Hébreux

Chapitre 11

(v. 1). Nous n’avons point ici une définition de la foi de laquelle le juste doit vivre, mais bien plutôt un de ses caractères: la déclaration de sa puissance et de son action. Elle est active et énergique dans l’âme. Elle rend présent l’avenir et visible l’invisible: c’est ce qui fait la force du croyant. Elle réalise les choses que l’on espère, comme si on les tenait déjà; ces choses existent pour le cœur: il a l’assurance de leur réalité. En même temps, elle est une démonstration intérieure des choses que l’on ne voit pas, une conviction intime de leur existence. La foi est une vue de ce qui est caché; elle nous donne sur l’invisible la même certitude que nous avons pour les choses qui sont sous nos yeux. Ce dont la réalité ne paraît point encore, la foi nous en donne la substance.

La déclaration que «le juste vivra de foi» est appuyée dans ce chapitre par des exemples qui, partant des premiers hommes, traversent toute la période de l’Ancien Testament pour aboutir à Christ, le Chef et le consommateur de la foi. C’est donc par la foi que les anciens ont reçu témoignage — témoignage qu’ils étaient agréables à Dieu. Les croyants Hébreux avaient une peine extrême à se détacher des choses visibles et qui se rapportaient à une religion selon la chair, et à aller en avant comme étrangers et voyageurs sur la terre, ayant les regards de la foi arrêtés sur les choses célestes, qui étaient invisibles pour le moment, et fixés sur la Personne de Christ dans la gloire, le grand objet de la foi et de l’espérance. C’est pourquoi l’auteur de l’épître leur montre, dans notre chapitre, que cette vie de foi à laquelle ils avaient été appelés et la marche qui la manifeste, n’étaient pas du tout une chose nouvelle, mais qu’elles avaient été la vie et la marche de tous les justes depuis le commencement.

Si l’on compare la fin du 3° chapitre de l’épître aux Romains et le commencement du 4° avec la fin du 10° chapitre de notre épître et le commencement du 11°, l’on trouve que l’apôtre, après avoir dit aux Romains: «Nous concluons que l’homme est justifié par la foi», montre, par les exemples d’Abraham et de David, que la justification par la foi n’était pas une chose nouvelle. De même ici, le chapitre 10 se terminant par la déclaration que la vie du chrétien est une vie de foi, le chapitre 11 fait voir que telle a toujours été la vie des justes.

Les sept premiers versets du chapitre qui nous occupe, forment un tout complet composé de plusieurs vérités importantes, et d’abord la création. Il est bien digne de remarque que la création de l’univers soit le premier fait auquel soit rattachée l’action de la foi, de cette foi qui est la démonstration intérieure des choses que l’on ne voit point. La création est la première manifestation du Dieu infini et tout-puissant dans le fini. Comment la connaître? L’homme savant, comme l’homme ignorant, ne comprendront jamais que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent, c’est-à-dire que l’univers a eu une cause invisible. Ils remontent, dans leurs raisonnements, d’effets à causes, et n’arrivent point à la grande cause première, et ainsi ils concluent que le monde a toujours existé. Mais le croyant se fonde sur la révélation positive de Dieu: «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre», et il comprend et reconnaît que «les mondes», l’univers entier, «ont été formés par la parole de Dieu». La foi saisit cette action toute-puissante de la Parole créatrice; tout dès lors lui est simple et facile, car elle introduit Dieu. Nous avons en cela comme la base de ce qui suit; car c’est une grande chose pour la foi de recevoir ce miracle qui dépasse tous les autres, cet acte de la toute-puissance, qui tire toutes choses du néant. Ce premier exemple n’est pas seulement la foi en un Dieu créateur, mais la foi dans la toute-puissance de sa Parole.

(v. 4). Nous voyons, dans l’exemple d’Abel, l’âme s’approchant de Dieu par la foi. Le péché était entré; comment l’homme pouvait-il s’approcher de Dieu? Abel comprend, par ce qui était arrivé dans le jardin d’où ses parents avaient été chassés, peut-être aussi par ces vêtements de peau dont Dieu les avait couverts, qu’il était nécessaire qu’un sacrifice fût placé entre lui et Dieu, que la mort, jugement du péché, intervînt pour que lui trouvât grâce devant Dieu. Par la foi donc dans la vérité de la déclaration divine relative au jugement du péché, il s’approche de Dieu avec le sacrifice que Dieu agrée et, avec le sacrifice, celui qui l’offre. Par cette foi, il reçoit le témoignage d’être juste, d’une justice selon Dieu. Dieu rend témoignage que ses dons lui sont agréables, et lui est accepté avec son sacrifice. Il en est ainsi pour nous. Le sacrifice d’Abel était la figure du sacrifice de Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache. Ce sacrifice, le don qu’a fait Jésus de lui-même — il s’est offert à Dieu sans tache — a été agréé de Dieu, et par la foi en Jésus, je m’approche de Dieu, agréé comme lui-même. Abel, quoique mort, parle encore. Sa foi parle, son sacrifice parle, sa mort même parle. L’exemple de sa foi, consigné dans les premières pages des saintes lettres, a parlé et parlera jusqu’à la fin.

