Hébreux

Chapitre 13

Le commencement de ce chapitre nous montre que, si nous sommes encore au milieu des choses muables, dont nous avons à nous détacher, il y a cependant des choses qui demeurent et que nous avons à garder. Tels sont l’amour fraternel et ses fruits, la pureté, la confiance en Dieu, etc.; et, par-dessus tout, Jésus Christ, le même hier, et aujourd’hui, et éternellement.

(v. 1). «Que l’amour fraternel demeure». L’amour fraternel, ou bien l’amour des frères (la philadelphie). Plus d’une fois, dans les épîtres, nous trouvons cette recommandation à l’amour des enfants de Dieu les uns envers les autres (Rom. 12:10; 1 Thess. 4:9; 1 Pierre 1:22; 2 Pierre 1:7). C’est l’exhortation que le Seigneur adressait à ses disciples: «Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre» (Jean 13:34), et l’apôtre bien-aimé la répète à diverses reprises (1 Jean 3:11, 23; 4:7, 11, 21), en montrant cet amour fraternel comme un des signes de la vie de Dieu en nous, et en en faisant connaître quelques-uns des caractères et des fruits. La fréquence de ces exhortations à l’amour fraternel nous fait voir, d’une part, l’importance qu’il y a de le réaliser dans le cœur et dans la vie, comme le fruit de l’amour et de la vie de Dieu en nous, et, d’un autre côté, comme nous ne le savons, hélas! que trop, la facilité avec laquelle on l’oublie parmi les chrétiens. Remarquons qu’il est dit: «Que l’amour fraternel demeure». Il ne doit pas se borner à quelques manifestations extérieures et se montrer seulement de temps en temps, mais demeurer, subsister comme une chose qui fait partie de notre vie.

(v. 2, 3). Deux choses nous sont présentées ici en quoi l’amour fraternel se montre: l’hospitalité et la sympathie pour ceux qui souffrent, étant dans les liens et maltraités. «N’oubliez pas l’hospitalité, etc.». Il peut résulter pour celui qui exerce l’hospitalité une grande bénédiction. Nous pouvons ne pas voir un ange dans l’enfant de Dieu ou le serviteur du Seigneur que nous recevons, mais il peut y avoir en lui quelque chose qui, tout en ne se voyant pas et dont lui-même n’aura pas conscience, apportera avec soi la bénédiction pour la maison qui le reçoit. l’Écriture nous présente plus d’un exemple de cette vérité, ainsi Jéthro recevant Moïse; la Sunamite accueillant le prophète Élisée, et d’autres encore. Il est dit que quelques-uns ont logé des anges: historiquement, nous n’avons que l’exemple de Lot (Gen. 19). «À leur insu», nous n’avons pas à accomplir un devoir pour en recevoir une bénédiction; l’exercice de l’hospitalité n’a pas à tenir compte de l’excellence de la personne que nous recevons; elle doit découler de l’amour, et il y a déjà une bénédiction dans l’exercice de cet amour. Mais alors, «à notre insu», il pourra se trouver que nous aurons logé «des anges», des envoyés de Dieu, qui nous apporteront de sa part des bénédictions.

(v. 3). Un autre fruit de l’amour est la sympathie pour ceux qui souffraient la persécution, étant dans les liens et maltraités. La sympathie réelle s’identifie avec ceux qui endurent des maux: «comme si vous étiez liés avec eux»; et cela, parce que l’on est soi-même «dans le corps», dans un corps susceptible des mêmes souffrances. Les croyants hébreux avaient montré cette sympathie dans les jours précédents, alors qu’ils avaient souffert eux-mêmes (Héb. 10:32-34). Rien n’est propre à nous faire entrer dans les souffrances d’autrui, comme d’avoir aussi passé par l’épreuve.

