Ézéchiel

Chapitre 44

Le prophète est ramené de nouveau à la porte qui regarde vers l’Orient. Cette fois elle est fermée. Quand il l’avait vue la première fois, la gloire de l’Éternel entrait précisément par ce chemin dans la maison, et la remplissait (43:1-5). Ceci fournit l’occasion pour une nouvelle parole de l’Éternel. Il y a bien assez d’indications pour décider de son application. «Et il me fit retourner vers la porte extérieure du sanctuaire, qui regardait vers l’orient, et elle était fermée. Et l’Éternel me dit: Cette porte sera fermée; elle ne sera pas ouverte, et personne n’entrera par elle; car l’Éternel, le Dieu d’Israël, est entré par elle; et elle sera fermée. Quant au prince, le prince, lui, y sera assis pour manger le pain devant l’Éternel. Il entrera par le chemin du portique de cette porte, et il sortira par le même chemin» (44:1-3).

Que l’Éternel, le Dieu d’Israël, soit entré par cette porte, suffisait pour la fermer à tous sauf à son représentant. Car l’Éternel aura un représentant sur la terre — le prince — et ce prince s’assiéra pour manger le pain devant l’Éternel. Il aura l’honneur d’entrer et de sortir par le chemin du portique de cette porte. Aucun souverain sacrificateur n’a jamais réclamé ce droit. Or en fait, le chef terrestre d’Israël ne sera pas un sacrificateur, mais le prince. Les chapitres 45 et 46 nous apprendront davantage à son sujet. Il suffit de dire ici qu’il n’est certainement pas le Messie, car quoiqu’il soit entièrement distinct des sacrificateurs, il a besoin d’offrir un sacrifice pour le péché, et peut avoir des fils. Sans doute ce sera, dans l’avenir, un prince de la maison de David.

«Et il m’amena par la porte du nord, devant la maison; et je vis, et voici, la gloire de l’Éternel remplissait la maison de l’Éternel; et je tombai sur ma face» (44:4). Il est clair qu’il s’agit du royaume. Le prince sera là, de même que la gloire de l’Éternel. Jusqu’à présent on n’a jamais rien vu de semblable, sinon en type une fois aux jours de Salomon. Il y a de grandes choses en réserve pour Israël.

«Et l’Éternel me dit: Fils d’homme, applique ton cœur et regarde de tes yeux, et écoute de tes oreilles tout ce que je te dis concernant toutes les ordonnances de la maison de l’Éternel et toutes ses lois; et applique ton cœur à considérer l’entrée de la maison, ainsi que toutes les issues du sanctuaire» (44:5). Les hommes ont manqué à appliquer leur cœur. Ils n’ont pas compris la différence entre les ordonnances et les lois de la maison données ici, et les circonstances passées du temple. Ils ont manqué à appliquer leur cœur à considérer, et ont tout confondu avec ce qui a existé dans le passé. Effectivement, l’homme est habituellement lent à comprendre. Seul le Saint-Esprit peut nous montrer les «choses à venir» selon Dieu.

«Et dis aux rebelles, à la maison d’Israël: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: c’en est assez de toutes vos abominations, maison d’Israël, que vous ayez amené les fils de l’étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, pour qu’ils fussent dans mon sanctuaire, — ma maison, — pour le profaner quand vous avez présenté mon pain, la graisse et le sang; et ils ont rompu mon alliance par toutes vos abominations!» (44:6-7). Désormais, on ne suivra plus les idoles, et Israël en aura fini avec toutes ses abominations. Il n’y aura plus d’intrigues en rapport avec la sacrificature, et l’on ne violera plus l’alliance de l’Éternel. La sainteté sera observée dans la maison de l’Éternel pour toujours. Ici Il leur rappelle leurs péchés, mais leur montre que de pareilles voies ne seront plus tolérées.

«Et vous n’avez pas vaqué au service de mes choses saintes, mais vous avez établi pour vous des étrangers pour vaquer à mon service dans mon sanctuaire» (44:8). Tout manquement de la sorte prendra fin.

«Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Aucun étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, n’entrera dans mon sanctuaire, d’entre tous les étrangers qui sont au milieu des fils d’Israël. Mais les Lévites, qui se sont éloignés de moi dans les égarements d’Israël par lesquels ils se sont égarés d’auprès de moi en allant après leurs idoles, porteront leur iniquité, mais ils serviront dans mon sanctuaire comme gardes aux portes de la maison, et feront le service de la maison; ils égorgeront pour le peuple l’holocauste et le sacrifice, et ils se tiendront devant eux pour les servir. Parce qu’ils les ont servis devant leurs idoles, et ont été à la maison d’Israël une pierre d’achoppement pour l’iniquité, à cause de cela j’ai levé ma main contre eux, dit le Seigneur, l’Éternel: ils porteront leur iniquité! Et ils ne s’approcheront pas de moi pour exercer la sacrificature devant moi, ni pour s’approcher de toutes mes choses saintes, dans ce qui concerne les choses très saintes; et ils porteront leur ignominie, et leurs abominations qu’ils ont commises. Et je les établirai pour faire l’acquit de la charge de la maison, pour tout son service, et pour tout ce qui y sera fait» (44:9-14).