(v. 5, 6). Après Abel, dans la série des témoins de la vie de la foi, nous trouvons Énoch, qui, par la foi, marcha avec Dieu trois cents ans, comme un homme céleste sur la terre, traversant un monde d’iniquité dont il annonce le jugement (Gen. 5:22; Jude 14, 15). Cette vie céleste, fruit de la foi qui réalise l’existence et la présence de Dieu, aboutit, dans sa puissance et par la grâce de Dieu, à une fin qui n’est pas la mort. Énoch est enlevé de ce monde sans voir la mort; il lui est épargné de subir la sentence prononcée sur l’homme pécheur. Il a vécu de la vie de Dieu, il a marché avec Dieu, il s’en va vers Dieu dans la puissance de la vie de Dieu qui est au-dessus de la mort. l’Écriture attribue son enlèvement à sa foi, lorsqu’elle dit: «Par la foi, Énoch fut enlevé pour qu’il ne vît pas la mort». L’Esprit Saint identifie ainsi la marche avec Dieu par la foi, avec l’issue d’une telle marche. Cette issue est le résultat de la foi qui a produit cette marche de communion intime avec Dieu. «Il a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu», il avait conscience d’être approuvé de Dieu, dans la jouissance de sa communion avec lui. Les hommes iniques, au milieu desquels il se trouvait, le désapprouvaient sans doute; plaisant à Dieu, il leur déplaisait, mais qu’importe? Plaire à Dieu n’est-il pas le bien suprême? Dépendre de Dieu, se confier entièrement du cœur à lui, voilà ce qui l’honore, et c’est ainsi qu’on lui est agréable; car «sans la foi, il est impossible de lui plaire». Ainsi, par la foi, on vit et on marche en communion avec Dieu, on lui plaît, et de plus on trouve en lui sa récompense. Pour s’approcher de Dieu, il est nécessaire de croire qu’Il est; non d’être froidement convaincu de son existence, mais d’avoir saisi par le cœur le Dieu vivant et vrai, le Dieu d’amour qui s’intéresse à nous et qui donne à qui le cherche la rémunération, la récompense — un bonheur résultant de son approbation.

(v. 7). Noé, le troisième témoin choisi par l’Esprit Saint avant le déluge, nous est ensuite présenté comme exemple de foi. Au milieu du monde qui se croit en sécurité, et qui poursuit ses affaires et ses plaisirs (Luc 17:26, 27), Noé, «averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore», et qui concernaient le jugement et la destruction des hommes pécheurs (Gen. 6:13, etc.), croit la parole de Dieu; sa foi saisit ce qui ne se voyait point encore: les jugements de Dieu, et elle lui inspire une sainte crainte. En même temps, il croit que, par le moyen que Dieu lui offre, il échappera à la destruction, et il construit l’arche, en dépit des sarcasmes que cela pouvait lui attirer. Sa foi attend aussi, sans se lasser, durant les cent vingt années de la patience de Dieu. En agissant ainsi, d’une part il se sauva lui et sa maison, et d’une autre, il condamna le monde. Prédicateur de justice (2 Pierre 2:5), de la justice de Dieu contre le monde, pour lui il devint héritier de la justice qui est selon la foi. Comme Abraham, il crut Dieu et cela lui fut compté à justice (Rom. 4:3), et la justice de Dieu le fit devenir héritier d’un monde nouveau, après avoir traversé, par grâce, le jugement qui avait mis fin à l’ancien.

En résumé, on trouve donc, dans ces sept premiers versets, comme objets ou résultats de la foi, premièrement la création; puis, après le péché de l’homme, la rédemption en figure. Ensuite, comme fruit de cette rédemption, une marche céleste qui aboutit au ciel, et enfin, un témoignage éclatant rendu contre un monde qui allait subir un jugement, à travers lequel, gardé par Dieu, le juste arrive à l’héritage d’un monde nouveau.

On voit aussi dans ces mêmes versets: la foi à la parole de Dieu; la foi au sacrifice expiatoire; la foi qui fait marcher avec le Dieu qui est le rémunérateur de ceux qui le recherchent; et la foi qui fait rendre témoignage à la justice de Dieu contre un monde coupable.

On peut dire encore que l’on a en Abel l’exemple du croyant racheté par le sacrifice de Christ; en Énoch, le type des croyants qui, rachetés ainsi, et vivant de la vie de Dieu, traversent le monde et sont enlevés dans la gloire avant que le jugement arrive; puis, en Noé, le type du résidu juif aux derniers jours, lequel traversera les jugements, en étant gardé de Dieu, et arrivera ainsi au millénium.

