Jean

Chapitre 9

Guérison d’un aveugle

(v. 1-12) — Dans ce chapitre, le Seigneur ne présente plus sa parole comme moyen d’avoir la vie, parole rejetée; il accomplit l’œuvre par laquelle l’homme moralement aveugle, peut profiter de la lumière venue dans sa personne, afin de devenir voyant, œuvre aussi rejetée.

Comme Jésus passait, après avoir quitté le temple où l’on voulait le lapider, toujours actif dans son amour, il vit un homme aveugle dès sa naissance. Il le vit; on ne le lui amena pas comme dans d’autres cas. Il était assis et mendiait (v. 8). Jésus, la lumière du monde, était heureux de faire profiter un malheureux de ce qu’il apportait aux hommes, et dont tous avaient besoin moralement. Ses disciples l’interrogèrent sur cet homme: «Rabbi, disent-ils, qui a péché: celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? » (v. 1, 2). Ils pensent au gouvernement de Dieu au milieu de son peuple, sous lequel le coupable porte dans ce monde les conséquences de ses fautes. Dans ce cas il ne s’agissait pas de péchés qui eussent attiré le jugement sur cet homme. Il est une figure de l’état d’aveuglement moral dans lequel l’homme se trouve dès sa naissance. Nul ne saurait voir comme Dieu voit. Le péché ayant fait séparation entre lui et Dieu qui est lumière, il est dans les ténèbres et ténèbres lui-même. Jésus répond: «Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui» (v. 3). Le Seigneur veut dire que l’état d’aveuglement de l’homme existe dès sa naissance; il n’est pas produit par tel ou tel péché; l’homme naît ainsi. Tous sont enfants d’Adam, nés dans l’état où leur premier père les a placés par sa chute. Le Seigneur était là, précisément pour accomplir l’œuvre de Dieu qui les délivrerait de cette cécité morale, car Dieu seul peut donner la vue à celui qui n’a jamais vu, ou faire d’un pécheur souillé un saint et d’un mort un vivant, comme nous le verrons au chapitre 11.

Jésus leur dit: «Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour; la nuit vient en laquelle personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde» (9:4-5).

La lumière brillait sur ce monde par la présence de Jésus; il en faisait profiter ceux qui voulaient la recevoir; mais elle allait disparaître puisque les hommes n’en voulaient rien. Lorsque Jésus ne serait plus ici-bas, personne ne pourrait accomplir une telle œuvre; non que Dieu n’ait pas agi depuis, le Saint Esprit étant venu pour faire valoir avec puissance les conséquences bénies de l’œuvre de Christ sur la croix. Les Actes des Apôtres en donnent le merveilleux récit. Mais le temps dans lequel le Seigneur se trouvait sur la terre était un jour unique, où la lumière brillait sur ce monde. Après son départ, le monde demeurerait dans les ténèbres qu’il avait préférées à la lumière, nuit morale à laquelle rien ne pourrait être changé, jusqu’à ce que le Seigneur apparût comme soleil de justice pour le jugement des méchants et la délivrance des justes (voir Malachie 4).

Dans le chapitre précédent Jésus présentait sa parole, avons-nous dit. Ici, il accomplit une œuvre, l’œuvre de Dieu, comme sa parole était la parole de Dieu. «Ayant dit ces choses — des versets 4 et 5 — il cracha en terre et fit de la boue de son crachat, et il mit la boue comme un onguent sur ses yeux, et lui dit: «Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui est interprété Envoyé). Il s’en alla donc, et se lava, et revint voyant» (v. 6, 7). Pour accomplir cette œuvre, Dieu n’a pas parlé depuis le ciel; il a envoyé sur cette terre son Fils, un homme semblable aux autres, mais sans péché; un homme qui fut méprisé, «quelqu’un de qui on cache sa face» dit Ésaïe; de sorte que son humanité créait comme un obstacle à l’homme naturel; elle était comme de la boue sur ses yeux fermés, augmentant, si possible, sa cécité. Cette boue formée de son crachat, ce qui venait de lui, vertu divine mélangée avec la terre, ce qui est humain, représentait l’humanité de Jésus. Mais pour celui qui reconnaissait que Jésus, sous cette forme humaine, était l’envoyé de Dieu, toute difficulté disparaissait; non seulement la boue tombait, mais la cécité, les ténèbres faisaient place à la lumière. Ceux qui avaient pu dire: «Il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer» (Ésaïe 53:2), peuvent dire aussi: «Tu es plus beau que les fils des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres» (Psaume 45:3). L’aveugle-né est donc l’exemple de quelqu’un en qui cette œuvre s’est accomplie. Il se lava et revint voyant.