Les Lévites qui se sont détournés sentiront leur honte dans les jours du royaume. Ils seront dégradés de leur office normal — au moins quant à sa partie la plus élevée — et n’auront plus droit qu’aux services subalternes du sanctuaire. Triste contraste avec les jours de Moise, quand même Aaron s’insurgea! (Nombres 12). Mais ces chapitres se passeront dans les jours du royaume, et la justice y règnera. La réputation d’autrefois ne suffira pas. Si leurs fils ont marché dans l’infidélité avant l’apparition de l’Éternel en gloire, il leur faudra en porter les conséquences. L’Éternel sera exalté en ce jour-là, et ceux qui se sont humiliés, Il les exaltera en son temps.

Ainsi il viendra un temps où Israël apprendra, comme ici, sur la terre. Nous avons eu le prince et les Lévites; le reste du chapitre se rapporte aux sacrificateurs.

S’il manquait de preuves pour savoir comment appliquer correctement la vision finale (ch. 40 à 48), on peut difficilement trouver plus simple et plus net que les derniers versets de ce chapitre. Il ne s’agit point d’un ministère de prédication des bonnes nouvelles de Dieu en grâce pour tous sans distinction, ou d’affermissement des enfants de Dieu dans Sa vérité et dans leurs privilèges. Le temps de l’Église aura passé avant que cette prophétie commence à s’accomplir, comme il a commencé longtemps après que cette prophétie soit écrite. Comme nous avons vu la maison de l’Éternel avec ses parvis intérieur et extérieur, ses portes et portiques, sa place séparée, ses chambres et son sanctuaire, nous avons maintenant les fils de Tsadok comme sacrificateurs lévites seuls autorisés à s’approcher du service divin pour Israël.

C’est en vain que l’on avance qu’il y a des sacrificateurs dans le christianisme, car il ne s’agit pas alors d’une classe de chrétiens exerçant un office particulier comme représentants de leurs frères et dotés du privilège d’une proximité de Dieu plus grande que les autres. C’est la sacrificature mystique de ceux qui croient en Christ. Ils ont tous la liberté de s’approcher de Dieu, étant les uns et les autres approchés par le sang de Jésus. Affirmer une relation de plus grande proximité pour quelques-uns, c’est nier l’évangile non seulement pour les autres, mais pour tous, car son essence même c’est que la grâce place tous ceux qui sont de Christ dans la même perfection absolue par Son sang. L’efficacité de Son sacrifice est complète, immuable et éternelle. C’est annuler l’œuvre de Christ que de lui attribuer une valeur variable; seule la tradition des hommes a une pareille notion, qui relève de l’ignorance de ce que Dieu révèle. L’enseignement du Nouveau Testament est que tous ceux qui croient sont sacrificateurs. Le même sang précieux qui a effacé leurs péchés, les a aussi approchés de Dieu. Ils sont en Christ devant Lui. Il n’y avait auparavant aucune différence entre eux quant à leur état de péché, et il n’y en a pas non plus maintenant quant à leur accès à Dieu. C’est pourquoi nous avons tous libre accès dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair (Héb. 10:19-22). Nous sommes une sainte sacrificature pour offrir des sacrifices perpétuels à Dieu par Jésus-Christ, et même une sacrificature royale pour publier les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (1 Pier. 2:5, 9).

Mais dans notre ch. 44, c’est une partie favorisée du peuple élu qui peut représenter l’ensemble là où les autres ne peuvent entrer. Comme c’est une sacrificature terrestre, les sacrifices le sont aussi. «Mais les sacrificateurs, les Lévites, fils de Tsadok, qui ont fait l’acquit de la charge de mon sanctuaire, quand les fils d’Israël se sont égarés d’auprès de moi, eux s’approcheront de moi pour faire mon service, et se tiendront devant moi, pour me présenter la graisse et le sang, dit le Seigneur, l’Éternel. Eux entreront dans mon sanctuaire, et eux s’approcheront de ma table pour faire mon service, et ils feront l’acquit de la charge que je leur confie» (44:15-16). «La graisse» et «le sang» étaient la portion de l’Éternel selon la loi, comme l’indiquent minutieusement les ordonnances de Lév. 3 et 7 sur le sacrifice de prospérités. On a déjà fait remarquer que la table du Seigneur n’est jamais appelée Son autel, alors que l’Ancien Testament désigne l’autel comme étant la table de l’Éternel. L’autel d’autrefois pouvait à juste titre être appelé Sa table, parce qu’on y plaçait et y consumait «le pain des sacrifices par feu à l’Éternel» (Lév. 3:11, 16; Nomb. 28:24). Ceci ne s’applique nullement au Nouveau Testament où il n’est pas question de telles offrandes, mais bien de la communion de l’église dans le souvenir de Christ, annonçant par là Sa mort.

