Galates

Chapitre 6

Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté. (v. 1)

Les versets 1 à 10 de notre chapitre contiennent des conclusions pratiques tirées de toute la doctrine de cette épître. Les deux premiers chapitres nous avaient montré le cas qu’il fallait faire de l’homme dans l’œuvre de Dieu. La sentence de mort était prononcée contre lui. Seul le second homme, Christ, pouvait subsister devant Dieu ainsi que tous ceux qui, étant nés de l’Esprit, appartenaient à ce second homme. Mais l’homme nouveau ayant encore la chair ou le vieil homme en lui, peut se laisser surprendre par quelque faute, revenir à quelque acte qui ne peut être attribué qu’au vieil homme ou à la chair. Ceux auxquels l’apôtre s’adresse sont des hommes spirituels, ceux qui réalisent, dans leur marche, le fruit de l’Esprit et ne sont pas tombés pour avoir oublié le caractère du nouvel homme. Qu’ont-ils à faire? Redresser un tel homme, mais non dans un esprit légal qui ne peut que condamner sans rémission. L’esprit de l’homme spirituel est un esprit de douceur. Il sait que lui aussi peut être tenté et tomber, comme celui qu’il est appelé à redresser. Cela le fait prendre garde à lui-même, le préserve d’orgueil et de chute. Ainsi, vivant par l’Esprit, il marche aussi par l’Esprit.

 

Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ; car si, n’étant rien, quelqu’un pense être quelque chose, il se séduit lui-même; mais que chacun éprouve sa propre œuvre, et alors il aura de quoi se glorifier, relativement à lui-même seulement et non relativement à autrui: car chacun portera son propre fardeau. (v. 2-5)

L’exhortation s’adresse maintenant à ceux qui étaient spirituels non pas quant à leur attitude vis-à-vis de celui qui avait commis quelque faute, mais quant à leurs rapports entre eux. Ils devaient porter les charges les uns des autres. L’amour seul pouvait les conduire dans un tel chemin; chacun oubliant sa charge à lui pour porter celle de son frère. N’était-ce pas l’exemple que leur avait donné en perfection la personne adorable de Christ? S’ils faisaient cela, la loi du Christ était chose accomplie en eux. Y avait-il aucune nécessité à y ajouter une autre loi? Le fardeau était porté et continuait à l’être. Était-ce ainsi que se comportaient vis-à-vis des Galates ceux qui voulaient les ramener à la loi, ou bien étaient-ils de ceux qui, tout en chargeant les autres, ne touchaient pas ces fardeaux d’un seul de leurs doigts? (Luc 11:46). Or que chacun éprouve ou plutôt discerne (voyez Rom. 12:2; Phil. 1:10; Éph. 5:10) sa propre œuvre. Ces gens avaient-ils travaillé pour le Seigneur? Ils auraient de quoi se glorifier s’ils avaient été les instruments d’une œuvre pour Christ, mais le pouvaient-ils? N’étant rien, ils pensaient être quelque chose et se séduisaient eux-mêmes. À coup sûr ils ne pouvaient se glorifier de ce qu’ils faisaient maintenant, car c’était autrui qui avait fait l’œuvre parmi les Galates. Et certes ce n’était pas la charge de leurs frères qu’ils songeaient à porter, mais chacun d’eux porterait son propre fardeau quand leur responsabilité serait mise en cause.

 

Que celui qui est enseigné dans la Parole fasse participer à tous les biens (temporels) celui qui enseigne. (v. 6)

Ce passage qui semble venir ici un peu abruptement et sans liaison avec ce qui précède, introduit, peut-être à deux fins, une vérité incontestable. D’un côté nos cœurs égoïstes tout en recevant volontiers l’enseignement de la Parole sont facilement beaucoup plus occupés de leurs propres intérêts que de ceux des ouvriers envoyés par le Seigneur et seraient disposés à restreindre leurs libéralités envers ceux qui nous enseignent. Cette manière de faire répond-elle à ce qui nous est dit ici: «faire participer celui qui nous enseigne dans la Parole, à tous les biens»? C’est beaucoup dire. La question de l’hospitalité, de la nourriture, du vêtement est traitée à fond par une phrase pareille, sans en exclure, cela va sans dire, l’aide pécuniaire.

Mais cette phrase pourrait aussi faire allusion d’une manière détournée aux prétentions des docteurs judaïsants qui auraient pu se vanter auprès des Galates de ne pas chercher les biens temporels et de n’avoir d’autre but en enseignant que le perfectionnement des Gentils, en contraste avec Paul qui tout en ayant reçu grâce et apostolat pour l’obéissance de la foi parmi les nations, les exhortait à la libéralité.

Sous les dehors du désintéressement, ces faux frères avaient, comme on le voit dans cette épître, un autre but que l’argent. Ils voulaient s’acquérir des gens «zélés à leur égard», se créer des adeptes en excluant l’apôtre.