Après avoir montré la foi qui reconnaît et saisit l’existence d’un Dieu créateur, et les principes permanents des relations de Dieu avec les hommes, notre chapitre nous présente une série d’exemples particuliers qui font ressortir la foi comme principe d’obéissance, de confiance, de patience et d’énergie. Remarquons que l’Esprit Saint ne signale ici autre chose que les actes de foi des témoins. Il ne mentionne nullement leurs faiblesses, ni leurs fautes, ni leur manque de foi dans des cas donnés. Non seulement cela, mais en enregistrant les exemples de foi qu’ils nous donnent, il les interprète et fait connaître les motifs intérieurs des actions que l’Ancien Testament se borne à relater. En présentant aussi la manière dont instinctivement leur foi a percé dans les choses à venir et les invisibles, il dépasse ce qui n’était que peu clair et intelligible dans leurs propres âmes.

(v. 8-12). Nous trouvons en premier lieu l’exemple d’Abraham, le père des croyants. Par la foi, saisissant, lui aussi, les choses invisibles et à venir, Abraham obéit à l’appel de Dieu, sans que Dieu lui eût donné aucun renseignement quant à la situation et à la nature du pays où il l’envoyait pour le posséder: «Il s’en alla, ne sachant où il allait». Remarquons que la foi produit toujours l’obéissance, une obéissance implicite, sans raisonnement. Arrivé dans le pays qu’il devait recevoir en héritage, Dieu lui déclare qu’il le donnera à sa postérité (Gen. 12:7); lui-même n’y a pas même où poser son pied (Actes 7:5), tellement qu’il doit y acheter un terrain pour y enterrer Sara (Gen. 23). Le pays devient ainsi «la terre de la promesse», et Abraham, saisissant cette promesse, demeure là comme sur une terre étrangère, habitant sous des tentes, étranger et voyageur, ainsi qu’Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse que Dieu leur renouvelle (Gen. 26:3, 4; 28:13, 14).

(v. 10). Abraham «attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur». N’ayant rien reçu sur la terre, sauf la promesse faite pour sa postérité, la foi d’Abraham, comptant absolument sur Dieu, s’élève vers des choses plus excellentes, des choses à venir spirituelles, célestes et permanentes. Ce ne sont plus les tentes fragiles du voyageur, mais une cité qui a les fondements posés par Dieu lui-même et qu’il a préparée pour ces hommes de foi. Il en est l’architecte — il en a dressé le plan suivant ses conseils; il en est le créateur — lui-même l’a établie pour durer d’une manière inébranlable. Quelle récompense de la foi! quelle sécurité! combien ce que Dieu prépare pour les siens dépasse ce qu’ils auraient imaginé! La foi marche ici-bas appuyée sur sa grâce puissante, et elle attend avec confiance ce qu’il a établi dans le ciel pour ses bien-aimés.

(v. 11, 12). L’exemple de Sara est bien frappant, car nous savons, par Gen. 18:10-15, que d’abord elle montra de l’incrédulité à l’égard de la promesse. Mais ensuite la foi triompha de ses doutes, elle reconnut que la promesse venait réellement de Dieu, et cette foi fut en elle, stérile et hors d’âge d’enfanter, la source de la puissance pour fonder une postérité: «Elle estima fidèle celui qui avait promis». Ainsi, la foi en Celui qui est fidèle sera aussi en nous le secret de la puissance pour surmonter ce qui semble et qui est en effet insurmontable pour l’homme, car rien n’est impossible à Dieu (Luc 1:37).

Au v. 12, nous avons la conséquence relativement à elle et à Abraham. D’une femme stérile et hors d’âge, et d’un homme amorti par l’âge, est née une postérité égale en nombre aux étoiles du ciel et aux grains de sable sur le rivage de la mer. La promesse de Dieu que nous trouvons en Gen. 13:16 et 15:5, et confirmée, après la preuve suprême de la foi d’Abraham dans le sacrifice d’Isaac (Gen. 22:17), cette promesse s’est accomplie: Dieu est fidèle (voyez aussi Rom. 4:18-22).

(v. 13-16). Ces versets reviennent sur le caractère général de la foi d’Abraham, de Sara, d’Isaac et de Jacob, foi qui les constituait étrangers et forains sur la terre de la promesse. Ils confessaient être tels, comme nous le voyons en Gen. 23:4; 47:9. David le reconnaissait aussi (1 Chron. 29:15), et nous savons que tel est aussi notre caractère comme chrétiens (1 Pierre 2:11). Ces patriarches sont morts en croyant aux choses promises, sans en avoir vu l’accomplissement; mais comme des navigateurs qui tendent vers le rivage désiré, qu’ils aperçoivent de loin, et vers lequel leur cœur les porte, ils les ont saluées. «Abraham a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour», dit le Seigneur (Jean 8:56). Détachés ainsi des choses de la terre, professant être étrangers et voyageurs ici-bas, ces hommes de Dieu parlaient et agissaient de manière à montrer clairement qu’ils étaient citoyens d’une autre patrie que le pays où ils plantaient leurs tentes, ou que celui d’où ils étaient venus. Ils recherchaient — c’est ce que leur vie montrait — une patrie meilleure en dehors de ce monde, une céleste. Et n’est-ce pas là aussi ce qui doit nous caractériser, nous qui avons une vue plus claire de notre vocation qui est du ciel (Héb. 3:1; Phil. 3:20)? Et comme ils marchaient dans la foi en Dieu, ayant en vue ce que Dieu leur avait préparé, au-delà de la mort, en dehors de cette terre, Dieu les honora du plus grand des honneurs: il n’a pas honte d’eux, puisqu’ils se sont attachés à lui; il s’appelle lui-même leur Dieu: «Je suis le Dieu d’Abraham, ton père» , dit-il à Isaac; et à Jacob: «Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham, ton père, et le Dieu d’Isaac». Il le rappelle à Moise: «Tu diras ainsi aux fils d’Israël: l’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous» (Gen. 26:24; 28:13; Ex. 3:6, 15). Et comme il est leur Dieu, il leur a préparé une cité où il sera avec eux, leur Dieu, toujours le même. Quelle récompense attachée à leur foi! C’est de ce fait que Jésus tirait cette conclusion si remarquable relative à la résurrection. Ces patriarches morts quant à la vie dans ce monde, étaient vivants pour Dieu, leur Dieu, en attendant la résurrection bienheureuse, moment où s’accompliront pleinement pour eux les promesses (Luc 20:37, 38). Souvenons-nous que ce Dieu, le Dieu de Jésus Christ, est aussi notre Dieu, et rappelons-nous ce qui est dit pour celui qui vaincra par la foi (Jean 20:17; Apoc. 3:12).

