Hébreux

Chapitre 10

Dans la première partie de ce chapitre (v. 1-18), Christ est présenté essentiellement comme la victime sainte et parfaite, dont tous les sacrifices offerts sous la loi n’étaient que des figures; sacrifices qui ne pouvaient point ôter les péchés, ni par conséquent purifier la conscience. Cette offrande de Christ comme victime sans tache avait déjà fait le sujet du chap. 9, mais le chap. 10 montre surtout les grands résultats du sacrifice de Christ. Il est bon, en lisant ces chapitres, d’avoir devant les yeux ce qui avait lieu en Israël au grand jour des expiations. Nous avons ici le commentaire inspiré de ce que signifiaient les cérémonies de ce jour.

«Il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice», est-il dit à la fin du chap. 9. Qu’étaient donc les sacrifices offerts sous la loi? C’est ce qui va nous être dit.

(v. 1). «Car la loi, ayant l’ombre des biens à venir, non l’image même des choses». Les biens à venir sont toutes les bénédictions que le Christ devait apporter. La loi ne pouvait les présenter dans leur glorieuse réalité; elle ne se trouve qu’en Christ. L’image même des choses est ce que les choses sont en réalité, par opposition à l’ombre qui indique bien leur existence, mais ne donne, pour ainsi dire, que leur contour. Selon cette loi, des sacrifices devaient être offerts «chaque année», ce qui reporte bien nos pensées au jour des expiations, mais ils ne pouvaient «rendre parfaits ceux qui s’approchent». Rendre parfaits est le même mot qui est rendu par «consommer», aux chap. 2:10 et 5:9, et qui signifie être tout à fait propres pour une chose. Celui qui s’approche de Dieu doit être dans une condition telle qu’il puisse le faire; aucune question quant à son état devant Dieu ne doit pouvoir être soulevée; il doit être «consommé» , rendu «parfait», tout à fait propre à se trouver dans la sainte présence de Dieu. Or c’est là ce que les sacrifices offerts sous la loi ne pouvaient faire pour des hommes pécheurs. La raison en est donnée plus loin.

(v. 2-4). En premier lieu, si ces sacrifices eussent pu avoir pour résultat de «purifier» ceux qui s’approchent, et par conséquent d’ôter leurs péchés pour toujours, de sorte qu’ils n’eussent plus «conscience de péchés», ils auraient cessé d’être offerts. On voit par ces expressions «purifiés», n’avoir «plus conscience de péchés», ce que veut dire ici «rendre parfaits». L’homme est souillé par ses péchés; pour pouvoir s’approcher de Dieu, il doit en être purifié; il faut que Dieu n’en voie plus sur lui. De plus, il est aussi nécessaire que l’homme en la présence de Dieu, sache, pour y être à l’aise, que ses péchés sont ôtés, qu’il n’ait plus «conscience de péchés», rien qui l’accuse. C’est là être «parfait». Heureuse condition! Mais la loi ne pouvait amener à ce résultat. Au contraire, le fait que les sacrifices devaient être offerts chaque année, rappelait que le péché était toujours là: c’était «un acte remémoratif de péchés». Car, dit l’apôtre, «il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés». Pour l’Israélite pieux, il pouvait y avoir un certain soulagement de conscience le soir du jour des expiations; mais dès le lendemain, le compte des péchés s’ouvrait de nouveau; la conscience n’était pas purifiée pour toujours; l’efficacité des sacrifices n’était pas perpétuelle; on n’avait que l’ombre des biens à venir, et ceux-là sont introduits avec le v. 5, qui nous montre la seule vraie victime.

