas, en contraste avec ses disciples, en leur disant aussi: Vous. «Malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation; malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim; malheur à vous qui riez maintenant, car vous mènerez deuil et vous pleurerez. Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous, car leurs pères en ont fait de même aux faux prophètes» (v. 24-26). On ne peut avoir de part avec le monde aujourd’hui et en avoir une avec Christ dans le ciel. Vérité solennelle, que tous doivent méditer sérieusement, car nous approchons du moment où la part de chacun sera fixée définitivement, où les rires de quelques jours feront place à des pleurs éternels, mais où les pleurs de quelques jours feront aussi place à une joie éternelle, pour ceux dont le Seigneur aura été la part ici-bas.

Dans les versets qui suivent (27 à 38), Jésus s’adresse de nouveau à ses disciples en ces termes: «Mais à vous qui écoutez, je vous dis». Ceux qui écoutent la Parole, aujourd’hui comme alors, forment la classe des bienheureux auxquels Jésus précise leur conduite dans les passages suivants. Ils auront à porter les caractères de grâce qu’il a manifestés dans sa personne; car de cette conduite, Jésus a été le modèle parfait. «Aimez vos ennemis». L’homme était devenu ennemi de Dieu; nous le sommes tous par nature. Dieu nous a aimés; nous devons faire de même envers ceux qui ne nous aiment pas. «Bénissez ceux qui vous maudissent; priez pour ceux qui vous font du tort». Combien cette manière de procéder est contraire à nos cœurs naturels! Ce n’est qu’en écoutant le Seigneur, en comprenant que nous sommes des objets de grâce, que nous pourrons surmonter nos dispositions naturellement à la vengeance pour manifester les caractères d’amour avec lesquels Jésus a toujours agi ici-bas, et agit encore envers nous. Il ne faut pas non plus résister à ceux qui agissent violemment: «À celui qui te frappe sur une joue, présente aussi l’autre; et si quelqu’un t’ôte ton manteau, ne l’empêche pas de prendre aussi ta tunique. Donne à tout homme qui te demande, et à celui qui t’ôte ce qui t’appartient, ne le redemande pas». Ainsi a fait Jésus: «Il a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent; et il n’a pas ouvert sa bouche» (Ésaïe 53:7). Il s’est laissé dépouiller de tout par les hommes, comme une brebis de sa laine. «Lorsqu’on l’outrageait, il ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, il ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2:23). La chair éprouve de la peine à agir de la sorte; mais voilà comment nous pouvons être les témoins de Jésus, venu dans ce monde pour nous ouvrir le chemin du ciel et nous montrer, dans sa vie parfaite, les caractères de ceux qui ne sont pas de ce monde, parce que, par grâce, ils sont du ciel. Le témoignage que nous avons à rendre ne consiste pas seulement à assister à des réunions chrétiennes, en contraste avec ceux qui n’en fréquentent jamais, mais à montrer les caractères de la grâce dont nous sommes les objets dans toute notre conduite envers notre entourage. Nous avons toujours la tendance à agir envers les autres d’après leur manière d’être envers nous, conduite absolument contraire à l’esprit de l’Évangile, car si Dieu avait fait ainsi à notre égard, nous ne connaîtrions que les peines éternelles après une vie de péché. Jésus dit au contraire: «Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, vous aussi faites-leur de même». Que nos semblables seraient bien traités si nous obéissions à cette parole! Il en est de même de l’amour: «Et si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? car les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment». Si nous imitons les pécheurs, rien ne montrera en nous les enfants d’un Père qui est amour, les caractères de Christ qui doivent distinguer le croyant des autres hommes. De même il faut prêter sans espérer, le faire en vue d’aider réellement à celui qui est dans le besoin, et non pour faire un placement profitable; en un mot, c’est donner, au moins en ce qui concerne les intérêts, car si l’on prête d’une manière intéressée, on imite aussi les pécheurs. Pour agir ainsi, il faut apprécier la récompense qui se trouvera plus tard. Jésus ajoute: «Mais aimez vos ennemis, et faites du bien, et prêtez sans en rien espérer; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-haut; car il est bon envers les ingrats et les méchants». Quel honneur que celui de manifester les caractères divins, de manière à être reconnus comme les fils du Très-haut! C’est pourquoi Jésus dit: «Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux». Il faut l’imiter en toutes choses. «Ne jugez pas, et vous ne serez point jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés; acquittez, et vous serez acquittés; donnez, et il vous sera donné: on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée et secouée, et qui débordera; car de la même mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour». Le principe de toute la conduite du disciple de Christ est la grâce qui a pour modèle Dieu le Père et telle que Jésus l’a manifestée dans ce monde au milieu des hommes pécheurs; mais il n’a rencontré, dans sa vie, que l’opposition de la part de la nature humaine déchue. Aussi la vie de Dieu doit offrir un contraste absolu avec la vie de l’homme en Adam, et pour pouvoir lutter contre le courant entraînant de la manière de faire des hommes, il faut puiser ses motifs en Dieu et avoir pour modèle Jésus. Le Seigneur montre les conséquences d’une vie pareille, car nous avons affaire avec le gouvernement de Dieu, sous lequel tous les actes portent leurs conséquences. Nous connaîtrons un jour les résultats de notre manière d’agir, soit ici-bas, soit dans l’éternité. Quant à la bénédiction qui peut découler de notre obéissance à la Parole, c’est encore avec la grâce que nous aurons à faire. Le Seigneur donnera beaucoup plus que tout ce que nous aurons fait; ce sera «une bonne mesure pressée et secouée, et qui débordera». Que de puissants et glorieux motifs Dieu nous a donnés pour lui être fidèles et marcher comme des bienheureux sur les traces de celui qui faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père. Puissions-nous tous, grands et petits, être assez pénétrés de la grâce dont nous sommes les objets, pour agir envers nos semblables quels qu’ils soient, selon ses principes, sachant que c’est le moyen d’être heureux et bénis en attendant les résultats glorieux dans l’éternité!