 

Ne soyez pas séduits; on ne se moque pas de Dieu; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. Or ne nous lassons pas en faisant le bien, car, au temps propre, nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas. Ainsi donc, comme nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi. (v. 7 -10)

Ce passage revient au sujet capital et immuable de l’épître. La religion de la chair ne peut absolument se concilier avec celle de l’Esprit. L’alliance des deux est impossible; ce sont deux terrains entièrement séparés. Vouloir les confondre ou les réunir, c’est se séduire soi-même, bien plus, c’est se «moquer de Dieu». Pour celui qui sème pour la chair, il n’y a qu’une moisson possible: la corruption; et cette épître tout entière montre que la religion qu’on cherchait à imposer aux Galates n’était pas autre chose que la religion de la chair. À quoi conduisait-elle? Nous l’avons vu aussi tout du long de cette épître. Mais où conduisait la marche opposée? «Celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle». Et qu’est-ce que la vie éternelle, sinon une vie spirituelle et divine répondant à la nature de Dieu, capable de le connaître et de jouir de lui, une vie sainte et irréprochable devant Dieu en amour, une vie qui se résume dans la connaissance d’une personne: Christ! Aucun mélange possible avec les semailles et la moisson de la chair. C’était se moquer de Dieu que de préférer ces dernières à la moisson de l’Esprit, au bonheur sans limite de la communion avec Christ et de la jouissance de la vie de Dieu! Et encore, cette vie éternelle devait-elle se montrer non seulement dans la communion avec Christ, mais en faisant du bien1. Ne défaillons pas dans ces semailles et nous moissonnerons au temps propre; et, en outre, n’oublions pas que si nous sommes appelés à secourir surtout ceux de la «maison de la foi», nous avons à l’occasion à secourir et à encourager par nos sympathies tous ceux qui, ne faisant pas partie de cette maison, traversent les misères et les souffrances de ce pauvre monde, courbé sous les conséquences du péché. — Comme l’exhortation contenue dans ces versets était propre à délivrer les Galates du joug qu’on cherchait à leur imposer et à les ramener dans la jouissance du vrai bonheur et de la pleine liberté de la grâce!

1 Sur la différence de ces deux termes «faire le bien» aux versets 9 et 10 consultez l’Étude sur la première épître à Timothée, par H. R.

 

Vous voyez quelle longue lettre je vous ai écrite de ma propre main. Tous ceux qui veulent avoir une belle apparence dans la chair, ceux-là vous contraignent à être circoncis, seulement afin qu’ils ne soient pas persécutés à cause de la croix de Christ. Car ceux-là qui sont circoncis, eux-mêmes ne gardent pas la loi; mais ils veulent que vous soyez circoncis, afin de se glorifier dans votre chair. Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le MONDE m’est crucifié, et moi au MONDE. Car ni la circoncision, ni l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création. Et à l’égard de tous ceux qui marcheront selon cette règle, paix et miséricorde sur eux et sur l’Israël de Dieu. (v. 11-16)

L’apôtre montre ici toute sa sollicitude pour ces chères assemblées dont il mesurait les dangers. Il n’avait écrit de sa propre main une lettre tout entière pour aucune autre assemblée. Il démêle les motifs de ceux qui voulaient les faire circoncire, car on se soustrayait ainsi à la persécution à cause de la croix de Christ. Nous avons vu, tout du long, depuis le commencement de cette épître, que la croix de Christ met fin à l’homme et à la chair. À quoi rime alors la loi? «Je suis mort à la loi». «Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair». — Mais ceux qui contraignent les Galates à se faire circoncire ne gardent pas eux-mêmes la loi. Alors pourquoi la circoncision? Ils en tirent profit pour eux-mêmes, afin de se glorifier dans leur chair. Le fait est qu’ils reculaient devant l’opprobre de Christ et qu’ils s’attachaient à la religion qui conserve les formes judaïques parce qu’ils ne pouvaient se résoudre à avoir mauvaise apparence, ni à répudier entièrement la chair comme une chose qui ne mérite que la croix (5:24). C’était une gloire, même devant les païens, d’appartenir à une religion qui reconnaissait un seul Dieu, mais non pas à une religion qui condamnait le monde. Le Juif dans la chair en était offensé, plus même que le gentil, parce que cette religion lui faisait perdre la gloire dont il avait été investi devant d’autres à cause de sa connaissance du seul vrai Dieu. Mais, s’ils étaient crucifiés avec Christ où serait l’occasion de se glorifier? Or l’apôtre s’écrie: «Mais qu’il ne m’arrive pas à moi (quand eux ont de tels desseins) de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ». Voilà le mot de la fin. Cette épître est la croix appliquée à tout ce qui est de l’homme et de la chair. Mais il ajoute encore un mot qui résume, complète et domine tout: v. 14: «la croix par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde». Ce mot de la fin rejoint ainsi celui du commencement: «Il s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais» (1:4). Que reste-t-il? L’homme a disparu dans la condamnation avec tout ce qui est de la chair et avec tout ce qui est du monde. La loi, quand il s’agit du chrétien, ne trouve plus à qui s’adresser. Rien ne subsiste de ce qui a trait à l’ancienne création; il reste uniquement ce qui a trait à la nouvelle. «Dans le Christ Jésus, ni la circoncision, ni l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création»: celle-ci est tout. — Au v. 16, l’apôtre invoque la paix et la miséricorde sur tous ceux qui marchent selon cette règle, celle de la nouvelle création. Il embrasse dans la même bénédiction l’Israël de Dieu. Ce sont les Israélites qui croient maintenant à l’Évangile et qui ont, comme de raison, toute l’approbation de Dieu, toute sa faveur.

 

Désormais que personne ne vienne me troubler, car moi je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit, frères! Amen. (v. 17, 18)

Désormais l’apôtre ne veut pas de nouveaux troubles sur ce sujet. Tout est dit. Quant à lui il montre dans son corps ce que la vérité qu’il proclame hautement attire aux fidèles. Que ces adversaires montrent sur leurs corps ces mêmes traces! Ce sont les marques du Seigneur Jésus. On les verra, comme témoins, éternellement sur son corps à Lui. «Que la grâce (comme cette expression va bien avec le contenu de l’épître!) de notre Seigneur Jésus Christ (la seule chose qu’il leur souhaite!) soit avec votre esprit, frères» (la chair n’ayant aucune bénédiction à attendre de la grâce!) Ce large amour embrasse tous ceux qui sont de Lui!