Combien la grâce de Dieu est merveilleuse! Elle a rendu simple pour chacun le seul moyen efficace qui fasse passer des ténèbres à la lumière les misérables aveugles-nés que nous sommes tous par notre nature pécheresse. Pour Dieu, c’est le don de son propre Fils unique, don que personne ne peut apprécier comme lui, mais qui sera pour tous les rachetés le sujet d’adoration et de louanges éternelles.

Un changement pareil, produit chez l’aveugle-né, fait parler ses voisins et connaissances. Ce qui les frappe c’est que précédemment il était assis et mendiait. L’homme, dans son état naturel, est inactif pour Dieu; et, sans la connaissance de Dieu, il doit avoir recours à ses semblables pour tous ses besoins. Les uns pensent que c’est bien lui, d’autres qu’il lui ressemble. Lui, leur dit: «C’est moi-même». C’est en lui qu’un tel changement s’est opéré. Il ne sera plus assis, il sera actif pour le Seigneur. Il ne mendiera plus: il a bu à la source de tout bien. Il voit clair; aussi il va rendre témoignage, ce que doivent faire tous ceux en qui l’œuvre de Dieu s’est accomplie.

Tous ces gens étonnés lui disent: «Comment ont été ouverts tes yeux? Il répondit et dit: Un homme, appelé Jésus, fit de la boue et oignit mes yeux, et me dit: Va à Siloé et lave-toi. Et je m’en suis allé, et je me suis lavé, et j’ai vu. Ils lui disent donc: Où est cet homme? Il dit: Je ne sais» (v. 10-12). L’aveugle ne connaissait Jésus que de nom; mais pour lui un fait était certain, c’est qu’ayant fait ce qu’il lui avait dit, il voyait.

 

L’aveugle guéri devant les pharisiens

(v. 13-23) — On amène aux pharisiens l’homme guéri. Dans quel but? Nous l’ignorons, mais nous savons pourquoi Dieu le permit. C’était pour manifester l’état de ces chefs religieux en présence des œuvres de Dieu, comme il avait été manifesté en présence des paroles de Jésus au chapitre précédent.

Ce miracle avait été opéré un jour de sabbat, fait très grave et très important aux yeux des pharisiens, puisqu’il pouvait servir à trouver Jésus en défaut. Aux pharisiens qui lui demandent encore comment il a recouvré la vue, l’homme répète ce qu’il a déjà dit: «Il a mis de la boue sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois». Que dire à l’ouïe d’une déclaration aussi simple? Les uns s’écrient: «Cet homme n’est pas de Dieu, car il ne garde pas le sabbat». D’autres: «Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles? Et il y avait de la division entre eux» (v. 15, 16). Ne sachant que conclure eux-mêmes, ils veulent encore avoir, sur Jésus, l’opinion de celui qui avait été guéri. Ils lui dirent: «Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les yeux? Et il dit: C’est un prophète» (v. 17). Ils obtiennent déjà une confession de ce qu’était Jésus, car c’est ce qu’ils cherchaient. Pour chasser l’homme de la synagogue, ils voulaient lui faire avouer que Jésus était le Christ. Un prophète est un homme envoyé de Dieu et parlant de sa part. Au lieu d’admettre que Jésus en était un, les pharisiens préfèrent croire que cet homme n’a jamais été aveugle, jusqu’à ce qu’ils entendent le témoignage de ses parents. S’il avait joui de la vue, ç’aurait été un mensonge, une imposture que de parler de sa guérison. Ils auraient alors eu de quoi s’élever contre Jésus. Les parents interrogés répondent: «Nous savons que celui-ci est notre Fils et qu’il est né aveugle; mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas, nous; il a de l’âge, interrogez-le, il parlera de ce qui le concerne» (v. 19-21). Nouvel embarras des pharisiens! Comment tirer de là quelque chose contre Jésus et ôter à cet homme la confiance qu’il avait en son bienfaiteur? Les parents craignaient les Juifs, car ils savaient que si quelqu’un confessait Jésus comme le Christ, il serait exclu de la synagogue. C’est pourquoi ils ne veulent aller plus loin dans leur déposition, et se déchargent sur leur fils, disant: Il a de l’âge, interrogez-le (v. 22, 23).

