Ézéchiel

Chapitre 34

Nous avons maintenant une condamnation solennelle, juste, mais sévère, des rois et des pasteurs d’Israël, devant qui l’Éternel place le blâme d’avoir affligé et ruiné Son peuple par égoïsme.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël; prophétise, et dis-leur, à ces pasteurs: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissent eux-mêmes! Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau? Vous mangez la graisse, et vous vous habillez de la laine; vous égorgez ce qui est engraissé; vous ne paissez pas le troupeau. Vous n’avez pas fortifié les brebis faibles, et vous n’avez pas guéri celle qui était malade, et vous n’avez pas bandé celle qui était blessée, et vous n’avez pas ramené celle qui était égarée, et vous n’avez pas cherché celle qui était perdue; mais vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur. Et elles ont été dispersées, parce qu’il n’y avait pas de pasteur, et elles étaient la pâture de toutes les bêtes des champs, et elles ont été dispersées. Mes brebis ont erré dans toutes les montagnes et sur toute haute colline, et mes brebis ont été dispersées sur toute la face du pays, et il n’y a eu personne qui les ait recherchées, personne qui se soit enquis d’elles» (34:1-6).

Sans crainte de Dieu et sans amour pour Son peuple, ils oubliaient les relations avec l’Éternel tant d’eux-mêmes que d’Israël. Aussi tout était de travers, et il ne pouvait en être autrement, puisque Ses droits ne comptaient plus à leurs yeux. Comme les monarques Gentils, ils considéraient le peuple qu’ils gouvernaient comme leur appartenant, et non pas comme le troupeau de Dieu; Il n’en résultait que confusion et mauvais travail de partout. Quel contraste avec Celui qui daigne être Fils de David et Roi d’Israël, qui gouvernera avec droiture, et qui règnera sur eux en justice; Il sera comme une protection contre le vent, comme un abri contre l’orage, des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride (Ésaïe 32:1-2), comme la lumière du matin quand le soleil se lève, un matin sans nuage, comme l’herbe tendre qui germe de la terre après la pluie! (2 Sam. 23:3-4). Les pasteurs s’étaient nourris eux-mêmes au lieu de nourrir le troupeau; ils ne nourrissaient pas les brebis sans tenir compte des profits qu’ils en avaient tirés. Leurs peines n’attiraient pas leur sympathie. Ils gouvernaient avec dureté et rigueur, dispersant les brebis, les laissant être la proie de toutes les bêtes sauvages sans qu’un berger s’en soucie; les brebis étaient dispersées sur la face de la terre: personne ne les cherchait ni ne fouillait pour les trouver.

Mais Celui qui était appelé à tenir le sceptre sur Israël n’était pas insensible au gémissement de Son peuple sous ses méchants gouverneurs. «C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole de l’Éternel: Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel: parce que mes brebis ont été une proie, et que mes brebis ont été la pâture de toutes les bêtes des champs, faute de pasteur, et que mes pasteurs n’ont pas cherché mes brebis, mais que les pasteurs se paissaient eux-mêmes, et ne paissaient pas mes brebis!… C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole de l’Éternel! Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’en veux à ces pasteurs, et je réclamerai mes brebis de leur main; je les ferai cesser de paître le troupeau, et les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes; et je délivrerai mes brebis de leur bouche, et ils ne les mangeront plus» (34:7-10). Le péché de ces pasteurs est dévoilé, ils sont convaincus de péché et condamnés, mais l’Éternel promet de délivrer Ses brebis.

La manière dont cette délivrance serait opérée est ensuite à nouveau garantie et expliquée. «Car, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité profonde. Et je les ferai sortir d’entre les peuples, et je les rassemblerai des pays, et les amènerai dans leur terre; et je les paîtrai sur les montagnes d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du pays; je les ferai paître dans un bon pâturage, et leur parc sera dans les hautes montagnes d’Israël; elles seront là, couchées dans un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Éternel. La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la fortifierai; mais je détruirai la grasse et la forte. Je les paîtrai avec jugement. Mais vous, mon troupeau, — ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, je juge entre brebis et brebis, entre béliers et boucs. Est-ce trop peu pour vous de brouter le bon pâturage, pour que vous fouliez avec vos pieds le reste de votre pâturage; — et de boire les eaux limpides, pour que vous troubliez le reste avec vos pieds? Et mes brebis ont pour pâture ce que vos pieds ont foulé, et elles boivent ce que vos pieds ont troublé» (34:11-19).

