Jean

Chapitre 14

«La maison de mon Père»

(v. 1-3) — «Que votre cœur ne soit pas troublé; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi» (v. 1). Voyant les disciples troublés à la pensée de son départ qui les laissait dans ce monde sans avoir établi son royaume en gloire, le Seigneur veut les rassurer en dirigeant leurs cœurs vers lui, là où il se rendait. Il sera pour eux un objet de foi; ils devront croire en lui sans le voir, comme ils avaient cru en Dieu qu’ils n’avaient jamais vu. C’est ce qu’ils comprirent ensuite. L’apôtre Pierre dit en parlant du Seigneur: «Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse (1 Pierre 1:8). Les disciples connurent mieux le Seigneur et jouirent de lui davantage après son élévation au ciel que lorsqu’ils l’avaient au milieu d’eux.

Au lieu de les entretenir du royaume qu’il établirait un jour, Jésus leur parle de la maison de son Père: «Dans la maison de mon Père», leur dit-il, «il y a plusieurs demeures; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place» (v. 2). Quelle bénédiction, quel honneur pour des hommes si faibles, si misérables en eux-mêmes! Dans cette maison il y a plusieurs demeures. Plusieurs ne signifie pas quelques-unes seulement, mais pour tous, en contraste avec la maison de Dieu sur la terre où l’on ne pouvait entrer librement, ni séjourner. Jésus voulait avoir les siens avec lui dans ce lieu béni, que lui seul connaissait et appréciait; «la maison de mon Père» implique tout ce qu’il y a de plus intime et de plus heureux pour le cœur du Fils. Pour qu’ils y occupent une place, elle doit leur être préparée, et ils doivent se trouver dans un état propre pour y entrer. Jusqu’alors aucun homme n’avait pu entrer dans le ciel. Au contraire, l’homme chassé du paradis terrestre après la chute, pouvait encore moins entrer dans le paradis céleste. Par l’œuvre de la croix, le Seigneur a rendu les siens propres à être dans la maison de son Père, et, comme nous l’avons vu au chapitre 13, il fait constamment ce qui est nécessaire pour qu’ils jouissent de sa communion, là où il est, lorsque le péché l’a interrompue. Mais, pour qu’ils trouvent la place prête, il a fallu que Christ, homme, entrât dans le ciel après avoir passé par la mort. Si Dieu le recevait dans sa glorieuse présence, la place était prête pour tous ceux qui étaient au bénéfice de sa mort et auxquels il avait révélé Dieu comme Père, et le Seigneur viendra les chercher pour les y introduire. Il dit aux disciples: «Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (v. 3). Rien ne pouvait réjouir à un si haut degré le cœur des disciples, et celui de tous les croyants, que cette merveilleuse déclaration. Notre précieux Sauveur a fait lui-même tout le nécessaire pour le bonheur présent et éternel de ses bien-aimés. Il les rend propres pour la présence de Dieu son Père; il leur a préparé une place dans la maison de son Père, et il reviendra lui-même les chercher pour les y introduire. «Je viendrai», dit-il, «et je vous prendrai auprès de moi». Il n’envoie pas un ange pour les chercher. L’apôtre Paul dit aussi: «Le Seigneur lui-même... descendra du ciel» (1 Thess. 4:16). La pensée de la séparation d’avec le Seigneur troublait les disciples; les voici maintenant assurés d’une part céleste et éternelle dans la maison du Père, bien meilleure que le règne glorieux de Christ ici-bas, auquel leurs pensées demeuraient attachées. Quelle joie dut remplir leurs cœurs, lorsque, plus tard, ils comprirent tout ce que le Seigneur leur disait alors!

