Hébreux

Chapitre 9

(v. 1-5). L’Esprit Saint, dans cette portion de l’épître (9; 10:1-18), nous présente — en continuant toujours le grand sujet de la sacrificature — le sacrifice unique et parfait de la nouvelle alliance et sa valeur, en contraste avec les anciennes offrandes. Mais pour faire ressortir l’excellence des privilèges attachés au nouvel ordre de choses, l’écrivain sacré rappelle ce qui avait lieu sous l’ancien, et pour cela commence par rapporter ce qui se trouvait dans le tabernacle qu’il appelle un sanctuaire terrestre ou «mondain», c’est-à-dire «de ce monde», par opposition au «tabernacle qui n’est pas de cette création»1 (v. 11).

1 Dans toute l’épître, il s’agit du tabernacle dans le désert et non du temple dans le pays, figure du repos.

La première alliance était en rapport avec ce sanctuaire et elle avait des ordonnances données de Dieu pour le service divin, mais qui, de même que l’ancienne alliance, devaient maintenant disparaître. La structure même de ce sanctuaire exprimait que l’adorateur était tenu à distance, Dieu restant caché derrière un voile.

En effet, il se composait de deux parties distinctes, bien que formant un tout. Il y avait d’abord la première partie, qui est appelée ici le premier tabernacle ou lieu saint, où se trouvaient le chandelier d’or et la table sur laquelle étaient placés les pains de proposition. La seconde partie — l’autre tabernacle — était appelée saint des saints et séparée de la première par un voile qui est nommé ici le second voile, parce qu’il y en avait déjà un à l’entrée du lieu saint. Dans le saint des saints se trouvaient l’encensoir d’or (voyez Lév. 16:12, 13; Nomb. 16:46), avec lequel le souverain sacrificateur offrait du parfum l’unique jour où dans toute l’année il entrait là en présence de l’Éternel; puis l’arche de l’alliance, le trône de Jéhovah, renfermant la cruche d’or avec la manne, souvenir des soins de Dieu pour son peuple dans le désert (Ex. 16:32-34), la verge d’Aaron qui avait fleuri, sceau de sa sacrificature (Nomb. 17:10), et enfin les tables de la loi ou témoignage, nommées ici tables de l’alliance, car l’ancienne alliance était établie sur le principe de l’obéissance de l’homme (Ex. 34:27, 28; 25:21; 40:20). Enfin sur l’arche étaient les chérubins de gloire couvrant de leur ombre le propitiatoire. L’écrivain sacré ajoute qu’il n’a pas à parler en détail de ces choses qui ont toutes leur signification symbolique, comme nous le savons. Nous voyons, en effet, qu’il omet de mentionner l’autel des parfums, mais il parle de l’encensoir qui devait être rempli du feu pris sur cet autel quand, au grand jour des expiations, le souverain sacrificateur offrait l’encens non sur l’autel, mais dans le saint des saints, sur le feu contenu dans l’encensoir. Il faut remarquer que ce qui est dit des sacrifices dans les chap. 9 et 10, se rapporte à ceux qui étaient offerts en ce jour-là.

(v. 6-10). Après avoir montré la disposition du tabernacle partagé en deux parties, et avoir indiqué sommairement ce qu’elles contenaient, l’auteur nous rappelle deux faits dont il tire les conséquences. Premièrement, les sacrificateurs (parmi lesquels le souverain sacrificateur aussi) entraient bien constamment dans la première partie du tabernacle pour y accomplir le service, tel que d’offrir chaque jour l’encens sur l’autel des parfums, d’avoir soin des lampes du chandelier d’or, afin qu’elles brûlassent continuellement, et de placer chaque sabbat les pains de proposition sur la table (Ex. 30:7, 8; comp. Luc 1:9; 1 Chron. 6:49; Ex. 27:21; Lév. 24:1-9). En second lieu, le souverain sacrificateur seul, une fois l’an, au grand jour des expiations (Lév. 16:3-19), entrait dans le lieu très saint, en y portant le sang des victimes offertes pour lui-même (Lév. 16:11) et pour les fautes ou péchés d’ignorance du peuple (Lév. 16:15, 16). L’Esprit Saint qui était en Moise enseigne lui-même ce que signifient ces faits. En premier lieu, c’est que l’accès auprès de Dieu, sous la première alliance, était fermé. L’homme pécheur ne pouvait entrer dans le vrai lieu très saint, la demeure de Dieu, le ciel, dont la seconde partie du tabernacle était la figure. Le chemin pour y entrer n’avait pas été manifesté. Et secondement, nous voyons que toutes les ordonnances charnelles du culte mosaïque, les dons, les sacrifices, les ablutions, ne pouvaient rendre la conscience parfaite, purifiée du péché, chose indispensable à celui qui veut approcher de Dieu pour lui rendre culte.