(v. 4). Les relations naturelles, établies de Dieu dès le commencement, doivent être maintenues dans leur intégrité. Il y avait déjà alors des docteurs qui dépréciaient ou proscrivaient le mariage, sous prétexte d’une plus grande pureté, ce qui avait pour conséquence l’adultère et la fornication. À tous égards, le chrétien doit respecter le saint lien du mariage, le tenir en honneur, et marcher dans la pureté. Il ne demeurera pas impuni celui qui enfreint ce que Dieu a institué: «Dieu jugera les fornicateurs et les adultères». (v. 5, 6). La conduite de ceux devant lesquels sont placées les choses immuables et éternelles qui leur appartiennent, et qui reçoivent un royaume inébranlable, doit être sans avarice, ou littéralement, «sans amour de l’argent». L’apôtre dit à Timothée que «c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent» (1 Tim. 6:10), et aux Éphésiens «qu’aucun fornicateur, ou impur, ou cupide (qui est un idolâtre), n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu» (Éph. 5:5). Il ne faut pas que, dans la manière de vivre — les mœurs — du chrétien, il y ait rien qui dénote qu’il a cet amour de l’argent, ce désir des biens du monde. Hélas! combien souvent, sous un prétexte ou un autre, on en fait la poursuite. Ce n’est pas l’avarice sous sa forme grossière, contre quoi nous sommes mis en garde, mais contre l’amour de l’argent. Vaut-il la peine, en chemin vers la patrie céleste, d’amasser, pour un avenir que nous ne verrons pas, des choses qui vont être détruites? L’exhortation avait une application particulière au caractère des Juifs qui aimaient les biens de cette terre.

«Étant contents de ce que vous avez présentement». Être satisfait de ce que Dieu nous donne, ne point désirer au-delà, est un point important mais difficile de la vie chrétienne. L’apôtre Paul nous donne un bel exemple de ce contentement dans les circonstances présentes. «J’ai appris», dit-il, «à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve» (Phil. 4:11-13). Apprenons comme lui, car cette satisfaction de ce que Dieu nous donne, le glorifie et est accompagnée d’une paix que ne connaissent pas ceux qui recherchent toujours ce qu’ils n’ont pas, ou veulent avoir plus qu’ils n’ont.

Mais pour pratiquer ce contentement de ce que nous avons présentement, une chose est nécessaire, c’est la confiance en Dieu, et l’épître nous rappelle une promesse faite autrefois à Josué, et qu’il applique aux croyants auxquels il écrit, et que nous pouvons nous appliquer aussi. C’est lorsque Josué était sur le point d’introduire le peuple en Canaan, que l’Éternel lui adresse ces paroles que cite notre chapitre: «Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point». Il devait avoir à vaincre des ennemis puissants, bien des difficultés devaient s’opposer à lui; mais l’Éternel lui donne l’assurance qu’il ne le laissera pas seul pour trouver son chemin au milieu des difficultés, qu’il ne l’abandonnera pas dans les combats à livrer, et Josué fit l’expérience de la fidélité de son Dieu. D’après ce que nous lisons ici, nous pouvons compter sur cette même parole que Dieu a fait entendre en diverses circonstances à son peuple et à quelqu’un des siens (voyez Gen. 28:15; Deut. 31:6-8; 1 Chron. 28:20). Dans toutes nos difficultés, disons-nous donc: Il ne nous laissera point et il ne nous abandonnera point, et nous verrons aussi sa fidélité.

Dieu a voulu nous donner cette assurance, afin que, «pleins de confiance, nous disions: Le Seigneur est mon aide et je ne craindrai point: que me fera l’homme?» La confiance doit avoir un fondement. La confiance du croyant n’est pas aveugle; elle repose sur une déclaration positive du Dieu qui ne peut mentir; ainsi elle peut être et doit être pleine. La confiance honore et glorifie Dieu. Traverser les difficultés et les épreuves avec un cœur calme, est le résultat de cette confiance. «Le Seigneur est mon aide», dit le cœur confiant. Il ne s’appuie point sur lui-même, sur sa sagesse, sur sa force, sur les ressources humaines, mais sur le Seigneur. Il connaît la promesse du Seigneur et s’y abandonne. Quel motif de crainte aurait-il sous la puissante protection du Seigneur? Toute la puissance de l’homme pourra-t-elle atteindre celui qui s’abrite sous ce bouclier? Quand Paul à Corinthe, sentant sa faiblesse, entendit le Seigneur lui dire: «Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal», ne fut-il pas rempli de confiance, et rendu capable d’annoncer la Parole avec hardiesse dans cette ville, vraie forteresse de Satan, en dépit de toute opposition? Ainsi, saisissant pour nous-mêmes la précieuse promesse de Dieu, soyons pleins de confiance, quoi que nous puissions avoir à rencontrer de la part de l’homme, dans le chemin où Dieu nous conduit. (La citation est tirée du Ps. 118:6; mais nous trouvons des paroles semblables, ce saint défi jeté à l’homme par l’âme qui se confie en Dieu, dans le Ps. 56:5, 12. Le psalmiste, dans ce dernier cas, les prononçait alors qu’il était aux prises avec l’homme — «l’homme voudrait m’engloutir»; — dans Ps. 118, il a été délivré (v. 5), mais la jouissance de la délivrance vient d’affermir sa confiance).