(v. 5-9). De cette incapacité absolue des sacrifices offerts selon la loi, pour rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu, résulte la nécessité d’un autre sacrifice qui ait cette efficacité. Or dans les conseils de Dieu il y a été pourvu. «C’est pourquoi, en entrant dans le monde, IL DIT: Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps». Nous avons ici une citation du Ps. 40:7-9. Quel est celui qui dit? C’est Christ, par la bouche de David, parlant en Esprit. L’Esprit Saint déclarait à l’avance ce que le Christ exprimerait en entrant dans le monde, le but de sa venue ici-bas comme homme. «Tu m’as formé un corps», c’était la première chose nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu; il fallait qu’il devînt un homme, et nous pouvons remarquer que c’est à Dieu qu’il attribue son incarnation, non à lui-même, car en tout il est le serviteur, l’homme dépendant. Dans le Psaume nous lisons: «Tu m’as creusé des oreilles»1, expression qui indique la position de serviteur obéissant que Christ a prise. Mais pour cela, il fallait qu’il fût homme, et voilà pourquoi l’Esprit Saint dit: «Tu m’as formé un corps», prenant la traduction que les septante ont donnée du passage et qui présente le vrai sens.

1 Ce n’est pas la même expression qu’en Ex. 21:6: «percé l’oreille», signe que l’esclave était attaché à la maison pour obéir à toujours. Ce n’est pas non plus, comme en Ésaïe 50:5: «m’a ouvert l’oreille», ce qui signifie que le Seigneur prêtait l’oreille pour connaître, matin après matin, la volonté du Père. «Creusé des oreilles», Dieu l’avait préparé, formé, pour accomplir cette volonté.

Christ venant donc comme homme sur la terre, entrant dans le monde, dit: «Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande... Tu n’as pas pris plaisir aux holocaustes ni aux sacrifices pour le péché; alors j’ai dit: Voici, je viens — il est écrit de moi dans le rouleau du livre — pour faire, ô Dieu, ta volonté». Nous trouvons plus d’une fois dans l’Ancien Testament des passages où Dieu déclare qu’il ne prend point plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, mais à l’accomplissement de sa volonté (voyez Ps. 51:18 etc.; Jér. 6:20; 7:21-23; Michée 6:6-8). Mais quel homme pouvait ou a pu accomplir cette volonté, a pu présenter à Dieu cette offrande parfaite de soi-même, capable d’être agréée de Dieu, et telle qu’elle devînt aussi un sacrifice pour l’abolition du péché? Christ seul le pouvait; seul il a pu dire: «Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté», cette volonté qui était de résoudre une fois pour toutes la question du péché, afin que Dieu pût sauver en justice des hommes coupables. Et c’était l’accomplissement des conseils de Dieu. Il était écrit de lui dans le rouleau ou en tête du livre. Christ devenant un homme pour glorifier Dieu, était le grand objet des conseils divins. Combien il est grand d’assister, pour ainsi dire, à cet entretien où, dans les profondeurs de la Divinité, Christ s’offre pour venir accomplir la volonté de Dieu en s’offrant lui-même. L’Esprit Saint insiste sur l’incapacité des sacrifices offerts selon la loi, pour satisfaire à ce que Dieu demandait. Il en nomme les quatre genres: holocauste, offrande de gâteau, sacrifice de prospérité et sacrifice pour le péché, tous quatre types de Christ, comme on le sait; puis il les met tous de côté pour montrer Celui en qui ils ont leur réalisation: «Voici, je viens pour faire ta volonté», et ainsi «il ôte le premier afin d’établir le second». Le premier ordre de sacrifices n’arrivait point à rendre parfaits ceux qui s’approchent; la conscience n’était pas purifiée; le second ordre de choses se résume dans l’unique sacrifice de Christ qui amène à un résultat parfait et éternel. Et cet unique sacrifice est le fruit de l’obéissance parfaite du Seigneur!

