Ézéchiel

Chapitre 33

Dans les sept chapitres 33 à 39, le prophète revient à Israël, à ses pasteurs, à ses montagnes, à sa restauration, à son réveil national, à sa réunion sous un seul chef, le Bien-aimé, son Prince pour toujours, lorsque le dernier ennemi et toutes ses convoitises trouvera sa fin avant le début du règne de paix. Sous la figure d’une sentinelle, Ézéchiel est établi pour avertir la maison d’Israël, afin que si quelqu’un néglige le son de la trompette, son sang soit sur sa tête; en revanche, si la sentinelle ne sonne pas de la trompette, son sang paiera pour eux.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, parle aux fils de ton peuple, et dis-leur: Si je fais venir l’épée sur un pays, et que le peuple du pays prenne un homme d’entre eux tous, et se le donne pour sentinelle; et qu’il voie venir l’épée sur le pays, et sonne de la trompette, et avertisse le peuple; et que quelqu’un entende bien le son de la trompette, mais ne reçoive pas l’avertissement, et que l’épée vienne et le saisisse, son sang sera sur sa tête. Il a entendu le son de la trompette, et n’a pas reçu l’avertissement: son sang est sur lui; alors que s’il eût reçu l’avertissement, il aurait délivré son âme. Mais si la sentinelle voit venir l’épée, et ne sonne pas de la trompette, et que le peuple ne soit pas averti, et que l’épée vienne et saisisse quelqu’un d’entre eux, lui est saisi dans son iniquité; mais je redemanderai son sang de la main de la sentinelle. Et toi, fils d’homme, je t’ai établi sentinelle pour la maison d’Israël, et tu entendras la parole de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant: Méchant, certainement tu mourras! et que tu ne parleras pas pour avertir le méchant à l’égard de sa voie, lui, le méchant, mourra dans son iniquité; mais je redemanderai son sang de ta main. Et si tu avertis le méchant à l’égard de sa voie, pour qu’il s’en détourne, et qu’il ne se détourne pas de sa voie, il mourra, lui, dans son iniquité; mais toi, tu as délivré ton âme» (33:1-9). C’est la responsabilité individuelle qui devient maintenant le principe et la règle, mais cela n’empêche pas, comme nous le voyons, qu’un seul soit appelé, et doive en avertir beaucoup. Telle était la place du prophète.

«Et toi, fils d’homme, dis à la maison d’Israël: Vous avez parlé ainsi, disant: Nos transgressions et nos péchés sont sur nous, et nous sommes consumés par eux, et comment vivrions-nous? Dis-leur: Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si je prends plaisir en la mort du méchant,… mais plutôt à ce que le méchant se détourne de sa voie et qu’il vive! Détournez-vous, détournez-vous de vos mauvaises voies; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël? Et toi, fils d’homme, dis aux fils de ton peuple: La justice du juste ne le délivrera pas, au jour de sa transgression; et la méchanceté du méchant ne le fera pas tomber, au jour où il se détournera de sa méchanceté; et le juste ne pourra pas vivre par sa justice, au jour où il péchera. Quand j’aurai dit au juste que certainement il vivra, et que lui se confie en sa justice et commette l’iniquité, de tous ses actes justes, aucun ne viendra en mémoire, mais dans son iniquité qu’il a commise il mourra. Et quand j’aurai dit au méchant: Certainement tu mourras,... s’il se détourne de son péché, et pratique le jugement et la justice; si le méchant rend le gage, restitue ce qu’il a pillé, marche dans les statuts de la vie, en ne commettant pas l’iniquité, certainement il vivra, il ne mourra pas. De tous ses péchés qu’il a commis, aucun ne viendra en mémoire contre lui: il a pratiqué le jugement et la justice; certainement il vivra. Et les fils de ton peuple disent: La voie du Seigneur n’est pas réglée; mais c’est eux dont la voie n’est pas réglée. Quand le juste se détournera de sa justice et pratiquera l’iniquité, il en mourra. Et quand le méchant se détournera de sa méchanceté et pratiquera le jugement et la justice, il vivra à cause de cela. Et vous dites: La voie du Seigneur n’est pas réglée. Je vous jugerai, chacun selon ses voies, maison d’Israël» (33:10-20). C’était un jour de jugement et non de grâce, et quelques-uns faisaient la confusion entre les deux, de manière étrange. Le désespoir ne servait à rien, mais la repentance, elle, était profitable. Si l’on a pratiqué la justice précédemment, cela ne masque pas le péché présent, et le péché du passé n’empêche pas de voir qu’on s’en détourne. Mais que de telles personnes marchent doucement (1 Rois 21:27). Les voies de justice sont immuables; le salaire du péché, c’est la mort. La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse et la connaissance du Saint est l’intelligence (Prov. 9:10). Celui qui confesse ses péchés et les abandonne, trouvera miséricorde (Prov. 28:13). C’est pourquoi il était inutile de se plaindre des voies de l’Éternel qui ne seraient pas réglées; il vaudrait mieux ressentir sa propre iniquité. La vie était pour ceux qui marchaient avec justice; la mort était pour ceux qui se détournaient du Seigneur. Ils seraient jugés selon leurs actions, eux qui provoquaient le Seigneur, et étaient insensibles à leur propre état autant qu’à Sa bonté.

