Jean

Chapitre 11

Jésus apprend que Lazare est malade

(v. 1-16) — Près du Mont des Oliviers, non loin de Jérusalem, se trouvait le village de Béthanie, où habitaient Marthe, Marie et leur frère Lazare. Le Seigneur aimait à se retirer dans cette famille; l’affection dont il y jouissait rafraîchissait son cœur continuellement attristé et broyé par l’incrédulité et la haine des Juifs. Là, Marthe, toujours active, le servait avec dévouement et Marie, assise à ses pieds, écoutait sa parole; avec elle Jésus réalisait une communion qu’il n’a goûtée avec aucun des siens à un degré si élevé. C’est aussi là que Jésus se retirait pour la nuit dans les derniers temps de son séjour ici-bas, repoussé de Jérusalem par la haine des Juifs (Matt. 21:17; Marc 11:11; Luc 21:37), et, comme nous le verrons au chapitre 12, c’est là que Marie oignit ses pieds d’un parfum de grand prix.

Cette famille, si profondément attachée au Seigneur et non moins aimée de lui, fut affligée par la maladie de Lazare. Jésus n’étant pas sur les lieux, Marthe et Marie lui firent connaître leur douleur en disant «Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade». Elles ne lui disent pas de venir; elles savent que l’amour du Seigneur n’a pas besoin d’une invitation formelle, que la connaissance de leur peine par cet ami divin, suffit pour qu’il s’empresse de venir guérir celui qu’il aime. Elles ne se trompaient point en comptant sur lui: bel exemple de la confiance que nous pouvons avoir dans un amour aussi parfait que celui de Jésus. Mais les sœurs de Lazare, et nous aussi, devons apprendre que ce qui dirigeait le Seigneur Jésus dans son service, n’était pas en tout premier lieu son affection pour les siens, mais bien l’obéissance à son Père. Jésus était l’homme parfait, le serviteur parfait, parce qu’il obéissait et accomplissait toujours la volonté de Dieu. Dans les circonstances que traversait la famille de Béthanie, ce n’était pas la volonté de Dieu que Jésus empêchât Lazare de mourir; une œuvre plus grande qu’une guérison devait s’accomplir afin que la gloire de Dieu fût manifestée par la résurrection de Lazare, et que le Fils de Dieu fût glorifié par elle; pour cela, il fallait la mort de ce frère aimé du Seigneur.

Lorsque Jésus eut entendu le message des deux sœurs, il répondit: «Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle» (v. 4). Ce n’est donc pas par indifférence que Jésus ne partit pas tout de suite; il est dit au verset 5: «Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare». Au-dessus de tout, Dieu devait être glorifié et voulait glorifier son Fils par le triomphe de la vie sur la mort. En effet, quelle gloire éclate devant ce tombeau pour le Fils de Dieu méprisé et haï des hommes! L’homme se trouvait sous l’empire de la mort, et Dieu voulait montrer la puissance par laquelle il l’en délivrerait, ce qu’il ne pouvait pas faire par une guérison; c’est pourquoi il a envoyé son Fils dans ce monde. Il lui a donné d’avoir la vie en lui-même, ainsi que Jésus le dit à propos de la guérison de l’infirme de Bethesda au chapitre 5. «Car le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’admiration. Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut» (v. 20, 21). L’œuvre plus grande que la guérison de l’infirme et de Lazare, c’est la résurrection d’entre les morts.

Après avoir appris la maladie de Lazare, Jésus resta encore deux jours où il était. Lors même qu’il ne répondait pas à l’appel des sœurs de Lazare, son cœur ne demeurait pas indifférent à leur douleur, augmentée encore par le retard de son arrivée que, sans doute, elles ne s’expliquaient pas. Dans son amour parfait, Jésus souffrait de paraître insensible à leur peine; mais au-dessus de tout, il voulait obéir à son Dieu. N’avait-il pas dit en entrant dans le monde: «Voici, je viens pour faire ta volonté» (Héb. 10:9)? Quel exemple parfait ne nous donne-t-il pas dans cette circonstance, comme dans tout ce qu’il accomplit! Nous devons toujours chercher à plaire à Dieu premièrement, en lui demandant de connaître sa volonté, avant de nous laisser diriger par nos affections, notre sympathie ou quelque circonstance que ce soit, car sa volonté doit seule nous conduire dans le chemin de l’obéissance.