(v. 10). Nous sommes sanctifiés, mis à part pour Dieu, sauvés, par conséquent, par le moyen du sacrifice de Jésus Christ. C’est dans son corps, le corps que Dieu lui avait formé, qu’il venait accomplir la volonté de Dieu, dont le point culminant était ce sacrifice parfait, sa mort sur la croix. Remarquons de plus qu’il est offert une fois pour toutes: il est suffisant pour toujours; il n’a pas besoin d’être répété, contrairement aux sacrifices offerts sous la loi. La sanctification, la mise à part, qui en résulte est donc aussi parfaite et pour toujours. Quelle grâce pour les croyants! Ce n’est pas d’une sanctification pratique qu’il s’agit ici, comme dans le chap. 12:14; mais d’une mise à part pour Dieu, en vertu du sacrifice de Jésus Christ.

(v. 11-14). Le contraste entre le système juif et le système chrétien, se poursuit ici dans la comparaison faite, non plus quant aux sacrifices, mais quant à l’action des sacrificateurs. Sous la loi, les sacrificateurs se tenaient chaque jour devant l’autel, faisant le service qui leur incombait, en offrant constamment des sacrifices qui ne pouvaient jamais ôter les péchés. Leur service était incessant, signe qu’une œuvre parfaite n’était pas accomplie. Christ, au contraire, a offert un seul sacrifice pour les péchés, mais un sacrifice pleinement suffisant pour présenter à Dieu sans tache ceux qui lui appartiennent, sacrifice d’une valeur et d’une efficacité éternelles. Aussi s’est-il assis — marque du repos après l’œuvre accomplie — assis à perpétuité; c’est une œuvre qui ne saurait se répéter, puisqu’elle est pleinement suffisante. Et c’est à la droite de Dieu, dans la gloire, signe de son acceptation parfaite, après avoir accompli parfaitement toute la volonté de Dieu. Quelle sécurité sans mélange pour les croyants de voir là-haut, dans cette position de gloire, notre grand Souverain Sacrificateur!

Christ est assis à perpétuité, sans interruption, quant à l’œuvre de salut; mais il se lèvera quand il viendra tirer vengeance de ses ennemis. Il attend, depuis le moment où il est entré comme souverain sacrificateur dans le ciel, «jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds», selon ce qui est dit au Ps. 110. Contraste bien frappant et solennel! Pour les croyants, ses amis, une délivrance parfaite; pour ceux qui se constituent ses ennemis en le rejetant, l’attente d’un jugement terrible. Les fidèles Hébreux pouvaient se dire: Le Messie est venu et nous avons cru; comment donc sommes-nous persécutés et ses ennemis triomphent-ils? L’Esprit Saint leur montre, d’un côté, leur salut assuré par le sacrifice parfait de Christ et sa séance à la droite de Dieu; et, d’un autre côté, dans l’avenir, le triomphe final de Christ et des siens sur tous leurs ennemis. Qu’on lise, à ce sujet, le magnifique Ps. 110, tout entier.

L’Esprit Saint, après cette assurance relative à l’avenir, donne pour le présent, la raison, si précieuse à tous les croyants, pour laquelle Christ demeure assis maintenant, dans le repos. C’est que, «par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés». L’offrande — celle du corps de Jésus Christ — est parfaite, elle ne se répète pas; il est donc assis à perpétuité à la droite de la Majesté. Ceux qui sont sanctifiés, mis à part pour Dieu, le sont pour toujours en vertu de cette offrande (v. 10), et quant à leur position devant Dieu, de même que l’œuvre de Christ a une valeur perpétuelle, et que lui-même est toujours devant Dieu, eux, à cause de cette œuvre, sont parfaits pour Dieu à perpétuité. L’œuvre de Christ est parfaite, son acceptation est parfaite, rien ne peut l’altérer; et nous sommes parfaits, comme représentés devant Dieu par lui1.

1 Tous ceux qui acceptaient le christianisme étaient bien, par cela, sanctifiés, mis à part du reste du peuple, mais les vrais croyants étaient de plus rendus parfaits devant Dieu par l’œuvre de Christ.