 

Le chemin

(v. 4-7) — Jésus dit encore aux disciples: «Et vous savez où moi je vais, et vous en savez le chemin». Thomas lui dit: «Seigneur, nous ne savons pas où tu vas; et comment pouvons-nous en savoir le chemin? (v. 4, 5). Les disciples n’avaient pas saisi que Jésus était la révélation de Dieu comme Père, principal sujet de cet évangile; c’est pourquoi ils ne comprennent pas ce qu’est la maison du Père où Jésus allait leur préparer une place et d’où il reviendrait pour les prendre avec lui. Il leur répondit: «Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie; nul ne vient au Père que par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père; et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu» (v. 6, 7). Le Seigneur ne dit pas qu’il est le chemin pour aller au ciel, si vrai que cela soit, mais pour aller au Père. Il s’est évidemment chargé de tout accomplir pour que ceux auxquels il révélait le Père pussent aller au ciel. Personne, jusqu’à Christ, n’avait révélé Dieu comme Père, ni la création, ni la loi, ni les prophètes. Seul «le Fils unique qui est dans le sein du Père» l’avait fait, et cela lorsque Dieu n’avait plus rien à attendre de l’homme. La réponse au refus de recevoir Jésus, Parole, vie et lumière, est merveilleuse: «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom» (chap. 1:12). En recevant Jésus, on arrive au Père dont il est la révélation. Ainsi il est seul le chemin. Il est aussi la vérité, celui qui met toutes choses en lumière, telles qu’elles sont aux yeux de Dieu. Par Jésus nous savons ce qu’est le bien, le mal, l’homme, le monde, Dieu lui-même, et par conséquent Dieu comme Père. Il est la vie, nécessaire pour jouir de tout ce qu’il nous a révélé, car par notre vie naturelle nous en sommes incapables. C’est pourquoi Jésus dit: «Nul ne vient au Père que par moi». En venant au Père, on possède la vie éternelle, et par conséquent le ciel, domaine de cette vie; on connaît la maison du Père. On se rend facilement compte de la maison d’une personne que l’on connaît intimement, que l’on aime, quoiqu’on ne l’ait jamais vue chez elle. Le Seigneur, qui jouissait de tout ce qu’était le Père pour lui, l’a pleinement révélé; il dit: «Je leur ai donné les paroles que tu m’as données» (chap. 17:8). Aussi nous comprenons un peu ce qu’il exprime lorsqu’il parle de la maison de mon Père, et le bonheur qu’il y a pour nous d’avoir une place dans la maison d’un tel Père, le Père du Seigneur Jésus. C’est pourquoi il peut dire: «Dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu» (v. 7).

 

«Qui m’a vu, a vu le Père»

(v. 8-14) — Cette déclaration du verset 7 suscite une nouvelle difficulté pour les disciples. Philippe lui dit: «Montre-nous le Père, et cela nous suffit» (v. 8). C’est précisément ce qu’ils auraient dû voir en Jésus; mais ils ne l’ont pas connu tel que cet évangile le présente. Jésus répond: «Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe? Celui qui m’a vu, a vu le Père; et comment toi, dis-tu: Montre-nous le Père? » (v. 9). Le ministère du Seigneur était terminé, et tout ce temps n’avait pas suffi aux disciples pour connaître qu’il était dans le Père et que le Père était en lui. Jésus, personne divine, distincte du Père, était, quoique homme ici-bas, en son Père, et ce qu’il manifestait dans sa vie, en paroles et en œuvres, était le Père. Aussi dit-il: «Les paroles que moi je vous dis, je ne les dis pas de par moi-même; mais le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres. Croyez-moi, que je suis dans le Père, et que le Père est en moi; sinon, croyez-moi à cause des œuvres elles-mêmes» (v. 10, 11). Jésus ne parlait pas d’une manière indépendante de son Père, ni de son propre fonds; il y avait unité parfaite; «Moi et le Père, nous sommes un» (chap. 10:30); en le voyant on voyait le Père. Il avait revêtu l’humanité pour qu’une chose si merveilleuse pût s’accomplir, car: «Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler» (Matt. 11:27). L’évangile selon Jean nous présente tout spécialement cette révélation. Si les paroles du Seigneur ne suffisaient pas aux disciples, témoins de ses œuvres, ils auraient dû croire grâce à ce qu’ils voyaient.

