Jean

Chapitre 7

La fête des tabernacles

(v. 1-13) — Jésus se tenait en Galilée, parce qu’en Judée les Juifs cherchaient à le faire mourir; non qu’ils pussent mettre les mains sur lui avant qu’il se livrât lui-même, mais son heure n’étant pas encore venue, il se soustrayait, d’une manière naturelle, à leur désir meurtrier, car il n’avait jamais opéré de miracle en sa faveur. Au moment de mourir, il le ferait en obéissance à son Père, et alors seulement les hommes pourraient mettre les mains sur lui (v. 1).

La fête des tabernacles allait avoir lieu; c’était un événement important au point de vue typique, car elle préfigurait l’établissement du règne de Christ où le peuple serait dans la joie. Dans l’institution de cette fête, en Deutéronome 16:13-15, il est dit: «Tu ne seras que joyeux». C’était la dernière fête de l’année; elle avait lieu lorsque toutes les récoltes étaient recueillies.

Il y avait sept fêtes dans l’année, énumérées en Lévitique 23: la fête de la Pâque (v. 5); celle des pains sans levain (v. 6-8); celle des prémices ou premiers fruits (v. 9-14); celle des semaines ou pentecôte (v. 15-22); celle des trompettes (v. 23-25); celle du jour des propitiations (v. 26-32); enfin celle des tabernacles (v. 33-36), outre le sabbat qui revenait tous les sept jours, tandis que les autres fêtes étaient annuelles. Ces fêtes préfiguraient ce que Dieu accomplirait pour amener son peuple à la bénédiction finale. À la base de toutes est la Pâque, type de la mort de Christ. La fête des pains sans levain en découlait; c’est l’absence de péché dont le levain est l’emblème, chez ceux qui sont au bénéfice de la mort de Christ. La fête des premiers fruits de la moisson typifiait la résurrection de Christ, prémices de ceux qui ont une part à sa mort. Cinquante jours après, la Pentecôte avait lieu; elle préfigurait le rassemblement de ceux qui sont les fruits de la mort de Christ, dont l’antitype eut lieu par la descente du Saint Esprit sur les croyants rassemblés, cinquante jours après la mort du Seigneur. Ce que représentaient ces quatre premières fêtes est déjà accompli. Depuis la Pentecôte, il s’écoulait un temps assez long, sans fêtes, du troisième au septième mois. Cet intervalle correspond à celui durant lequel Israël est dispersé parmi les nations et où se rassemble l’Église à la suite de la Pentecôte. Une fois l’Église enlevée, Dieu reprendra avec le peuple juif ses relations qui débuteront par la fête des trompettes ou «mémorial de jubilation»: Dieu rassemblera à nouveau son peuple disséminé en vue de la bénédiction millénaire; mais celle-ci ne pourra se réaliser sans un profond travail de repentance, figuré par la sixième fête, celle «des propitiations», où le peuple sera dans l’affliction, au moins le résidu, et reconnaîtra avec douleur le rejet du Messie lorsqu’il se présenta. Après cela la fête «des tabernacles» pourra avoir lieu, type de toute la joie du peuple restauré, heureux sous le sceptre de Christ.

Dans le chapitre 16 du Deutéronome, il n’est question que de trois fêtes, celles dans lesquelles tout homme devait se présenter devant l’Éternel: la Pâque, la Pentecôte et celle des Tabernacles. D’après Luc 2:42, on voit que les jeunes gens pouvaient y monter dès l’âge de douze ans.

Dieu montrait par ces fêtes son désir de s’entourer des hommes en vertu de l’œuvre qui devait s’accomplir, afin que des êtres, séparés de lui par le péché, puissent être heureux dans sa présence, une fois purifiés de toute souillure. Cela aura lieu définitivement dans l’état éternel, alors que «l’habitation de Dieu sera avec les hommes» (Apoc. 21:3) sur la nouvelle terre. En attendant, Dieu veut que, sur la terre actuelle, il y en ait un accomplissement durant le millénium; la fête des tabernacles en est le type. Actuellement, Dieu habite par son Esprit dans l’Église.