Si le texte reconnu comme l’original est bien correct (car il y a des variantes selon les manuscrits, peut-être justement pour restreindre l’intervalle), la nouvelle de la chute de Jérusalem avait mis longtemps à arriver au prophète; mais il ouvrit alors sa bouche, restée longtemps fermée, pour annoncer solennellement de nouveaux jugements, d’autant plus qu’on prétendait employer le langage de la foi, alors que le cœur était loin du Seigneur. La grâce est suffisante pour absolument toutes les circonstances, mais elle est inséparable de la foi qui donne gloire à Dieu, comme on le voit chez Abraham. Or qu’en était-il d’eux? de leurs voies? de leur jugement de soi-même? Hélas! plongés dans le péché, méprisant les commandements du Seigneur, livrés à la méchanceté, ils avaient une haute opinion d’eux-mêmes (Rom. 12:3), et une très mauvaise opinion du Seigneur (nous l’avons vu). Que pouvait-on attendre comme annonce du prophète, sinon le jugement?

«Et il arriva, la douzième année de notre transportation, au dixième mois, le cinquième jour du mois, qu’un réchappé de Jérusalem vint vers moi, disant: La ville est frappée. Et la main de l’Éternel avait été sur moi le soir avant que vînt le réchappé, et elle avait ouvert ma bouche jusqu’à ce qu’il vînt vers moi le matin; ainsi ma bouche fut ouverte, et je ne fus plus muet. Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, les habitants de ces lieux désolés, sur la terre d’Israël, parlent, disant: Abraham était un seul, et il a hérité le pays; et nous sommes plusieurs, le pays nous est donné pour héritage. C’est pourquoi dis-leur: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Vous mangez avec le sang, et vous levez vos yeux vers vos idoles, et vous versez le sang: et vous hériteriez le pays? Vous vous roidissez sur votre épée, vous commettez des abominations, et vous rendez impure, chacun de vous, la femme de son prochain: et vous hériteriez le pays? Tu leur diras ainsi: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Je suis vivant, si ceux qui sont dans les lieux désolés ne tombent par l’épée; et si je ne livre aux bêtes celui qui est par les champs, afin qu’elles le dévorent; et si ceux qui sont dans les lieux forts et dans les cavernes ne meurent de la peste! Et je réduirai le pays en désolation et en désert; et l’orgueil de sa force cessera; et les montagnes d’Israël seront dévastées, de sorte que personne n’y passera. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le pays en désolation et en désert, à cause de toutes leurs abominations qu’ils ont commises» (33:21-29). Se prévaloir des promesses dans un pareil état amène la ruine, de même que quand on fait semblant d’être attentif à la parole du prophète, comme à un chant agréable.

«Et toi, fils d’homme, les fils de ton peuple parlent contre toi auprès des murs et aux entrées des maisons, et ils parlent l’un avec l’autre, chacun avec son frère, disant: Venez donc, et écoutez quelle est la parole qui est sortie de la part de l’Éternel. Et ils viennent vers toi comme vient un peuple, et ils s’asseyent devant toi comme étant mon peuple; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent pas; car de leur bouche ils disent des choses agréables, mais leur cœur va après leur gain déshonnête. Et voici, tu es pour eux comme un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement. Et quand la chose arrivera (la voici qui arrive), alors ils sauront qu’il y a eu un prophète au milieu d’eux» (33:30-33). Écouter et ne pas pratiquer, ne fait qu’accroître la condamnation; la fin le montrerait quand l’avertissement qu’ils se plaisaient à entendre se vérifierait dans leur destruction.