L’expression «les lieux saints», au v. 8, indique la réunion des deux parties du tabernacle en une seule. C’est la figure du sanctuaire céleste où nous entrons; là il n’y a plus de voile. En effet, quand le Seigneur eut donné sa vie sur la croix, le voile du temple a été déchiré «depuis le haut jusqu’en-bas» (Matt. 27:51). Au chap. 10:19, de notre épître, nous lisons: «Ayez donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints». C’est donc pour nous le sanctuaire céleste.

Le souverain sacrificateur entrait, au jour des expiations, dans le lieu très saint, avec du sang des victimes, pour lui-même d’abord, puis pour les fautes du peuple. Ces fautes ou ignorances sont les péchés commis par erreur, tels qu’il en est parlé en Lév. 4:5 et Nomb. 15:22-29. Mais quant aux péchés commis volontairement, par fierté, il n’y avait point de sacrifice qui pût les expier: le coupable était inexorablement mis à mort (Nomb. 15:30-36). Les derniers versets sont un exemple de péché par fierté (voyez aussi Deut. 17:12). C’est ce qui est rappelé plus loin dans l’épître: «Si quelqu’un a méprisé la loi de Moïse, il meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins» (chap. 10:28).

Le tabernacle était une figure pour un «temps présent», actuel, sur la terre; les ordonnances qui s’y rapportaient ne devaient durer que jusqu’au «temps du redressement», l’économie nouvelle. S’attacher au mosaïsme, c’était donc préférer l’ombre à la réalité, ce qui ne pouvait satisfaire aux besoins de la conscience, à ce qui la rend parfaite. C’est ainsi que l’écrivain sacré passe au sujet qu’il a en vue, c’est-à-dire la valeur et la portée du sacrifice de Christ, en contraste parfait avec les sacrifices offerts sous l’ancienne alliance.

(v. 11, 12). Christ est venu! Tel est le grand et glorieux fait posé dès l’abord, et dont on comprend la portée en se rappelant ce qui a été dit de la dignité de sa Personne. Deux choses le caractérisent: 1° Christ est «souverain sacrificateur des biens à venir». Ces biens étant à venir ne sont donc pas les bénédictions dont, comme chrétiens, nous jouissons actuellement en Christ, bénédictions présentes et entièrement et purement célestes, comme l’est aussi notre relation avec Christ (Éph. 1:3). Ces biens à venir sont ceux qui appartiennent à la nouvelle alliance avec Israël, ce sont toutes les bénédictions promises que le Messie apportera quand il régnera durant le millénium. 2° Il est venu, «par le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas fait de main, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création»; c’est-à-dire que Christ est venu, non en rapport avec le tabernacle terrestre que la main de l’homme avait élevé, mais en rapport avec un tabernacle plus grand et plus parfait, en dehors de la création d’ici-bas, en rapport avec le tabernacle céleste. C’est toujours le contraste entre les ordonnances terrestres et les choses célestes — plus excellentes.

Cela posé, nous voyons: 1° que Christ est venu, non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang — nouveau contraste. Il a, par la valeur infinie et à jamais efficace de ce sang, obtenu une rédemption éternelle. L’œuvre est parfaitement, entièrement accomplie, et le péché ôté pour toujours. Nous avons une rédemption pour l’éternité. 2° Cette rédemption éternelle étant obtenue, Christ «est entré une fois pour toutes dans les lieux saints». Il y demeure en la présence de Dieu, gage pour nous de la perfection et de la permanence de l’œuvre accomplie.