(v. 17-22). Nous avons dans ces versets la confiance absolue en la puissance et la fidélité de Dieu pour accomplir ses promesses. Le cas d’Abraham offrant son fils unique, fait ressortir cette confiance de la manière la plus remarquable. Après 25 années d’attente patiente, durant lesquelles il vécut en étranger en Canaan, Dieu lui donna ce fils si longtemps attendu, quand tout espoir d’une postérité semblait évanoui. Isaac était la joie de son vieux père; Dieu, parlant d’Isaac, dit à Abraham: «Celui que tu aimes», et l’on comprend que toutes les fibres de son cœur fussent attachées à ce fils bien-aimé. Mais par-dessus tout, c’était sur lui que reposait positivement la promesse: «En Isaac te sera appelée une semence» (Gen. 21:12). Quelle épreuve donc, non seulement pour son cœur, mais par-dessus tout pour sa foi, lorsqu’il reçoit l’ordre de sacrifier son fils, son unique! Il avait passé par une série d’épreuves de sa foi, mais celle-ci était au-dessus de toutes. Sa confiance va-t-elle lui manquer? Comment conciliera-t-il la promesse divine avec l’ordre divin de livrer son fils à la mort? Sa foi s’élève au-dessus de tout; il ne s’inquiète pas de la manière dont Dieu résoudra la contradiction entre sa promesse et son ordre; par la foi, il a l’assurance que Dieu saurait tout concilier, qu’il le pouvait et le ferait, dût-il pour cela ressusciter Isaac d’entre les morts; et en figure cela eut lieu en effet. Ce fut comme une image de la résurrection d’entre les morts, car du moment qu’Abraham avait levé le couteau pour immoler son fils, il n’y avait que la voix toute-puissante de Dieu qui pût arrêter son bras et rendre Isaac à la vie. La foi d’Abraham est bien la foi au Dieu qui ressuscite les morts. Il avait dit: «Moi et l’enfant nous irons jusque-là, et nous adorerons; et nous reviendrons vers vous» (Gen. 22:5). Il avait donc la certitude que, d’une manière ou d’une autre, Dieu agirait. Nous avons déjà vu qu’à l’occasion de la naissance d’Isaac, la foi d’Abraham avait été la foi au Dieu «qui fait vivre les morts, et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient» (Rom. 4:17).

(v. 20). La foi d’Isaac bénissant Jacob et Ésaü était une démonstration que pour lui les choses à venir promises de Dieu étaient certaines, car il ne possédait rien en Canaan. C’est toujours le caractère de la foi qui saisit les choses invisibles, sans autre fondement que la parole de Dieu.

(v. 21). Jacob eut une vie remplie de difficultés — châtiments de ses fautes — vie où l’énergie de sa propre volonté a agi plus que celle de sa foi. Hélas! nous ne lui ressemblons que trop à cet égard. Mais, arrivé à la fin de sa longue carrière, instruit et restauré par la grâce divine, sa foi se montre avec un caractère d’une remarquable beauté. Il bénit, avec l’intelligence donnée par l’Esprit de Dieu, chacun des fils de Joseph, de ce fils bien-aimé que Dieu lui avait rendu, assignant au plus jeune la prééminence dans les temps à venir; étranger, voyageur, s’appuyant sur le bâton avec lequel il s’en était allé solitaire, il adore Dieu qui l’a gardé selon sa promesse (voyez Gen. 28:10-22; 32:10); il montre son attachement au pays de la promesse et sa confiance en Dieu quant à l’accomplissement de ce qui avait été promis, en demandant d’y être enterré: il veut que ses os reposent avec ceux de ses pères, et enfin, dans sa magnifique prophétie relative à Joseph, sa foi, comme celle d’Abraham, perce jusqu’à Christ, rejeté par ses frères, ainsi que Joseph, type du Seigneur, mais béni par-dessus tout des bénédictions les plus excellentes (lisez Gen. 47:31; 48; 49:25, 26). Quelle fin glorieuse, après une vie si agitée, et, on peut le dire, souvent si charnelle! Jacob avait été brisé, dépouillé, et ainsi était devenu un vase propre à être dépositaire des secrets de Dieu, que maintenant sa foi pouvait pleinement et simplement saisir, sans y mettre de conditions (voyez Gen. 28:20).