(v. 15-18). Après avoir établi la valeur parfaite et permanente de l’œuvre de Christ, l’auteur cite le témoignage rendu par l’Esprit Saint à son excellence et à sa perfection éternelle dans son application aux croyants. Ce témoignage est tiré du chap. 31 du prophète Jérémie, où le Seigneur montre les privilèges de la nouvelle alliance qu’il traitera avec le peuple. Voici donc ce dont l’Esprit Saint, par la bouche du prophète, nous rend témoignage: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Quelle chose précieuse, d’une valeur infinie pour l’âme, que la certitude de ce pardon complet et absolu de tous les péchés, certitude basée sur le dessein et la volonté de Dieu, sur le sacrifice parfait de Christ, et garantie par l’infaillible témoignage de l’Esprit Saint! Nous pouvons la saisir avec une foi entière, et n’avons à chercher rien d’autre pour assurer notre position devant Dieu: «Or, là où il y a rémission de ces choses», rémission parfaite et pour toujours des péchés et des iniquités, «il n’y a plus d’offrande pour le péché». Le sacrifice qui ôte le péché pour toujours de devant les yeux de Dieu (chap. 9:26), ayant été offert, il n’y a plus lieu d’en offrir un autre. Pour le dire en passant, on voit par là l’erreur profonde et subversive du christianisme, qui est enseignée par l’Église romaine, je veux dire le sacrifice sans cesse répété de la messe.

En résumé donc, dans ce que nous présente la portion de ce chap. 10, que nous venons de parcourir, nous trouvons: 1° Au v. 10, que notre rédemption a eu une source divine dans la volonté de Dieu; 2° Au v. 12, qu’elle a été accomplie par une œuvre divine — le sacrifice de Christ; 3° Au v. 15, qu’elle a un témoignage divin, celui du Saint Esprit. Il y a donc la volonté de Dieu le Père, l’œuvre du Fils, et le témoignage du Saint Esprit.

(v. 19-21). La partie doctrinale de l’épître, dont le grand sujet est la sacrificature de Christ dans la gloire, se termine ici. La conclusion pratique de ce qui y a été enseigné touchant cette sacrificature et touchant la perfection du sacrifice de Christ assis maintenant à la droite de Dieu, c’est que, le péché étant ôté, la conscience purifiée, et les croyants rendus parfaits à perpétuité, sans péché aux yeux de Dieu, ils ont pleine liberté (ou hardiesse) pour entrer dans les lieux saints. Nulle barrière n’existe plus qui leur en interdise l’accès: le sang de Jésus, satisfaisant à tout ce qu’exigeait la justice de Dieu, leur permet d’entrer en la présence de Dieu sans voile et d’y demeurer sans crainte. Merveilleux privilège pour des pécheurs que leur souillure excluait de cette place bénie! Mais il a fait par lui-même la purification des péchés; il est ensuite entré là et nous en a ouvert l’accès en nous en montrant le chemin. Et ce chemin, c’est sa chair. L’humanité de Christ — son humiliation, son abaissement — était comme un voile qui cachait sa gloire divine à l’homme pécheur. La foi seule la discernait. Mais à sa mort, le voile a été déchiré1, le péché a été ôté, et dans Christ ressuscité et glorifié à la droite de Dieu, l’homme par la foi peut contempler la gloire de Dieu et, bien plus, être admis en sa présence. Voilà le chemin. L’épître nous avait montré Christ entré une fois pour toutes dans les lieux saints (chap. 9:12); maintenant les rachetés sont exhortés à le suivre et à entrer par le chemin qu’il leur a ouvert lui-même. C’est un chemin nouveau qui jamais auparavant n’avait existé, puisque l’entrée des lieux saints était interdite; c’est un chemin vivant, puisque Christ, après avoir passé par la mort, est maintenant ressuscité et, dans la puissance d’une vie impérissable, vivant aux siècles des siècles dans la gloire. Sa mort était nécessaire pour expier nos péchés; sa vie en résurrection et dans la gloire ne l’est pas moins pour nous introduire où il est: «étant toujours vivant», est-il dit (7:25).

