Jonas

F - Le Christ

La personne de Jonas représente le Christ sous deux aspects différents, dont nous trouvons le premier, la mort et la résurrection de Christ, pour accomplir l’œuvre de la Rédemption, dans les évangiles de Matthieu et de Luc.

En Matt. 12, les scribes et les pharisiens qui venaient d’accuser le Seigneur de ne chasser «les démons que par Béelzébul, chef des démons» (v. 24), lui demandent «un signe de sa part» (v. 38), un miracle qui puisse l’accréditer à leurs yeux! Demander à Jésus ce qui l’accréditait, quand toute sa vie et les miracles de bonté qu’il opérait à chaque pas proclamaient qu’il était Emmanuel, Dieu avec nous! Cette génération méchante et adultère pouvait-elle encore être convaincue par un signe? Aussi le Seigneur leur répond: Il ne vous sera pas donné de signe, «si ce n’est le signe de Jonas le prophète. Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre» (v. 39, 40). Type merveilleux, donné dans la personne de Jonas, des souffrances de Christ, près de 900 ans avant sa venue! En effet, ses souffrances et sa mort sont le premier sujet de la prophétie.

Mais le séjour de Christ dans le tombeau était aussi le signe qu’il était maintenant trop tard pour le peuple; qu’il n’y avait plus possibilité pour lui de recevoir le Prophète, l’Envoyé, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu, comme son Roi. Dès ce moment, toutes les relations anciennes de Dieu avec son peuple étaient interrompues et, pour être reprises, ne pourraient être basées que sur sa réjection, et plus du tout sur sa présentation à son peuple comme Messie et comme Roi. Christ est venu prendre, en amour, la place d’Israël, rejeté à cause de sa désobéissance, afin que ce dernier, en vertu de l’expiation accomplie, pût retrouver sa place dans le Royaume. Pour nous chrétiens, il a pris notre place, comme pécheurs, sous le jugement, afin que les cieux pussent nous être ouverts.

À ces paroles, Jésus ajoute (v. 41): «Des hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cette génération et la condamneront, car ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici, il y a ici plus que Jonas». Les nations, si méprisées des Juifs, étaient bien moins coupables que ce peuple. Ninive s’était repentie sans aucun signe, et par la simple prédication d’un prophète du jugement; — Jérusalem s’était-elle repentie à la prédication d’un plus grand que Jonas, qui était non seulement le Prophète de la grâce, obéissant à la volonté de Dieu, mais le Fils de Dieu? Aussi ces hommes des nations seront, au jour du jugement, les témoins accablants de la juste condamnation d’Israël, qui a rejeté Dieu dans la personne de Christ venu en grâce.

En Luc 11:29-32, l’instruction est quelque peu différente. Après avoir dit, au v. 29, qu’il ne serait pas donné à cette méchante génération d’autre signe que celui de Jonas, Jésus ajoute: «Car comme Jonas fut un signe aux Ninivites, ainsi aussi sera le Fils de l’homme à cette génération» (v. 30). Il assimile cette génération juive coupable, aux Ninivites, à un peuple païen.

Jonas, mort et ressuscité en figure, était non seulement un prédicateur, mais un signe aux Ninivites, signe qui l’accréditait auprès d’eux. En effet, il ne s’agit pas, dans ce passage, de la prédication, mais de la personne de Jonas. Un Christ mort et ressuscité, reçu maintenant parmi les nations comme Sauveur, et dont Jonas est le type, condamne désormais Israël. Ce peuple était coupable de sa mort, et, en le ressuscitant, Dieu déclarait sa pleine satisfaction de l’œuvre de son Bien-aimé, dont Israël n’avait pas voulu, ce qui le condamnait sans rémission. Le Seigneur ajoute: «Des hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cette génération et la condamneront; car ils se sont repentis à la prédication de Jonas, et voici, il y a ici plus que Jonas» (v. 32). De fait, les Ninivites s’étaient repentis sans signe, tandis que les Juifs en demandaient un. La prédication de Jonas les avait amenés à la repentance; sa parole avait produit ce résultat. Qu’avaient-ils fait, ces Juifs, de la prédication du Christ? Et pourtant, quelle différence entre ces deux témoignages! Jonas venait annoncer le jugement et la destruction de Ninive, Christ venait annoncer la grâce à son peuple coupable. Quel était donc l’endurcissement d’Israël pour avoir rejeté un tel message?

Tel est le type de Jonas dans le Nouveau Testament: Jonas rejeté, Jonas passant trois jours et trois nuits dans les entrailles du poisson, Jonas ressuscité: c’est Christ, et, comme tel, il est présenté aujourd’hui à salut à tous les hommes.

Le livre de Jonas nous montre, du reste, plus qu’aucun autre, que la prophétie ne peut être interprétée par l’accomplissement d’événements historiques, une des nombreuses erreurs de la théologie moderne, mais que Christ en est le but final et la seule solution.

 

Christ nous est présenté dans ce livre sous un second aspect. Jonas y est un type de Christ, subissant lui-même la colère de Dieu dans son gouvernement et en étant délivré, afin que les fidèles de la fin (le résidu d’Israël), traversant la grande tribulation, y trouvent l’encouragement et la consolation dont ils auront besoin pour la supporter eux-mêmes. Cette vérité importante est résumée dans un passage d’Ésaïe: «Il est devenu leur Sauveur. Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés» (És. 63:8). C’est ainsi que le résidu de Juda, coupable du rejet du Messie, passant, en vertu de ce péché, dans la fournaise et la détresse, et se trouvant lui-même rejeté, selon Matt. 16:4, trouvera, quand il sera englouti dans les eaux profondes, qu’un autre, son Sauveur et son Rédempteur, y a été avant lui et pour lui, et en a été délivré. Quelle assurance une telle découverte donnera à son âme! En effet, dans la scène de Gethsémané, il a pu dire: «Au jour de ma détresse, incline vers moi ton oreille»; et: «J’ai mêlé de pleurs mon breuvage, à cause de ton indignation et de ta colère; car tu m’as élevé haut, et tu m’as jeté en bas» (Ps. 102:3, 10, 11). Lui-même a dit aussi: «Les eaux me sont entrées jusque dans l’âme» (Ps. 69:2). Lui-même, dans les jours de sa chair, a offert, «avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort», et a été exaucé à cause de sa piété (Héb. 5:7). Nous voyons dans ces passages, et dans beaucoup d’autres, Christ en Gethsémané, traversant le jour de la «détresse» (Ps. 102:3), et les angoisses du jugement mérité par son peuple; sympathisant avec lui, réalisant dans son âme ce qu’est la colère de Dieu contre Israël coupable. C’est en considérant cela, que les fidèles du Résidu de la fin seront encouragés dans leur piété, dans leur confiance en Dieu, dans l’assurance de leur délivrance finale, et qu’ils pourront dire: «Jusques à quand?» certains qu’un jour ils seront exaucés. Ils apprendront à connaître Christ dans la profondeur des eaux et partageant leur détresse, mais ils sauront qu’il est sorti en résurrection du grand abîme, afin qu’eux retrouvent la bénédiction sur «la terre des vivants».

Cette délivrance que nous, chrétiens, possédons aujourd’hui, nous a ouvert le ciel; celle d’Israël, aux derniers jours, lui ouvrira la terre renouvelée sous le règne du Roi de paix, en sorte que ce peuple pourra dire, avec la même certitude que nous aujourd’hui: «La délivrance est de l’Éternel!»