Les deux jours passés, Jésus dit à ses disciples: «Retournons en Judée». Ne songeant nullement à la peine de la famille de Béthanie, les disciples lui répondirent: «Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l’heure à te lapider, et tu y vas encore! Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche, car la lumière n’est pas en lui» (v. 7-10). Pour Jésus, le temps dans lequel il accomplissait la volonté de son Père ici-bas était le jour; il allait en avant sans broncher, sans se laisser détourner, pas plus par son attachement à la famille de Béthanie que par la haine des Juifs, et la mort certaine qui l’attendait. Non seulement il voyait la lumière comme homme obéissant, mais il était la lumière de la vie. Si nous ne cherchons à faire que la volonté de Dieu, nous aussi nous marcherons pratiquement dans la lumière, et rien ne pourra nous en détourner.

Après cela, Jésus dit à ses disciples: «Lazare, notre ami, s’est endormi; mais je vais pour l’éveiller». Ne comprenant pas que Jésus s’exprimât de cette manière en parlant de la mort, les disciples lui dirent: «Seigneur, s’il s’est endormi, il sera guéri». Ils ne comprenaient pas que, pour celui qui avait le pouvoir de ressusciter les morts, la mort n’est qu’un sommeil, car pas plus que Marthe et Marie, les disciples ne connaissaient Jésus comme la résurrection et la vie. Jésus leur dit ouvertement: «Lazare est mort; et je me réjouis, à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons vers lui» (v. 14, 15). Le Seigneur se réjouit en pensant aux avantages que retireraient les disciples quand ils verraient la puissance de la vie se déployer dans le domaine de la mort, ce qui les amènerait à croire en lui non plus seulement comme Messie, mais comme Fils de Dieu venu pour apporter la vie au sein de la mort dans laquelle tous les hommes se trouvaient et se trouvent encore, tant qu’ils sont dans leur état naturel. Lazare mort en est la figure.

Thomas, voyant que son Maître était bien décidé d’aller en Judée, montre son amour pour lui en disant: «Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui». Dieu a eu soin de nous faire connaître cette déclaration de Thomas, afin que nous sachions que s’il montra de l’incrédulité à l’égard de la résurrection de Jésus, il l’aimait néanmoins.

 

Jésus rencontre Marthe

(v. 17-25) — En arrivant à Béthanie, Jésus trouva que Lazare était depuis quatre jours dans le sépulcre. La mort avait accompli son œuvre, Jésus allait accomplir la sienne. Béthanie étant près de Jérusalem d’environ quinze stades, à peu près trois kilomètres, un certain nombre de Juifs étaient venus pour consoler Marthe et Marie, selon les coutumes orientales; mais circonstance dirigée par Dieu afin qu’il y eût des témoins de la grande œuvre que le Seigneur allait accomplir (v. 17-19).

Marthe, apprenant que Jésus approchait, alla au-devant de lui, tandis que Marie restait assise à la maison. Toujours active et prompte à prendre la parole, Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne serait pas mort; mais même maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera» (v. 21, 22). C’était vrai; si Jésus avait été présent, il aurait guéri Lazare; devant lui la mort ne pouvait s’emparer de personne. Cependant Marthe a assez de confiance en celui qu’elle reconnaissait comme le Christ, pour qu’il intervienne auprès de Dieu en leur faveur. Jésus lui répondit: «Ton frère ressuscitera. Marthe lui dit: Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour». Marthe n’avait pas l’idée que Jésus possédât la puissance de vie en lui-même et par conséquent le pouvoir de ressusciter les morts. Croyant à la résurrection générale au dernier jour, mais non pas à la résurrection d’entre les morts, elle ne recevait pas la consolation dont elle avait besoin ce jour-là. Jusqu’alors, la présence de Jésus ne lui avait rien apporté de plus qu’à tout Juif orthodoxe. Or Jésus était venu non seulement pour accomplir ce qui concernait Israël, mais en faveur de tous les hommes. Il dit à Marthe: «Moi, je suis la résurrection et la vie: celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela? Elle lui dit: Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde» (v. 25-27). Jésus annonce donc à Marthe qu’il est la résurrection et la vie, ce qui, par la grâce de Dieu, répond à l’état de tout homme, car tous, Juifs et gentils, étant pécheurs, sont sous le pouvoir de la mort. Pour les en sortir, il ne suffit pas de les guérir, il faut la puissance qui délivre de la mort et donne la vie. Jésus étant la résurrection et la vie, celui qui croit en lui, quoique mort, vivra, sera ressuscité, et celui qui vit, qui se trouvera présent dans son corps, ne mourra point à jamais: c’est ce qui aura lieu lorsque le Seigneur Jésus viendra enlever l’Église et tous les saints endormis. Les croyants délogés ressusciteront premièrement, et les vivants seront transmués, sans passer par la mort. Quand Jésus apparaîtra en gloire pour établir son règne, les témoins, morts entre l’enlèvement de l’Église et ce moment-là, seront ressuscités. Ceux qui vivront encore après avoir traversé le temps terrible de la grande tribulation, ne mourront pas; ils jouiront du règne de Christ sur la terre. Voilà les glorieuses vérités présentées à la foi de Marthe dans les paroles et la personne de Jésus. Cela dépassait infiniment tout ce qu’elle, et même sa sœur, avaient compris quant à la personne de Christ. Lorsque Jésus lui dit: «Crois-tu cela? » elle répond simplement ce que sa foi avait saisi jusqu’alors, savoir que Jésus était le Messie, le Fils de Dieu qui vient dans le monde. Ne se sentant pas capable de soutenir plus longtemps une conversation pareille, elle comprend que ce que Jésus lui dit s’adresse plus à Marie qu’à elle; c’est pourquoi elle va l’appeler. En réalité c’étaient les paroles du Seigneur qui appelaient celle qui s’asseyait à ses pieds pour apprendre de lui. Chacun de nous peut faire une expérience semblable. Lorsque nous ne nous sommes pas assez occupés de la Parole, si l’on nous interroge sur les choses de Dieu, nous sentons bien vite qui des nôtres est plus apte à répondre. Pour éviter une telle confusion, une perte pour notre âme, il faut donner plus de temps à la Parole, s’asseoir, comme Marie, aux pieds du Seigneur pour obtenir une part qui demeure, une richesse pour l’éternité.