1 Nous le voyons en Matt. 27 en figure: le voile du temple est déchiré du haut en bas, du ciel à la terre, de Dieu à l’homme. Le coup vient d’en haut et montre que Dieu ne reste plus caché: la mort de Christ ouvre l’accès à Dieu pour le pécheur.

Sous la loi, le souverain sacrificateur seul avait la liberté, une fois l’an, d’entrer dans le lieu très saint, avec le sang des victimes. Maintenant tous les sanctifiés, les croyants rachetés par le sang de Jésus, peuvent toujours entrer dans le sanctuaire, avec une pleine liberté, car ils n’ont plus conscience de péchés. Et de plus, ils trouvent là le grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, Jésus lui-même, qui nous représente dans le lieu saint. Tout est fait pour que nous soyons à l’aise et heureux dans la présence de Dieu.

(v. 22-25). Cela posé, nous avons les exhortations fondées sur ces vérités. La première est: «Approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure». Toutes les barrières étant ôtées qui nous interdisaient l’accès auprès de Dieu, nous sommes exhortés à profiter de cet immense et précieux privilège et à nous approcher. L’état moral de celui qui s’approche est ensuite décrit. C’est un cœur vrai, sincère, exempt de fraude, n’ayant rien à cacher à Dieu devant lequel il se trouve en vertu de l’œuvre de Christ. C’est l’état de celui qui saisit et apprécie la perfection et l’efficacité de cette œuvre, et qui peut dire avec le Psalmiste: «Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert! Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude!» (Ps. 32:1, 2). À un cœur vrai se lie la pleine assurance de foi qui s’approprie, sans qu’il y ait place au doute, les déclarations divines, relatives à la parfaite valeur de l’expiation accomplie par le sacrifice de Christ, et par ces deux choses — le cœur vrai devant Dieu et la pleine assurance de foi — Dieu est glorifié et Christ et son œuvre sont honorés. Le reste du verset montre sur quel fondement on peut avoir un cœur vrai et une pleine assurance de foi. C’est que les cœurs, par l’aspersion du sang de Christ appliqué une fois pour toutes, sont purifiés d’une mauvaise conscience, du sentiment de la culpabilité qu’entraîne le péché, et que le corps est lavé d’eau pure. Que signifient ces paroles? Il est fait évidemment allusion aux sacrificateurs qui, lors de leur consécration, pour pouvoir s’approcher de Dieu, étaient aspergés de sang après avoir été lavés d’eau (Ex. 29). Aaron, au jour des expiations, lavait aussi sa chair avant d’entrer dans le lieu très saint1. C’étaient des figures. L’eau pure qui nous lave est la Parole dans son application à nos âmes par la puissance de l’Esprit Saint. Nous le voyons en différents passages. En Jean 13:10, 11, le Seigneur dit: «Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds; mais il est tout net; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait; c’est pourquoi il dit: Vous n’êtes pas tous nets». Et ces paroles nous sont expliquées au chap. 15:3: «Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite». Ainsi, de même que l’eau appliquée à nos corps les purifie, de même la Parole appliquée à nos âmes les régénère et les purifie, et cela une fois pour toutes, sans qu’il y ait besoin de répétition. Paul, en Tite 3:5, parle du lavage de la régénération; Pierre dit: «Vous êtes régénérés par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu» (1 Pierre 1:23), et Jacques: «Il nous a engendrés par la parole de la vérité» (1:18); et le Seigneur nous enseigne qu’il nous faut «naître d’eau et de l’Esprit» (Jean 3:5).

1 Le baptême peut avoir donné lieu à cette allusion. Dans les Actes, chap. 22:16, il est dit: «Sois baptisé, et te lave de tes péchés, invoquant son nom». (le nom de Jésus). Voyez aussi 1 Pierre 3:21.