(v. 22). Joseph, au faîte des honneurs, à un moment où les familles d’Israël étaient dans une tranquillité parfaite et dans la prospérité en Égypte, saisit, par la foi, ce que Dieu avait autrefois dit à Abraham (Gen. 15:13, 14) , touchant la sortie des fils d’Israël hors d’Égypte; il compte sur la promesse que Dieu avait faite à Abraham, à Isaac et à Jacob, de donner Canaan en héritage à leur postérité; sa confiance est entière: «Dieu vous visitera certainement», dit-il (Gen. 50:24, 25), et il donne des ordres pour que ses os à lui aussi aillent reposer dans le pays promis, participant ainsi à la délivrance de son peuple. Et Dieu prit soin que ces ordres donnés «par la foi» fussent exécutés (Ex. 13:19; Josué 24:32).

Dans tous ces exemples, nous voyons la foi produisant l’obéissance, la séparation, la puissance, le renoncement à ce qui est de la chair, et la confiance absolue en Dieu s’élevant au-dessus et perçant au-delà même de la mort.

(v. 23-31). Dans ce qui suit, nous voyons plutôt l’énergie active de la foi pour aller en avant, en dépit de toutes les difficultés qui peuvent se présenter dans le chemin. Saisissant son objet, elle agit malgré toute l’opposition du monde; elle ne tient nul compte de la puissance des adversaires; elle foule aux pieds les grandeurs de cette terre. La foi comprend ce qu’elle a à faire selon Dieu, et lui abandonne les conséquences.

(v. 23). La foi des parents de Moïse montre leur attachement aux promesses de Dieu; elle les élève au-dessus de la crainte. Durant leur séjour en Égypte, malgré leur dur asservissement, les Israélites avaient tourné leurs yeux vers les idoles de ce pays, oubliant l’Éternel, le Dieu de leurs pères (Ézéch. 20:5-8)1. L’idolâtrie fut toujours leur péché dominant. Gémissant sous la cruelle oppression qui les accablait, ils n’avaient pas même la consolation que la foi aux promesses divines leur aurait donnée, par l’espoir de la délivrance. Mais comme dans tous les temps Dieu eut toujours un résidu fidèle, il y avait des fils d’Israël qui avaient gardé soigneusement la foi au Dieu qui avait donné les promesses et qui avaient l’assurance des choses qu’ils espéraient. Tels étaient les parents de Moïse. «Par la foi», ils cachèrent leur enfant durant trois mois, malgré la cruelle ordonnance du roi. Ils reçurent leur enfant comme un don tout spécial de Dieu. Sa beauté remarquable — «divinement beau», dit Étienne (Actes 7:20) — leur présente un cachet divin; leur foi leur fait voir en lui le futur libérateur de leur peuple, et ils sentent leur responsabilité de le conserver, coûte que coûte, en comptant sur la puissance de leur Dieu. Ils ont confiance en lui et ne craignent point la colère du roi. Leur foi, comme nous le savons, fut rémunérée; Dieu conserva l’enfant par des moyens qui n’appartiennent qu’à lui; Moïse, sauvé des eaux par la fille du Pharaon, fut élevé par elle dans la maison du roi.

1 On peut conclure ce fait de l’idolâtrie d’Israël en Égypte d’autres passages d’Ézéchiel (23:8, 19; Josué 24:14), ainsi que de l’érection du veau d’or, souvenir d’une des principales divinités égyptiennes. Qu’ils eussent oublié Dieu, la question de Moïse le prouve aussi (Ex. 3:13-16).