Le Seigneur vint dans ce monde pour accomplir les promesses; mais nous voyons dans ce chapitre, qu’au moment de la fête on cherche à le faire mourir au lieu de se réjouir en voyant au milieu du peuple celui qui devait introduire de si glorieuses bénédictions. Tel est l’homme naturel, sans intelligence pour comprendre les pensées de Dieu en vue de son propre bonheur.

Même les frères de Jésus ne croient pas en lui. Ils veulent qu’il monte à cette fête pour se produire devant le monde par des actes miraculeux. «Pars d’ici», lui disent-ils, «et va en Judée, afin que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais; car nul ne fait quelque chose en secret et ne cherche à être lui-même publiquement connu; si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même» (v. 3, 4). Jésus accomplissait des miracles, qui témoignaient de ce qu’était Dieu en grâce, mais saint au milieu d’un monde coupable, ce qui, sauf quelques exceptions, excitait la haine contre lui, celle des Juifs surtout, comme nous l’avons vu à propos de la guérison de l’infirme de Béthesda. Cependant ces miracles devaient prouver que Jésus était le Messie promis. Ses frères souhaitaient des manifestations de sa puissance qui satisfissent l’orgueil des Juifs au lieu de les juger; ils auraient voulu le voir approuvé du monde, acclamé comme roi, afin de recevoir eux aussi de l’honneur, plutôt que l’opprobre qui atteignait les frères d’un homme méprisé. Plus tard ils crurent en lui (Actes 1:14; 1 Cor. 9:5; Gal. 1:19). Mais, sans l’œuvre de la régénération, Jésus ne pouvait établir son règne sur l’homme pécheur, ennemi de Dieu, tout en ayant les formes de son culte. Ce n’était pas encore le temps pour cela; c’est pourquoi Jésus leur répondit: «Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt. Le monde ne peut pas vous haïr; mais il me hait, parce que moi je rends témoignage de lui, que ses œuvres sont mauvaises. Vous, montez à cette fête; moi, je ne monte pas à cette fête, car mon temps n’est pas encore accompli» (v. 6-8). Pour le monde, c’est toujours le temps de célébrer des fêtes religieuses. Il se réjouit à tout propos; il introduit même un côté religieux à ses fêtes; mais le Seigneur en est absent, toujours rejeté, de même que ceux qui le connaissent, car ils ne peuvent jouir sans lui. Le Seigneur appelle «bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés» (Matt. 5:4), alors que le monde sera dans la douleur, pour n’avoir pas reçu le Sauveur.

Lorsque les frères de Jésus furent partis pour la fête, lui aussi s’y rendit, mais en secret. Pendant ce temps, les Juifs le cherchaient. Il y avait une grande rumeur à son sujet; les uns disaient: «Il est homme de bien». D’autres: «Non, mais il séduit la foule». Mais «personne ne parlait ouvertement de lui, par crainte des Juifs» (v. 10-13). Sa présence préoccupait chacun et mettait les consciences mal à leur aise. Les Juifs, voyant les dispositions favorables de la «foule»1, disent que Jésus la séduisait (v. 47-49). Ils le haïssaient à tel point qu’on n’osait pas parler ouvertement de lui, par crainte de s’attirer de l’opprobre. N’en est-il pas de même aujourd’hui, au milieu de peuples qui portent le nom de chrétiens?

1 Ce mot désigne tous ceux qui ne font pas partie des Juifs habitant la Judée et Jérusalem.

 

Jésus à la fête

(v. 14-36) — Le Seigneur ne se rendit donc pas à la fête sur l’invitation de ses frères incrédules puisqu’il ne pouvait alors manifester sa puissance en faveur d’un peuple repentant, comme il le fera après l’enlèvement de l’Église. Mais s’il y monte ensuite, comme en secret, c’est pour proclamer, comme cela convenait à ce moment-là, au cours de la dernière journée de la fête, les privilèges de ceux qui croiraient en lui, lorsqu’il serait remonté au ciel.