Notons en passant la place qu’occupe le sang dans ce chapitre; mais c’est pour établir le contraste complet entre le sang des victimes et la valeur infinie et l’efficacité entière et éternelle du sang de Christ, comme nous le verrons dans la suite du chapitre. L’Écriture nous enseigne que le sang, c’est la vie; de là, la défense expresse de manger d’aucun sang (Gen. 9:4-6; Lév. 3:17; 7:26; 17:10-14; Deut. 12:16; Actes 15:28, 29). Le sang répandu, c’est la mort, c’est-à-dire la vie ôtée. Mais dans le cas de notre adorable Sauveur, c’est la vie donnée: il a donné lui-même sa vie à la mort (Jean 10:11, 15, 17, 18; És. 53:12).

(v. 13, 14). Voici maintenant les conséquences de cette rédemption éternelle. Pour les faire mieux ressortir, l’auteur rappelle ce qui avait lieu sous la loi. Les souillures contractées alors étaient extérieures, affectaient la pureté de la chair — c’était la lèpre, c’était l’attouchement d’un mort, etc. Celui qui était ainsi souillé se trouvait hors de la communion du peuple, jusqu’à ce qu’eût été offert le sang de taureaux et de boucs, ou qu’il eût été aspergé avec l’eau de purification préparée avec les cendres de la génisse rousse qui avait été immolée (voyez Lév. 4:5, 14, 16; Nomb. 19). Mais par le sang de Christ est opérée une purification bien autrement grande et importante — une purification morale, celle de la conscience.

Remarquons de quoi la conscience est purifiée: c’est des œuvres mortes, non pas seulement des péchés positifs, mais de tout ce que produit la nature pécheresse de l’homme mort dans ses fautes et dans ses péchés. Elles sont mortes ces œuvres, fruits d’un cœur corrompu et ne pouvant être d’aucune valeur devant Dieu, sauf pour condamner l’arbre qui les porte. Par l’œuvre de Christ, par le sang qui a été versé, à cause de cette rédemption éternelle, la conscience est purifiée, les œuvres mortes sont effacées, tout ce qu’était l’homme dans sa nature pécheresse et qui le souillait est mis de côté. Ainsi purifiés dans notre conscience, nous sommes rendus propres à servir le Dieu vivant. Cette expression «Dieu vivant» forme un contraste absolu avec ces œuvres mortes, avec l’état moral de l’homme irrégénéré qui les produit et qui se trouve ainsi dans l’incapacité absolue de servir le Dieu vivant. Notons que l’expression «servir» exprime non pas faire la volonté de Dieu, obéir, mais le service sacerdotal, en sa présence. C’est le même mot, traduit au v. 9 par «rendre culte». Quel heureux privilège que celui de pouvoir, avec une conscience purifiée, nous trouver devant Dieu pour le servir!

Mais arrêtons-nous encore un moment sur le moyen par lequel nous jouissons d’une telle faveur. C’est le sang de Christ, mais ici sont ajoutées plusieurs choses qui rehaussent la vertu et l’efficacité de ce sacrifice. Les victimes (v. 13) étaient offertes, sans conscience de ce qui se faisait. Christ s’est offert lui-même à Dieu. Il s’offrait dans la pleine conscience de ce qu’il faisait; l’offrande de lui-même était volontaire; c’était celle du dévouement et de l’obéissance à Dieu; ainsi le sacrifice de Christ était un acte moral accompli pour la gloire de Dieu. «Sans tache», est-il ajouté; les victimes devaient être extérieurement sans aucune tare. Mais Christ était moralement pur, sans tache, digne ainsi de Dieu auquel il s’offrait lui-même. Il s’agit ici de Christ homme; comme tel, il n’avait pas connu le péché; exempt de péché dans sa naissance comme conçu de l’Esprit Saint, conduit dans sa vie par l’Esprit Saint, il n’avait pas laissé le péché entrer en lui; en tout, il fut à part du péché. Tous ses motifs, ses mobiles, étaient parfaitement purs, n’ayant que Dieu en vue. Offrande volontaire, elle était aussi sans tache, et ainsi parfaite d’une perfection qui la faisait agréer de Dieu. C’était le véritable holocauste. Un autre trait vient encore s’ajouter à ce qui fait l’excellence du sacrifice de Christ. Il s’offre par l’Esprit éternel. Il le fait animé et mû entièrement dans cet acte par la puissance de l’Esprit de Dieu qui demeurait en lui comme homme. L’Esprit n’est pas nommé ici l’Esprit Saint, mais l’Esprit éternel, de même que la rédemption accomplie par le sacrifice de Christ est éternelle. La puissance dans laquelle Christ s’est offert est donc aussi caractérisée par ce même mot. L’Esprit par lequel Christ a accompli son sacrifice lui confère une efficacité et une valeur éternelles1. Combien est grande et magnifique l’œuvre de Christ à la croix!