 

Enseignements divers

(v. 39-49). — Au verset 39, Jésus illustre l’état du peuple et de ses conducteurs en les comparant à un aveugle conduit par un autre aveugle; de pareils conducteurs ne peuvent éviter la fosse qu’ils rencontrent sur leur chemin et tous y tomberont. Une fosse se trouve au bout du chemin de tout homme naturel, s’il ne reçoit Jésus qui est venu apporter la lumière d’en haut pour qu’il voie où sa marche aboutit; il y tombera pour l’éternité. Il ne manque pas, aujourd’hui, de personnes qui ont la prétention d’être conducteurs spirituels, mais sans la lumière de la vie, en se confiant en leur propre sagesse. Ce n’est qu’en acceptant Jésus que Dieu a envoyé pour être la vraie lumière qui éclaire tout homme (Jean 1:9), qu’on peut marcher dans le chemin du salut.

Jésus s’est présenté pour enseigner les hommes et les conduire dans le chemin de la vie; mais la plupart ne l’ont pas écouté. Un petit nombre de disciples l’ont reçu, et il leur montre (v. 40), qu’ils ne seront pas mieux traités que leur maître: «Le disciple», dit-il, «n’est pas au-dessus de son maître, mais tout homme accompli sera comme son maître». Ceux qui suivent les enseignements du Seigneur auront ici-bas une part semblable à la sienne: ils ne seront pas au-dessus de lui. Il leur dit en Jean 15:20: «L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre». Mais, d’autre part, en imitant leur maître dans le chemin de l’obéissance et de la vérité, les disciples seront comme lui, dans la même position et les mêmes privilèges. «Tout homme accompli sera comme son maître». Puissions-nous tous être des disciples accomplis dans ce sens! Pour cela, il faut écouter le Seigneur et marcher sur ses traces.