Une chose merveilleuse allait découler de la venue de Jésus ici-bas, preuve de ce qu’il avait été. Lorsqu’il serait glorifié, celui qui croirait en lui ferait ces œuvres qui prouvaient que le Père était en lui et lui dans le Père, et il en ferait de plus grandes, parce qu’en croyant il posséderait la même vie et la puissance du Saint Esprit. «En vérité, en vérité, je vous dis: Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci; parce que moi je m’en vais au Père» (v. 12). En allant au Père, le Seigneur recevrait le Saint Esprit qu’il enverrait comme il le dit plus bas, pour être avec les croyants. À cause de la victoire remportée par le Seigneur sur la puissance de Satan, le Saint Esprit pourrait accomplir librement, au moyen des croyants, des œuvres provenant de la même source que celles que Jésus faisait ici-bas; c’est pourquoi ils en feraient de plus grandes, comme on le voit dans les Actes des Apôtres. Une seule prédication de Pierre amena la conversion de trois mille personnes. Au nom de Jésus les apôtres disposaient de sa puissance, et le Père était glorifié dans le Fils au moyen des disciples; car Jésus leur dit: «Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai» (v. 13, 14). Glorifié par tout ce que Jésus avait accompli sur la terre, le Père le serait maintenant dans le Fils, qui pourvoirait à tout ce dont les disciples auraient besoin pour continuer à agir comme le Seigneur, sauf l’œuvre de la croix, cela va sans dire, puisque c’est en vertu de cette œuvre qu’ils accompliraient les leurs.

Mais si les disciples deviennent capables de disposer de la même puissance que le Seigneur, c’est dans une dépendance entière vis-à-vis de lui, comme lui avait été dépendant de son Père. Ils recevront tout ce qu’ils demanderont au Père au nom du Fils, et lui le fera pour que son Père soit glorifié. La prière qui s’adresse à Dieu au nom de son Fils a en vue sa gloire; s’il en est ainsi, nous pouvons demander ce que nous voulons. Cela exclut toute requête se rapportant au moi. Si nous sommes animés des pensées du Fils à l’égard de son Père, nous pouvons compter sur l’exaucement de nos prières, car nous ne demanderons que des choses qui peuvent nous être accordées.

 

Le Consolateur

(v. 15-20) — Le Seigneur ne peut conduire ses disciples plus avant dans la connaissance de la nouvelle position où il les introduirait en vertu de sa mort, position céleste avec lui, en contraste avec la position terrestre, mais glorieuse, où ils auraient partagé sa gloire, s’il eût été reçu comme roi. Il leur promet le Consolateur, l’Esprit Saint, pour être avec eux et leur révéler toutes les conséquences merveilleuses de son œuvre en leur faveur, les entretenir de sa personne, leur faire connaître leur position nouvelle, et les conduire au travers de ce monde jusqu’au jour glorieux où ils arriveraient dans la maison du Père.

La tristesse des disciples, occasionnée par le départ de Jésus, provenait de leur amour pour lui; mais il leur dit: «Si vous m’aimez, gardez mes commandements» (v. 15); vrai moyen de lui montrer leur amour au lieu de s’attrister de son départ, ce qui est vrai aussi pour nous. Cependant le Seigneur, sensible à leur peine, leur dit: «Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous» (v. 16, 17). Ce consolateur ne les quittera pas et les consolera en les occupant de la personne de Jésus, durant leur séjour ici-bas et aussi dans la gloire, éternellement. Il sera la puissance par laquelle ils accompliraient leur service et seraient les témoins du Seigneur. Il ne viendra pas pour le monde; le monde qui se réjouit du départ de Jésus n’a pas besoin de consolation.