La crainte des Juifs, la frayeur de n’avoir plus part à la religion du monde a plus d’effet sur les parents que la grâce et la puissance de Jésus déployées en faveur de leur fils. Loin de faire comme Moïse qui avait estimé «l’opprobre de Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte» (Héb. 11:26), ils préfèrent rester du côté des ennemis du Seigneur, plutôt que de le confesser. Ils rejettent sur leur fils les conséquences de sa confession. Peu leur importait son exclusion de la synagogue, pourvu qu’eux y restassent. Ils le laissent entre les mains des pharisiens. Aussi il va paraître à nouveau devant cette sorte de tribunal inquisitorial.

Que de personnes auront choisi le malheur éternel pour avoir craint l’opprobre comme les parents de l’aveugle. Le Seigneur dit: «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus; mais je vous montrerai qui vous devez craindre: craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne: Oui, vous dis-je, craignez celui-là» (Luc 12:4, 5). Celui qu’il faut craindre est le Dieu qui fait grâce aujourd’hui; mais Il deviendra le juge de ceux qui auront méprisé cette grâce pour plaire aux hommes et s’épargner l’opprobre de Christ pendant les quelques jours que nous passons ici-bas.

 

Beau témoignage de l’aveugle guéri

(v. 24-34) — Les pharisiens rappellent l’aveugle-né. Assurés de sa guérison, ils veulent bien l’attribuer à Dieu, mais ils cherchent à obliger cet homme à penser de Jésus comme eux. Il leur avait dit: «C’est un prophète». C’était déjà trop pour eux; ils voulaient faire considérer Jésus comme un pécheur. Comme preuve, ils allèguent qu’il avait violé le sabbat en faisant de la boue (v. 16). Ils lui dirent donc: «Donne gloire à Dieu; nous savons que cet homme est un pécheur» (v. 24). Comment concilier ces deux faits: croire en Dieu et dire de son Fils, envoyé par lui dans ce monde, qu’il est un pécheur? Quelle valeur peut avoir cette foi pour Dieu? Hélas! de nos jours c’est la foi d’un grand nombre, même de ceux qui ne disent pas ouvertement que Jésus est un pécheur, mais qui ne croient pas en sa divinité. Nous avons vu au chap. 3 que le Père ayant remis toutes choses entre les mains de son Fils, c’est donc avec lui que l’homme doit avoir à faire, pour son salut. En conséquence: «Qui croit au Fils a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils — en ne croyant pas — ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui». Celui qui avait été aveugle ne sait pas si Jésus est un pécheur, mais il sait une chose, que les pharisiens savaient aussi: c’est qu’il était aveugle et que maintenant il voyait (v. 25, 26). Non satisfaits encore, ces malheureux Juifs veulent faire parler l’homme, afin d’obtenir de lui un témoignage défavorable pour Jésus. «Ils lui disent encore: Que t’a-t-il fait? Comment a-t-il ouvert tes yeux? » Questions tout à fait superflues; aussi leur répondit-il: «Je vous l’ai déjà dit et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous encore l’entendre? Voulez-vous aussi, vous, devenir ses disciples? » (v. 27). Cet homme simple et droit comprend qu’ils ont un motif caché en voulant le faire parler; mais ce n’était pas afin de devenir les disciples de Jésus. Ne pouvant rien tirer de cet homme à leur profit, et comprenant qu’il se place au nombre des disciples de celui qui lui avait ouvert les yeux, les pharisiens l’injurièrent et lui dirent: «Toi tu es le disciple de celui-là; mais nous, nous sommes disciples de Moïse... mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est» (v. 28, 29). En effet, Dieu avait parlé à Moïse; mais qu’en faisaient-ils puisque Moïse avait parlé de Jésus? (chapitre 5:46). Et que faisaient-ils de tout ce que Jésus leur avait dit au chapitre précédent, où non seulement Dieu avait parlé à Jésus, mais où il parlait en lui? On ne peut rien contre la volonté de ceux qui refusent de croire, puisque le seul moyen d’avoir la foi est d’écouter la parole de Dieu.