Sans se préoccuper des dispositions des Juifs à son égard, il accomplissait l’œuvre que son Père plaçait devant lui. Il enseignait dans le temple avec l’autorité divine qui lui appartenait. Les Juifs s’en étonnaient, car il n’avait pas fait, comme les rabbins, les études qui les rendaient capables de prêcher. «Comment celui-ci connaît-il les lettres», disent-ils, «vu qu’il ne les a point apprises? » Beaucoup de gens estiment qu’on ne saurait présenter la Parole de Dieu sans avoir étudié, tandis qu’il faut la lire et la croire premièrement pour la comprendre, et Dieu forme, par ce moyen, ceux qu’il veut appeler à son service. Jésus répondit donc aux Juifs: «Ma doctrine n’est pas mienne, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté — celle de Dieu — il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si moi je parle de par moi-même» (v. 14-17). Il y a un moyen bien simple de discerner la doctrine, ou l’enseignement, de Dieu: c’est de désirer faire sa volonté. Dieu répondra à ce désir en communiquant sa parole qui éclairera et dirigera dans ce but. Si, au contraire, nous suivons notre volonté propre, nous ne comprendrons pas la Parole de Dieu, car elle s’oppose toujours à la volonté de l’homme. Si les Juifs avaient souhaité de plaire à Dieu, l’enseignement du Seigneur leur aurait fait comprendre qu’il venait de Dieu. Dieu lui donnait les paroles qu’il avait à dire; il ne parlait donc pas de lui-même, ni ne cherchait sa propre gloire, comme ses frères auraient voulu qu’il fît. Tout en étant Dieu manifesté en chair, comme homme il dépendait toujours de Dieu qui l’avait envoyé et cherchait sa gloire (v. 18).

Le haine des Juifs vis-à-vis du Seigneur se manifesta lors de la guérison de l’infirme de Béthesda, qui eut lieu le jour du sabbat; les Juifs cherchaient donc à le faire mourir (chap. 5:18). C’est pourquoi Jésus leur dit (v. 19) qu’eux aussi violaient la loi de Moise en pratiquant la circoncision un jour de sabbat. «La foule répondit et dit: Tu as un démon; qui cherche à te faire mourir? » La foule, venue des contrées en dehors de Judée, ignorait sans doute que les Juifs de Jérusalem cherchaient à mettre à mort Jésus, car aux versets 25, 26, ceux-ci disent: «N’est-ce pas celui qu’ils cherchent à faire mourir? Et voici, il parle librement, et ils ne lui disent rien». Mais si la foule ne manifestait pas une opposition aussi ouverte que les Juifs, elle inclinait de leur côté, pour le haïr et ne pas croire à ses paroles.

La circoncision faisait partie de l’ordre de choses légal qui laissait l’homme dans son état de péché. Jésus venant dans ce monde pour le guérir entièrement, c’est-à-dire le sortir de cet état, n’a fait qu’exciter sa haine comme il dit aux versets 23, 24: «Si un homme reçoit la circoncision en un jour de sabbat, afin que la loi de Moise ne soit pas violée, êtes-vous irrités contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier en un jour de sabbat? Ne jugez pas sur l’apparence, mais portez un jugement juste». Jésus faisait allusion à la guérison de l’infirme du réservoir de Béthesda. — On ne saurait juger justement si l’on rejette le Seigneur qui nous a apporté la pensée de Dieu sur toutes choses; sans elle nous n’avons que notre propre appréciation ou celle des hommes, qui ne repose que sur des apparences.

Voyant que Jésus parlait librement, malgré leur désir de le mettre à mort, les Juifs s’étonnent et disent: «Les chefs auraient-ils vraiment reconnu que celui-ci est le Christ? Mais nous connaissons celui-ci, et nous savons d’où il est; mais lorsque le Christ viendra, personne ne sait d’où il est» (v. 26, 27). Ils regardaient aux chefs, à leurs conducteurs spirituels, pour accepter ou rejeter Jésus. Ces chefs portaient une lourde responsabilité puisqu’ils avaient assumé la place de conducteurs et qu’ils détournaient du Christ ceux qui les écoutaient. Cependant le peuple aussi était responsable, car Jésus faisait devant tous ce qu’il fallait, en œuvres et en paroles, pour qu’ils crussent en lui. Au lieu de croire, ils raisonnent sur ce qu’était Jésus et sur son lieu d’origine. Pour eux, il venait de Nazareth, et ils prétendaient ignorer d’où le Christ viendrait, alors que les chefs surent dire à Hérode (Matt. 2:5) qu’il naîtrait à Bethlehem. Tous ces raisonnements montrent que le cœur naturel, chez les uns comme chez les autres, aujourd’hui comme alors, ne veut rien de Christ. Ceux même qui sont sous l’effet de la vérité cherchent toutes sortes de prétextes pour ne pas croire. S’adressant à leur conscience, Jésus élève sa voix dans le temple: «Et vous me connaissez, et vous savez d’où je suis: et je ne suis pas venu de par moi-même, mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, car je viens de lui, et c’est lui qui m’a envoyé» (v. 28, 29). Le Seigneur ne croyait pas à la réalité de leur aveuglement; il savait ce qui se passait dans leur cœur; il connaissait leur conscience mal à l’aise en présence de toutes ses œuvres et de ses paroles qui témoignaient de son origine et disaient qui il était. Terrible responsabilité d’avoir devant soi le Fils de Dieu, le Sauveur, et de ne rien vouloir de lui; responsabilité qui incombe à quiconque lit ces récits de la vie du Seigneur et ne le reçoit pas pour son Sauveur!