1 «Il faut bien remarquer avec quel soin l’épître aux Hébreux attache à toutes choses l’épithète «éternel». Elle ne place point le croyant sur un terrain de relation avec Dieu dans le temps et sur la terre, mais c’est un terrain de relation éternel. Il en est ainsi de la rédemption et de l’héritage. En rapport avec ceci, l’œuvre sur la terre est accomplie une fois pour toutes. Il n’est pas sans importance de remarquer cela quant à la nature de l’œuvre. De là l’application de cette épithète, même au Saint Esprit» (Études sur la Parole, JND).

(v. 15). À cause de cela, en vertu de ce sang qui a été versé, de cette mort qui a été subie, Christ est devenu médiateur d’une nouvelle alliance. Cette nouvelle alliance est donc fondée sur son sang. Elle concerne Israël dans le futur, aussi l’apôtre évite toujours de faire une application directe de la nouvelle alliance; mais tout est prêt pour qu’elle ait son effet: le Médiateur est là, et la mort est intervenue «pour la rançon des transgressions qui étaient sous la première alliance». Les sacrifices offerts sous la première alliance ne pouvaient pas expier les transgressions commises, mais le Médiateur en a payé la rançon par sa mort, salaire du péché; elles sont effacées en vertu de cette mort, de sorte que «ceux qui sont appelés», appelés actuellement (voir chap. 3:1), sont au bénéfice de cette rançon, et reçoivent l’héritage éternel qui a été promis. Cet héritage comprend toutes les bénédictions promises et qui sont en rapport avec la nouvelle alliance, et il est éternel, ou à perpétuité, parce que l’œuvre qui ôte le péché de devant les yeux de Dieu est accomplie parfaitement, la nature et le caractère de Dieu étant glorifiés par elle, et qu’elle a une valeur éternelle.

(v. 16, 17). Le mot traduit par alliance, l’est ici par testament. Il veut dire une «disposition». L’alliance est une disposition que Dieu fait par rapport à l’homme qui entre en relation avec lui; un testament est une disposition en faveur de quelqu’un. Dans ces deux versets, qui forment une parenthèse amenée par l’idée d’héritage, on voit clairement que le sens est bien celui de testament. Cette pensée additionnelle est introduite pour montrer la nécessité de la mort de Christ — considéré comme testateur — pour que l’on puisse jouir de ce que le testament (les promesses) confère — c’est-à-dire les bénédictions de l’héritage éternel.

(v. 18-22). Revenant à la pensée d’alliance, l’auteur sacré montre que la première alliance n’avait pas été consacrée sans du sang, sans l’intervention de la mort. En effet, comme nous le lisons en Exode 24:7, 8, le sang des victimes scella l’autorité de la loi sur le peuple qui l’avait acceptée, en disant: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». C’était la sanction de la mort attachée à l’obligation de garder la loi. En second lieu, on voit par de nombreux passages, et en particulier en Lév. 16:15-19, que même le tabernacle et ses ustensiles, souillés par les impuretés et les transgressions des fils d’Israël, étaient purifiés par le sang1, et l’auteur arrive ainsi à cette grande et capitale vérité proclamée dans toute la loi: «Sans effusion de sang (sans la mort), il n’y a pas de rémission». L’alliance est donc fondée sur le sang; les souillures purifiées par le même moyen, et la rémission des péchés (l’enlèvement de la culpabilité) obtenue aussi par l’effusion du sang.

1 «Presque toutes choses sont purifiées par du sang, selon la loi», est-il dit. Il y avait des cas où l’eau était employée comme moyen de purification soit des personnes, soit des choses. Voyez Lévitique 15 et Nombres 19. «L’eau est une figure de la purification morale et pratique. Cette purification s’effectue par l’application au cœur et à la conscience de la parole qui juge tout mal et révèle tout bien».