Le Fils de Dieu, seconde personne de la trinité, a accompli dans ce monde toute l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire. Le monde l’a rejeté; mais quelques-uns l’ont reçu. C’est donc pour ceux-là seulement, que viendra l’Esprit Saint, troisième personne de la trinité, non pas proprement pour remplacer le Seigneur, mais afin de faire valoir tout ce qu’il est pour les siens et tous les résultats de son œuvre, de telle sorte que les disciples le connurent mieux depuis son départ que lorsqu’il était avec eux ici-bas. Quel encouragement pour eux et pour les croyants de tous les temps! Depuis sa venue jusqu’à maintenant, le Saint Esprit est ici-bas. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la fin du temps de l’absence du Seigneur; mais, malgré tout le désordre qui règne dans la chrétienté, le Saint Esprit, le Consolateur, s’acquitte fidèlement de son service en faveur de tous ceux qui s’attendent à lui. Il demeure avec les croyants; ils le connaissent. Le monde ne le connaît pas et ne croit pas même à son existence. Il habite dans le croyant, sceau par lequel Dieu le reconnaît comme son enfant, onction qui le rend capable de connaître les choses de Dieu. Il est aussi les arrhes de l’héritage, et plus encore. Nous ne pouvons énumérer ici tout ce qu’il est et tout ce qu’il accomplit, mais nous en verrons quelque chose encore dans les chapitres suivants.

Jésus ajoute: «Je ne vous laisserai pas orphelins; je viens à vous» (v. 18). Les disciples ne seront pas comme des enfants abandonnés, privés de soins paternels. Par l’action de l’Esprit, le Seigneur viendra à eux. Quant au monde, tout allait prendre fin: «Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (v. 19 ). Les croyants voient le Seigneur d’une manière plus avantageuse que lorsqu’il était corporellement ici-bas. Individuellement, et réunis en son nom, nous jouissons de sa présence et pouvons dire comme les disciples le soir de sa résurrection: «Nous avons vu le Seigneur». Non seulement nous avons ce privilège, mais notre vie est liée à la sienne pour le temps et l’éternité. Nous vivons de sa vie, ici-bas, et nous vivrons de cette vie dans la gloire lorsque nous lui serons rendus semblables; telle est la portée de cette expression: «Vous vivrez». Il y a plus encore: «En ce jour-là», dit le Seigneur, «vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (v. 20). Ils connaîtraient que, comme Jésus était dans le Père ici-bas (v. 10), il le serait dans la gloire. En outre, chose qui ne pouvait avoir lieu pendant que Jésus était au milieu d’eux: ils seraient en lui, dans la gloire, et lui en eux ici-bas, pour être la manifestation de Jésus dans toute leur vie devant le monde. «Vous en moi», devant le Père, et «moi en vous» devant le monde. Ils réaliseraient cela par la puissance du Saint Esprit. Il s’agit de la position individuelle du croyant, position merveilleuse que le monde ne peut comprendre, et dont nous réalisons peu la beauté et la valeur. Si nous en jouissions davantage, nous manifesterions plus fidèlement que Christ est en nous; il serait vu du monde. Les disciples, à Antioche, le réalisaient, puisque c’est là que, pour la première fois, ils furent appelés du nom de Christ: chrétiens (Actes 11:26). Puisse notre marche être digne du nom que nous portons! Le nom exprime le caractère de l’individu.

 

Aimer c’est obéir

(v. 21-24) — Au verset 15, les disciples devaient montrer leur amour pour le Seigneur en gardant ses commandements, et le Seigneur prierait donc le Père de leur envoyer un autre consolateur. Aux versets 21-23, le Seigneur présente d’autres conséquences de l’amour pour lui: «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui». On ne peut manifester son amour pour le Seigneur qu’en obéissant à ses commandements. Pourquoi employer de belles expressions pour témoigner de son amour pour lui, si l’on marche contrairement à ses pensées, en se laissant diriger par sa propre volonté? Que penserait-on d’un enfant qui désobéirait toujours à ses parents, tout en disant qu’il les aime beaucoup? Les commandements du Seigneur sont exprimés par sa vie entière, par tout ce qu’il a dit et fait. Il sert de modèle à ceux qui, par la foi, le possèdent comme leur vie. Pour eux, toute sa vie, ses actes, ses paroles, font autorité. Il ne viendrait pas à l’idée de prendre la loi de Moïse pour diriger celui qui connaît Christ comme sa vie et son modèle. Cette loi servait à l’homme pour obtenir la vie, s’il le pouvait; elle était sainte, juste et bonne (Rom. 7:12); personne n’a pu l’accomplir. C’est pourquoi Dieu donne au croyant la vie qui est dans son Fils, qui a eu sa manifestation parfaite en lui, homme sur cette terre. Donc, ce que Jésus a été ici-bas remplace les commandements de la loi, les dépasse et fait autorité pour le chrétien.

