Jacques

Chapitre 2

V. 1-4

Ces chrétiens juifs des premiers temps étaient beaucoup trop influencés par les idées ordinaires du monde, et du fait que le monde se moquait des pauvres, eux aussi méprisaient les pauvres. Ils auraient dû être dirigés par la foi du Seigneur Jésus, et non par les normes et les coutumes du monde. Bien qu’Il fût le Seigneur de gloire, Il s’est pourtant toujours abaissé vers les pauvres et les orphelins. La pauvreté et le besoin peuvent être incompatibles avec la gloire humaine, mais elles sont tout à fait compatibles avec la gloire divine.

En conséquence, quand un Juif riche entrait en grande pompe dans leur synagogue, paré de ses plus beaux atours, il faisait l’objet d’une attention servile, apparemment autant par les chrétiens que par les non chrétiens. Quand un pauvre entrait, il était relégué sans cérémonie à une place obscure. C’est tout à fait naturel selon les manières du monde, mais tout à fait étranger à la foi de Christ. Ils pouvaient se constituer eux-mêmes juges des hommes de cette manière, mais ils démontraient par là qu’ils n’étaient que «des juges ayant de mauvaises pensées» ou «des juges ayant de mauvais raisonnements».

 

V. 5-7

Aux v. 5 à 7, Jacques rappelle à ses frères la situation réelle. Les Juifs riches étaient pour la plupart les opposants orgueilleux à Christ et aux Siens, les blasphémateurs de Son beau nom. Le choix de Dieu s’était porté dans la plupart des cas vers les pauvres, — ce qui est en accord avec les paroles de l’apôtre des nations en 1 Cor. 1:26-31. Ces pauvres choisis de Dieu — de vrais chrétiens — étaient riches en foi et héritiers du royaume à venir. L’attention servile rendue aux blasphémateurs orgueilleux et aux persécuteurs à cause de leur richesse, et le mépris envers ceux qui suivaient Christ à cause de leur pauvreté, — tout cela ne faisait que démontrer l’aveuglement et la folie de ceux qui agissaient ainsi. Ils voyaient les riches et les pauvres, tous les deux, avec l’œil superficiel du monde, et non pas avec l’œil pénétrant de la foi.

Notez qu’il est dit du royaume (2:5) qu’il est «promis à ceux qui L’aiment». La plupart de ceux auxquels Jacques s’adressait auraient soutenu résolument que le royaume était promis aux Juifs comme nation, et exclusivement à eux. Il était démontré maintenant que c’était une erreur. Il est promis à ceux qui aiment Dieu, qu’ils soient Juifs ou Gentils, comme on le voit dans les écrits de Paul.

Notez aussi l’expression «le beau nom invoqué sur vous» (2:7)1. Les riches blasphémaient ce nom, mais Dieu le déclarait beau. Il était «invoqué sur eux» [ou: ils étaient appelés de ce nom] — ceci semble indiquer que quand Jacques écrivait, le nom de chrétien avait déjà circulé depuis Antioche — là où on l’avait inventé en premier (Actes 11:26) — jusqu’à Jérusalem. Les pauvres étaient les objets de la persécution, non pas tellement parce qu’ils étaient pauvres, mais plutôt parce qu’ils étaient identifiés avec Christ et que Lui était l’objet de la haine du monde.

1 Note du traducteur: l’auteur utilise, pour cette expression du v. 7, la traduction de la version autorisée (anglaise) du roi Jacques: «ce beau nom par lequel vous êtes appelés».

 

V. 8-9

Faire ainsi acception de personnes est non seulement contraire à la foi de Christ, mais même à la loi elle-même, qui nous commande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Cela est appelé au v. 8, la loi «royale». Cela résume en un mot ce que devrait observer tout roi qui voudrait régner avec justice, et gouverner selon Dieu. Faire acception de personnes, c’est violer la loi, et être convaincus d’être transgresseur.

 

V. 10-11

Si nous nous tenons devant Dieu sur le terrain de garder la loi, et que nous sommes convaincus sur un point de l’avoir violée, qu’en résulte-t-il?

