Josué

Chapitre 11

La victoire de Hatsor

Arrivés à la description du combat final qui ouvre définitivement toute la Palestine à Israël, rappelons-nous que la possession de Canaan est le grand sujet du livre de Josué, et que le pays de la promesse répond pour nous aux lieux célestes. Mais, au milieu des choses qu’ils contiennent, nous avons une possession spéciale qui est Christ. Nous sommes «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». Dieu veut que nos cœurs s’approprient les richesses de Celui dans lequel nous sommes, et qu’ils entrent dans ces choses, en sorte qu’elles deviennent nôtres. Je ne parle pas d’y entrer par l’intelligence; celle-ci peut en quelque façon les saisir, mais jamais d’une manière durable. Tout ce qui n’a pas été saisi par la foi s’écoule entre nos mains comme de l’eau. Il faut que nos affections soient à ces choses pour qu’elles soient réellement notre propriété, et avant tout, il faut un objet aux affections, car, hors de Christ, les choses célestes elles-mêmes ne rempliraient pas nos cœurs. Voilà pourquoi il est dit: «Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu».

Tel est le grand sujet du livre de Josué, mais un autre sujet s’y rapporte. Lorsque Dieu place les choses célestes devant nos âmes, Satan cherche, par tous les moyens, à nous empêcher d’en jouir. De là le combat ouvert ou caché que nous avons à soutenir, et dont l’issue est fatalement une défaite, dès que Satan réussit à détourner nos regards de Christ pour les porter sur le monde, sur «les choses de la terre», ou sur nous-mêmes. Entre les chap. 1 et 11 du livre de Josué, vous rencontrez tous ces genres d’attraction. Mais Dieu se sert de ces expériences, quand le cœur est net et droit devant lui, pour nous apprendre davantage à nous défier de nous-mêmes et à nous confier en lui, et pour nous amener finalement à prendre sur la terre cette position élevée, la seule grande, celle d’un chrétien qui marche humblement dans ce monde, ayant son cœur et ses affections dans le ciel.

Au chap. 11, nous voyons une dernière confédération réunie à celle du chap. 9 (celle du chap. 10 ayant été détruite), pour constituer une armée formidable, «un peuple nombreux, en multitude, comme le sable qui est sur le bord de la mer» (v. 4); Satan cherche maintenant à écraser Israël sous le nombre. C’est l’inimitié ouverte, avouée, du monde contre le peuple de Dieu. Il ne s’agit plus d’artifices, mais d’une lutte en rase campagne, et c’est ce que nous rencontrerons toujours, lorsque, dans un esprit d’humble dépendance et d’obéissance à la Parole, nous aurons déjoué les ruses de l’ennemi; il soulèvera le monde contre nous. Les hommes s’allient pour faire la guerre à Dieu, quand leur inimitié contre Dieu est à son paroxysme. D’ordinaire ils s’allient dans le but d’améliorer, de réformer le monde; de là toutes les sociétés politiques, philanthropiques, religieuses, qui veulent civiliser, instruire, moraliser leurs semblables. Combien peu les hommes, hélas! même les chrétiens, se doutent que toute cette activité, en apparence louable, n’est que l’opposition cachée contre Dieu, sa Parole et ses desseins de grâce. Dieu ne cherche pas à améliorer l’homme; il mentirait à sa Parole qui le déclare perdu sans ressource; or, si cette vérité humiliante, mais fondamentale, n’est pas acceptée, il n’est besoin ni de salut, ni de rédemption par le sang de Christ. En somme, les meilleures alliances des hommes ne sont au fond que la guerre déguisée de l’homme naturel contre Dieu. Dans notre chapitre, nous trouvons la guerre ouverte contre Lui, mais dans la personne de ses saints. Les temps de la fin manifesteront cette inimitié de l’homme parvenue à sa dernière maturité, lorsque le résidu fidèle d’Israël sera le point de mire du monde, ameuté par Satan contre le témoignage de Dieu. La présente confédération a un chef; un centre de ralliement, la grande ville de Hatsor qui «était la capitale de tous ces royaumes»; une armée innombrable, une quantité de chevaux et de chariots. Le monde entier, avec toutes ses forces, est ligué contre Israël. En principe, ces choses se répètent pour nous aujourd’hui. Il est dit que «tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde; et c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (1 Jean 5:4). Il est dit (1 Jean 2:14): «Vous êtes forts, et la parole de Dieu demeure en vous, et vous avez vaincu le méchant», c’est-à-dire le prince du monde. Nous remarquons dans ces deux passages que les armes de notre guerre sont: la foi et la Parole. C’était par la Parole que ces «jeunes gens», semblables à Christ au désert, avaient vaincu Satan. Ici la même vérité reparaît. Dès la fin du chap. 8, la parole de Dieu avait pris sa place dans le cœur et les pensées de Josué et du peuple. Au chap. 10, ils lui gardent cette place (v. 27, 40); au chap. 11, elle est devenue comme l’habitude de leur conduite en toutes choses. «Josué leur fit comme l’Éternel lui avait dit» (v. 9). «Il les détruisit entièrement, comme Moïse, serviteur de l’Éternel, l’avait commandé» (v. 12). Nous lisons encore: «Comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse, son serviteur, ainsi Moïse commanda à Josué, et ainsi fit Josué; il n’omit rien de tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse» (v. 15). «Il les détruisit entièrement... comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse» (v. 20). Sur cela, il est à remarquer que Josué ne se contente pas d’obéir à un commandement spécial, comme on le voit au v. 9, et comme il le fit tant de fois auparavant, ni de laisser à d’autres le soin d’accomplir tout ce que Moïse avait commandé (8:35), mais cet homme de Dieu, parvenu au terme de sa grande carrière, n’avait rien omis de tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse. La Parole tout entière, telle qu’elle lui avait été communiquée alors, était l’objet de son attention scrupuleuse et dirigeait sa marche. Quelle puissance cela donne! Au chap. 8, la Parole formait le cœur et les pensées de Josué; ici, cette épée de l’Esprit arme son bras. Satan ne peut rien contre elle.