 

Jésus au sépulcre

(v. 29-44) — Marthe appelle secrètement sa sœur; celle-ci se lève promptement et vient à Jésus qui l’attendait à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. La voyant se hâter, les Juifs crurent qu’elle allait au sépulcre et la suivirent. Marie se jeta aux pieds de Jésus avec le respect que lui inspirait une connaissance plus profonde et intime de sa personne. Elle lui dit, comme Marthe: «Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort» (v. 32). Malgré la supériorité de Marie sur sa sœur quant à la connaissance de Jésus et à l’appréciation de sa personne, pour l’une comme pour l’autre la douleur causée par la mort de leur frère était la même; la fin de tout ce dont on peut jouir dans la vie présente, jusqu’à la résurrection au dernier jour. Mais pour les deux sœurs, comme pour tous, la ressource est en Jésus. La résurrection et la vie étaient là dans sa personne. Celui qui, à leur jugement, leur avait fait défaut au moment opportun, sur la sympathie duquel elles comptaient encore, allait dépasser infiniment tout ce qu’elles attendaient de lui. «Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle, pleurer, frémit en son esprit, et se troubla, et dit: Où l’avez-vous mis? Ils lui disent: Seigneur, viens et vois. Jésus pleura» (v. 33-35). En présence de la douleur de Marie, Jésus ne l’enseigne pas comme il avait enseigné Marthe; il donne essor à sa sympathie dans une communion qui n’existait qu’avec elle. Mais il y avait dans le cœur du Seigneur plus que la sympathie à l’égard de Marthe et Marie dans le deuil; il s’y ajoutait les sentiments produits par l’effet de la mort sur les hommes incapables de se soustraire à ce roi des terreurs. «Il frémit en son esprit, et se troubla». Lui-même, le Dieu créateur, avait placé l’homme sur cette terre afin qu’il y fût heureux et qu’il y vécût à toujours; mais le péché étant entré dans ce monde et par le péché la mort, l’homme se voit exposé aux terreurs de la mort, sans défense. C’est au milieu de cet état de choses que se trouve Jésus, le Fils de Dieu, afin de sortir l’homme de dessous la puissance de la mort. Nous le voyons, ici, manifestant la puissance de vie qui est en lui; mais nous savons que pour faire valoir cette puissance envers tous les croyants, il devra lui-même subir la mort, jugement de Dieu, pour en délivrer le pécheur. Il entrera dans la mort pour en ressortir vainqueur, afin que, par la foi, tous participent à cette victoire.