Tout en se vantant d’avoir Jéhovah pour leur Dieu, du moment qu’ils refusaient d’admettre Jésus comme envoyé de Dieu, ils ne connaissaient pas celui qui l’avait envoyé, tandis que Jésus le connaissait et venait de lui. En réponse à cette affirmation des versets 28, 29, qui atteignait vivement leur conscience, ils cherchent à tuer Jésus pour faire taire cette voix qui les juge. Mais, est-il dit, «personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue» (v. 30). Les hommes ne pouvaient la hâter: le Seigneur se livrerait lui-même pour accomplir la volonté de son Père au moment voulu de lui. Cependant plusieurs crurent en lui et dirent: «Le Christ, quand il sera venu, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’en a fait? » Ce témoignage qui trahit une foi peu profonde, mais qui contrastait avec les pensées de la masse incrédule, suffit pour que les pharisiens et les principaux sacrificateurs envoient des huissiers pour prendre Jésus. Sans s’émouvoir de leur haine impuissante, le Seigneur leur dit: «Je suis encore pour un peu de temps avec vous, et je m’en vais à celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas; et là où moi je serai, vous, vous ne pouvez venir» (v. 33, 34). C’est comme si Jésus leur disait: «Vous n’avez pas besoin de vous presser de vous débarrasser de moi; je m’en irai de moi-même au moment voulu». Il retournerait au ciel; personne ne pourrait le trouver, ni le suivre, sinon, plus tard, ceux qui croiraient en lui. Les Juifs pensent qu’il va simplement quitter la Judée pour aller enseigner les Juifs dispersés chez les Grecs; sa parole les laisse perplexes. Ce que Jésus venait de leur dire était extrêmement solennel pour le peuple, car son départ amènerait sur eux de terribles jugements. Lorsqu’il était au milieu d’eux, on le cherchait pour le faire mourir et non pour écouter sa parole, sauf quelques exceptions, tandis qu’ensuite on le chercherait, mais on ne le trouverait pas. Alors s’accomplirait la parole du prophète Amos: «Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une famine dans le pays; non une famine de pain, ni une soif d’eau, mais d’entendre les paroles de l’Éternel. Et ils erreront d’une mer à l’autre, et du nord au levant; ils courront çà et là pour chercher la parole de l’Éternel, et ils ne la trouveront pas» (Amos 8:11, 12).

Nous vivons dans des temps qui ont beaucoup d’analogie avec ceux-là. Grâce à la patience de Dieu, Christ est encore présenté comme Sauveur; mais les hommes trouvent toutes sortes de prétextes pour ne pas croire. Ils raisonnent sur la divinité de Jésus, sur l’inspiration des Écritures; ils regardent aux chefs religieux qui ont «appris les lettres»; ils prétendent que l’intelligence dont Dieu les a doués ne leur permet pas de croire ce qu’ils ne comprennent pas, oubliant que l’intelligence humaine, toute grande qu’elle soit, ne saurait comprendre les choses de Dieu; elles lui sont folie (1 Cor. 2:14). D’autres regardent à la marche inconséquente des chrétiens. Chez tous, la vérité est qu’ils ne veulent pas croire. Si l’on ne cherche pas à brûler les Bibles et à faire taire la voix des témoins du Seigneur par la persécution, comme autrefois, on ne souhaite pas moins de ne plus l’entendre, et cela arrivera, car le Seigneur va venir enlever ceux qui croient; on pourra les chercher, mais on ne les trouvera pas. Alors personne ne sera capable d’enseigner la vérité; l’erreur l’aura remplacée et ceux qui l’enseigneront le feront avec une énergie satanique qui se développe rapidement aujourd’hui.

