Hébreux

Chapitre 8

(v. 1, 2). Ces deux versets sont le résumé de tout ce que l’auteur de l’épître a dit touchant le merveilleux sujet de la souveraine sacrificature de Christ dans le ciel. Ce sujet, introduit à la fin du chap. 2, se poursuit jusqu’à notre chapitre, à travers les autres, avec des interruptions où des choses accessoires sont traitées, telles que le repos, au chap. 4, la profession, au chap. 6, etc. Mais si l’on prend les deux derniers versets du chap. 2, les premiers du 3°, les versets 14 à 16 du 4°, les versets 1 à 11 du 5°, le dernier du 6° et tout le chap. 7, on verra ce que veulent dire ces mots: «la somme de ce que nous disons». Cette somme, ce résumé est le fait glorieux de la souveraine sacrificature de Christ dans les lieux saints, le ciel, où il s’est assis à la droite du trône de la majesté, c’est-à-dire dans la position suprême de grandeur. Ces lieux saints, ce vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme, sont en contraste avec le tabernacle terrestre dressé au désert, et où officiaient les sacrificateurs selon la loi. Dans le vrai tabernacle céleste, officie en notre faveur, par son intercession, Celui qui, après s’être offert lui-même comme victime, y est entré et a été salué souverain sacrificateur pour l’éternité.

Ce grand fait introduit une économie nouvelle qui met fin à l’ancienne, non plus sous le rapport seulement des ordonnances lévitiques, mais aussi de l’alliance qui s’y rattachait et qui est mise de côté pour faire place à une nouvelle et meilleure alliance. Tel est le sujet du chapitre qui nous occupe.

(v. 3). L’office du souverain sacrificateur était de présenter à Dieu pour le peuple des dons et des sacrifices. «Celui-ci», Jésus, a donc dû aussi avoir quelque chose à offrir. Il s’est offert lui-même sur la croix, et ce sacrifice étant accompli, il présente à Dieu pour nous son intercession dans le ciel (comparez 7:27 et 25).

(v. 4). Mais l’auteur insiste sur le fait que ce n’est pas sur la terre. Là il y avait des sacrificateurs qui offraient des dons selon la loi pour un peuple terrestre. L’Esprit Saint veut toujours plus détacher les Hébreux de la terre et les introduire dans les choses plus excellentes du ciel.

(v. 5). C’est ce que ce verset nous montre clairement. Tout le service des sacrificateurs selon la loi se rapportait à «la figure et l’ombre des choses célestes». Tout y était prescrit de Dieu, tout devait s’y faire exactement pour répondre à sa pensée, cela avait été répété quatre fois à Moise par l’Éternel (Ex. 25:9, 40; 26:30; 27:8), mais ce n’étaient que des figures des choses célestes, «des lieux saints et du vrai tabernacle» dont Christ est ministre. Que devaient donc préférer les Hébreux, les ombres ou la réalité?

(v. 6). Cette réalité céleste est en Christ, le «Médiateur d’une meilleure alliance» que celle à laquelle se rapportaient la sacrificature et les ordonnances lévitiques. L’auteur, au chap. 7:22, a touché ce sujet de l’alliance dans ces paroles: «C’est d’une alliance d’autant meilleure que Jésus a été fait le garant». Il reprend ici le sujet qu’il va, dans les versets suivants et au chap. 9, traiter d’une manière complète. Mais remarquons comme en toutes choses la gloire de Christ ressort, effaçant toutes les gloires de l’économie précédente, que les Hébreux auraient pu faire valoir. Voilà la sacrificature aaronique mise de côté et remplacée par sa sacrificature céleste. Et l’alliance traitée avec les pères par la médiation de Moise, que devient-elle? Elle est aussi mise de côté pour faire place à une meilleure, dont le Médiateur est bien plus grand que Moise et «qui est établie sur de meilleures promesses». Les promesses de l’ancienne alliance reposaient sur l’obéissance à la loi. Celles de la nouvelle sont inconditionnelles, ayant pour source la grâce de Dieu seule et basées, quant à leur accomplissement, sur le sacrifice de Christ, ainsi que le montrera le chapitre 9.

(v. 7). Le fait qu’une nouvelle alliance avait été annoncée dans les Écritures, comme on le voit plus loin, faisait voir que la première n’était pas irréprochable — «la loi n’a rien amené à la perfection»: elle n’était que provisoire, en rapport avec un peuple terrestre placé sous la condition d’obéissance. Tout ce que Dieu avait dit, ordonné, établi, était sans doute sans défaut; mais ce n’étaient que des ombres, et le peuple à qui la loi était donnée, avec qui l’alliance était traitée, était un peuple charnel, «de col roide», incapable de garder la loi et de ne pas enfreindre cette alliance. Elle devait donc être remplacée par une autre, et c’est en ce sens qu’elle n’était pas irréprochable. Le peuple était tenu de la garder, responsable s’il ne le faisait pas. Aussi est-ce en le censurant, en lui faisant des reproches mérités pour n’avoir pas gardé l’alliance, que, dans sa grâce souveraine, Dieu en annonce une autre.

