Ézéchiel

Chapitre 5

Ce chapitre nous donne de nouveaux détails sur le jugement de destruction qui ne devait rien épargner, car le ch. 4 n’allait pas au-delà du siège de Jérusalem par les Chaldéens avec tout son cortège de misères, sources de tant de détresses.

«Et toi, fils d’homme, prends un couteau tranchant (tu prendras un rasoir de barbier), et tu le feras passer sur ta tête et sur ta barbe; et tu prendras une balance à peser, et tu partageras les cheveux. Tu en brûleras un tiers dans le feu, au milieu de la ville, lorsque les jours du siège seront accomplis; et tu en prendras un tiers, et tu les frapperas avec le couteau tout autour; et un tiers, tu le disperseras au vent, et je tirerai l’épée après eux. Et tu en prendras un petit nombre, et tu les serreras dans les pans de ta robe; et de ceux-ci, tu en prendras encore, et tu les jetteras au milieu du feu, et tu les brûleras au feu: il en sortira un feu contre toute la maison d’Israël» (5:1-4). L’application est certaine et immédiate, selon les versets qui suivent: «Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: C’est ici Jérusalem! Je l’ai posée au milieu des nations et des pays autour d’elle; et, dans sa méchanceté, elle a été rebelle à mes jugements plus que les nations, et à mes statuts, plus que les pays qui sont autour d’elle; car ils ont rejeté mes jugements et n’ont point marché dans mes statuts» (5:5, 6).

La forme sous laquelle le Dieu d’Israël annonçait aux Juifs le sort épouvantable qui allait être le leur, et la destruction qui allait fondre sur eux est particulièrement impressionnante parce que, dans la manière dont le prophète recevait l’ordre tant de cuire son pain que de raser ses cheveux, Il se démarquait entièrement des cérémonies à un point qui ne pouvait se justifier que par l’autorité de Dieu Lui-même ou par les exigences morales de Son peuple. Cette rupture était possible, mais un sacrificateur comme Ézéchiel devait assurément le sentir profondément. Il y a quelque chose d’analogue dans la vision de Pierre (Actes 10), où Dieu passe outre les préjugés profondément enracinés des Juifs (bien que ce fût en extase), car Dieu voulait sauver des Gentils et les introduire dans la communion avec ceux d’Israël qui croyaient.

Dans notre prophétie il ne s’agit pas de la grâce sortant pour rencontrer, accueillir et bénir les païens en leur annonçant le seul Sauveur, mais il s’agit du jugement tombant sur Jérusalem irrémédiablement et sans rémission, — chose étrange pour Israël, difficile à entendre et à croire. Les épreuves jusque là n’avaient été que des châtiments temporaires, le fleuve de la pitié continuait à couler comme d’habitude, et la masse des Israélites se plaisait à espérer qu’il devait en être toujours ainsi, et que Dieu était pour ainsi dire lié à eux. Ils savaient cependant fort bien que le peuple L’avait souvent et habituellement déshonoré. Le prophète humilié devait leur faire voir et entendre ce qui allait se réaliser prochainement et d’une façon terrible, selon le message reçu de l’Éternel. C’était la position élevée et centrale d’Israël, surtout Jérusalem, parmi les peuples et les pays d’alentour, qui rendait leur rébellion et leur idolâtrie si graves, impossibles à ignorer ou à supporter plus longtemps.

«C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Parce que votre turbulence a été plus grande que celle des nations qui sont autour de vous, parce que vous n’avez point marché dans mes statuts et n’avez point pratiqué mes ordonnances, et que vous n’avez pas même agi selon les droits établis des nations qui sont autour de vous, — à cause de cela, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’en veux à toi, moi aussi, et j’exécuterai au milieu de toi des jugements aux yeux des nations; et je ferai en toi ce que je n’ai pas fait et ne ferai plus semblablement, à cause de toutes tes abominations. C’est pourquoi les pères mangeront les fils au milieu de toi, et les fils mangeront les pères; et j’exécuterai des jugements sur toi, et je disperserai à tout vent tout ton résidu. C’est pourquoi, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel! parce que tu as rendu impur mon sanctuaire par toutes tes choses exécrables et par toutes tes abominations, moi aussi je te diminuerai, et mon œil n’épargnera pas, et moi je n’aurai plus compassion. Un tiers d’entre vous mourra par la peste et sera consumé par la famine au milieu de toi; et un tiers tombera par l’épée autour de toi; et j’en disperserai un tiers à tout vent, et je tirerai l’épée après eux» (5:7-12).

Nous voyons clairement là le dessein divin. Un tiers devait périr par la peste et la famine dans la cité assiégée; un tiers devait tomber par l’épée autour de Jérusalem; et le dernier tiers devait être dispersé à tout vent et être encore poursuivi par l’épée. Nous voyons ici comment les habitants de Jérusalem représentent dans ces circonstances «toute la maison d’Israël», sans qu’on tienne compte des dix tribus déjà déportées à l’orient. La souillure du sanctuaire de l’Éternel par les abominations païennes introduites par les rois, les sacrificateurs et le peuple avaient rendu Jérusalem intolérable.

«Et ma colère s’accomplira, et je satisferai ma fureur sur eux, et je me consolerai; et ils sauront que moi, l’Éternel, j’ai parlé dans ma jalousie, quand j’aurai accompli ma fureur sur eux. Et je ferai de toi un désert et un opprobre parmi les nations qui sont autour de toi, aux yeux de tout passant» (5:13-14). Leur jugement aurait lieu aux yeux des nations qui avaient vu leur infidélité envers le vrai Dieu, leur Dieu.

«Et ce sera une opprobre et un sarcasme, une instruction et un étonnement pour les nations qui sont autour de toi, quand j’exécuterai sur toi des jugements, avec colère, et avec fureur, et par des châtiments de fureur. Moi, l’Éternel, j’ai parlé» (5:15). Les païens eux-mêmes seraient étonnés, car ils n’avaient aucune notion d’un dieu qui traitait pareillement le peuple qui faisait profession de l’adorer.

«Quand j’enverrai parmi eux les flèches funestes de la famine qui seront pour la destruction, lesquelles j’enverrai pour vous détruire, j’augmenterai sur vous la famine, et je briserai pour vous le bâton du pain; et j’enverrai sur vous la famine et les bêtes mauvaises qui te priveront d’enfants, et la peste et le sang passeront sur toi, et je ferai venir l’épée sur toi. Moi, l’Éternel, j’ai parlé» (5:16-17).