Pour ne pas s’exposer à vivre dans ces jours-là, dont nous sommes bien près, il faut s’empresser de recevoir le Seigneur pour son Sauveur, en croyant la Parole de Dieu qui seule est la vérité. On doit croire premièrement; ensuite on reçoit le Saint Esprit par lequel on peut comprendre les choses profondes de Dieu.

 

La dernière journée de la fête

(v. 37-53) — La fête des tabernacles durait sept jours, comme celle des pains sans levain, mais elle avait en plus un huitième jour, appelé au verset 37, «la grande journée de la fête». Comme nous l’avons dit, cette dernière fête de l’année préfigurait le millénium qui clora l’histoire du peuple juif et du monde; après cela viendra l’état éternel indiqué par le huitième et dernier jour de la fête. Dès lors le temps ne compte plus; l’éternité est un jour sans fin.

En attendant l’établissement du millénium, le Seigneur rejeté met fin, par sa mort, à Israël selon la chair, et par conséquent, à tout le système légal sous lequel il vivait. Il passe le jour du sabbat dans le tombeau. Ensuite tout a pris fin pour les Juifs sur le pied de leur responsabilité, jusqu’à ce qu’ils regardent à celui qu’ils ont percé et le reçoivent quand il viendra pour établir son règne.

Mais si le Seigneur passe dans le tombeau le septième jour de l’ordre de choses précédent, il ressuscite le huitième et inaugure, par sa résurrection, un nouvel état de choses dont ce jour devient le premier; c’est pourquoi les croyants célèbrent le premier jour de la semaine et non plus le sabbat qui était le dernier. On comprend pourquoi le Seigneur, dans ce huitième jour de la fête, s’écrie: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre» (v. 37, 38). Au milieu de la masse qui le rejetait, quelques personnes ne trouvaient pas de quoi satisfaire aux besoins de leur âme; elles avaient soif. Si ces gens venaient à Christ, il ne leur dit pas qu’ils régneraient tout de suite avec lui sur la terre, mais ce que le Saint Esprit serait pour eux durant le temps de son absence. Tous ceux qui, pendant ce temps-là, l’auraient reçu, jouiraient des bénédictions que le Saint Esprit leur apporterait en vertu de la mort et de la glorification de Christ, puisqu’il allait retourner à celui qui l’avait envoyé.

Jésus seul peut satisfaire les besoins du cœur oppressé sous le poids de ses péchés et qui ne trouve dans ce monde rien qui lui donne le bonheur, ni ne le soulage, pas plus la religion de la chair que les plaisirs mondains. C’est pourquoi le Seigneur s’élève au-dessus de tout le système religieux qui le rejetait et crie aux oreilles de chacun que c’est à lui qu’il faut aller pour être désaltéré. Il apportait à l’homme le bonheur qui ne prend point sa source dans le désert de ce monde, mais dans le véritable rocher, Jésus, qui désaltérait toute âme altérée, antitype du rocher frappé d’où jaillirent les eaux qui désaltérèrent le peuple mourant de soif (Nomb. 20:7, 8 et 1 Cor. 10:4). Remarquons que ce rocher se trouvait dans le désert et non en Canaan. C’est au milieu du désert de ce monde qu’on est appelé à venir à Christ et à boire, seul moyen pour être heureux et satisfait ici-bas et pour l’éternité. Que chacun en soit bien convaincu!