Rien de plus vaste que la déclaration du v. 10, et à première vue, certains d’entre nous seraient enclins à mettre en doute qu’elle soit juste. Rappelons-nous cependant que la loi est traitée comme un tout, une et indivisible. Un garçon de courses portant un panier de bouteilles, peut glisser et casser une bouteille dans sa chute; son employeur ne saurait être juste s’il l’accuse de les avoir toutes cassées, car chaque bouteille est distincte et à part des autres. Mais si en revanche, le jeune portait le panier suspendu à son épaule en bandoulière par une chaîne, et qu’en tombant il ait aussi cassé un maillon de la chaîne, son maître peut bien l’accuser à juste titre d’avoir cassé la chaîne. Si en plus il s’était permis de jouer brutalement avec d’autres jeunes, et qu’en lançant une pierre il l’a envoyée à travers la vitrine d’un magasin, c’est correct de dire de parler d’une vitrine cassée.

Il en est ainsi avec la loi. La chaîne peut comprendre plusieurs maillons, mais c’est quand même une seule chaîne. La vitrine peut faire plusieurs mètres carrés de verre, mais c’est quand même un seul panneau. La loi a plusieurs commandements, mais c’est une seule loi. Un commandement peut être soigneusement observé comme le dit le v. 11, et même beaucoup de commandements peuvent être gardés, et pourtant il suffit d’un commandement violé pour que la loi soit transgressée.

 

V. 12-13

S’il doit en être ainsi, faut-il alors que nous plaidions tous coupables, et que nous commencions à nous demander si, après tout, nous devrons nous tenir devant Dieu pour être jugé par Lui sur la base de la loi de Moïse? C’est à cette question que Jacques répond au v. 12. Nous nous tenons devant Dieu, et nous serons jugés sur la base de la «loi de la liberté» — une expression qui désigne la révélation de la volonté de Dieu qui nous a atteints en Christ, comme nous l’avons vu en considérant le v. 1:25. Nous aurons à répondre comme nous trouvant dans la lumière beaucoup plus brillante apportée par le christianisme. Étant dans la lumière de la manifestation suprême de la miséricorde de Dieu en Christ, nous sommes responsables de manifester nous-mêmes de la miséricorde. Cette pensée nous ramène au sujet du commencement du paragraphe. La manière de traiter «le pauvre en vêtements sales» n’est pas selon la miséricorde manifestée dans l’évangile. Ils s’établissaient eux-mêmes en «juges ayant de mauvaises pensées», mais hélas! c’est eux-mêmes qui tomberaient sous le jugement.

C’est effectivement une position bien solennelle! Sommes-nous dans une position de ce genre? Nous aurons à répondre devant Dieu comme nous trouvant dans la lumière de la miséricorde de l’évangile et sous la loi de la liberté, comme eux.

Notez qu’il est dit au v. 13 «la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement» et non pas «… vis-à-vis de la justice». La miséricorde divine va la main dans la main avec la justice, et par là elle triomphe vis-à-vis du jugement qui autrement nous était dû.

 

V. 14

Le changement de sujet au v. 14 peut nous paraître bien abrupt, mais il découle tout naturellement de ce que Jacques, par l’Esprit, saisissait en profondeur les œuvres insensées du cœur humain. Il commençait le chapitre en disant «mes frères n’ayez pas la foi». Ceux auxquels il s’adressait ne désiraient que prétendre le contraire, et dire: «oh! si, nous l’avons. Nous avons la foi de du Seigneur Jésus autant que toi». Y a-t-il un test permettant de contrôler ces affirmations contraires, et de découvrir où se trouve la vérité?

Certainement, il y en a un. Il réside en ce que la vraie foi est quelque chose de vivant qui manifeste sa vie dans des œuvres. C’est pourquoi on peut la distinguer de ce genre de foi morte qui consiste à accepter seulement les faits, sans que le cœur soit amené sous la puissance qui s’y rapporte. Nous pouvons professer avoir accepté l’enseignement de Christ, mais si ce que nous croyons ne gouverne pas nos actions, nous ne pouvons pas prétendre avoir réellement la foi de Christ. C’est pourquoi la seconde partie de ce chapitre 2 a une immense importance.

Notons soigneusement que les œuvres sur lesquelles Jacques insiste si vigoureusement dans ces versets, sont les œuvres de foi. Ayant pris note de cela, nous ferons bien d’aller relire Romains 3 et 4, ainsi que Galates 3 où l’apôtre Paul démontre de manière si convaincante que notre justification est par la foi et non par les œuvres. Cependant ces œuvres que Paul élimine si complètement sont les œuvres de la loi.