Remarquez comment, à cette école de la parole de Dieu, on est enseigné à juger toutes les ressources de la puissance humaine. Ce ne sont, le fidèle le discerne, que des objets du jugement; il ne saurait qu’en faire. Selon la parole de Dieu, «il coupa les jarrets à leurs chevaux, et brûla au feu leurs chars» (v. 9). Puis «on brûla Hatsor par le feu» (v. 11, 13). La capitale du monde ne peut en aucune manière devenir un centre pour Israël. La chose reste toujours vraie, qu’il s’agisse de Hatsor, de Rome, ou de Babylone; et si Babylone n’est pas encore brûlée au feu, qu’elle soit telle pour notre esprit. Tous les principes de ce monde, ce qui le gouverne, ce qui constitue son centre d’attraction, doit être pour nous une chose jugée, à laquelle nous n’ayons aucune part, comme Israël n’en avait aucune à Hatsor. Les autres villes subsistent; Israël en pille le butin, affirmant ainsi, en accord avec la parole de Dieu, son droit à la prise de possession pleine et entière de Canaan. Mais la victoire était grande et l’action fut complète: «Ils n’y laissèrent rien de ce qui respirait» (v. 14). L’épée avait exercé son jugement de destruction, comme l’Éternel l’avait commandé. Au spirituel, c’est fidélité pour le croyant de placer l’homme entièrement, sans merci, sous l’épée du jugement. De l’homme, rien ne doit subsister dans la terre de la promesse.

Ah! si cela durait, ce serait beau et digne de Dieu. Nous verrons bientôt que cela ne dura pas.

 

Les Anakim

Satan est défait, sa dernière armée détruite, ses villes prises; que reste-t-il encore? Israël trouve sur son chemin les sujets d’effroi qui l’avaient fait tomber au commencement: ces Anakim qui avaient fait fondre son cœur et l’avaient empêché de monter hardiment pour posséder le pays. Les espions disaient alors au peuple pour décrier Canaan: «Nous y avons vu les géants, fils d’Anak, qui est de la race des géants, et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et nous étions de même à leurs yeux» (Nomb. 13:34). Mais quelle impression pouvaient produire les enfants d’Anak sur l’esprit de celui qui marche en avant avec la parole de Dieu? La victoire est à lui. «Josué vint... et retrancha les Anakim». Et leurs villes, «des villes grandes et murées jusqu’aux cieux» (Deut. 9:1). «Josué les détruisit entièrement avec leurs villes» (v. 21).

Josué recevait la Parole; il comptait sur la promesse de Dieu: «L’Éternel, ton Dieu, c’est lui qui passe devant toi, un feu consumant; c’est lui qui les détruira, et lui qui les abattra devant toi» (Deut. 9:3). Ah! comme nos craintes et nos frayeurs d’autrefois paraissent petites et mesquines, quand nous marchons avec Dieu. Qu’est-ce qu’un homme de «six coudées et un empan», avec une «cotte de mailles de 5000 sicles d’airain», devant le «Dieu souverain, créateur des cieux et de la terre, dominateur de toute la terre», devant qui toutes choses seront abaissées, et qui abaissera toutes choses devant les siens? Le Dieu de paix brisera bientôt Satan lui-même sous nos pieds! (Rom. 16:20).