En attendant ce moment, Jésus va montrer qu’il possède en lui-même la vie et toute la puissance nécessaire pour délivrer l’homme des conséquences terribles et éternelles du péché. Mais ce précieux Sauveur n’opère pas en puissance sans éprouver dans son cœur toute la douleur causée par la mort, avec plus de réalité que ceux qu’elle avait atteints. À sa question: «Où l’avez-vous mis? » lorsque les Juifs lui répondent: «Viens et vois», il pleura. «Viens et vois», ce qu’est devenue ta créature. Telle était pour Jésus la signification de ces paroles. Vois où est l’homme, le chef-d’œuvre de ta création; vois où le péché l’a plongé; cet homme, sorti parfait d’entre tes mains, est en putréfaction. Nous comprenons quelque peu, bien peu, tout ce qui accablait l’esprit du Seigneur et ce qui oppressait son cœur devant cette scène, lui capable d’apprécier divinement, avec un cœur humain, les choses telles qu’elles sont dans leur réalité devant Dieu. «Jésus pleura. Les Juifs donc dirent: Voyez comme il l’affectionnait. Mais quelques-uns d’entre eux dirent: Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas? » (v. 35-37). Chez tous, c’est la même pensée à l’égard de Jésus; ils ne voient en lui que le pouvoir de retarder le jour de la mort et non la puissance victorieuse de la vie sur la mort, pour en tirer l’homme.

Cette puissance était là, dans la personne de Jésus, le Fils de Dieu, venu dans ce monde, sachant quelle était la terrible condition dans laquelle sa créature se trouvait. Venu pour sympathiser, pleurer et finalement délivrer, il a pleuré non seulement parce que l’un de ceux qu’il affectionnait avait expiré, mais parce que tous les hommes étaient sous l’empire de la mort.

Un fait digne de remarque, qui rend le Seigneur si précieux au cœur de ceux qui passent par le deuil, c’est de voir dans quelle attitude il se présente au tombeau de Lazare. Ce n’est pas celle d’un vainqueur, quoiqu’il le fût; c’est celle de l’homme de douleur, qui entre de cœur dans les circonstances affligeantes de ceux qu’il vient secourir. Il ne dit pas aux sœurs dans le deuil de ne pas pleurer puisqu’il va ressusciter leur frère. Au contraire, il pleure avec elles, et quoique la cause de ses pleurs dépassât infiniment celle de Marthe et de Marie, il éprouvait tout ce qu’il y avait de douloureux pour elles, dans la rupture des liens naturels que lui-même avait formés pour le bonheur de sa créature. Le Seigneur a voulu faire connaître sa parfaite sympathie afin qu’aujourd’hui, nous qui traversons la scène de ce monde où la mort vient constamment frapper à notre porte et ravir quelqu’un de nos bien-aimés, nous connussions tout ce qu’il est pour notre consolation en attendant le glorieux moment de son retour. Nous connaissons ainsi un Homme dans le ciel, Jésus, qui a pleuré sur cette terre en présence de la mort, qui a montré une sympathie parfaite, aussi humaine que divine. Nous savons qu’il est le même; la gloire où il se trouve ne le distrait d’aucune circonstance douloureuse que traversent ses bien-aimés. Il est le même aujourd’hui pour consoler tous ceux qui, dans le deuil, ont recours à ce cœur compatissant. Aussi nous pouvons chanter, même au sein du deuil, comme de toute affliction:

Quel bonheur de te connaître,
Ô toi qui ne peux changer...

Même en la sombre vallée,
Tu te tiens tout près de moi,
Et mon âme est consolée,
De se sentir avec toi.

«Jésus donc, frémissant encore en lui-même, vient au sépulcre (or c’était une grotte, et il y avait une pierre dessus). Jésus dit: Ôtez la pierre. Marthe, la sœur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il est là depuis quatre jours. Jésus lui dit: Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? » (v. 38-40). L’état de corruption de Lazare ne sert qu’à faire ressortir la puissance de vie de Jésus.

Au reste, il n’était pas plus difficile au Seigneur de ressusciter un corps en voie de décomposition qu’un corps qui ne l’était pas. Ceux qui mettent en doute que Dieu puisse faire surgir de la poussière les corps qui y sont retournés depuis le commencement, ne pensent pas qu’il est aussi facile à Dieu de rassembler la poussière de ceux qui sont morts depuis des milliers d’années que de ressusciter un homme qui vient d’expirer. En réponse à la remarque de Marthe, «il sent déjà», Jésus lui rappelle que celui qui croit verra la gloire de Dieu en résurrection. En attendant que sa puissance se déployât envers tous les croyants, la gloire de Dieu allait être manifestée par la résurrection de Lazare. «Et Jésus leva les yeux en haut et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu m’entends toujours; mais je l’ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que toi, tu m’as envoyé. Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix: Lazare, sors dehors! Et le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes; et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller» (v. 41-44). Il ne fut pas nécessaire de le délier avant de le ressusciter; la puissance vivifiante de Jésus le fit sortir tel qu’il était. Mais une fois vivant, pour qu’il pût marcher, il fallut le délier.