Les détails cadrent bien avec les remarques qui précèdent, et les confirment. Ainsi il est enjoint aux sacrificateurs faisant le service de porter des vêtements de lin, tandis que la laine leur est interdite; ceci vaut pour la tête comme pour le corps. Les vêtements ordinaires vont bien pour l’extérieur, mais pour leur service ils doivent porter les vêtements sacerdotaux, et doivent les déposer dans les cellules saintes. Ils ne doivent ni se raser la tête, ni porter des cheveux longs. Ils ne doivent pas boire de vin quand ils entrent dans le parvis intérieur. Ils ne peuvent prendre pour femme qu’une veuve de sacrificateur, ou une vierge d’Israël (44:17-22). Tout cela est clairement une répétition de l’ordre lévitique pour les sacrificateurs terrestres d’Israël aux jours du royaume futur, avec cette contrainte supplémentaire que les conditions du mariage requises autrefois pour le seul souverain sacrificateur, s’appliquent dorénavant à tous les sacrificateurs. Mais dans leur portée littérale, ces préceptes ne concernent pas les chrétiens, et encore moins une classe particulière de chrétiens parmi les autres.

On voit ensuite que leurs devoirs englobent les questions de rituel et les décisions judiciaires. «Et ils instruiront mon peuple à distinguer entre ce qui est saint et ce qui est profane, et lui feront connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur. Et, dans les contestations, ils se tiendront là pour juger; ils jugeront par mes jugements, et ils garderont mes lois et mes statuts dans toutes mes solennités, et ils sanctifieront mes sabbats» (44:23-24).

La loi relative à la souillure contractée pour un mort reste aussi rigide qu’avant. «Et ils n’entreront pas auprès d’un homme mort, pour se rendre impurs; mais pour un père ou pour une mère, ou pour un fils ou pour une fille, pour un frère ou pour une sœur qui n’a pas été mariée, ils se rendront impurs. Et après qu’il se sera purifié, on comptera sept jours pour celui qui s’est rendu impur. Et au jour où il entrera dans le lieu saint, dans le parvis intérieur, pour faire le service dans le lieu saint, il présentera son sacrifice pour le péché, dit le Seigneur, l’Éternel» (44:25-27). La mort sera rare et exceptionnelle en ce temps-là, mais c’est une raison de plus pour que les sacrificateurs ne soient en aucune manière sous son pouvoir.

Ils seront satisfaits d’avoir l’Éternel pour héritage, au lieu de la part charnelle de l’Israélite. Ils recevront leur part des offrandes de l’Éternel, de ce qui Lui est voué et des prémices (premiers fruits), et devront s’abstenir de ce qui est mort de soi-même, ou qui a été déchiré. «Et mon service leur sera pour héritage: moi, je suis leur héritage; et vous ne leur donnerez pas de possession en Israël: moi, je suis leur possession. Ils mangeront l’offrande de gâteau, et le sacrifice pour le péché, et le sacrifice pour le délit; et tout ce qui est voué à Dieu en Israël leur appartiendra. Et les prémices de tous les premiers fruits de toute espèce, et toute offrande élevée de toute espèce, de toutes vos offrandes élevées, appartiendront aux sacrificateurs; et les prémices de votre pâte, vous les donnerez au sacrificateur, pour faire reposer la bénédiction sur ta maison. Les sacrificateurs ne mangeront de rien de ce qui est mort de soi-même ou de ce qui a été déchiré, soit d’entre les oiseaux, soit d’entre le bétail (44:29-31). Il n’est bien sûr pas nécessaire de démontrer que ces règles sont entièrement étrangères au christianisme; pourtant elles seront certainement en vigueur quand la gloire de l’Éternel visitera et gouvernera la terre. On ne peut les appliquer ni au ciel, ni à ceux qui participent à l’appel céleste. Ce seront des leçons belles en leur lieu et en leur temps. Prises littéralement maintenant, ce ne sont que des éléments misérables (Gal. 4:9), quelle que soit l’instruction spirituelle qu’on peut et doit en tirer.

Tout tourne autour de Christ. S’Il est connu par la foi tandis qu’Il est en haut sur le trône du Père, cela forme une relation céleste; «tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes» (1 Cor. 15:48). Mais quand Il sera manifesté en gloire pour dominer sur la terre, il y aura un changement correspondant dans la position relative occupée par Son peuple. Ce dernier ne sera plus un peuple céleste, mais terrestre. Le Saint Esprit ne les formera pas pour être un seul corps avec une tête céleste, mais Il les placera chacun dans leur position respective, Israël et les nations, des positions bien sûr distinctes. La vieille inimitié et la désaffection jalouse auront disparu sous le règne de Celui que tous reconnaîtront comme l’Éternel, le roi sur toute la terre. De là vient aussi que les distinctions terrestres de sacrificateurs et de lévites, et autres particularités d’un culte terrestre seront rétablies selon la volonté de Dieu, en lieu et place de la position commune à tous les chrétiens dans la proximité céleste comme aujourd’hui.