Beaucoup de gens ont supposé qu’il y avait opposition et contradiction entre les deux apôtres sur ce sujet; mais ce n’est pas le cas. La distinction que nous venons de signaler aide beaucoup à éliminer la difficulté ressentie. Les deux parlent d’œuvres, mais il y a une différence immense entre les œuvres de la loi et les œuvres de foi.

Les œuvres de loi que Paul présente, sont des œuvres faites par obéissance aux exigences de la loi de Moïse par laquelle on espère obtenir une justice qui passera l’examen dans la présence de Dieu. «Fais ceci et tu vivras» dit la loi, et les œuvres sont faites dans l’espoir d’obtenir par elle la vie qui est offerte — une vie sur la terre. Personne de nous n’a jamais obtenu cette vie terrestre qui demeure en gardant la loi, parce que, comme Jacques vient de nous le dire, nous sommes devenus entièrement coupables dès l’instant où nous avons violé la loi sur un point. Nous sommes donc tous sous sentence de mort, et les œuvres de la loi sont des œuvres mortes, même si elles sont faites dans le but d’obtenir la vie.

Les œuvres de foi dont parle Jacques, sont celles qui proviennent d’une foi vivante, comme en étant son expression directe et son résultat. Il y a autant de preuves de la vitalité de la foi que les fleurs et les fruits prouvent la vitalité et la nature d’un arbre. L’absence d’œuvre de ce genre démontre publiquement que notre foi est morte, car rien ne l’accompagne.

Y a-t-il aucune contradiction entre ces deux séries de déclarations? Point du tout. Elles sont entièrement complémentaires, et notre vision du sujet est incomplète sans les avoir les deux. Les œuvres faites pour être justifié sont rigoureusement exclues. Il est insisté vigoureusement sur les œuvres découlant de la foi qui justifie non seulement par Jacques, mais aussi par Paul; car en écrivant à Tite, il dit: «Cette parole est certaine, et je veux que tu insistes sur ces choses, afin que ceux qui ont cru Dieu s’appliquent à être les premiers dans les bonnes œuvres» (Tite 3:8). Ceux qui doivent s’appliquer aux bonnes œuvres sont «ceux qui ont cru»; autrement dit, ce sont des œuvres de foi.

Les considérations ci-dessus n’enlèvent pas totalement la difficulté, car il reste une certaine contradiction dans les mots, comme par exemple: «nous concluons que l’homme est justifié sans œuvres de loi» (Rom. 3:28), et dans notre passage «vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement». Et encore nous lisons «si Abraham a été justifié par des œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non pas devant Dieu» (Rom. 4:2), et dans notre passage «Abraham notre père n’a-t-il pas été justifié par des œuvres, quand il a offert son fils sur l’autel?». Certains lecteurs intrigués peuvent nous demander si nous pouvons nous en sortir de ces conclusions contradictoires selon lesquelles dans ce lointain passé Abraham a été à la fois justifié et non justifié par des œuvres; et en outre que dans le présent, un homme est justifié par la foi sans œuvres, et aussi par les œuvres et non par la foi seulement?

Notre réponse est qu’il n’y a pas de difficulté réelle dont nous ayons à sortir. Il suffit de remarquer que chez Jacques, la seule question est de savoir ce qui est valable devant l’homme, comme le montre le v. 18 de notre chapitre. Un homme a le droit de demander que nous manifestions notre foi dans nos œuvres, ce qui permet à la fois de nous justifier devant lui et de justifier nos œuvres. Dans les Romains, la seule question est de savoir ce qui est valable devant Dieu. Ces mots précis «devant Dieu» figurent en Rom. 4:2 comme nous l’avons vu. Notre foi est tout à fait apparente à Son œil qui voit tout. Il n’a pas besoin d’attendre pour que soient manifestées les œuvres qui sont le fruit de la foi, pour être assuré que la foi existe réellement.

 

V. 15-18

Dans le monde des hommes toutefois, les œuvres sont une nécessité, car il n’y a pas d’autre moyen d’être assuré que la foi qui est là est vivante. Les illustrations des v. 14 à 16 sont tout à fait concluantes. Nous pouvons professer la foi en les soins de Dieu pour Son peuple dans le domaine matériel, mais à moins que notre foi dans ces soins ne nous conduise à être prêt à être le canal par lequel ils peuvent être acheminés, notre foi est sans profit pour le frère ou la sœur dans le besoin; ni pour nous d’ailleurs. Notre foi sur ce point particulier est morte, et par conséquent inopérante, comme nous le dit le v. 17, et il ne faut pas nous étonner si d’autres la mettent en doute.