(v. 7). Ici, comme nouveau motif d’encouragement à marcher dans le sentier de la foi, se trouve présenté aux croyants hébreux l’exemple de leurs conducteurs qui leur avaient annoncé la parole de Dieu. Ils avaient été des pasteurs du troupeau qu’ils avaient nourri de la parole de Dieu, leur marche dans la fidélité et le dévouement à Christ, résultat de leur foi, était arrivée à son terme, peut-être par le martyre; après avoir dépensé leur vie au service de Christ, ils avaient achevé leur course. Leur souvenir devait rester dans le cœur de ceux qu’ils avaient conduits, pour les encourager à persévérer comme eux; les croyants hébreux avaient à imiter leur foi qui aboutirait à une semblable issue.

(v. 8). Les conducteurs humains, si excellents et fidèles soient-ils, passent, et leur absence se fait douloureusement sentir; leurs lumières et leurs soins manquent. En contraste avec cela, comme aussi avec les doctrines diverses et changeantes des hommes, telles qu’il en est question dans le v. 9, le v. 8 nous présente Celui qui demeure: «Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement». Il est le même dans son amour et dans sa fidélité; le même pour éclairer, vivifier, conduire, protéger les siens. Ce qu’il fut dans le passé pour ces conducteurs dont nous avons à imiter la foi, pour tous les saints qui ont achevé leur course, il l’est aujourd’hui pour nous. Ce qu’il est, il le sera dans l’éternité pour remplir et satisfaire nos cœurs. Qu’il nous suffise donc et remplisse nos cœurs. C’est en lui que nous trouverons le repos et le courage et la force. Il répond pleinement à tout.

(v. 9). Si le cœur, en réalisant ce qu’Il est, est vraiment satisfait de Christ, il est garanti de la recherche des doctrines diverses et étrangères. Elles ne le séduisent pas: il a trouvé en Christ le repos. Ces doctrines sont étrangères à ce christianisme dans lequel les fidèles conducteurs avaient conduit les croyants. Il s’agissait de ne pas se laisser entraîner loin de Celui qui est tout, par des spéculations qui prétendent peut-être à une plus haute spiritualité, mais qui en réalité voilent à l’âme la plénitude de Christ.

De plus, «il est bon que le cœur soit affermi par la grâce» qui se trouve en Christ, et non par les viandes des sacrifices judaïques, viandes consacrées et par l’usage desquelles on estimait avoir quelque mérite, ou bien en s’abstenant de certains aliments. Les docteurs qui voulaient ramener au judaïsme, disaient: «Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas» (Col. 2:21). Établissant ainsi des ordonnances, ils détournaient de la grâce pour conduire les âmes vers un formalisme religieux, qui ne peut affermir l’âme. L’apôtre parle encore d’eux, en 1 Tim. 4:3: «Prescrivant de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour être prises avec action de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité». Ces observances n’ont servi de rien à ceux qui s’y sont attachés. Combien nous avons à prendre garde que rien ne nous détourne, même par ce qui aurait une belle apparence de piété, de Celui qui suffit à tout et dont la grâce donne la paix, la force et le courage!