(v. 23). Les images des choses qui sont dans les cieux — le tabernacle et ce qui y appartenait — étaient donc purifiées par le sang des victimes, mais les choses célestes elles-mêmes, pour être purifiées, demandaient des sacrifices plus excellents — celui de Christ. Ces choses célestes sont le sanctuaire d’en haut, le «vrai tabernacle» où Christ est entré et dont il est le ministre (chap. 8:1, 2). Elles ont besoin d’être purifiées, parce qu’elles sont souillées par la présence de Satan et de ses anges. Au grand jour des expiations (Lév. 16), le souverain sacrificateur, comme nous l’avons vu plus haut, purifiait avec du sang le sanctuaire terrestre souillé par les péchés des fils d’Israël. De même Christ, par son sang, en vertu de son sacrifice, a opéré tout ce qu’il faut pour la purification du sanctuaire céleste. L’œuvre sur laquelle repose cette purification, est accomplie parfaitement, et pour nous, nous en jouissons déjà pleinement, nos péchés étant effacés, et ainsi nous-mêmes réconciliés avec Dieu, et admis en sa présence, mais il reste encore un côté à venir de la purification, c’est lorsque Satan et ses anges seront précipités du ciel (Apoc. 12:9). C’est aussi en vertu du sacrifice de Christ, du «sang de la croix», qu’aura lieu la réconciliation de «toutes choses» avec Dieu, «soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux» (Col. 1:20) , quand Satan sera jeté dans l’abîme et lié (Apoc. 20:1-3); mais nous, nous sommes déjà maintenant réconciliés «dans le corps de sa chair, par la mort» (Col. 1:21, 22). On voit donc ici, comme dans l’épître aux Hébreux, l’œuvre de Christ à la croix, son sang versé, et l’application actuelle de son œuvre aux croyants, puis son application future — la purification des choses célestes et la réconciliation de toutes choses.

(v. 24). Voici donc le grand fait qui suit le sacrifice de Christ. Il entre, non dans le sanctuaire terrestre fait de main, mais dans le sanctuaire céleste, le ciel, dont le premier n’était que l’image. Il se trouve là selon l’excellence de sa Personne et en vertu de la perfection de son œuvre accomplie, en la présence de Dieu même, et il y paraît maintenant pour nous. Comme le souverain sacrificateur qui entrait une fois l’an dans le lieu très saint et y représentait Israël, ainsi Christ paraît maintenant pour nous devant la face de Dieu et il y demeure, notre position ne change donc pas. Quelle grâce d’être ainsi, sans voile, en la présence de Dieu! Quelle perfection dans la Personne et l’œuvre de Celui qui paraît là pour nous! Quelle sécurité pour l’âme d’être ainsi représentée!

(v. 25, 26). En Israël, le souverain sacrificateur devait entrer chaque année dans le sanctuaire avec le sang de nouvelles victimes, un sang autre que le sien, afin de purifier le peuple et le tabernacle. L’œuvre n’était jamais parfaite et n’ôtait pas le péché pour toujours: il fallait constamment recommencer. Il n’en est pas ainsi de Christ. Il est entré une seule fois dans le sanctuaire céleste et il y demeure. Car il est venu avec son propre sang, et comme son sacrifice est parfait en lui-même et dans ses effets, il ne saurait être répété. Pour se répéter, il eût fallu que Christ souffrît plusieurs fois depuis la fondation du monde, depuis l’introduction du péché, mais il n’en était pas besoin, car «maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice (le sacrifice de lui-même)». Vérité de toute importance et infiniment précieuse.