La faillite complète des bergers rejette le soin des brebis sur l’Éternel lui-même, qui se charge non seulement de les redemander de la main de leurs gouvernants, mais de les chercher et d’en prendre soin partout où elles étaient dispersées. Les versets 13 et 14 l’exposent en détail et dans un langage si simple et si précis qu’il est vain, tant dans ce passage que dans d’autres apparentés, d’évacuer le témoignage de Dieu rendu à l’œuvre qu’Il accomplira pour Israël sur la terre, lorsqu’Il aura achevé de rassembler Son Église pour le ciel. Ces paroles n’ont encore jamais été accomplies; il leur reste donc à l’être. Qu’elles soient sûres et certaines, cela repose sur Lui, ainsi que sur Sa bonté qui demeure à toujours (Ps. 136), comme ils le chanteront bientôt, — avec quelle joie! C’est en vain que des sages raisonnent sur ce qu’Il n’a pas exécuté Ses menaces quand les hommes se sont repenti comme à Ninive: elles ont fini par s’exécuter après tout, bien que cela ait été Son plaisir d’entendre le cri de ceux qui s’humiliaient à Sa parole, et de différer le coup jusqu’à l’extrême, au point où Sa patience aurait perdu son caractère et serait devenu de l’indifférence au mal, ce qui ne peut être. Celui qui promet sait comment faire tourner toutes les circonstances et toutes les conditions pour le bien, et entre temps, Il a introduit le seul fondement juste pour le faire, aussi bien pour Son support dans le passé, que pour la moisson future de bénédictions. Ce jour de riche bonté et de miséricorde n’ira pas sans le jugement des méchants, bien au contraire. Nous avons vu au chapitre 33 que l’état individuel devant Dieu aura une force en Israël qu’il n’avait jamais eue sous la première alliance, et il en sera de même ici, quand Il jugera entre brebis et brebis, entre béliers et boucs (34:17), et qu’Il remettra en mémoire la légèreté de ceux qui détruisent ce qui ne peut leur servir à eux-mêmes, au grand dommage du troupeau (34:18-22). Il jugera les vivants aussi bien que les morts.

Mais il y a plus encore. S’il y a le jugement de l’oppresseur, la délivrance des malheureux et la bénédiction du peuple restauré dans la terre d’Israël, la grâce n’arrête pas son cours selon la mesure des hommes. «C’est pourquoi, ainsi leur dit le Seigneur, l’Éternel: Me voici, moi; et je jugerai entre la brebis grasse et la brebis maigre. Parce que vous poussez du côté et de l’épaule, et que vous heurtez de vos cornes toutes les brebis faibles, jusqu’à ce que vous les ayez dispersées au dehors, je sauverai mes brebis, et elles ne seront plus une proie, et je jugerai entre brebis et brebis. Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David: lui les paîtra, et lui sera leur pasteur. Et moi, l’Éternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux. Moi, l’Éternel, j’ai parlé. Et je ferai avec eux une alliance de paix, et je mettrai fin aux bêtes mauvaises dans le pays; et ils habiteront dans le désert en sécurité, et dormiront dans les forêts. Et d’eux et des alentours de ma colline, je ferai une bénédiction; et je ferai tomber la pluie en son temps: ce seront des pluies de bénédiction. Et l’arbre des champs donnera son fruit, et la terre donnera son rapport; et ils seront dans leur terre en sécurité, et sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai brisé les liens de leur joug, et que je les aurai sauvés de la main de ceux qui les tenaient asservis. Et ils ne seront plus en proie aux nations, et les bêtes de la terre ne les dévoreront plus; mais ils habiteront en sécurité, et il n’y aura personne qui les effraye. Et je leur susciterai un plant de renom; et ils ne seront plus enlevés par la famine dans le pays, et ils ne porteront plus l’ignominie des nations. Et ils sauront que moi, l’Éternel, leur Dieu, je suis avec eux, et qu’eux, la maison d’Israël, ils sont mon peuple, dit le Seigneur, l’Éternel. Et vous, mon troupeau, le troupeau de ma pâture, vous êtes des hommes; moi, je suis votre Dieu, dit le Seigneur, l’Éternel» (34:20-31).

Il ne s’agit pas ici de Zorobabel ou de Néhémie, ni de la maison des Asmonéens, encore moins des Hérode, mais du Roi, l’Éternel-Messie, comme nous le savons par ailleurs, distingué cependant ici de l’Éternel qui parle et qui accomplit. Si l’on interprète autrement, on s’expose à sous-entendre ou laisser penser que la parole prophétique est la plus grossière des exagérations. Mais si l’on y voit le Seigneur régnant sur Israël rassemblé par la grâce et la puissance divines, alors on sent que les mots ne peuvent pas dépasser la réalité: quand cela arrivera, ceux qui contempleront Sa gloire sur la terre, éprouveront en réalité ce sentiment qu’ «on ne leur en avait pas rapporté la moitié» (1 Rois 10:7). Et que sera-ce alors dans le ciel!

À tout point de vue, il est absurde d’interpréter ces prophéties comme s’appliquant à l’Église ou à l’évangile. Alors les bêtes sauvages elles-mêmes changeront de nature, et le rendement de la terre augmentera: ce sera le jour que la création attend, après lequel elle soupire et est en travail, étant dans la peine, mais alors elle sera délivrée de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8:22).

Ce sera le jour où le Messie se lèvera pour eux, non plus rejeté et méprisé comme autrefois, mais comme un plant de renom (34:29), et Israël ne dépérira plus de faim dans son pays et ne portera plus l’opprobre des Gentils. L’Éternel sera avec eux, leur Dieu, et eux seront Son peuple. N’a-t-il pas parlé et ne fera-t-il pas? (Nombres 23:19). Y a-t-il quelque chose de trop bon ou de trop difficile pour le Seigneur? (Gen. 18:14; Jér. 32:17, 27).