L’amour pour le Seigneur est le mobile d’action du croyant. Il est alimenté par la connaissance de sa personne, de sa marche, de son dévouement jusqu’à la mort, de ses souffrances. S’il ne s’occupe pas du Seigneur, s’il ne vit pas de lui, il ne peut marcher sur ses traces. En jouissant de l’amour du Seigneur, on gardera ses commandements, et le même apôtre dit qu’ils ne sont pas pénibles (1 Jean 5:3). Le Père, pour qui son Fils a un prix infini, aimera celui des siens qui manifestera son amour pour lui en gardant ses commandements. Ici, ce n’est pas l’amour de Dieu pour le pécheur, mais l’amour spécial du Père pour un de ses enfants qui aime son Fils. Puis le Fils, sensible à l’amour que lui témoigne un des siens, l’aimera aussi d’un amour particulier, et se manifestera à lui, lui fera connaître intimement les gloires de sa personne, avantage merveilleux pour les disciples affligés par son départ. Ils connaissent désormais le moyen par lequel leur Seigneur se manifestera à eux. Puissions-nous tous réaliser une part si bénie! Pour le moment, les disciples ne comprirent pas le sens des paroles du Seigneur. Jude, non pas Judas, qui pensait encore à une manifestation publique et glorieuse de Jésus comme roi, lui dit: «Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous, et non pas au monde? » (v. 22). Il ne comprenait pas qu’il s’agissait d’une manifestation spirituelle de sa personne à l’âme du disciple obéissant. La grande bénédiction du croyant consiste à connaître toujours mieux la personne du Seigneur; cette connaissance ne peut se réaliser que dans une vie d’obéissance. Dans sa réponse à Jude, le Seigneur n’explique pas de quel genre de manifestation il s’agit; le Saint Esprit le ferait dans la suite; mais il mentionne une bénédiction encore plus intime pour celui qui, non seulement, gardera ses commandements, mais sa parole: «Jésus répondit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé» (v. 23, 24). La parole du Seigneur a quelque chose de plus intime que ses commandements; elle n’est saisie que dans sa proximité, par celui auquel le Seigneur se manifeste. Elle le dirigera dans sa marche alors qu’un autre ne verrait en elle aucune direction. En conséquence celui qui la garde jouira, dans une plus grande mesure, de l’amour et de la communion du Père et du Fils. Le cœur en sera rempli et dans cette demeure il n’y aura place pour nul autre. État bienheureux et enviable! C’est le ciel sur la terre, car, en attendant d’être dans les demeures de la maison du Père, le croyant peut être la demeure du Père et du Fils.

Jésus rappelle encore aux disciples l’origine de tout ce qu’ils ont entendu de lui; c’est le Père qui a parlé en lui. La parole du Fils est celle du Père qui l’a envoyé.

 

Autres avantages du départ de Jésus

(v. 25-31) — Le Seigneur ne pouvait pas enseigner plus longtemps ses disciples. Le Saint Esprit viendrait et leur dirait ce qu’ils n’étaient pas capables de comprendre alors. «Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous; mais le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites» (v. 25, 26). Le Saint Esprit fera valoir toutes ces paroles de Jésus, si incompréhensibles aux disciples lorsqu’ils les entendaient. Elles deviendront lumineuses à leurs yeux, alors voilés. On voit cela tout particulièrement dans les épîtres de Pierre, empreintes de ce qu’il a entendu et vu du Seigneur. Si l’on compare la manière dont il parle de la transfiguration, dans sa deuxième épître (chap. 1:16-18), avec ce qu’il dit en Luc 9:33, on voit quelle lumière le Saint Esprit avait apportée dans son âme sur ce merveilleux sujet. C’est aussi le Saint Esprit qui a inspiré aux auteurs des quatre Évangiles ce qu’ils ont écrit et la manière dont chacun devait rapporter les faits dont ils furent témoins. Ils n’ont pas été laissés à leurs souvenirs pour le faire, comme on l’entend dire souvent. Le Saint Esprit les inspirait et leur rappelait les choses que Jésus avait dites et faites.