L’aveugle d’autrefois est maintenant compté par les pharisiens au nombre des disciples de Christ. Ils ne se trompent pas; leurs injures auront pour effet de lui faire rendre un témoignage encore plus précis, qu’ils ne pourront supporter. «L’homme répondit et leur dit: En ceci pourtant il y a une chose étrange, que vous ne sachiez pas d’où il est, et il a ouvert mes yeux. Or, nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs; mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là il l’écoute. Jamais on n’ouït dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire» (v. 30-33). Plus haut l’homme guéri dit aux pharisiens qu’il ne savait pas si Jésus était un pécheur; mais ici, il leur donne les preuves qu’il ne l’était pas, puisqu’il avait opéré un miracle avec la puissance de Dieu, qui n’est pas à la disposition d’un pécheur, car Dieu n’écoute pas les pécheurs. Il se porte donc garant que Jésus faisait la volonté de Dieu et qu’il était de Dieu. Bientôt il apprendra qu’il est le Fils de Dieu.

Sous l’effet de la haine des Juifs, la foi et la connaissance de cet homme se développent de manière à le caractériser comme disciple de Jésus. Aussi ils ne peuvent plus le supporter et lui disent: «Tu es entièrement né dans le péché et tu nous enseignes! et ils le chassèrent dehors» (v. 34). Jésus avait dit, de l’aveugle, à ses disciples: «Ni celui-ci n’a péché ni ses parents pour qu’il soit né aveugle». Tandis que les pharisiens attribuent sa cécité à ses péchés pour mépriser le témoignage qu’il rend à Jésus, la foi plaçait cet homme bien au-dessus d’eux et le rendait capable de les enseigner. Ses paroles, comme celles de Jésus, atteignaient leur conscience, et pour se donner l’illusion de la soulager, «ils le chassèrent dehors», là où se trouvait déjà Jésus, comme résultat aussi de son témoignage fidèle.

 

L’aveugle guéri rencontre le Fils de Dieu

(v. 35-41) — «Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé dehors, et l’ayant trouvé, il lui dit: Crois-tu au Fils de Dieu? Il répondit et dit: Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui? Et Jésus lui dit: Et tu l’as vu, et celui qui te parle, c’est lui. Et il lui dit: Je crois, Seigneur! Et il lui rendit hommage» ( v. 35-38). Il ne paraît pas que Jésus ait revu l’aveugle depuis qu’il l’avait envoyé se laver à Siloé. Il le laissa rendre son témoignage qui devint de plus en plus clair à mesure que grandit l’opposition des Juifs, mais le fait chasser là où le Seigneur l’attend, où il était avant lui, hors de leur système religieux. Jésus ne l’avait pas perdu de vue; mais il attendait le moment opportun pour se révéler à lui comme l’objet dont son cœur avait besoin. Il fallait, à une vue nouvelle, un objet nouveau, car cette vue ne trouvait rien qui la satisfît dans le milieu dont son Seigneur était exclu. Avec la lumière dont il jouissait il ne pouvait avoir que Christ pour objet. Jésus le trouve, donc il l’avait cherché; pensée encourageante pour les nouveaux convertis qui ont à subir l’opprobre dans le milieu où ils se trouvent. Le Seigneur s’occupe d’eux; il veut leur révéler toujours plus ce qu’il est, afin que dans leurs difficultés, la connaissance de lui-même remplisse leur cœur de joie et de paix, et leur aide à supporter les conséquences de leur nouvelle position. Lui seul peut satisfaire les désirs de la nouvelle nature; mais on ne peut en jouir qu’en dehors du monde religieux dont le croyant ne fait plus partie.