(v. 24-26). Moïse, après quarante années de séjour dans la maison du Pharaon où il fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, comprit, par la foi, que pour s’identifier avec le peuple de Dieu, il lui fallait quitter cette position élevée où la providence de Dieu l’avait placé. La foi créait dans son cœur des affections en harmonie avec celles de Dieu, pour ce peuple affligé dont il faisait partie. Mais pour lui venir en aide, il fallait qu’il choisît entre le titre de prince, «fils de la fille de Pharaon», et les mauvais traitements qu’endurait Israël; entre la jouissance du péché et l’opprobre de Christ; entre les trésors de l’Égypte et la rémunération que Dieu accorde à la foi (v. 6). Et en rapport avec ceci, trois choses nous sont dites de lui, qui font bien ressortir l’énergie de sa foi. Premièrement, il refusa l’honneur d’être appelé fils de la fille du Pharaon; il y renonça, car en Ex. 2:10, nous lisons: «Il fut son fils». En second lieu, il choisit plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché. Remarquons ici que la foi discerne que ce peuple d’esclaves, qui a oublié son Dieu, n’en est pas moins son peuple; et que, pour Moïse, la jouissance de tout ce que lui apportait d’honneurs et de biens sa position à la cour du Pharaon, c’étaient «les délices du péché». C’est «le péché» que d’être en dehors de la place où Dieu nous veut comme siens, car nous ne sommes pas alors en communion avec lui. Et troisièmement, il estima (il avait fait l’évaluation de chaque chose; il les avait pesées, comme Paul, en Phil. 3:7-11), il estima l’opprobre de Christ comme un trésor plus grand que les richesses de l’Égypte. L’opprobre dans lequel se trouvait le peuple de Dieu en Égypte était déjà l’opprobre de Christ, car Jéhovah s’est toujours identifié avec les siens, ainsi que tant de passages le démontrent, et la foi de Moïse le saisissait. Il en est de même aujourd’hui: le chrétien, en prenant sa place avec le peuple de Dieu, la prend avec un Christ méprisé, et estime ainsi que la croix vaut mieux que de gagner l’univers entier (Luc 9:23-25). C’est ce qu’avait fait Paul, comme nous l’apprend le passage de Philippiens que nous avons cité. Combien cela devait parler aux Hébreux, et combien aussi cela devrait nous parler! L’opprobre de Christ, cet opprobre que le monde jette et jettera toujours sur ceux qui veulent être fidèles au Seigneur, est un trésor, car c’est le sceau que nous lui appartenons. Et que sont les richesses du monde en comparaison de ce privilège? Moïse avait en vue la rémunération. Ce n’était pas la Canaan terrestre; il ne l’a pas possédée: il n’a eu que les peines et les douleurs du désert. C’était comme pour les patriarches quelque chose de meilleur, au-delà de ce monde. Sa foi saisissait l’invisible, le céleste, en dehors de cette terre. Son attente a-t-elle été trompée? Non; nous le voyons apparaissant déjà en gloire avec Jésus lors de la transfiguration (Luc 9:30, 31). Et que sera-ce quand le royaume, dont on n’a ici qu’un échantillon, sera établi! Oui, Dieu est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. Il y a tout à gagner à s’engager avec lui dans son chemin. Ce n’est pas que la rémunération soit un motif, ni que nous fassions, en marchant bien, comme une spéculation, car le mobile d’une marche sainte, ce sont les saintes affections, un cœur gagné par Christ et pour Christ, mais cette rémunération assurée est un encouragement pour la foi. Il est dit du Seigneur lui-même: «Lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix» (Héb. 12:2). Et l’apôtre, au milieu de ses souffrances pour Christ, s’écrie: «Désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera» (2 Tim. 4:8).

(v. 27). Quarante ans plus tard, après avoir appris à l’école de Dieu au pays de Madian, l’Éternel l’envoya en Égypte pour être le libérateur de son peuple. Là, il eut affaire avec le Pharaon et sa puissance. Il s’agissait de quitter l’Égypte avec le peuple, et nous savons quelle volonté endurcie le Pharaon opposa aux sommations de Moïse, jusqu’à ce que le roi irrité, refusant encore une fois, lui dît: «Va-t’en d’auprès de moi; garde-toi de revoir ma face! car, au jour où tu verras ma face, tu mourras» (Ex. 10:28). Mais Moïse, par la foi, demeure ferme et ne s’épouvante point. Il voit, des yeux de l’âme, Celui qui est invisible à la chair, et qui est avec lui et l’entoure de sa puissance. C’est ce qui fait triompher le fidèle dans les moments les plus critiques. Un Paul, devant le cruel tribunal romain, peut dire: «Tous m’ont abandonné... mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié» (2 Tim. 4:16, 17). Il voyait Celui qui est invisible. C’est là l’immense privilège de la foi, non seulement pour un Paul et un Moïse, mais pour chacun de nous; c’est ce qui nous rendra plus que vainqueurs en tout. Moïse, à la tête de son peuple, sans se soucier de la colère du roi, quitte donc l’Égypte, fortifié par sa foi. La sortie d’Égypte se trouve ici désignée d’une manière générale. Les deux versets suivants en présentent deux traits particuliers, qui font ressortir la foi de Moïse.

(v. 28). La foi de Moïse se montre aussi d’une manière remarquable, lorsqu’il fait la pâque et l’aspersion du sang. Il acceptait ainsi le fait de la culpabilité du peuple qui était aussi exposé au jugement que les Égyptiens. Il reconnaît que, pour être épargné, il faut le sang d’une victime, et surtout il croit, sur la parole de l’Éternel, que ce moyen — le sang sur les maisons des Israélites — détournera l’épée du destructeur. Ce moyen, aux yeux de la chair, pouvait paraître bien inutile. Quelle apparence que le sang d’un agneau serait efficace contre le jugement de Dieu? Mais la foi ne raisonne pas, elle ne considère pas la valeur du moyen d’après les lumières humaines; l’Éternel avait choisi le moyen; il avait dit: «Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous»; cela suffisait pleinement à la foi. N’en est-il pas de même maintenant pour nous? Le sang de Jésus, notre Pâque sacrifiée pour nous, n’est-il pas efficace pour ôter nos péchés, détourner le jugement et la mort, mettre fin à nos doutes et à nos craintes? Assurément. Il en sera ainsi pour nous «par la foi». «Si tu crois», dit le Seigneur.