Dans notre passage c’est au nom du Fils que le Père envoie l’Esprit. On voit encore l’unité qui existe entre le Père et le Fils dans l’envoi du Saint Esprit. Au verset 16, le Fils prie le Père pour qu’il envoie le Saint Esprit. Le Père répond au Fils en l’envoyant en son non. Au chapitre 15:26, c’est le Fils qui l’envoie d’auprès du Père, car il l’a reçu comme homme glorifié, pour en faire part à ceux qu’il a rachetés (voir Actes 2:33, et Ps. 68:19). Cela fait comprendre l’importance de l’envoi du Saint Esprit et le privilège que le chrétien possède, puisqu’il est toujours sur la terre, actif envers quiconque se soumet à la parole par laquelle il agit malgré la ruine actuelle de l’Église professante.

«Je vous laisse la paix», dit encore le Seigneur, «je vous donne ma paix; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif» (v. 27). Encore un autre avantage dont les disciples n’avaient pas joui pendant que Jésus était avec eux: Paix parfaite quant à leur culpabilité, toute la question des péchés étant réglée à la croix pour ceux qui croient. La seconde paix est celle dans laquelle le Seigneur lui-même a toujours vécu, sa paix; en jouissant de la première, ils étaient rendus capables de jouir de celle qui avait appartenu à Jésus seul avec son Dieu; rien n’avait pu la troubler, ni l’opposition de Satan et du monde, aucune souffrance ni aucune circonstance quelconque; aucun nuage ne s’était interposé entre lui et Dieu dans sa carrière d’homme parfait. Cette paix, désormais la part des disciples et de tous les croyants, a été laissée par le Seigneur à la disposition de chacun. Les disciples pouvaient en effet n’être ni troublés, ni craintifs s’ils réalisaient ces deux genres de paix. Jésus ne donne pas comme le monde qui, s’il donne quelque chose, ne le possède plus. En leur donnant sa paix, Jésus la gardait toujours, et tous peuvent en jouir. La jouissance commune des choses que Dieu donne ne fait qu’en augmenter la valeur, au lieu d’amoindrir la part de chacun, tandis que, plus on est nombreux pour partager les biens de la terre, moins on en possède.

Jésus leur dit encore une chose propre à bannir de leur cœur la crainte et le trouble: «Vous avez entendu que moi je vous ai dit: Je m’en vais, et je viens à vous. Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi» (v. 28). Les disciples, encouragés par la pensée qu’ils reverraient Jésus, auraient dû se réjouir en sachant qu’il allait entrer dans la gloire qu’il avait quittée pour venir dans ce monde où il n’avait pas trouvé un lieu pour reposer sa tête. Ils devaient l’aimer assez pour jouir de son bonheur; il s’en allait au Père; il exprimait en cela une joie que les disciples savaient peu apprécier, puisqu’ils avaient si peu connu le Père révélé par Jésus. Il avait dit aux siens tout ce qui pouvait les assurer que son départ ne leur était pas désavantageux. S’ils avaient moins pensé à eux-mêmes et davantage au Seigneur, en l’aimant comme ils auraient dû, ils auraient trouvé une vraie consolation dans le fait qu’il allait à son Père. Nous pouvons aussi réaliser une consolation semblable lorsqu’un de nos bien-aimés nous quitte pour aller auprès du Seigneur. Tout en éprouvant la douleur de la séparation, on ressent une vraie consolation en sachant quel est son bonheur: présent avec le Seigneur à l’abri de toute souffrance.

