Ézéchiel

Chapitre 14

La visite des anciens au prophète devient l’occasion d’une nouvelle révélation, mais non pas cette fois sous la forme d’une vision. Ils semblaient venir pour écouter la parole de Dieu, mais Dieu n’est pas trompé par leur attitude; de la même manière, le prophète ne doit pas s’écarter du devoir solennel et rigoureux qui lui est imposé.

«Et des hommes d’entre les anciens d’Israël vinrent vers moi, et s’assirent devant moi. Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, ces hommes ont élevé leurs idoles dans leurs cœurs, et ont placé devant leur face la pierre d’achoppement de leur iniquité. Serais-je consulté par eux? C’est pourquoi parle-leur, et dis-leur: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Quiconque, de la maison d’Israël, aura élevé ses idoles dans son cœur et aura placé devant sa face la pierre d’achoppement de son iniquité, et viendra vers le prophète, moi, l’Éternel, je lui répondrai selon ceci, selon la multitude de ses idoles; afin de prendre la maison d’Israël par leur propre cœur, car ils se sont tous séparés de moi par leurs idoles» (14:1-5).

La semence sainte s’était souillée, et ses conducteurs méritent d’être blâmés plus que tous ceux qu’ils avaient égarés par leur exemple. Quelles que fussent leur apparence ou leur prétention, ils avaient «élevé leurs idoles dans leurs cœur». Ce n’était pas une question d’effet de forces ou d’influences extérieures: les anciens aimaient ces abominations; ils couraient après leurs idoles avec une avidité secrète, et ils satisfaisaient leurs convoitises à l’égard des faux-dieux en plaçant la pierre d’achoppement de leur iniquité devant leurs yeux, en rébellion ouverte et délibérée contre l’Éternel. Dans de telles circonstances, venir et prétendre s’enquérir de la pensée de l’Éternel n’était que l’effronterie de l’injuste.

«Serais-je consulté par eux?» Insulter Dieu en adorant des idoles, puis venir quand même devant Son prophète, était un endurcissement grossier, et non pas un signe permettant d’espérer la repentance. À celui qui viendra ainsi, l’Éternel répondra selon la multitude de ses idoles. Dieu est puissant et ne méprise personne; mais Il ne prendra pas part à Son propre déshonneur, et Ses jugements sont salutaires pour ceux qui Le craignent. Comment pourrait-il répondre à des anciens rebelles sinon en faisant sentir Sa majesté? Ils recherchaient une réponse par curiosité; Il leur prouverait que leurs nombreuses idoles ne valaient rien, «afin de prendre la maison d’Israël par leur propre cœur, car ils se sont tous séparés de moi par leurs idoles». Les anciens et le peuple s’étaient éloignés de Dieu qui voulait agir sur leur cœur — se plaçant au-dessus d’eux là où ils agissaient avec orgueil.

Dans les versets 6 à 11 nous trouvons un message encore plus explicite adressé à la maison d’Israël, leur demandant de se repentir et de se détourner de leurs idoles: sinon l’Éternel répondrait lui-même à ceux qui venaient ainsi consulter, et Il le ferait en les retranchant, qu’ils fassent partie des prophètes séduits ou de ceux qui le consultent. «C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Revenez, détournez-vous de vos idoles, et détournez vos faces de toutes vos abominations. Car quiconque, de la maison d’Israël ou des étrangers qui séjournent en Israël, se sépare de moi, et élève ses idoles dans son cœur et place la pierre d’achoppement de son iniquité devant sa face, et viendra vers le prophète pour me consulter par lui, — moi, l’Éternel, je lui répondrai par moi-même; et je mettrai ma face contre cet homme et je ferai de lui un signe et un proverbe, et je le retrancherai du milieu de mon peuple; et vous saurez que je suis l’Éternel. Et si le prophète est séduit, et qu’il profère une parole, moi l’Éternel, j’ai séduit ce prophète; et j’étendrai ma main sur lui, et je le détruirai du milieu de mon peuple Israël. Et ils porteront leur iniquité: la peine de l’iniquité du prophète sera comme la peine de l’iniquité de celui qui consulte, afin que la maison d’Israël ne s’égare plus d’auprès de moi, et qu’ils ne se rendent plus impurs par toutes leurs transgressions. Et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu, dit le Seigneur, l’Éternel» (14:6-11). Dieu agit ainsi judiciairement, se montrant obstiné envers un peuple obstiné, et renvoyant ceux qui mentent à ceux qui aiment le mensonge, afin que tous soient punis ensemble, et qu’Israël puisse apprendre la leçon nécessaire, et être de nouveau Son peuple comme Lui serait leur Dieu.