Un homme peut venir à vous et vous dire: «eh bien, tu dis que tu crois, mais tu ne produis aucune preuve visible de ta foi; je te prie donc de produire ta foi elle-même pour que je la voie». Que pouvez-vous faire? rien bien sûr! Vous pouvez continuer à répéter «j’ai la foi, j’ai la foi», mais à quoi cela sert-il? Votre confusion ne fera que croître si l’autre répond: «en tout cas j’ai fait telle chose et telle autre, ceci et cela, qui prouve clairement que personnellement je crois, bien que je n’aie pas l’habitude de parler de ma foi».

 

V. 19-26

V. 19

Jusqu’ici l’apôtre a insisté auprès de nous sur des considérations très pratiques en relation avec des questions de la vie quotidienne dans le monde, mais ces considérations restent également vraies en rapport avec des questions de doctrine, avec des questions relatives à la foi de l’évangile dans son ensemble. Au v. 19 est soulevée la question très fondamentale de la foi en l’existence du seul vrai Dieu. Chacun de nous va s’exclamer en disant: «bien sûr, je crois en Lui!» C’est bien, mais une telle foi, si elle est réelle, est tenue de produire des effets en nous. Il faut au moins trembler, car même les démons vont jusque-là, eux qui savent très bien qu’Il existe, et qui le haïssent. Les multitudes qui acceptent mollement l’idée de Son existence et en restent totalement impassibles, n’ont qu’une foi morte.

 

V. 20-25

«Quoi!» remarquera quelqu’un, «est-il possible que trembler puisse être compté comme une œuvre?» Certainement, cela est possible. Cela nous amène à remarquer que Jacques parle simplement d’œuvres, non pas de bonnes œuvres. Il ne s’agit pas du fait que tout vrai croyant doit faire un certain nombre d’actions bonnes et charitables — c’est bien sûr bon et juste qu’il le fasse — mais il s’agit de ce que ses œuvres doivent être telles qu’elles manifestent sa foi en action, si les hommes veulent voir que sa foi est réelle. C’est un point important: assurons-nous tous que nous l’avons bien saisi.

À titre d’illustration, supposons que vous allez visiter un ami malade. Vous vous assurez de sa santé, quand soudain il vous assure qu’il est parfaitement certain d’aller mieux. Comme il ne paraît pas particulièrement gai à cette idée, vous demandez ce qui lui a donné cette assurance — sur quoi sa foi repose? en guise de réponse, il vous dit qu’il a un certain médicament merveilleux au sujet duquel il a lu des centaines de témoignages flatteurs; et il vous désigne une grosse bouteille de médicament dessus la cheminée. Vous remarquez que la bouteille est toute pleine, en sorte que vous lui demandez pendant combien de temps il a pris le remède, et là il vous étonne en répondant qu’il n’en a jamais pris! N’allez-vous pas dire «mon ami, vous ne pouvez pas réellement croire que ce médicament va vous guérir immanquablement, sinon vous auriez commencé à en prendre»?

Vous seriez encore bien plus surpris si en réponse à cela, il remarque calmement: «oh, mais ma confiance dans ce médicament est très réelle, et la preuve en est que je viens d’envoyer dix euros à nos œuvres locales de bienfaisance». «Quel est le rapport avec le sujet?» vous exclamez-vous. «Votre don semble montrer que vous avez bon cœur, et que vous avez confiance dans les œuvres de bienfaisance locales, mais cela ne prouve rien quant à votre confiance dans le remède. Commencez par prendre le médicament, c’est cela qui prouvera que vous y croyez!»

Voici un homme riche qui, quand on lui demande, tire un chèque portant sur de grosses sommes et il le signe en faveur d’œuvres de bienfaisance. Voilà ailleurs une pauvre femme étonnamment gentille et secourable auprès de ses voisins, qui sont aussi pareillement humbles. Qu’est-ce que montrent leurs œuvres? leur foi en Christ? pas nettement du tout. Il est effectivement possible que leur esprit bienveillant soit le résultat de leur conversion, mais il peut aussi ne résulter que d’un désir de notoriété ou d’avoir l’approbation de ses semblables. Supposons maintenant que tous les deux commencent à montrer un grand intérêt pour la Parole de Dieu, allant de pair avec une obéissance de cœur à ses directions, et une réelle affection pour tout le peuple de Dieu. Alors nous pourrons conclure à bon droit qu’ils croient réellement en Christ, car c’est la seule racine d’où croissent de tels fruits.