(v. 8-12). L’Esprit Saint cite les magnifiques promesses relatives à cette nouvelle alliance et que le prophète Jérémie faisait entendre au peuple dans un jour d’extrême ruine (Jér. 31:31-34). Mais au lieu d’entrer dans des développements sur les bénédictions de cette seconde alliance, l’auteur se borne à tirer la conclusion que, puisqu’il y avait une nouvelle alliance, l’ancienne disparaissait. Les croyants Hébreux étaient ainsi détachés de l’ancienne alliance, comme ils l’avaient été de toutes les autres choses qui se rattachaient au judaïsme, et en même temps préservés de s’attacher à ce que comporte la nouvelle alliance qui a trait à un temps encore à venir.

(v. 13). C’est avec ménagement — et nous pouvons ici admirer les tendres soins de Dieu — que le Saint Esprit conduit peu à peu les croyants Hébreux à laisser le judaïsme et tout ce qui s’y rapporte. Ainsi, au v. 4, il est fait mention des sacrificateurs, comme exerçant encore alors leurs fonctions sur la terre, et cependant la croix de Christ y avait mis fin pour les croyants. De même, ce dernier verset de notre chapitre ne dit pas que l’ancienne alliance a passé, mais qu’elle vieillit et va disparaître. C’est comme une personne très âgée: elle est encore là, mais elle est sur le point de quitter la scène de ce monde.

Remarquons encore qu’au v. 8, en citant Jérémie 31, l’Esprit Saint rappelle que c’est «en censurant» que l’Éternel proclame la nouvelle alliance. Quel Dieu de grâce! Combien de fois, en effet, ne voyons-nous pas dans les prophètes, que les menaces, les jugements, les malédictions prononcés contre Israël, à cause de ses désobéissances et de sa rébellion, sont accompagnés des promesses de bénédiction qui s’accompliront aux temps millénaires! (Voyez, par exemple, És. 2:2-5; 4:2-6; 11:6-16; 12, etc.).

Ajoutons encore quelques mots, nécessaires aux chrétiens, touchant la nouvelle alliance.

Selon les termes de Jérémie 31, cités dans notre chapitre, la nouvelle alliance, de même que l’ancienne, est établie avec Israël, le peuple terrestre, et non avec nous chrétiens. Les alliances sont relatives aux voies et au gouvernement de Dieu en rapport avec des hommes qui sont avec lui dans une condition de relation terrestre. Il n’y a pas d’alliances dans le ciel. Pour nous chrétiens, notre position et nos bénédictions sont dans le ciel (Éph. 1:3). D’ailleurs le caractère de nos relations avec Dieu et avec Christ ne comporte pas une alliance. La relation d’enfant à père, ni celle d’épouse à époux, ne sont des alliances. Être uni dans la gloire, par le Saint Esprit, au Médiateur de la nouvelle alliance, est loin d’être une alliance. Mais nous sommes sauvés par le sang de l’alliance. Nous bénéficions, avant le résidu à venir d’Israël, des privilèges essentiels de la nouvelle alliance, dont Dieu a posé le fondement sur le sang de Christ, mais c’est en esprit et non selon la lettre.

Remarquons aussi la différence entre Moïse, médiateur de l’ancienne alliance, et Christ, Médiateur de la nouvelle. Moïse était intermédiaire entre Dieu et le peuple, pour transmettre à celui-ci la teneur du contrat qu’il acceptait comme passé avec Dieu, et il annonçait les peines attachées à l’infraction de la loi. Mais Christ meurt pour la nation (Jean 11:50-52), et, comme nous le verrons au v. 15 du chap. 9, sa mort intervient pour la rançon des transgressions qui étaient sous la première alliance. Ainsi se trouve posée la base de toute la bénédiction de la nouvelle alliance; non l’obéissance des hommes pécheurs, mais la mort de Christ pour les pécheurs.

Une autre différence entre la première alliance et la nouvelle, c’est que la première était établie avec le peuple (v. 9: «avec leurs pères»); il y avait deux parties contractantes. Au contraire, la nouvelle sera établie non avec eux, mais pour eux (v. 8 et 10: «j’établirai pour la maison d’Israël», etc…) Pour la nouvelle alliance, Dieu est seul et peut bénir sur le fondement de la rédemption parfaite accomplie par Christ.