En disant: «Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre», le Seigneur fait ressortir que non seulement celui qui vient à lui pour boire est rassasié, mais qu’il devient un moyen de rafraîchissement pour d’autres. Dans la Parole, le ventre ou les entrailles désignent le siège des affections; là s’éprouvent, dans toute leur sensibilité, les impressions les plus intimes. Le croyant, abreuvé de Christ dont l’amour, la grâce et toutes les perfections font vibrer les cordes les plus sensibles de ses affections renouvelées, peut communiquer à d’autres ce qui a rafraîchi ses propres entrailles. Le Seigneur ne dit pas que ces fleuves d’eau vive couleront de sa tête, siège de l’intelligence, car la connaissance de la personne de Christ n’est pas une affaire d’intelligence; c’est un aliment savouré par le cœur, qui développe les affections spirituelles; la jouissance qu’il procure produit le besoin de communiquer à d’autres la véritable intelligence spirituelle qui vient toujours du cœur pour le Seigneur. Mais, pour que tout ce jeu des affections spirituelles se produise, il faut une puissance qu’on ne possède pas sans le Saint Esprit; c’est ce que dit l’évangéliste dans la parenthèse du verset 39: «Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». L’Esprit n’était pas encore venu comme personne, ce qui ne pouvait arriver qu’à la suite de la glorification de Christ, les deux ne pouvaient être personnellement ensemble sur la terre. Le Seigneur comme homme avait reçu le Saint Esprit au début de son ministère, mais, pour qu’il pût venir sur d’autres, il fallait que l’œuvre de la rédemption s’accomplît et que le Seigneur entrât dans sa gloire pour envoyer de là le Saint Esprit sur les croyants. Il devenait la puissance de leur vie nouvelle et les occupait de lui, comme il le dit aux chapitres 14 à 16 de cet évangile. Mais il n’est venu dans ce monde que pour ceux qui croient, tandis que le Seigneur vint à l’intention de tous.

Lorsque Dieu reprendra ses relations avec Israël, le Saint Esprit déploiera ses effets en puissance pour la bénédiction du peuple, ainsi que les Écritures l’annoncent. En attendant, ceux qui croient en Christ rejeté le reçoivent. Après la Pentecôte, ceux qui voyaient les disciples sous la puissante action de l’Esprit, prétendaient qu’ils étaient pleins de vin doux. Mais Pierre leur dit: «C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël: Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront ...» (Joël 2:28; Actes 2:17). Le Seigneur fait allusion dans le verset 39 de notre chapitre à un passage d’Ésaïe 44:3. «Car je verserai de l’eau sur celui qui a soif, et des ruisseaux d’eau sur la terre sèche; je verserai mon Esprit sur ta semence, et ma bénédiction sur ceux qui sortent de toi». Et encore au chapitre 58:11: «Et tu seras comme un jardin arrosé, et comme une source jaillissante dont les eaux ne trompent pas». En attendant ces bénédictions en faveur du peuple terrestre, lorsqu’il aura cru en celui qu’il a rejeté, elles sont, d’une manière plus élevée, la part de ceux qui croient au Seigneur pendant son rejet, car le Saint Esprit les fait jouir d’un Christ céleste, centre de bénédictions spirituelles et éternelles. En parlant du Saint Esprit qu’il allait envoyer, le Seigneur dit: Il sera «avec vous éternellement» (Jean 14:16). Éternellement il fera jouir les croyants de la personne de Christ. Chose précieuse, il accomplit cette œuvre ici-bas, comme Consolateur des croyants que le Seigneur laissait seuls dans le monde qui l’avait rejeté. Il vaut la peine d’aller à Christ et de boire, de croire en lui, pour jouir d’un bonheur spirituel, céleste et éternel et devenir un moyen de bénédiction pour d’autres, au milieu d’un monde qui n’offre aucune jouissance à l’âme et s’avance rapidement vers l’exécution des jugements prononcés sur lui.

Les paroles de Jésus produisirent un certain effet sur la foule, ce qui suscita de nouveau une contestation sur ce qu’il était. Les uns disaient: «Celui-ci est véritablement le prophète. D’autres disaient: Celui-ci est le Christ. D’autres disaient: Le Christ vient-il donc de Galilée? L’Écriture n’a-t-elle pas dit que le Christ vient de la semence de David et de la bourgade de Bethlehem, où était David» (v. 40-42)? On raisonne, mais sans conviction parce qu’il n’y a pas de foi.