(v. 10). «Nous avons un autel». Aux chrétiens appartient maintenant l’autel de Dieu. Eux seuls peuvent offrir un vrai culte. La mort de Christ, sacrifice parfait qui était l’antitype de tous les sacrifices offerts sous la loi, et de tout ce que préfigurait le jour des expiations, nous donne accès auprès de Dieu pour lui rendre ce culte, privilège auquel ceux qui restaient Juifs n’avaient aucun droit. On ne pouvait être juif et chrétien en même temps; rester attaché au type et vouloir posséder l’antitype; rendre un culte terrestre avec des éléments du monde, alors qu’on était introduit dans le sanctuaire céleste. Ceux qui restaient attachés au tabernacle, c’est-à-dire à ce qui constituait le culte juif, n’avaient pas le droit de jouir du culte chrétien, de Christ lui-même, de se nourrir de lui, la grande et sainte victime.

(v. 11, 12). L’écrivain sacré donne une raison à ce qui précède: «Car les corps des animaux, etc.». Les Juifs ne pouvaient même se nourrir des corps des victimes offertes pour le péché au jour des expiations. Leur sang ayant été porté dans le lieu saint, elles étaient brûlées hors du camp (Lév. 16:27). Ceux qui restaient attachés au système juif n’avaient donc rien, ni du type, ni de l’antitype. Ils ne pouvaient manger de ces victimes, et ils n’avaient aucun droit à Christ. Mais cela conduit l’Esprit à nous présenter de grandes et précieuses vérités touchant cet antitype, Christ.

Nous voyons d’abord que Jésus a accompli d’une manière parfaite la chose préfigurée par ce qui se faisait à l’égard de la victime offerte pour le péché au jour des expiations. Son sang était porté dans les lieux saints par le souverain sacrificateur; puis elle était brûlée tout entière hors du camp (Lév. 16:14, 15, 27). Or Jésus n’a pas été mis à mort dans Jérusalem, ni dans l’enceinte du temple, où plus d’une fois les Juifs levèrent des pierres contre lui (Jean 8:59; 10:31). Selon les desseins de Dieu, c’est hors de la porte, loin du temple, en dehors de l’enceinte judaïque, qu’il a été crucifié, qu’il a souffert, qu’il s’est offert en sacrifice pour le péché.

Le but était: «afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang». Le sang des victimes pour le péché, au jour des expiations, était «porté dans le lieu saint pour faire propitiation» (Lév. 16:27), et c’est ainsi que Christ est venu avec son propre sang et «est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Héb. 9:11, 12). Remarquons que, dans cette épître, la sanctification, la mise à part pour Dieu, est par le sang de Christ; ce qui nous rend propres pour sa présence, et nous introduit dans le sanctuaire, c’est le sang de Celui qui a souffert hors de la porte (chap. 10:19). De sorte qu’en même temps cette mort de Christ séparait entièrement les croyants du système juif.

(v. 13). De là suit l’exhortation que renferme ce verset: «Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre». Les croyants hébreux avaient donc à laisser ce système judaïque, selon lequel on ne pouvait entrer en dedans du voile, en la présence de Dieu, et ils avaient à se placer sur le terrain chrétien, «vers Jésus». Si, d’un côté, leur place bénie était ainsi le sanctuaire, le ciel même, d’un autre côté, c’était sur la terre l’opprobre de la part de ceux qui restaient dans le camp, attachés à une religion terrestre. C’est la part de Christ. Il est entré dans le ciel, agréé de Dieu, mais rejeté et méprisé sur la terre, et c’est aussi la part que le croyant a à prendre: «Sortons vers lui... portant son opprobre». Or cela est dit, non seulement pour les croyants hébreux, à qui l’épître est adressée, mais en principe, dans tous les temps, pour tous les croyants qui ont à se dégager des liens de toute religion fondée sur des ordonnances terrestres, afin de se trouver avec Jésus, sur le vrai terrain chrétien.

Comme exemple de cette sortie hors du camp et de ce que l’on trouve en en sortant, nous avons l’aveugle-né de Jean 9. Chassé de la synagogue, parce qu’il a confessé Christ, il trouve le Seigneur également chassé et méprisé par les Juifs. Jésus se révèle alors à lui comme le Fils de Dieu, et celui qui auparavant était aveugle, devient un adorateur de ce Fils de Dieu.