«Et maintenant je vous l’ai dit avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez» (v. 29). Jésus avait ainsi parlé de tout ce que les disciples avaient besoin de savoir, afin qu’ils crussent en voyant se passer les choses telles qu’il les leur avait dites, car ils rencontreraient beaucoup de choses pénibles sur leur chemin, mais leur foi dans les paroles du Seigneur les soutiendrait pour leur aider à surmonter toutes difficultés.

Jésus leur dit encore: «Je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le chef du monde vient, et il n’a rien en moi; mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, partons d’ici!» (v. 30, 31). Le Seigneur et ses disciples se trouvaient encore à l’endroit où Judas les avait laissés. L’heure de la croix s’approchait; encore quelques entretiens sur le chemin qui conduisait en Gethsémané, qui se terminèrent par la sublime prière du chapitre 17 et le service du Seigneur au milieu des siens serait achevé; c’est pourquoi il dit: «Je ne parlerai plus beaucoup avec vous». Il laisse pour ainsi dire la place à Satan qui va apparaître à la tête du monde, dont il est appelé le chef, pour tenter de remporter sur le Seigneur une victoire définitive. Jusque-là les hommes, sous l’influence de l’Adversaire, avaient toujours résisté aux moyens par lesquels Dieu s’était occupé d’eux depuis l’entrée du péché dans le monde. D’autre part, sachant que la semence de la femme devait lui briser la tête, c’est-à-dire lui ôter son pouvoir, Satan a maintes fois cherché à en empêcher l’introduction dans le monde. Son dernier effort dans ce but fut le massacre des petits enfants de Bethlehem; il croyait atteindre Jésus. Il échoua, mais il n’a pas désarmé pour cela; il devait combattre jusqu’à sa ruine.

Par sa vie parfaite, toute amour et lumière, Jésus s’est attiré la haine de toutes les classes de la société, sous l’influence diabolique de celui auquel il donne le titre de «chef du monde», et au terme de son ministère, les chefs religieux, le peuple, Hérode, Ponce Pilate, les soldats romains, tous se rassemblèrent sous la conduite de Satan pour ôter de la terre l’homme parfait, le Fils de Dieu. Mais ils ne se sont réunis que pour assister à la défaite complète de leur chef, pour la raison qu’en donne le Seigneur au verset 30: «Le chef du monde vient, et il n’a rien en moi». Homme parfait, descendu du ciel pour accomplir la volonté de Dieu, il a marché au milieu de la souillure de ce monde, sans jamais en être atteint; il a subi tous les assauts de l’ennemi et la haine des hommes; il est arrivé au terme de sa course dans ses perfections absolues, aussi propre pour rentrer dans la gloire que lorsqu’il la quitta, sans avoir besoin de passer par la mort. Mais il veut y passer par amour pour son Père, et non par nécessité personnelle. La mort est la conséquence du péché, et il n’y a point de péché en lui; s’il y passe, c’est à la place des coupables dont il veut porter le châtiment et il en sortira vainqueur, après en avoir subi toute l’horreur, parce qu’étant sans péché, elle n’a aucun pouvoir sur sa sainte personne. C’est ainsi que «par sa mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le Diable; et qu’il délivra tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude» (Héb. 2:14, 15).

Le monde devait connaître (v. 31) que c’est par amour pour son Père que Jésus passerait par la mort ignominieuse de la croix, et non comme un malfaiteur, ou comme les hommes qui meurent parce qu’ils ont péché. Il y va par obéissance; «selon que le Père m’a commandé», pour rendre possible l’accomplissement des conseils de Dieu. N’a-t-il pas dit: «À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (chap. 10:17)?

Ce bien-aimé Sauveur n’avait plus rien à faire là. Tout était accompli jusqu’à la mort. Il peut dire: «Partons d’ici». Il effectuait ce qui est dit de lui sous la figure du serviteur hébreu: «J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre» (Exode 21:5). Lorsque son âme était troublée en présence de l’heure de la mort, il dit à son Père: «C’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom» (chap. 12:27).