(v. 29). Une nouvelle difficulté se présentait aux Israélites délivrés du jugement. Les flots de la mer Rouge, contre laquelle ils sont acculés par l’armée du Pharaon, s’opposent à ce qu’ils quittent l’Égypte, la terre d’esclavage. C’est la mort, si Dieu n’intervient. Mais par la foi en la parole de l’Éternel (Ex. 14:15, 16), le chemin de la mort est mis à sec pour les Israélites déjà rachetés par le sang. Les Égyptiens, n’ayant ni parole de Dieu, ni foi, ayant voulu tenter avec une audace tout humaine de les suivre, sont engloutis. Ils n’avaient pas eu, comme les Israélites, un salut assuré par la mort d’une victime. Ce qu’il faut remarquer surtout ici, c’est l’énergie de la foi qui fait entrer sans hésiter dans la mort même pour y trouver la délivrance. Nous, par la foi, nous avons part à la mort et à la résurrection en Christ.

(v. 30). Il s’agissait de se mettre en possession du pays, et Jéricho avec ses fortes murailles et ses portes solidement fermées, se dressait devant le peuple comme un obstacle insurmontable. Comment le renverser? Par la foi; la foi en la parole de Dieu, quelque étrange que fût le moyen qu’elle proposât. La délivrance, ou plutôt la victoire, dépendait de lui seul, il fallait compter sur lui, sur sa puissance uniquement, sur aucun moyen humain, et les murailles tombent par l’effet de cette puissance invisible à laquelle Josué et les Israélites après lui, se sont confiés.

Dans ces trois versets sont ainsi rappelés trois grands faits: 1° La foi à l’aspersion du sang pour être mis à l’abri du jugement. 2° La foi pour traverser la mer Rouge et être ainsi délivrés de l’Égypte. 3° La foi pour la mise en possession du pays promis, en dépit des obstacles dressés devant eux. Et l’on voit aisément l’application que nous pouvons nous faire de ces trois faits.

(v. 31). Rahab, la prostituée de Jéricho, trouve une place parmi les témoins de la foi; et, en effet, sa foi brille du plus vif éclat. Elle ressemble à celle de Moise; Rahab s’est identifiée avec ce peuple dans lequel elle a reconnu le «peuple de Dieu», à l’ouïe des merveilles que l’Éternel avait opérées en sa faveur (Jos. 2:8-12). À la nouvelle de l’approche des Israélites, sans qu’ils aient encore remporté une seule victoire dans le pays, alors que les Cananéens, et Jéricho en particulier, sont dans toute leur force, elle se déclare pour Israël, parce qu’elle sait, par la foi, que Dieu est avec eux: «Je sais que l’Éternel vous a donné le pays» (Jos. 2:9); elle agit selon sa foi, et reçoit les espions en paix. Elle reçut la récompense de sa foi, échappa au jugement qui fit périr ses compatriotes incrédules, trouva une place au milieu du peuple de Dieu (Jos. 6:25), et, ayant épousé Salmon, de la tribu de Juda, elle prit rang, par Booz et David, parmi les ancêtres du Seigneur (Ruth 4:20-22; Matt. 1:5). Remarquons que sa foi est mise en opposition avec l’incrédulité de ses compatriotes, qui, tout autant qu’elle, avaient entendu ce que l’Éternel avait fait pour Israël. Ils auraient pu croire aussi et être sauvés.

(v. 32-38). L’apôtre cesse ici d’entrer dans des détails circonstanciés touchant les héros de la foi de l’Ancien Testament. Ce n’est plus maintenant qu’une revue sommaire, où il rappelle d’abord ceux qui ont montré leur foi par de grandes actions (v. 32-35); puis ceux qu’elle a soutenus dans de grandes épreuves (v. 35-38). C’est l’énergie et la patience de la foi. Si l’auteur n’entre plus dans les détails, c’est non seulement que le temps lui manquerait, mais que le peuple, une fois introduit dans le pays promis, a moins fourni d’exemples dans lesquels se montraient les principes d’après lesquels la foi agissait. Dieu toutefois reconnaissait la foi des individus là où elle se trouvait, même chez ceux qui ne sont pas nommés. Gédéon est en tête des juges, libérateurs du peuple, ayant foi en la parole de l’Éternel; David est en tête des rois, et Samuel, en tête des prophètes. On saisit sans peine cet ordre moral.