(v. 14). Les Juifs, en s’attachant à leur système religieux terrestre, voulaient se faire, pour ainsi dire, une cité permanente ici-bas. Ils devaient bientôt éprouver d’une manière terrible que rien de ce qui tient au monde ne saurait subsister. Jérusalem, le temple, la nation, allaient être renversés. Les croyants sortis du système judaïque vers Jésus, appartenaient ainsi à ce qui demeure éternellement. Étrangers et voyageurs ici-bas, ils regardent vers la cité permanente à venir, vers l’établissement des choses immuables. Cela est d’une application générale et nous concerne tout comme les Hébreux. Nous sommes dans un monde dont la figure passe. Voulons-nous nous y établir? Nous y attacherions-nous, nous qui professons être sortis vers Jésus, qui sommes unis à un Christ céleste? Non; nous avons aussi à rechercher cette cité à venir, là où est Christ, et y avoir nos pensées et nos affections (Col. 3:1-3). Remarquons que l’écrivain sacré ne parle pas comme exhortant à rechercher la cité à venir, mais pose le fait que nous la recherchons. C’est le vrai caractère chrétien. Souvenons-nous-en.

(v. 15). Ayant laissé les sacrifices qui n’étaient que la figure de celui de Christ, et étant, par ce sacrifice offert une fois pour toutes, purifiés du péché et introduits dans le sanctuaire en la présence de Dieu comme adorateurs, les croyants hébreux avaient cependant — et nous ainsi qu’eux — à offrir un sacrifice à Dieu. C’est celui de la louange sortant d’un cœur qui connaît, goûte et apprécie la grâce merveilleuse dont il est l’objet. Cette louange — fruit des lèvres qui confessent ou bénissent le nom de Celui par qui toute bénédiction nous est acquise — monte aussi vers Dieu et lui est rendue agréable par lui, Christ. Ainsi que le dit Pierre, nous sommes «une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5). Et remarquons aussi que ce sacrifice de louanges ne montera pas à Dieu seulement dans un moment spécial, mais que nous sommes exhortés à l’offrir sans cesse. En effet, les bénédictions qui nous sont conférées en vertu de l’œuvre de Christ ne sont-elles pas une jouissance de tous les instants? N’est-ce pas constamment que nous avons le privilège d’être en la présence de notre Dieu? Et n’y a-t-il pas un contraste frappant entre les sacrifices de la loi, rappelant sans cesse le péché, et le sacrifice de la louange montant sans cesse de nos cœurs, parce que le péché est aboli pour toujours? Oh! comment nos âmes, dans la sainte liberté où le sacrifice de Christ nous a placés, ne se sentiraient-elles pas sans cesse pressées de louer et de bénir notre Dieu?

(v. 16). Ici, nous avons d’autres sacrifices provenant de cœurs reconnaissants envers Dieu. La louange est ce qui se rapporte directement à lui; l’amour envers nos frères, se manifestant par la bienfaisance et par les dons faits aux nécessiteux, est une chose qui lui est agréable. Elle répond à sa nature, elle montre la conformité de nos sentiments avec les siens à lui qui ne cesse de répandre ses bienfaits. En adorant Dieu, en jouissant de lui, le cœur est disposé à la bienfaisance. L’amour de Dieu dont il est rempli, déborde et se répand sur nos frères, et aussi sur les autres hommes. Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. La bienfaisance est la disposition du cœur; faire part de ses biens en est le résultat. On pourrait faire part de ses biens par un principe légal; Dieu ne saurait y prendre plaisir. Si je donnais tous mes biens et que cela n’eût pas l’amour pour source, cela ne profiterait de rien (1 Cor. 13:3). La bienfaisance ne se montrera pas seulement dans la distribution d’aumônes à ceux qui sont dans le besoin. Elle fera du bien (son nom l’indique) moralement, aussi bien que physiquement.

On remarquera en lisant Deut. 26:1-15, qu’on a là les deux mêmes pensées, dans le même ordre, l’action de grâces et la louange envers l’Éternel; la bienfaisance exercée envers le Lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve, envers ceux qui étaient destitués de biens.

