Job

Chapitre 18

Le second des amis de Job prend maintenant la parole. Comme nous l’avons remarqué dans le débat précédent, Bildad a beaucoup moins de douceur d’esprit et d’empire sur lui-même que son ami plus âgé Éliphaz, qui occupe la première place dans toutes ces discussions. Aussi est-il beaucoup moins scrupuleux dans l’expression de ses doutes à l’égard de Job et de son soupçon qu’il est un hypocrite, car c’est à cela qu’il en arrive bien vite: «Jusques à quand tendrez-vous des pièges avec vos paroles? Soyez intelligents, et puis nous parlerons. Pourquoi sommes-nous considérés comme des bêtes, et sommes-nous stupides à vos yeux? Toi qui déchires ton âme dans ta colère, la terre sera-t-elle abandonnée à cause de toi, et le rocher sera-t-il transporté de sa place? Or la lumière des méchants (est-ce là ce qu’il insinue à l’égard de Job, que «la lumière des méchants» est en lui?) sera éteinte et la flamme de son feu ne luira point… Le piège le prend par le talon, le lacet le saisit; sa corde est cachée dans la terre, et sa trappe sur le sentier» (18:2-10).

«Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés» (Matthieu 7:1). Tel est l’esprit de Bildad. Il était convaincu que, quelles que fussent les apparences, elles étaient toutes sans fondement, et que maintenant la vérité ne pouvait pas demeurer plus longtemps cachée: les jugements de Dieu et le langage de Job manifestaient qu’il était simplement un insensé qui avait prospéré, mais dont la vie se terminait selon une règle juste et habituelle. Nous comprenons tous sans doute ce que l’Écriture entend par un «insensé», un homme sans Dieu. Il n’y a point de folie pareille. C’est là ce que Bildad pense avoir été le cas de Job. N’est-il pas humiliant et solennel que nous puissions être des plus sincères dans ce que nous croyons, mais complètement dans l’erreur? Nous sommes aussi responsables de ce que sont nos convictions que de ce que nous faisons ou disons. Le seul qui soit compétent pour former en nous des pensées et des sentiments justes est Celui qui seul donne la sagesse et la force pour les manifester; c’est Dieu lui-même. Nous sommes entièrement dépendants de lui pour nous communiquer ses pensées et former nos sentiments aussi bien que nos voies selon ce qu’Il est.

Mais continuons. Bildad ajoute: «Il n’a pas d’enfants ni de postérité parmi son peuple». Il est pénible de constater que, dans un esprit de dureté, il prenne occasion de la douloureuse calamité qui avait enlevé les enfants de Job pour l’accabler. «Ceux qui viennent après seront étonnés de son jour, comme l’horreur s’est emparée de ceux qui les ont précédés. Certainement, telles sont les demeures de l’inique, et tel est le lieu de celui qui ne connaît pas Dieu». Job était-il tel dans l’estimation de Bildad?