Job

Chapitres 12 à 14

Job établit, dans sa réplique à Tsophar, de la manière la plus complète, la faiblesse et la misère de l’homme condamné à mourir sur la terre. C’est pourquoi personne ne peut parler ici-bas de la puissance de la vie. Christ n’était pas encore venu, et c’est Lui seul qui a remporté la victoire sur le mal. Job, au contraire, considère l’homme sur la terre et reconnaît en termes des plus pathétiques sa complète faiblesse, étant né pour la misère, en contraste avec la majesté incomparable de Dieu lui-même. Job commence son discours avec un certain sarcasme. Puis il répond à l’hypothèse de la rétribution actuelle du bien et du mal par un démenti formel appuyé de preuves positives: «Les tentes des dévastateurs prospèrent, et la confiance est pour ceux qui provoquent Dieu». Et cela n’est pas confiné à l’homme; dans tous les domaines de la nature animée, le même fait se produit: les bêtes de la terre, les oiseaux de l’air, les poissons de la mer déclarent clairement que les violents triomphent des faibles. Dieu est souverain, mais pour cette raison même, la loi de son gouvernement, supposée par les amis de Job, est un sophisme, et il est injuste de l’appliquer à Dieu. Il fait ce qui lui plaît, et parmi les hommes Il s’élève au-dessus de toutes leurs appréciations et de tous leurs calculs.

Tel était le fruit des observations de Job (chap. 13), et il avait la conscience qu’il était plus dans le vrai que ses amis. C’était avec Dieu qu’il désirait s’entretenir, non avec des consolateurs fâcheux comme l’étaient ses amis, dont la sagesse eût été de se taire. Il jugeait que ce qu’ils avaient proféré était un langage inique et trompeur aux yeux de Dieu qui ne leur avait donné aucune autorité pour parler ainsi, et qui les en reprendrait certainement, comme cela eut lieu, en effet. Il retiendrait ferme son intégrité devant Lui, quoi qu’ils pussent dire; et il savait qu’il serait justifié, et que sa terreur ne le troublerait pas. Il exprime le désir de découvrir tout ce qui était fâcheux en lui-même, et voudrait savoir pourquoi il était chassé çà et là comme une feuille morte ou du chaume sec. Il ne connaissait pas encore la grâce qui le rendrait capable de se juger lui-même. Il ne voit qu’un réquisitoire de choses amères dressé contre lui, et l’héritage des iniquités de sa jeunesse qui l’atteint. Ses pieds sont mis dans les ceps, ses sentiers sont observés, les plantes mêmes de ses pieds sont marquées, et il dépérit comme une chose pourrie, comme un vêtement que la teigne a rongé.

Job termine sa réponse au chapitre 14 par des réflexions plus générales sur le lot misérable de l’homme dans ce monde. Il est fragile et pécheur de nature, et il n’y a pas d’espoir pour lui de revivre ici-bas, lorsqu’il meurt, tandis qu’un arbre poussera encore des rejetons, même s’il est coupé très bas. Mais «l’homme se couche et ne se relève pas: jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux». Alors il se réveillera de son sommeil. Job demande encore d’être caché dans le shéol jusqu’à ce qu’arrive le temps arrêté de Dieu pour qu’Il se souvienne de lui, moment auquel Dieu appellera et il répondra. En attendant il ne voit aucun motif d’espérance; car, de même que les édifices les plus solides tombent en ruine, de même l’homme passe si complètement qu’il n’en sait rien; soit que ses fils soient en honneur, ou qu’ils soient abaissés.

J’espère que nous pourrons poursuivre l’étude des chapitres suivants pour y trouver la portée du grand débat engagé entre Job et ses amis. Dans cette étude nous chercherons quelques jalons (ne prétendant pas faire davantage), pour aider les enfants de Dieu à sonder ce livre d’une manière plus profitable pour eux-mêmes.