On voit ici, comme toujours dans cet évangile, que, même si Jésus agit dans sa puissance divine, c’est chaque fois sous la dépendance de son Père. Il savait qu’il était exaucé, mais il désirait rendre la foule témoin de sa dépendance et de sa relation avec son Père dans le déploiement de cette puissance, afin qu’elle crût que Jésus était véritablement l’envoyé du Père. Nous pouvons remarquer encore que Jésus étant ici-bas, il ressuscite Lazare pour qu’il continue à vivre sur la terre, tel que Jésus était avant sa mort. Lazare a dû mourir encore une fois, tandis que le jour où Jésus ressuscitera les saints endormis, il les placera dans l’état où il est entré lui-même par sa résurrection et sur lequel la mort n’a aucun pouvoir. Il est dit en 1 Jean 3:2: «Nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est». Lazare fut semblable à Jésus quant à son corps, tel qu’il était alors, et nous lui serons semblables, tel qu’il est maintenant ressuscité et glorifié, lorsque nous serons ressuscités et transmués.

Le grand sujet de ce chapitre est donc Jésus, Fils de Dieu, la résurrection et la vie, avec le pouvoir de donner la vie aux morts. Nous avons déjà vu que cet évangile nous présente le triste état de l’homme naturel sous trois figures: son incapacité pour se servir de la loi (dans l’infirme de Bethesda, chap. 5); son état d’aveuglement spirituel (par l’aveugle-né, chapitre 9); son état de mort morale en Lazare. Jésus, le Fils de Dieu, l’envoyé du Père, est la réponse de la grâce à la misère totale dans laquelle l’homme est tombé par sa propre faute. Quel objet d’adoration et de louanges éternelles qu’une si glorieuse personne et quel sujet éternel de reconnaissance que sa venue ici-bas!

 

Les chefs du peuple déclarent que Jésus doit mourir

(v. 45-57) — Plusieurs Juifs, témoins de la résurrection de Lazare, crurent en Jésus. Mais d’autres allèrent rapporter aux pharisiens ce qu’il venait de faire (v. 45, 46). Après avoir appris ce miracle, au lieu d’y voir la gloire de Jésus et de croire en lui, ils assemblèrent un sanhédrin (tribunal suprême des Juifs) pour décider ce qu’il fallait faire de lui. «Si nous le laissons ainsi faire», disent-ils, «tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ôteront et notre lieu et notre nation» (v. 47, 48). Selon eux, le grand malheur serait que tous crussent en Jésus. Quelle opposition aux pensées de Dieu! Dieu envoya son Fils dans le monde «afin que tous crussent par lui» (chap. 1:7), et afin que tous ceux qui croient fussent sauvés. Cette opposition aux pensées de Dieu est la même aujourd’hui, car le monde est le même, quant aux principes qui le gouvernent, qu’aux jours où Jésus fut rejeté. L’opposition à l’Évangile en est la preuve, puisqu’il annonce aux hommes que quiconque croit au Fils de Dieu, le Sauveur, a la vie éternelle. Dans le cas des chefs du peuple, leur haine contre Christ provenait de leur jalousie en voyant son ministère de grâce attirer les foules, car si tous venaient à croire en lui, eux perdraient leur position au milieu du peuple. Ils désirent donc la mort de Jésus, mais allèguent comme prétexte la crainte des Romains qui n’avaient cependant pas à redouter l’influence de celui qui disait: «Rendez à César ce qui est à César». Si tous avaient cru que Jésus était le Christ, il aurait établi son règne et détruit l’empire romain; c’est ce qu’il fera lorsqu’il viendra en gloire (voir Daniel 7:26, 27). Caïphe, le souverain sacrificateur, leur dit: «Vous ne savez rien, ni ne considérez qu’il nous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas» (v. 49, 50). Humainement parlant, il émit cet avis par crainte de voir les Romains mettre fin à la nation en voyant les succès obtenus par Jésus et qui, selon eux, détournaient les Juifs du pouvoir de Rome. Pauvre sagesse! car la destruction de la ville et du peuple, par Titus, quarante ans plus tard, arriva comme jugement de Dieu, précisément parce que les Juifs avaient rejeté leur Messie. Mais au-dessus des prévisions humaines, comme Caïphe était souverain sacrificateur, Dieu se servit de lui pour annoncer une grande vérité: «il prophétisa», dit l’auteur de l’évangile, «que Jésus allait mourir pour la nation; et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (v. 51, 52), afin qu’un jour les Juifs, en regardant vers celui qu’ils ont percé et croyant en lui, puissent jouir des bénédictions promises que Dieu, dans sa fidélité, veut lui accorder. Mais en attendant le salut d’Israël, Dieu voulait accomplir une œuvre merveilleuse dans le monde en vertu de la mort de son Fils. Au chapitre 1, il est dit: «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom». Dieu n’a pas voulu que ces enfants demeurassent isolés dans ce monde alors qu’ils seraient pris de pays et de races divers; il voulait que, possédant la même vie, ils fussent unis entre eux, par la puissance du Saint Esprit, venu ici-bas à la suite de la mort et de la glorification de Christ. Tous les enfants de Dieu, séparés du monde, forment une même famille, et comme nous le voyons dans les Actes et par les écrits de Paul tout particulièrement, l’Assemblée de Dieu. D’une part, la méchanceté de l’homme se manifestait ouvertement et atteignait, par la mort de Christ, son point culminant; de l’autre avait lieu la manifestation parfaite de l’amour de Dieu et l’accomplissement de ses conseils. Dès ce jour les chefs du peuple cherchèrent à faire mourir Jésus (v. 53).