Tous auraient dû savoir pourquoi le Seigneur venait de Galilée, Joseph ayant dû y habiter en remontant d’Égypte à cause de la méchanceté du roi Archélaüs (Matt. 2:22, 23). La foule se divisa à son sujet; «quelques-uns d’entre eux voulaient le prendre, mais personne ne mit les mains sur lui» (v. 42-44). Les huissiers envoyés au verset 32 revinrent auprès des pharisiens et des sacrificateurs sans leur amener Jésus. «Pourquoi ne l’avez-vous pas amené? » leur demandèrent-ils. Ils répondirent: «Jamais homme ne parla comme cet homme». Les paroles de Jésus avaient produit assez d’effet sur eux pour les empêcher de le prendre. Nous pouvons espérer qu’elles produisirent en eux une véritable foi. Irrités de cette réponse, les pharisiens leur dirent: «Et vous aussi, êtes-vous séduits? Aucun d’entre les chefs ou d’entre les pharisiens, a-t-il cru en lui? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite» (v. 47-49).

La réponse des pharisiens caractérise l’esprit du clergé de tous les temps, qui se place entre Dieu et les hommes. Ces gens-là veulent que l’on recoure à eux pour avoir affaire avec Dieu, au lieu de laisser l’âme sous l’action de la Parole de Dieu. Dieu veut avoir à faire directement avec le pécheur; il peut, il est vrai, se servir pour cela d’intermédiaires, mais qui conduisent à lui en faisant valoir sa Parole, au lieu de faire valoir leurs propres pensées et non celles de Dieu. Les pharisiens traitaient la foule de maudite parce qu’elle se permettait d’avoir sur Jésus une autre opinion que la leur; ils alléguaient qu’elle ignorait la loi. Les chefs prétendaient la comprendre et s’étonnaient de ce que Jésus la connût sans avoir appris les lettres. S’ils l’avaient connue, ils auraient reçu Jésus, ainsi qu’il le leur dit au chapitre 5:46, 47: «Si vous croyiez Moise, vous me croiriez aussi; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles? » L’intelligence humaine seule ne sert à rien pour étudier la Parole; il faut la foi sous l’action de l’Esprit de Dieu.

Nicodème était l’un des chefs du peuple; mais il ne partageait pas leurs sentiments et encore moins leur haine. Il leur donne ce sage conseil: «Notre loi juge-t-elle l’homme avant de l’avoir entendu et d’avoir connu ce qu’il fait»? Il s’attire cette réponse méprisante: «Et toi, es-tu aussi de Galilée? Enquiers-toi, et vois qu’un prophète n’est pas suscité de Galilée» (v. 50-52). L’orgueil et les prétentions religieuses s’étalent dans cette réponse. Selon eux, un des leurs ou un prophète ne pouvait venir de Galilée, comme si Dieu attachait de l’importance au lieu où l’homme naît. Ces malheureux pharisiens ignoraient ou voulaient ignorer que le prophète Jonas venait de Gath-Hépher en Galilée (2 Rois 14:25), ville de la tribu de Zabulon (Josué 19:13). Rien n’aveugle comme le besoin de se justifier en résistant à la vérité.

Nicodème eût mieux fait de ne pas se trouver au milieu de ces gens-là; il avait reçu des enseignements du Seigneur qui auraient dû l’amener à rompre avec eux. Venu à lui de nuit, il n’avait pas eu le courage de se montrer de jour et de porter l’opprobre de Christ. Comme Lot, il affligeait, sans doute, son âme dans un lieu d’où il aurait dû sortir. On est heureux de le retrouver à la mort de Jésus, ne craignant pas de se prononcer pour lui, en l’honorant, avec Joseph d’Arimathée, d’une sépulture digne de lui, alors qu’on lui avait donné son sépulcre avec les méchants, dit Ésaïe 53:9.

On voit aussi dans la position de Nicodème ce que la Parole enseigne ailleurs, à savoir que, pour être utile au Seigneur, il faut se séparer du mal. Son conseil, alors qu’il faisait partie du corps des pharisiens et sacrificateurs, fut sans effet. La Parole dit: «Si quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre» (2 Tim. 2:21). On entend dire, de toutes parts, qu’il ne faut pas se séparer du milieu où l’on se trouve, afin de pouvoir travailler au bien de l’ensemble. Dieu dit le contraire. Qui a raison? La Parole déclare aussi: «Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs» (1 Cor. 15:33). «Bienheureux l’homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s’assied pas au siège des moqueurs» (Psaume 1:1).