Jonas

D - Israël

Nous avons vu que Jonas, malgré sa foi et son caractère de prophète, incarne en lui l’esprit du peuple dont il fait partie, esprit de désobéissance, d’indépendance de l’Éternel, d’orgueil spirituel et de propre justice, que Dieu signale constamment par ses prophètes. Il ne s’agit pas ici de l’idolâtrie, si souvent anathématisée, mais qui avait quitté ce peuple longtemps avant que, par le rejet du Christ, il fût dispersé parmi les nations. Or c’est de ce temps-là que le livre de Jonas nous parle en figure. Nous y assistons au moment où l’histoire d’Israël va se terminer. Le peuple persiste dans ses voies d’indépendance et de propre volonté, sans s’être repenti réellement des «vanités mensongères» (2:9), qui l’avaient caractérisé si longtemps. La maison était vide, balayée et ornée (Matt. 12:44); l’état de ce peuple que le démon de l’idolâtrie ne hantait plus, était particulièrement marqué au temps des derniers prophètes et du vivant du Seigneur. C’était une génération incrédule et perverse, des sépulcres blanchis pleins de corruption au-dedans, une race hypocrite, mais fière de sa propre justice, orgueilleuse et se vantant d’avoir Abraham pour père, fuyant la lumière et le témoignage de Dieu, hostile à la vérité et rebelle à la grâce. Voilà ce que recouvraient toutes les apparences de piété, la fidélité stricte aux formes de la loi, formes extérieures auxquelles, du reste, ils ajoutaient encore leurs traditions qui annulaient le commandement de Dieu (Marc 7:9). Les conducteurs faisaient tous leurs efforts pour garder leur dignité, leur réputation, leur influence sur le peuple. Mais ce qui les caractérisait avant tout, c’était la haine de la grâce qui leur apportait la vérité sur leur propre état. S’ils étaient condamnés, il n’y avait donc pas de différence entre eux et les autres hommes, et la grâce ouvrait la porte du salut à tout pauvre pécheur d’entre les nations. Jonas, quoiqu’il fût un homme de Dieu, nous offre plus d’un trait de ce tableau. Il arriva un moment où, par le rejet du Sauveur et de l’Esprit Saint, la condamnation définitive des Juifs fut prononcée: «Je vous transporterai au-delà de Babylone» (Actes 7:43). Israël est jeté dans la mer des peuples où il est gardé jusqu’au jour de sa résurrection nationale.

Il renaîtra donc, mais nous entrons, au chap. 3, dans la seconde période de son histoire. Son cœur sera-t-il changé? En aucune manière! S’il reprend extérieurement, même sous l’Antichrist, les formes anciennes de son culte (Dan. 9:27), son état moral est caractérisé par l’irritation contre Dieu. Il s’irrite jusqu’à la mort et estime qu’il fait bien (4:9). Ici le livre se tait sur la fin de son histoire. C’est comme si ce peuple révolté rentrait dans le néant. Observons nous-mêmes ce silence solennel à son égard.

Le rejet d’Israël, en rapport avec la prophétie de Jonas, nous est annoncé par le Seigneur d’une manière très frappante. Dans l’évangile de Matthieu, chap. 12, Jésus parle de Jonas comme étant un signe de Sa mort et de Sa résurrection. Nous considérerons plus loin ce sujet; mais, au chap. 16, il y revient, et, je n’en doute pas, avec une tout autre intention. Les pharisiens et les sadducéens lui demandent de nouveau un signe. Il leur parle des signes du ciel, le beau temps et l’orage (images de la grâce et du jugement), qu’ils savaient bien discerner, tandis qu’ils ne pouvaient discerner «les signes des temps». Le jugement était à la porte et ils n’en savaient rien: Il ne leur serait pas «donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas» (v. 4). Israël allait être définitivement jeté à la mer, abandonné, pour faire place aux voies de grâce de Dieu envers les nations. Aussi l’évangéliste ajoute: «Et les laissant, il s’en alla».

Mais le vrai Israël ressuscitera et deviendra, comme nous allons le voir, l’envoyé et le témoin de l’Éternel, pour amener à la repentance la «grande multitude des nations».