La présence de Jésus ici-bas manifesta l’état de parfait aveuglement moral dans lequel étaient les Juifs, et, par lui, l’état de tous les hommes. Dieu envoie son Fils qui, tout au long de son ministère, n’a cessé de donner toutes les preuves de sa divinité par l’exercice d’un amour inlassable et de sa puissance en bonté. Néanmoins on rejette ses paroles et ses œuvres (chapitres 8 et 9). Dieu venait encore de rendre un témoignage éclatant à son Fils par la résurrection de Lazare, dont le corps entrait déjà en décomposition; c’était la vie portée au sein de la mort, à laquelle, par une parole, Jésus arrachait l’homme, incapable de s’y soustraire. Témoins de ce fait et de la vie parfaite de Jésus, les Juifs, la race humaine, ne voient pourtant en lui qu’un homme qui méritait la mort. Dès lors, l’état de l’homme en Adam fut manifesté: il ne pouvait se réconcilier avec Dieu, ni profiter des moyens mis à sa disposition pour le sortir des conséquences du péché. Dieu pouvait exécuter sur lui son juste jugement. Mais, dans sa grâce infinie, c’est son propre Fils qui subit ce jugement à la place des coupables, «afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle». À la croix l’homme en Adam a pris fin en Christ sous le jugement de Dieu; Dieu en a fini là avec lui; un nouvel homme, tiré de la mort par la résurrection de Christ, se trouve en Christ devant Dieu. Telle est la part du croyant en attendant d’être avec Christ, semblable à lui: «Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création: les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles» (2 Cor. 5:17).

Dès lors, «Jésus ne marcha plus ouvertement parmi les Juifs; mais il s’en alla de là dans la contrée qui est près du désert, en une ville appelée Éphraïm; et il séjourna là avec les disciples» (v. 54).

Pendant ce temps, la fête de Pâque se préparait; la dernière avant l’antitype qui est la mort de l’Agneau de Dieu. Des campagnes environnantes, on montait pour se purifier, afin de pouvoir la célébrer. On cherchait Jésus; on se demandait s’il n’y viendrait pas aussi, sans doute dans l’espoir de le voir accomplir quelque miracle. On pensait peu qu’à cette fête, ce Jésus qu’on désirait voir serait crucifié entre deux malfaiteurs, car «les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’on le prît» (v. 57). L’homme signa son arrêt de mort en décrétant la mort de Jésus; mais, par le triomphe de l’amour de Dieu, là où le péché abondait, la grâce a surabondé.

Aujourd’hui de même, les fêtes et les formes religieuses s’observent nominalement en l’honneur de Christ. Mais, pratiquement, il est exclu de la vie, des affections, des pensées. Le plus grand nombre de ceux qui pratiquent la religion chrétienne, en contraste avec les autres cultes, en observent les formes dans un but méritoire. Toutefois ils refusent de croire que la seule manière dont un pécheur peut être agréable à Dieu, c’est d’accepter Jésus pour son Sauveur et de se séparer du monde en portant son opprobre.