Il est aisé de trouver dans l’histoire d’Israël ce à quoi fait allusion l’écrivain sacré. On voit les conquêtes de David en 2 Sam. 8 et 1 Chron. 18; Salomon exerça la justice (1 Rois 3:28); David encore obtint les choses promises, et d’autres, parmi ses successeurs fidèles, comme Ézéchias et Josias, les réalisèrent; Daniel, par la foi qui produisait en lui la fidélité, ferma la gueule des lions (Dan. 6:22, 23); par la même foi énergique pour donner la fermeté, les trois jeunes Hébreux éteignirent la force du feu (Daniel 3:27); David, Élie et Élisée échappèrent au tranchant de l’épée (David, durant la longue persécution de Saül; pour Élie et Élisée, voyez 2 Rois 1 et 6). Ézéchias fut guéri de sa maladie, et la vaillance dans la guerre se montra dans David et ses compagnons (2 Sam. 23:8-23).

(v. 35-38). Des femmes ont recouvré «leurs morts par la résurrection»; nous en trouvons deux exemples dans l’histoire d’Élie et celle d’Élisée. La foi de ces hommes de Dieu en la puissance de l’Éternel, obtint cet effet, mais il y en avait aussi dans celles en faveur de qui Dieu agit. Le cri que jette la veuve de Sarepta, l’insistance de la Sunamite auprès d’Élisée, le font bien voir. Remarquons en passant que les femmes présentées et nommées dans notre chapitre comme exemples de foi, sont mentionnées, non comme montrant cette foi dans un service public, mais chez elles: Sara est dans sa tente et Rahab dans sa maison. Nulle mention n’est faite de Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, ni de Debora, autre prophétesse, à l’ombre de laquelle a marché Barac qui, lui, est nommé comme exemple.

Ce qui suit, dans le verset 35 et les autres, se rapporte sans doute à cette époque de persécutions terribles auxquelles les Juifs fidèles furent exposés et qui sont rapportées dans les livres des Macchabées. Ces livres, on le sait, ne font pas partie des Écritures, mais rapportent des faits historiquement vrais. «D’autres furent torturés, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection», fait probablement allusion à sept frères mis à mort avec leur mère après d’horribles souffrances, et refusant de renier leur foi, parce qu’ils attendaient une résurrection plus excellente qu’une délivrance temporelle, ainsi que le dit l’un d’eux, s’adressant au roi, leur meurtrier: «Toi, tu nous ôtes la vie présente; mais le Roi de l’univers nous ressuscitera en la résurrection pour la vie éternelle».

Combien est beau le témoignage du v. 38! Il nous montre l’appréciation que Dieu fait de ses témoins au milieu d’un monde qui s’est éloigné de lui. Ils ont «reçu témoignage par la foi», est-il dit; et encore: «Dieu n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu»; mais ici, ces hommes rebutés, rejetés, méprisés, chassés, la balayure de la terre aux yeux d’un monde orgueilleux, incrédule et enivré de lui-même, ont une telle valeur aux yeux de Dieu, qu’il déclare que ce monde n’est pas digne d’eux. Ils sont trop de Dieu, pour que le monde soit digne d’eux.

Les deux derniers versets étaient bien concluants pour les croyants hébreux. «Tous ces témoins», est-il dit, «ont reçu témoignage par la foi», qui les rendit agréables à Dieu et les rendit capables d’accomplir de grandes actions et de supporter de grandes épreuves; mais «ils n’ont pas reçu ce qui avait été promis». Ils ont tous dû quitter ce monde sans avoir vu la promesse réalisée; ils ont ainsi marché par la foi seule, vécu de cette foi. Les Hébreux devaient donc être encouragés par leur exemple, et cela d’autant plus qu’ils avaient des privilèges plus excellents, que les anciens ne possédaient point. Mais ni les uns, ni les autres n’étaient arrivés à la perfection, à être «consommés», c’est-à-dire à posséder la gloire céleste, leur part commune. L’auteur de l’épître, comme ailleurs, se place ici au nombre des croyants hébreux, participants de l’appel céleste, il attend avec eux le quelque chose de meilleur que Dieu a en vue «pour nous». Ce quelque chose de meilleur que nous possédons, sont les choses célestes apportées par Christ, l’accès en la présence de Dieu ouvert par son sacrifice, la bourgeoisie céleste, notre union avec Christ en haut, lui étant là comme notre précurseur. Mais quant à la consommation en gloire, ils l’attendent aussi et ils y arriveront avec nous, bien qu’il y ait toujours une part spéciale pour l’Église.

Tous les justes de l’Ancien Testament font donc partie des morts en Christ qui ressusciteront au cri de commandement, à la voix de l’archange, au son de la trompette de Dieu; puis les saints vivants seront changés (1 Cor. 15:51, 52), et tous ensemble, depuis le premier croyant de l’Ancien Testament jusqu’au dernier de l’Église, monteront au ciel, seront alors parvenus à la perfection, et reviendront ensuite avec Christ: «Il viendra avec tous ses saints».

Il est donc préférable, en parlant de ce qui aura lieu à ce moment, d’employer l’expression «l’enlèvement des saints», plutôt que «l’enlèvement de l’Église», ce qui semblerait exclure les saints de l’Ancien Testament.

Il faut aussi se garder de parler de deux secondes venues de Christ. Il n’y en a qu’une, mais qui comprend deux actes: le premier est celui où les saints vont à la rencontre de Christ; le second, celui où ils reviennent avec lui.