À tout ce que l’aveugle guéri connaissait de Jésus et dont il rendit témoignage aux pharisiens, le Seigneur veut ajouter une connaissance plus grande de lui-même. Il se présente à lui comme Fils de Dieu, objet de la foi qui rend victorieux du monde dont le croyant n’est plus. «Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? » dit le même apôtre dans sa première épître, chap. 5:5. Cette connaissance est nécessaire pour rendre parfaitement heureux celui qui n’a plus sa place dans le camp religieux, d’où Jésus est rejeté. Le cœur de cet homme était préparé à apprendre tout ce que Jésus voulait lui dire de lui-même. Aussi, lorsqu’il lui dit: Crois-tu au Fils de Dieu? », il s’empresse de lui dire: «Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui? ». Dès qu’il apprend que c’est Jésus lui-même, il croit et lui rend hommage. Pour le racheté le Sauveur devient le Seigneur; son amour divin s’est acquis tous les droits sur lui. Cette seigneurie n’est pas imposée; le cœur la reconnaît. Ce Seigneur est le Fils de Dieu; il devient l’objet infini, insondable du cœur renouvelé; il suffit pour traverser ce monde en étranger, pour avoir la victoire sur tout ce qui le caractérise, parce que le cœur est occupé d’un objet qui a infiniment plus de valeur que tout ce qui est dans le monde. Les gloires et les perfections d’une telle personne le remplissent de manière à exclure tout ce qui n’est pas de Christ. C’est de lui que les croyants seront occupés dans le ciel, lorsque tout ce qui est de ce monde aura disparu; c’est pourquoi Jésus suffit pour détourner les regards de ces choses, avant même qu’elles disparaissent.

Dans la réponse de l’aveugle au Fils de Dieu: «Je crois, Seigneur! et il lui rendit hommage», nous trouvons tout ce qui caractérise la vie divine; la foi, «je crois», le Seigneur, la reconnaissance de ses droits qui implique l’obéissance qui lui est due; c’est ce qui doit caractériser la vie du croyant, et l’hommage qui est dû au Fils de Dieu.

«Jésus dit: Moi, je suis venu dans le monde pour le jugement, afin que ceux qui ne voient pas, voient; et que ceux qui voient deviennent aveugles» (v. 39). Jésus ne parle pas ici de l’exécution du jugement; il dit au contraire qu’il n’est pas venu pour juger (voyez 3:17 et 12:47), mais la conséquence de sa venue comme lumière manifeste l’état d’aveuglement de l’homme qui refuse cette lumière, de ceux qui sont moralement aveugles. Ce jugement de ce qu’ils sont n’avait jamais été porté sur eux, avant qu’ils eussent eu l’occasion de refuser la lumière. Mais ceux qui reconnaissent leur état d’aveuglement moral, dont l’aveugle-né était la figure, reçoivent Jésus et voient.

Quelques-uns des pharisiens qui entendirent ces paroles en comprirent très bien le sens figuré; ils dirent à Jésus: «Et nous, sommes-nous aussi aveugles? Jésus leur dit: Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché; mais maintenant vous dites: Nous voyons — votre péché demeure» (v. 40, 41). Ces chefs religieux prétendaient voir et conduire les autres, tandis qu’ils étaient aveugles. Ils offrent un tableau de leur état dans leur discussion avec l’aveugle devenu voyant. Mais tout en ayant la prétention de voir, ils demeurent aveugles; leur péché, consistant à rejeter la lumière venue dans la personne du Seigneur, demeurait. Cependant, par la grâce de Dieu, s’ils reconnaissaient leur état et profitaient de la venue de Jésus, ils verraient et leur péché ne leur serait pas compté puisque Jésus était venu pour les délivrer de leur misérable état.

L’histoire de l’aveugle-né introduit le sujet du chapitre suivant, qui nous parle du Berger. Le véritable Berger d’Israël est Jésus; il prend soin de ses brebis qui ne peuvent trouver ce qui leur convient dans la bergerie juive, ainsi que nous venons de le voir avec l’aveugle devenu une brebis du bon Berger. Jésus est venu pour sortir les siens de cette enceinte et pour leur donner la liberté que la grâce leur apporte.