 

Au verset 12 commence une autre parole de Dieu à Ézéchiel. « Fils d’homme, si un pays pèche contre moi en commettant une infidélité, et que j’étende ma main sur lui, et que je lui brise le bâton du pain, et y envoie la famine, et retranche du milieu de lui les hommes et les bêtes, et que ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, fussent au milieu de lui, ceux-ci délivreraient leurs âmes par leur justice, dit le Seigneur, l’Éternel.

Si je fais passer les bêtes mauvaises par le pays, et qu’elles le dépeuplent, et qu’il soit devenu une désolation en sorte que personne n’y passe à cause de ces bêtes, — ces trois hommes fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, s’ils délivraient fils ou filles! eux seuls seraient délivrés, et le pays sera une désolation.

Ou, si je fais venir l’épée sur ce pays-là, et que je dise: Épée, passe par le pays; et que je retranche du milieu de lui les hommes et les bêtes, — ces trois hommes fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne délivreraient ni fils ni filles! mais eux seuls seraient délivrés.

Ou, si j’envoie la peste sur ce pays-là, et que je verse ma fureur sur lui en faisant couler le sang, pour retrancher du milieu de lui les hommes et les bêtes, — Noé, Daniel et Job, fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, s’ils délivraient fils ou filles! eux seulement, par leur justice, délivreraient leurs âmes» (14:13-20).

Le prophète entend cette sentence terrible que lorsque l’excès du mal amène l’un quelconque des châtiments de Dieu sur un pays, les trois saints hommes, Noé, Daniel et Job, dont l’intercession a eu lieu à des moments critiques de l’histoire divine de l’homme, ne pourraient, par leur justice, sauver qu’eux-mêmes (il n’est question ici que du gouvernement de ce monde, et non pas de la grâce pour la vie éternelle). Si la famine, les mauvaises bêtes, l’épée ou la peste venait affliger le peuple, ces trois hommes eux-mêmes n’arriveraient pas à sauver ni un fils ni une fille, ils ne se délivreraient qu’eux seuls. Et que serait-ce alors quand ces quatre plaies désastreuses seraient envoyées par Dieu sur Jérusalem? Qui pourrait protéger le peuple coupable? «Car ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Combien plus si j’envoie mes quatre jugements désastreux, l’épée, et la famine, et les bêtes mauvaises, et la peste, contre Jérusalem, pour en retrancher les hommes et les bêtes! Mais voici, il y aura en elle un reste réchappé de gens qui en sortiront, des fils et des filles; voici, ils sortiront vers vous, et vous verrez leur voie et leurs actions, et vous vous consolerez du mal que j’ai fait venir sur Jérusalem, de tout ce que j’ai fait venir sur elle. Et ils vous consoleront, car vous verrez leurs voies et leurs actions; et vous saurez que ce n’est pas sans raison que j’ai fait tout ce que j’ai fait en elle, dit le Seigneur, l’Éternel» (14:21-23).

Ainsi, quel que fût l’amour que le prophète portait au peuple, quelle que fût son affliction quand il voyait coup après coup tomber sur eux, il est amené à la longue, à accepter de cœur les voies de l’Éternel, malgré leur sévérité. Car Il ne fait jamais couler une larme inutilement, et fait que la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement (Jacq. 2:13).