Il est bien important de remarquer que les paroles dont l’apôtre se sert, indiquent qu’il n’y a pas de répétition de l’aspersion du sang, non plus que de l’application de la Parole pour régénérer. En effet, il n’est pas dit: «Devant avoir le cœur par aspersion purifié d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure»; mais «ayant etc.». La chose est faite une fois pour toutes: c’est un fait qui a eu lieu; une position où l’on se trouve. Et c’est parce que nous sommes dans cette condition, que nous pouvons approcher avec un cœur vrai et une pleine assurance de foi, sans qu’aucune question se soulève quant au privilège que nous avons d’entrer en la présence de Dieu avec une entière liberté. Il ne faut pas oublier que, si notre position de consécration à Dieu est assurée une fois pour toutes, le lavage d’eau, l’action de la Parole appliquée à l’âme, ne continue pas moins dans la pratique, action figurée par le lavage des pieds en Jean 13, et dont il est parlé à l’égard de l’Église, en Éph. 5: «Afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole».

(v. 23). Nous avons dans ce verset la seconde exhortation, celle qui se rapporte à notre profession devant les hommes. La précédente avait trait à notre privilège d’entrer dans le sanctuaire céleste, en la présence de Dieu. L’espérance se rapporte toujours à une chose à venir, que nous ne possédons pas, mais que nous attendons. C’est Christ, c’est sa venue, avec toutes les bénédictions qu’elle apportera. «Il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent». On voit que cela est général à dessein, comme toujours dans l’épître, et concerne aussi bien la phase de la venue de Christ pour les saints actuels — la bienheureuse espérance — que celle de la délivrance d’Israël. Nous confessons ou professons attendre Christ — c’est la vraie attitude chrétienne. Combien n’y en a-t-il pas qui, malheureusement, l’oublient, et auraient besoin de s’appliquer l’exhortation de l’apôtre! Et nous avons à la retenir «sans chanceler». Le cœur naturel est porté à se décourager si l’attente se prolonge; il raisonne et dit: «Mon maître tarde à venir», et alors on regarde vers le monde, on oublie le but céleste. De là, l’importance de l’exhortation fondée d’ailleurs sur la fidélité de Celui qui a promis l’heureuse et prochaine issue de la course: «Celui qui a promis est fidèle».

(v. 24, 25). Troisième exhortation qui se rapporte à la communion et aux relations fraternelles de ceux qui avaient été rassemblés en dehors du judaïsme. Il ne suffit pas de retenir pour soi-même la confiance en la fidélité de Dieu; nous avons aussi à penser aux autres et à leur bien spirituel, et ainsi à nous encourager mutuellement à marcher dans cet amour qui est la marque de la vie divine en nous, et dans les bonnes œuvres qui glorifient Dieu et rendent témoignage de la réalité de notre profession. Or cette profession doit être publique; elle se manifestait dans le fait du «rassemblement» de ceux qui avaient une foi commune. L’abandonner, ce rassemblement, comme hélas! plusieurs avaient l’habitude de faire, éviter ainsi d’affirmer sa solidarité avec ceux qui se rassemblaient autour de Christ, à cause de l’opprobre et de la souffrance qui pouvaient s’y trouver, était un danger et un mauvais signe quant à la foi de ceux qui agissaient ainsi, et qui se contentaient du culte juif. C’est ce qui motive la déclaration solennelle et terrible des v. 26 à 31. Il fallait donc s’exhorter à demeurer fidèles et fermes dans la confession publique de la foi, et cela «d’autant plus que vous voyez le jour approcher».