(v. 17). Les conducteurs mentionnés au v. 7 avaient passé, en laissant aux fidèles l’exemple de leur foi. Mais le Seigneur, dans sa fidélité, ne laisse pas les siens sans conducteurs. Ce sont ces hommes qui, responsables envers Dieu, veillent sur les âmes comme devant en rendre compte. Ils ouvrent pour ainsi dire la marche, vont en tête d’une manière intelligente dans le chemin de la vérité, pour y conduire les âmes et les garantir de l’influence des doctrines diverses et étrangères. Ils veillent; ils sont comme des sentinelles qui avertissent contre les attaques subtiles de l’ennemi. Leur service est de chaque instant et souvent difficile et pénible, et leur responsabilité est grande. Grande aussi est la responsabilité de ceux dont ils ont la charge. On a à reconnaître ceux qui sont tels, à les estimer et à les aimer, ainsi que Paul l’écrivait aux Thessaloniciens (1re épître 5:12, 13). On doit leur obéir, leur être soumis, et ne pas prétendre être chacun compétent pour se conduire soi-même. Leur service envers ceux qui les écoutent avec docilité et humilité, produit en eux la plus pure des joies (1 Thess. 2:13-20). Mais si ce service, par suite de la conduite insubordonnée de ceux dont ils ont à rendre compte, s’accomplit dans les larmes, en gémissant, ce sera au désavantage de ceux qui causent cette douleur.

(v. 18). Cette demande des prières des saints se retrouve partout, et souvent dans les mêmes termes, dans les épîtres de Paul (Rom. 15:30; 2 Cor. 1:11; Éph. 6:19; Col. 4:3; 1 Thess. 5:25; 2 Thess. 3:1). L’auteur de l’épître, comme autre part, ne s’isole pas de ses compagnons d’œuvre, il dit: «Priez pour nous». Le motif de sa demande est qu’il a bonne conscience dans son service, en sent la responsabilité, et c’est pourquoi, afin de pouvoir l’accomplir, il a besoin du secours des prières des saints. Et il les demande avec confiance, parce que son unique désir est de se bien conduire en toutes choses. Nous avons là l’exemple d’un vrai et humble conducteur.

(v. 19). Il exhorte d’autant plus les saints à prier pour lui, afin qu’il leur soit rendu plus tôt. Cette confiance dans les prières des saints est touchante; elle exprime aussi la confiance que le Dieu auquel les prières sont adressées, les écoute et les exauce. Nous avons grandement besoin de cette confiance qui seule donne à la prière sa valeur et son efficacité. Remarquons aussi que les demandes si souvent répétées de l’apôtre, que l’on prie pour lui et ses collaborateurs dans l’œuvre, renferment tacitement une exhortation aux chrétiens de nos jours de prier pour les ouvriers du Seigneur dans les diverses circonstances où ils sont placés. Notons enfin que, pour qu’un ouvrier du Seigneur puisse comme tel demander les prières des saints, il est nécessaire qu’il ait une bonne conscience et le désir de bien faire en toutes choses.

(v. 20, 21). Nous arrivons à la conclusion de l’épître, et cette conclusion commence par une prière pour ceux auxquels elle s’adresse. L’auteur a demandé leurs prières pour lui, et il prie pour eux. Touchante réciprocité! Ce vœu que l’apôtre forme est d’une richesse de pensées infiniment précieuse. Avant de l’examiner un peu en détail, remarquons que dans cette épître nous avons non seulement un grand nombre de citations littérales de l’Ancien Testament, mais aussi beaucoup d’allusions à différents passages. Ainsi, quant aux versets qui nous occupent, si l’on s’en réfère au chap. 37 du prophète Ézéchiel, après la résurrection des os secs (symbole de la renaissance d’Israël à une nouvelle vie comme peuple), qui sera un résultat de la mort et de la résurrection de Christ, on trouve, aux v. 24 et 26, ces paroles: «Et mon serviteur David sera roi sur eux, et il y aura un seul pasteur pour eux tous... Et je ferai avec eux une alliance de paix, ce sera, avec eux, une alliance éternelle».