«En la consommation des siècles», est-il dit. «Les siècles», c’est le temps de la patience de Dieu envers l’homme avant l’œuvre de Christ, le temps où de diverses manières l’homme est mis à l’épreuve; c’est le temps où se déroule l’histoire de l’homme placé sous sa propre responsabilité, dans les diverses dispensations par lesquelles Dieu le faisait passer: avant la loi, sous la loi, avec la sacrificature pour approcher de Dieu, avec des promesses, puis avec la présence de son Fils bien-aimé venant en grâce et en puissance de délivrance. Ces siècles d’épreuve ont montré clairement ce qu’est l’homme dans sa nature et sa volonté. Il ne s’est point soumis à Dieu, n’a profité d’aucun moyen de s’approcher de Dieu; il s’est clairement manifesté comme mauvais, irrémédiablement mauvais, pécheur et ennemi de Dieu, tellement qu’à la fin de sa carrière d’amour sur la terre, Jésus prononce cette douloureuse parole, qui résume finalement ce qu’est le cœur de l’homme: «Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père» (Jean 15:24). C’est là «la consommation des siècles», la fin de l’histoire de l’homme mis à l’épreuve. Il met le comble à son péché en rejetant et crucifiant le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu. Mais alors aussi Dieu intervient selon ses conseils éternels de grâce. L’homme a montré son entière incapacité à répondre à ce que Dieu demandait de lui, et en même temps sa profonde inimitié contre Dieu, alors le Christ rejeté est manifesté comme accomplissant l’œuvre de Dieu — l’abolition du péché, et cela dans ce rejet même, par cette mort qu’il subit volontairement de la part des hommes. Cette œuvre est parfaitement accomplie. Le péché qui avait déshonoré Dieu et qui avait séparé l’homme de lui, est aboli par le sacrifice de Christ. Il est ôté de devant les yeux de Dieu, et il l’est une fois pour toutes, car Christ a été manifesté une fois, et cette unique fois suffisait, puisque le péché une fois aboli, le grand et final résultat était atteint pour la gloire de Dieu et la bénédiction de l’homme. La consommation des siècles est ainsi moralement arrivée. Il est vrai que tous les résultats de l’œuvre de Christ ne sont pas encore manifestés, mais la base est posée. Le péché sera ôté du monde (Jean 1:29); les œuvres du diable seront détruites (1 Jean 3:8); il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habite, une création toute nouvelle (Apoc. 21:1; 2 Pierre 3:13) , où le péché et ses conséquences n’existeront point et ne pourront jamais entrer, et tout cela est le résultat de l’œuvre de Christ; son sacrifice, le sacrifice de lui-même sur la croix, est le fondement sur lequel repose cette manifestation de la puissance, de l’amour et de la gloire de Dieu pendant l’éternité. Mais déjà ce résultat, savoir l’abolition du péché, est réalisé pour le croyant dans la conscience, de même qu’il appartient aussi déjà moralement à la nouvelle création (2 Cor. 5:17).

(v. 27, 28). La fin du verset précédent présente l’œuvre de Christ — son sacrifice — et sa portée générale, le résultat complet et final étant encore à venir. Nous avons dans les v. 27 et 28, ce résultat déjà possédé par le croyant, non pas sans doute tel qu’il sera dans la gloire, mais déjà complet quant à ce qui concerne la conscience, de sorte que pour lui le péché est aboli, et il est sans voile en la présence de Dieu. Seulement ici, Christ est présenté sous le caractère de substitut: il porte les péchés. Au grand jour des expiations, il y avait deux boucs mis à part — un pour l’Éternel, offert en sacrifice pour le péché du peuple et dont le sang était porté dans le sanctuaire, afin de faire propitiation pour le lieu saint et le purifier des impuretés du peuple d’Israël. En type, cela correspond à l’abolition du péché devant Dieu par le sacrifice de Christ. Le second bouc n’était pas mis à mort, mais cependant identifié avec le premier dans sa mort, car il devait disparaître dans une terre inhabitée, figure de la mort. Sur la tête de ce bouc étaient confessées par Aaron, le souverain sacrificateur représentant le peuple, les transgressions et les iniquités des fils d’Israël; elles étaient mises sur lui, puis on le conduisait au désert, et il y emportait tous ces péchés qui disparaissaient ainsi de devant les yeux de Dieu et du peuple (Lév. 16). En type, ce second bouc nous présente Christ, «s’offrant lui-même pour porter les péchés de plusieurs», c’est-à-dire Christ, notre substitut à nous croyants: «Il a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2:24).