Quel est ce jour? Évidemment le jour du jugement, quand le Seigneur viendra (2 Thess. 1:10). C’est celui qui est toujours présenté quand il est question d’agir sur la conscience, d’exciter à la vigilance et à une marche sainte en dehors du monde et, en même temps, pour encourager le chrétien à ne pas craindre les hommes (voyez 2 Tim. 4:7, 8; Matt. 24:42; 1 Thess. 3:13, etc.). Du reste, un jour de jugement approchait, prélude et image du jugement de la fin. C’était le jour de la destruction de Jérusalem dont les signes avant-coureurs se montraient déjà (voyez Luc 21:20-24). Combien donc il était nécessaire, au moment où allaient disparaître et le temple et le culte auquel les Hébreux étaient encore si attachés, qu’ils n’abandonnassent point ce «rassemblement de nous-mêmes» qui subsiste en dehors de toute forme, qui est fondé sur Christ et son œuvre! Or l’abandon de la profession chrétienne laissait sans espérance. C’est ce que nous voyons dans les versets suivants.

(v. 26-31). Ils nous montrent les terribles conséquences de l’abandon de la profession chrétienne. Il importe que nous saisissions bien leur portée. D’abord, qu’est-ce que la vérité dont il est ici question? C’est évidemment le christianisme, mais, selon la doctrine précédemment exposée, le christianisme au point de vue de la valeur parfaite et suffisante du sacrifice de Christ offert une fois pour toutes pour ôter le péché, sacrifice qui ne saurait se répéter. Si, après avoir connu cette vérité et l’avoir professée en reconnaissant la valeur de ce sacrifice, on l’abandonnait et l’on choisissait volontairement le péché, c’est-à-dire une marche selon sa propre volonté, il n’y avait pas un autre sacrifice auquel on pût recourir. L’unique sacrifice efficace pour ôter les péchés, avait été rejeté. On se constituait adversaire de Christ et de la grâce, et pour de telles personnes il ne restait que le jugement qui allait certainement les atteindre et les consumer1.

1 Il semble que l’Esprit Saint a toujours en vue le jugement qui était sur le point de fondre sur les Juifs qui avaient rejeté Christ et résisté au Saint Esprit.

L’apôtre qui, dans toute l’épître, a fait ressortir l’excellence du christianisme sur le judaïsme, montre aussi que le mépris du premier amènera un jugement plus terrible que celui qui frappait les contempteurs du second. Mépriser la loi que Dieu avait donnée par Moise, c’était la rejeter, et ceux qui se rendaient coupables de crimes qui impliquaient ce mépris, étaient sans miséricorde mis à mort. Rien ne pouvait expier leur péché (voyez Lév. 24:10-16; Nomb. 15:32-36; Deut. 17:2-7). Or, rejeter le christianisme après l’avoir connu et professé, était un crime infiniment plus grand. En effet, les deux grands privilèges chrétiens sont le sacrifice unique et parfait que le Fils de Dieu a offert sur la croix en se livrant lui-même, et la présence du Saint Esprit qui rend témoignage à la grâce divine manifestée dans ce sacrifice. Abandonner ces privilèges après les avoir connus et professés, c’était fouler aux pieds celui qu’on avait reconnu comme le Fils de Dieu; c’était estimer profane le sang de l’alliance par lequel on avait professé être mis à part; c’était enfin faire outrage à l’Esprit de grâce. Dieu, sa grâce, son Fils, le sacrifice de Celui-ci, et l’Esprit Saint qui lui rend témoignage, tout était rejeté et méprisé, et que restait-il comme terme final d’une telle voie, sinon le juste jugement de la part de Celui à qui appartient la vengeance et qui rendra à chacun selon ses œuvres? Le jugement par le Seigneur est une chose certaine: il l’a déclaré; et combien n’est-il pas terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant pour en recevoir le juste salaire du plus grand des péchés, de celui qui ferme la porte à tout espoir, le rejet volontaire de sa grâce