Venons-en maintenant à nos versets. L’auteur de l’épître invoque «le Dieu de paix». C’est le nom par lequel Paul désigne si souvent Dieu (voyez Rom. 15:33; 16:20; Phil. 4:9; 1 Thess. 5:2), comme étant la source de la paix, Celui qui la donne au cœur, et qui l’établira un jour par tout l’univers. Soit que nous considérions les sentiments de l’écrivain sacré à la vue de tout ce qui était de nature à ébranler la foi des Hébreux et qui exerçait ainsi son cœur, ou soit que nous pensions à ces chrétiens éprouvés dans leur âme par la mise de côté de ces ordonnances qu’ils pensaient devoir toujours durer, ce titre de «Dieu de paix» était particulièrement précieux. Au milieu de troubles, quels qu’ils soient, celui qui s’attend au Dieu de paix, sera en paix lui-même (voir Phil. 4:6, 7, 9).

Or ce Dieu de paix est Celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts. Tout est fondé sur la mort et la résurrection de Christ, comme sur une base inébranlable. La paix est assurée par sa mort, et la résurrection en est la preuve1.

1 C’est la première et l’unique fois que la résurrection est mentionnée dans cette épître, bien qu’elle soit partout supposée par l’entrée de Christ dans les lieux saints. Et elle est présentée ici comme caractérisant le Dieu de paix; Il est «le ramenant» d’entre les morts, le grand Pasteur des brebis.

Celui qui a été ramené d’entre les morts, Jésus, notre Seigneur, est nommé ici le grand Pasteur des brebis, placé bien au-dessus de tous les conducteurs et pasteurs établis par lui sur le troupeau et dépendants de lui. Dans cet ordre d’idées, nous le voyons en 1 Pierre 5:4, nommé «le souverain pasteur», qui donnera à ses serviteurs fidèles la couronne de gloire. Les brebis du grand Pasteur, c’est lui qui les a rachetées par son sang: il a donné sa vie pour elles (Jean 10:11, 15). Et c’est dans la puissance ou en vertu de ce sang, que Christ a été ressuscité. C’est le sang de l’alliance éternelle, c’est-à-dire d’une alliance qui ne saurait passer comme celle de Sinaï. Celle-ci, en effet, promettait la bénédiction sous la condition de l’obéissance du peuple. L’homme était placé sous cette obligation d’obéir à la loi. Il transgressa, et l’alliance fut brisée. Mais sur le fondement de la mort de Christ qui expie le péché, et de sa résurrection qui en est la garantie, est établie une alliance éternelle, durable, qui ne peut être renversée, ni changée. On remarquera que, dans l’épître aux Hébreux, tout est «éternel», c’est-à-dire permanent, durable, en contraste avec le système juif qui n’était que pour un temps. Ainsi nous y trouvons «une rédemption éternelle», un «héritage éternel», «l’Esprit éternel», et «l’alliance éternelle». Sur ce sang de l’alliance éternelle se fonde, pour ceux qui croient, une espérance que rien ne peut ébranler. Quelle chose précieuse! Au milieu de tout ce qui passe, le croyant a Christ toujours le même, une paix permanente, celle du Dieu de paix, et un salut éternel!

Voici maintenant le vœu de l’apôtre pour ces croyants qu’il a cherché à établir dans les choses célestes et immuables, en les sortant des choses terrestres et passagères. C’est que le Dieu de paix les «rende accomplis en toute bonne œuvre pour faire sa volonté». Cela n’est plus sur le pied de la loi et de la responsabilité de l’homme naturel. Dieu lui-même forme le croyant et le rend accompli, lui donnant vie, puissance et énergie, pour faire sa volonté en toute bonne œuvre, toute œuvre qui se présente et qui est selon Dieu. Et dans ce vase ainsi formé par lui-même, c’est encore Dieu qui agit, qui opère pour que tout ce qui se fait lui soit agréable. En effet, ce qui est produit par lui, peut seul être tel; car ce que nous produirions de nous-mêmes est souillé et ne saurait soutenir sa présence: «Ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles» (Éph. 2:10).