Deux réalités terribles attendent l’homme à cause du péché, la mort «et après cela le jugement». C’est le sort de l’homme comme enfant d’Adam: il lui est réservé de mourir une fois, mais tout ne finit pas pour lui à cette mort qui est les gages du péché (Rom. 6:23); il reste ce qui est encore plus terrible, c’est-à-dire le jugement. La mort ne fait que l’introduire devant le Dieu qui le juge, et c’est pourquoi la mort est le roi des terreurs (Job 18:14).Mais pour le croyant, son sort est tout changé; il ne dépend plus d’Adam, mais de Christ. Et en Christ, il trouve deux certitudes bénies: premièrement, Christ a été offert une fois pour porter ses péchés, et par conséquent ils sont entièrement ôtés; et secondement, Christ va bientôt paraître et apporter une parfaite délivrance à ceux qui l’attendent. Il n’a donc point à redouter le jugement et ainsi pour lui la mort, s’il doit la subir, n’a point de terreurs.

Remarquons l’expression «plusieurs». Cela est opposé à tous. L’œuvre de Christ est suffisante pour tous; il s’est donné en rançon pour tous; il est la propitiation pour le monde entier (1 Tim. 2:6; 1 Jean 2:2), mais il n’a pas porté les péchés de tous, sans quoi tous seraient sauvés. Ceux-là seuls qui croient sont au bénéfice de son œuvre. «La justice de Dieu par la foi en Jésus Christ» est envers tous, mais seulement «sur tous ceux qui croient» (Rom. 3:22).

Pour ceux-là, remarquons-le aussi, il n’est point question de mort. Ils attendent Christ, et il leur apparaîtra — c’est sa seconde venue — et combien elle est différente de la première! Dans celle-ci, il a paru dans l’humiliation, mais alors il apparaîtra en gloire. Dans sa première venue, absolument sans péché dans sa Personne, nous le savons (Héb. 4:15), il a eu cependant affaire avec le péché. En effet, lui qui n’a point connu le péché a été fait péché pour nous (2 Cor. 5:21); il a été la victime pour le péché (Rom. 8:3); il a porté les péchés des «plusieurs»; il en a été chargé sur la croix. Mais là, il a aboli le péché, par son sacrifice; il a fait là la purification des péchés; il les a expiés et les a ôtés totalement pour les croyants: cette œuvre est parfaitement accomplie; la question est réglée, et quand il apparaîtra une seconde fois, ce sera «sans péché» , en dehors de toute question de péché, n’ayant plus rien à faire avec le péché, relativement aux croyants, à ceux qui l’attendent, car leurs péchés ont été entièrement ôtés. Il leur apparaîtra, non pour le jugement, mais à salut, c’est-à-dire pour les délivrer de toutes les conséquences du péché. Remarquons que cette expression «à salut» qui s’applique d’une manière absolue au chrétien, embrasse aussi le résidu juif qui, dans le temps à venir, attendra Christ et le verra apparaître pour sa délivrance. Il n’est point parlé ici de l’enlèvement des saints, tel que nous le voyons mentionné en 1 Thess. 4, mais de l’apparition de Christ pour la délivrance de ceux qui l’attendent — les chrétiens actuellement, le résidu juif plus tard. Il ne s’agit point non plus de sa manifestation publique au monde, alors que tout œil le verra (Apoc. 1:7), car alors ce sera pour le jugement. Ici, c’est «à salut à ceux qui l’attendent».

Quelle merveilleuse histoire de la grâce que celle qui nous conduit de notre état de ruine, par le sacrifice de Christ abolissant le péché, jusqu’à la délivrance finale des saints, en nous donnant déjà maintenant une place assurée en la présence de Dieu où Christ paraît pour nous!

En la consommation des siècles, Christ a paru une première fois pour abolir le péché et porter les péchés; il va apparaître une seconde fois sans péché, pour la pleine délivrance de ceux qui l’attendent; c’est notre espérance. Nous nous trouvons entre ces deux venues, parfaitement purifiés, sans conscience de péchés, devant Dieu, en la présence duquel Christ paraît maintenant pour nous. Quelle position bénie, quelle heureuse attente!

Cette déclaration «apparaîtra à salut», termine et consomme une série de passages dans l’épître où se trouve l’expression «salut». Il y a «ceux qui vont hériter du salut» (1:14); «un si grand salut» (2:3); «le chef de leur salut» est consommé par les souffrances (2:10); c’est un «salut éternel» (5:9); les choses excellentes tiennent à ce salut (6:9); ce salut — opéré par Christ — est entier, se poursuit jusqu’à l’achèvement de la course chrétienne (7:25); et cette fin de la course, c’est lorsqu’il «apparaîtra à salut à ceux qui l’attendent».