(v. 32-39). Pour qu’ils évitent un sort aussi terrible, pour les encourager à la patience et à la persévérance, l’écrivain sacré rappelle aux Hébreux combien ils ont souffert au commencement de leur carrière chrétienne, dans «les jours précédents», après avoir «été éclairés» par cette lumière céleste de la vérité qui avait pénétré leurs âmes. Une cause pour laquelle on a beaucoup enduré nous est d’autant plus chère, et de plus l’expérience faite de la grâce de Dieu qui a soutenu dans ces souffrances, est bien propre à encourager. C’est sur ces sentiments que s’appuie d’abord l’exhortation adressée à ces chrétiens. En endurant les opprobres et les afflictions, en s’associant de cœur à ceux qui étaient persécutés, en soulageant ceux qui étaient en prison pour leur foi, en se laissant dépouiller avec joie de leurs biens, parce qu’ils avaient en vue des biens meilleurs et permanents, dans le ciel, ils avaient montré la réalité de leur profession. Ce n’était donc pas le moment de se décourager, maintenant que le but était près d’être atteint, et ils ne devaient pas abandonner la confiance en Dieu et en ses promesses dont ils avaient fait preuve et dont la récompense est la gloire. Il est vrai que la patience est nécessaire pour persévérer jusqu’au bout dans le chemin de la volonté de Dieu, chemin où se rencontrent les épreuves, mais dont le terme est la jouissance des choses promises. Il est précieux de voir comme l’Esprit Saint place constamment devant l’âme, afin de l’encourager, la récompense certaine que Dieu, qui est fidèle et qui a promis, lui donnera au bout de la course. Le repos de Dieu, des biens meilleurs et permanents, le salut apporté quand Christ apparaîtra, voilà ce qui nous attend.

(v. 37). Or le moment où nous entrerons dans la possession de ce qui est promis, est proche: nouveau et puissant motif pour s’encourager, pour avoir patience et persévérer. «Encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas». L’accomplissement de tout ce que renferme la promesse glorieuse se rattache à la venue de Christ. Or «il vient» est une expression frappante et qui nous le montre, pour ainsi dire, en route; elle caractérise Christ, de même que l’attente constante et patiente caractérise le fidèle. Et bientôt il paraîtra, il ne tardera pas. Tout, dans ce verset, nous annonce donc la venue très prochaine de Christ: «encore très peu de temps»; «il vient»; «il ne tardera point». C’est en vue de cela que le chrétien doit vivre, obéir et persévérer. Rien n’influera autant sur sa marche fidèle que cette pensée: «Il vient».

(v. 38). Mais il y a un principe qui est la puissance de cette vie d’attente: c’est la foi. Elle caractérise la vie du juste, elle la nourrit, elle lui donne la force de persévérer au milieu de toutes les difficultés. Là où elle manque, la vie s’affaiblit; les épreuves effrayent; on est en danger de se retirer, de revenir en arrière, et si quelqu’un entre dans cette voie fatale, Dieu ne prend point de plaisir en lui.

(v. 39). «Mais pour nous», dit l’écrivain sacré, se plaçant au milieu des croyants, s’associant fraternellement à eux, «nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition» — telle est l’issue fatale où conduit l’abandon de la confiance en Dieu pour l’accomplissement de la promesse — «mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme». La conservation de l’âme, la jouissance de la vie éternelle en gloire, telle est la fin bienheureuse du chemin de la foi.

Ainsi, tandis que les v. 26-31 font voir que le jugement est la seule issue où conduit l’abandon volontaire de la profession de la foi, les versets suivants encouragent ceux qui gardent la foi, en leur montrant que le terme de la route est Christ venant accomplir les promesses de gloire.

Le passage: «Or le juste vivra de foi», tiré du prophète Habakuk 2:4, est cité trois fois dans les épîtres de Paul, en Rom. 1:17; Gal. 3:11, et ici. Dans l’épître aux Romains, l’emphase est sur le mot «juste»; en Galates, sur le mot «foi», et ici sur le mot «vivra». Dans le premier cas, la citation est en rapport avec la justice de Dieu révélée dans l’Évangile sur le principe de la foi: «Or le juste vivra de foi». Dans le deuxième, la foi qui justifie est mise en contraste avec la loi qui condamne. Et enfin, dans le troisième, vivre de foi est en contraste avec se retirer et périr.