Ces deux cas sont cités aux v. 21 à 25, ceux d’Abraham et de Rahab. Ils forment un contraste sur tous les plans. L’un, le père des Juifs, un serviteur de Dieu honorable; l’autre, une pauvre femme des nations, de mauvaise renommée. Pourtant ils illustrent tous les deux le sujet. Les deux ont la foi et les deux ont des œuvres — des œuvres exactement appropriées au genre de foi qui est la leur, et qui par conséquent montrent cette foi aux autres.

Le cas d’Abraham est particulièrement instructif car Paul le cite en Romains 4 pour établir ce qu’il développe sur ce grand sujet, en faisant référence à ce qui était arrivé lors de cette nuit tranquille et étoilée où Dieu fit Sa grande promesse à Abraham, et qu’Abraham l’accepta avec une foi toute simple. Jacques se réfère au même chapitre (Gen. 15) dans notre v. 23, mais il le cite comme ayant eu son accomplissement bien des années plus tard quand il «offrit son fils Isaac sur l’autel» selon le récit de Gen. 22. Le sacrifice d’Isaac était l’œuvre par laquelle Abraham a montré la foi qu’il avait eue depuis longtemps dans le cœur.

Bien des critiques sont portés à faire des objections au sacrifice d’Isaac et à le dénoncer comme indigne d’être qualifié de «bonne œuvre». C’est parce qu’ils sont entièrement aveugles quant au point que nous venons de nous efforcer de présenter. Quand Abraham crut Dieu lors de cette nuit étoilée, il crut qu’Il allait susciter un enfant vivant de parents morts. Comment pouvait-il le croire sinon parce qu’il avait cru que Dieu était capable de ressusciter les morts et les rendre à la vie? or qu’est-ce que montrait son sacrifice d’Isaac? il montrait qu’il croyait en Dieu réellement et exactement de cette manière. Il l’offrit «ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts» (Héb. 11:19). Son œuvre manifestait sa foi de manière très précise et exacte.

Il en est de même avec Rahab. Elle reçut les espions de Josué et les renvoya par un autre chemin. Voilà nos critiques de nouveau fort mécontents, et dénonçant son action. C’était antipatriotique! c’était une trahison! elle a menti! Eh bien, misérable créature! elle n’était qu’un élément dépravé d’une race maudite, tâtonnant vers la lumière. Ses actes sont faciles à critiquer, et pourtant elle a eu ce mérite suprême de démontrer clairement qu’elle avait perdu la foi en les dieux immondes de son pays, et qu’elle avait commencé à croire en la puissance et la miséricorde du Dieu d’Israël. Or c’est justement le point caractérisant la foi dont elle fit profession auprès des espions: «je sais que l’Éternel vous a donné le pays… car l’Éternel votre Dieu est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas» (Josué 2:9-11). Le croyait-elle? Bien sûr, car ses œuvres le montraient. Elle risqua sa propre vie pour s’identifier avec le peuple qui avait l’Éternel pour son Dieu.

N’est-ce pas là une vérité salutaire et importante? bien sûr. On rapporte que Luther se laissa aller à parler de Jacques avec mépris, qualifiant son épître «d’épître de paille». Si ce qu’on dit est vrai, le grand réformateur s’est trompé, et n’a pas saisi la force réelle de ces passages. Si nous la saisissons, nous affirmerons certainement qu’elle est plutôt du genre «épître de fer». Jacques porte des coups directs comme une massue à un point qui n’est guère égalé par aucun autre écrivain du Nouveau Testament.

 

V. 26

Le résumé du sujet que nous venons de considérer, c’est que «comme le corps sans esprit est mort, ainsi aussi la foi sans les œuvres est morte» (Jacques 2:26). On peut parler de notre foi en Christ, ou de notre foi en tel ou tel détail de la vérité chrétienne; mais à moins de s’exprimer par des œuvres appropriées, notre foi est morte! quel coup de massue! laissons-le exercer son plein effet sur nos consciences.