(v. 41-42). — Pour être un homme accompli, il faut voir clair dans le chemin, non pas pour ôter le fétu qui est dans l’œil de son frère, mais pour voir le mal qui est en soi, ôter la poutre qui est dans son propre œil. Il faut avoir Christ, la lumière, devant nous, nous comparer à lui, et alors nous verrons nos défauts dans toute leur gravité; nous pourrons nous juger pour en être délivrés, tandis que, si nous nous considérons nous-mêmes en dehors de la présence de Dieu, nous serons disposés à voir le mal chez nos frères, et à vouloir leur aider à s’en délivrer, sans nous apercevoir que nous tolérons en nous-mêmes des choses bien plus graves, qui nous privent entièrement de la capacité de marcher avec la lumière que Dieu nous a donnée. Ainsi la connaissance que nous pouvons avoir de la vérité, si nous ne nous en servons que pour nos frères, fait de nous des hypocrites, des gens sans cœur pour eux.

(v. 43-45). — Dieu veut de la réalité dans notre vie, du bon fruit. Dans son état inconverti, l’homme ne peut engendrer que de mauvais fruits, le produit de son cœur naturel, auquel on reconnaît l’arbre qui le porte, car on ne peut en changer la nature: «On ne récolte pas des figues sur des épines, ni ne cueille du raisin sur un buisson». L’homme bon, celui qui participe à la nature divine, qui a reçu Christ, produit ce qui est bon, c’est-à-dire les fruits de la vie de Dieu. Ces deux natures ne peuvent demeurer cachées, car de l’abondance du cœur, la bouche parle. Si le cœur s’occupe des choses du monde, il en parle; malgré toutes les apparences de piété qu’un homme se donne, son langage manifestera la nature de son cœur. Celui qui recherche les choses de Dieu en parle.

(v. 46) — Alors, comme aujourd’hui, certaines personnes professaient avoir pour Christ une certaine considération, se comptaient au nombre de ses disciples, avaient constamment le nom du Seigneur à la bouche. Jésus leur dit: «Et pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis?» (v. 46). Prétentions, mots, profession extérieure, tout cela n’a aucune valeur pour Dieu. Il s’agit de mettre ses paroles en pratique; l’obéissance seule compte pour Dieu; mais, pour obéir, il faut être né de nouveau, posséder la nature de celui qui dit en entrant dans le monde: «Voici, je viens, pour faire ta volonté».

Dans les v. 47 à 49, Jésus montre les conséquences de l’obéissance et de la désobéissance à sa parole. Celui qui entend la Parole et la met en pratique ressemble à un homme qui a fondé sa maison sur le roc; lorsque les eaux se sont jetées contre elle, elles ne l’ont pas ébranlée. Mais celui qui a entendu la Parole sans la mettre en pratique, est pareil à un homme qui a bâti sa maison sur le sable; lorsque les eaux du fleuve, grossies par l’inondation, se sont jetées contre elle, elle est tombée. Il arrive pour tous un moment où la réalité de la profession est mise à l’épreuve; alors on voit lesquels pratiquent la parole de Dieu, et lesquels se sont contentés d’écouter en disant volontiers: «Seigneur, Seigneur»; la ruine de ces derniers «sera grande», est-il dit. Quelle ruine que celle d’une âme qui a un si grand prix aux yeux de Dieu, lorsqu’elle disparaît sous les flots du jugement, avec toute une vie de grande apparence, avec, peut-être, une religion extérieure qu’elle avait échafaudée sur le sable de ses propres pensées. On ne peut tromper Dieu; il veut des réalités; tout éclatera au grand jour, un moment ou l’autre.

Dieu veuille que tous nous comprenions combien c’est chose grave que d’entendre la parole de Dieu sans la mettre en pratique; au jour du jugement ce privilège, comme celui d’avoir reçu une éducation chrétienne, augmentera terriblement la responsabilité et aussi la culpabilité. Si les choses écrites dans les livres qui seront ouverts au jour du jugement, ne sont pas les fruits de la parole de Dieu, ceux qui les auront produites seront jetés dans les ténèbres du dehors.