C’est par Jésus Christ que, non seulement s’accomplit l’œuvre parfaite qui nous sauve, mais que se réalise aussi cette marche sainte dans toute bonne œuvre, cette marche selon la volonté de Dieu qui convient à des rachetés et qui le glorifie. Aussi à ce Jésus, Fils de Dieu, Créateur, resplendissement de la gloire de Dieu et empreinte de sa substance, à ce Jésus qui, devenu un homme, victime parfaite et sacrificateur consommé pour l’éternité, est l’Auteur du salut, à lui soit gloire aux siècles des siècles! Quel hommage plus complet pourrait être rendu à sa divinité éternelle? À qui, sinon à Celui qui est Dieu sur toutes choses béni éternellement, pourrait être rendu gloire aux siècles des siècles? Quel blasphème, si Celui de qui cela est dit n’était qu’un homme!

(v. 22). L’écrivain sacré exhorte ses frères à supporter ce qu’il leur a écrit comme une parole d’exhortation. Ces mots respirent l’affection et l’humilité que nous retrouvons en bien des endroits des épîtres de Paul. Il avait l’autorité apostolique et pouvait commander, mais il préfère exhorter et même prier et supplier (voyez Rom. 15:14-16 et Phil. 4:2). Il avait pressé les Hébreux de quitter résolument ce judaïsme, ces cérémonies, ce culte d’ombres et de figures, auquel ils tenaient tant, et il sentait qu’il avait touché à des cordes sensibles chez eux. La manière dont il les prie de supporter ses paroles était bien propre à toucher et gagner leurs cœurs.

Il leur avait écrit «en peu de mots», et cependant c’est une des plus longues épîtres du Nouveau Testament. Mais devant les gloires de la Personne et de l’œuvre de Christ, devant ces richesses infinies des choses célestes, que n’aurait-il pas eu à dire? C’est donc par contraste qu’il estime que c’est peu de mots. Pour dire l’infini de l’amour et des pensées de Dieu révélés en Christ, l’éternité ne sera pas trop longue. L’apôtre en était pénétré; ce qu’il a dit n’est que peu de mots (voyez Jean 21:25).

(v. 23). L’auteur de l’épître veut que les saints auxquels il écrit, sachent que Timothée est délivré. Il ne doute pas que leur cœur en soit réjoui, car ils avaient montré de la sympathie pour les prisonniers (chap. 10:34); lui-même n’était plus en prison et il se réjouissait de les voir avec Timothée.

(v. 24). Nous retrouvons encore ici les «conducteurs». Ce n’est pas à ceux-ci que la lettre est adressée pour qu’ils la communiquent. La salutation est pour les conducteurs et ensuite pour les saints. La lettre était à tous.

Ceux d’Italie, au milieu desquels se trouvait l’auteur de l’épître, envoyaient aussi leurs salutations à leurs frères hébreux. Une même foi les unissait à un même Sauveur, et leur affection chrétienne devait encourager ces croyants à la veille de voir détruits ce temple et cette ville qui leur étaient si chers.

(v. 25). Enfin l’apôtre termine par ces paroles: «Que la grâce soit avec vous tous!» Son dernier adieu est pour leur souhaiter que la grâce dont il leur a parlé, la grâce de Dieu, dont il les a exhortés à ne pas manquer, les garde, les conduise, les soutienne dans les épreuves par lesquelles ils auront à passer. Puisse cette même grâce être aussi avec nous tous actuellement!

Nous avions remarqué en commençant l’étude de cette épître, que l’auteur inspiré procédait envers les croyants hébreux en leur enlevant pièce à pièce leur judaïsme, et en substituant Christ à tout. Il va ainsi jusqu’au chap. 13, où il donne, pour ainsi dire, le dernier coup, en disant: «Maintenant, c’est le moment de laisser tous ces types et toutes ces figures, car on ne peut être chrétien et juif en même temps. Il faut sortir vers Jésus hors du camp en portant son opprobre, car il est impossible de prétendre servir le tabernacle, et en même temps participer à l’autel chrétien qui repose sur la mort de Christ et ses résultats».